Égalité

Sustainable Solutions Week

  • Mahnoosh Mirghaemi
  • Managing director
  • Colivar gestion

Renforcer l’avenir financier des femmes en créant un avenir durable

Dans un monde où l’autonomisation financière et l’égalité des sexes sont essentielles pour un développement durable, Colivar Gestion se distingue par son approche. Tirant parti de la puissance de l’intelligence artificielle, elle vise à démocratiser la gestion de patrimoine pour les femmes, en abordant l’écart de richesse et en redéfinissant la finance durable. Pour elle, la durabilité transcende les métriques ESG traditionnelles et les ratings produits, en se concentrant sur des solutions financières impactantes, inclusives et transformatrices.

Francesco Mandalà

Malgré des progrès significatifs, l’écart de richesse entre les sexes reste un problème critique. En moyenne, les femmes gagnent moins, épargnent moins et investissent moins que les hommes. Cette disparité est aggravée par une espérance de vie plus longue et des interruptions de carrière souvent liées aux responsabilités de soins. Les services de gestion de patrimoine traditionnels se sont principalement adressés aux clients masculins, laissant de nombreuses femmes mal desservies et sous-représentées dans la prise de décisions financières.

Les femmes comme catalyseurs d’une économie durable

Les contributions des femmes dans la finance sont vitales pour créer une économie durable et assurer un avenir prospère. Traditionnellement, les femmes ont été encouragées à épargner et à gérer les finances du ménage plutôt qu’à investir. Cependant, avec une augmentation de la richesse, des modes de vie changeants et une crise de confiance croissante envers les institutions financières, le moment est idéal pour créer des outils qui permettent aux femmes d’investir et de prendre le contrôle de leurs finances. La plateforme Colivar se distingue en exploitant les perspectives et les approches de décision uniques des femmes pour favoriser une croissance économique plus durable et inclusive. Au cœur de l’approche innovante de Colivar se trouve son planificateur de parcours financier piloté par l’IA. Cet outil est conçu pour comprendre et s’adapter aux besoins et objectifs individuels de chaque femme, offrant un niveau de personnalisation auparavant inaccessible.

En utilisant des algorithmes de machine learning avancés, le planificateur de parcours financier analyse en continu les tendances du marché, les indicateurs économiques et les données financières individuelles pour fournir des recommandations d’investissement personnalisées. Ces recommandations sont alignées avec l’appétit pour le risque de chaque femme, ses capacités, son horizon temporel et ses objectifs financiers, garantissant que son portefeuille d’investissement est optimisé pour la croissance et la sécurité.

Le planificateur piloté par l’IA n’est pas une solution ponctuelle mais un outil dynamique qui évolue avec le parcours financier de l’utilisateur.

Créer un impact par la finance durable

La véritable durabilité implique la création de systèmes financiers inclusifs et équitables qui autonomisent tous les individus, en particulier ceux qui ont été historiquement marginalisés. Les femmes autonomisées sont plus susceptibles d’investir dans leurs communautés, de soutenir les entreprises locales et de contribuer à la croissance économique. Cet effet d’entraînement va au-delà de la stabilité financière individuelle, favorisant une économie plus inclusive et résiliente.

L’approche de Colivar promeut également la diversité au sein du secteur des services financiers. En adaptant leurs services pour répondre aux besoins uniques des femmes, ils remettent en question les normes et pratiques traditionnelles qui ont exclu les femmes de la prise de décisions financières. Ce changement profite non seulement aux clientes individuelles mais encourage également un secteur financier plus diversifié et inclusif. 

Démocratiser la gestion de patrimoine représente une approche transformative de la finance durable. Ce modèle innovant favorise non seulement l’égalité des sexes mais contribue également à une économie plus inclusive et durable.

