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Thomas Tietz
Corum
« Nous participons activement à la vague de consolidation dans le secteur des GFI »
Avec la création de richesse qui a cours depuis maintenant plusieurs années dans la région Asie-Pacifique, ce sont désormais plusieurs milliers de single family offices qui officient entre Hong Kong et Singapour. Une opportunité pour les prestataires qui sauront comprendre leurs spécificités.
Dans son récent rapport, le cabinet international de conseil McKinsey souligne qu’entre 2023 et 2030, la région Asie-Pacifique devrait connaître un transfert de richesse intergénérationnel massif, estimé à environ 5’800 milliards de dollars. Les Ultra High-Net-Worth Individuals devraient représenter environ 60 % de ce montant. Cette dynamique a conduit à une augmentation spectaculaire du nombre de single-family offices à Hong Kong et à Singapour. Leur chiffre a quadruplé depuis 2020, et il se recense désormais près de 4’000 structures. Pour tous ces prestataires de services, positionnée sur le très haut de gamme, de nombreux enjeux ou défis accompagnent cette transition générationnelle, et ils trouvent bien évidemment des échos en Suisse.
Une opportunité de marché pour les prestataires de services
Cette croissance fulgurante offre aux banques, assureurs, multi-family offices, gestionnaires d’actifs et autres wealthtechs de nombreuses opportunités d’offrir des services spécialisés. Les family offices, qui gèrent des aspects variés du patrimoine familial – planification successorale, investissements, philanthropie et fiscalité – varient considérablement en termes de taille et de complexité. Si les banques et MFO ont historiquement dominé ce secteur, les assureurs et acteurs de la wealthtech s’y intègrent de plus en plus, avec des solutions innovantes avec l’avantage d’être parfois plus axés sur la technologie.
Hong Kong et Singapour : pôles majeurs des family offices
Hong Kong et Singapour, malgré leur petite taille, se sont imposés comme des centres névralgiques pour les family offices en Asie-Pacifique. Ensemble, ces deux villes abritent environ 15 % des single family offices qui officient à l’échelle globale. Ils bénéficient entre autres de régimes fiscaux attractifs, d’une réglementation claire et d’écosystèmes financiers bien développés. En 2023, chacune de ces structures gérait en moyenne environ 1,3 milliard de dollars d’actifs offshore, confirmant ainsi leur rôle clé dans le paysage financier mondial.
Flux de richesses et adaptation des prestataires
L’afflux de capitaux vers Hong Kong et Singapour provient principalement de la Chine continentale, de l’Inde et de l’Indonésie, mais on observe aussi une montée des flux en provenance d’Europe et d’Amérique du Nord, les investisseurs cherchant en effet à diversifier leurs actifs. Cela impose aux gestionnaires de patrimoine de revoir leurs stratégies et de s’adapter à cette tendance mondiale.
Comprendre les spécificités des family offices en Asie-Pacifique
Les family offices de la région peuvent être classés en quatre grands types :
A chaque défi, une solution !
Répondre aux besoins spécifiques des family offices avec des solutions sur mesure face aux défis qu’ils rencontrent peut se révéler très fructueux. De nombreux family offices souffrent par exemple de structures de gouvernance inadéquates, ce qui nuit à la transparence et à la prise de décision. Proposer des services de conseil en gouvernance et mettre en place des processus de médiation pour équilibrer les intérêts familiaux est essentiel.
Un autre défi est la gestion des coûts opérationnels, notamment les frais élevés liés au recrutement. L’externalisation, les stratégies d’embauche optimisées et le soutien au recrutement sont des solutions recherchées. En matière d’investissement, les family offices manquent parfois d’accès à des opportunités d’investissement alternatives sur mesure. Faciliter l’accès à des transactions, proposer des services de due diligence et encourager les co-investissements peuvent faire la différence.
Enfin, côté technologie, une infrastructure souvent obsolète affecte la gestion des données et l’efficacité opérationnelle des family offices. Les entreprises de WealthTech proposant des solutions de gestion avancée des données et des outils de reporting devraient répondre aux attentes de ces structures.
Les prestataires capables de répondre à ces défis avec des solutions sur mesure captureront une part significative du marché en pleine expansion des family offices à Hong Kong et Singapour, assurant ainsi leur succès à long terme.
