hashdex

Solutions Investissements

  • Samir Kerbage
  • Chief Investment Officer
  • Hashdex

 Bitcoin & stablecoins : le duo qui structure l’adoption institutionnelle

Avril a été marqué par un retour brutal de la volatilité sur les marchés globaux, et les crypto-actifs n’y ont pas échappé. Le bitcoin est brièvement passé sous les 76 000 dollars à la suite des tensions liées à la nouvelle politique tarifaire annoncée après le “Jour de la Libération”. Mais en l’espace de quelques jours, il a effacé ses pertes, enregistrant un rebond de près de 25 %.

Francesco Mandalà

Le sursaut du bitcoin n’est pas un cas isolé. Les actifs numériques montrent, une fois de plus, leur capacité à rebondir rapidement face aux chocs macroéconomiques. L’indice Nasdaq Crypto Index™ (NCI™), qui reflète la structure du marché crypto, a ainsi surperformé les principales classes d’actifs — actions, or — après plusieurs épisodes de stress : la crise bancaire américaine en 2023, le retournement du yen en 2024, et plus récemment le regain de tensions commerciales.

Pourquoi cela ? Nous assistons à une convergence croissante entre le comportement des marchés, les avancées réglementaires et des cas d’usage concrets, qui renforcent la thèse d’investissement dans les crypto-actifs. Deux évolutions majeures méritent d’être soulignées. Premièrement, le bitcoin s’impose de plus en plus comme un actif de réserve de valeur, adoptant un comportement similaire à celui de “l’or numérique” dans les portefeuilles institutionnels.

Deuxièmement, l’adoption rapide des stablecoins à l’échelle mondiale et la montée en puissance de la tokenisation renforcent l’intérêt des plateformes de smart contracts comme Ethereum et Solana, qui s’affirment comme la couche d’infrastructure d’un nouveau système financier. Ensemble, ces dynamiques accélèrent l’intégration des crypto actifs dans l’économie mondiale et ouvrent la voie à des opportunités d’investissement attractives sur le long terme.

Le rôle croissant du bitcoin comme réserve de valeur

La thèse d’investissement principale autour du bitcoin repose depuis longtemps sur sa rareté, sa décentralisation et sa résistance à la censure. Pourtant, pendant une grande partie de son histoire, il a été perçu davantage comme un actif spéculatif que comme une véritable réserve de valeur. Cette perception est en train d’évoluer, comme en témoigne la semaine dernière où le BTC a progressé en parallèle de l’or, tandis que les indices boursiers reculaient et que le dollar américain atteignait son plus bas niveau depuis trois ans.

Trois évolutions majeures ont été déterminantes dans cette transformation du bitcoin en actif de réserve de valeur :

  1. Alignement avec l’environnement macroéconomique : Le bitcoin est de plus en plus considéré comme une couverture contre la dépréciation monétaire et l’instabilité macroéconomique de long terme. Alors que les économies développées peinent toujours à contenir les pressions inflationnistes et à assurer la soutenabilité de leur dette, les investisseurs réévaluent le rôle des actifs tangibles dans leurs portefeuilles. L’or a historiquement rempli cette fonction — mais le bitcoin, avec sa rareté vérifiable (une offre plafonnée à 21 millions d’unités), sa liquidité mondiale et sa portabilité, est de plus en plus perçu comme une alternative numérique crédible. Les corrélations observées lors de récents épisodes macroéconomiques renforcent cette perception. En 2023 et début 2024, le bitcoin a souvent évolué de concert avec l’or lors de tensions géopolitiques et de pics d’inflation, ce qui montre que les marchés commencent à le considérer comme un actif refuge plutôt que comme un actif purement spéculatif.
  2. Infrastructure institutionnelle et ETFs au comptant : Le lancement des ETFs bitcoin au comptant cotés aux États-Unis début 2024 a constitué un tournant décisif. Cette avancée a permis aux investisseurs d’accéder au bitcoin de manière simple, régulée et peu coûteuse, via les canaux financiers traditionnels. À mesure que les infrastructures de niveau institutionnel — conservation, exécution, conformité — continuent de se déployer, nous anticipons un renforcement de la corrélation du bitcoin avec les actifs refuges traditionnels, ce qui viendra consolider davantage sa position en tant que réserve de valeur.
  3. Indicateurs on-chain et détenteurs de long terme : Le signal peut-être le plus révélateur vient du comportement des détenteurs de bitcoin. Les données on-chain montrent qu’un pourcentage significatif de l’offre est désormais conservé par des investisseurs de long terme — des portefeuilles qui n’ont pas déplacé de fonds depuis plus d’un an. Ces détenteurs font preuve d’une faible sensibilité à la volatilité des prix, ce qui traduit une confiance croissante dans le bitcoin en tant qu’actif de long terme. Ce comportement contribue à stabiliser les prix et à limiter la pression vendeuse lors des phases de correction. Il est également cohérent avec les caractéristiques attendues d’un actif de réserve de valeur arrivé à maturité.

