Dans les jours qui viennent, vous allez manger de la Fed, et moi aussi. Il va être difficile de se dépêtrer du poids de la décision de politique monétaire que la banque centrale américaine doit rendre mercredi. Les traders sont sûrs à 96,2% que les taux directeurs américains vont baisser de 25 points de base, pour passer de la fourchette 4,25 à 4,50% à la fourchette 4,00 à 4,25%. Le prix de l’argent aux Etats-Unis est actuellement le plus élevé parmi les grandes économies occidentales, parce que la Fed n’a pas pu lancer de cycle de baisse de taux à cause d’une inflation préoccupante. Ou à cause de sa nullité, selon Donald Trump. Sans entrer dans ce débat, une baisse de taux viendrait renforcer le scénario préféré des investisseurs, qui pensent que les marchés actions peuvent continuer à monter si la banque centrale introduit suffisamment de souplesse dans le système pour garantir à l’économie américaine de poursuivre son ascension sans laisser l’inflation déraper. Cet exercice d’équilibriste est loin d’être évident, ce qui explique que le patron de la Fed va devoir sortir un discours de funambule mercredi en marge de la décision. Mais on aura le temps d’en reparler d’ici là.
Plusieurs autres grosses banques centrales sont sur le pont cette semaine. Comme elles ont généralement déjà fait le job pour réduire leurs taux, grâce à une inflation plus faible qu’aux Etats-Unis, plusieurs statu quo sont attendus. Seule la Banque du Canada devrait poursuivre sa baisse de taux, pour ramener sa jauge de 2,75 à 2,50%. Voici les explications limpides de l’économiste d’ING James Knightley sur cette prédiction : « L’économie canadienne est fortement exposée aux tarifs douaniers américains du président Donald Trump, et la production s’est fortement contractée au deuxième trimestre, tandis que l’emploi a chuté pour un deuxième mois consécutif en août, faisant grimper le taux de chômage à 7,1%. L’inflation est globalement conforme à l’objectif, de sorte que la BdC dispose d’une marge de manœuvre pour rapprocher les taux du bas de la fourchette neutre perçue. »
Hors cette actualité très banco-centralisée, difficile d’échapper à la dégradation de la notation crédit de la France par l’Agence Fitch. Grâce à la magie du SEO, même la presse locale s’est emparée du sujet à grands coups de titres putassiers du genre « Perte du double A de la France, quelles conséquences pour votre portefeuille ? » ou « Perte du AA : la France peut-elle faire faillite ? ». (Nota Bene : pour les nostalgiques du AA, il vous reste toujours ce groupe suédois au chanteur BG dont toutes mes copines étaient amoureuses au collège). Fitch considère que la solidité financière de la France continue à se dégrader, ce qui entraîne son déclassement d’un cran dans l’échelle de l’agence, de AA- à A+. C’est un peu la conséquence de l’ensemble de l’œuvre politique française des dernières décennies, renforcée par le bordel récent.
Grosso modo, si vous continuez à creuser votre déficit mais que vous donnez l’impression de pouvoir y faire quelque chose un jour même si tout le monde sait que c’est faux, vous avez de bonnes chances de conserver votre notation crédit. Par contre si la désorganisation et la perte de contrôle commencent à être trop visibles, pouf, le couperet tombe. Avec cette baisse, la signature crédit de la République française devient moins solide, ce qui signifie principalement qu’elle risque d’emprunter plus cher. Ce qui n’est pas une super nouvelle quand on est sous perfusion d’emprunt. Fitch souligne en plus que la marge de manœuvre de la France n’est pas folle, vu qu’elle affiche déjà le taux de prélèvements obligatoires le plus élevé de l’Union européenne (45,6% du PIB) et des dépenses sociales très élevées (32% du PIB). « A+ » reste une très bonne notation, mais c’est la trajectoire, plus que le niveau, qui inquiète. Tiens, dans le même temps, S&P a relevé la note de l’Espagne à A+ et Fitch celle du Portugal à A-. Les efforts des pays du sud de l’Europe paient. Le coût de la dette française n’a pas beaucoup décalé après l’annonce de Fitch : une partie de la dégradation était déjà intégrée dans la prime de risque. Mais prudence quand même, parce que ce genre de poison met du temps à s’infuser et complique toute l’équation économique hexagonale.
