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Solutions Investissements

  • Céline Kohler
  • Avocate UE, Commission du barreau de Genève
  • Kohler Gotzev

Révolution de l’IA : Redéfinir les pratiques ESG avec la précision suisse

Alors que le monde se précipite vers un déluge de données qui devrait atteindre le chiffre stupéfiant de 175 zettaoctets d’ici 2025, la fusion de l’intelligence artificielle et des critères ESG est en train de remodeler les pratiques des entreprises dans tous les secteurs d’activité.

 

Francesco Mandalà

Au cœur de cette transformation se trouve la capacité de l’IA à naviguer dans des paysages de données complexes et à en extraire des informations exploitables, ce qui modifie fondamentalement la façon dont nous abordons le développement durable.

Décrypter le rôle de l’IA dans l’intégration de l’ESG

Des chatbots quotidiens aux algorithmes sophistiqués d’apprentissage automatique, l’IA englobe un éventail de technologies qui sont sur le point de révolutionner les industries. Au-delà de ses applications conventionnelles, l’IA stimule l’innovation dans des secteurs tels que l’agriculture intelligente, l’optimisation de l’allocation des ressources telles que l’eau ou les engrais, la réduction des émissions de carbone, la promotion des pratiques durables dans l’ensemble des industries et la facilitation de la pratique de l’agriculture de précision.

Exploiter le potentiel de l’IA pour améliorer l’ESG

Le potentiel de l’IA à réduire les émissions mondiales de gaz à effet de serre de 1,5 à 4 % d’ici 2030 est stupéfiant, reflétant son rôle central dans la protection de l’environnement. Cependant, son impact va au-delà de la réduction des émissions et s’étend au domaine des considérations sociales et de gouvernance. En automatisant les processus de données, en améliorant les capacités de prise de décision et en facilitant l’engagement des parties prenantes, l’IA permet aux entreprises d’intégrer la durabilité dans leur éthique opérationnelle, en garantissant la traçabilité et la transparence pour les consommateurs finaux.

Le leadership de la Suisse en matière de solutions ESG basées sur l’IA

Réputée pour sa précision et son innovation, la Suisse est à l’avant-garde des solutions ESG pilotées par l’IA, anticipant une transformation numérique à la fois responsable et durable. Les initiatives suisses illustrent la convergence entre technologie de pointe et conscience environnementale. Anticipant une transformation numérique à la fois responsable et durable, les initiatives suisses illustrent la convergence de la technologie de pointe et de la conscience environnementale. Comme le dit AI Swiss: «L’avenir appartient à ceux qui comprennent l’IA».

AI Swiss, une organisation à but non lucratif, se consacre à la sensibilisation du public au rôle central de l’IA et à ses capacités de transformation. Défenseur déterminé du potentiel de la Suisse en tant que leader dans le paysage de l’IA, AI Swiss vise à propulser le pays à l’avant-garde de l’innovation en matière d’IA. Sa mission englobe l’utilisation de l’IA comme catalyseur de la prospérité économique, l’augmentation de la productivité, la promotion du bien-être sociétal, la promotion de la durabilité environnementale et le respect des principes éthiques.

Relever les défis réglementaires de l’adoption de l’IA

Cependant, la prolifération de l’IA pose des problèmes importants, notamment en matière de partialité, de transparence, de propriété intellectuelle et de responsabilité. L’adoption récente de la loi européenne sur l’IA marque une étape importante dans la définition et la réglementation des systèmes d’IA, soulignant l’importance d’une conception éthique, de la transparence et de la surveillance humaine pour garantir un déploiement responsable.

Le rôle essentiel de la qualité des données dans les rapports ESG pilotés par l’IA

Alors que les organisations utilisent de plus en plus l’IA pour la production de rapports ESG, il devient primordial de garantir la véracité et la conformité des données. Les systèmes de reporting pilotés par l’IA doivent-ils être soumis au même examen minutieux que les mécanismes d’évaluation du crédit ? La nécessité de disposer de données de haute qualité, en particulier lors de l’évaluation des émissions et des impacts environnementaux, souligne l’importance de cadres réglementaires et d’évaluations de conformité (AC) robustes.