Stablecoins, tokenisation et opportunités liées aux smart contracts

Alors que le bitcoin s’impose progressivement comme l’équivalent numérique de l’or, la demande pour les stablecoins — des actifs numériques adossés à des monnaies fiduciaires, le plus souvent le dollar américain — ne cesse de croître. Depuis le début de 2023, les fonds monétaires tokenisés se développent rapidement, avec des institutions traditionnelles telles que BlackRock et UBS qui investissent déjà ce segment et collectent plusieurs milliards de dollars via leurs propres versions de “dollar tokens” porteurs de rendement. Ethereum, ses solutions de couche 2, ainsi que d’autres plateformes de smart contracts comme Solana et Avalanche, sont les infrastructures utilisées pour tokeniser des actifs du monde réel. Elles permettent d’exécuter des transactions de manière rapide, sécurisée et programmable, tout en offrant une composabilité qui ouvre la voie à de nouveaux cas d’usage.

Les stablecoins adossés au dollar, notamment l’USDC et l’USDT, traitent désormais près de 3’000 milliards de dollars de volume de transaction par an — un chiffre supérieur aux volumes combinés de PayPal, Venmo et Western Union. Leur utilité est multiple : transferts internationaux, trading on-chain, paiements marchands, etc. La montée en puissance des stablecoins et de la tokenisation ne relève clairement plus du seul écosystème crypto. Les institutions financières et les fintechs les intègrent dans leurs produits, et plusieurs juridictions — de Singapour au Brésil en passant par les États-Unis — développent des cadres réglementaires pour accompagner cette adoption.

Pourquoi est-ce important pour Ethereum et les autres plateformes de smart contracts ?

  1. Stablecoins et tokenisation alimentent l’activité sur les blockchains : Les stablecoins représentent aujourd’hui les applications les plus utilisées sur les blockchains publiques programmables. Ethereum reste la plateforme dominante pour l’émission et le règlement des transactions en stablecoins, tandis que ses concurrents enregistrent également une croissance soutenue depuis plusieurs années. Cette dynamique génère des frais sur ces réseaux, créant une demande structurelle pour leurs tokens natifs et incitant à la poursuite des investissements dans l’infrastructure. Cette activité économique renforce la thèse d’investissement dans des actifs comme l’ETH ou le SOL, perçus à la fois comme des “actifs générateurs de rendement” (via le staking) et comme le carburant nécessaire au fonctionnement computationnel des réseaux.
  2. Effets de réseau et ancrage des plateformes : Les plateformes de smart contracts bénéficient d’un fort engagement de la part des développeurs, d’outils technologiques matures, et d’un écosystème étendu comprenant portefeuilles, protocoles DeFi et solutions d’accès aux marchés. Les stablecoins et la tokenisation renforcent cet écosystème en rendant les blockchains plus accessibles et plus pertinentes sur le plan financier pour les utilisateurs du quotidien. À mesure qu’ils s’intègrent dans des produits financiers grand public — comptes d’épargne, néobanques, commerce transfrontalier — ils génèrent une demande continue pour les réseaux qui les soutiennent, consolidant ainsi leur rôle au cœur de l’infrastructure financière numérique.
  3. Modèles de monétisation des smart contracts : Le succès des stablecoins et la montée en puissance de la tokenisation donnent un aperçu des modèles économiques de demain. Les blockchains capables de traiter efficacement un volume élevé de transactions — tout en maintenant des frais faibles et une conformité réglementaire — capteront une part importante de la valeur créée. Cette évolution positionne les plateformes les plus performantes comme les futures infrastructures de paiement et de règlement du système financier mondial.