Géraldine Monchau
SPHERE
Géraldine Monchau dirige les développements de SPHERE. Elle a débuté son parcours professionnel dans la finance traditionnelle où elle a occupé des postes à responsabilité liés à la gestion de portefeuille discrétionnaire et à l’advisory. Elle a ensuite rejoint l’industrie de la technologie blockchain et des actifs numériques. Géraldine est diplômée de l’IUHEI, du CFPI et du CAIA. Co-fondatrice de Women in Web3 Switzerland, elle est membre du comité scientifique du CAS Blockchain HEG.
Fanny Eyraud
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CMB Monaco, par le biais de sa filiale CMG Monaco, est entrée en partenariat avec Performance Watcher pour mieux évaluer la qualité de ses performances de gestion mais aussi pour davantage de transparence à l’égard de ses clients et prospects.
Pour quelles raisons avez-vous souhaité travailler avec Performance Watcher?
Dans le monde de l’asset management, il est très facile de comparer les performances des fonds, de même que leur track record, à des indices de marché et à l’ensemble de la concurrence. C’est un univers très documenté, avec des sociétés comme Morningstar ou Citywire qui passent chaque factsheet au crible pour produire une multitude de classements.
En revanche, il n’existe pas de Citywire ou de Morningstar pour la gestion de fortune. Des bribes d’information sont disponibles de ci et de là, mais il n’y a pas vraiment d’institution qui puisse centraliser et les traiter. A ma connaissance, Performance Watcher est la seule plateforme capable de référencer des milliers de mandats discrétionnaires tout en garantissant leur anonymat. Les comparatifs portent principalement sur la performance et le risque, ce qui nous permet de nous situer dans notre univers concurrentiel. Les informations produites sont de très bonne qualité. Nous avons pu nous en rendre compte par nous-mêmes, puisque nous leur transférons un bon nombre de données sur des centaines de mandats et nous obtenons en retour des analyses très précises.
Dans quelle stratégie s’inscrit cette démarche ?
Nous voulons d’abord prendre des engagements sur la qualité de notre gestion. Pour s’en assurer, il est toujours bon de savoir où nous en sommes par rapport à nos concurrents et de pouvoir procéder à des ajustements si nécessaire. Il en va de même dans toutes les industries.
L’utilisation de Performance Watcher nous permet aussi de renforcer notre stratégie commerciale. Nous avons beaucoup de clients ou prospects multi-bancarisés qui veulent forcément savoir comment nous nous positionnons par rapport à d’autres gestionnaires. Nous pouvons donc leur expliquer en leur présentant différentes données qui proviennent d’une source indépendante. Accessoirement, ils peuvent se connecter directement au site Performance Watcher pour mieux visualiser les performances générées en moyenne dans le secteur.
Dans quel contexte employez-vous Performance Watcher plus précisément ?
Performance Watcher est d’abord disponible en interne, sur notre intranet, pour tous nos banquiers, gestionnaires de fortune, et chargés de relation. Comme je vous le signalais, nous nous en servons pour communiquer auprès d’un certain nombre de clients et de prospects. C’est particulièrement utile pour les family offices, qui ont l’habitude d’examiner plusieurs concurrents avant de décider de confier un mandat à l’un ou à l’autre.
A terme, nous pensons intégrer les données Performance Watcher dans nos rapports de manière systématique. C’est un développement auquel nous réfléchissons sérieusement.
Sur un plan plus large, quelles sont les grandes orientations stratégiques de CMB pour son activité de gestion de fortune?
Nous travaillons sur des patrimoines importants. Certains de nos clients sont résidents monégasques mais nous avons aussi une clientèle très internationale. Nous disposons par exemple d’un desk qui se consacre exclusivement à la clientèle britannique. Nos clients sont des héritiers, qui appartiennent à une dynastie, ou des entrepreneurs qui ont su se créer eux-mêmes leur fortune.
Ce sont deux typologies de clients pour lesquelles nous avons développé des approches sensiblement différentes. Les entrepreneurs se laissent peut-être plus facilement tenter par des investissements non cotés sur les marchés privés. Ils ont davantage envie de parler avec Mediobanca (notre actionnaire), pour la banque d’affaires, ou d’être mis en contact avec des boutiques comme celle de Messier, qui fait également partie de notre Groupe.