Gérer les risques et saisir les opportunités

Malgré les risques inhérents, des efforts concertés sont déployés à l’échelle mondiale pour exploiter de manière responsable le potentiel de transformation de l’IA. L’alignement sur des cadres normalisés, tels que la norme ISO 23894 sur l’IA et la gestion des risques, et la promotion de la collaboration internationale peuvent atténuer les risques tout en maximisant les avantages de l’intégration ESG induite par l’IA.

En cette ère de progrès, la fusion de l’IA et de l’ESG nécessite une stratégie équilibrée qui combine l’innovation et la réglementation. La numérisation marque la première étape, qui est étroitement liée à l’étape suivante de l’intégration de l’IA. En adoptant les processus numériques, l’IA éthique et les cadres réglementaires, nous ouvrons la voie à un avenir durable ancré dans la transparence et l’innovation responsable.

Plus d’informations sur AI Swiss:

www.a-i.swiss

Céline Kohler

Kohler Gotzev

Céline Kohler est la fondatrice du cabinet d’avocats Kohler Gotzev, présent au Luxembourg et à Genève. Elle conseille les fonds d’investissement, les sociétés de gestion et les professionnels de la MIFID2/LSFin sur des questions juridiques, réglementaires et de conformité impliquant des aspects transfrontaliers. Elle est également active dans l’éducation et la formation professionnelle liées à la finance durable à Genève et au Luxembourg. Céline Kohler est titulaire d’une maîtrise en droit international de l’Université de Paris 1 – Panthéon Sorbonne et d’un LL.M. en droit de l’Union européenne de l’Université de Lausanne. Elle est inscrite au Barreau du Luxembourg et au Barreau de Genève.

 

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  • Corrado Varisco
  • Responsable de la recherche
  • bridport & cie

Difficultés de refinancement en vue pour les CRE Loans américains

Aux Etats-Unis, un récent rapport du National Bureau of Economic Research s’est inquiété de la situation délicate des prêts immobiliers commerciaux – les CRE Loans – et de son éventuel impact sur la stabilité du système bancaire américain. Corrado Varisco nous en livre ici l’analyse.

Francesco Mandalà

Aux Etats-Unis, un récent rapport du National Bureau of Economic Research s’est inquiété de la situation délicate des prêts immobiliers commerciaux – les CRE Loans – et de son éventuel impact sur la stabilité du système bancaire américain. Corrado Varisco nous en livre ici l’analyse.

Au cours des prochaines années, la majeure partie de la dette des prêts immobiliers commerciaux aux Etats-Unis devra être refinancée. De nombreux projets affichent déjà des fonds propres négatifs – avec des Loan to Value supérieurs à 100% – et/ou des flux de trésorerie négatifs.

Aux Etats-Unis, ce type de dette représente plus de 6’000 milliards de dollars, dont les banques détiennent près de la moitié. Au cours des deux à trois prochaines années, la majorité devra être refinancée. Rien que pour 2024, selon Goldman Sachs, il est question de 929 milliards. A l’avenir, les taux de ces prêts devraient doubler, voire tripler, et la situation pourrait alors devenir potentiellement explosive.

Dans l’immédiat, elle est ajoute une pression supplémentaire sur les bilans des banques américaines, déjà fragilisées par une correction de de la valeur marchande de leurs actifs, d’un montant supérieur à 2’000 milliards de dollars, à la suite du fort resserrement monétaire de 2022.

La crise bancaire de mars 2023 semble peut-être une perspective lointaine dans la mémoire des investisseurs mais, à y regarder de plus près, les bilans marquent toujours le pas. Les pertes latentes sur leurs titres de placement s’élevaient à 478 milliards de dollars au quatrième trimestre 2023.

Plusieurs facteurs expliquent les difficultés à court terme que posent les CRE loans. En voici quelques-unes : l’impact négatif de la hausse des taux d’intérêt sur leur valeur nominale, l’augmentation de leur coût de financement, le risque de récession, la baisse de la demande pour les bureaux en raison de l’instauration des modes de travail hybrides, etc.

Après la récente baisse de la valeur des propriétés, l’étude du National Bureau of Economic Research révèle qu’environ 14 % de l’ensemble des prêts et 44 % pour les bureaux, semblent être dans une position de « fonds propres négatifs ». En outre, environ un tiers de tous les prêts et la majorité des prêts de bureaux pourraient rencontrer d’importants problèmes de trésorerie et des difficultés de refinancement, non seulement en raison d’un LTV élevé, mais également en raison de faibles ratios de couverture du service de la dette.

