« C’est qui le plus fort, le panda ou l’éléphant ? » Pour détourner — avec tout le respect dû à « La Cité de la Peur » — la fameuse réplique du fameux économiste cannois Simon Jérémi, c’est bien la question que se posaient hier les marchés, après l’annonce surprise d’une trêve commerciale entre Pékin et Washington. Qui sort gagnant de ce premier round du bras de fer sino-américain ? Officiellement, les deux mastodontes ont signé une « paix des braves » de 90 jours. Officieusement, rares sont ceux qui y voient une victoire pour les États-Unis. En revanche, l’idée que la Chine ait tiré son épingle du jeu fait florès (PS : lire ici une explication savoureuse sur la symbolique de l’éléphant pour les Républicains US). 

Pour autant, l’issue du sommet de Genève entre les deux puissances a ravi les marchés actions, qui ont considéré cela comme inespéré à ce stade. Inespéré, ça signifie +4% pour le Nasdaq et +3,3% pour le S&P 500 hier à la clôture. Ruée sur les valeurs à effet de levier, avec une mention spéciale pour les entreprises fortement dépendantes des approvisionnements chinois ou exposées au fret. Les secteurs défensifs ont, logiquement, été boudés. En Europe, la réaction a été plus mesurée, mais le Stoxx Europe 600 a pris 1,2%. Il gagne 7,3% en 2025, pendant que le S&P 500 perd 0,6%. Ce différentiel d’environ 8% tend à se réduire : il ressortait à 12% il y a trois semaines.

Concrètement, pendant 90 jours, les droits de douane américains sur la majorité des importations chinoises passent de 145% à 30%, tandis que Pékin abaisse les siens de 125% à 10%. Les pronostics tournaient plutôt autour d’un abaissement à 50% côté Etats-Unis, d’où les scores hors normes du rebond de la veille à Wall Street. Ce répit reste toutefois conditionnel : les deux puissances commerciales ont trois mois pour avancer sur plusieurs sujets sensibles, ce qui ne sera pas simple.

L’élément le plus frappant sur les marchés hier est la réaction du compartiment obligataire : les rendements de la dette américaine à deux ans et à dix ans ont pris l’ascenseur. Environ 4,45% pour le 10 ans. Je vais faire un peu de vulgarisation. J’espère que les puristes me pardonneront les raccourcis. Imaginons l’économie américaine comme une équation. Il y a quatre variables actuellement. La première est la dynamique économique. La seconde est le curseur des droits de douane. La troisième est l’inflation et la dernière, les taux d’intérêts de la Fed. Quand Donald Trump a jeté à la face du monde ses droits de douane début avril, la réaction primaire a été : (+) de droits de douane = (+) d’inflation = taux élevés = (-) de croissance. Puis la Maison Blanche a commencé à rétropédaler, pour laisser un niveau de droits de douane minimum au monde et maximum à la Chine. La réaction secondaire a été : (-) de droits de douane que prévu = (-) d’inflation que prévu = (-) de croissance quand même = baisse de taux possible. Depuis hier, l’équation a un peu changé. Le marché pense (-) de droits de douane que prévu = (+) de croissance que prévu = (+) d’inflation que prévu en phase secondaire = baisse de taux plus compliquée. C’est ce qui explique la hausse des rendements obligataires hier, et le décalage des paris de baisses de taux visible sur l’outil FedWatch du CME. L’hypothèse d’un assouplissement monétaire en juin est toujours écartée, mais la baisse est aussi devenue minoritaire pour juillet, pour la première fois depuis plusieurs semaines. Le marché vise désormais un premier mouvement en septembre.

Cela ne devrait pas modifier la perception de la Fed, qui a récemment rappelé que, selon elle, le coût de l’attente reste modeste. Une autre façon de dire qu’il n’y a pas d’urgence à agir sur les taux. Car si dans l’absolu la tendance est à la désescalade avec la Chine, en relatif, les droits de douane effectifs moyens des Etats-Unis seront plus élevés qu’ils ne l’étaient auparavant, et même les plus élevés depuis la fin de la seconde guerre mondiale. A ce stade, ces droits sont « trois à cinq fois plus élevés qu’auparavant », a rappelé le membre de la Fed Austan Goolsbee.

Dans le reste de l’actualité, la croisade de Donald Trump contre le prix du médicament aux Etats-Unis continue et pèse sur la performance des laboratoires et des biotechs. Par ailleurs, une commission de la Chambre des représentants américaine a publié un projet de réforme fiscale visant à réduire les impôts de plus de 4 000 milliards de dollars et les dépenses d’au moins 1 500 milliards de dollars sur dix ans. En revanche, la proposition d’augmentation des impôts pour les Américains les plus riches est passée à la trappe. Dans le volet géopolitique, le flou règne encore sur les participants au sommet d’Istanbul entre l’Ukraine et la Russie le 15 mai. Le président ukrainien a demandé à Vladimir Poutine et Donald Trump d’être présents. Le locataire de la Maison Blanche est en tournée au Moyen-Orient. Il ne fera en tout cas pas de crochet pour rencontrer Benyamin Netanyahou, car les relations entre les deux hommes seraient glaciales depuis quelques jours.