Les infos à ne pas rater pour bien démarrer la semaine :
- Les Etats-Unis et la Chine ont repris leurs négociations sur leur relation commerciale future. Histoire de démarrer sur de bonnes bases, Pékin a lancé une enquête officielle sur les puces importées des Etats-Unis. J’ai l’impression qu’on va assister au retour de la thématique « la Chine va devoir stimuler son économie », que les marchés actions affectionnent.
- La Chine où les dernières statistiques sont faiblardes : l’investissement, la consommation et la production industrielle étaient inférieures aux attentes en août, tandis que le secteur immobilier poursuit son chemin de croix.
- Un sommet de pays arabes et musulmans pour soutenir le Qatar après l’attaque d’Israël.
- Donald Trump a pressé les pays de l’Otan à cesser d’acheter du pétrole russe. La Maison Blanche est en échec face à Vladimir Poutine et cherche des façons de peser à nouveau sur la Russie.
- Sur l’agenda macro, les banques centrales prennent le pouvoir. La Réserve fédérale américaine sera la plus suivie, avec une baisse de taux d’un quart de point attendue mercredi. Elle sera escortée par la Banque du Canada et la Banque du Brésil (mercredi également), par la Banque d’Angleterre (jeudi) et par la Banque du Japon (vendredi). La position de la BoE sera toutefois scrutée de près parce que la Chancelière de l’échiquier Rachel Reeves pourrait avoir à trouver 4 milliards de livres pour équilibrer son budget si la banque centrale cesse ses ventes de Gilts.
- Côté entreprises, l’agenda est léger : un peu de FedEx, un soupçon d’Exor, une pincée de Bolloré… et pas grand-chose d’autre.
En Asie-Pacifique, les parcours sont disparates. L’Australie et Taiwan démarrent la semaine en légère baisse de 0,2%. L’Inde est étale. La Chine, malgré les piètres statistiques du jour, est en hausse modérée, aussi bien à Hong Kong que sur le continent. Le Japon est plus fringant, avec une hausse de 0,9% pour un Nikkei 225 qui n’a baissé qu’une fois au cours des neuf dernières séances. Les indicateurs avancés européens sont haussiers.
Le CAC 40 a démarré la journée en hausse de 0,4% à 7856 points. Le SMI prend 0,2% à 12 217 points. Le Bel 20 est à +0,3% à 4788 points.
Un peu d’autopromo pour finir : si vous aimez les histoires sur le monde financier, je vous recommande chaudement notre nouveau podcast, La Finance Décomplexée. Au micro, l’ami Thomas Veillet, le seul gars qui se lève encore plus tôt que moi pour décrypter le monde de la bourse. C’est excellent et c’est au moins une fois par semaine. Disponible ici et sur toutes vos plateformes préférées, comme Apple Podcast, Spotify ou Deezer.
Les temps forts économiques du jour
Aux Etats-Unis, l’indice d’activité Empire State sera publié à 14h30. Tout l’agenda ici.
Les cotations sont celles du jour autour de 7h00, les liens permettent d’avoir le temps réel :
- Euro : 1,1730 USD
- Once d’or : 3643 USD
- Brent : 67,36 USD
- Spread Bund / OAT : 79 points (stable)
- VIX : 14,76 (+0,05%)
- 10 ans US : 4,07%
- Bitcoin : 115 531 USD
Les principaux changements de recommandations
- Adidas : HSBC maintient sa recommandation d’achat et réduit l’objectif de cours de 280 EUR à 270 EUR.
- Airbus : RBC Capital reste à surperformance avec un objectif de cours relevé de 200 à 220 EUR.
- Bakkafrost : Arctic Securities passe de conserver à acheter avec un objectif de cours relevé de 445 NOK à 500 NOK.