Si les taux d’intérêt restent élevés et que la valeur des propriétés ne se redresse pas, souligne le NBER, les taux de défaut pourraient potentiellement atteindre des niveaux comparables, voire supérieurs, à ceux observés lors de la Grande Récession, de l’ordre de 10 à 20 %. A titre d’exemple, un taux de 10 % sur les prêts CRE entraînerait environ 80 milliards de dollars de pertes bancaires supplémentaires. En revanche, si les taux revenaient aux niveaux en vigueur début 2022, aucun de ces prêts n’échouerait.

L’analyse du NBER démontre que les difficultés des CRE peuvent pousser des dizaines, voire quelques centaines de banques régionales, plutôt de petite taille, à rejoindre les rangs des banques exposées à un risque de crise de solvabilité, mettant en danger la stabilité de l’ensemble du système bancaire américain.

Ces facteurs auront forcément des implications fortes sur la politique monétaire, la surveillance des risques bancaires et la stabilité financière. Un système bancaire solide est essentiel pour une transmission efficace de la politique monétaire.

Reste à savoir si la Fed se concentrera davantage sur les risques potentiels liés à une deuxième vague d’inflation ou si elle réduira ses taux pour s’adapter à une politique budgétaire insoutenable et atténuer les risques qui pèsent sur le système bancaire américain.

Corrado Varisco

bridport & cie

Corrado Varisco occupe depuis l’an passé le poste de responsable de la recherche chez bridport & cie. Corrado a plus de vingt ans d’expérience sur les marchés obligataires avec une spécialisation dans la dette à haut rendement et la dette des pays émergents. Il a débuté sa carrière professionnelle en 2021 à la banque BSI, à Lugano, en tant qu’analyste. Il est devenu ensuite co-responsable de la gestion de portefeuille décentralisée pour l’équipe Amérique latine de BSI. En 2011, Corrado a rejoint la banque CBH à Genève où il a officié en tant que responsable de l’offre et de l’analyse obligataires. Il y a également occupé les fonctions de gestionnaire de portefeuille.

Crypto

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  • Géraldine Monchau
  • Digital Developer
  • Sphere

Quand le bitcoin devient plus rare que l’or

Suite au quatrième halving du bitcoin qui s’est récemment opéré, on peut bien sûr se demander comment choisir entre un actif stable qui se déprécie et un actif volatile qui s’apprécie. Eléments de réponse avec Géraldine Monchau.

Francesco Mandalà

Pour la première fois depuis sa création, le taux d’inflation annuel du bitcoin est devenu inférieur à celui de l’or, événement pivot sachant que la rareté est la qualité première pour une réserve de valeur. Le 20 avril dernier, le quatrième halving du bitcoin a eu lieu. La récompense pour l’écriture d’un bloc sur la blockchain bitcoin a été ainsi divisée par deux, passant de 6,25 à 3,125 BTC. L’offre annuelle de bitcoins a de facto été réduite de moitié, et le taux d’inflation est passé du même coup de 1,7 % à 0,85 % sur douze mois. En comparaison, l’or, qui est depuis des siècles un symbole de stabilité et une protection contre l’inflation, voit son stock augmenter d’environ 1 % à 1,5 % chaque année, au gré des extractions minières.

Le bitcoin peut-il remplacer l’or comme réserve de valeur ?

Selon Haumicharts, les ETF sur l’or ont perdu plus de 2,5 milliards de dollars depuis le lancement en janvier des ETF sur le bitcoin en janvier, qui ont enregistré pour leur part des flux nets d’environ 11,3 milliards. Le bitcoin est connu pour sa grande volatilité par rapport aux valeurs refuges traditionnelles comme l’or. Cette volatilité est due à différents facteurs, tels que le sentiment du marché, l’incertitude réglementaire, les développements technologiques et les facteurs macroéconomiques qui n’affectent généralement pas les prix de l’or et du bitcoin de la même manière.

