Le S&P500 américain a progressé pour la troisième fois consécutive hier, mais ça s’est joué à un cheveu puisque l’indice a terminé sur un gain de 0,01%. Cette indécision reflète les informations contradictoires envoyées hier par les statistiques macroéconomiques qui se sont empilées outre-Atlantique, agrémentées des habituels soubresauts politiques liés à la présidence Trump. En Europe, la poursuite du changement de paradigme budgétaire en Allemagne a soutenu les indices. Le chancelier Merz a annoncé des allègements fiscaux représentant 46 milliards d’euros pour les entreprises afin de relancer l’économie outre-Rhin. Le Stoxx Europe 600 a repris 0,5%.

Côté Wall Street, l’ambiance de la veille était plutôt : « trop bien, les taux d’intérêts vont finalement peut-être baisser dès septembre aux Etats-Unis, mais ouh-la-la, ça fait un peu peur quand même parce que les statistiques économiques sont un peu pourries ». Je vous rappelle que l’avant-veille, le sentiment c’était plutôt « nan mais en fait, on s’en fout des taux, l’économie américaine est insubmersible, le plein-emploi résiste à tout et les consommateurs consomment à balle ». C’est qu’il est versatile, l’investisseur, mais toujours un peu positif quand même.

Dans les faits, le marché se satisfait actuellement du maintien du sentiment dans un canal qu’il estime gérable. Quand les données flanchent un peu, il se dit que la Fed va réagir en baissant ses taux, et il est content. Quand les données sont solides malgré le contexte tumultueux, il se dit que l’économie parvient à s’en accommoder, et il est content. Cette théorie fonctionne tant que les débordements sont modérés.

Le souci de la veille, c’est qu’une mauvaise statistique sur l’emploi a fini par sortir, et qu’elle a été accompagnée d’une mauvaise statistique dans les services, un secteur clef de l’économie américaine. Commençons par détailler un peu cela, avant de parler de l’envers du décor.

Sur le front de l’emploi, le rapport de l’ADP, qui évalue les créations de postes au cours du mois écoulé, a montré que les effectifs privés n’ont progressé que de 37 000 personnes en mai aux Etats-Unis, soit environ trois fois moins que prévu. C’est ce qu’on peut appeler un très gros trou d’air. L’indicateur va un peu à l’encontre des autres enquêtes sur le marché du travail, qui démontraient une certaine résistance. Il tombe donc comme un cheveu sur la soupe et constitue un présage plutôt funeste pour la statistique mensuelle officielle attendue demain. Sauf que ces derniers mois, l’ADP a un peu de mal à suivre les données officielles. L’indicateur reste valable sur un pas de temps plus long, mais ses variations mensuelles sont plus erratiques que la statistique du Département du travail US.

Dans la même veine, le marché a pris acte hier d’un indicateur ISM de services US très en-deçà des attentes. Du genre qui a fait dire à certains observateurs « oh mon Dieu, il faut baisser les taux ». Mais là encore, il faut relativiser les choses. Il se trouve que deux indicateurs coexistent pour prendre le pouls de l’économie américaine dans le secteur manufacturier et celui des services : l’ISM et le PMI. Or le PMI, publié précédemment, raconte une autre histoire : l’activité reste plutôt robuste dans les services et l’industrie. Plusieurs enquêtes officielles semblent aussi aller dans ce sens.

Moralité, la fiabilité des statistiques laisse un peu à désirer, pour des raisons que je ne détaillerai pas aujourd’hui mais qui tiennent notamment aux panels retenus, aux niveaux de taux de réponse aux enquêtes et au timing de la remontée d’information. Un premier test aura lieu dès demain avec les données mensuelles officielles sur l’emploi en mai outre-Atlantique. Il permettra de confronter le trou d’air identifié par l’étude ADP avec la réalité, en tout cas la réalité statistique. Mais retenons que, hier, la combo des deux stats a fait reculer les rendements obligataires, remonter la cote d’une baisse de taux de la Fed en septembre et un peu inquiété sur la vigueur économique américaine.

