Game changers

Solutions Investissements

  • Pieter Busscher
  • Gestionnaire de portefeuille
  • Robeco

Investir dans les smart materials : une stratégie à deux niveaux

La demande en smart materials prend de plus en plus d’ampleur. Les smart materials, ce sont ces matériaux intelligents, capables de modifier leurs propriétés, qui ouvrent de nouveaux champs d’application dans des domaines comme la médecine, ou l’industrie automobile, pour ne citer qu’eux. Il en va ainsi des matériaux à mémoire de forme ou des matériaux piézoélectriques. Pieter Busscher y voit là une opportunité d’autant plus intéressante qu’elle répond à une stratégie d’investissement qui se déploie sur deux axes.

Francesco Mandalà

Cette approche double signifie que les investisseurs se concentrent à la fois sur des entreprises pionnières dans le développement de matériaux supérieurs – les producteurs – et sur celles qui en permettent une exploitation plus efficace – les créateurs. Cette stratégie garantit un engagement total sur la chaîne de valeur de l’innovation permise par ces matériaux. 90 % des entreprises dans lesquelles il est possible d’investir proviennent des secteurs de l’informatique, de l’industrie et des matériaux, mais la priorité est d’abord accordée aux valeurs qui ont une vraie pertinence sur ce thème, plutôt qu’aux grands noms habituels de ces secteurs.

Malgré un environnement parfois difficile, la stratégie a montré ses capacités de résistance en 2023. La dichotomie des performances propre à cette stratégie souligne bien le contexte différencié dans lequel elle opère.

Du côté des producteurs, le cluster a dû affronter des vents contraires en raison de la baisse de la demande, du déstockage et de la chute des prix des matières premières, ce qui a eu un impact négatif sur les performances.

Du côté des créateurs, les  performances ont été en revanche exceptionnelles. Ils ont bénéficié des progrès de la technologie et des équipements, essentiels pour la prochaine génération de recyclage des matériaux.

Libérer le potentiel – Récompenses asymétriques

Investir dans cette thématique devient donc d’autant plus intéressant, car les producteurs et les créateurs offrent désormais, chacun de leur côté, un profil de rémunération asymétrique.

Pour les producteurs, le potentiel de hausse est à la fois structurel et conjoncturel. Avec la décarbonisation de l’économie mondiale, le passage des combustibles fossiles aux métaux comme le lithium, le cuivre et le nickel est inévitable, poussé par la demande de véhicules électriques et de solutions énergétiques propres. Les prix des métaux étant actuellement modérés, un retournement imminent de la demande pourrait profiter considérablement à ces matières premières. Les bâtiments étant les principaux responsables des émissions de gaz à effet de serre, il existe une forte demande de matériaux pour l’isolation et l’amélioration de l’efficacité énergétique.

Pour les créateurs – ou les « enablers » –  les perspectives de croissance sont alimentées par les progrès technologiques dans les domaines de l’équipement, de l’automatisation et des logiciels,  appelés à jouer un rôle fondamental dans la mise en application des smart materials de la prochaine génération.

Les appareils modernes, comme ceux qui exploitent l’IA, nécessitent des technologies de puces plus sophistiquées, augmentant ainsi la demande en équipements avancées pour les semi-conducteurs, tant dans un avenir proche que lointain. En plus de ce puissant moteur structurel, le déstockage de plusieurs marchés finaux prendra probablement fin en 2024, ce qui entraînera une reprise de la demande pour des équipements avancés, comme les instruments biomédicaux et les testeurs industriels.

L’automatisation industrielle est une réponse à la baisse de la population et à la nécessité pour les gouvernements de sécuriser les chaînes d’approvisionnement stratégiques, comme c’est le cas dans la fabrication de batteries. Après bientôt deux ans, les investissements mondiaux dans l’industrie manufacturière semblent avoir atteint des plus bas et tous les grands acteurs dans le domaine de l’automatisation s’attendent à ce que la demande reprenne cette année. Il est clair que l’intelligence artificielle va prendre une importance significative dans ces développements.

Un risque de baisse limité et des perspectives de croissance

Il est important de toujours tenir compte du positionnement stratégique afin de profiter à la fois des reprises cycliques immédiates et des changements structurels à long terme de l’économie mondiale. En investissant dans un pareil mix de producteurs et de créateurs, il est possible de tirer profit de la demande croissante de matériaux intelligents, rendue nécessaire par la décarbonisation, les progrès technologiques et l’évolution vers un monde plus durable.

