Pour le moment, le scénario hebdomadaire se déroule plutôt comme prévu. Vous vous rappelez, on parle depuis quelques jours du paradoxe de la hausse des rendements obligataires américains alors que la Fed va probablement baisser ses taux demain soir. Le phénomène s’est amplifié hier, avec une dette US à 10 ans rémunérée à 4,178%, son niveau le plus élevé depuis septembre. Je ne reviens pas en détail sur les raisons que j’ai déjà détaillées hier. Il faut retenir que c’est parce que les investisseurs perçoivent qu’il y aura moins d’autres baisses de taux l’année prochaine, voire pas du tout. Le consensus est passé de trois à deux autres baisses en 2026 aux Etats-Unis, mais certains professionnels voient déjà la Fed engluée dans un statu quo durable.

L’autre chose à avoir en tête, c’est que les baisses de taux plaisent aux financiers qui ont accès à de l’argent moins cher et plus abondant.

Donc quand la tendance s’inverse, ils font grise mine. Ce mouvement moins favorable est visible aux Etats-Unis, mais aussi ailleurs sur le globe. Au Japon, la banque centrale pourrait relever ses taux dès la semaine prochaine (vendredi 19). Ce matin, la banque centrale australienne a laissé ses taux inchangés comme prévu, tout en prévenant qu’elle surveille la résurgence de l’inflation, qui pourrait entraîner un resserrement monétaire en 2026. En Europe, la réflexion est en cours. La très orthodoxe Isabel Schnabel, qui représente le courant dur issu de la Bundesbank à la BCE, a pronostiqué hier que le prochain mouvement de la banque centrale sera une hausse de taux. Même si elle a concédé que cela ne se produira pas de sitôt, Schnabel a apporté de l’eau au moulin de ceux qui pensent que l’inflation va contraindre les autorités monétaires à adopter ou à conserver des pratiques restrictives.

Hier, Wall Street a perdu un peu de terrain (0,35% pour le S&P 500), grâce à un petit sursaut des technologiques. Les neuf autres secteurs ont terminé dans le rouge. L’Europe, elle, a évolué dans des bornes étroites. -0,07% pour le Stoxx Europe 600 et des variations inférieures à 0,3% sur la plupart des marchés, sauf en Suisse où le SMI a fait un peu mieux, tracté par sa plus grosse capitalisation Roche, qui vient de s’offrir un gain de 18% en un mois, ce qui lui a permis de brûler la politesse à SAP SE pour remonter sur la troisième marche du podium européen.

La baisse de Wall Street est intervenue alors même qu’une énorme bataille boursière est en train de se jouer, ce qui galvanise habituellement les marchés. Pour rappel, Warner Bros cherchait preneur et a attiré trois grands acheteurs. C’est Netflix qui a finalement raflé la mise avec une offre proche de 83 milliards de dollars. Mais Paramount, candidat malheureux, a décidé de proposer une surenchère sur la base d’une valorisation de 108,4 milliards de dollars, en estimant au passage avoir été snobé par le management de Warner. On appelle ça une offre hostile, parce qu’elle est lancée sans le soutien du management de la cible, ce qui complique une éventuelle intégration et accroît donc le risque entourant le rapprochement. C’est relativement rare, surtout lors d’opérations de cette ampleur. Le monde de la finance se passionne pour cette bataille, d’autant qu’elle implique la famille Ellison, proche du pouvoir, et Donald Trump, qui s’est ému d’une position dominante de Netflix dans le divertissement. Tous les ingrédients d’une bonne histoire boursière sont réunis. D’autant que Warner est un peu un actif maudit.

