Les marchés européens ont profité de la fermeture de Wall Street hier pour reprendre un peu de terrain. Soyons clairs : Il n’y a aucun rapport de cause à effet entre les deux. Mais au moins ça m’évite de titrer sur la rengaine du moment : les actions américaines captent presque toute la lumière et ne laissent que les miettes aux autres marchés. Il faut dire qu’avec un gain de 5% depuis le début du mois de novembre, le S&P500 a écrasé la concurrence. Le Stoxx Europe 600 grappille 0,4% dans le même temps et n’a pas trop intérêt à lambiner aujourd’hui s’il veut conserver une performance mensuelle positive. Le CAC40 est à -2,2% en novembre, si bien qu’il faudrait un miracle pour redresser la barre mensuelle. Puisque nous sommes en France, restons-y pour raconter le scénario peu commun qui s’est déroulé cette semaine sur le dossier spéculatif préféré des Français.
A Paris, quand une action qualitative quitte le haut du palmarès de la cote parisienne, mettons Atos SE hier (-23%), d’autres la remplacent, à l’image de Casino (+26%) ou Emeis (+4%). Un peu comme s’il avait fallu trois ans à la mode des actions mèmes pour franchir l’Atlantique à la rame. Note pour mamie (qui n’aime pas le second degré) : Atos et Casino, ce ne sont des actions qualitatives. Emeis non plus, mais chut, ils hébergent mamie donc il ne faut pas trop dire de mal.
Ah oui, parce qu’Atos SE a baissé hier. De presque une broutille, puisque le titre a perdu 23%. Autant dire pas grand-chose pour une action qui a plus que sextuplé en trois séances. Et encore, entre le cours de vendredi dernier (0,1566 EUR) et le plus haut touché en séance hier (1,73 EUR), l’action a été multipliée par 11. A ce moment-là, c’est-à-dire à 12h28 précisément, Atos est potentiellement devenue la plus grosse entreprise française, et la seconde plus grosse européenne. Dans ta face, LVMH !
En effet, la recapitalisation du groupe en déconfiture devrait aboutir à un capital divisé en quelque 244,78 milliards d’actions (bien lire milliards). On ignore encore à ce stade le nombre précis de titres en circulation qui peuvent naître de l’augmentation de capital et de toutes les babioles convertibles accordées aux créanciers. Mais mettons que c’est le plafond de 244,78 milliards, comme le mentionne le prospectus de l’augmentation de capital. 244,78 milliards multipliés par 1,73 EUR, ça nous donne une capitalisation de 423 milliards d’euros. Eh oui, potentiellement, Atos est la plus grosse capitalisation de la cote française, loin devant LVMH et ses 295 milliards d’euros, et pas si loin des 443 milliards d’euros de Novo Nordisk, le numéro un du continent. Ça vous en bouche un coin ? Nous aussi. Nous avions déjà écrit sur ce phénomène décérébré ici quand Emeis s’appelait encore Orpea. By the way, Emeis a perdu 99% de sa valeur depuis cette période (malgré les loyers payés par mamie). Atos publiera le résultat de sa levée de fonds le 2 décembre et livrera les actions nouvelles le 10 décembre. D’ici là, hors de toute considération fondamentale, spéculer sur Atos avec le timing adéquat, c’est mieux que le bitcoin.
L’actualité financière du jour est dominée par le rebond des actions chinoises, après une nouvelle rumeur selon laquelle Pékin pourrait réduire le RRR, le taux de réserve obligatoire des banques du pays, pour qu’elles aient davantage de ressources pour prêter de l’argent et relancer la croissance. L’information provient de la presse d’Etat, qui cite un ancien cacique de la banque centrale chinoise, ce qui signifie que le Parti a validé la fuite. En parallèle, les autorités locales ont étendu l’exemption de droits de douane de certains produits importés des Etats-Unis. Une décision interprétée comme un signe d’ouverture dans le cadre du bras de fer commercial en cours.