La séance boursière du jour sera surtout marquée par l’inflation d’avril aux Etats-Unis, qui est donc une composante clef de l’équation que j’ai posée plus haut. Les économistes pensent que les prix ont progressé de 0,3% sur un mois et de 2,4% sur un an. L’inflation de base est attendue elle aussi en hausse de 0,3% sur un mois et de 2,8% sur un an. Toute déviation dans un sens ou dans l’autre sera source de volatilité. Verdict à 14h30.

Du côté des marchés orientaux, le Japon gagne 1,7%, Taiwan 1,1% et l’Australie 0,5%. En revanche, la Corée du Sud et la Chine continentale sont légèrement dans le rouge, pendant que l’Inde cède 1% et que Hong Kong lâche 1,5%. Les indicateurs avancées européens sont légèrement baissiers.

Le CAC40 recule de 0,1% à 7840 points. Le SMI grappille 0,1% à 12 232 points. 

Les temps forts économiques du jour

Au programme aujourd’hui : les chiffres du chômage au Royaume-Uni et le sondage ZEW allemand seront publiés en matinée. Aux Etats-Unis, place à l’IPC d’avril. Tout l’agenda ici.

Les cotations sont celles du jour autour de 7h00 :

Les principaux changements de recommandations

  • Adyen : Autonomous Research passe de neutre à surperformance avec un objectif de cours relevé de 1700 à 2200 EUR.
  • Alan Allman Associates : Portzamparc maintient sa recommandation d’achat forte avec un objectif de cours réduit de 6 à 5,40 EUR.
  • Anheuser-Busch Inbev : AlphaValue/Baader Europe maintient sa recommandation d’accumuler avec un objectif de cours relevé de 71,10 à 77,40 EUR.
  • ArgenX : Baird passe de neutre à surperformance avec un objectif de cours de 680 USD.
  • Arkema : JP Morgan maintient sa recommandation de souspondérer avec un objectif de cours réduit de 68,50 à 65 EUR.
  • Aston Martin Lagonda : Mediobanca dégrade de sousperformance à neutre avec un objectif de cours relevé de 49 GBX à 78 GBX.
  • Compagnie Financière Richemont : SBG Securities maintient sa recommandation de conserver avec un objectif de cours relevé de 146 à 158 CHF.
  • Crédit Agricole : Morgan Stanley maintient sa recommandation de pondération de marché avec un objectif de cours relevé de 18 à 19 EUR.
  • Eni : Zacks dégrade de neutre à sousperformance avec un objectif de cours réduit de 31 à 25 USD.
  • Euronext : ING Bank maintient sa recommandation d’achat et relève l’objectif de cours de 107,80 à 173 EUR.
  • Geberit : Bernstein démarre le suivi à sousperformance avec un objectif de cours de 440 CHF. Oddo BHF passe de neutre à surperformance avec un objectif de cours relevé de 580 CHF à 680 CHF.
  • GTT : Bernstein maintient sa recommandation de surperformance avec un objectif de cours relevé de 174 à 175 EUR.
  • Holcim : Bernstein démarre le suivi à surperformance avec un objectif de cours de 115 CHF.
  • Ionos Group : Morgan Stanley dégrade de surpondérer à pondération de marché avec un objectif de cours relevé de 32,70 EUR à 38 EUR.
  • Julius Bär : RBC Capital maintient sa recommandation de surperformance avec un objectif de cours réduit de 70 à 65 CHF.
  • Kingspan Group : Bernstein démarre le suivi à sousperformance avec un objectif de cours de 65 EUR.
  • Robertet : Berenberg démarre le suivi à l’achat avec un objectif de cours de 1090 EUR.
  • Rockwool : Bernstein démarre le suivi à surperformance avec un objectif de cours de 360 DKK.
  • Saint-Gobain : RBC Capital initie un suivi à performance de secteur avec un objectif de cours de 110 EUR.
  • Schneider Electric : Barclays dégrade de surpondérer à pondération de marché avec un objectif de cours réduit de 239 EUR à 235 EUR.
  • Sika : RBC Capital initie à surperformance avec un objectif de cours de 276 CHF.
  • Stadler Rail : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 21,50 à 24 CHF.
  • Tecan Group : Bank Vontobel AG maintient sa recommandation de conserver avec un objectif de cours réduit de 205 à 195 CHF.
  • TotalEnergies : HSBC maintient sa recommandation d’achat avec un objectif de cours réduit de 67 à 61 EUR.
  • Ubisoft Entertainment : Deutsche Bank maintient sa recommandation de conserver avec un objectif de cours réduit de 13 à 12 EUR.
  • UBS Group : Mediobanca maintient sa recommandation de sousperformance avec un objectif de cours relevé de 24 à 25 CHF.
  • Unibail-Rodamco-Westfield : Bernstein maintient sa recommandation de surperformance avec un objectif de cours réduit de 103 à 101 EUR.

