Healthcare

Rubrique

MEGATRENDS HEALTHCARE

 

  • Cyrill Zimmerman 
  • Head of Healthcare Funds & Mandates
  • Bellevue Asset Management
  • Par Andreas Schaffner

« Le secteur de la santé se caractérise par une puissante force d’innovation »

La crise du coronavirus a clairement démontré la solidité du secteur. Par rapport à d’autres, les valeurs pharmaceutiques ont bien résisté aux récents fléchissements de marché. Le potentiel de croissance s’avère par ailleurs plutôt impressionnant, avec la montée en puissance de plusieurs segments, portés par d’excellents fondamentaux et une forte capacité d’innovation, comme le souligne ici Cyrill Zimmermann.

Quels sont les moteurs de croissance dans le secteur de la santé?
Cyrill Zimmermann: J’en identifie trois. D’abord, la démographie, qui est à l’origine du vieillissement de la population dans les pays développés. Cette tendance n’a pas été modifiée par le Covid et l’ONU l’a de nouveau confirmée au mois de juillet. Le deuxième moteur correspond à l’évolution des styles de vie. Je pense ici notamment à la mauvaise alimentation, au manque d’activité et au stress important, qui entraînent surpoids et obésité. Par conséquent, les maladies cardiovasculaires augmentent aussi dans des régions qui, jusqu’à présent, conservaient des habitudes de vie et des régimes alimentaires relativement traditionnels. C’est un phénomène qui ne se cantonne désormais plus à des pays comme les États-Unis et le Mexique- Il se développe également au Japon ou dans les États arabes.
Le troisième moteur de croissance que j’identifie est celui des innovations dans le domaine des biotechnologies et des technologies médicales, ce que nous pouvons rassembler sous l’appellation «medtech». Par ailleurs, les classes moyennes sont de plus en plus nombreuses, en particulier dans les pays émergents. À cet égard, la Chine se démarque nettement, car ses classes moyennes contribuent à la viabilité financière du système de santé. Aux côtés des pouvoirs publics.

L’environnement parait donc globalement robuste. Quelles en sont les raisons ?
En effet. Le secteur de la santé se caractérise par de puissantes forces d’innovation, ce qui est au final très intéressant aussi pour les investisseurs. De plus, cela confère de la résistance face aux fluctuations du cycle conjoncturel, en favorisant des taux de croissance annuels de l’ordre de 5 à 6%, voire plus dans certains sous-secteurs.

Dans ces sous-secteurs, la digitalisation des soins de santé a cependant connu un revers de fortune assez important, due à la correction subie par les valeurs technologiques…
Tout à fait. Sur le long terme, nous savons bien qu’il faut augmenter l’efficacité du système de santé. Rien qu’aux États-Unis, le cabinet de conseil McKinsey estime que les économies pourraient représenter 300 milliards de dollars par an. Par exemple dans le milieu hospitalier, qui souffre aussi d’inefficiences outre-Atlantique. Mais aussi dans d’autres domaines où le système de santé n’est pas aussi bien établi. Nous constatons entre autres une pénurie de médecins et des problèmes d’accès aux nouvelles méthodes de traitement. Le progrès technologique promet d’importantes avancées à cet égard. Récemment, les autorités ont approuvé un traitement du diabète qui mesure le taux de glucose dans le sang à l’aide de capteurs et qui transmet ces informations à un appareil mobile. Le taux d’injection d’une pompe à insuline peut ainsi être régulé en permettant la surveillance à distance des malades du diabète.

Les États-Unis représentent le plus gros marché dans le secteur de la santé. Dans quelle mesure dominent-ils le reste du monde?
Avec des dépenses qui s’élèvent à plus de 10’000 dollars par an et par personne, les États-Unis représentent le plus gros marché mondial des soins de santé. Par ailleurs, le pays abrite les plus grandes entreprises du secteur. Elles génèrent un chiffre d’affaires cumulé de plus de 700 milliards de dollars par an ! Le pays est en particulier un pionnier dans le domaine des biotechnologies et des medtechs.

Et qu’en est-il de la Suisse?
En termes de dépenses par personne, nous sommes deuxième au classement! Voilà pour la consommation. Évidemment, nous sommes aussi très bien positionnés sur la partie production. Nous le devons aux deux géants pharmaceutiques Roche et Novartis, mais aussi aux pionniers medtechs que sont Straumann, Sonova et Tecan, ou encore Mettler Toledo, Ypsomed et Medartis. Toutefois, nous n’avons pas la même culture du capital-risque, qui favorise des investissements considérables dans les biotechnologies aux États-Unis.

