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Kamala Harris, une relative inconnue menant une campagne d’à peine trois mois et demi, n’avait qu’une chance limitée de l’emporter face à un ancien Président bénéficiant d’une aura de star depuis plusieurs décennies. De plus, le message fade de la gauche incapable de reconnaître les erreurs d’une présidence Biden très peu populaire n’aura pas pesé bien lourd face à la rhétorique belliqueuse et conquérante de Donald Trump.
Les médias de gauche autant que de droite avaient annoncé une bataille serrée et un comptage des votes qui devait prendre plusieurs jours. Pourtant, au lendemain du 5 novembre, les résultats, bien qu’encore provisoires, ne laissaient déjà plus place au doute. Il n’était plus question de savoir qui gagnerait, mais bien de combien de voix Donald Trump allait l’emporter. Très vite, le Sénat passait lui aussi en mains républicaines, puis enfin la Chambre des Représentants.
Alors que l’on pensait que l’ancien Président obtiendrait le soutien d’un électorat avant tout masculin, mûr, blanc et peu éduqué, force est de constater qu’il a su convaincre bien au-delà de ces clichés, en faisant mouche notamment auprès des jeunes de toutes communautés, des hispaniques et asiatiques, et des personnes à faibles revenus.
Des planètes alignées
Le Donald Trump de 2024 est loin d’être aussi conciliant que celui de 2016, ou même de 2020. Admirateur de figures politiques pour le moins autoritaires telles que Vladimir Poutine, Kim Jong-Un ou Viktor Orban, Donald Trump semble déterminé à mener le pays à son idée et à faire taire toute voix discordante. Les premières nominations indiquent d’ores et déjà qu’une loyauté indéfectible sera exigée.
Outre un Sénat offrant une marge confortable de six voix au Président-élu, la Chambre basse est elle aussi passée en mains républicaines. De plus, six des neuf juges de la Cour Suprême sont conservateurs, les trois plus fondamentalistes ayant par ailleurs été choisis par le futur Président lui-même.
À l’échéance de ce nouveau mandat, Donald Trump ne pourra pas se représenter. Il y a donc fort à parier que celui qui avait promis d’être dictateur au premier jour de sa présidence mènera une politique empreinte d’absolutisme durant les quatre prochaines années. Au prix de sérieuses coupes budgétaires, il aura à cœur de tenir ses trois promesses électorales fétiches, à savoir réduire encore l’imposition des entreprises et des particuliers, mettre un frein à l’immigration et imposer des barrières douanières drastiques.
Une cure de minceur
Avec la majorité au Congrès, les républicains auront les coudées franches pour mettre en œuvre les mesures prônées par Donald Trump. La réduction de l’imposition des entreprises de 21% à 15% risque de creuser un trou béant dans les finances du gouvernement, sans apporter de bénéfice aux contribuables. Pour mémoire, en 2017, 81% de ces baisses avaient financé des rachats d’actions et distributions de dividendes, d’après les statistiques du Center on Budget and Policy Priorities.
Comment combler ce déficit ? Elon Musk l’a annoncé : le peuple américain va vivre une période difficile. Nommé à la tête du tout nouveau Département de l’Efficacité Gouvernementale, la diminution du nombre de fonctionnaires est une de ses priorités. Certains programmes sociaux essentiels tels qu’Obamacare, Medicaid et la sécurité sociale, depuis longtemps déjà dans le viseur des républicains, seront nécessairement rabotés pour renflouer les finances fédérales.
‘America First’
La décision d’imposer des droits de douane est en grande partie laissée à la discrétion du Président. Sa promesse de campagne d’appliquer 10% de manière uniforme et jusqu’à 60% sur les importations chinoises pourrait donc devenir réalité très rapidement. Elle devrait aussi en toute logique générer une inflation significative. En effet, si selon le Président-élu ces barrières renfloueront les caisses de l’Etat et dans le même temps créeront des emplois en poussant les entreprises à fabriquer sur sol américain, ce rationnel ne tient pas compte des potentielles mesures de rétorsion ni du manque de main d’œuvre. Omettre ces deux points équivaut à occulter l’inflation des prix et des salaires qui pourraient en découler et donc un envisageable retour de la politique restrictive de la Fed.