Nous voulons donc poursuivre le développement de cette clientèle internationale avec une offre de services qui corresponde parfaitement aux attentes de chacun des segments qui la compose.
Avec la pression toujours plus forte sur les marges et l’obligation d’entamer sans cesse de nouveaux développements, où les banques privées doivent elles aujourd’hui concentrer leurs efforts?
Nous traitons une clientèle multi-bancarisée, qui va être de plus en plus sollicitée. Pour gagner sa confiance, et pour la conserver, il me semble que nous devons insister davantage sur la transparence. Le travail que nous menons avec Performance Watcher s’inscrit d’ailleurs dans cette démarche.
Bernard Aybran
CMB Monaco
Bernard Aybran bénéficie de trente ans d’expérience en gestion d’actifs, à la fois comme gérant de portefeuille et dirigeant de sociétés de gestion. Actuellement CEO de CMG Monaco, la filiale de gestion de CMB Monaco, il a auparavant dirigé l’activité du groupe Invesco en Europe du Sud et a co-fondé la filiale de multi-management de la banque Edmond de Rothschild. Bernard est titulaire d’un Magistère Banque-Finance-Assurance de l’Université Paris-Dauphine et enseigne aujourd’hui en Master à l’Université Nice-Côte d’Azur.
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La Suisse compte environ 250 à 300 single family offices qui gèrent ensemble près de 600 milliards de francs, une part significative du marché de la gestion de fortune. Ce sont là les chiffres clés qui ressortent du rapport de la SFOA, publié pour la première fois en collaboration avec l’Université de Saint-Gall et l’UBS. Kurt Moosmann et Felix Oeschger reviennent sur les points les plus marquants de ce tout premier état des lieux.
Comment décririez-vous le paysage suisse des single family offices ?
Kurt Moosmann. Par le passé, les single family offices suisses ont agi avec beaucoup de retenue. Ils ne se sont que rarement manifestés en public. Cela est dû avant tout à la culture locale qui privilégie une certaine discrétion. Une majorité de ces family offices gère cependant des participations dans des entreprises familiales, qui sont nettement plus visibles pour le public. Le secteur a connu une forte croissance au cours des dernières décennies, due notamment au fait que des entrepreneurs étrangers et des particuliers fortunés se sont installés en Suisse dans des proportions importantes. Les conditions politiques et économiques ainsi que la solidité de la place financière ont été déterminantes dans leur choix. Aujourd’hui, les single family offices jouent donc un rôle majeur dans l’économie suisse.
Comment la nouvelle Swiss Single Family Office Association soutient-elle ses membres ?
Felix Oeschger. La SFOA est née du besoin de créer une voix unique pour les family offices en Suisse. Notre ambition, au travers de l’association, est d’assurer une représentation coordonnée et efficace de leurs intérêts. Cela implique la définition de nouvelles normes, sur le plan de la gouvernance comme de la pratique, la valorisation de l’expertise et le dialogue constant avec les autorités de tutelle et les parlementaires. Ces relations sont importantes pour nous, notamment au regard des exigences réglementaires qui se profilent à l’horizon.
Par ailleurs, nous considérons également que l’une de nos tâches principales est de veiller à ce que les family offices poursuivent leur professionnalisation. C’est pourquoi nous avons conclu différents partenariats avec des institutions académiques telles que l’International Institute for Management Development à Lausanne, afin de proposer des programmes et des certifications adaptés aux experts en matière de family office.
L’un des grands thèmes du moment est la réglementation. Quels grands défis va-t-il falloir relever dans ce domaine ?
Kurt Moosmann. L’augmentation globale des fortunes privées a entraîné une hausse rapide du nombre de single family offices. De plus en plus, les familles d’entrepreneurs ont en effet envie de recourir à un family office situé en dehors de l’entreprise, pour répondre à de multiples besoins qui dépassent forcément son cadre opérationnel. La transformation numérique, les évolutions fiscales et géopolitiques de même que les aspirations des prochaines générations sont des facteurs déterminants qui influent sur l’évolution des besoins, des visions et des souhaits des familles. Les family offices doivent s’aligner sur cette dynamique.