Implications pour les investisseurs

Ces deux récits — le bitcoin comme or numérique et les plateformes de smart contracts comme infrastructure financière — ne s’excluent pas mutuellement. Ils se complètent et représentent deux piliers de la thèse d’investissement en actifs numériques en pleine évolution. Pour les investisseurs de long terme, cela offre un cadre plus clair pour la construction de portefeuille :

  • Bitcoin : Une couverture macroéconomique et une réserve de valeur, jouant un rôle de plus en plus similaire à celui de l’or dans les portefeuilles diversifiés. Idéalement positionné pour bénéficier de l’incertitude macroéconomique et de l’adoption institutionnelle.
  • Plateformes de smart contracts : Actifs de croissance liés à l’expansion de l’activité économique on-chain, notamment l’utilisation des stablecoins, la tokenisation et la DeFi. Ces plateformes profiteront de l’utilisation des réseaux, des rendements du staking et de l’adoption de leur infrastructure.

Comme toujours, des risques subsistent — de la fragmentation réglementaire à la concurrence entre réseaux. Mais contrairement aux cycles précédents, nous assistons désormais à une adoption réelle qui stimule la demande et l’intérêt des investisseurs. Le bitcoin et les plateformes de smart contracts ne sont plus de simples idées. Ce sont des systèmes fonctionnels, avec des cas d’usage éprouvés et une attractivité économique croissante.

Chez Hashdex, nous pensons que les actifs numériques entrent dans une nouvelle phase — marquée moins par la spéculation que par une intégration mesurable dans l’économie mondiale. Le rôle croissant du bitcoin comme réserve de valeur, associé à la place centrale des smart contracts dans l’infrastructure des stablecoins et de la tokenisation, illustre clairement cette évolution.

Nos stratégies d’investissement indicielle sont conçues pour capter cette dynamique. Le Nasdaq Crypto Index™ (NCI™), suivi par nos produits phares, constitue aujourd’hui une boussole pertinente pour les investisseurs souhaitant s’exposer de manière structurée à l’écosystème crypto. Il s’agit d’un panier dynamique, révisé trimestriellement, qui reflète la structure réelle du marché — avec une pondération dominante pour le bitcoin (environ 78% au 10 avril), tout en intégrant les tokens principales plateformes de smart contracts (Ethereum, Solana, Cardano, Avalanche) et des actifs liés aux paiements comme Ripple, etc.

Ce positionnement permet à l’indice de capter non seulement la thèse de réserve de valeur portée par le bitcoin, mais aussi les opportunités de croissance générées par l’adoption des stablecoins et la tokenisation. Le NCI™ est conçu pour évoluer avec le marché et pour capter les gagnants de demain, dès aujourd’hui. Il offre ainsi une exposition diversifiée, rigoureuse et représentative à un univers encore jeune, mais déjà structuré.

En s’appuyant sur des règles transparentes, une méthodologie rigoureuse et une couverture de large de la capitalisation du marché des actifs numériques, le Nasdaq Crypto Index™ constitue une passerelle efficace entre les marchés traditionnels et les nouvelles frontières de la finance. Il s’agit, selon nous, de la meilleure manière d’aborder cette classe d’actifs avec discipline, discernement et vision stratégique.

Samir Kerbage

Hashdex

Samir Kerbage est le Chief Investment Officer de Hashdex. Pendant près de dix ans, il a travaillé à la construction d’infrastructures pour les marchés financiers. Il a contribué par exemple à des projets majeurs tels que l’ATS Brasil chez Americas Trading Group et le lancement d’une entreprise de trading à haute fréquence. Samir Kerbage, est diplômé en génie informatique de l’Instituto Militar de Engenharia, au Brésil.

Actions suisses

Solutions Investissements

  • Daniel Steck
  • Senior portfolio manager
  • Banque Piguet Galland

Quand Donald Trump siffle la fin de la récréation

Après un rally appréciable au premier trimestre, les actions suisses ont repiqué du nez en avril, prises sous le feu des taxes douanières exorbitantes envisagées par Donald Trump. A mi avril, le SPI avait perdu 2,6% depuis le début de l’année, et le SMI 3,3%. Rien d’inquiétant cependant au vu des excellents fondamentaux qu’affiche toujours l’économie suisse.

Francesco Mandalà

Après deux années de performances catastrophiques, le vent semblait avoir enfin tourné sur les bourses suisses au premier trimestre. A la fin mars, les indices avaient fortement rebondi, tandis que l’optimisme des investisseurs à l’égard de l’économie mondiale laissait place à un net regain de volatilité.