En Europe, Eurostat doit publier le chiffre préliminaire de l’inflation de novembre à 11h00. La frange optimiste de la communauté financière espère secrètement que l’évolution des prix sera faible et compatible avec une double baisse de taux (50 points de base) de la BCE le mois prochain. Mais c’est peu probable, parce que l’inflation allemande publiée hier a marqué une petite accélération. Les pronostics sont actuellement en faveur d’un assouplissement de 25 points de base. La pression s’est un peu détendue hier sur la dette française, pendant que les tractations politiques continuent pour éviter la chute du gouvernement Barnier. L’agence S&P doit mettre à jour ce soir, après la clôture, son analyse sur la solidité financière française. Il ne devrait pas y avoir d’abaissement de la notation « AA-« , mais il y a des chances pour que la perspective de cette notation passe de « stable » à « négative ».
En Asie Pacifique, Tokyo repart en baisse de 0,4% après que le yen a touché un plus haut d’un mois. La Corée du Sud plonge de 2% sur fond de craintes pour la croissance et de baisse de l’univers technologique. L’Inde rebondit de 1% après une séance compliquée hier. L’Australie boucle la dernière séance de la semaine en léger repli après ses records de la veille. Les indicateurs avancés européens sont indécis.
Le CAC40 perd 0,3% à 7154 points dans les premiers échanges. Le SMI est en repli de 0,1% à 11 699 points. Le Bel20 abandonne 0,2% à 4209 points.
Les temps forts économiques du jour
Le marché s’intéresse surtout à l’inflation européenne de novembre, publiée à 11h00. Tout l’agenda ici.
Les principaux changements de recommandations
- Accor : JP Morgan passe de neutre à surpondérer avec un objectif de cours relevé de 44 à 54 EUR.
- Anglo American : Jefferies passe de conserver à acheter avec un objectif de cours relevé de 2500 GBX à 2850 GBX.
- Anheuser-Busch Inbev : Zacks maintient sa recommandation neutre avec un objectif de cours réduit de 69 à 57 USD.
- Compagnie Des Alpes : Oddo BHF maintient sa recommandation de surperformance avec un objectif de cours relevé de 21 à 22 EUR.
- Edenred : JP Morgan maintient sa recommandation de surpondérer avec un objectif de cours réduit de 65 à 56 EUR.
- Elior Group : JP Morgan passe de neutre à surpondérer avec un objectif de cours relevé de 3,50 à 4,50 EUR.
- Euronext : HSBC abaisse sa recommandation d’achat à conserver avec un objectif de cours relevé de 108 EUR à 110 EUR.
- Geberit : Kepler Cheuvreux passe de conserver à acheter en visant 630 CHF.
- Johnson Matthey Plc : Citigroup reste à recommandation neutre avec un objectif de cours réduit de 1820 à 1460 GBX.
- L’Oréal : Deutsche Bank maintient sa recommandation de vente avec un objectif de cours réduit de 335 à 280 EUR.
- LDC : Euroland Corporate maintient sa recommandation d’achat et réduit l’objectif de cours de 92 à 89 EUR.
- Naturgy Energy Group : JP Morgan améliore sa recommandation de souspondérer à neutre avec un objectif de cours de 25 EUR.
- Pluxee : JP Morgan maintient sa recommandation neutre avec un objectif de cours réduit de 28 à 25 EUR.
- Premier Foods : Berenberg démarre le suivi à l’achat avec un objectif de cours de 240 GBX.
- Rémy Cointreau : AlphaValue/Baader Europe maintient sa recommandation accumuler et relève l’objectif de cours de 68,10 à 72 EUR. Barclays maintient sa recommandation de souspondérer avec un objectif de cours réduit de 51 à 39 EUR. Jefferies reste à l’achat avec un objectif de cours réduit de 90 à 80 EUR.
- Safran : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 220 à 230 EUR.
- Sodexo : JP Morgan maintient sa recommandation neutre avec un objectif de cours relevé de 88 à 90 EUR.
- Solvay : Oddo BHF maintient sa recommandation de surperformance avec un objectif de cours relevé de 30 à 37 EUR.
- TotalEnergies : Grupo Santander passe de neutre à surperformance avec un objectif de cours réduit de 70 EUR à 68 EUR.
