Pour la première fois depuis plusieurs mois, le costume de sauveur du marché a semblé un peu large pour Nvidia. Les investisseurs comptaient beaucoup sur le groupe pour remettre une pièce dans la machine à spéculer sur l’intelligence artificielle. Il a d’ailleurs fait sa part du job en publiant une croissance, des bénéfices et des perspectives extrêmement élevés. La première réaction a d’ailleurs été positive hier : le titre a commencé par gagner 5% au début de la séance, donnant un petit coup de boost à Wall Street. Mais le cœur n’y est plus depuis quelques séances à New York.
Je vous expliquais hier que l’éléphant dans la pièce, ce n’était pas Nvidia, mais la façon dont tout le reste de l’écosystème IA est capable de générer des bénéfices à la hauteur des investissements engagés. Et pour le coup, la publication de Nvidia n’a pas apporté de réponse. Résultat, le Nasdaq 100 a démarré en hausse dans un grand élan d’optimisme, mais il a clôturé en baisse de 2,4%. Les valeurs très corrélées à l’IA ont pris une nouvelle purge. En novembre, Palantir a perdu 22%. CoreWeave 48%. AMD 19%. Les autres actifs à risque ont suivi. Le bitcoin a perdu près du tiers de sa valeur depuis le pic du 6 octobre, après son passage sous 86 000 USD ce matin. Sur le S&P 500, les valeurs ennuyeuses sont revenues sur le devant de la scène. Walmart a sorti la Consommation de base de la naphtaline en flambant de 6,5%, après avoir relevé pour la seconde fois de l’année ses prévisions, malgré le contexte inflationniste que l’on connaît aux Etats-Unis. La Santé, autre secteur défensif, a aussi tiré son épingle du jeu pendant que les techs trébuchaient.
En Europe, les Bourses ont commencé par saluer les chiffres de Nvidia, comme tout le monde. Et puis quand les choses ont commencé à partir en sucette à Wall Street, les indices ont cherché à dessiner un tremplin de saut à ski : on part du point haut et on se laisse glisser dans la pente. « Dré dans l’pentu », dirait-on du côté d’Annecy où nous bénéficions ce matin d’un magnifique paysage enneigé. Comme la fin de séance était proche au moment du tremplin, les indices européens sont parvenus à conserver quelques gains. Par exemple, +0,4% pour le Stoxx Europe 600, +0,3% pour le CAC 40 en France ou +0,1% pour le SMI en Suisse. Mais ces gains sont un trompe l’œil. Si la séance avait duré deux heures de plus, il aurait fallu des pelles et de pioches pour retrouver les cours de clôture.
Dans ce contexte, la dernière séance de la semaine s’annonce nerveuse. L’indice de volatilité VIX est remonté à son plus haut niveau depuis le bordel d’avril 2025 autour des droits de douane réciproques. Les investisseurs n’aiment pas beaucoup les séances du vendredi qui démarrent dans une telle configuration, qui plus est quand c’est la journée de compensation mensuelle, comme c’est le cas aujourd’hui. C’est le moment où le marché des options prend ses paris sur l’avenir. Quand le moral est médiocre, ça peut entraîner des séances désagréables. La vigilance est donc de mise, même si les futures de Wall Street sont positionnés pour un rebond. L’expérience de la veille montre qu’on peut monter à +2,4% en début de séance et terminer à -2,4%.
Dans l’actualité macro du jour, on retrouve une salve d’indicateurs d’activité PMI partout dans le monde. Cette statistique est appréciée pour son caractère prédictif dans chaque pays. Elle est d’autant plus importante qu’aux Etats-Unis, les données officielles manquent cruellement actuellement. Hier, les données partielles sur l’emploi US en septembre n’ont pas apporté beaucoup d’informations : le pays crée encore des emplois, mais le taux de chômage est monté à 4,4%, un niveau inédit depuis plusieurs trimestres. Le curseur des espoirs de baisse des taux de la Fed lors de la réunion de décembre est légèrement remonté de 30 à 35%, mais reste en zone minoritaire.
Au Japon, l’inflation a légèrement accéléré en octobre, tandis que les chiffres d’import-export montrent une réduction des échanges avec les Etats-Unis et un accroissement avec le reste du monde. La rumeur d’une intervention de la BoJ pour soutenir le yen refait surface, alors que la parité avec le dollar est descendue à un plus bas de 10 mois.
