En finance, l’adage « acheter la rumeur, vendre la nouvelle » sert à décrire le comportement classique d’anticipation des investisseurs. Concrètement, il s’agit de prendre position avant qu’un événement se produise et de sortir une fois la nouvelle confirmée, souvent parce que le gain espéré est déjà intégré dans le cours de l’actif. En d’autres termes, c’est l’attente de l’événement qui crée le plus de mouvement sur les marchés, bien plus que sa réalisation elle-même. Sans anticipation, les prix resteraient figés jusqu’aux annonces officielles, ce qui tuerait toute dynamique. Un tel marché ne servirait plus à projeter l’avenir, mais à consigner le passé. Il perdrait beaucoup de son intérêt.
Actuellement, les investisseurs achètent clairement la baisse de taux d’un quart de point que la Fed devrait annoncer demain soir. Rien ne peut plus se mettre en travers de la décision. Enfin rien de raisonnable. On peut toujours imaginer que Jerome Powell pète un câble à force d’être houspillé par Donald Trump et qu’il tente d’étouffer le Président des Etats-Unis en lui faisant avaler des casquettes MAGA, mais c’est à peu près aussi improbable qu’un gouvernement français qui souffle sa première bougie. La question qui se posera donc demain est : est-ce que les marchés vont vendre la nouvelle ?
Ah oui, parce que l’adage est adaptable. Quand il s’agit d’une rumeur d’OPA, il est logique d’acheter la rumeur et de vendre la nouvelle, parce qu’il n’y a généralement plus rien à prendre une fois que les cartes ont été abattues. Concernant la Fed ou plus généralement les résultats d’une entreprise de croissance, il est possible que la rumeur d’origine soit remplacée par une autre, ou même parfois par la même. Je m’explique. Si un investisseur a acheté du Nvidia parce que la société avait promis de publier des résultats en forte hausse, il ne va pas forcément vendre quand la société remplit son contrat et annonce qu’elle va encore faire croître fortement ses bénéfices à l’avenir. C’est la même histoire, mais réinitialisée.
Pour la Fed, c’est un peu la même chose. Le marché ne va pas forcément vendre la nouvelle de la baisse des taux si la banque centrale laisse penser qu’il y aura d’autres baisses de taux. Au risque de me répéter pour la 1211e fois en vingt ans (vingt-cinq ?), les investisseurs adorent les baisses de taux, les banques centrales pro-marché et les politiques monétaires ultra-souples. La moitié de l’humanité pourrait être en train d’agoniser, l’élection américaine se jouer entre Elon Musk et un Neptunien et Netflix être en panne sine die, Wall Street monterait si la Fed promettait de baisser ses taux.
Donc est-ce que le marché va vendre la nouvelle demain ? Aucune idée. En attendant, il monte, le marché. Le Nasdaq 100 a pris 0,8% hier soir après une neuvième séance consécutive de hausse, à 24 294 points, un nouveau record. Au début du mois d’octobre 2002, il y a donc presque 23 ans, l’indice préféré du XXIe siècle évoluait à moins de 800 points après s’être fait pulvériser dans l’explosion de la bulle spéculative internet. Il lui a fallu 16 ans pour renouer avec son record datant de 2000 (un peu au-dessus de 4800 points). Puis il a touché 5000 points en décembre 2016, 10 000 points en juin 2020 et 20 000 points en juin 2024. La confiance est là et le seul vrai tue-l’amour serait un discours d’avenir résolument austère de la Fed, on dit hawkish, en référence au faucon, hawk, qui représente le banquier central pas très fun. Les paris sont encore ouverts sur ce point. Le marché espère deux baisses de taux additionnelles d’ici la fin de l’année. Toute indication allant à l’encontre de ce consensus serait mal accueillie, mais pas forcément fatale. Il faut noter que la réunion de la Fed qui débute aujourd’hui et se terminera demain par la décision sur les taux se fera en présence de Stephen Miran et Lisa Cook. La nomination du premier, cheval de Troie de Donald Trump au sein de l’institution, a été confirmée par le Sénat. La justice a autorisé la seconde à siéger en dépit de la destitution décidée par le Président américain. Match nul en quelque sorte, même si l’étau se resserre inexorablement sur l’indépendance de la banque centrale.
Dans le reste de l’actualité, il y aura une nouvelle série intense de données macroéconomiques aux Etats-Unis cet après-midi, mais rien qui ne devrait infléchir le cours de la politique monétaire. Donald Trump doit s’entretenir avec Xi Jinping vendredi. Les deux pays se sont entendus sur les conditions d’un maintien de l’application TikTok aux Etats-Unis, comme si ce compromis était une sorte de préalable à toute autre discussion. C’est la diplomatie TikTok. Ça fait un peu peur, non ? En France, le nouveau premier ministre Sébastien Lecornu se débat pour durer. Les six séances consécutives de gains du CAC 40 et la bonne tenue des coûts d’emprunt français tendent à montrer que les marchés lui accordent un certain crédit.