Il va de soi que nos échanges avec les autorités constituent une partie importante de notre travail. Nous voulons nous assurer que l’environnement, qu’il soit économique ou réglementaire, reste favorable à la croissance et à la durabilité des family offices en Suisse. Nous sommes actuellement très préoccupés par l’initiative des jeunes socialistes sur les successions.
Quels axes vous intéressent dans le domaine de la réglementation ?
Kurt Moosmann. Les single family offices veulent garantir des conditions-cadres attrayantes. Pour renforcer l’attractivité de la Suisse à leurs yeux, nous réfléchissons à l’idée d’un système d’autorisation basé sur l’autorégulation. Ce qui nous permettra par ailleurs de protéger plus encore le secteur. Cette idée bénéficie d’un soutien clair parmi nos membres. Dans un premier temps, nous avons entamé l’élaboration de pratiques exemplaires, appelées par la suite à devenir des normes.
Quels sont pour vous les principaux résultats du rapport « Swiss Single Family Office Landscape », que vous avez publié ce printemps ?
Felix Oeschger. En fin de compte, c’est le volume des informations recueillies, car il permet de se faire une idée plus précise du secteur des family offices. J’ai été personnellement surpris par sa taille. La fortune nette gérée par les family offices est estimée de manière conservatrice à 600 milliards de francs, avec une part importante constituée d’entreprises familiales et de participations stratégiques. Environ 70 % des single family offices possèdent une entreprise familiale et 82 % d’entre eux détiennent des investissements stratégiques, principalement dans les secteurs de l’immobilier, de l’industrie et de la finance. L’orientation géographique des single family offices est également un point très important, puisqu’environ un tiers de la fortune totale est investie en Suisse. L’importance sur le plan économique est donc significative et contribue de manière importante à la prospérité du pays.
Quelles sont selon vous les tendances qui décideront du futur des single family offices suisses?
Kurt Moosmann. Nous constatons une tendance persistante à la professionnalisation et à la spécialisation. Le rôle central des single family offices au croisement entre famille et gouvernance d’entreprise, de même que leur influence déterminante sur la succession de l’entreprise, me semble crucial. Il convient de mettre en avant cette responsabilité fiduciaire en faveur des générations suivantes et d’ouvrir de nouvelles voies qui nous permettront de transmettre les patrimoines familiaux de manière structurée, ordonnée et préservée.
Pour cela, il est nécessaire de mettre en place le cadre juridique approprié. Il n’est pas dans l’intérêt de la Suisse qu’une famille suisse disposant d’un patrimoine substantiel, centré sur l’entreprise, doive aujourd’hui se rendre à l’étranger pour régler sa succession de manière ordonnée, sans fiscalité excessive. Une succession ordonnée ne garantit pas seulement la préservation du capital financier et humain. Elle contribue également à maintenir la création de valeur en Suisse sur le long terme.
Quelles sont vos principales priorités pour la SFOA dans les années à venir ?
Kurt Moosmann. Poursuivre la professionnalisation de notre secteur. Pour y parvenir, nous devons continuer à renforcer notre offre en matière de formation. C’est ainsi que nous pourrons aider les familles à planifier de manière durable, et pour les générations futures.. Mais les conditions-cadres revêtent également beaucoup d’importance. L’atmosphère de plus en plus tendue dans laquelle évoluent les entreprises en Suisse nous préoccupe beaucoup. Nous avons besoin de conditions-cadres qui garantissent un développement pérenne de l’entrepreneuriat. Il faut veiller encore et toujours à ce que les entreprises familiales soient perçues comme la colonne vertébrale de notre économie nationale, qu’il convient de protéger et d’encourager pour le bien du plus grand nombre.
Felix Oeschger. Je suis complètement en accord avec Kurt. En tant qu’organisation professionnelle, nous voulons permettre à nos membres d’apprendre les uns des autres. Mais nous devons aussi mieux faire connaître nos préoccupations à l’extérieur. Derrière les family offices se cachent souvent des entreprises familiales qui contribuent de manière déterminante à la prospérité de la Suisse. De nombreux family offices investissent dans des startups innovantes et des entreprises en croissance, ou contribuent de manière déterminante, par le biais de leurs fondations, à alimenter la culture, l’art, le sport et d’autres intérêts publics.