Au mois de janvier, il était en effet assez choquant de constater que la décote de valorisation des titres helvétiques atteignait un niveau sans précédent. Alors qu’historiquement les valeurs domestiques se traitent avec une prime de 5% par rapport aux indices mondiaux, c’est une décote de près de 15% qui prévalait en début d’année. Cette situation anormale parlait clairement en faveur des actifs risqués suisses. Cet argument reste d’ailleurs valable aujourd’hui, malgré la large surperformance du SPI sur les trois premiers mois de 2025.

Les valeurs suisses ont souvent montré leur capacité à bien se comporter dans un environnement de forte volatilité sur les marchés financiers mondiaux. L’escalade actuelle dans la guerre commerciale menée par les USA contre leurs partenaires commerciaux mène à un régime de volatilité extrême qui aurait dû normalement pousser les investisseurs vers la cote locale. C’était sans compter sur le caractère imprévisible du nouveau Président américain.

Il y a encore quelques semaines, les observateurs estimaient que la Suisse échapperait aux taxes douanières, malgré les menaces brandies par Donald Trump à l’égard du monde entier. Tout du moins, il n’était pas envisageable que des taxes supérieures à celles appliquées aux pays européens soient mises en place. C’est pourtant bien ce qui s’est passé la semaine dernière. A la suite de l’application de formules mathématiques obscures, les biens helvétiques exportés aux Etats-Unis risquent une taxe supérieure à 30%, un niveau jusque-là réservé aux produits chinois. Cette surprise explique la sous performance récente des bourses domestiques, qui n’ont pas résisté au crash boursier en ce début avril.

Dans un tel contexte, les petites et moyennes capitalisations sont à la peine. Sans surprise, ces entreprises ont fortement corrigé, en raison de leur fragilité financière plus élevée et de leur présence dans des secteurs plutôt cycliques comme l’industrie ou la chimie. Pas de répit non plus pour les valeurs défensives du secteur de la santé, qui ne seront pas épargnées par la politique tarifaire de Donald Trump. Dans la récente baisse, les investisseurs n’ont pas fait de distinction entre grosses et petites capitalisations, cycliques ou défensives. L’onde de choc s’est généralisée à l’ensemble du marché. Ou presque…

Car certaines valeurs parmi les « small cap » se sont relativement bien comportées dans ce moment de panique. Les plus petites sociétés, celles qui ne sont actives que sur le marché suisse et, par conséquent, ne sont que peu concernées par les taxes américaines, ont semblé bénéficier d’une carte joker. Une société de services comme Swisscom, qui opère en grande partie sur sol suisse ne se soucie guère des récents développements macroéconomiques. Même constat pour BKW, Allreal, les petits assureurs suisses ou l’ensemble des banques cantonales helvétiques. Ces valeurs sont à privilégier dans l’environnement actuel et sont largement représentées dans nos solutions d’investissement dédiées au segment des petites et moyennes capitalisations. L’accent est donc mis dans ce segment sur les sociétés exposées en premier lieu à la conjoncture domestique.

Car il faut souligner l’excellence des fondamentaux dont jouit l’économie suisse. Alors que la croissance du PIB ralentit dans la plupart des économies développées, Etats-Unis et Chine en tête, elle devrait rester stable, voire accélérer dans notre pays durant les deux prochaines années. Certes, des révisions baissières sont attendues au vu des récentes mesures mises en place par les Etats-Unis et de la perte de confiance qui en a suivi chez les entrepreneurs. Mais l’impact devrait rester limité pour le PIB suisse. Idem pour les bénéfices des entreprises suisses, qui s’inscrivent dans une tendance de révisions haussières. Notons que la BNS, en assouplissant fortement sa politique monétaire durant les derniers trimestres, a sans doute contribué à préserver la compétitivité des sociétés exportatrices et à limiter l’appréciation du franc, favorisant ainsi la croissance.

Au vu de ce qui précède, nous considérons comme injustifiée la décote que les actions domestiques continuent d’afficher par rapport à leurs homologues mondiales, même après la surperformance des indices SMI et SPI sur le premier trimestre. Le retour à une prime de valorisation est désormais probable au vu des incertitudes économiques, de la situation géopolitique et de la visibilité réduite qui prévaut quant à l’orientation de la croissance mondiale. Nous recommandons dès lors de conserver une exposition substantielle aux actions helvétiques en privilégiant notamment les petites capitalisations domestiques, qui continueront à tirer leur épingle du jeu sur les prochains mois.