En Asie-Pacifique, le rouge vif domine ce matin en fin de parcours. Tokyo lâchait plus de 2%, Séoul environ 3,8% et Taiwan 3,6%. En Chine continentale, à Hong Kong et en Australie, les replis avoisinaient 1,5%. L’Inde faisait une fois de plus cavalier seul en limitant ses pertes à 0,4%. Les indicateurs avancés européens pointent vers une ouverture en net repli, malgré le retour dans le vert des futures de Wall Street. Il faut en effet combler le grand écart de la clôture d’hier.
Le CAC 40 lâche 1,3% à 7 876 points à l’ouverture. Le SMI et le Bel 20 abandonnent 0,7%, respectivement à 12 454 et 4 933 points.
Les temps forts économiques du jour
Les indicateurs PMI flash de novembre pour les grandes économies seront publiés tout au long de la journée, avec l’indice de confiance de l’Université du Michigan (16h00) et quelques discours de banquiers centraux US (Williams, Barr, Logan, avant 15h00). Tout l’agenda ici.
Les cotations sont celles du jour autour de 7h00, les liens permettent d’avoir le temps réel :
- Euro : 1,1541USD
- Once d’or : 4 055 USD
- Brent : 62,52 USD
- Spread Bund / OAT : 77 points (+2,3%)
- VIX : 26,4 (+2,8%)
- 10 ans US : 4,079%
- Bitcoin : 86 291 USD
Les principaux changements de recommandations
- AMS-Osram : Jefferies passe d’acheter à conserver avec un objectif de cours réduit de 14 CHF à 8,30 CHF.
- Amundi : AlphaValue/Baader Europe reste à accumuler avec un objectif de cours réduit de 90,80 à 90,60 EUR.
- BNP Paribas : Autonomous Research reste à surperformance avec un objectif de cours relevé de 82,50 à 84 EUR.
- Do & Co : Oddo BHF démarre le suivi à surperformance avec un objectif de cours de 240 EUR.
- Elior : AlphaValue/Baader Europe reste à accumuler et réduit l’objectif de cours de 3,58 à 3,51 EUR. Goldman Sachs reste à neutre avec un objectif de cours relevé de 3 à 3,10 EUR. Citi maintient sa recommandation d’achat et réduit l’objectif de cours de 4 EUR à 3,60 EUR.
- Emeis : Bernstein reste à performance de marché avec un objectif de cours relevé de 14 à 15,50 EUR.
- Engie : Bernstein reste à surperformance avec un objectif de cours relevé de 21,50 à 25,10 EUR.
- Experian : Citi passe de neutre à acheter et réduit l’objectif de cours de 4102 GBX à 3907 GBX.
- ING Groep : Citi maintient sa recommandation d’achat et relève l’objectif de cours de 20,30 à 25,80 EUR.
- Ithaca Energy : Goldman Sachs passe de performance de marché à vendre avec un objectif de cours de 180 GBX.
- Kingfisher : Peel Hunt démarre le suivi à accumuler avec un objectif de cours de 320 GBX.
- Norbit : SB1 Markets passe de neutre à acheter avec un objectif de cours de 200 NOK.
- Royal Unibrew : Bernstein démarre le suivi à surperformance avec un objectif de cours de 690 DKK.
- Svenska Cellulosa : Barclays passe de sous-pondérer à pondération de marché avec un objectif de cours de 115 SEK.
- Siemens Energy : Barclays reste à pondération de marché avec un objectif de cours relevé de 77 à 85 EUR.
- Soitec : HSBC reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 44 à 25 EUR.
- Theon International : ING Bank démarre le suivi à l’achat avec un objectif de cours de 37,50 EUR.
- UPM-Kymmene : Barclays passe de surpondérer à pondération de marché avec un objectif de cours réduit de 27 à 22 EUR.
- Valneva : Jefferies reste à acheter avec un objectif de cours réduit de 14 à 13 USD.
- Viridien : Bernstein passe de surperformance à performance de marché avec un objectif de cours relevé de 94 à 117 EUR.
- Vivendi : AlphaValue/Baader Europe passe d’acheter à alléger avec un objectif de cours réduit de 4,44 EUR à 2,75 EUR.
- Wetteri : Inderes passe de vendre à alléger avec un objectif de cours de 0,18 EUR.
En France
Annonces importantes (et moins importantes… Je précise que les informations sont données à chaud avant l’ouverture et ne préjugent pas de la couleur des actions pendant la séance)
- Veolia rachète l’américain Clean Earth, spécialiste des déchets dangereux, pour 3 milliards de dollars.
- ArcelorMittal appelle à l’adoption urgente d’un contingent tarifaire européen et rassure ses clients européens.
- Stellantis envisage la construction d’une usine de fabrication en Arabie saoudite.