Côté bitcoin, la dynamique du marché diffère également beaucoup de celle de l’or. Initié en 2009, ce marché est relativement jeune. Son prix connaît d’importantes fluctuations en raison de son statut d’industrie naissante et de l’intérêt spéculatif qu’il suscite. L’or, en revanche, est une réserve de valeur reconnue depuis des millénaires et joue qui plus est un rôle de matière première dans divers secteurs.

Son cours a toujours augmenté en période d’incertitude économique ou d’inflation, car il est considéré comme un actif tangible possédant une valeur intrinsèque. Le bitcoin a vu sa valeur augmenter en période de tensions sur les marchés, mais sa réaction à de tels événements est moins prévisible.

Au cours des cinq dernières années, le bitcoin et l’or ont affiché une corrélation plutôt faible. Elle peut devenir légèrement positive, en particulier lorsque les marchés se tendent fortement, mais elle ne le reste pas longtemps. A plus long-terme, il est certaines caractéristiques du bitcoin qui pourraient faire de cet or digital une réserve de valeur plus précieuse que l’or physique. Il dispose d’un volume limité de 21 millions de pièces rendant son offre parfaitement inélastique, il est très difficile de le confisquer mais par contre très facile de le transférer d’un pays à l’autre.

Le bitcoin comme valeur refuge contre le débasement monétaire

Le Fonds monétaire international a récemment lancé un avertissement sévère aux États-Unis: “réduisez votre dette et mettez de l’ordre dans vos dépenses”. En effet, le déficit budgétaire américain s’est creusé pour atteindre 1’700 milliards de dollars en 2023 et pourrait piquer vers 2’600 milliards de dollars d’ici 2034. La dette publique américaine, quant à elle, pourrait atteindre le niveau record de 106 % du PIB en 2028, contre 97 % l’an passé.

La détérioration de la situation fiscale et le spectre de l’endettement aux Etats-Unis, comme dans d’autres pays du G7, a stimulé la demande de bitcoins et d’or, qui sont souvent utilisés pour se prémunir contre l’inflation et le débasement monétaire. Certains gouvernements pourraient même être tentés de considérer le bitcoin comme une devise officielle, prenant ainsi exemple sur le Salvador…

Une initiative pour obliger la BNS à acheter du bitcoin et diversifier ses actifs de réserves

Un groupe réuni autour du crypto-évangéliste romand Yves Bennaïm a lancé une initiative populaire visant à ajouter deux petits mots, mais lourds de sens, à un article constitutionnel. Actuellement, on peut y lire : “la Banque nationale suisse constitue, à partir de ses revenus, des réserves monétaires suffisantes ; une partie de ces réserves est détenue en or”. L’initiative propose d’ajouter simplement “et en bitcoin”. Même si l’intervention est plutôt symbolique, elle ouvre la question de la diversification des devises étrangères de la BNS et l‘emploi du bitcoin comme nouvelle réserve de valeur au côté de l’or.

Géraldine Monchau

Sphere

Géraldine Monchau dirige les développements de SPHERE. Elle a débuté son parcours professionnel dans la finance traditionnelle où elle a occupé des postes à responsabilité liés à la gestion de portefeuille discrétionnaire et à l’advisory. Elle a ensuite rejoint l’industrie de la technologie blockchain et des actifs numériques. Géraldine est diplômée de l’IUHEI, du CFPI et du CAIA. Co-fondatrice de Women in Web3 Switzerland, elle est membre du comité scientifique du CAS Blockchain HEG.

Instrument

Solutions Investissements

  • Dominique Boehler
  • Spécialiste Produits Dérivés
  • Société Générale Corporate & Investment Banking

Les warrants inline, une réponse possible à la faible volatilité des marchés

Dans un contexte de faible volatilité, les warrants inline offrent une perspective de rendement intéressante. Il faut toutefois bien prendre la mesure des risques qui leur sont associés, lorsque les prix des sous-jacents sortent de leur corridor.

Francesco Mandalà

Alors que les warrants classiques bénéficient de fortes fluctuations des marchés, les warrants inline déploient leur potentiel dans des phases atones. De fait, ils permettent d’obtenir des rendements intéressants lorsque l’évolution de leur sous-jacent – actions, indices boursiers, obligations, devises, matières premières – est contenue dans une fourchette de prix établie, et ce pendant toute la durée du contrat.

