Je commence par des excuses. Alors que je n’étais ni aviné, ni fatigué, ni trompé par ChatGPT, ni sous l’emprise de substances que la morale réprouve… j’ai dit une énorme ânerie hier. La publication du rapport sur l’emploi américain de septembre n’avait pas lieu hier, elle aura lieu aujourd’hui. Je pourrais vous pipeauter avec une pirouette du genre « Zonebourse, toujours en avance sur l’info ». Mais la réalité, c’est que c’est la faute de Romain et d’Antoine. Romain, qui écrit avec moi le Morning Zonebourse pour nos éditions européennes. Et Antoine, qui vit dans un endroit si reculé qu’il est forcé de venir travailler à potron-minet pour éviter d’être tiré par un chasseur au lever du jour. Romain qui n’était pas là hier pour me relire au prétexte qu’il était coincé dans son garage à cause d’une porte automatique récalcitrante. Une vraie excuse de CE1. Antoine, qui était là mais qui rêvassait au lieu d’écouter religieusement l’enregistrement de mon podcast et me signaler l’erreur. Dans ma grande mansuétude, je les ai absous après leur promesse de ramener vendredi matin un panettone pour mon usage personnel.
Navré donc, pour cette bourde d’agenda. D’ailleurs, on continue à parler calendrier. Même si le shutdown est terminé aux Etats-Unis, le bureau américain des statistiques a quelques soucis pour faire remonter les données. Si les chiffres de l’emploi de septembre qui auraient dû être publiés le 3 octobre le seront bien ce jour, le BLS a annoncé qu’il ne publiera finalement pas les données d’octobre avant la réunion de la Fed prévue le 10 décembre. L’explication est purement pratique : les agents chargés de collecter les données étaient au chômage technique à cause du blocage budgétaire. Les données d’octobre seront donc publiées en même temps que les données de novembre, le 16 décembre. Et là, vous vous dites. Où est-ce qu’il veut en venir avec ses délires calendaires ?
En réalité, c’est important. L’absence de données fraîches sur l’emploi a renforcé le sentiment du marché selon lequel la banque centrale américaine ne baissera pas ses taux le 10 décembre. La probabilité a reculé à 30% hier soir, alors qu’elle était de 95% il y a trois semaines. Le curseur a d’autant plus glissé en faveur d’un statu quo que les minutes de la dernière réunion de la Fed, qui ont été publiées hier soir à 20h00, montrent qu’une majorité des décideurs monétaires est favorable à un maintien des taux dans la fourchette actuelle 3,75 à 4%.
Ça a rendu Donald Trump furieux. Il a même égratigné son Secrétaire du Trésor Scott Bessent, ce qui est assez rare pour être mentionné. « Pour être honnête, j’aimerais le virer », a asséné hier Donald Trump en parlant de Jerome Powell. Mais Bessent, la « voix de la raison », a convaincu le président de ne pas le faire. Trump a toutefois ajouté « la seule chose sur laquelle Scott se trompe, c’est la Fed, car à la Fed, les taux sont trop élevés, Scott… Et si vous ne corrigez pas le tir rapidement, je vais vous virer. » Le mandat de Powell se termine en juin.
Voilà pour la grosse partie macroéconomique du jour, à laquelle j’ajoute quand même que le yen est au plus bas de 10 mois contre le dollar américain. Le marché a des doutes sur la trajectoire budgétaire du Japon, en amont de l’annonce du plan de relance de la Première ministre Sanae Takaichi.
On passe à l’éléphant dans la pièce, Nvidia. En réalité, la société n’est pas l’éléphant dans la pièce, puisque tout le monde sait la place qu’elle occupe dans l’écosystème actuel. L’éléphant, c’est plutôt ce dont personne ne voulait trop parler jusqu’à une date récente : est-il bien raisonnable d’investir autant dans l’IA, et pour en faire quoi ?
Sans surprise, les résultats publiés hier soir par Nvidia défient encore les lois de la gravité. Même sans le précieux apport chinois, après les mesures restrictives décidées par les Etats-Unis, le chiffre d’affaires de la société a dépassé les prévisions et ses bénéfices restent stratosphériques.