Après cette longue digression au milieu des indicateurs macroéconomiques, revenons aux faits saillants de la séance. A la mi-journée, la Banque centrale européenne va réduire ses taux d’un quart de point. Ça ne fait pratiquement aucun doute dans la mesure où l’inflation dans la zone euro est tout à fait compatible avec un assouplissement monétaire. Pendant ce temps, les Républicains se déchirent sur le budget. Les Républicains des Etats-Unis, pas les nôtres qui se déchirent aussi, mais sur d’autres sujets. La belle loi fiscale de Donald Trump est jugée laide par une partie de son camp. Dont Elon Musk, qui multiplie les attaques bruyantes contre elle. Il a exhorté hier les Américains à faire pression sur leurs représentants pour « tuer » le projet, qu’il juge en contradiction avec l’objectif de réduire les dépenses. Un responsable de la Maison Blanche a qualifié ses propos « d’exaspérants », mais un autre a estimé qu’il s’agit « d’un désaccord parmi d’autres dans une relation par ailleurs cordiale ». La durée de vie du « par ailleurs cordiale » reste à déterminer.

Le Bureau du budget du Congrès a estimé hier que le projet de loi pourrait ajouter 2 400 milliards de dollars au déficit du budget fédéral sur 10 ans. C’est moins que d’autres projections, tout en restant incompatible avec une réduction de l’endettement fédéral. L’administration Trump rétorque que la croissance économique et les droits de douane feront plus que compenser ces pertes. Le débat va continuer à faire rage au Sénat, où aucune des propositions de Donald Trump n’a été rejetée jusqu’ici.

Dans le reste de l’actualité, l’Ukraine s’attend à une riposte de la Russie à son attaque surprise en profondeur derrière la ligne de front. Vladimir Poutine dit à Donald Trump hier lors d’une conversation que Moscou allait répondre.

En Asie Pacifique, Tokyo perd 0,5% en fin de parcours, tandis que l’Australie lâche moins de 0,1%. Les autres places évoluent dans le vert, avec des gains de plus de 1% du côté de Hong Kong et de Séoul.

Les indices européens sont toutefois parvenus à démarrer en légère hausse, de 0,1% environ pour le CAC40, le SMI et le Bel20.

Les temps forts économiques du jour

C’est donc jour de décision de la BCE sur ses taux. Aux Etats-Unis, l’étude sur les licenciements de Challenger précèdera les nouvelles demandes d’allocations chômage, la productivité, le coût unitaire de la main d’œuvre et la balance commerciale. Tout l’agenda ici.

Les cotations sont celles du jour autour de 7h00 :

Les principaux changements de recommandations

  • Aedifica : Oddo BHF maintient sa recommandation de surperformance avec un objectif de cours relevé de 75 à 80 EUR.
  • Airbus : Citi passe d’acheter à neutre avec un objectif de cours réduit de 209 EUR à 183 EUR.
  • Bayer : Goldman Sachs passe de neutre à acheter avec un objectif de cours relevé de 29n10 EUR à 33 EUR.
  • BE Semiconductor : ING Bank maintient sa recommandation d’achat avec un objectif de cours relevé de 135 à 150 EUR.
  • BT Group : Nextgen Research passe de neutre à surperformance avec un objectif de cours relevé de 160 GBX à 220 GBX.
  • Bucher Industries : RBC Capital maintient sa recommandation de surperformance avec un objectif de cours relevé de 400 à 440 CHF.
  • Cegedim : Oddo BHF maintient sa recommandation neutre avec un objectif de cours réduit de 13 à 11 EUR.
  • Danone : Bernstein maintient sa recommandation de performance de marché avec un objectif de cours relevé de 77 à 83 EUR.
  • Demant : Citi passe de neutre à acheter avec un objectif de cours relevé de 315 DKK à 335 DKK.
  • Engie : Barclays passe de pondération de marché à surpondérer avec un objectif de cours relevé de 19 EUR à 22 EUR.
  • Eon : Barclays dégrade sa recommandation de surpondérer à pondération de marché avec un objectif de cours de 15,50 EUR.
  • EssilorLuxottica : Citigroup maintient sa recommandation d’achat avec un objectif de cours réduit de 335 à 296 EUR.
  • Hammerson : Kempen améliore son conseil de vente à achat avec un objectif de cours relevé de 250 GBX à 310 GBX.
  • Julius Bär : RBC Capital maintient sa recommandation de surperformance avec un objectif de cours réduit de 63 à 60 CHF.
  • L’Oréal : Bernstein maintient sa recommandation performance de marché avec un objectif de cours relevé de 380 à 430 EUR.
  • Lindt : Bernstein maintient sa recommandation de sousperformance avec un objectif de cours relevé de 90 000 à 100 000 CHF.
  • Nestlé : Bernstein maintient sa recommandation de performance de marché avec un objectif de cours relevé de 73 à 85 CHF.
  • Partners Group : Autonomous Research maintient sa recommandation de sousperformance et réduit l’objectif de cours de 1052 à 1013 CHF.
  • Reckitt Benckiser : Bernstein passe de performance de marché à surperformance avec un objectif de cours relevé de 5500 GBX à 6500 GBX.
  • Rémy Cointreau : Jefferies reste à l’achat avec un objectif de cours relevé de 65 à 70 EUR. Bernstein maintient sa recommandation de surperformance avec un objectif de cours réduit de 80 à 66 EUR.
  • Siemens Energy : Deutsche Bank maintient sa recommandation d’achat avec un objectif de cours relevé de 82 à 95 EUR.
  • Snam : Barclays dégrade sa recommandation de surpondérer à pondération de marché avec un objectif de cours de 5,40 EUR.
  • Unilever : Bernstein maintient sa recommandation de surperformance avec un objectif de cours relevé de 5200 à 5900 GBX.