- Baloise Holding : Bank Vontobel reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 210 à 216 CHF.
- BE Semiconductor Industries : New Street Research maintient sa recommandation d’achat et relève l’objectif de cours de 140 à 160 EUR.
- British American Tobacco : Baptista Research passe de conserver à sousperformance avec un objectif de cours relevé de 42,40 USD à 54 USD.
- CVC Capital Partners : Autonomous Research passe de sousperformance à neutre avec un objectif de cours relevé de 15,30 EUR à 16 EUR.
- Dassault Aviation : JP Morgan reste neutre avec un objectif de cours relevé de 280 à 325 EUR.
- Dassault Systèmes : Jefferies reste à sousperformance avec un objectif de cours réduit de 26 à 24 EUR.
- Davide Campari : RBC Capital passe de sousperformance à performance de marché avec un objectif de cours de 5,80 EUR.
- Fortum : Grupo Santander démarre le suivi à neutre avec un objectif de cours de 14,90 EUR.
- Galderma Group : Goldman Sachs maintient sa recommandation d’achat et relève l’objectif de cours de 140 à 160 CHF.
- Givaudan : Jefferies passe de sousperformance à conserver avec un objectif de cours relevé de 3200 à 3600 CHF.
- Helvetia Holding : Bank Vontobel passe d’acheter à conserver avec un objectif de cours relevé de 213 à 214 CHF.
- Ipsen : Barclays reste à pondération de marché avec un objectif de cours relevé de 110 à 120 EUR.
- J Sainsbury : JP Morgan maintient sa recommandation surpondérer et relève l’objectif de cours de 330 à 363 GBX.
- Mowi : Arctic Securities passe de conserver à acheter avec un objectif de cours relevé de 200 NOK à 255 NOK.
- Puma : Rothschild & Co Redburn passe d’acheter à neutre avec un objectif de cours de 24 EUR.
- Robertet : Jefferies reste à acheter avec un objectif de cours réduit de 1040 à 980 EUR. Berenberg reste à acheter avec un objectif de cours relevé de 1120 à 1130 EUR.
- Rubis : Bernstein démarre le suivi à surperformance avec un objectif de cours de 38,70 EUR.
- Saint-Gobain : Barclays reste à surpondérer avec un objectif de cours relevé de 116 à 119 EUR.
- Sopra Steria Group : AlphaValue/Baader Europe maintient sa recommandation d’achat et réduit l’objectif de cours de 254 à 253 EUR.
- TFF Group : Berenberg reste à acheter avec un objectif de cours réduit de 27 à 22 EUR.
- Unilever : Baptista Research passe de surperformance à conserver avec un objectif de cours relevé de 65,90 USD à 71,30 USD.
- Wacker Chemie : JP Morgan reste neutre avec un objectif de cours réduit de 78 à 60 EUR.
En France
Annonces importantes (et moins importantes… Je précise que les informations sont données à chaud avant l’ouverture et ne préjugent pas de la couleur des actions pendant la séance)
- Airbus, Thales et Leonardo pourraient signer un premier accord cette année sur un partenariat dans le domaine des satellites, selon un dirigeant d’Airbus.
- Air Liquide envisage de vendre ses actifs dans le biométhane.
- L’Irak signe un accord d’exploitation conjointe avec TotalEnergies et QatarEnergy LNG, annonce le premier ministre irakien.
- Bernard Arnault (LVMH) n’est pas insensible à Armani, après que le testament du styliste a indiqué que la société sera à terme cédée à un géant du luxe.
- S&P a relevé sa perspective sur la note A- de Bouygues de « négative » à « stable ».
- Veolia fournit des technologies de pointe pour le plus grand projet d’eau industrielle du Moyen-Orient, en Arabie Saoudite.
- Amundi lance une augmentation de capital réservée à ses salariés.
- Fitch a abaissé la note crédit d’Eramet de BB à BB-.
- Virbac publie un bénéfice en baisse au 1er semestre et confirme ses objectifs annuels.
- Bic annonce trois changements d’administrateurs, dont le nouveau DG.