En France

Annonces importantes (et moins importantes… Je précise que les informations sont données à chaud avant l’ouverture et ne préjugent pas de la couleur des actions pendant la séance)

  • TotalEnergies chercherait à vendre 50% de ses parts dans des unités européennes de biogaz.
  • Orange a émis 1,5 Md€ de dette obligataire à 5 ans (2,75%) et à 10 ans (3,6%).
  • Des salariés d’ArcelorMittal s’invitent à Paris pour protester contre le plan social de l’aciériste.
  • Mobilize (Renault) et Autostrade finalisent leur alliance stratégique pour la mobilité en Italie.
  • Satispay s’associe à Amundi pour offrir un service de fonds monétaires en Italie.
  • Les autorités antitrust de l’UE doivent se prononcer sur l’accord entre SES et Intelsat d’ici le 10 juin.
  • Esso met fin à la maintenance de la raffinerie de Port-Jérôme-Sur-Seine.
  • GL Events a été désigné « attributaire » du contrat de concession d’exploitation du Stade de France pour une durée de 30 ans par l’Etat, dernière étape avant la signature définitive.
  • Peugeot Invest investit 125 M$ dans BroadStreet Partners, un leader du courtage d’assurance en Amérique du Nord.
  • Quadient et Nuvei signent un nouveau partenariat pour renforcer les capacités de paiement dans le cloud à l’échelle mondiale.
  • Manitou annonce l’acquisition de l’activité robotique de Sitia.
  • Solutions 30 prend le contrôle de SOTEC.
  • Riber obtient une commande pour une machine MBE 412 Cluster.
  • Carmat recrute 52 patients pour l’étude EFICAS
  • Les principales publications du jour : Equasens, Bilendi, Prismaflex, Cellectis, Innate, Poxel, OeneoLe reste ici.

Dans le vaste monde

Annonces importantes (et moins importantes)

D’Europe

  • ABB Ltd étudie une vente potentielle de son unité de robotique, qui pourrait valoir plus de 3,5 milliards de dollars, selon Bloomberg.
  • Banco de Sabadell aurait sondé les actionnaires d’Unicaja sur une opération, selon Bloomberg.
  • Anheuser-Busch Inbev investit 300 millions de dollars dans ses installations aux Etats-Unis.
  • Equinor pourrait annuler son projet éolien offshore à New York en raison de la politique de la Maison Blanche.
  • Bayer publie un Ebitda plus élevé que prévu au T1.
  • Munich Re affiche une baisse de 48% de ses bénéfices après les sinistres liés aux incendies de Los Angeles.
  • Hannover Re confirme ses prévisions pour 2025.
  • Partners Group va racheter la plateforme de centres de données Digital Halo, basée à Singapour.
  • Mercedes va ajouter la production du SUV GLC à son usine de l’Alabama.
  • Galapagos nomme un nouveau PDG et revient sur sa décision de scinder ses activités.
  • Sixt confirme ses prévisions 2025.
  • Le fisc français a lancé un nouveau contrôle fiscal sur la TVA réduite de Canal+, révèle la Lettre.
  • AllianzGI votera contre la réélection du président lors de l’assemblée générale annuelle d’Adidas.
  • Qiagen acquiert Genoox pour 70 millions de dollars, plus 10 millions de dollars en paiements d’étapes.
  • L’homme d’affaires italien Romano Minozzi a acquis une participation de 3,1% dans Eni.
  • Universal Music nomme Matt Ellis au poste de directeur financier.
  • Grifols confirme ses prévisions pour 2025.
  • StoneX acquiert le courtier en grains français Plantureux.
  • Les principales publications du jour : Munich ReFerrovialHannover ReBayer AGEnBWPKO Bank, Alfen, Vastned

D’Amérique du Nord

D’Asie Pacifique et d’ailleurs

  • Petrobras affiche une hausse de ses bénéfices au premier trimestre grâce à des éléments exceptionnels et annonce un dividende de 2,1 milliards de dollars.
  • Softbank publie des résultats plus élevés que prévu.
  • Honda décale d’au moins deux ans son projet d’usine VE au Canada.
  • Nissan va suspendre ses activités dans certaines usines nationales dans le cadre d’une restructuration, selon Nikkei.
  • Les principales publications du jour : Bharti AirtelSoftBank GroupHonda MotorTata MotorsInpex CorporationASUSTeK

Le reste de l’agenda mondial des publications ici.

Lectures

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