Daniel Steck

Piguet Galland

Daniel Steck cumule près de 25 années d’expérience dans le domaine de la finance. Après une première expérience dans l’analyse financière chez Lombard Odier, notamment sur le secteur de la santé, il a continué sa carrière chez Reyl & Cie, comme analyste et gérant de portefeuille. Il a rejoint Piguet Galland en 2018 comme gestionnaire senior pour prendre en charge de la gestion des différents fonds actions et certificats thématiques sur la Suisse et l’Amérique du Nord.

Crypto

Solutions Investissements

  • Dramane Meite
  • Responsable Produits
  • Hashdex

Smart contracts: l’infrastructure pour un avenir décentralisé

Avec les « smart contracts » que la blockchain a rendu possibles, le web est en pleine évolution. Sous le label Web3, comme l’explique Dramane Meite, il ouvre de nouvelles opportunités dans des domaines tels que les plateformes de type Ethereum, les places de marché, les jeux « play-to-earn » et quelques autres concepts 100% décentralisés.

Francesco Mandalà

Le potentiel des crypto-actifs va bien au-delà des simples paiements. La technologie blockchain a permis de créer une large gamme d’applications qui suppriment le besoin d’intermédiaires grâce à des réseaux décentralisés soutenus par des actifs numériques.

Les “smart contracts”, des accords auto-exécutables qui automatisent les transactions et éliminent les intermédiaires, sont l’une des utilisations les plus marquantes de la blockchain. Ils sont employés pour des transactions financières ou juridiques, pour le paiement direct d’artistes, ainsi que pour de nombreux autres cas. Des entreprises comme Starbucks, Nike et JPMorgan les utilisent pour offrir à leurs clients de nouveaux services nouveaux, plus efficaces.

Basés sur la transparence et l’efficacité, les smart contracts favorisent aussi l’adoption des produits et services du Web3. Comment définir alors le Web3 et pourquoi les investisseurs devraient-ils s’y intéresser ?

Les trois phases de l’internet

Internet a connu une transformation spectaculaire depuis sa création. A ses débuts – le Web1 – il était une vaste bibliothèque d’informations, facilement accessible mais avec une interaction limitée. Le Web2 – l’ère actuelle – a entraîné une révolution sociale, permettant aux utilisateurs de se connecter, créer et partager du contenu sur des plateformes comme Facebook et YouTube. Cependant, ces plateformes ont la main mise sur le data de même que sur le contenu généré, soulevant des préoccupations liées à la vie privée et la propriété.

Le Web3, porté entre autres par les smart contracts, s’accompagne d’un changement de paradigme où les individus sont les seuls propriétaires de leurs données, contrôlent leurs actifs numériques et interagissent directement les uns avec les autres sans dépendre d’autorités centrales.

Grâce aux marchés décentralisés, le Web3 offre de nombreux avantages. Il permet à ses utilisateurs de posséder et d’échanger des œuvres d’art numériques via des NFT. Le modèle de jeu « play-to-earn » leur permet aussi de gagner des récompenses quand ils jouent, et les primes obtenues deviennent des actifs échangeables. Enfin, les plateformes de création de contenu décentralisées donnent aux créateurs le contrôle sur leur travail et un accès direct à leur audience.

Voici quelques exemples les plus marquants développés autour de ces smart contracts

Plateformes de contrats intelligents

Ethereum

La plateforme la plus établie, connue pour son écosystème de développeurs robuste et sa sécurité.

Solana

Une alternative rapide et à faible coût à Ethereum, gagnant en traction pour sa scalabilité.

NFT Marketplaces

OpenSea

Le plus grand et le plus populaire des marketplaces pour acheter et vendre des NFTs dans diverses catégories.

Rarible

Marketplace NFT décentralisé avec un accent sur l’autonomisation des créateurs et la gouvernance communautaire.

Jeux Play-to-Earn

Axie Infinity

Un pionnier dans l’espace play-to-earn, où les joueurs élèvent et combattent des créatures pour gagner des récompenses.

Decentraland

Jeu de métavers où les joueurs possèdent des parcelles de terrain virtuel et peuvent créer des expériences ou monétiser leurs créations.

Finance décentralisée (DeFi)

Uniswap

Le principal échange décentralisé (DEX), permettant le trading pair-à-pair de cryptoactifs sans intermédiaires.

Aave

Plateforme de prêt DeFi où les utilisateurs peuvent emprunter et prêter des cryptoactifs, gagnant des intérêts sur leurs avoirs.