- Zurich Insurance : Octavian AG maintient sa recommandation de conserver avec un objectif de cours relevé de 514 à 575 CHF.
En France
Annonces importantes (et moins importantes… Je précise que les informations sont données à chaud avant l’ouverture et ne préjugent pas de la couleur des actions pendant la séance)
- Legrand réorganise ses sites en France sur fond de crise du bâtiment, sans licenciements à ce stade.
- La Commission européenne referme les dossiers fiscaux de Fiat (Stellantis), Amazon et Starbucks, vieux de dix ans qui concernaient (surprise !) le Luxembourg et les Pays-Bas.
- Saint-Gobain veut reconduire Benoit Bazin comme PDG, poste qu’il occupe depuis 2021.
- Elis annonce l’acquisition de Carsan, une petit société espagnole.
- Pluxee acquiert une société d’avantages liés à la mobilité des salariés au Brésil, sans préciser le prix payé.
- Argan annonce un projet de 9 000 m2 à Lens.
- Frey signe 150 M€ de financements.
- Entech signe un contrat avec le Crédit Mutuel Arkéa pour la fourniture d’ombrières photovoltaïques.
- Bpifrance prête 9 M€ à Afyren.
- Valbiotis annonce un partenariat avec la complémentaire santé Asetys.
- Les principales publications du jour : Laurent-Perrier, Bleecker, Signaux Girod… Le reste ici.
Dans le vaste monde
Annonces importantes (et moins importantes)
D’Europe
- Generali et Natixis poursuivent leurs négociations sur la gestion d’actifs en commun, selon Il Sole 24 Ore.
- Delivery Hero fixe le prix de l’introduction en bourse de sa filiale Talabat à Dubai dans le haut de la fourchette (1,60 dirhams émiratis par action).
- Syensqo achève la première tranche de son programme de rachat d’actions de 300 M€.
- Vastned Belgium et Vastned Retail vont fusionner pour se restructurer et réduire leurs coûts.
- Banco de Sabadell choisit Marc Armengol pour remplacer Robin Bulloch à la tête de TSB.
- Orkla envisagerait d’introduire en bourse ses activités en Inde en 2025, rapporte Bloomberg.
- EQT retire son projet d’acquisition de la société indienne Theobroma.
- Martin Korbmacher a démissionné de son poste de président du conseil de surveillance de Flatexdegiro en raison d’un conflit avec l’actionnaire principal Bernd Förtsch.
- Les principales publications du jour : CPI Property Group, Dottikon, Elia…
D’Amérique du Nord
- Le Bureau de la concurrence du Canada poursuit Google pour des pratiques anticoncurrentielles présumées sur le marché de la publicité en ligne.
- Les principales publications du jour : néant …
D’Asie Pacifique et d’ailleurs
- Bain Capital, KKR et Fortress font partie des fonds qui ont fait une offre pour la holding de Seven & i, rapporte Nikkei.
- Woodside Energy recherche des partenaires potentiels pour son projet de GNL en Louisiane.
- Samsung Electronics et Samsung SDI ont nommé de nouveaux dirigeants.
- Les principales publications du jour : Meituan…
Le reste de l’agenda mondial des publications ici.
Lectures
- Après trois ans d’efforts, Safran lève le voile sur le moteur d’avion du futur (Les Echos).
- Les spiritueux européens pris entre le marteau chinois et l’enclume américaine (FT Lex, en anglais).
- Comment faire face à la crise de l’énergie de l’IA ? (The Conversation).
- Revolut, la fintech la mieux valorisée d’Europe (Bloomberg, en anglais).
- Le marché obligataire chinois en voie de « japonisation » (Financial Times, en anglais).
- La campagne de sabotage de la Russie contre l’Occident (The Spectator, en anglais).
- Pétrole, framboises, smartphones : Ce que les États-Unis importent du Canada, du Mexique et de la Chine (Wall Street Journal, en anglais).
- Javier Milei : « Mon mépris pour l’État est infini » (The Economist, en anglais).