Cela ne génère pas seulement des rendements financiers, mais permet également de construire un solide héritage, aligné sur les valeurs familiales. Pour vous donner un exemple, un family office vient récemment d’assurer une transition en douceur de la direction de l’entreprise à la génération suivante, tout en mettant en place une fondation éducative. Ces histoires illustrent les contributions variées et utiles que les family offices sont capables d’apporter au-delà de la seule gestion de fortune.
Kurt Moosmann & Felix Oeschger
Swiss Single Family Office Association
Kurt Moosmann est président de la SFOA et vice-président exécutif d’Elsa Peretti Holding. Il siège par ailleurs au conseil d’administration de plusieurs entreprises familiales et joue un rôle actif en tant que membre dans des conseils de fondation. Auparavant, il a occupé des fonctions de direction au sein de family offices en Suisse et à l’étranger.
Felix Oeschger est aujourd’hui chef de la stratégie du Gaydoul Group et membre du conseil d’administration de la SFOA. Auparavant, il a occupé différentes fonctions de direction dans la gestion de fortune.
Fanny Eyraud
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La préservation de la biodiversité est devenue un élément fondamental dans la lutte contre le réchauffement climatique. Elle s’impose d’ailleurs comme l’une des thématiques clés pour les investisseurs engagés dans une approche à impact, notamment pour les réponses qu’elle apporte à trois des dix-sept des objectifs de développement durable des Nations Unies.
Comment définir la biodiversité, en se référant par exemple aux Objectifs de Développement Durable des Nations Unies ?
La biodiversité représente la richesse et la variété de la vie sur Terre, depuis les plus simples structures génétiques jusqu’aux organismes complexes tels que les humains. On associe le plus souvent la biodiversité à la Nature. Elle englobe non seulement les différentes espèces animales et végétales, mais aussi les micro-organismes, ainsi que les écosystèmes qui les soutiennent. Les contours de cette définition ont notamment été fixés par la Convention de la Diversité Biologique en 1992. Cette définition est souvent utilisée en référence aux Objectifs de Développement Durable des Nations Unis. Elle en concerne trois plus particulièrement. Le 14 – conserver et exploiter durablement les océans – le 15 – protéger et restaurer l’utilisation durable des écosystèmes terrestres- et je rajouterais aussi le 12, qui vise à établir des modes de consommation et de production durables.
Quels sont pour vous les grands enjeux liés à la biodiversité ?
Après la lutte contre le réchauffement climatique, la préservation de la biodiversité représente aujourd’hui un immense défi. De multiples facteurs sont responsables de la dégradation de nos écosystèmes : les changements d’utilisation des terres et des mers, l’exploitation directe des espèces, le changement climatique, la pollution et les espèces invasives, pour citer les principaux. Par ailleurs, la perte de la biodiversité s’est accélérée – et ce à l’échelle globale. De nombreuses espèces animales et végétales disparaissent à un rythme alarmant. Or, les crises de la biodiversité et du climat sont liées dans la mesure où nos écosystèmes jouent un rôle central dans l’absorption du carbone. La dégradation de la nature induit des répercussions sanitaires, sociales mais également économiques. Heureusement, le cadre réglementaire progresse. Il encourage les investisseurs à agir. 196 pays se sont réunis lors de la COP15 sur le thème de la biodiversité et sont parvenus à un accord historique, avec un cap clair et des objectifs quantifiés pour réduire significativement sa perte.
En termes d’investissements, comment se caractérise ce thème?
Selon le World Economic Forum, les investissements relatifs à la biodiversité représentent un marché potentiel valorisé à 10’000 milliards de dollars par an, auquel s’ajoutent 395 millions d’emplois à horizon 2030. Il forme donc un important vivier d’opportunités où émergent entre autres de nouvelles solutions et de nouvelles technologies.
Pourquoi cette thématique vous semble si importante que vous décidiez de lui consacrer un fonds ?
Chez Swiss Life Asset Managers, nous sommes convaincus que le respect de la biodiversité est la nouvelle thématique prioritaire pour les investisseurs engagés. Nous avons donc été un des premiers acteurs du marché à lui consacrer un fonds. Il est possible de saisir ainsi des opportunités de croissance durable à travers des entreprises qui œuvrent contre la perte de biodiversité.
Quelle est la taille de l’univers d’investissement sur lequel vous opérez ?