Risques et opportunités

Le potentiel du marché pour les applications Web3 est immense. Pour les investisseurs, le champ des possibles est tout aussi étendu, mais il comporte aussi des risques. Les vulnérabilités des contrats intelligents et les problèmes opérationnels de la blockchain peuvent entraîner des pertes financières. Parfois, le pouvoir de décision pour certains nouveaux projets est concentré, avec des droits de vote distribués de manière inégale. De plus, les cadres réglementaires pour le Web3 sont en cours d’évolution, créant une certaine incertitude pour les entreprises et les investisseurs.

L’avenir du Web3 n’en reste pas moins prometteur. Ethereum est actuellement la principale plateforme de contrats intelligents, mais des solutions concurrentes comme Solana émergent. De nouvelles solutions construites sur ces réseaux, appelées « Layer-2 », aident à la scalabilité de ces réseaux et réduisent les frais et autres coûts ayant créé des obstacles à l’adoption.

À mesure que cette industrie évolue, le Web3 offre une opportunité massive de remodeler internet et de redéfinir la propriété à l’ère numérique. Les plateformes de contrats intelligents et leurs applications continueront de perturber les industries traditionnelles et de libérer toute la capacité d’un internet véritablement décentralisé.

Dramane Meite

Hashdex

Dramane Meite est responsable des nouveaux produits chez Hashdex, avec plus de 10 ans d’expérience dans les marchés financiers, la gestion d’actifs et la fintech. En poste auparavant chez Pimco, il a piloté les initiatives stratégiques et l’innovation en tant que Business Manager au bureau exécutif, puis en tant que stratège produit dans le groupe Solutions Client et Analytics. Il a également travaillé dans la vente, le trading et la trésorerie à la Standard Chartered Bank et à la Société Financière Internationale. Dramane Meite détient un MBA de l’Université Stanford, ainsi qu’une maîtrise en statistiques et économie. Il est titulaire du CFA.

Greenwashing

Sustainable Solutions Week

  • Céline Kohler
  • Avocate UE, Commission du barreau de Genève
  • Kohler Gotzev

« Green Mirage » : gérer les risques pour les professionnels de la finance en Suisse

Attention au mirage vert, prévient Céline Kohler. Avec le volume qu’ils prennent, les  investissements durables s’accompagnent aussi à la marge de risques accrus de greenwashing, un procédé abusif que les gestionnaires de fortune doivent forcément prendre en compte dans leurs grilles d’allocation.

 

Francesco Mandalà

Le secteur financier mondial s’oriente de plus en plus vers la durabilité, sous l’effet d’une sensibilisation accrue à l’environnement et de la demande d’investissements verts de la part des investisseurs. Une étude réalisée par Swiss Sustainable Finance (SSF) met en évidence cette tendance, en révélant que les investissements durables en Suisse ont augmenté de 31 % l’année dernière, atteignant 1,52 trillion de francs suisses. Cependant, cette croissance a conduit au phénomène du « mirage vert » – la surestimation des investissements respectueux de l’environnement, qui se traduit par un blanchiment écologique. Pour les intermédiaires financiers suisses, la gestion de ces risques est cruciale pour maintenir la confiance et la conformité dans un paysage réglementaire en constante évolution.

Le paysage financier suisse

La Suisse s’est engagée progressivement en faveur de la finance durable, s’alignant sur les initiatives mondiales visant à promouvoir les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) en étoffant son cadre législatif applicable aux grandes entreprises mais aussi pour le climat, l’innovation et le renforcement de la Sécurité énergétique. Les intermédiaires financiers suisses sont réglementés par l’Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers (FINMA) et la Loi suisse sur les services financiers (LSFin), ce qui garantit la protection des investisseurs. Toutefois, une grande partie de la réglementation sur la transparence durable est encore soumise à l’autorégulation du secteur.

Malgré ces efforts, le secteur croissant de la finance verte en Suisse est confronté à des risques accrus d’écoblanchiment et il est légitime de se demander si les mesures réglementaires actuelles protègent suffisamment les intermédiaires financiers des dangers des produits écologiques faussement commercialisés, ce qui pourrait compromettre la confiance et le respect des règles. Le renforcement des cadres réglementaires et des efforts de conformité est essentiel pour atténuer ces risques et garantir la transparence et la responsabilité des acteurs de la finance durable.