Qu’en est-il dans les pays émergents? Après tout, vous avez même créé un fonds dédié, voilà quelques années?
De manière intéressante, la Chine comble très vite son retard dans les medtechs et dans les biotechnologies. D’autre part, les Chinois possèdent aussi un bon positionnement dans les domaines des services médicaux, comme les cliniques spécialisées ou les entreprises IT propres à ce secteur, notamment en proposant des solutions basées sur l’intelligence artificielle. Les pays producteurs, comme l’Inde, réalisent d’énormes progrès dans le domaine des médicaments génériques. Désormais, on y fabrique aussi de grandes quantités de médicaments biosimilaires – les génériques de médicaments produits par biotechnologie dont le brevet a expiré. Une société très intéressante dans ce domaine est l’Indien Biocon, qui produit un traitement homologué contre le cancer du sein. Nous investissons également dans la plus grande chaîne d’hôpitaux en Inde, Appollo Hospitals. En Corée du Sud, deux sociétés, Celltrion et Samsung Biologics, opèrent avec succès dans le domaine des médicaments biosimilaires. En définitive, même dans nos deux stratégies exposées au secteur mondial des soins de santé, nous sous-pondérons les États-Unis et nous surpondérons l’Asie par rapport à l’indice MSCI World Healthcare.

Quel rôle jouent les géants technologiques, comme Apple, Google ou Amazon? Il y a quelques années, leurs ambitions faisaient déjà trembler le secteur…
Il est certain que certaines entreprises approfondiront leur collaboration avec les GAFA, voire même avec leurs équivalents chinois, par exemple en ce qui concerne le Big Data ou l’analyse de données. En termes de logistique, une collaboration avec Amazon peut tout à fait s’envisager. En revanche, la production de médicaments et de produits de medtech requiert un haut degré de sécurité et de complexité, si bien que les barrières à l’entrée du secteur de la santé sont considérables.

Quelles entreprises laisseront leur empreinte sur le marché au cours des cinq prochaines années?
Précisément à cause de ces importantes barrières à l’entrée, nous ne prévoyons pas de transformation majeure, surtout parmi les compagnies pharmaceutiques classiques. Les coûts de développement des thérapies ont tendance à renchérir. La mise au point d’un médicament prend encore environ 10 ans et coûte, en temps normal, près d’un demi-milliard de dollars. Et n’oublions pas que la mise au point d’un produit n’implique pas nécessairement son lancement sur le marché. La probabilité pour qu’un principe actif passe les essais de phase 1 n’est que de 10%.

Et en dehors des «Big Pharmas»?
Nous avons repéré des entreprises intéressantes en Inde et en Chine, dans le domaine de la télémédecine, par exemple, comme Ping An Good Doctor, ou Appollo Hospitals, dont j’ai déjà parlé. Aux États-Unis, la société pionnière est Teladoc, qui dispose de 80 millions de clients. Cette activité met plus de temps à se développer en Europe, en raison des questions liées à la protection des données. Mais je peux imaginer que les pressions sur les coûts pousseront au développement de solutions dans certains domaines, comme par exemple les consultations dermatologiques ou psychiatriques. Car les coûts de consultation par Facetime sont beaucoup moins élevés qu’une visite chez le praticien.

Quelle est stratégie menez-vous avec Bellevue?
Nous avons toujours été des adeptes de la gestion active. Dans le secteur de la santé, un investissement passif correspond souvent à un choix involontaire de gestion active: c’est ainsi que la plupart des portefeuilles comportent trop de grandes capitalisations, trop de compagnies pharmaceutiques, et pas assez de diversification internationale. Nous investissons activement, en mettant fortement l’accent sur des capitalisations moyennes de grande qualité, et nous misons sur des champions locaux des marchés émergents qui procurent un accès abordable aux soins médicaux, ainsi qu’à une sélection de pionniers de l’innovation dans les pays développés.