Pour être prise en compte dans notre univers d’investissement, une entreprise doit démontrer une intentionnalité matérielle. Cela implique une vision claire de la part du management ainsi qu’un stade de développement avancé post Recherche et Développement. De fait, c’est un univers dynamique qui reflète le réservoir d’opportunités où nous voyons émerger les nouvelles solutions et les nouvelles technologies dont je vous parlais plus tôt. Il comprend, à date d’aujourd’hui près de 350 valeurs.
Quel est le profil des entreprises sur lesquelles vous vous concentrez ?
Le fonds présente des biais marqués sur des secteurs, des facteurs et des zones géographiques. Nos valeurs sont orientées petites et moyennes capitalisations. Elles démontrent une matérialité impact significative ainsi qu’un fort potentiel de croissance et d’innovation. Nous avons une préférence marquée pour les marchés japonais et européens, et nous avons tendance à privilégier certains secteurs clés tels que les cleantechs, les matériaux durables et la consommation de base. L’approche factorielle est stratégiquement orientée vers la croissance future, en maintenant une légère surpondération sur les valeurs dites « value ». Cette orientation reflète notre engagement en faveur de solutions innovantes et durables qui contribuent à la préservation de la biodiversité. Nous ajustons régulièrement ces biais pour nous adapter aux évolutions du marché. C’est une stratégie qui s’est avérée efficace dans le contexte des fluctuations de marché et des fluctuations environnementales que nous avons rencontrées des dernières années.
Quels sont les critères, voire les indicateurs clés utilisés dans vos analyses et vos évaluations ?
Ils reposent sur des indicateurs scientifiques et académiques. Notre rôle est d’évaluer entreprise par entreprise comment ces critères de respect de la biodiversité sont réellement intégrés. Cela passe, tout d’abord, par l’exclusion des entreprises à impact négatif, dont l’activité contribue directement à dégrader nos écosystèmes. Je rappelle que nous investissons dans des sociétés qui proposent des solutions pour protéger et/ou restaurer nos écosystèmes. Nous basons également notre analyse sur le cadre des Objectifs de Développement Durable des Nations Unis – les ODD 14 et 15, que j’ai déjà mentionnés, ainsi que l’ODD 12, davantage lié à l’économie circulaire. Pour ce qui relève de la gestion à proprement parler, elle est de type « quantamental ». Elle repose sur des inputs combinant top-down et bottom-up. Le prisme quantitatif permet de construire une structure de portefeuille solide, en maîtrisant à la fois les contraintes liées à la réglementation et au risque. Quant à l’approche fondamentale, elle est essentielle dans la sélection des entreprises en tenant compte de leurs activités et de leurs sensibilités envers la biodiversité.
Où identifiez-vous aujourd’hui les opportunités les plus évidentes ?
Nous voyons beaucoup d’opportunités dans des domaines assez diversifiés. Parmi elles, je mettrais en avant les sociétés spécialisées dans le traitement de l’eau, des déchets ou dans le recyclage des métaux pour encourager l’émergence d’une économie circulaire. On peut également retrouver bon nombre de technologies, comme des appareils de cartographie de fonds sous-marins ou encore le segment de l’agri-tech de même que celui des activités régénératrices.
Sur un plan plus géographique, le Japon, tourné vers l’océan, compte plusieurs sociétés spécialisées dans la protection de l’écosystème marin que nous trouvons très intéressantes. L’Australie, où la faune et la flore sont menacées, se distingue aussi avec ses acteurs dédiés à l’économie circulaire. En Europe et aux Etats-Unis, on trouve davantage de sociétés qui se concentrent sur la lutte contre la pollution à travers par exemple la préservation des écosystèmes, sur terre ou en eau douce.
Emmanuelle Sée
Swiss Life Asset Managers
Emmanuelle Sée est responsable du pôle Actions et de l’Impact Investing chez Swiss Life Asset Managers France depuis 2022. Elle a débuté sa carrière en banque d’investissement auprès de ICBC et Bank of China comme analyste, puis elle a rejoint le groupe Amundi, à Tokyo et à Paris. Elle y a évolué dans différents postes de gestion dédiés aux solutions ESG/Impact, de 2014 à 2021. Gérante Multi-Asset à ses débuts, Emmanuelle s’est spécialisée ensuite comme gérante Actions Globales sur la thématique Impact liée plus spécifiquement aux solutions climatiques, environnementales et sociales. Pour Swiss Life Asset Managers, elle gère notamment le fonds Equity Environment & Biodiversity Impact. Emmanuelle Sée est diplômée d’un Master en Finance de l’Institut National des Langues Orientales. Elle est également titulaire de trois licences en chinois, en japonais et en commerce international.