- Thales et le Conseil de cybersécurité des Emirats arabes unis vont collaborer sur trois projets liés à la cybersécurité.
- Le Texas poursuit Bristol-Myers Squibb et Sanofi pour avoir dissimulé l’inefficacité présumée de l’anticoagulant Plavix.
- Eiffage remporte un second contrat pour la construction des infrastructures du circuit urbain de Madrid.
- Imerys a placé 600 millions d’euros d’obligations 2032 à 4%.
- Ubisoft confirme ses objectifs mais ne respecte plus son convenant de ratio de levier, une situation qui devrait être réglée rapidement, selon la société.
- Le rejet du recours contre la décision AMF validant l’OPA sur Tarkett entraîne le redémarrage de l’offre du 24 novembre au 5 décembre.
- Thierry Boiron va quitter son poste de directeur général délégué chez Boiron.
- Hydrogen Refueling Solutions veut lever jusqu’à 10,4 MEUR par augmentation de capital à 1,90 EUR l’action.
- Le retrait des ADS Genfit du Nasdaq est effectif.
- Abionyx Pharma signe un partenariat stratégique exclusif avec SEBIA dans le sepsis.
- La plateforme Cellvizio Gen 3 de Mauna Kea homologuée en Chine.
- Néovacs procède à une réduction de capital motivée par des pertes en ramenant le nominal de son action de 0,05 à 0,005 EUR.
- Les principales publications du jour : … Le reste ici.
Dans le vaste monde
Annonces importantes (et moins importantes)
D’Europe
- Nestlé annonce le départ à la retraite de son responsable de la stratégie, Sanjay Bahadur.
- Merck KGaA et Valo Health signent un accord potentiel de 3 milliards de dollars pour faire progresser les traitements contre la maladie de Parkinson.
- UBS Group achève un rachat d’actions de 3 milliards de dollars.
- Babcock améliore ses résultats.
- EQT serait sur le point de conclure un accord de près de 2 milliards d’euros pour racheter Desotec à Blackstone.
- Canal+ obtient le renouvellement des droits de diffusion exclusifs des compétitions de clubs de l’UEFA.
- CAE signe un accord avec Saab pour les plateformes de formation GlobalEye.
- Hammerson acquiert la propriété exclusive du centre commercial britannique The Oracle.
- Frasers achète un centre commercial en Ecosse.
- Hennes & Mauritz va racheter un milliard de couronnes suédoises de ses propres actions.
- Pierer Mobility cède les vélos Felt à leur actionnaire minoritaire.
- Les principales publications du jour : Ackermans, Babcock, Bekaert, Asos…
D’Amérique du Nord
- Netflix, Comcast et Paramount ont soumis leurs offres pour Warner Bros. Discovery, révèle le NYT.
- GE Healthcare rachète Intelerad pour 2,3 milliards de dollars afin de se développer sur le marché des soins ambulatoires.
- Copart perd 3% hors séance après ses trimestriels. Veeva lâche 6,7% après les siens. Intuit et Ross Stores gagnent en revanche 3%.
- Sam Altman, d’OpenAI, craint l’offensive IA de Google, selon The Information.
- Marsh & McLennan autorise le renouvellement d’un programme de rachat d’actions de 6 milliards de dollars.
- Citigroup change de directeur financier.
- Les principales publications du jour : néant…
D’Asie et d’ailleurs
- Les actions de BHP malmenées après des rumeurs de poursuite de l’arrêt des achats de minerai de fer par un important client chinois.
- Le fondateur de CATL place des titres, l’action recule de 4%. CATL qui vise à redémarrer une importante mine de lithium chinoise d’ici début décembre, selon Bloomberg.
- Les principales publications du jour : Meituan, Malayan Banking…
Le reste de l’agenda mondial des publications ici.
Lectures
- Fenêtres mal pensées, accusations de plagiat : les débuts poussifs de Windows en 1985 (Le Monde).
- Et si on assombrissait le soleil ? (Bloomberg, en anglais).
- La sombre vérité derrière le thon vendu en supermarché (Financial Times, en anglais).
- La théorie économique qui aurait pu sauver la présidence Trump (Noahopinion, en anglais).
- Le plus étonnant export de la Chine : ses outils de surveillance étatique (The Economist, en anglais).
- Trois choses à savoir sur l’avenir de l’électricité (MIT Technology Review, en anglais).
- SharkNinja a bâti un empire de 6 milliards de dollars en vendant des gadgets dont personne n’a besoin (Bloomberg, en anglais).
- Pourquoi Grok, l’IA du réseau social d’Elon Musk, X (ex-Twitter), est-il négationniste ? (Le Grand Continent).