Biographie
Cyrill Zimmerman
Bellevue Asset Management

Cyrill Zimmerman a fondé la boutique d’investissement Adamant Biomedical Investments en 2001, et l’a dirigée jusqu’à son rachat par Bellevue en 2014. Il est aujourd’hui responsable des Fonds et Mandats Healthcare chez Bellevue Asset Management. Il est également membre de la direction. Fondée par Martin Bisang et Ernst Müller-Möhl, Bellevue a commencé à se spécialiser dans le secteur de la santé en 1993, avec la société de portefeuille BB Biotech. Ses actifs investis dans le secteur à fin 2021 représentent 10,9 milliards de francs. Cyrill Zimmerman est titulaire d’un doctorat en économie de l’Université de Zurich.

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    Sphere

    The Swiss Financial Arena

    L’agence SPHERE est spécialisée dans les relations investisseurs. Elle édite le magazine SPHERE dédié aux professionnels de la gestion de patrimoines et de la gestion d’actifs en Suisse et organise des événements financiers à l’attention de ce même public. Elle s’appuie sur les compétences et le réseau solide de ses associés, actifs dans l’industrie bancaire et financière depuis plus de quinze ans.

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    Foodtech

    Rubrique

    MEGATRENDS FOODTECH

     

    • Interview Erich Sieber
    • General partner
    • PeakBridge
    • Par Elsa Floret

    «Le Google ou le Moderna de l’agroalimentaire n’existe pas encore»

    Pour l’historien anglais Eric Hobsbawm, il y a eu l’ère des révolutions, l’ère du capital et l’ère des empires. C’est ainsi qu’il voyait se découper le XIXe siècle et le début du XXe. Aujourd’hui, il décrirait vraisemblablement cette première moitié du XXIe siècle comme l’ère des transformations. Entre nouvelles technologies, défis sociétaux et urgences environnementales, le monde se réinvente dans les grandes largeurs. Tous les secteurs sont impactés et dans chaque numéro nous allons montrer de quelle façon ces évolutions prennent forme. On commence avec l’alimentation, qui condense aujourd’hui de multiples enjeux.

    À quelle vitesse l’industrie alimentaire se transforme-t-elle?
    Erich Sieber: L’industrie alimentaire ne s’est pas transformée depuis la « Révolution Verte » dans les années 1960 avec l’adoption des fertilisants, des pesticides, de l’agrochimie et de l’irrigation et plus tard avec les OGM dans les années 1990. Aucun nouveau grand acteur de l’agroalimentaire n’a émergé depuis les années 2000 contrairement à ce que l’on a pu observer dans d’autres secteurs, tels que le software ou la biotech. Le Google ou le Moderna de l’agroalimentaire n’existe pas encore. Cette absence de transformation est liée à l’absence d’innovation. Les dix plus grands groupes agroalimentaires n’ont investi que 2 milliards de dollars en R&D entre 2015-2020 alors qu’on monte à 45 milliards dans l’informatique et à 42 milliards dans la biotech. Aujourd’hui, la production agroalimentaire atteint un point d’inefficience et de déséquilibre qui nécessite une refonte profonde de ses chaînes : elle contribue à 30-33% des émissions de gaz à effet de serre et un tiers de la production est gaspillé.

    Pourriez-vous décrire son rythme d’évolution en citant les acteurs qui disruptent durablement l’industrie agroalimentaire?
    Une nouvelle dynamique semble enclenchée et une nouvelle classe d’actifs a émergé : l’Agri-Foodtech. Encore inexistante en 2010, elle représente plus de 50 milliards de dollars d’investissements annuels en 2021. Son rythme de croissance semble s’accélérer avec un niveau d’investissements qui a quasiment doublé entre 2020 et 2021. Rapportés à la taille du marché de l’industrie agroalimentaire conventionnelle de 8,000 milliards de dollars, le potentiel de croissance de ce secteur semble illimité.

    Que recouvrira la foodtech à un horizon de 5 ans?
    Nous voyons émerger des investissements stratégiques motivés par des décisions politiques, afin de garantir plus de sécurité alimentaire aux économies les moins résilientes et les plus exposées aux importations. Ceci inclut l’investissement dans les technologies liées aux protéines alternatives et la viande cellulaire, principalement poussé par la Chine ainsi que les systèmes agricoles alternatifs, tels que les fermes verticales et hydroponiques à destination des pays du Golfe.
    Nous espérons également que, dans cinq ans, les segments et les technologies apportant de réelles solutions aux challenges climatiques, nutritionnels et sanitaires occuperont une place plus prépondérante dans le spectre de la foodtech au détriment de technologies moins profondes et aux bienfaits sociaux et environnementaux non démontrés.