 

Greenwashing

Sustainable Solutions Week

  • Céline Kohler
  • Avocate UE, Commission du barreau de Genève
  • Kohler Gotzev

« Green Mirage » : gérer les risques pour les professionnels de la finance en Suisse

Attention au mirage vert, prévient Céline Kohler. Avec le volume qu’ils prennent, les  investissements durables s’accompagnent aussi à la marge de risques accrus de greenwashing, un procédé abusif que les gestionnaires de fortune doivent forcément prendre en compte dans leurs grilles d’allocation.

 

Francesco Mandalà

Le secteur financier mondial s’oriente de plus en plus vers la durabilité, sous l’effet d’une sensibilisation accrue à l’environnement et de la demande d’investissements verts de la part des investisseurs. Une étude réalisée par Swiss Sustainable Finance (SSF) met en évidence cette tendance, en révélant que les investissements durables en Suisse ont augmenté de 31 % l’année dernière, atteignant 1,52 trillion de francs suisses. Cependant, cette croissance a conduit au phénomène du « mirage vert » – la surestimation des investissements respectueux de l’environnement, qui se traduit par un blanchiment écologique. Pour les intermédiaires financiers suisses, la gestion de ces risques est cruciale pour maintenir la confiance et la conformité dans un paysage réglementaire en constante évolution.

Le paysage financier suisse

La Suisse s’est engagée progressivement en faveur de la finance durable, s’alignant sur les initiatives mondiales visant à promouvoir les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) en étoffant son cadre législatif applicable aux grandes entreprises mais aussi pour le climat, l’innovation et le renforcement de la Sécurité énergétique. Les intermédiaires financiers suisses sont réglementés par l’Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers (FINMA) et la Loi suisse sur les services financiers (LSFin), ce qui garantit la protection des investisseurs. Toutefois, une grande partie de la réglementation sur la transparence durable est encore soumise à l’autorégulation du secteur.

Malgré ces efforts, le secteur croissant de la finance verte en Suisse est confronté à des risques accrus d’écoblanchiment et il est légitime de se demander si les mesures réglementaires actuelles protègent suffisamment les intermédiaires financiers des dangers des produits écologiques faussement commercialisés, ce qui pourrait compromettre la confiance et le respect des règles. Le renforcement des cadres réglementaires et des efforts de conformité est essentiel pour atténuer ces risques et garantir la transparence et la responsabilité des acteurs de la finance durable.

Comprendre l’écoblanchiment

L’écoblanchiment consiste à faire des déclarations trompeuses sur les avantages environnementaux d’un produit financier, d’un service ou d’un investissement financier, créant ainsi un « mirage vert » qui trompe les investisseurs. Les tactiques les plus courantes sont les déclarations vagues sur le développement durable, la divulgation sélective et les initiatives superficielles. Les appellations trompeuses telles que « vert » ou « fonds d’impact » peuvent donner lieu à des enquêtes réglementaires et à des poursuites judiciaires, ce qui souligne la nécessité de faire preuve de vigilance et de diligence raisonnable.

Risques juridiques et responsabilités

Pour les intermédiaires financiers en Suisse, et outre le risque réputationnel, l’écoblanchiment pose des risques juridiques importants. En vertu du droit suisse, le fait d’induire les investisseurs en erreur par de fausses déclarations sur le développement durable peut entraîner des sanctions sévères, notamment des amendes et des atteintes à la réputation. L’article 69 de la loi suisse sur les services financiers (LSFin) interdit explicitement les déclarations trompeuses et fausses, et l’article 90 décrit les sanctions pour de telles violations, qui peuvent inclure des amendes et d’autres pénalités.

En outre, la circulaire 05/2021 de la FINMA fournit des lignes directrices détaillées sur les attentes et les exigences en matière de transparence et d’exactitude dans les déclarations de durabilité. Elle souligne la nécessité pour les intermédiaires financiers de fournir des informations claires et véridiques sur les aspects de durabilité de leurs produits et services. La pression exercée sur la Suisse va probablement s’accroître, avec l’adoption par l’UE de la directive sur le devoir de diligence des entreprises en matière de développement durable (DDDDC) et la future directive européenne sur les allégations écologiques (EGCD). Ces directives visent à améliorer la transparence et la responsabilité des déclarations de durabilité dans l’UE et, bien que la Suisse ne soit pas membre de l’UE, ces réglementations influencent les intermédiaires financiers suisses qui opèrent sur le marché de l’UE ou qui traitent avec des clients basés dans l’UE.