Sur les marchés orientaux, l’indice MSCI Asia Pacific (qui suit 12 marchés, dont le Japon, la Chine, Taiwan, l’Australie et la Corée du Sud) est en passe de progresser, comme le Nasdaq 100, pour la neuvième fois consécutive. Les marchés à forte dépendance technologique, comme la Corée du Sud et Taiwan, prennent plus de 1% ce matin. L’Australie, le Japon et l’Inde gagnent entre 0,2 et 0,5%. Les places chinoises sont un peu moins dynamiques, avec une stabilité à Hong Kong et un léger repli à Shanghai. Les bourses européennes sont attendues en légère hausse.
Les indices européens ont finalement reculé peu après l’ouverture. Le trio CAC 40, SMI, Bel 20 rendait 0,2% environ.
Les temps forts économiques du jour
Au programme aujourd’hui : le sondage ZEW allemand et la production industrielle européenne (11h00) en matinée. Aux Etats-Unis, les ventes au détail, l’utilisation des capacités, la production industrielle, les stocks d’entreprises et l’indice du marché immobilier NAHB sont en vue. Tout l’agenda ici.
Les cotations sont celles du jour autour de 7h00, les liens permettent d’avoir le temps réel :
- Euro : 1,1784 USD
- Once d’or : 3680 USD
- Brent : 67,51 USD
- Spread Bund / OAT : 79 points (+0,13%)
- VIX : 15,7 (+0,9%)
- 10 ans US : 4,038%
- Bitcoin : 115 450 USD
Les principaux changements de recommandations
- Adyen : ING démarre le suivi à l’achat en visant 1850 EUR.
- Air Liquide : BNP Paribas Exane reste à surperformance avec un objectif de cours relevé de 197 à 205 EUR.
- AMS-Osram : Barclays reste à pondération de marché avec un objectif de cours relevé de 11,50 à 12 CHF.
- Anheuser-Busch Inbev : Morgan Stanley reste à surpondérer avec un objectif de cours réduit de 71 à 70,50 EUR.
- Antin Infrastructure Partners : Morgan Stanley reste à pondération de marché avec un objectif de cours réduit de 13 à 12 EUR.
- Autostore Holdings : AlphaValue/Baader Europe passe de vendre à alléger avec un objectif de cours relevé de 6,70 NOK à 9,33 NOK.
- Beiersdorf : Jefferies passe d’acheter à conserver avec un objectif de cours réduit de 125 à 101 EUR.
- Big Yellow : Kempen passe de neutre à acheter avec un objectif de cours relevé de 950 GBX à 1050 GBX.
- Danone : Jefferies passe de sous-performance à acheter avec un objectif de cours relevé de 62 à 84 EUR.
- EasyJet : JP Morgan passe de surpondérer à neutre avec un objectif de cours réduit de 670 à 500 GBX.
- EssilorLuxottica : HSBC reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 230 à 300 EUR.
- Ferrari : Berenberg démarre le suivi à l’achat en visant 484 EUR. Mediobanca passe de neutre à surperformance avec un objectif de cours relevé de 430 à 486 EUR.
- Fresnillo : JP Morgan reste à surpondérer avec un objectif de cours relevé de 2100 à 2500 GBX.
- Guerbet : Portzamparc reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 30 à 22 EUR.
- Haleon : Barclays passe de surpondérer à pondération de marché avec un objectif de cours réduit de 430 à 380 GBX.
- L’Oréal : Jefferies passe de conserver à sous-performance avec un objectif de cours réduit de 371 à 340 EUR.
- LondonMetric Property : JP Morgan passe de notation suspendue à surpondérer avec un objectif de cours de 215 GBX.
- Moncler : Citi maintient sa recommandation d’achat et réduit l’objectif de cours de 60 EUR à 58,60 EUR.
- Novo Nordisk : Rothschild & Co Redburn passe de neutre à acheter avec un objectif de cours réduit de 500 DKK à 440 DKK.
- Orsted : Grupo Santander passe de neutre à sousperformance avec un objectif de cours réduit de 290 DKK à 121 DKK.
- Safestore : Kempen passe de vendre à acheter avec un objectif de cours relevé de 570 GBX à 750 GBX.
- Safran : JP Morgan reste à surpondérer avec un objectif de cours relevé de 270 à 320 EUR.
- Sandoz Group : JP Morgan reste à surpondérer avec un objectif de cours relevé de 46 à 55 CHF.
- Schneider Electric : Oddo BHF reste à surperformance avec un objectif de cours relevé de 265 à 274 EUR.
- Soitec : Barclays reste à pondération de marché avec un objectif de cours réduit de 50 à 35 EUR.
- STMicroelectronics : Barclays maintient sa recommandation sous-pondérer et relève l’objectif de cours de 20 à 22 EUR.
- Thales : Deutsche Bank maintient sa recommandation d’achat et relève l’objectif de cours de 265 à 285 EUR.
- Worldline : JP Morgan reste à une recommandation neutre avec un objectif de cours réduit de 3,45 à 3,10 EUR.
- Yara International : Deutsche Bank reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 390 à 365 NOK.