Pieter Busscher

Robeco

Pieter Busscher est gestionnaire de portefeuille chez Robeco depuis 2007. Il a travaillé chez Credit Suisse Asset Management à Zurich. Pieter est titulaire d’un bachelor en commerce international de l’université RSM Erasmus, d’un master en banque et finance de l’université de Saint-Gall et il détient la certification CFA.

Décorrélation

Solutions Investissements

  • Pascal Schneidinger
  • Fondateur et CEO
  • Partasio

« L’art s’est clairement imposé comme classe d’actifs »

Le marché de l’art s’est révélé très résistant à la crise dans certains segments. La professionnalisation de tous les acteurs impliqués et le fait que la demande reste très forte, notamment en Asie, y ont fortement contribué, comme l’explique Pascal Schneidinger, de retour de Hong Kong.

Francesco Mandalà

Vous revenez de Hong Kong où s’est tenue l’édition locale de Art Basel, qui reviendra à Bâle en juin. Comment voyez-vous le marché de l’art évoluer en ce moment?

En fait, il n’y a pas un marché de l’art mais plusieurs, et leur contenu diffère totalement de l’un à l’autre. Lorsque nous parlons du marché de l’art chez Partasio, il s’agit du marché qui a vu le jour après la Seconde Guerre mondiale. Ce segment, généralement appelé « Post-War & Contemporary Art », représente chaque année un peu plus de la moitié du chiffre d’affaires généré par la vente d’objets d’art à travers le monde.

Comme tout autre marché, ce segment fonctionne sur la base de l’offre et de la demande, qui dépendent dans une certaine mesure de facteurs externes. Souvent, seuls les résultats des ventes aux enchères d’art sont visibles pour le public. Cela représente environ 40% du volume négocié. Nous suivons à la fois les ventes aux enchères et le commerce privé via les galeries et nous établissons ensuite nos propres statistiques pour les segments et les artistes qui nous intéressent en raison de leur pertinence globale à long terme.

Comment évaluez-vous ce segment plus en détail ?

Il y a des artistes plus établis où l’offre se raréfie, créant ainsi des marchés extrêmement résistants aux crises. Chez les artistes plus jeunes, il y a beaucoup trop de spéculation à notre goût. Cela entraîne de grandes fluctuations de prix, qui sont en outre préjudiciables à la carrière de ces créateurs. Souvenez-vous par exemple de l’engouement autour des NFT, pour lesquels des sommes incroyables ont été dépensées et dont on ne parle plus guère dans le contexte actuel du marché.

Quels sont vos impressions à l’issue d’Art Basel Hong Kong ?

Dans tout l’espace asiatique, l’intérêt pour l’art moderne et contemporain d’inspiration occidentale est grand et ne cesse de croître. Outre Hong Kong, il existe en Asie d’autres centres importants, comme Séoul, Singapour et Tokyo, qui ont été soit développés soit redécouverts ces dernières années. Néanmoins, les exposants de la foire ont fait état de nombreuses ventes réussies à des collectionneurs plus jeunes et ont enregistré des transactions très importantes dans le segment des blue chips, pour des œuvres par exemple de Yayoi Kusama ou de Philip Guston.

Les galeries et les maisons de ventes continuent de penser que Hong Kong continuera à jouer un rôle stratégique à long terme et à représenter un accès important au marché asiatique. En raison de la forte demande et de la démographie intéressante des consommateurs, les trois grandes maisons de vente aux enchères, Christie’s, Sotheby’s et Phillips, ont d’ailleurs annoncé l’année dernière une augmentation massive de leur présence à Hong Kong, où elles inaugureront bientôt de nouveaux espaces d’exposition et de vente.

Qu’attendez-vous d’Art Basel, qui se tiendra en juin ?

Historiquement, Art Basel est la foire la plus importante du calendrier international. Chaque année, plusieurs milliers de galeries présentent leurs concepts d’exposition et seules les meilleures sont retenues. Les collectionneurs et les muséologues du monde entier se rendent alors en pèlerinage à Bâle pour voir et éventuellement acheter le meilleur. Les exposants de la foire principale, des foires satellites et les musées environnants attendent les points forts de leurs programmes pour les présenter en juin. Pour juin, les préparatifs battent leur plein. Même si de nombreux collectionneurs font preuve de prudence dans le contexte actuel du marché, nous sommes certains que des transactions fructueuses auront lieu, surtout pour les œuvres d’artistes de renom qui répondent aux exigences élevées d’acheteurs bien informés.