- Worldline nomme Srikanth Seshandri directeur financier.
- Maurel nomme un nouveau président du conseil d’administration.
- Immobilière Dassault annonce le lancement d’une augmentation de capital d’environ 25 MEUR à 37 EUR l’action.
- Sword acquiert Bubble Go.
- Capital B fait monter son stock de bitcoins à 2249.
- Crypto-blockchain Industries acquiert des serveurs de minage.
- Les principales publications du jour : Agripower, Delfingen… Le reste ici.
Dans le vaste monde
Annonces importantes (et moins importantes)
D’Europe
- Orsted fixe une décote de 67% pour son augmentation de capital géante de 9,4 milliards de dollars.
- J Sainsbury annonce la fin de ses discussions avec com pour la vente d’Argos.
- Un dirigeant d’UBS Group a récemment rencontré des responsables de l’administration du président américain Donald Trump pour discuter d’un éventuel déménagement aux Etats-Unis, a rapporté le New York Post.
- Les actionnaires de Nestlé demandent la démission du président du conseil d’administration en raison des turbulences au sein de la direction, révèle le FT.
- Rheinmetall rachète NVL, la branche militaire navale de Luerssen.
- ABN Amro pourrait supprimer des emplois dans sa branche risques.
- Centrica et X-energy signent un accord de développement conjoint pour déployer les premiers réacteurs modulaires avancés du Royaume-Uni.
- La triple dose d’un médicament de Novo Nordisk entraîne une perte de poids de 19 % dans les essais, indique le FT.
- Craneware enregistre une hausse de son bénéfice et de son chiffre d’affaires.
- Eric Bernard, le nouveau directeur général de Sonova, entre en fonctions ce matin.
- L’acquisition par Snam d’une participation dans Open Grid Europe est retardée, selon Il Sole 24 Ore.
- Burckhardt Compression se renforce aux Etats-Unis.
- AstraZeneca renonce à agrandir un centre de recherche à Cambridge.
- Les principales publications du jour : Craneware…
D’Amérique du Nord
- Brookfield Asset Management est en pourparlers pour racheter Yes ! Communities à la société singapourienne GIC dans le cadre d’une transaction de 10 milliards de dollars, selon le FT.
- Le PDG de Unitedhealth a rencontré le secrétaire général de la Maison-Blanche pour discuter de l’assurance-maladie, selon le WSJ.
- Le président de Tesla affirme que la rémunération de 1 000 milliards de dollars poussera Musk à faire des « choses impossibles », indique-t-il au FT.
- Corteva envisage de scinder ses activités semences et pesticides, selon le WSJ.
- CoreWeave va annoncer des investissements supplémentaires au Royaume-Uni la semaine prochaine.
- Robby Walker, responsable de l’intelligence artificielle et de la recherche chez Apple, quitte le fabricant de l’iPhone, selon Bloomberg.
- Les principales publications du jour : rien…
D’Asie et d’ailleurs
- CATL flambe de 7% à Hong Kong et touche un record depuis son IPO en mai dernier.
- BYD annonce qu’elle répondra rapidement à une initiative de l’Association chinoise des constructeurs automobiles appelant à des paiements rapides aux fournisseurs afin de promouvoir un développement de haute qualité de l’industrie automobile du pays.
- Les principales publications du jour : néant…
Le reste de l’agenda mondial des publications ici.
Lectures
- Les entreprises françaises empruntent moins cher que le gouvernement (Financial Times, en anglais).
- Comment Paul Hudson dirige le « Fight Club » de Sanofi en matière d’IA (Semafor, en anglais).
- Ces jeunes qui rêvent d’un pouvoir autoritaire (La Croix).
- La banque centrale suisse apprend à vivre avec un franc fort (Bloomberg, en anglais).
- Finances publiques, le mal français : ce rapport choc qui pointe deux siècles de dérive (L’Express).
- L’histoire racontée par l’IA, comment les algorithmes transforment le passé (Le Monde).
- Où les ultra-riches vont-ils en vacances ? (L’ADN).