Stratégies d’atténuation des risques

Pour éviter les risques associés au mirage vert, les intermédiaires financiers disposent de plusieurs options pour s’aligner aux meilleures pratiques :

– Faire preuve de diligence raisonnable pour tous les investissements verts, y compris en procédant à des évaluations indépendantes de la durabilité.

– Maintenir la transparence avec les clients en fournissant des informations claires et précises sur l’impact environnemental des investissements.

– Sensibiliser et former régulièrement le personnel à la finance durable et aux tactiques d’écoblanchiment.

– Utiliser des services de vérification tiers pour authentifier les déclarations de durabilité.

– Contrôler en permanence les investissements pour s’assurer qu’ils respectent les objectifs de durabilité énoncés et remédier aux écarts.

Conclusion

Pour maintenir et protéger la réputation de la place financière suisse, il est crucial de renforcer la réglementation et d’atténuer les risques d’écoblanchiment en donnant la priorité à la transparence et à l’intégrité des données. Malgré les progrès en finance durable, les risques accrus d’écoblanchiment exigent des efforts constants en matière de conformité. En s’engageant dans une diligence raisonnable, une transparence totale et une formation continue, les intermédiaires financiers suisses peuvent renforcer la confiance des investisseurs et la crédibilité du secteur financier tout en s’adaptant à un paysage réglementaire en constante évolution

Céline Kohler

Kohler Gotzev

Céline Kohler est la fondatrice du cabinet d’avocats Kohler Gotzev, présent au Luxembourg et à Genève. Elle conseille les fonds d’investissement, les sociétés de gestion et les professionnels de la MIFID2/LSFin sur des questions juridiques, réglementaires et de conformité impliquant des aspects transfrontaliers. Elle est également active dans l’éducation et la formation professionnelle liées à la finance durable à Genève et au Luxembourg. Céline Kohler est titulaire d’une maîtrise en droit international de l’Université de Paris 1 – Panthéon Sorbonne et d’un LL.M. en droit de l’Union européenne de l’Université de Lausanne. Elle est inscrite au Barreau du Luxembourg et au Barreau de Genève.

 

Actions suisses

Solutions Investissements

  • Interview Daniel Steck
  • Senior portfolio manager
  • Banque Piguet Galland

« ON tient fermement tête aux stars du secteur, Nike ou Adidas »

En Suisse, la récente baisse des taux de la BNS ouvre des perspectives plus engageantes pour le segment des Small & Mid Caps, et surtout pour les valeurs les mieux orientées à l’export. Elles sont d’ailleurs nombreuses, comme le rappelle Daniel Steck, qui cite ON Holding en exemple.

Francesco Mandalà

Où en sont les valorisations des Small & Mid Caps suisses ?

Aujourd’hui, elles sont particulièrement attractives, notamment si on les compare au reste de la cote. Historiquement, en Suisse, les Small Caps se sont traitées avec une prime de valorisation par rapport aux Large Caps. Cette prime, qui s’élevait en moyenne à 30%, n’est que de 16% actuellement, alors que les perspectives de croissance pour ces sociétés sont en général supérieures à celles de leurs grandes sœurs. La remontée des taux d’intérêt, qui a considérablement durci les conditions de financement pour ces entreprises ainsi que la force persistante du franc suisse durant les derniers trimestres a passablement pesé sur leurs valorisations. Un retournement est toutefois en train de s’opérer, notamment après l’assouplissement de la politique monétaire de la BNS.

Que peuvent-elles justement espérer des récentes mesures prises par la BNS pour affaiblir le franc ?

