Blockchain

  • Interview Philippe Reynier
  • CEO
  • Wecan Group

« Wecan Comply forme le nœud central du process KYC/KYB »

Wecan Comply vient de boucler un partenariat avec Arab Bank Switzerland qui veut fluidifier les échanges de données avec ses tiers-gérants. Une étape supplémentaire franchie pour la plateforme Wecan qui s’est attelée à son prochain use case KYC, axé sur le client final.

Quels points clés ont décidé Arab Bank Switzerland à travailler avec Wecan Comply ?

Ce partenariat va porter sur les activités tiers-gérants d’Arab Bank Switzerland. Nous allons les aider dans un premier temps à échanger des données de conformité avec leurs GFI. Nous avions déjà un lien très fort avec la banque Gonet, dans laquelle Arab Bank a pris une participation l’an passé. La relation s’est développée d’autant plus naturellement qu’Arab Bank est très active dans le domaine des actifs numériques, grâce notamment à Rani Jabban.

Au fur et à mesure que nous menions nos discussions, nous nous sommes aperçus que nous pouvions donner à ce partenariat un périmètre beaucoup plus étendu dans un second temps. Même si nous nous concentrons dans l’immédiat sur les tiers-gérants, notre use case historique, qui constitue un bon point de départ, nous allons évaluer également ce qu’il est possible d’envisager dans le domaine des actifs digitaux, en restant sur le périmètre des échanges de données de conformité. De manière générale, nous pouvons beaucoup accomplir ensemble.

Pour ceux qui auraient raté un épisode, quelle est la vocation de Wecan Comply ?
Pour en donner une rapide présentation, Wecan Comply est une plateforme, ou une marketplace, sur laquelle sont onboardées différentes institutions financières. Il peut s’agir de banques dépositaires, de tiers-gérants, de trusts, voire d’acteurs plus
éloignés du wealth management, comme par exemple Bitstamp, le premier exchange crypto européen.

Nous mettons à la disposition de toutes ces contreparties des coffres-forts numériques où elles basculent leurs données de conformité
KYC/KYB pour les échanger avec d’autres membres du réseau de manière sécurisée, simultanée et multilatérale. Ce système permet d’améliorer radicalement la qualité de la donnée et l’efficience opérationnelle des processus d’échange. Aujourd’hui, ce sont encore dans la plupart des cas des processus manuels, propices aux erreurs, extrêmement coûteux et frustrants pour les banques comme pour les clients.

Quels sont les nouveaux use cases sur lesquels vous travaillez désormais ?

Jusqu’à présent, nous nous sommes principalement focalisés sur les gérants indépendants et les données KYB qu’ils échangent avec les banques dépositaires. Le prochain use case, qui s’inscrit dans une suite logique, sera consacré aux clients finaux des tiers gérants et aux données de conformité les concernant. Pour nous, le use case KYC est l’application incontournable dans la gestion de fortune.
La volumétrie de ces échanges de données est tout simplement énorme.

Pour les banques et pour les gérants, les économies à considérer peuvent atteindre des montants très significatifs, qui se chiffrent en millions de francs. Nous avons bien avancé sur notre proof of concept avec certains clients pilotes et nous devrions pouvoir passer en production d’ici la rentrée.

Comment vous intégrez-vous aujourd’hui dans l’écosystème fintech ?

Nous avons initié de nombreux partenariats, que nous allons très vraisemblablement finaliser ces prochains mois, avec des fintechs qui travaillent elles-aussi dans le domaine de la conformité, mais sur des briques différentes de la chaîne de valeur KYC/KYB. Wecan Comply forme en quelque sorte le nœud central du process KYC/KYB. Nous fonctionnons en fait comme une place de marché ou un exchange mais pour des données de conformité.

Les partenaires avec lesquels nous sommes en discussion incluent des solutions de client lifecycle management, des core banking systems, des fournisseurs de signature électronique, des agrégateurs de données… L’objectif est de créer un véritable écosystème de gestion des données de conformité au centre duquel se trouvera Wecan Comply. Les autres fintechs de l’écosystème viendront se fondre dans cet ensemble et l’enrichir. Nous avons beaucoup de collaborations en vue avec des partenaires qui se trouvent en Suisse, mais aussi à l’étranger, en France par exemple, et nous n’avons pas l’intention de nous limiter en termes d’opportunités.

Philippe Reynier

Wecan Group

Philippe Reynier est le nouveau CEO de Wecan Group. Il dirigeait auparavant la practice Fintech & Crypto à l’échellle mondiale pour le cabinet de conseil Sheffield Haworth. Plus tôt dans sa carrière, Philippe a travaillé cinq ans chez UBS. Il y était responsable de la stratégie digitale ainsi que des partenariats et investissements fintechs. Enfin, il a été consultant au Boston Consulting Group Suisse, rattaché aux practices Financial Services et Technologie. Philippe Reynier est diplômé de l’INSEAD où il a obtenu un MBA.

 

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    Le COO, fonction centrale dans l’évolution des GFI

    • Par Philippe Reynier
    • Managing director
    • Sheffield Haworth

    Pour se régler sur les exigences LSFIn/LEFin, les GFI n’ont d’autre choix aujourd’hui que de renforcer leur structure. Une évolution inévitable qui rend de plus en plus pertinente l’intégration d’un Chief Operating Officer dans le modèle organisationnel.

