Sustainable Solutions Week
- Guillaume Toffel
- Senior Legal Counsel
- Asset Management Association Switzerland
Greenwashing : la place financière fait son travail
Les reproches de greenwashing adressés aux acteurs financiers suisses ne résistent souvent pas à un examen plus approfondi. Le fait est que la place financière suisse assume ses responsabilités.

Il ne fallait pas se méprendre sur l’invitation du Conseil fédéral d’octobre 2023 : si les associations financières telles que l’Asset Management Association Switzerland (AMAS) ou l’Association suisse des banquiers (ASB) ne développent pas leurs autorégulations existantes dans le domaine de la durabilité en ce qui concerne le greenwashing, une réglementation étatique prendra en charge la lutte et la prévention du greenwashing sur la place financière suisse.
L’AMAS prend très au sérieux sa responsabilité dans la prévention du greenwashing : le greenwashing est incompatible avec la réalisation de l’objectif d’un hub suisse leader sur le plan international en matière de gestion d’actifs durable. C’est pourquoi l’AMAS a développé son autorégulation, entrée en vigueur en septembre 2023, afin de mettre en œuvre les positions du Conseil fédéral sur la prévention du greenwashing.
Plus de 90% des asset managers suisses appliquent déjà l’autorégulation AMAS, ce qui correspond à 1,3 billion de francs suisses d’actifs sous gestion. Les accusations de greenwashing à l’encontre des acteurs financiers suisses sont régulièrement formulées par des ONG et des associations environnementales. Pourtant, en 2023, c’est un acteur jusqu’ici favori de la scène environnementale suisse, un développeur et fournisseur de certificats de CO2, qui a provoqué un scandale de greenwashing suisse.
On ne peut pas s’empêcher d’avoir cette impression : De nombreuses accusations de greenwashing servent à gérer l’indignation contre l’industrie financière – ou sont tout simplement fondées sur un manque de compréhension. Car de nombreuses accusations de greenwashing ne résistent pas à un examen plus approfondi. Il y a trois raisons à cela : Premièrement, les lacunes dans les définitions et les normes ainsi que dans les données comparables du monde de l’entreprise. Ces lacunes doivent être comblées. Deuxièmement, le manque de critères objectifs se heurte à la vision subjective des investisseurs et à leurs valeurs individuelles, qu’ils souhaitent refléter dans leurs produits financiers et leurs portefeuilles. Si un fonds de placement n’investit que dans des actions d’entreprises à faibles émissions de CO2, cela peut certes répondre à un souhait des clients d’investir de manière climatiquement neutre. Mais les critiques pourraient reprocher au fournisseur de faire de fausses promesses en matière d’impact climatique. En effet, un fonds sans CO2 n’a aucun impact sur le climat. Troisième cause : souvent, les approches d’investissement sont tout simplement mal comprises. Par exemple, il est plus judicieux pour la protection du climat de gérer un portefeuille de placement avec des entreprises qui suivent une trajectoire de réduction des émissions de CO2 que d’exclure de telles entreprises du portefeuille.
Dans ce cas en particulier, il y a souvent une mauvaise compréhension du mode d’action des placements financiers considérés comme durables. Pour les fonds de placement, les gestionnaires d’actifs sélectionnent des actions d’entreprises qui sont négociées en bourse.
Si le gestionnaire d’actifs exclut telle ou telle action en raison de critères de durabilité ou de climat, un autre investisseur, pour qui ces critères ne sont pas importants, l’achètera. Cela ne change rien aux émissions globales de CO2. L’exclusion, l’une des approches d’investissement durable les plus établies n’a pas d’effet durable démontrable : le portefeuille d’investissement est certes « décarbonisé », mais pas l’économie réelle. Il en va de même pour l’approche d’investissement de l’intégration ESG, c’est-à-dire la prise en compte des aspects environnementaux, sociaux et de gouvernance dans l’analyse financière. Cette approche est également bien établie et sert principalement à améliorer le profil risque-rendement d’un produit d’investissement.
La première version de l’autorégulation AMAS contenait déjà un message clair : l’exclusion et l’intégration ESG ne suffisent pas pour qu’un produit puisse être qualifié de durable.
Avec le développement en cours, l’autorégulation est complétée par des exigences à l’égard des producteurs et des fournisseurs en ce qui concerne les objectifs de durabilité poursuivis par un placement, les indicateurs et les métriques correspondants ainsi que le reporting. L’AMAS est ainsi convaincue que l’autorégulation reste l’instrument adéquat pour empêcher le greenwashing au sein d’une entreprise et sur le lieu de production, et ainsi mettre en œuvre la position du Conseil fédéral sur la prévention du greenwashing.
A propos de l’AMAS
L’Asset Management Association Switzerland est l’organisation professionnelle représentative de l’industrie suisse de l’Asset Management. Son objectif est de renforcer la Suisse en tant que centre d’Asset Management de premier plan avec des normes élevées de qualité, de performance et de développement durable. Ce faisant, elle aide ses membres à développer davantage le secteur suisse de l’Asset Management et à créer de la valeur à long terme pour les investisseurs. L’Asset Management Association Switzerland est un membre actif de l’European Fund and Asset Management Association (EFAMA) et de l’International Investment Funds Association (IIFA) opérant sur le plan mondial. Fondée à Bâle en 1992, l’Asset Management Association Switzerland compte aujourd’hui 180 membres.