Un warrant inline possède une barrière supérieure et une barrière inférieure, qui forment un corridor de prix. Tant que le prix de son sous-jacent n’atteint ou ne dépasse pas la barrière supérieure ou la barrière inférieure jusqu’à l’échéance du produit, les investisseurs reçoivent un remboursement maximum standardisé. Cependant, à tout moment et jusqu’à l’échéance, si l’une des deux barrières est atteinte ou franchie, il expire immédiatement sans valeur.

Calcul et évolution du prix

L’évolution du prix d’un warrant inline est déterminée par le degré de probabilité qu’une barrière soit atteinte ou franchie avant la date d’échéance. Plus cette probabilité est élevée, plus son prix est bas. Le facteur principal qui influe sur son prix est donc le prix du sous-jacent auquel il se réfère.

Un autre facteur qui affecte largement le prix est la volatilité implicite; c’est-à-dire la fourchette de fluctuation future du sous-jacent attendue par les participants au marché à terme. Une augmentation de la volatilité implicite accroît la probabilité qu’une barrière soit atteinte ou franchie et tend donc à faire baisser le prix. A l’inverse, une volatilité implicite en baisse aura tendance à faire augmenter le prix. Ainsi, face à la volatilité implicite, les warrants inline affichent un comportement diamétralement opposé à celui des warrants vanille.

Le temps restant jusqu’à l’échéance impacte également largement la valorisation. En effet, plus la date d’évaluation est proche, plus la valeur du warrant inline tend à être élevée car plus le laps de temps pendant lequel l’une ou les deux barrières peuvent être atteintes ou franchies est court, plus la probabilité d’un tel événement est faible.

Des atouts incontestables, mais non sans risque

Les warrants inline offrent une transparence totale en matière de rémunération à l’échéance puisque l’investisseur reçoit un montant de remboursement maximum préétabli, à condition que leur sous-jacent n’atteigne ou ne franchisse aucune des deux barrières jusqu’à l’échéance. Ils ouvrent également la possibilité de générer des effets de levier intéressants dans des marchés qui évoluent latéralement.

Toutefois, ils ne sont pas sans risques puisque si la barrière supérieure ou inférieure est touchée ou dépassée, le produit expire sans valeur. La fluctuation du prix du sous-jacent peut également entraîner de fortes variations de prix. En cas de vente avant le terme, il est ainsi possible que l’investisseur obtienne un prix inférieur à celui qu’il aura payé à l’achat.

Comme tous les produits structurés, les warrants inline offrent des perspectives de rendement intéressantes mais les risques associés sont importants. Il en va toutefois de la responsabilité des fournisseurs de produits financiers de proposer à leurs clients des investissements en phase avec l’environnement de marché, ce qui est indubitablement le cas des warrants inline dans le contexte actuel.

Dominique Boehler

Société Générale Corporate and Investment Banking

Dominique Boehler a débuté sa carrière dans les produits structurés en 2004 chez Dresdner Kleinwort en tant que responsable de la distribution publique des produits structurés en France. Après avoir rejoint Commerzbank en Suisse en 2009, les ETF ont été ajouté à ses attributions. Il est membre et fondateur de plusieurs associations professionnelles. Dominique Boehler a rejoint Société Générale en janvier 2020 où il occupe depuis le poste d’Expert en produits dérivés. Dominique Boehler est diplômé de l’Université d’Oxford et de la London School of Economics.

Potentiel

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  • Gregor Trachsel
  • Chief Investment Officer
  • SG Value Partners

Rester concentré sur la valeur dans des marchés en plein essor

Les indices boursiers mondiaux volent actuellement de record en record. La plupart des véhicules d’investissement passifs sont conçus pour répliquer ces indices. Or, de nombreuses valorisations ne tiennent pas forcément compte des anticipations en termes de revenus et de bénéfices, comme l’explique Gregor Trachsel. 

Francesco Mandalà

L’objectif d’une stratégie d’investissement fondée sur la substance est d’identifier et d’investir dans des entreprises dont le cours actuel reflète de faibles attentes quant à leur véritable valeur économique. Cette discipline permet de tendre à une décote globale du globale, qui va servir alors de base pour générer de solides rendements à long terme.