En France

Annonces importantes (et moins importantes… Je précise que les informations sont données à chaud avant l’ouverture et ne préjugent pas de la couleur des actions pendant la séance)

  • L’Oréal est sur le point d’acquérir la marque britannique de cosmétiques Medik8 pour 1 Md€, selon le FT.
  • STMicroelectronics a bondi hier en bourse sur fond de rumeur de scission en raison des désaccords persistants entre la France et l’Italie, les deux principaux actionnaires. Mais le gouvernement italien a démenti tout projet de scission.
  • Veolia va exploiter une station d’épuration à Jamestown.
  • EssilorLuxottica va acquérir les magasins A-Look, Seen et Owl en Malaisie.
  • Les syndicats italiens alertent d’un risque de casse sociale chez Selenia, un fournisseur d’huile moteur qui a perdu le contrat Stellantis au profit de TotalEnergies. TotalEnergies qui est au tribunal pour des accusations de greenwashing, une première en France.
  • BOC Aviation va acheter neuf Airbus
  • Publicis émet 1,25 Md€ d’obligations 2029 à 2,875% et 2023 à 3,3375%.
  • Lagardère émet 500 M€ d’obligations 2030 à 4,75%.
  • Le rachat d’Intelsat par SES, opération à 3,1 milliards de dollars, devrait recevoir l’aval inconditionnel de l’UE, a appris Reuters.
  • Vallourec reçoit la certification de sa solution de stockage vertical d’hydrogène Delphy.
  • Worldline a racheté pour 320 millions d’euros de ses OCEANE à échéance juillet 2026.
  • Baywater (Bastide) remporte le contrat de fourniture d’oxygène de la région de Londres.
  • Clariane obtient le renouvellement pour six mois de sa ligne de crédit revolving.
  • Planisware s’implante en Belgique.
  • Arverne fournit des prestations de géothermie à Leclerc.
  • Akwel reporte son AG annuelle.
  • Omer-Decugis renforce ses capacités de mûrissage en France.
  • Xilam signe avec TFOU (TF1) un accord de développement pour une nouvelle série.
  • Hydrogène De France signe un accord au Vietnam pour décarboner les réseaux électriques.
  • Solutions 30 et Spirii signent un partenariat pour l’installation et la maintenance de bornes de recharge pour véhicules électriques en Italie.
  • Les principales publications du jour : … Le reste ici.

Dans le vaste monde

Annonces importantes (et moins importantes)

D’Europe

  • ThyssenKrupp prévoit de céder 49% de sa division de défense TKMS à ses actionnaires via une IPO d’ici la fin de l’année.
  • Wise veut aller à New York pour sa cotation principale, et délaisser Londres.
  • L’offre de BPER pour Banca Popolare di Sondrio se déroulera du 16 juin au 11 juillet.
  • DR. Martens réduit ses remises en Amérique du Nord et dans la région EMEA.
  • Blackstone va acquérir la société immobilière britannique Warehouse REIT.
  • Burckhardt Compression dépasse le milliard de revenus annuels.
  • Cobalt Holdings renonce à s’introduire à Londres.
  • Les principales publications du jour : Wise

D’Amérique du Nord

D’Asie Pacifique et d’ailleurs

  • Le déploiement de l’IA d’Apple et Alibaba en Chine est retardé par la guerre commerciale de Trump, selon le FT.
  • Petrobras obtient l’exclusivité pour négocier des blocs d’exploration offshore en Côte d’Ivoire.
  • Les principales publications du jour : FubonUnited Microelectronics

Le reste de l’agenda mondial des publications ici.

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