L’art en tant que classe d’actifs est un domaine dans lequel vous êtes très impliqué. Comment voyez-vous son évolution?

L’art s’est clairement établi en tant que classe d’actifs. La forte performance de ce que l’on appelle les « blue chips », le segment supérieur du marché, l’intérêt croissant du public, la corrélation pratiquement inexistante avec d’autres classes d’actifs et la raréfaction croissante de l’offre y ont largement contribué. Bien que les crises géopolitiques et les difficultés locales puissent influencer l’humeur du marché, le succès à long terme de l’art en tant qu’actif dépend en fin de compte du nombre de particuliers fortunés. Une tendance qui, malgré des incertitudes temporaires, est à la hausse sur le long terme.

Pascal Schneidinger

Partasio

Pascal Schneidinger est le fondateur et CEO de Partasio, la boutique asset management spécialisée dans l’art. Pascal Schneidinger a commencé sa carrière en 2003 dans les groupes real estate de Credit Suisse First Boston à New York et de la Deutsche Bank à Londres. Il a ensuite dirigé les acquisitions en Europe continentale chez Starwood Capital à Londres, avant de s’installer à Shanghai pour créer une chaîne de magasins de détail pour les consommateurs chinois. Fin 2020, il est revenu en Suisse pour fonder Partasio. Pascal Schneidinger est titulaire d’un Bachelor of Science de la Wharton School de l’Université de Pennsylvanie et il détient également la certification CFA.

Mega Caps

Solutions Investissements

  • Alexandre Drabowicz
  • Chief Investment Officer
  • Indosuez Wealth Management

« Il s’agit plus d’un phénomène de dominance que de concentration »

Les dix plus grosses entreprises du S&P 500, où figurent en bonne place les Magnificent Seven, ont pris ces dernières années un poids considérable. Elles s’annexent à elles-seules le tiers de l’indice, un niveau de concentration qui n’inquiète pas Alexandre Drabowicz outre mesure.

Francesco Mandalà

Les dix plus grandes entreprises du S&P500 représentent aujourd’hui près du tiers de l’indice, en termes de capitalisation. Comment expliquez-vous une aussi forte concentration ?

Il vaut mieux relativiser d’abord ce qui apparait en effet comme une forte concentration. En Angleterre, les dix plus importantes entreprises du Footsie représentent 50% de l’indice. Et si nous prenons le MSCI Emerging Markets, qui rassemble 1’440 sociétés, son Top10 vaut pour environ le quart de sa capitalisation globale ! La concentration sur le S&P500 ne me paraît donc pas inhabituel. Je pense en réalité qu’il s’agit plus d’un phénomène de dominance que de concentration. Aux Etats-Unis, il se trouve en ce moment quelques grandes entreprises qui ont réussi à conquérir leur secteur, leur industrie, à l’échelle mondiale. C’est bien évidemment le cas de la tech.

Il est par ailleurs assez difficile de parler de bulle, si l’on se réfère à celle que nous avons connue au début des années 2000. Pour les Magnificent Seven – que je préfère appeler les Sept Fantastiques, le terme me semble plus juste – les valorisations se traitent à 25 fois les bénéfices sur ces deux prochaines années. C’est plutôt raisonnable. De plus, contrairement à l’épisode dot.com, nous nous retrouvons avec des sociétés extrêmement profitables, dont les ventes présentent de très bons taux de croissance, trois fois supérieurs à la moyenne du S&P500. Il est donc assez naturel que les investisseurs veuillent s’inscrire dans ce mouvement, quitte à payer une prime substantielle pour participer à cette croissance.

Cette concentration peut-elle laisser planer certaines menaces ?

Dans la mesure où les sociétés répondent aux attentes du marché, voire les dépassent, comme le fait Nvidia, je ne vois pas de menace tangible dans l’immédiat. Il y a bien évidemment des risques à prendre en considération. Les profits peuvent chuter, la croissance peut s’enrayer, de nouveaux entrants peuvent se présenter sur le marché avec des technologies profondément disruptives, mais rien de tout cela ne me parait envisageable sur le court terme.