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En matière de transformation digitale, savoir quoi faire ne revient pas à savoir comment le faire. Le «comment», c’est la spécialité de Synpulse8. Basée à Zurich, cette boutique Conseil se propose d’intervenir pour ses clients sur toute la chaîne de valeur du wealth management.
Comment accompagnez-vous vos clients dans leur transformation technologique?
Certains clients désireux d’accroître leur efficacité opérationnelle et la qualité de leurs propres services, viennent nous voir pour que nous les aidions à installer un programme ou une application qu’ils ont obtenu auprès de fournisseurs tels qu’Avaloq, Temenos ou ESI. Nous travaillons également avec notre partenaire Asset Max/Infront pour tout ce qui touche aux logiciels de gestion des données, de relations clients ou de reporting pour les gérants indépendants, les family offices et les banques.
Globalement, notre tâche ne consiste pas à recréer des solutions qui existent déjà sur le marché, mais à imbriquer des composantes innovantes sur une plateforme ou une infrastructure existante. Synpulse 8 intervient également au stade conceptuel d’un projet, comme lors de la création d’une infrastructure technologique pour une néo-banque, par exemple.
Synpulse 8 entretient-elle un lien direct avec les gérants de fortune indépendants ou préférez-vous passer par des partenaires ayant ces gérants de fortune comme clients?
Historiquement, nous tendions plutôt à travailler directement avec des partenaires tels que des wealthtechs et des banques dépositaires qui, eux, s’adressent directement aux gérants. Cela a toutefois évolué depuis trois ou quatre ans, c’est-à-dire depuis la création de l’OpenWealth Association, dont je suis également membre, et qui rassemble des acteurs variés dont les gérants de fortune indépendants.
C’est un segment de plus en plus intéressant pour nous, compte tenu de la petite taille de la plupart de ces gérants. Ils ont pourtant un besoin croissant de solutions digitales efficaces, avec des coûts abordables, s’ils entendent survivre à la transformation technologique. C’est surtout le besoin de solutions standardisées qui alimente la demande des gérants indépendants, segment dans lequel nous nous renforçons graduellement.
Quels sont vos principaux axes de développement?
Nous avons par exemple conçu l’adaptateur OpenWealth pour la communauté Avaloq, dans le cadre de l’OpenWealth Association. Cet outil sert de standard pour l’intégration d’applications diverses pour les gérants de fortune, les wealthtech, les banques dépositaires et d’autres intermédiaires financiers. L’objectif y est de renforcer la connectivité entre l’ensemble des acteurs de l’industrie des services financiers. Il vaut également la peine de mentionner nos solutions basées sur l’automatisation robotisée des processus), dont un robot advisor. Nous sommes également investis dans l’intelligence artificielle afin de répondre aux problématiques legal & compliance-
Cela veut-il dire que vos ressources humaines sont composées à la fois de collaborateurs spécialisés dans la finance et d’autres dans les nouvelles technologies?
Absolument. Les banques et les gérants de fortune sont nos principaux marchés. Par conséquent, nos collaborateurs doivent être familiers avec les activités de cette industrie, mais également avec les technologies qui doivent être intégrées au sein des diverses institutions financières. Ce qui ne veut pas dire qu’un spécialiste en informatique doive posséder les mêmes connaissances que le banquier ou vice-versa, mais chacun doit nécessairement entretenir une certaine affinité avec les services financiers et les nouvelles technologies.
Raphaël Bianchi
SynPulse8
Raphaël Bianchi est Senior Partner chez Synpulse Management Consulting et CEO de Synpulse 8, qu’il a rejoint en 2008. Il tire parti son expérience de plus de vingt ans au sein de l’industrie bancaire pour se focaliser sur l’innovation dans le cadre d’un environnement de finance ouverte et embarquée. En plus de sa fonction de CEO de Synpulse, Raphaël Bianchi est également membre du conseil de direction de Tenity et Billte et sert en tant que président de l’OpenWealth Association.
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