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Solutions Investissements

  • Jon Duncan
  • Chief Impact Officer
  • Reyl Intesa Sanpaolo

« Le greenwashing, un signe de maturation du marché « 

2023 a été marquée par une forte augmentation d’allégations de greenwashing, notamment dans les secteurs de l’énergie et de la finance. Dans de nombreux cas, ces allégations ont donné lieu à des procédures judiciaires formelles et, dans certains cas, à des amendes. Pour Jon Duncan, lutter contre le greenwashing de cette manière est un signe encourageant d’un marché qui fonctionne bien.

Francesco Mandalà

Notre compréhension globale actuelle des questions de durabilité bénéficie de l’appui d’un ensemble diversifié d’institutions universitaires internationales qui se concentrent sur une science des systèmes complexes. La croissance rapide de la surveillance géospatiale en temps réel des indicateurs d’eau, d’air, des sols, de la pollution et de la biodiversité ainsi que les avancées phénoménales en termes de puissance de calcul et de traitement, contribuent au développement de cette compréhension collective. Cet essor rapide des technologies de surveillance en temps réel par satellite fournit une perspective solide et pragmatique des risques émergents auxquels la planète est confrontée. Bien qu’il existe un consensus croissant parmi les organismes scientifiques mondiaux sur l’importance des risques de durabilité, les solutions donnent lieu à un différend politique grandissant.

Aux États-Unis, plusieurs hommes politiques ont adopté un discours « anti-ESG » et, dans l’Union européenne, nous assistons à une « marche arrière » politique sur l’économie verte et les plans de décarbonisation. La politisation de plus en plus forte du thème global de la durabilité fait apparaître plus clairement que le greenwashing est simplement une « preuve » de la tendance persistante du marché à vendre les produits à mauvais escient. Sur ce point, la « finance verte » ne fait pas exception.

Gestion des attentes : impact « direct » contre impact « indirect » 

Une autre preuve de la maturation du monde de la finance durable est la prise de conscience croissante de la différence entre impact direct et impact indirect. En d’autres termes, les titres liquides cotés en bourse ont pour la plupart un impact direct, obtenu grâce à une exposition à des entreprises présentant des niveaux de risques ESG opérationnels plus faibles et/ou une exposition accrue à des « revenus verts ». En revanche, il est possible d’optimiser l’impact direct par le biais d’une exposition à des actifs sur les marchés privés, par exemple au moyen d’un investissement direct dans le capital privé d’une entreprise de protéines alternatives ou par le biais d’une allocation de dette privée à des infrastructures renouvelables ou à des logements abordables. À l’heure actuelle, seules les « obligations vertes/durables » et certaines stratégies actions de niche permettent d’avoir un impact direct via les marchés publics liquides.

La taille des tickets d’entrées et les problèmes de liquidité se traduisent généralement par une sous-représentation des marchés privés dans les portefeuilles de gestion privée. L’exposition moyenne des portefeuilles sur les différents marchés mondiaux varie de 8 % à 12 %, l’immobilier étant l’alternative privilégiée des marchés privés. À titre de comparaison, l’étude 2023 BlackRock Global Private Markets Survey indique que les investisseurs institutionnels mondiaux ont une allocation moyenne de 24 % aux marchés privés. Le fonds de dotation de l’Université de Harvard (Harvard Endowment) est connu pour avoir été l’un des premiers à attribuer une allocation à grande échelle et à long terme aux marchés privés, avec une allocation actuelle de 39 % exclusivement dédiée au capital investissement. Au sein de la communauté des family offices et des investisseurs fortunés, il existe désormais un intérêt croissant pour les actifs des marchés privés, qui s’explique par les avantages qu’ils offrent en termes de diversification, ainsi que par la reconnaissance grandissante du fait que cette classe d’actifs offre un accès direct aux opportunités de l’économie verte émergente.