Comprendre l’écoblanchiment

L’écoblanchiment consiste à faire des déclarations trompeuses sur les avantages environnementaux d’un produit financier, d’un service ou d’un investissement financier, créant ainsi un « mirage vert » qui trompe les investisseurs. Les tactiques les plus courantes sont les déclarations vagues sur le développement durable, la divulgation sélective et les initiatives superficielles. Les appellations trompeuses telles que « vert » ou « fonds d’impact » peuvent donner lieu à des enquêtes réglementaires et à des poursuites judiciaires, ce qui souligne la nécessité de faire preuve de vigilance et de diligence raisonnable.

Risques juridiques et responsabilités

Pour les intermédiaires financiers en Suisse, et outre le risque réputationnel, l’écoblanchiment pose des risques juridiques importants. En vertu du droit suisse, le fait d’induire les investisseurs en erreur par de fausses déclarations sur le développement durable peut entraîner des sanctions sévères, notamment des amendes et des atteintes à la réputation. L’article 69 de la loi suisse sur les services financiers (LSFin) interdit explicitement les déclarations trompeuses et fausses, et l’article 90 décrit les sanctions pour de telles violations, qui peuvent inclure des amendes et d’autres pénalités.

En outre, la circulaire 05/2021 de la FINMA fournit des lignes directrices détaillées sur les attentes et les exigences en matière de transparence et d’exactitude dans les déclarations de durabilité. Elle souligne la nécessité pour les intermédiaires financiers de fournir des informations claires et véridiques sur les aspects de durabilité de leurs produits et services. La pression exercée sur la Suisse va probablement s’accroître, avec l’adoption par l’UE de la directive sur le devoir de diligence des entreprises en matière de développement durable (DDDDC) et la future directive européenne sur les allégations écologiques (EGCD). Ces directives visent à améliorer la transparence et la responsabilité des déclarations de durabilité dans l’UE et, bien que la Suisse ne soit pas membre de l’UE, ces réglementations influencent les intermédiaires financiers suisses qui opèrent sur le marché de l’UE ou qui traitent avec des clients basés dans l’UE.

Stratégies d’atténuation des risques

Pour éviter les risques associés au mirage vert, les intermédiaires financiers disposent de plusieurs options pour s’aligner aux meilleures pratiques :

– Faire preuve de diligence raisonnable pour tous les investissements verts, y compris en procédant à des évaluations indépendantes de la durabilité.

– Maintenir la transparence avec les clients en fournissant des informations claires et précises sur l’impact environnemental des investissements.

– Sensibiliser et former régulièrement le personnel à la finance durable et aux tactiques d’écoblanchiment.

– Utiliser des services de vérification tiers pour authentifier les déclarations de durabilité.

– Contrôler en permanence les investissements pour s’assurer qu’ils respectent les objectifs de durabilité énoncés et remédier aux écarts.

Conclusion

Pour maintenir et protéger la réputation de la place financière suisse, il est crucial de renforcer la réglementation et d’atténuer les risques d’écoblanchiment en donnant la priorité à la transparence et à l’intégrité des données. Malgré les progrès en finance durable, les risques accrus d’écoblanchiment exigent des efforts constants en matière de conformité. En s’engageant dans une diligence raisonnable, une transparence totale et une formation continue, les intermédiaires financiers suisses peuvent renforcer la confiance des investisseurs et la crédibilité du secteur financier tout en s’adaptant à un paysage réglementaire en constante évolution

Céline Kohler

Kohler Gotzev

Céline Kohler est la fondatrice du cabinet d’avocats Kohler Gotzev, présent au Luxembourg et à Genève. Elle conseille les fonds d’investissement, les sociétés de gestion et les professionnels de la MIFID2/LSFin sur des questions juridiques, réglementaires et de conformité impliquant des aspects transfrontaliers. Elle est également active dans l’éducation et la formation professionnelle liées à la finance durable à Genève et au Luxembourg. Céline Kohler est titulaire d’une maîtrise en droit international de l’Université de Paris 1 – Panthéon Sorbonne et d’un LL.M. en droit de l’Union européenne de l’Université de Lausanne. Elle est inscrite au Barreau du Luxembourg et au Barreau de Genève.

 

Actions suisses

Solutions Investissements

  • Interview Daniel Steck
  • Senior portfolio manager
  • Banque Piguet Galland

« ON tient fermement tête aux stars du secteur, Nike ou Adidas »

En Suisse, la récente baisse des taux de la BNS ouvre des perspectives plus engageantes pour le segment des Small & Mid Caps, et surtout pour les valeurs les mieux orientées à l’export. Elles sont d’ailleurs nombreuses, comme le rappelle Daniel Steck, qui cite ON Holding en exemple.