Pour parler d’un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître, le rapprochement entre Time et Warner à la fin des années 1980 n’a pas fait d’étincelles. A l’inverse de l’acquisition de Time Warner par AOL en 2000, qualifié par certains de plus grand fiasco de l’histoire des fusions-acquisitions aux Etats-Unis. AOL, qui était à l’époque l’un des plus gros fournisseurs d’accès à internet du monde (le plus gros même peut-être), avait sans doute la bonne idée de faire converger les tuyaux et les contenus. Mais l’opération a été mal réalisée et était sans doute trop avant-gardiste. Rebelote en 2018. Cette fois, c’est AT&T qui met la main sur Time Warner, avec une ambition à peu près identique : créer un géant des médias en détenant le contenu et les tuyaux. L’expérience ne sera pas plus concluante que celle d’AOL, quoiqu’elle fut plus brève et un peu moins destructive de valeur. L’opérateur télécom se déleste de son encombrante diversification en rapprochant Warner de Discovery, dont le cours a commencé par s’effondrer lourdement. Moralité, il y a quand même peut-être une malédiction Warner qui plane sur les acheteurs. Netflix vient d’ailleurs d’enchaîner quatre séances de baisse parce que le marché n’a peut-être pas la mémoire aussi courte qu’on le croit. Le CEO de la plateforme de streaming la plus célèbre du monde a toutefois rappelé que, contrairement aux acquéreurs précédents, il fait le même métier que Warner et qu’il comprend ce qu’il a acheté. En tout cas, la bataille boursière est lancée.

Dans le reste de l’actualité, l’Europe cherche à exister dans la négociation entre les Etats-Unis et la Russie sur la fin du conflit en Ukraine. La réunion tenue hier à Londres a permis de monter un front uni aux côtés du président ukrainien. En France, un vote clef sur le budget va créer un surcroît de tension. En Allemagne, les autorités vont valider 52 milliards d’euros de commandes militaires, ce qui devrait profiter à la narration positive qui entoure le secteur, en dépit des pourparlers de paix en Ukraine.

En Asie Pacifique, le rouge est de sortie en Chine continentale, à Hong Kong, en Corée du Sud, à Taiwan, en Australie et en Inde. Seul le Japon parvient péniblement à se maintenir dans le vert. 

Le CAC 40 démarre la séance en hausse de 0,2% à 8 124 points. Le SMI et le Bel 20 sont en léger repli. 

Les temps forts économiques du jour

Aux Etats-Unis, les chiffres de l’enquête JOLTS de septembre seront publiés à 14h30, en retard à cause du shutdown. Tout l’agenda ici.

Les cotations sont celles du jour autour de 7h00, les liens permettent d’avoir le temps réel :

Les principaux changements de recommandations

  • Amundi : JP Morgan maintient sa recommandation neutre et relève l’objectif de cours de 63 à 71 EUR.
  • Antin Infrastructure Partners : JP Morgan reste à une recommandation neutre avec un objectif de cours relevé de 12,80 à 13,30 EUR.
  • Axa : Keefe Bruyette & Woods reste à surperformance avec un objectif de cours relevé de 46,50 à 47 EUR.
  • Aéroports De Paris : Oddo BHF maintient sa recommandation neutre et relève l’objectif de cours de 130 à 135 EUR.
  • Compagnie Des Alpes : Bernstein reste à surperformance avec un objectif de cours relevé de 25 à 28,50 EUR.
  • Epiroc : BNP Paribas passe de neutre à surperformance avec un objectif de cours relevé de 215 à 240 SEK.
  • EQT : JP Morgan passe de neutre à surpondérer avec un objectif de cours relevé de 358 à 399 SEK.
  • Euronext : JP Morgan reste à une recommandation neutre avec un objectif de cours relevé de 151 à 154 EUR.
  • Ferrari : Barclays reste à surpondérer avec un objectif de cours réduit de 425 à 420 EUR.
  • Holcim : Goldman Sachs maintient sa recommandation d’achat et relève l’objectif de cours de 74 à 78 CHF.
  • Hellofresh : Morgan Stanley passe de pondération de marché à souspondérer et réduit l’objectif de cours de 8,30 EUR à 5,50 EUR.
  • Magnum Ice Cream : JP Morgan démarre le suivi à neutre avec un objectif de cours de 14 EUR. Kempen démarre le suivi à neutre avec un objectif de cours de 15 EUR.
  • Man Group : JP Morgan passe de neutre à surpondérer avec un objectif de cours relevé de 209 à 256 GBX.
  • Novartis : AlphaValue/Baader Europe reste à accumuler avec un objectif de cours relevé de 124 à 125 CHF.
  • Partners Group Holding : JP Morgan reste à surpondérer avec un objectif de cours réduit de 1283 à 1125 CHF.
  • Relx Plc : Deutsche Bank passe de conserver à acheter avec un objectif de cours réduit de 4072 GBX à 3700 GBX.
  • Royal Bam Group : AlphaValue/Baader Europe passe de vendre à alléger avec un objectif de cours relevé de 5,85 EUR à 9,52 EUR.
  • Sodexo : AlphaValue/Baader Europe passe d’acheter à accumuler avec un objectif de cours réduit de 73,60 EUR à 56,30 EUR.
  • Swiss Re : Citi passe d’acheter à neutre avec un objectif de cours réduit de 169,80 CHF à 137,64 CHF.
  • Vivendi : Deutsche Bank reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 3 à 2,80 EUR.
  • Wallenius Wilhelmsen : Nordea Bank passe de conserver à acheter avec un objectif de cours de 120 NOK.
  • Wolters Kluwer : Deutsche Bank passe de conserver à acheter avec un objectif de cours de 125 EUR.