Les petites et moyennes capitalisations sont les premières bénéficiaires de la récente décision de la BNS de couper ses taux directeurs. En effet, la force du franc suisse est particulièrement pénalisante pour ces entreprises. A l’inverse des grandes multinationales, présentes physiquement sur plusieurs continents, les petites sociétés génèrent une grande partie de leurs coûts en Suisse, alors qu’elles exportent la majorité de leurs biens et services à l’international. Il en résulte un impact négatif important sur leurs marges, auquel on doit rajouter une perte de compétitivité par rapport aux entreprises étrangères. La faiblesse actuelle du franc contre l’euro et le dollar est donc une excellente nouvelle pour ce segment de marché.

Dans ce segment Small & Mid, quelles valeurs se signalent le plus à l’export ?

En effet, malgré leur petite taille, de nombreuses entreprises suisses se distinguent à l’international. Elles bénéficient d’une image de marque reconnue dans le monde entier. Citons par exemple Lindt ou Logitech, qui ne génèrent qu’une partie infime de leurs revenus sur le sol helvétique. Le secteur de la santé compte également de nombreuses entreprises résolument tournées vers l’international, à l’image de Straumann, Bachem, Ypsomed ou encore Tecan.

Quelles sont les entreprises qui vous fascinent le plus parmi ces Small & Mid Caps ?

ON Holding, un véritable David qui se bat contre plusieurs Goliaths. C’est une success story remarquable dans le secteur de la chaussure de sport. Avec une capitalisation d’à peine 12 milliards de dollars, la société introduite en bourse en 2021, tient fermement tête aux stars du secteur, Nike ou Adidas. D’un point de vue de ses fondamentaux, ON Holding n’a rien à envier aux leaders du marché, puisque l’entreprises affiche déjà une profitabilité nettement supérieure à celle de ses concurrents et ce grâce à un positionnement résolument tourné vers le haut de gamme. ON a su se différencier sur un marché de la chaussure de sport morose et capitaliser sur l’image d’une figure reconnue, celle de Roger Federer. Signe clair de ses ambitions, ON Holding a choisi New York pour effectuer son entrée en bourse il y a trois ans.

Certaines de ces Small & Mid Caps sont-elles taillées pour entrer un jour au SMI ?

Il y a fort à parier que la prochaine entreprise à intégrer l’indice SMI soit une fois encore une société active dans le domaine de la santé. La première candidate est bien sur Straumann, première capitalisation de l’indice SPI Extra, qui inclut les valeurs du SPI à l’exception de celles du SMI. Cependant, une nouvelle venue pourrait lui griller la priorité. Sandoz, leader mondial des médicaments génériques, qui a effectué son IPO il y a moins d’un an, semble très bien positionnée pour prétendre à une place parmi les vingt stars de la bourse helvétique.

Daniel Steck

Piguet Galland

Daniel Steck cumule près de 25 années d’expérience dans le domaine de la finance. Après une première expérience dans l’analyse financière chez Lombard Odier, notamment sur le secteur de la santé, il a continué sa carrière chez Reyl & Cie, comme analyste et gérant de portefeuille. Il a rejoint Piguet Galland en 2018 comme gestionnaire senior pour prendre en charge de la gestion des différents fonds actions et certificats thématiques sur la Suisse et l’Amérique du Nord.

Piétinement

Solutions Investissements

  • Interview Pierre Mouton
  • Responsable des stratégies long only
  • NS Partners

«L’Europe n’a pas su se fondre dans l’extraordinaire écosystème qui s’est créé autour du smartphone»

Depuis 2007, l’Eurostoxx50 a progressé d’à peine 10%. Le S&P500, de son côté, a plus que triplé. Les actions européennes se traînent, pour plusieurs raisons que Pierre Mouton passe ici en revue. A commencer par l’absence de grands leaders dans la tech.