Et sans surprise le CEO Jensen Huang a balayé les craintes de bulle, de surinvestissement ou de valorisation imméritée. Il a même assumé le système consanguin qui est en train de se mettre en place, avec une poignée d’acteurs à la fois financeurs, actionnaires et clients des mêmes entreprises. Huang juge normal que Nvidia utilise ses liquidités pour financer sa croissance, c’est-à-dire notamment d’injecter des fonds dans une entreprise qui s’en servira pour payer les processeurs commandés à Nvidia. Tant que les investisseurs pensent que cela aboutira à un nouvel eldorado pour les hyperscalers et leurs fournisseurs, tout va bien.
La réaction à la publication de Nvidia est positive : le titre gagnait 5% hors séance. Le contraire aurait constitué un biais confirmatoire pour la consolidation en cours, surtout après la perspective d’une absence de baisse de taux de la Fed en décembre.
Par conséquent, les marchés actions redressent la tête en Asie ce matin. Wall Street avait déjà commencé à le faire hier, en espérant justement que Nvidia inverserait la spirale négative récente. Mais personne ne doute que le groupe de Jensen Huang profite à plein de l’engouement actuel. Pour renforcer le niveau de confiance, il faut maintenant que les investisseurs se persuadent que le reste de l’écosystème en profitera à proportion des montants investis.
En Asie Pacifique, ça monte. 2,7% de hausse à Tokyo pour le Nikkei 225. 2% à Séoul pour le KOSPI et 1,2% à Sydney pour l’ASX 400. L’Inde est, une fois de plus, plus mesurée (+0,3%). Les places chinoises se désintéressent de Nvidia en reculant légèrement. Les futures de Wall Street sont fortement haussiers au début de la matinée européenne. Les Bourses du vieux continent vont ouvrir en hausse.
Les temps forts économiques du jour
Le marché attend (réellement cette fois) les données sur l’emploi US de septembre (14h30). Tout l’agenda ici.
Les cotations sont celles du jour autour de 7h00, les liens permettent d’avoir le temps réel :
- Euro : 1,1516 USD
- Once d’or : 4 071 USD
- Brent : 63,73 USD
- Spread Bund / OAT : 75 points (-0,2%)
- VIX : 23,66 (-1%)
- 10 ans US : 4,112%
- Bitcoin : 92 591 USD
Les principaux changements de recommandations
- Alimak Group : SB1 Markets démarre le suivi à l’achat avec un objectif de cours de 182 SEK.
- Barry Callebaut : Goldman Sachs reprend le suivi à l’achat en visant 1 370 CHF.
- Compagnie Financière Richemont : Barclays reste à surpondérer avec un objectif de cours relevé de 161 à 192 CHF.
- Delivery Hero : Jefferies reste à accumuler avec un objectif de cours réduit de 40,50 à 35,20 EUR.
- Edreams Odigeo : Deutsche Bank passe d’acheter à conserver avec un objectif de cours réduit de 11,50 à 5,40 EUR.
- Euronext : Oddo BHF reste à surperformance avec un objectif de cours réduit de 155 à 152 EUR.
- Interparfums : BNP Paribas reste à neutre avec un objectif de cours réduit de 33,64 à 24 EUR.
- Nestlé : Goldman Sachs reste à acheter avec un objectif de cours relevé de 92 à 93 CHF.
- Nokia : Inderes passe de vendre à alléger avec un objectif de cours réduit de 5 à 4,80 EUR.
- Poste Italiane : Goldman Sachs démarre le suivi à neutre avec un objectif de cours de 23 EUR.
- Puma : Barclays reste à pondération de marché avec un objectif de cours réduit de 19 à 16 EUR.
- Redeia Corporacion : JP Morgan passe de notation suspendue à conserver avec un objectif de cours de 17 EUR.
- Sonova Holding : Bank Vontobel reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 255 à 225 CHF.
- Swiss Re : AlphaValue/Baader Europe passe d’accumuler à alléger avec un objectif de cours réduit de 167 CHF à 148 CHF.
- Vivendi : JP Morgan reste à surpondérer avec un objectif de cours réduit de 3,80 à 2,90 EUR.
- Worldline : Goldman Sachs reste à neutre avec un objectif de cours réduit de 3,50 à 1,50 EUR.
En France
Annonces importantes (et moins importantes… Je précise que les informations sont données à chaud avant l’ouverture et ne préjugent pas de la couleur des actions pendant la séance)
- Euronext annonce le succès de son OPA sur l’ATHEX, opérateur de la Bourse d’Athènes.