En France
Annonces importantes (et moins importantes… Je précise que les informations sont données à chaud avant l’ouverture et ne préjugent pas de la couleur des actions pendant la séance)
- BNP Paribas vise un ROTE de 13% en 2028.
- Kering a été victime d’une violation de données découverte en juin, touchant un nombre limité d’informations sur les clients de certaines de ses marques (Gucci, Balenciaga et Alexander McQueen, selon la BBC).
- Schneider Electric lance une émission d’OCEANE.
- Le gouvernement italien annonce que STMicroelectronics ne supprimera finalement pas d’emplois dans le pays.
- Wendel réduit sa participation dans Bureau Veritas. L’actionnaire descend de 26,5% du capital et 41% des droits de vote à environ 21,4% du capital et 35% des droits de vote.
- Le trafic passagers du groupe Aéroports de Paris progresse de 3% en août.
- En réponse à la spéculation sur l’intérêt d’acheteurs, Rubis confirme des discussions très préliminaires.
- Valeo lance un plan d’actionnariat salarié.
- Coface nomme Christina Montes De Oca directrice générale pour l’Amérique du Nord.
- VusionGroup relève sa prévision annuelle après les résultats du S1.
- Exail confirme ses prévisions 2025.
- Solutions 30 déploie les premières stations de recharge Fastned en Espagne.
- Guerbet réduit ses prévisions.
- Capital B lève 58,1 MEUR via un placement privé.
- Wallix lance une offre pour renforcer la cybersécurité des PMEs et ETI.
- Cyllene et LightOn s’associent pour accélérer l’adoption de l’IA souveraine au sein des entreprises françaises.
- Agripower lance une augmentation de capital de 8 MEUR à 0,948 EUR l’action.
- Entech signe un contrat de construction d’une centrale agrivoltaïque, assorti d’un engagement de maintenance sur 20 ans.
- Theraclion obtient de bons résultats avec Sonovein dans le traitement non invasif des varices par ultrasons.
- Les principales publications du jour : Assystem, Delfingen, Transgène, Streamwide, Herige… Le reste ici.
Dans le vaste monde
Annonces importantes (et moins importantes)
D’Europe
- Le président de Banco de Sabadell estime que BBVA devrait augmenter considérablement le montant de son OPA pour séduire son conseil d’administration.
- Unilever nomme Srinivas Phatak au poste de directeur financier.
- Tietoevry abaisse ses perspectives de croissance organique pour l’année en les situant entre -2% et 0.
- Kemira acquiert une société de services de traitement de l’eau aux Etats-Unis.
- La Commission suisse de la concurrence clôt l’enquête contre Swisscom.
- Peach Property rembourse un emprunt de 73 millions d’euros.
- Metso acquiert Q&R Industrial Hoses en Australie.
- Basilea reçoit un financement de 25 millions de dollars aux Etats-Unis pour continuer à faire progresser ses nouveaux antifongiques.
- Les principales publications du jour : TrustPilot, Sthree…
D’Amérique du Nord
- L’offre de vente de la technologie publicitaire de Google est loin de répondre aux attentes du ministère de la Justice, selon Bloomberg. Ce qui n’empêche pas la maison-mère Alphabet de passer le cap des 3000 milliards de dollars de capitalisation.
- L’autorité canadienne de régulation antitrust va examiner la fusion entre Anglo American et Teck Resources. Le premier ministre Mark Carney aurait fait savoir à Anglo American qu’il n’autorisera l’opération qu’en cas d’installation du siège social au Canada.
- Donald Trump engage une poursuite en diffamation contre The New York Times en réclamant 15 milliards de dollars.
- Nvidia déclare se conformer en tous points à la loi anti-monopole chinoise après les accusations de Pékin.
- La Maison Blanche intime Delta Air Lines de mettre fin à ses accords de coentreprise avec Aeromexico d’ici le 1er
- Amazon va lancer une couverture du football (soccer) en réalité augmentée, selon le FT.
- Les principales publications du jour : Ferguson Enterprises…
D’Asie et d’ailleurs
- Tencent réalise son premier placement obligataire depuis 2021.
- Les principales publications du jour : néant…
Le reste de l’agenda mondial des publications ici.
Lectures
- La Banque Nationale Suisse a un énorme portefeuille de techs américaines (Financial Times, en anglais).
- Pourquoi Larry Ellison et Elon Musk menacent-ils le gouvernement républicain en Amérique ? (Persuasion, en anglais).
- Le Qatar, propriétaire de 20 % des biens des Champs-Elysées (Le Monde).
- Pourquoi les rapports trimestriels ne doivent pas être abolis… et pourquoi les bénéfices ajustés et les prévisions devraient l’être (Herb Greenberg, en anglais).
- La Grande-Bretagne a-t-elle gagné la guerre commerciale ? (contre l’Europe) (New York Times, en anglais).
- Namibie, en attendant le pétrole… (XXI).
- Qu’est-ce qu’un budget de défense de 961 milliards de dollars permet d’obtenir en 2025 ? (The Economist, en anglais).
- Quand les volcans endormis se réveillent (Noéma, en anglais).