Le futur du parti républicain
Le parti républicain actuel n’a plus guère de points communs avec celui de Ronald Reagan, ou encore des George Bush père et fils. Bien plus à droite sur l’échiquier politique et plus adepte du culte de la personnalité que de la défense d’un idéal conservateur, bien des membres du Congrès se définissent comme ‘MAGA-Republican’. La défection durant la campagne de plusieurs personnalités éminentes du parti au profit des démocrates est preuve que le mouvement initié par Donald Trump n’a pas que des sympathisants. Est-ce à dire que les élections présidentielles de 2028 verront l’avènement d’un troisième parti enfin capable de concourir à égalité avec les deux géants ? Si la démocratie aurait tout à y gagner, rien n’est pourtant moins sûr.
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Jon Duncan
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Le greenwashing, un signe de maturation du marché
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Alors que la toute première Cop a eu lieu voilà maintenant près de trente ans, la Green economy a eu droit à un parcours assez mouvementé. Ces dernières années, les perspectives sont plus encourageantes, mais l’intensification des flux financiers vers les marchés émergents reste une urgence. C’est l’analyse que livre Jon Duncan dans Capsule, pour Sphere.
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La lutte que mènent aujourd’hui les régulateurs contre le phénomène du greenwashing, avec des résultats avérés, est à voir plutôt comme le signe encourageant d’un marché qui fonctionne bien.
2023 a été marquée par une forte augmentation d’allégations de greenwashing dans les secteurs de l’énergie et de la finance. Dans de nombreux cas, ces allégations ont donné lieu à des procédures judiciaires formelles, voire à des amendes. Lutter contre le greenwashing ainsi est un signe encourageant d’un marché qui fonctionne bien et ne doit pas être perçu comme la preuve que la science de la durabilité relève d’un « ordre du jour gaucho-wokiste » incompatible avec la notion de « marché libre ». Négliger les risques de durabilité sur cette base reviendrait à « jeter le bébé avec l’eau du bain ».
Notre compréhension globale actuelle des questions de durabilité bénéficie de l’appui d’un ensemble diversifié d’institutions universitaires internationales. La croissance rapide de la surveillance géospatiale en temps réel des indicateurs d’eau, d’air, des sols, de la pollution et de la biodiversité ainsi que les avancées phénoménales en termes de puissance de calcul et de traitement contribuent au développement de cette compréhension collective. Cet essor rapide des technologies de surveillance par satellite fournit une perspective solide et pragmatique des risques émergents auxquels la planète est confrontée. Bien qu’il existe un consensus croissant parmi les organismes scientifiques mondiaux sur l’importance des risques de durabilité, les solutions donnent lieu à un différend politique grandissant.
Aux États-Unis, plusieurs hommes politiques ont adopté un discours « anti-ESG » et dans l’Union européenne, nous assistons à une « marche arrière » politique sur l’économie verte et les plans de décarbonisation, certains estimant qu’ils vont à l’encontre des politiques domestiques en matière de travail et d’économie. La politisation de plus en plus forte du thème global de la durabilité fait apparaître plus clairement que le greenwashing est simplement une « preuve » de la tendance persistante du marché à vendre des produits à mauvais escient. Sur ce point, la « finance verte » ne fait pas exception.
Une autre preuve de la maturation du monde de la finance durable est la prise de conscience croissante de la différence entre impact direct et indirect. La taille des tickets d’entrées et les problèmes de liquidité se traduisent généralement par une sous-représentation des marchés privés dans les portefeuilles de gestion privée. L’exposition moyenne des portefeuilles sur les différents marchés mondiaux varie de 8 % à 12 %, l’immobilier étant l’alternative privilégiée des marchés privés. À titre de comparaison, l’étude 2023 BlackRock Global Private Markets Survey indique que les investisseurs institutionnels mondiaux ont une allocation moyenne de 24 % aux marchés privés. Le fonds de dotation de l’Université de Harvard (Harvard Endowment) est connu pour avoir été l’un des premiers à attribuer une allocation à grande échelle et à long terme aux marchés privés, avec une allocation actuelle de 39 % exclusivement dédiée au capital investissement.
Au sein de la communauté des family offices et des investisseurs fortunés, il existe désormais un intérêt croissant pour les actifs des marchés privés, qui s’explique par les avantages qu’ils offrent en termes de diversification, ainsi que par la reconnaissance grandissante que cette classe d’actifs offre un accès direct aux opportunités de l’économie verte émergente.
En réponse à cette demande croissante émanant de la gestion de patrimoine, plusieurs plateformes ont vu le jour et offrent un accès digitalisé aux actifs des marchés privés.