    Quel est le profil type du nouveau consommateur?
    Le nouveau consommateur est volatile et indécis. Il change de régime alimentaire comme il change de chaussettes. Il est aussi très engagé et peut mettre à genou une industrie entière à coup de buzz médiatiques. Ce que l’on mange est devenu un acte politique, social, identitaire et éthique. Nos régimes alimentaires peuvent nous exclure d’un groupe de personnes ou procurer un certain sens d’appartenance communautaire. L’alimentation, qui historiquement lie les individus autour d’un repas, est devenue un acte de rébellion, de défiance ou de scission au sein d’un groupe, d’un ménage ou d’une famille. Nous travaillons par exemple avec Tastewise, pour analyser et comprendre les motivations de ces nouveaux consommateurs. Tastewise scanne en temps réel des millions de menus de restaurant, de recettes, de discussions et de commentaires publics sur Google Review, Yelp, Trip Advisor ainsi que sur les réseaux sociaux.

    L’évolution générale des consommateurs vers la santé par l’alimentation, la transparence et l’accès permanent à la nourriture fait-elle passer l’alimentation au premier plan de ses choix?
    La pyramide de Maslow dans les sociétés européennes semble s’être inversée depuis le Covid et la guerre en Ukraine. Nous nous soucions de manière croissante de besoins de plus en plus basiques, tels que la sécurité de l’alimentation, l’accès aux ingrédients ou la sécurité de l’énergie alternative. Ce n’était pas le cas il y a encore 10 ans. Cela maintient l’alimentation en tête de nos préoccupations après que la pandémie l’ait placée au cœur du débat public.
    Tandis que les Etats-Unis sont distraits par le metavers et les cryptomonnaies, l’Europe prend une longueur d’avance sur les technologies apportant des solutions de long terme aux enjeux climatiques, énergétiques et agroalimentaires. L’écosystème d’institutions publiques, d’universités et de centres de recherches en la matière apporte aux entrepreneurs européens une infrastructure plus robuste pour développer les technologies qui accompagneront cette transition.

    Quid des opportunités d’investissement liées aux exigences de transparence et de durabilité dans l’alimentation?
    Nous voyons la digitalisation comme une des clés pour plus de transparence, de durabilité et de traçabilité. Les chaînes de production agroalimentaires comptent parmi les moins digitalisées tous secteurs confondus. Nous voyons des opportunités d’investissement intéressantes et tangibles dans l’intelligence artificielle, le big data, les capteurs et la blockchain appliqués aux chaines agro-alimentaires.

    Pour lutter contre la pénurie, réagir aux changements climatiques et répondre aux besoins de consommation d’une population urbaine croissante, le système de production alimentaire ne doit-il pas être complètement repensé?
    Une dynamique de régionalisation et relocalisation de la production alimentaire est enclenchée afin de pouvoir mieux absorber les chocs politiques, sanitaires et macroéconomiques, comme l’inflation et la volatilité des prix des matières premières. Il s’agit aussi d’anticiper les changements découlant du réchauffement climatique. Une telle transformation ne peut se faire que sur un horizon de temps moyen ou long et avec l’accompagnement de facilitateurs technologiques pour davantage l’accélérer.

    Quelles sont les opportunités d’investissement liées?
    Celles-ci sont nombreuses. Celles que nous trouvons intéressantes et évolutives au sein de PeakBridge seraient : les systèmes agricoles alternatifs, qui font appel à l’agriculture de précision, à des procédés de culture et de transformation innovants et propriétaires ou en développant des systèmes de non-cultivés; les protéines alternatives et les nouveaux aliments issus de diverses technologies, telles que la fermentation; la revalorisation de produits alimentaires jusque-là peu exploités et enfin la lutte contre le gaspillage alimentaire.

    Quelles sont les mégatendances de l’industrie alimentaire?
    Nos systèmes alimentaires font face à six défis majeurs. Les risques géopolitiques; les risques de durabilité; l’augmentation de la population et le manque de résilience des chaînes alimentaires; l’évolution des exigences des consommateurs en matière de santé, de nutrition et d’empreinte carbone; le manque de financement dédié à l’innovation et l’absence de digitalisation.
    Ces défis sont exacerbés par le contexte politique et économique actuel : flambée des prix de l’énergie et des matières premières agricoles et risque de rupture des chaînes d’approvisionnement.