 

Francesco Mandalà

Depuis le lancement de l’euro en 2002, les valeurs européennes ont systématiquement sous-performé les grands indices mondiaux, y compris le SMI. Quelles raisons justifient cette mise en retrait ?

En réalité, les actions européennes se sont plutôt bien comportées, jusqu’à l’éclatement de la crise des subprimes. Les performances des financières étaient particulièrement bonnes. C’est l’époque où les banques européennes ont atteint leur plus haut historique. En avril 2007, l’action UBS avait dépassé les 70 francs !

En revanche, depuis 2008, l’écart de performance se dessine clairement. Par rapport aux marchés nord-américains, les plus faciles à comparer en termes de de population, de développement ou d’investissements institutionnels, les marchés européens souffrent beaucoup.

Alors comment l’expliquez-vous ?

L’absence de grands leaders dans le secteur de la technologie, en dehors d’ASML et de ses 350 milliards de capitalisation, pénalise énormément l’Europe. Il faut s’intéresser ensuite à la répartition sectorielle de ses marchés. Ils sont dominés par les financières, l’énergie, et les utilities. Sans vouloir sombrer dans l’ultralibéralisme primaire, ce sont quand même des secteurs relativement soumis au bon vouloir des états et de leur gouvernement.

Dans quel sens ?

Les banques en sont pour moi la parfaire illustration. Aux Etats-Unis, depuis la crise financière, elles ont opéré un redressement exemplaire. A l’inverse, en Europe, elles se traînent. Elles restent très loin de leurs niveaux de 2007 car elles doivent d’abord obéir à des considérations politiques. Le régulateur a la main mise sur le système bancaire européen. Les règles prudentielles mises en place ont bien évidemment du sens mais elles sont beaucoup plus favorables aux porteurs d’obligations qu’aux porteurs d’actions. Autre frein, il y a un protectionnisme latent qui règne en Europe où chaque pays veille jalousement à préserver ses banques nationales, plutôt que de laisser une saine concurrence se développer avec la création de grands groupes à l’échelle continentale.

Quels facteurs ont bien pu empêcher l’Europe de produire elle-même ses propres Magnificent Seven ?

Elle n’a malheureusement pas su se fondre dans l’extraordinaire écosystème qui s’est créé autour du smartphone, après l’apparition du iPhone d’Apple en 2007. Cet écosystème a rassemblé aussi bien des fabricants de semi-conducteurs que des opérateurs de data centers, des éditeurs de logiciels ou encore des plateformes de services. Il a pris encore plus de volume ces dix dernières années avec l’essor de la digitalisation, que la percée de l’intelligence artificielle va encore amplifier. Dans cet univers, l’Europe n’a réussi à se positionner nulle part.

Je crois aussi que les Etats-Unis ont un autre rapport au capital, à sa dynamique et à son emploi. A l’image des compagnies pétrolières, les entreprises américaines n’hésitent pas à sortir de leur bilan tout ce qui consomme du capital sans contribuer aux activités stratégiques. Or, en Europe, il se trouve encore beaucoup de sociétés qui préfèrent tout garder dans leur bilan sans trop se soucier des coûts d’opportunité.

Quels sont les déséquilibres structurels dont souffre éventuellement l’Europe ?

La fluidité des échanges commerciaux en Europe est encore loin d’être optimale. Ses États membres peuvent se montrer assez protectionnistes dans certains secteurs où il est nécessaire de protéger des champions nationaux, pas forcément armés pour concourir à l’international.

L’approvisionnement en énergie rend également l’Europe très vulnérable. Elle importe beaucoup et la facture est lourde, à la différence des Etats-Unis qui profitent depuis maintenant vingt ans de l’exploitation des hydrocarbures de schiste. Depuis 2010, leur production de pétrole a plus que doublé et ils sont d’ailleurs aujourd’hui numéro un mondial. Du coup, les coûts énergétiques ont eu un impact marginal pour les entreprises américaines,

Quelles perspectives voyez-vous se dégager ces prochaines années pour les actions européennes, prises dans leur ensemble ?