Il est aussi très intéressant de voir comment évoluent les Sept Fantastiques d’une année sur l’autre. L’an dernier, leurs performances étaient relativement homogènes. Elles faisaient bloc. Ce n’est plus le cas en 2024. Au premier trimestre, Tesla et Apple déçoivent. Elles se montrent en retrait comparées à Meta ou à Nvidia qui enregistrent des plus hauts historiques. Il y a de la dispersion qui réapparait dans ce groupe, mais ce n’est pas pour autant que les marchés se replient, bien au contraire. La performance s’étend au-delà des Sept fantastiques, et c’est une excellent nouvelle.

Comment est-il alors possible pour les gestionnaires de fonds de générer de l’alpha avec une dizaine d’entreprises qui commandent le tiers du marché ?

Oui, c’est un vrai sujet mais je reste persuadé qu’il est possible de trouver des solutions à ce problème de diversification dû essentiellement au secteur technologique. Dans ce secteur, si l’on veut bien regarder au-delà du hardware ou software, il existe encore des opportunités à exploiter dans les semi-conducteurs avec de gros fabricants installés en Europe comme en Asie. Et il y a encore de la diversification à aller chercher autour de l’intelligence artificielle.

Pour s’en tenir au marché américain, je vois plusieurs options. Se diversifier par exemple sur les valorisations en se calant sur un indice équi-pondéré comme le S&P Equal Weight. C’est un indice construit autour de la diversification du risque, dont la différence de performance par rapport à l’indice pondéré des capitalisations peut être plus difficile à expliquer à la clientèle privée. L’an dernier, il n’a produit que 12%, contre 24% au S&P500, mais il permet d’adresser en partie ce problème de concentration.

Travailler avec l’indice CAPE Shiller a également du sens. Il est construit de manière très intelligente. Il prend en considération les bénéfices réalisés sur les dix dernières années, corrigés de l’inflation, pour limiter les effets de la volatilité à court terme. Il me semble plus approprié pour limiter les incidences de la concentration rencontrée, sans pour autant sacrifier la performance.

Et enfin, il faudra revenir dans le temps sur les segments Small & Mid Cap où des dizaines de titres présentent aujourd’hui des profils de diversification très intéressants, susceptibles de contribuer à la génération d’alpha. Il est cependant un peu prématuré pour y retourner dans l’immédiat, mais le débat est ouvert.

 

Alexandre Drabowicz

Indosuez Wealth Management

Alexandre Drabowicz a commencé sa carrière à la Société Générale en 1993 où il a occupé différentes fonctions, en Australie puis au Japon. De 2001 à 2008, il a été gérant de portefeuilles chez Systeia Capital Management. Il a rejoint ensuite Amundi où il est devenu, en 2018, devient directeur adjoint des gestions Actions. Alexandre Drabowicz est diplômé de l’école de commerce Neoma, et titulaire d’un BA de la Middlesex Business School de Londres ainsi que de la certification CAIA.

Tableau de bord

Solutions Investissement

  • Marouane Daho
  • Analyste-gérant
  • Iteram Capital

Q2 2024 – le baromètre des stratégies hedge funds

Le dernier trimestre de l’année 2023 a fini de confirmer une nouvelle année record pour les actifs traditionnels malgré la persistance de préoccupations macroéconomiques et la pression accrue des taux élevés sur les entreprises et les consommateurs. Le discours de plus en plus accommodant des banques centrales, notamment de la Réserve Fédérale américaine, a soutenu les actifs à risque jusqu’à la fin de l’année et a entraîné une diminution des rendements obligataires en anticipation de plusieurs baisses de taux courant 2024. Ce type d’environnement, dominé par le beta, constitue généralement un obstacle pour la génération d’alpha et les stratégies hedge fund non-directionnelles.

Cependant, les niveaux de volatilité, implicite et réalisée, observés au quatrième trimestre 2023 ne sont pas susceptibles de durer jusqu’à la fin de l’année 2024. Le prolongement de cette période de transition sur plusieurs fronts devrait aboutir à la création de nombreuses opportunités sur plusieurs classes d’actifs pour les gérants hedge fund.

 

Francesco Mandalà

RV Arbitrage/Multi-Strategy – Positif

-Des niveaux d’intérêts qui restent élevés, ainsi qu’une dispersion accrue dans les marchés fixed income combinés à une liquidité réduite créent des opportunités attrayantes pour générer de l’alpha.