    Dans ce contexte, quels sont les secteurs qui présentent le plus de potentiel?
    A notre sens, cinq secteurs ou segments peu exploités présentent un potentiel et où l’Europe a clairement une longueur d’avance vis-à-vis des Etats-Unis.
    Tout d’abord les ingrédients innovants : la production d’ingrédients améliorés ou la résolution de problèmes existants, tels que l’approvisionnement, la qualité, le coût, le profil nutritionnel, gustatif ou règlementaire.
    Ensuite, les technologies liées aux protéines alternatives : alternatives durables aux protéines animales en se focalisant sur les facilitateurs technologiques et les produits technologiquement différenciant.
    La digitalisation et les systèmes alimentaires 4.0 avec un focus sur la transformation post-récolte des chaines de valeur est un segment stratégique pour PeakBridge. La digitalisation permet de répondre à des problèmes de traçabilité, de sécurité, de production, et de gaspillage alimentaire.
    L’intersection entre la nutrition et la santé nous intéresse par ailleurs à savoir l’amélioration des choix nutritionnels, de la santé et du bien-être à travers des produits et des services aux bienfaits démontrés.
    Enfin, les systèmes agricoles alternatifs redéfinissent la production des sources alimentaires. Ils modifient les systèmes de cultures existantes ou en développant des systèmes de non-cultivés qui sont un besoin nécessaire pour sortir des schémas agricoles conventionnels et cultiver des ingrédients jusque-là peu explorés.

    Biographie

    Erich Sieber

    PeakBridge

    Erich Sieber est l’un des fondateurs et general partners de PeakBridge, société de capital-risque spécialisée dans la foodtech, qu’il a fondée en 2017 avec Nadav Berger. Erich et Nadav sont des pionniers de l’investissement dans l’innovation alimentaire, puisqu’ils ont lancé le premier fonds dédié à cette thématique. Ancien associé-gérant du fonds d’innovation de Nestlé, Erich a travaillé au Forum économique mondial, ainsi qu’au ministère allemand des Finances. Il est titulaire d’un bachelor en commerce, économie et droit de l’Université HSG de Saint-Gall, d’un MBA trilingue de l’EAP-ESCP (Paris-Oxford-Berlin) et d’un L.LM. en droit financier de l’Université de Genève.

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      Industrielles

      Rubrique

      MEGATRENDS INDUSTRIELLES

       

      • Hans Peter Portner
      • Head of Thematic Equities
      • Pictet Asset Management
      • Par Jérôme Sicard

       «La convergence entre technologie et industrie ne va faire que croître»

      Automatisation, connectivité, Internet of Things, intelligence artificielle, virtualisation, cloud… Le digital et les nouvelles technologies contribuent en ce moment à la métamorphose d’un secteur industriel qui retrouve de belles perspectives de croissance. Les entreprises multiplient les innovations d’un bout à l’autre de la chaîne de valeur. Et plusieurs thèmes d’investissement commencent à se dégager très clairement.

      Dans quelle mesure les valeurs industrielles sont-elles impactées par le ralentissement économique à l’échelle mondiale?
      Hans Peter Portner: La remontée des taux, les pressions inflationnistes ou les mouvements sur les marchés des devises sont pour nous des épiphénomènes sur lesquels nous nous prononçons assez peu car nous préférons nous engager sur le plus long terme. Le ralentissement économique a bien évidemment un impact sur la valorisation des entreprises que nous couvrons, mais nous y intéressons surtout sous l’angle des opportunités à l’achat ! En réalité, le plus important pour nous est de bien comprendre quelles tendances ou mégatendances vont définir l’évolution du secteur pour ces 10, 15 ou 20 prochaines années.

      Quels sont alors pour vous ces mégatendances qui vont imprimer sa dynamique aux valeurs industrielles, à moyen et long terme?
      Je commencerais par l’automatisation, un axe fondamental que nous couvrons entre autres avec notre stratégie Robotics. Nous avons identifié très tôt ce mouvement de fonds en voyant se dessiner une divergence de plus en plus nette entre les coûts de main d’œuvre et les coûts d’automatisation. Les uns sont appelés à monter encore, les autres à baisser et il y a là de profonds changements en cours. Ils sont d’autant plus imposants que la crise du covid en 2020 et la guerre en Ukraine cette année n’ont fait que les exacerber. Les problèmes apparus dans les chaînes d’approvisionnement ont forcé tous les acteurs à repenser leurs circuits de distribution et à réinvestir dans des centres de production relocalisés.