Actuellement, il est possible d’identifier des titres sous-valorisés en se concentrant sur quatre sources principales Premièrement, bon nombre d’entreprises ont un pouvoir de fixation des prix de leurs produits et services plus solide que ne le suggère leur valorisation actuelle. Dans des secteurs tels que l’ingénierie, le transport et le commerce de gros, les entreprises peuvent par exemple assurer leurs prix en ayant recours à la méthode Cost Plus. De récentes crises adversités récentes telles que la pandémie, avec les perturbations des chaînes d’approvisionnement qui en ont suivi ou l’envolée de l’inflation, avec un impact fort sur les coûts des intrants, ont rendu la gestion de l’exécution des commandes, de la production et de la livraison exceptionnellement difficile. Dans de nombreux cas, ces défis ont temporairement entraîné des écarts importants entre les prix de revient et les prix atteints. Avec la stabilisation progressive des échanges commerciaux, une nouvelle structure de prix se dessinera, qui permettra alors de dégager à nouveau des marges brutes, normalisées et redevenues attrayantes.

Deuxièmement, les entreprises disposent en réalité de moyens nettement sous-estimés pour améliorer leur mix prix/volume, ne serait-ce en élargissant leur offre de produits et de services. Les producteurs de cellulose peuvent utiliser cette matière pour fabriquer non seulement des mouchoirs, du papier et du carton, mais aussi des vêtements, des biocarburants et des matériaux spéciaux. Ou, pour s’intéresser aux matériaux de construction, les fournisseurs de composants individuels comme le ciment ou le verre peuvent se transformer en fournisseurs de solutions complètes, dans le domaine par exemple des enveloppes de bâtiments.

Troisièmement, nous voyons bien que les entreprises actives dans des secteurs à croissance structurellement faible réduisent souvent leur base de coûts plus efficacement qu’on ne le pense. En particulier dans les secteurs à forte production de masse, comme la sidérurgie ou l’agriculture, les entreprises voient généralement plus loin que la phase actuelle du cycle économique et s’efforcent d’améliorer la productivité des ressources et de la main-d’œuvre. Elles partent en effet du postulat que l’environnement commercial restera durablement contraignant

Enfin, quatrième point, la persévérance des entreprises à rendre l’exploitation du capital plus efficace tend à être sous-estimée. Dans les secteurs à coûts fixes élevés, tels que les télécommunications, les services publics et la production de biens d’équipement, elles sont constamment obligées d’améliorer la rentabilité de leurs investissements, en particulier lorsque les charges d’intérêts augmentent. Sur ce point, nous sommes convaincus que la forte immobilisation du capital peut se voir comme une chance malgré tout: les chefs d’entreprise sont généralement incités à optimiser en permanence le capital investi par rapport à la capacité bénéficiaire normalisée de l’entreprise.

Pour conclure, nous partons du principe que les modèles commerciaux de nombreuses entreprises aboutissent à une création de valeur plus diversifiée qu’il n’y paraît à première vue. Comme nous venons de l’expliquer, la dynamique récente de l’environnement opérationnel a créé d’importantes opportunités de rattrapage, grâce à (1) un plus grand pouvoir de fixation des prix, (2) un meilleur mix prix/volume, (3) une structure de coûts plus légère et/ou (4) une efficacité accrue du capital.

Gregor Trachsel

SG Value Partners

Gregor Trachsel est le Chief Investment Officer de SG Value Partners à Zurich. Avec son équipe, il gère depuis plus de 20 ans des mandats d’actions deep value et des fonds de placement mondiaux avec un horizon de placement à long terme. Depuis 2020, il a choisi la voie de l’indépendance avec SG Value Partners. Auparavant, il développait la même stratégie d’investissement chez M.M. Warburg (Switzerland) et chez Credit Suisse Asset Management à Zurich.

Game changers

Solutions Investissements

  • Pieter Busscher
  • Gestionnaire de portefeuille
  • Robeco

Investir dans les smart materials : une stratégie à deux niveaux

La demande en smart materials prend de plus en plus d’ampleur. Les smart materials, ce sont ces matériaux intelligents, capables de modifier leurs propriétés, qui ouvrent de nouveaux champs d’application dans des domaines comme la médecine, ou l’industrie automobile, pour ne citer qu’eux. Il en va ainsi des matériaux à mémoire de forme ou des matériaux piézoélectriques. Pieter Busscher y voit là une opportunité d’autant plus intéressante qu’elle répond à une stratégie d’investissement qui se déploie sur deux axes.