- Schneider Electric signe un contrat de 2,3 MdsUSD aux Etats-Unis pour des datas centers.
- Thales signe un accord de recherche pour le trafic aérien à Dubaï.
- BNP Paribas relève son objectif de ratio CET1 à 13% à l’horizon 2027 et lance son programme de rachat d’actions de 1,15 milliard d’euros.
- TotalEnergies et Conoil concluent des accords pour acquérir des participations dans des blocs offshore nigérians.
- Soitec plonge dans le rouge au premier semestre 2026.
- JCDecaux lance un programme de rachat d’actions jusqu’à 1,5 million de titres.
- Getlink conteste le projet d’augmentation des « Business Rates » en Grande-Bretagne.
- Bic nomme un nouveau directeur financier, Grégory Lambertie.
- Elior redresse ses comptes annuels et propose la distribution de dividendes.
- Kaufman signe la VEFA d’un campus de 30 000 m² de bureaux à Marseille.
- Drone Volt scelle un partenariat avec Umag.
- Les principales publications du jour : TotalEnergies EP Gabon, Genfit, Hamilton Global Opportunities, Amplitude Surgical… Le reste ici.
Dans le vaste monde
Annonces importantes (et moins importantes)
D’Europe
- L’exposition de Banco Santander à First Brands et à son fondateur atteint environ 300 millions de dollars, selon le WSJ.
- Novartis vise une croissance annuelle de ses ventes pouvant atteindre 6% jusqu’à l’exercice 2030.
- Universal Music, Sony Music et Warner Music Group ont concédé sous licence leurs œuvres à la start-up musicale Klay, spécialisée dans l’intelligence artificielle, selon Bloomberg.
- Le bénéfice net d’Orlen au T3 est inférieur aux attentes.
- Julius Bär signerait avec Temenos pour son IT suisse, selon Reuters.
- Nestlé va investir près de 30 MCHF au Royaume-Uni.
- Sika rachète la société saoudienne Awazil Al Khaleej Industrial.
- Wolters Kluwer conclut l’acquisition de Libra Technology pour 90 millions d’euros.
- Theon renouvelle son contrat avec Hensoldt et l’OCCAR pour la fourniture d’équipements militaires.
- Dormakaba acquiert une participation minoritaire dans RealSense.
- Aedifica consacre 21 millions d’euros au développement de maisons de soins en Finlande.
- Les principales publications du jour : Halma, CTS Eventim, Subsea 7, Asmodee, JD Sports…
D’Amérique du Nord
- Nvidia gagnait 5% hors séance après ses résultats trimestriels. Palo Alto perdait 3,7% après les siens. Palo Alto qui va acheter Chronosphere pour 3,35 milliards de dollars.
- Adobe et Qualcomm s’associent à Humain pour développer une IA générative au Moyen-Orient.
- Meta va exclure les Australiens de moins de 16 ans d’Instagram et Facebook. Par ailleurs, le spécialiste de l’IA du groupe, Yann LeCun, quittera Meta pour créer une nouvelle start-up spécialisée dans l’IA d’ici la fin de l’année, conformément aux rumeurs qui circulaient récemment.
- XAI et Nvidia vont développer un data center géant en Arabie Saoudite.
- Les principales publications du jour : Walmart, Intuit, Ross Stores, Veeva Systems, Copart, Jacobs Solutions, Warner Music Group…
D’Asie et d’ailleurs
- Xiaomi relève ses prévisions de livraisons pour 2025 à plus de 400 000 véhicules.
- Les bénéfices de Lenovo reculent au deuxième trimestre fiscal alors que son chiffre d’affaires grimpe de 15%.
- Les principales publications du jour : NetEase, Mega Financial, CSPC…
Le reste de l’agenda mondial des publications ici.
Lectures
- Les sept péchés capitaux de l’exubérance des entreprises (The Economist, en anglais).
- La consommation de base est détestée, pas si bon marché et soudainement intéressante (FT Unhedged, en anglais).
- Menu végétarien : les raisons de l’addition (Le Monde).
- Le plan Trump demande à l’Ukraine de céder des territoires supplémentaires en échange d’une garantie de sécurité (Axios, en anglais).
- Même pour un milliard d’euros, les Français pas prêts à vendre leur âme (Libération).