Il est encourageant de constater que ces plateformes digitales reflètent naturellement les opportunités commerciales émergentes associées à des initiatives de réduction des émissions de carbone, d’utilisation efficiente des ressources et de promotion de l’inclusion sociale, à savoir la génération automatisée de rapport sur le bilan carbone des sols, le recyclage des déchets plastiques et les micro-entreprises d’énergie hors réseaux.
Pour les clients disposant de portefeuilles liquides, la plupart d’entre eux comprendront désormais que tout « impact » obtenu est en grande partie « indirect » via l’exposition à des entreprises présentant des niveaux inférieurs de risques ESG opérationnels et/ou des « revenus verts » accrus. Les obligations vertes et les stratégies d’engagement en actions offrent une possibilité croissante d’impact direct via les marchés publics liquides, mais ces marchés sont encore naissants. La compréhension croissante de l’impact, associée à l’accès démocratisé aux opportunités de l’économie verte sur les marchés privés, est positive pour la gestion de patrimoine et la finance durable.
Jon Duncan
REYL Intesa Sanpaolo
Jon Duncan est ingénieur de formation avec une maîtrise en sciences de l’environnement et plus de 25 ans d’expérience dans le domaine du développement durable. De 2010 à 2021, Jon a dirigé le développement et la mise en œuvre d’un programme d’investissement durable chez l’un des plus grands assureurs/gestionnaires d’actifs à long terme d’Afrique. Il a participé à la rédaction du premier Code d’Investissement Responsable en Afrique du Sud, a siégé au Comité Mondial de Reporting et d’Évaluation des PRI de l’ONU et est Associé principal de l’Institut pour le leadership en développement durable de l’Université de Cambridge. En 2022, il rejoint REYL Intesa Sanpaolo en tant que Chief Impact Officer.
REYL Intesa Sanpaolo
Actif dans le conseil et l’investissement auprès d’une clientèle privée et institutionnelle, REYL Intesa Sanpaolo se distingue par sa culture entrepreneuriale, responsable et sa recherche constante d’innovation. En 2021, le Groupe REYL a signé un partenariat stratégique majeur avec Fideuram – Intesa Sanpaolo, banque européenne de premier plan. REYL Intesa Sanpaolo est actif dans quatre lignes de métier complémentaires : Wealth Management, Corporate Finance, Asset Services et Asset Management. Cette large gamme de services intégrés dans un modèle à 360° unique lui permet de fournir des solutions répondant aux besoins des clients tout au long de leur cycle de vie.
De la COP28, il faut bien évidemment retenir cet engagement historique à l’abandon des combustibles fossiles. Un résultat assez surprenant en soi, qui oblige aussi bien les opérateurs du secteur que les investisseurs à prendre en considération ce « début de la fin » dans leurs perspectives.
L’année 2023 aura été marquée par des niveaux élevés de risques économiques et politiques mondiaux et par la prise de conscience de l’émergence rapide d’un monde multipolaire. Les élections du Parlement européen en juin seront un bon test du sentiment de l’UE envers l’économie verte et les objectifs de décarbonisation qui, selon certains politiciens, entrent en conflit avec les intérêts nationaux en matière d’emploi et d’économie.
Pour le monde de la finance durable, la fragmentation du monde rend plus difficile l’action « collective » sur les questions environnementales et sociales à l’échelle mondiale. Il est donc surprenant que le sommet sur le climat COP28 de Dubaï ait débouché sur un engagement historique à abandonner les combustibles fossiles. Même si la formulation était imprécise, l’implication la plus importante est une reconnaissance implicite que le déclin à long terme des combustibles fossiles est en cours. Pour les investisseurs à long terme, cela modifie le calcul du secteur des combustibles fossiles, dont le déclin structurel au cours des 26 prochaines années semble plus certain, alors que le monde vise une économie nette zéro d’ici 2050.
L’Agence internationale de l’énergie prévoit un pic mondial de consommation de combustibles fossiles d’ici 2030, principalement en raison du ralentissement et du rééquilibrage de l’économie chinoise. En d’autres termes, la Chine n’a pas besoin d’autant d’acier et de ciment pour les stocks de logements ou d’infrastructures urbaines/de transport. Par conséquent, la prochaine phase de croissance chinoise devrait être moins gourmande en combustibles fossiles. L’AIE indique que chaque 1% de baisse de la croissance économique chinoise pourrait réduire la demande de charbon en 2030 d’un montant équivalent à la demande annuelle de l’Europe. Dans le même temps, en 2022, la Chine a implémenté autant d’énergies renouvelables que le reste du monde. En septembre 2023, 38 % des voitures vendues en Chine étaient électriques, ce chiffre augmentant de mois en mois.