    Depuis le début de l’année, les GFI qui souhaitent rester en activité doivent requérir une autorisation de la FINMA. L’obtention de cette licence pour être en conformité avec la LSFin/LEFin va de pair avec un certains nombres d’impératifs :

    • une documentation des produits d’investissements détaillée
    • des efforts additionnels pour garantir que les clients soient informés de manière adéquate et qu’ils ne se voient offerts que des produits appropriés à leur profil de risque, situation financière, etc.
    • Des efforts de formation continue
    • Une structure de capital renforcée, à savoir un capital qui doit être supérieur à 100’000 francs en valeur absolue, mais également à 25% des couts fixes du gérant.

    Les GFI devront également renforcer leur organisation et créer des process et contrôles internes adéquats, pour être en mesure de démontrer que les exigences règlementaires mentionnées ci-dessus sont effectivement respectées

    La conséquence la plus immédiate de cette évolution réglementaire est une forte concentration attendue dans le secteur des gérants indépendants. De nombreux acteurs ont décidé de vendre/interrompre leur activité, tandis que ceux qui souhaitent rester en activité devront atteindre la taille critique leur permettant d’assurer un certain niveau de profitabilité dans ce nouveau cadre réglementaire. A moins qu’ils ne se spécialisent sur certains segments de clientèle.

    Les équipes de direction devront également évoluer avec une séparation des responsabilités claire. Plus spécifiquement, il faut s’attendre aux évolutions suivantes :

    • la création d’un ou plusieurs postes de direction en charge des opérations, risques et autres fonctions supports exclusivement
    • La formation d’un conseil de surveillance, que la FINMA peut imposer aux GFI à partir d’une certaine taille

    Il s’agit de changements profonds, mais les GFI doivent y voir aussi l’opportunité de moderniser leurs structures organisationnelles et leurs opérations. Deux questions essentielles se posent alors. Vers quels modèles organisationnels vont-ils évoluer ? Comment créer les équipes de direction adéquates pour accompagner ce changement?

    Pour répondre à la première question, les modèles organisationnels des GFI dans les pays où des cadres réglementaires similaires sont en place depuis plusieurs années constituent probablement de bonnes sources d’inspiration. Prenons l’exemple de l’organisation typique d’un GFI au Royaume-Uni.

    • De nombreux gérants sont structurés en Limited Liability Partnerships (LLP’s)
    • Les banquiers privés reportent directement au CEO dont les responsabilités sont généralement assez concentrées sur la gestion opérationnelle du GFI, mais également sur la gestion de la relation avec quelques clients importants
    • Le COO supervise généralement toutes les fonctions support : finance, opérations, technologie, RH, marketing, etc. Les risques et la conformité sont considérés comme des sujets qui figurent dans le périmètre du COO, ou qui doivent être placés sous la responsabilité d’un CRO, reportant alors directement au CEO
    • Le CIO fait également partie de l’équipe de direction
    • De nombreux GFI ont également un conseil d’administration

    Notre propos n’est pas de dire que tous les GFI suisses seront tôt ou tard organisés de cette manière précise, mais de penser à cet archétype comme une indication relativement fiable de ce que l’avenir nous réserve pour l’industrie.

    Vient maintenant la deuxième interrogation : comment créer une équipe de direction adéquate ? Concentrons-nous ici sur le rôle du COO appelé sous peu à émerger dans l’équipe dirigeante de nombreux GFI. Quelles sont donc les qualités/compétences que doivent rechercher les GFI suisses pour leur futur COO ? C’est une question critique car le COO aura la tâche ardue de faire évoluer de manière significative le modèle opérationnel du gérant pour garantir sa conformité. De nombreux éléments doivent être pris en compte mais nous considérons les attributs ci-dessous comme les plus importants:

    • Une expérience opérationnelle dans le plus grand nombre de sous-fonctions dont le candidat prendra la responsabilité. Cette expérience doit inclure non seulement une composante ‘run’ mais également une composante ‘change’, c’est à dire de transformation des sous-fonctions en question
    • Des qualités de communication évidentes et une capacité à interagir à plusieurs niveaux d’une organisation. C’est plus particulièrement nécessaire avec les équipes de direction, auxquelles il a déjà appartenu, dans l’idéal, et avec des interlocuteurs externes comme les régulateurs
    • Une bonne compréhension de l’industrie de la gestion de fortune en Suisse, ainsi que la capacité d’animer/participer à la définition de la roadmap stratégique et de s’assurer de son implémentation.

     

    Philippe Reynier

    Managing director

    Sheffield Haworth

    Philippe Reynier est Managing Director de la practice Global Functions au sein du cabinet de conseil Sheffield Haworth. Il remplit également les fonctions de Global Head of Fintech, et travaille avec des institutions financières internationales pour soutenir leurs efforts de transformation digitale. Philippe est basé en Suisse où il dirige le développement local des activités de Sheffield Haworth. Auparavant, Philippe a travaillé 5 ans chez UBS ou il avait la responsabilité de la stratégie digitale ainsi que des partenariats et investissements dans les fintechs. Plus tôt dans sa carrière, Philippe a été consultant au Boston Consulting Group Suisse, rattaché aux practices Financial Services et Technologie. Philippe est diplômé de l’INSEAD (MBA).

     

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