La demande accrue stimule l’innovation pour l’accès aux marchés privés

En réponse à cette demande croissante émanant de la gestion de patrimoine, plusieurs plateformes, telles que Moonfare et I-Capital, ont vu le jour et offrent un accès digitalisé aux actifs des marchés privés. Du point de vue de l’impact, il est encourageant de constater que ces plateformes digitales reflètent naturellement les opportunités commerciales émergentes associées à différentes initiatives. Il en va ainsi de la réduction des émissions de carbone, de l’utilisation efficiente des ressources et de la promotion de l’inclusion sociale, à savoir la génération automatisée de rapport sur le bilan carbone des sols, le recyclage des déchets plastiques et les micro-entreprises d’énergie hors réseaux. Cet alignement technologique entre les capitaux privés à long terme, les actifs des marchés privés et les opportunités de croissance économique verte est une tendance positive pour le monde de la finance durable en général et pour les investisseurs fortunés en particulier.

Jon Duncan

Reyl Intesa Sanpaolo

Avant de rejoindre Reyl Intesa Sanpaolo, Jon Duncan a dirigé le pôle Investissement responsable de la compagnie d’assurance internationale Old Mutual, basée en Afrique du Sud. Il a été pendant onze ans responsable de de la conception et du déploiement d’un programme d’investissement responsable à l’échelle mondiale. Auparavant, il a été associé chez Environmental Resource Management, où il a participé à la mise en place de pratiques respectueuses envers le climat et le développement durable. Jon est titulaire d’un bachelor en génie civil de l’Université du Cap et d’un master en sciences de l’environnement de l’Université de Natal.

 

Durabilité

  • Par Jon Duncan
  • Chief Impact Officer
  • Reyl Intesa Sanpaolo

Impact, durabilité et normes européennes 

Les acteurs de léconomie doivent s’adapter aux évolutions réglementaires et s’engager vers l’impact

Dans un contexte d’évolution rapide des marchés et des réglementations, nous nous efforçons à nous engager, nous adapter et renforcer notre engagement en faveur d’un impact positif, en nous concentrant sur la transition vers une économie durable. La banque s’appuie sur une vision systémique et scientifique du monde, qui tient compte des interconnexions entre la société, l’environnement et les marchés, afin de réduire les impacts négatifs de ses activités sur la clientèle, les collaborateurs, les communautés locales et la biosphère.

Jon Duncan

En 2023, nous allons concentrer nos efforts sur notre politique d’investissement responsable, l’évaluation des risques internes associés, la conformité, le développement de capacités d’analyse de la durabilité au niveau de la sécurité et la définition des préférences des clients en matière d’investissements durables. Et l’attrait pour cette classe d’actif est toujours bien présente.

Engouement pour l’ESG

Malgré les turbulences sur les marchés en 2022, les investissements durables continuent de croître, bien que le scepticisme des clients augmente, nous obligeant à leur apporter des informations plus détaillées. Nous devons également prendre en compte les différences entre ce que les consommateurs disent vouloir faire de leur argent et où ils le placent réellement. Une quête légitime de rendement est un facteur important, en particulier dans la gestion de fortune discrétionnaire. Les périodes de crise ont également tendance à inciter les investisseurs à se tourner vers ce qu’ils connaissent déjà.

L’allocation du capital se tourne de plus en plus vers la performance ajustée du risque et la recherche d’un impact positif. Cette évolution s’explique par quatre facteurs : un consensus scientifique croissant sur les risques biophysiques à long terme, tels que le changement climatique et la biodiversité, l’évolution des consommateurs envers des produits et services durables, la compétitivité économique à long terme des entreprises et les changements rapides de réglementation.

Pour évaluer les risques et l’impact des entreprises, divers paramètres sont à considérer, tels que l’intensité carbone, la chaîne d’approvisionnement et la stratégie à long terme. Les industries les plus exposées à long terme sont également celles qui ont été les premières à prendre en compte les risques climatiques.