-Malgré la baisse historique des niveaux de volatilité, les stratégies d’arbitrage de volatilité gardent un potentiel de rendement asymétrique et convexe.

Commodities – Neutre

-Les gérants fondamentaux spécialisés dans un secteur en particulier restent les mieux placés pour monétiser les variations de l’offre et de la demande.

-Notre préférence pour les stratégies de valeur relative et de trading tactique demeure inchangée.

Global Macro – Neutre

-En dépit du potentiel attractif d’un environnement de fin de cycle et de l’augmentation de la disparité régionale, les divergences persistantes entre les marchés et les anticipations des banques centrales rendent le positionnement difficile.

-2024 étant une année d’élections, les changements géopolitiques et fiscaux à venir constituent une source intéressante de catalyseurs pour les gérants global macro.

Fixed Income/Credit Arbitrage – Positif

-Des niveaux de spreads crédit bas et des conditions de refinancement plus difficiles sont idéales pour les stratégies credit long/short suivant une approche relative value capables de monétiser les dislocations à venir.

-On s’attend à ce que des opportunités d’arbitrage de structure de capital continuent à émerger alors que les émetteurs constatent des impacts différents résultant du coût plus élevé du capital et d’un accès plus difficile aux marchés de capitaux.

-Malgré une légère augmentation marginale des niveaux de défauts, les conditions optimales pour les situations de détresse ne sont pas encore réunies.

CTA/Managed Futures – Neutre

-Les modèles de trend-following ont récemment bénéficié de circonstances favorables sur les marchés actions (Etats-Unis et Japon) ainsi que de la hausse exceptionnelle des prix du cacao.

-Les stratégies de Statistical Arbitrage devraient bénéficier de l’augmentation attendue de la dispersion et de la volatilité sur les marchés actions en 2024.

-Alors que nous nous approchons d’un éventuel point d’inflexion dans les marchés de taux, les stratégies quantitative macro nous paraissent moins attractives que leurs équivalents discrétionnaires.

Event-Driven – Positif

-Les gestionnaires de merger arbitrage sont optimistes pour l’années 2024 en raison d’une meilleure visibilité concernant les conditions de financement, ce qui devrait se traduire par une hausse de l’activité de fusion/acquisition. Néanmoins les niveaux de spreads se sont globalement resserrés.

-Les opportunités de special situations sont encore dominés par quelques cas complexes et idiosyncratiques (restructurations, litigations).

Equity Long/Short – Positif

-Nous maintenons notre préférence pour les gestionnaires à faible exposition au marché (low-net et market neutral) en raison de niveaux de valorisation élevés.

-Nous anticipons un retour à la sélection de titres alors que nous prévoyons l’apparition de faiblesse sur certaines poches, même en l’absence d’une récession ou d’un retournement brutal du marché.

-Les spécialistes sectoriels constituent une option intéressante pour capturer l’augmentation de la dispersion intra-sectorielle.

Marouane Daho

Iteram Capital

Marouane est analyste/gérant chez Iteram Capital et membre du comité d’investissement. Ses principales responsabilités consistent en la recherche de gérants et la gestion de portefeuilles de hedge funds. Avant de rejoindre Iteram, il était en charge des hedge funds et des investissements sur les marchés privés au sein d’un single-family office à Genève. Il a débuté sa carrière chez Lyxor Asset Management à Paris en tant qu’analyste hedge funds. Marouane est diplômé de l’école de commerce NEOMA avec un MSc en finance.

Véhicules

Solutions Investissements

  • Vincent Jarcsek
  • COO
  • Silex

Les multiples emplois des Actively Managed Certificates

Lancés en Suisse en 2007, les AMCs rencontrent énormément de succés ces derniers temps, en raison des différentes solutions qu’ils permettent de mettre en œuvre. Vincent Jarcsek les passe ici en revue.

Francesco Mandalà

Les Actively Managed Certificates, les AMC, sont des produits financiers offerts principalement en Suisse. Ces produits d’investissement structurés combinent tout à la fois des caractéristiques des fonds gérés activement et des produits structurés.

On peut ainsi énumérer cinq caractéristiques clés des AMC :

Gestion active. Contrairement aux produits structurés qui suivent une stratégie d’investissement passive liée un ou plusieurs actifs sous-jacents, les AMC impliquent une gestion active. Cela signifie que les décisions d’allocations sont prises sur la base de convictions et expertise des marchés par un gérant nommé dans la documentation du produit.