Le Green Deal de l’UE et la loi américaine sur la réduction de l’inflation (IRA) apportent tous deux un soutien fiscal solide à long terme des deux côtés de l’Atlantique, mais leurs effets ne se sont pas encore totalement cristallisés. À ce jour, l’IRA a joué un rôle clé dans le développement de la « ceinture de batteries », qui s’étend du sud au Midwest des États-Unis. Cette région abrite 340 nouveaux projets d’une valeur estimée à 168 milliards d’USD, dont 50 % sont axés sur les véhicules électriques et les batteries, et répartis entre l’énergie solaire, l’énergie éolienne, l’énergie nucléaire, le réseau électrique et le stockage.
Dans le même temps, les gouvernements ont également dû gérer l’impact de la hausse des coûts des combustibles fossiles sur l’inflation. Le FMI indique que le prix élevé des combustibles fossiles a poussé les gouvernements à fournir plus de 1,3 trillion de dollars de subventions explicites pour gérer le choc des prix de l’énergie à la consommation en 2022.
La suppression des subventions sera politiquement impopulaire et, si elle n’est pas effectuée avec la prudence nécessaire, pourrait entraîner des conséquences matérielles sur la sécurité énergétique, l’inflation et la stabilité sociale. De même, les gouvernements doivent trouver une marge de manœuvre budgétaire pour stimuler la croissance économique verte. Pour compliquer encore les choses, l’impact physique du changement climatique commence à montrer une tendance inquiétante à long terme. Swiss Re a indiqué que les taux de réassurance contre les catastrophes naturelles n’ont jamais été aussi élevés depuis 20 ans. La demande de couverture a augmenté alors que les catastrophes naturelles continuent de causer des dommages matériels dans le monde entier, entraînant des pertes économiques mondiales de 275 milliards d’USD en 2022, dont 150 milliards n’étaient pas assurés. Swiss Re fait état d’une augmentation de 115 % des pertes économiques dues aux catastrophes naturelles par rapport à la moyenne des 30 dernières années. L’augmentation des pertes non assurées supportées par les gouvernements risque d’alourdir des budgets déjà très serrés.
Si 2024 apportera sans aucun doute son lot de nouveaux défis pour la finance durable, les fondamentaux de la transition vers l’économie verte restent en place, avec peut-être une appréciation émergente de l’avantage géopolitique stratégique à long terme d’une économie décarbonisée et auto-alimentée.
Jon Duncan
REYL Intesa Sanpaolo
Jon Duncan est ingénieur de formation avec une maîtrise en sciences de l’environnement et plus de 25 ans d’expérience dans le domaine du développement durable. De 2010 à 2021, Jon a dirigé le développement et la mise en œuvre d’un programme d’investissement durable chez l’un des plus grands assureurs/gestionnaires d’actifs à long terme d’Afrique. Il a participé à la rédaction du premier Code d’Investissement Responsable en Afrique du Sud, a siégé au Comité Mondial de Reporting et d’Évaluation des PRI de l’ONU et est Associé principal de l’Institut pour le leadership en développement durable de l’Université de Cambridge. En 2022, il rejoint REYL Intesa Sanpaolo en tant que Chief Impact Officer.
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En raison du flou qu’entretiennent les banques centrales ces derniers temps, les marchés obligataires deviennent plus difficiles à décrypter. Xavier Sanjurjo nous propose donc ses éclairages pour mieux s’y retrouver dans le cycle actuel du crédit.
Voici deux ans, les banques centrales se sont lancées dans le resserrement monétaire le plus agressif depuis des décennies afin de restreindre les conditions de financement extraordinairement expansives déployées pendant la pandémie. Ces mesures auront permis d’éviter une crise économique majeure en contenant la vague de défauts alors amorcée sur les marchés du crédit. Bénéficiant de la forte reprise économique, les fondamentaux d’entreprise ont retrouvé leurs niveaux d’avant COVID. Cette situation, ainsi que l’attrait renouvelé pour les rendements offerts, a attiré à nouveau les investisseurs sur le marché des obligations d’entreprises, qui a généré des performances de 8,40 % pour les obligations américaines de qualité (IG) en 2023 et de 13,50 % pour les obligations à haut rendement (HY).