Se conformer aux normes européennes

La Commission européenne doit parvenir à une croissance économique à faible intensité de carbone, économe en ressources et socialement inclusive. Dans cette optique, elle a élaboré une taxonomie de l’économie verte qui fournit un cadre pour les activités économiques alignées sur six objectifs environnementaux et trois objectifs sociaux.

Malgré les débats géopolitiques et les divergences d’opinion, l’UE continue de progresser avec la récente conclusion d’un accord sur la réglementation européenne relative aux obligations vertes. Goldman Sachs et Bloomberg estiment que les émissions d’obligations vertes atteindront 600 milliards d’euros en 2023.

… en conservant des rendements attrayants

La transition vers une « économie verte » prendra du temps et sera probablement volatile, avec un impact sur les P/E historiques dans l’ensemble des secteurs, des classes d’actifs et des régions. Les activités économiques alignées sur la taxonomie devraient bénéficier d’un accès au capital et à des opportunités de croissance. L’Agence internationale de l’énergie prévoit des investissements dans les énergies propres supérieurs à 2 000 milliards de dollars d’ici 2030, soit de 50% de plus par rapport à 2022.

Il est par ailleurs important de souligner que les investissements verts ou à impact ne généreront pas tous des rendements supérieurs. Les investisseurs devront adopter une approche prudente et équilibrée en modifiant leurs portefeuilles, afin de gérer les risques et les opportunités associés à la transition vers une économie verte.

Il est donc crucial pour les investisseurs de considérer l’alignement de leur portefeuille avec la transition climatique sur des horizons de trois, cinq ou dix ans, ou du moins de réfléchir à la manière de le faire. En effet, il ne faut pas s’attendre à ce que les investisseurs basculent tous leurs placements vers le durable immédiatement. Il est essentiel de déterminer par où commencer et d’adopter une approche progressive pour intégrer des investissements durables dans les portefeuilles.

La transition vers une économie durable est un processus complexe et en constante évolution, qui impose aux institutions financières, investisseurs et régulateurs un travail conjoint pour naviguer dans cet environnement incertain. Le Groupe REYL, en tant qu’acteur clé dans le secteur financier, s’engage à s’adapter aux évolutions réglementaires et à renforcer son engagement envers l’impact positif, en se concentrant sur la durabilité et en mettant en œuvre des stratégies d’investissement responsable. En travaillant ensemble, nous pouvons progresser vers un avenir plus durable et résilient pour tous.

Biographie

Jon Duncan a démarré sa carrière en 1996 en Afrique du Sud, où il a occupé des postes dans la recherche environnementale, le conseil et l’ingénierie. A la fois chercheur et consultant senior en durabilité chez Trialogue entre 2004 et 2006, Jon a conçu et mis en œuvre des stratégies en durabilité et en investissement social pour les entreprises. En 2006, il est nommé partenaire de la société Environmental Resource Management, spécialisée dans le climat et la durabilité en Afrique du Sud. Son travail consistait à renforcer la compréhension et la capacité des entreprises à gérer les principaux risques et opportunités liés à la durabilité et au changement climatique. En 2011, Jon est devenu responsable du programme d’investissement responsable du groupe Old Mutual, où il a dirigé l’élaboration et la mise en place du programme d’investissement responsable dans l’ensemble des opérations de l’entreprise à l’international. Il a développé les activités de recherche et d’analyse ESG d’Old Mutual, a élaboré des produits axés sur l’intégration ESG et la durabilité dans les différentes types d’investissement et classes d’actifs, et a dirigé l’engagement de l’entreprise auprès des principales parties prenantes, notamment les régulateurs, le monde universitaire, les clients et les médias, ainsi que les associations professionnelles. Jon a rejoint REYL & Cie en 2022 en tant que Chief Impact Officer, où il est chargé de développer, mettre en œuvre et diriger la stratégie d’impact de REYL & Cie afin de maximiser les opportunités de valeur ajoutée qui découlent de la transition économique mondiale vers une faible empreinte carbone.