Francesco Mandalà

Cette approche double signifie que les investisseurs se concentrent à la fois sur des entreprises pionnières dans le développement de matériaux supérieurs – les producteurs – et sur celles qui en permettent une exploitation plus efficace – les créateurs. Cette stratégie garantit un engagement total sur la chaîne de valeur de l’innovation permise par ces matériaux. 90 % des entreprises dans lesquelles il est possible d’investir proviennent des secteurs de l’informatique, de l’industrie et des matériaux, mais la priorité est d’abord accordée aux valeurs qui ont une vraie pertinence sur ce thème, plutôt qu’aux grands noms habituels de ces secteurs.

Malgré un environnement parfois difficile, la stratégie a montré ses capacités de résistance en 2023. La dichotomie des performances propre à cette stratégie souligne bien le contexte différencié dans lequel elle opère.

Du côté des producteurs, le cluster a dû affronter des vents contraires en raison de la baisse de la demande, du déstockage et de la chute des prix des matières premières, ce qui a eu un impact négatif sur les performances.

Du côté des créateurs, les  performances ont été en revanche exceptionnelles. Ils ont bénéficié des progrès de la technologie et des équipements, essentiels pour la prochaine génération de recyclage des matériaux.

Libérer le potentiel – Récompenses asymétriques

Investir dans cette thématique devient donc d’autant plus intéressant, car les producteurs et les créateurs offrent désormais, chacun de leur côté, un profil de rémunération asymétrique.

Pour les producteurs, le potentiel de hausse est à la fois structurel et conjoncturel. Avec la décarbonisation de l’économie mondiale, le passage des combustibles fossiles aux métaux comme le lithium, le cuivre et le nickel est inévitable, poussé par la demande de véhicules électriques et de solutions énergétiques propres. Les prix des métaux étant actuellement modérés, un retournement imminent de la demande pourrait profiter considérablement à ces matières premières. Les bâtiments étant les principaux responsables des émissions de gaz à effet de serre, il existe une forte demande de matériaux pour l’isolation et l’amélioration de l’efficacité énergétique.

Pour les créateurs – ou les « enablers » –  les perspectives de croissance sont alimentées par les progrès technologiques dans les domaines de l’équipement, de l’automatisation et des logiciels,  appelés à jouer un rôle fondamental dans la mise en application des smart materials de la prochaine génération.

Les appareils modernes, comme ceux qui exploitent l’IA, nécessitent des technologies de puces plus sophistiquées, augmentant ainsi la demande en équipements avancées pour les semi-conducteurs, tant dans un avenir proche que lointain. En plus de ce puissant moteur structurel, le déstockage de plusieurs marchés finaux prendra probablement fin en 2024, ce qui entraînera une reprise de la demande pour des équipements avancés, comme les instruments biomédicaux et les testeurs industriels.

L’automatisation industrielle est une réponse à la baisse de la population et à la nécessité pour les gouvernements de sécuriser les chaînes d’approvisionnement stratégiques, comme c’est le cas dans la fabrication de batteries. Après bientôt deux ans, les investissements mondiaux dans l’industrie manufacturière semblent avoir atteint des plus bas et tous les grands acteurs dans le domaine de l’automatisation s’attendent à ce que la demande reprenne cette année. Il est clair que l’intelligence artificielle va prendre une importance significative dans ces développements.

Un risque de baisse limité et des perspectives de croissance

Il est important de toujours tenir compte du positionnement stratégique afin de profiter à la fois des reprises cycliques immédiates et des changements structurels à long terme de l’économie mondiale. En investissant dans un pareil mix de producteurs et de créateurs, il est possible de tirer profit de la demande croissante de matériaux intelligents, rendue nécessaire par la décarbonisation, les progrès technologiques et l’évolution vers un monde plus durable.

Pieter Busscher

Robeco

Pieter Busscher est gestionnaire de portefeuille chez Robeco depuis 2007. Il a travaillé chez Credit Suisse Asset Management à Zurich. Pieter est titulaire d’un bachelor en commerce international de l’université RSM Erasmus, d’un master en banque et finance de l’université de Saint-Gall et il détient la certification CFA.