Similitude avec les produits structurés. Malgré leur gestion active, les AMC conservent certaines caractéristiques des produits structurés comme leur nature juridique, dans une certaine mesure leur régime de taxation, leur souplesse et rapidité de lancement. Les AMC portent également le risque de défaut de l’émetteur lorsqu’ils sont émis par une banque.

Flexibilité. Les AMC offrent aux gérants et investisseurs la flexibilité en termes de stratégies d’investissement et d’actifs sous-jacents. Selon les caractéristiques propres à l’AMC ils peuvent investir dans des actions, des obligations, des fonds, des matières premières, des devises ou une combinaison de ceux-ci.

Transparence. Comme les fonds les AMC fournissent des rapports réguliers sur leurs performances et leurs compositions mais aussi leurs frais. Cette transparence est importante pour que les investisseurs et gérants puissent évaluer l’efficacité de la stratégie de gestion active et comprendre les risques associés au produit.

Couts de fonctionnement allégés. Comme les autres produits d’investissement gérés, les AMC facturent généralement des frais de gestion mais se distinguent par le faible cout de mise en œuvre et de maintien. L’activité du marché secondaire est également un aspect à regarder de près pour évaluer le cout total de la solution.

Dans l’ensemble, les certificats gérés activement combinent donc les avantages de la gestion active avec les caractéristiques des produits structurés, offrant une opportunité d’investissement efficiente aux investisseurs qui cherchent à générer des rendements tout en gérant activement le risque.

L’AMC répond donc à de multiples enjeux auxquels sont confrontés les gérants de fortune dans un contexte où leur marché se caractérise par une compétitivité croissante et une demande soutenue pour des services de gestion d’actifs de haute qualité désormais soumis à un examen prudentiel tout en subissant une pression sur les marges.

C’est ainsi que l’AMC qui était historiquement cantonné à l’investissement thématique a progressivement muté en une offre complète de gestion opérationnelle des investissements. Il permet donc d’adresser différents cas d’usage :

Création d’un track record. Un gérant peut créer son AMC disposant d’un code ISIN et d’un historique de performance publiquement disponible. Pour un gérant de fortune il peut s’agir de la validation d’une potentielle offre de gestion de fortune collective par exemple afin d’élargir la distribution de ses stratégies.

Stratégies couvertes (overlay). Les AMC se prêtent également particulièrement à la gestion des risques. Le portefeuille peut investir durablement sur un portefeuille d’actifs sous-jacent tout en déployant de manière tactique des couvertures afin de de protéger les plus-values ou de dérisquer le portefeuille en isolant certaines composantes d’intérêt.

Listing en bourse. En listant son AMC un gérant pour faciliter la multidistribution de son produit.

Mitigation des plus et moins-values fiscales.Dans la plupart des juridictions la taxation des gains de capitaux s’apprécie à l’échelle de l’AMC et non par application à l’échelle des composants.

Agrégation opérationnelle. En déployant sa stratégie au sein d’un AMC le gérant s’économise la réplication de ses choix d’allocation sur les multiples comptes de dépôt de ses multiples clients.

Vincent Jarcsek

Silex

Vincent Jarcsek a rejoint SILEX en 2021 comme COO du groupe et membre de la direction. Il était préalablement responsable de la structuration et du marketing chez Exane BNPP après avoir eu la charge de la plateforme de trading électronique et lui-même été trader de produits dérivés chez Oddo BHF et Société Générale. Il est diplômé de l’école polytechnique et de l’ENSAE en France.

Revival

Solutions Investissements

  • Gregory Peters
  • Co-CIO
  • PGIM Fixed Income

L’âge d’or des placements obligataires

La fin de la Grande Modération a donné son épilogue à une ère caractérisée par une inflation faible et une croissance élevée depuis le début des années 1980. Une période de volatilité pour la croissance comme pour l’inflation se profile désormais à l’horizon. C’est l’analyse qu’en livre Gregory Peters, spécialiste en la matière.

Francesco Mandalà

Malgré la complexité de l’environnement macroéconomique est complexe, il semble bien que nous soyons à l’aube d’un âge d’or pour les investissements obligataires. Leurs caractéristiques traditionnelles – roll-down, carry et rendement – reviennent sur le devant de la scène. Grâce à des taux d’intérêt plus élevés, elles peuvent à nouveau remplir leur rôle de générateur de revenus et de facteurs de diversification.