      En dehors de l’automatisation, quels grands thèmes vous intéressent plus particulièrement dès lors qu’ils touchent au secteur industriel?
      On parle beaucoup de sustainability et de son impact sur la demande pour les produits industriels. Le développement de la mobilité électrique s’inscrit dans cette logique. Mais pour mettre des voitures électriques sur les routes, avec ou sans chauffeur, il faudra toujours en passer par des installations et des processus industriels. Or, l’un des plus importants leviers à considérer aujourd’hui est de savoir comment rendre ces installations et ces processus plus « sustainable ».
      Pour y parvenir, nous aurons de plus en plus recours à la digitalisation, et aux avancées qu’elle permet, notamment en termes de modélisation et de simulation. Au final, il s’agit de produire plus, ou mieux, avec moins. Toute une industrie est en train de percer dans ce domaine. Quand on aborde le secteur de l’industrie aujourd’hui, on y associe très vite celui de la technologie. C’est d’ailleurs un facteur déterminant pour juger de la capacité des entreprises à se projeter dans le futur. Si elles n’ont pas encore enclenché la vitesse 4.0, elles doivent se préparer à des lendemains difficiles. La convergence qui a lieu entre technologie et industrie ne va faire que croître.

      Dans le secteur industriel, quels segments vous semblent avoir le plus fort potentiel de croissance?
      Nous nous intéressons à tous ces catalyseurs qui transforment radicalement la façon dont les usines fonctionnent. En anglais, on emploie plutôt le terme « enablers ». Dans cet ensemble, je peux mentionner les applications créées et mises en œuvre pour programmer et animer des robots. Elles intègrent des logiciels, des capteurs sensoriels, et différents programmes d’intelligence artificielle. Elles servent à traiter des données et à faire en sorte que des tâches spécifiques puissent être planifiées puis exécutées par des machines. Ce qui est compliqué, ce n’est pas de construire des robots mais de les rendre intelligents.

      Quelles entreprises vous viennent en tête?
      Dans cette industrie des « enablers », le fabricant allemand Infineon s’est imposé parmi les leaders du marché. Infineon est un spin-off de Siemens qui produit des semi-conducteurs de puissance, mais aussi de plus en plus de capteurs et de microcontrôleurs, entre autres. Ils sont très présents dans le secteur de l’automobile, et dans pas mal d’autres domaines.
      En ce qui concerne l’ingénierie informatique, qui alimente l’automatisation et la robotique, ce sont les noms de Adair Engineering et de Finopsys qui me viennent en tête. Ce sont deux entreprises que nous suivons avec le plus intérêt. Finopsys se distingue plus particulièrement dans tout ce qui touche à la dématérialisation des processus industriels.
      Si vous me le permettez, je voudrais sortir du secteur industriel et faire un rapide détour par celui de la santé pour citer aussi Intuitive Surgical qui se consacre à la chirurgie robot-assistée. Ce qui me frappe là encore dans ce cas, c’est la convergence entre les capteurs et les logiciels. C’est une dominante en ce moment dans le monde de l’industrie. Les entreprises du secteur se doivent de maîtriser parfaitement ces nouvelles technologies.

      Comment définiriez-vous ce concept d’Industrie 4.0?
      Pour rester sur un plan assez général, le concept d’Industrie 4.0 consiste surtout à utiliser, ou à consommer moins, pour produire mieux. Il s’agit d’une exploitation plus rationnelle, plus efficiente, plus intelligente des ressources. Regardez, pour illustrer cette idée, ce que permet aujourd’hui l’Internet des objets dans le monde industriel. Les applications de type IoT génèrent des performances plus élevées dans l’automatisation des processus, dans la gestion des inventaires, voire dans le pilotage global de l’outil industriel. Elles tirent tout vers le haut, jusque dans la relation client et dans le service après-vente, qui prend d’ailleurs une nouvelle dimension. Les entreprises ont ainsi la possibilité de mieux anticiper, de mieux planifier à différents stades de leur chaîne de valeur. Nous en revenons toujours à cette même idée de convergence entre les nouvelles technologies et les processus industriels. Pour les investisseurs que nous sommes, tout cela se traduit au final par une hausse des marges et de la compétitivité.