Francesco Mandalà

Où en sont les valorisations des Small & Mid Caps suisses ?

Aujourd’hui, elles sont particulièrement attractives, notamment si on les compare au reste de la cote. Historiquement, en Suisse, les Small Caps se sont traitées avec une prime de valorisation par rapport aux Large Caps. Cette prime, qui s’élevait en moyenne à 30%, n’est que de 16% actuellement, alors que les perspectives de croissance pour ces sociétés sont en général supérieures à celles de leurs grandes sœurs. La remontée des taux d’intérêt, qui a considérablement durci les conditions de financement pour ces entreprises ainsi que la force persistante du franc suisse durant les derniers trimestres a passablement pesé sur leurs valorisations. Un retournement est toutefois en train de s’opérer, notamment après l’assouplissement de la politique monétaire de la BNS.

Que peuvent-elles justement espérer des récentes mesures prises par la BNS pour affaiblir le franc ?

Les petites et moyennes capitalisations sont les premières bénéficiaires de la récente décision de la BNS de couper ses taux directeurs. En effet, la force du franc suisse est particulièrement pénalisante pour ces entreprises. A l’inverse des grandes multinationales, présentes physiquement sur plusieurs continents, les petites sociétés génèrent une grande partie de leurs coûts en Suisse, alors qu’elles exportent la majorité de leurs biens et services à l’international. Il en résulte un impact négatif important sur leurs marges, auquel on doit rajouter une perte de compétitivité par rapport aux entreprises étrangères. La faiblesse actuelle du franc contre l’euro et le dollar est donc une excellente nouvelle pour ce segment de marché.

Dans ce segment Small & Mid, quelles valeurs se signalent le plus à l’export ?

En effet, malgré leur petite taille, de nombreuses entreprises suisses se distinguent à l’international. Elles bénéficient d’une image de marque reconnue dans le monde entier. Citons par exemple Lindt ou Logitech, qui ne génèrent qu’une partie infime de leurs revenus sur le sol helvétique. Le secteur de la santé compte également de nombreuses entreprises résolument tournées vers l’international, à l’image de Straumann, Bachem, Ypsomed ou encore Tecan.

Quelles sont les entreprises qui vous fascinent le plus parmi ces Small & Mid Caps ?

ON Holding, un véritable David qui se bat contre plusieurs Goliaths. C’est une success story remarquable dans le secteur de la chaussure de sport. Avec une capitalisation d’à peine 12 milliards de dollars, la société introduite en bourse en 2021, tient fermement tête aux stars du secteur, Nike ou Adidas. D’un point de vue de ses fondamentaux, ON Holding n’a rien à envier aux leaders du marché, puisque l’entreprises affiche déjà une profitabilité nettement supérieure à celle de ses concurrents et ce grâce à un positionnement résolument tourné vers le haut de gamme. ON a su se différencier sur un marché de la chaussure de sport morose et capitaliser sur l’image d’une figure reconnue, celle de Roger Federer. Signe clair de ses ambitions, ON Holding a choisi New York pour effectuer son entrée en bourse il y a trois ans.

Certaines de ces Small & Mid Caps sont-elles taillées pour entrer un jour au SMI ?

Il y a fort à parier que la prochaine entreprise à intégrer l’indice SMI soit une fois encore une société active dans le domaine de la santé. La première candidate est bien sur Straumann, première capitalisation de l’indice SPI Extra, qui inclut les valeurs du SPI à l’exception de celles du SMI. Cependant, une nouvelle venue pourrait lui griller la priorité. Sandoz, leader mondial des médicaments génériques, qui a effectué son IPO il y a moins d’un an, semble très bien positionnée pour prétendre à une place parmi les vingt stars de la bourse helvétique.

Daniel Steck

Piguet Galland

Daniel Steck cumule près de 25 années d’expérience dans le domaine de la finance. Après une première expérience dans l’analyse financière chez Lombard Odier, notamment sur le secteur de la santé, il a continué sa carrière chez Reyl & Cie, comme analyste et gérant de portefeuille. Il a rejoint Piguet Galland en 2018 comme gestionnaire senior pour prendre en charge de la gestion des différents fonds actions et certificats thématiques sur la Suisse et l’Amérique du Nord.