En France

Annonces importantes (et moins importantes… Je précise que les informations sont données à chaud avant l’ouverture et ne préjugent pas de la couleur des actions pendant la séance)

Dans le vaste monde

Annonces importantes (et moins importantes)

D’Europe

  • British American Tobacco lance un programme de rachat d’actions de 1,3 milliard de livres sterling et maintient ses prévisions.
  • ASM International renouvelle le mandat de Hichem M’Saad au poste de PDG.
  • Le traitement actif contre la néphrite lupique de Roche reçoit l’autorisation de l’UE.
  • ThyssenKrupp renoue avec les bénéfices.
  • Skanska remporte un contrat supplémentaire de 105 millions de dollars pour un centre de données aux Etats-Unis.
  • Baisse du bénéfice du groupe Ashtead au premier semestre.
  • Un placement de titres Evotec réalisé à 5,10 EUR l’action, selon des informations de marché.
  • Novartis finalise le rachat de Tourmaline Bio.
  • DKSH va acquérir la totalité des parts de sa filiale malaisienne et la retirer de la cote.
  • Moody’s a confirmé la note crédit long terme de Burberry à Baa3, tout en révisant la perspective de négative à stable.
  • Les principales publications du jourBritish American TobaccoThyssenKrupp, Ashtead Group

D’Amérique du Nord

  • Larry Ellison aurait affirmé à Donald Trump que l’accord entre Netflix et Warner Bros nuirait à la concurrence, rapporte le WSJ.
  • Trump autorise Nvidia à vendre sa puce H200 en Chine mais lui impose une taxe de 25%.
  • PepsiCo trouve un accord avec l’activiste Elliott et s’engage à baisser ses prix et à se restructurer.
  • McDonald’s évaluera à l’avenir la valeur apportée par ses franchisés selon de nouveaux standards mondiaux.
  • Berkshire Hathaway remanie sa direction avant le départ à la retraite de Warren Buffet.
  • Ares Management va remplacer Kellanova dans le S&P 500.
  • Les premières lunettes intelligentes de Google seront disponibles l’année prochaine.
  • Alexander & Baldwin sera retiré de la cote après son rachat intégral en numéraire par un consortium d’investisseurs mené par MW Group pour environ 2,3 milliards de dollars, soit 21,20 USD par action (prime de 40% sur le dernier cours de clôture).
  • Medline veut lever 5,4 MdsUSD dans le cadre de la plus grosse IPO de l’année aux USA.
  • Les principales publications du jour : AutoZoneFerguson EnterprisesCasey’s General StoresAeroVironmentSailPointGameStop

D’Asie et d’ailleurs

  • BHP et GIP signent un accord de coentreprise de 2 milliards de dollars dans le domaine des réseaux électriques.
  • HashKey Holdings, opérateur de la principale bourse crypto agréée de Hong Kong, vise jusqu’à 1,67 MdHKD (215 MUSD) via une IPO.
  • Le promoteur China Vanke provoque toujours de la tension chez ses créanciers, avant un vote sur une proposition de décalage de paiements.
  • Les principales publications du jour : néant…

Le reste de l’agenda mondial des publications ici.

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