Cependant, avec un cycle économique semblant bien avancé, une résurgence de la volatilité des taux d’intérêt due aux incertitudes relatives au timing d’un assouplissement par la Fed, des risques géopolitiques croissants et des valorisations de crédit serrées, comment se positionner sur les marchés obligataires ?
Le cycle du crédit – Une feuille de route pour un positionnement efficace
Les cycles de crédit décrivent le schéma récurrent d’expansion et de contraction de la disponibilité et du coût du crédit au sein d’une économie. Ils se caractérisent par des changements dans les standards de prêt, la demande de crédit et les conditions générales du marché. Ils sont notamment influencés par les conditions économiques, la politique monétaire et le sentiment du marché et ont un impact important sur les coûts d’emprunt, les décisions d’investissement et l’activité économique globale. Les cycles de crédit consistent généralement en quatre phases : ralentissement, assainissement du crédit, reprise et expansion/fin du cycle.
Où en sommes-nous dans le cycle actuel ?
Un certain nombre d’indicateurs suggèrent que le cycle de crédit américain se situe actuellement dans sa phase d’expansion/fin de cycle, à commencer par une croissance économique solide bien qu’en déclin (1,6 % au 1er trimestre 2024 contre 3,4 % au 4e trimestre 2023) et une inflation de 3,5 % à fin mars, ce qui devrait forcer la Fed à maintenir sa politique restrictive plus longtemps.
Ces développements devraient restreindre davantage des conditions financières qui se sont considérablement assouplies depuis l’année dernière dans un contexte de croissance économique résiliente, permettant aux entreprises de se refinancer sur les marchés des capitaux, bien qu’à un coût plus élevé. Selon les indices ICE BofA, les rendements offerts sur les marchés américains des obligations d’entreprise IG s’élèvent ainsi à 5,74 % (proches de leur plus haut niveau sur 15 ans) et à 8,29 % pour les obligations HY.
Des rendements plus élevés, une liquidité abondante et un appétit pour le risque soutenu (comme en témoigne la surperformance des segments de crédit les plus risqués sur ces deux dernières années) auront ainsi contribué à un regain d’intérêt pour la dette d’entreprise, entraînant un resserrement significatif des spreads de crédit, désormais à des niveaux historiquement bas.
Cet accès aux marchés des capitaux a ainsi permis aux émetteurs d’améliorer le profil de maturité de leur dette, réduisant a priori leur risque de refinancement dans les années à venir. Leurs fondamentaux se sont également fortement améliorés au lendemain de la pandémie, bénéficiant d’une forte reprise économique, avec des ratios d’endettement et de solvabilité retrouvant les niveaux d’avant COVID. Toutefois, nous constatons une légère détérioration dernièrement en raison de la hausse des coûts d’emprunt et du ralentissement de la croissance des bénéfices.
Implications pour les portefeuilles à revenu fixe
Si la Fed semble être parvenue à faire atterrir l’économie américaine en douceur dans le cycle de resserrement monétaire actuel, les risques de turbulences sont nombreux, le plus significatif étant une inflation obstinément élevée. La marge de manœuvre de la Fed se réduit et elle semble préparer les marchés à des taux durablement hauts, ce qui continuera sans doute à générer de la volatilité sur les marchés de taux et de crédit.
Si l’on se réfère à l’histoire, ces considérations, ainsi que les niveaux de valorisation actuellement serrés, plaident en faveur d’un positionnement prudent sur les marchés des obligations d’entreprise, impliquant une réduction du risque de crédit dans le portefeuille et favorisant les obligations IG de haute qualité ainsi que les bons du Trésor américain.
Xavier Sanjurjo
Reyl Intesa Sanpaolo
Xavier Sanjurjo est en charge de la sélection obligataire et de la gestion de mandats spécifiques pour le pôle Asset Management de la banque Reyl. Il a travaillé auparavant pour différentes banques privées et family offices en tant que conseiller en investissements et gérant de portefeuilles. Xavier est licencié en biochimie de l’Université de Genève, il est également titulaire des certifications CFA et FRM, complétées par l’obtention du CFA Certificate in ESG Investing et du CFA Certificate in Climate & Investing.