Anticipation d’une « weakflation » aux États-Unis

Comme les taux d’intérêt sont proches de leurs plus hauts sur plusieurs années et que la croissance économique s’affaiblit en même temps que l’inflation, le resserrement monétaire des banques centrales arrive probablement à son terme. Alors que nous nous attendons à ce que la Réserve fédérale américaine procède cette année à des baisses de taux de 50 points de base en guise de « fine tuning », le taux d’intérêt neutre à long terme pourrait atteindre la barre des 3%, au lieu de 2,5% comme anticipé précédemment.

L’économie mondiale reste solide malgré l’augmentation des challenges macroéconomiques. Notre scénario de base pour les États-Unis est celui d’une « weakflation », c’est-à-dire une combinaison de croissance faible et d’inflation élevée mais décroissante. Pour l’année en cours, nous anticipons une croissance du PIB réel de 1,0 à 1,5% et une baisse de l’inflation aux alentours des 2,5 à 3%.

Dans la zone euro, la hausse des taux d’intérêt à l’échelle mondiale, les prix élevés de l’énergie et la persistance de l’inflation vont rester autant de défis. Quant à l’économie, nous prévoyons un léger ralentissement en 2024, avant une reprise relative. En revanche, en Chine, les mesures de relance supplémentaires que nous attendions deviennent maintenant réalité, ce qui plaide en faveur de notre prévision de PIB supérieure au consensus.

La diversification accrue des obligations d’entreprises a également permis de multiplier les opportunités en termes de génération d’alpha. Un large éventail de segments de marchés semble bien positionné à long terme pour générer de solides rendements ajustés au risque. Compte tenu des incertitudes macroéconomiques importantes, nous privilégions les titres de grande qualité et voulons éviter les structures financées par l’emprunt, car elles sont vulnérables lors de taux d’intérêt élevés.

Principales idées d’investissement pour 2024

Réduire les liquidités. Face à la hausse des taux d’intérêt et à l’incertitude macroéconomique croissante, de nombreux investisseurs ont adopté une attitude attentiste l’année dernière. Un choc surprenant ou une nouvelle normalisation des taux en 2024 pourraient faire baisser les rendements à court terme. Les placements à duration plus courte pourraient offrir des rendements plus intéressants et un avoir un effet tampon contre de nouvelles hausses de la volatilité.

Allonger la duration. Après les récents événements géopolitiques, les rendements sont retombés de leurs sommets. Il est encore trop tôt pour en tirer des conclusions, mais nous pourrions entrer dans une phase plus longue de normalisation, offrant aux investisseurs une courte fenêtre pour sécuriser des taux d’intérêt plus élevés à long terme

Rechercher des opportunités de valeur relative de qualité. L’extrême volatilité observée depuis 2022 a fait grimper les valorisations dans tous les segments des marchés obligataires. Elle a créé ainsi des opportunités de valeur relative rémunératrices dans les principaux secteurs clés tels que les obligations à haut rendement et les obligations émergentes. Après que les banques centrales aient renoncé à leurs hausses de taux excessives, la performance des secteurs du crédit s’est améliorée – une tendance qui devrait, selon nous, être favorable aux portefeuilles obligataires diversifiés.

En fin de compte, 2024 pourrait ressembler à 2023 : une année orientée à la hausse avec de bons rendements. Compte tenu de la forte incertitude et de la répétition probable d’importantes fluctuations du marché, les opportunités d’alpha devraient être larges et variées. L’année 2024 promet d’être exigeante pour les investisseurs, mais au final gratifiante.

Gregory Peters

PGIM Fixed Income

Gregory Peters est le co-CIO de PGIM Fixed Income et l’un des co-responsables de son équipe multisectorielle. Avant de rejoindre PGIMen 2014, Gregory Peters dirigeait la recherche Fixed Income & Economie chez Morgan Stanley. Il avait également sous sa responsabilité la stratégie Cross Asset à l’échelle mondiale. Plus tôt dans sa carrière, il a travaillé chez Salomon Smith Barney et au département du Trésor américain. Gregory Peters a obtenu une maîtrise en finance du College of New Jersey et il détient en plus un MBA de Fordham University.