      Que rentrez-vous plus précisément dans ces nouvelles technologies qui participent en ce moment à l’émergence de l’Industrie 4.0?
      Nous en avons déjà abordé beaucoup. La transformation du secteur manufacturier passe aujourd’hui essentiellement par le digital qui propose des solutions toujours plus nomberuses, et en même temps toujours plus accessibles. La boîte à outils est gigantesque. Vous y trouvez l’Internet des Objets – on parle d’ailleurs de plus en plus d’Internet industriel des objets – le Big Data et toute l’analytique qui s’en suit, le cloud computing, le machine learning et bien sûr l’intelligence artificielle. L’IA est un immense champ de recherches où des progrès énormes seront encore accomplis ces prochaines années.
      Car il faut rendre les machines toujours plus intelligentes ! Ce qui se traduira aussi par des développements importants dans les domaines des capteurs, des logiciels et de la programmation.

      Quelles sont les grandes lignes de votre stratégie d’investissement?
      Nous nous concentrons vraiment sur ces mégatendances qui créent de la valeur sur le long terme parce qu’elles amènent de profonds changements. Nous préférons éviter les vues cycliques, de peur d’avoir à courir dans tous les sens sans direction claire. Nous avons donc identifié une quinzaine de grandes tendances dont les horizons s’étendent au-delà des quinze ans, avec la durabilité et la technologie au centre de toutes nos attentions. A partir de ces mégatendances, nous essayons ensuite de définir des thématiques. Il arrive d’ailleurs souvent que des thèmes d’investissement apparaissent à l’intersection de plusieurs tendances, toujours dans cette même logique de convergence sur laquelle nous travaillons beaucoup.
      Enfin, une fois que nous avons pu fixer nos thématiques, nous sommes en mesure d’exprimer nos convictions, avec fermeté, en évitant de se laisser embarquer dans des évènements de marché qui créent des allers-retours pas forcément bénéfiques pour nos clients. Nos convictions nous servent de boussole en quelque sorte.

      Dans le secteur manufacturier, quelles entreprises vous paraissent avoir pris un temps d’avance?
      Je voudrais sortir du secteur manufacturier, quitte à y revenir ensuite, pour mettre en avant une société comme Alphabet. J’insiste sur cette idée fondamentale de convergence. Les applications développées dans le domaine de l’intelligence artificielle auront à terme un énorme impact sur tout le secteur industriel. Il faut donc voir Alphabet comme un formidable catalyseur. Il en va de même pour Salesforce. L’entreprise n’appartient pas au secteur manufacturier mais les solutions qu’elle propose révolutionnent la façon dont les sociétés gèrent leurs fonctions Sales et CRM.
      Pour en revenir aux Industrielles, j’ai déjà cité Infineon et Finopsys, mais je pourrais ajouter aussi Siemens, très avancé sur la partie Automatisation, et NXP, dans la catégorie « Enabling » qui proposent des produits très innovants, destinés notamment à un secteur automobile très demandeur. Et je finirais par les grands seigneurs de l’automation, à savoir les Japonais. Sur ce segment, nous suivons Fanuc avec le plus grand intérêt.

      Pour s’en tenir au secteur manufacturier, les entreprises peuvent-elles aujourd’hui mener de front une politique « sustainable » tout en assurer leur compétitivité?
      Je ne pense pas que ces objectifs soient conflictuels. Loin de là. Si nous remontons dix ans en arrière, la situation était un peu différente. Il n’était pas bien vu de s’inquiéter de l’impact que pouvait produire une usine sur l’environnement. Les pollueurs avaient tendance à bénéficier de valorisations plus fortes car les engagements ESG n’étaient pas encore entrés dans la norme. Aujourd’hui, le rapport s’est complètement inversé. Le marché récompense les bons élèves. Les autres sont pénalisés. Pour moi, je ne vois donc pas de contradiction. C’est plutôt un développement très positif.

      Biographie

      Hans Peter Portner

      Pictet Asset Management

      Hans Peter Portner a rejoint Pictet Asset Management en 1997. Il dirige l’équipe en charge des actions thématiques. Il a débuté sa carrière en 1992 en tant que portfolio manager chez UBS Brinson à Bâle où il s’est spécialisé dans les actions internationales. En 1997, il a rejoint Pictet Asset Management à Genève en tant que Senior Investment Manager pour continuer à travailler sur ces mêmes actions internationales. Entre 1999 et 2001, c’est à Londres qu’il a occupé ce poste. Hans Peter est titulaire d’un Master en économie obtenue à l’Université de Berne et il détient également la certification Chartered Financial Analyst (CFA).

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