Il est intéressant de noter aujourd’hui que la plus importante contribution sectorielle à la performance des marchés européens est due aux valeurs financières.  C’est souvent bon signe, d’autant que les banques européennes sont assez fortement capitalisées. Le régulateur s’en est assuré ! Le scénario idéal serait que les banques européennes aient la voie libre pour fusionner, comme Sergio Ermotti l’a souhaité et comme Emmanuel Macron l’a laissé envisager. L’Europe doit maintenant se construire ses champions européens.

Pierre Mouton

NS Partners

Pierre Mouton a rejoint NS Partners en 2003. Il dirige les stratégies Long Only du groupe et il est membre également du comité d’allocation d’actifs. Pierre a débuté sa carrière financière en 1993 chez AG2R La Mondiale, où il a successivement géré des portefeuilles monétaires, obligataires et actions, avant de rejoindre en 2000 Fiduciary Trust à Genève et d’entrer ensuite chez NS Partners comme gestionnaire de portefeuille. En 2004, il a co-fondé Messidor Finance, avant de revenir chez NS Partners en 2010. Pierre Mouton est titulaire d’une licence et d’un master en finance, actuariat et gestion de portefeuille de SKEMA Business School à Lille, France.

 

Less is more

Solutions Investissements

  • Peter Kraus
  • Responsable Small Cap Equities
  • Berenberg Wealth and Asset Management

Small Caps européennes : les perspectives s’améliorent sensiblement

En Suisse comme dans la zone euro, il existe de nombreuses petites capitalisations qui n’ont pas à rougir face à leurs aînées. Plusieurs de ces entreprises sont même devenues des leaders mondiaux dans leur domaine et le contexte leur semble en ce moment plutôt favorable, comme le précise Peter Kraus.

 

Francesco Mandalà

Les valeurs secondaires ont connu ces deux dernières années la plus forte chute de leur cours depuis des décennies. Ce sont surtout les Small & Mid Caps européennnes, orientées Growth, qui ont été durement sanctionnées par la hausse très rapide des taux d’intérêt et l’environnement récessif. Il s’agissait d’un scénario extrême. Suite au « Corona Lockdown », au choc de l’inflation, à la hausse conjointe des taux d’intérêt et au déclenchement de la guerre en Ukraine, leurs valorisations sont au plus bas depuis dix ans. Par rapport aux grandes capitalisations, les Small Caps sont même moins bien valorisées qu’au plus fort de la crise financière de 2008. De même, le fait qu’elles réalisent environ 50% de performance relative dans la première année de reprise après avoir atteint un plancher plaide un peu plus en leur faveur.

Actuellement, les indicateurs avancés indiquent que la conjoncture se stabilise à un niveau moindre voire s’améliore, après que le secteur de la production soit lui aussi descendu très bas. Des signaux positifs en provenance des États-Unis laissent même envisager un scénario de type Goldilocks. En Europe, les indicateurs conjoncturels suivent une même tendance. Les taux d’inflation baissent et les banques centrales en ont terminé pour l’essentiel avec leur cycle de hausse des taux. Tout porte donc à croire que nous les heures les plus sombres sont désormais derrière nous.

L’heure des valeurs secondaires

Ce lever de soleil conjoncturel, cette reprise à un stade précoce, marque un tournant pour les valeurs secondaires. La tendance à la surperformance sur long terme, observée depuis plusieurs décennies pour les Small & Mids, ne semble pas interrompue. Il y a toutefois une différence au niveau du potentiel de rattrapage : compte tenu de la hausse des taux d’intérêt, l’endettement net s’avère aujourd’hui un critère important.

Les entreprises fortement endettées, et tenues de se refinancer, rencontrent bien évidemment un problème. Cependant, les entreprises de qualité avec des rendements du capital élevés et des bilans solides profitent des tendances de croissance structurelle. De telles sociétés devraient pouvoir augmenter leurs revenus et leur cash-flow par action plus facilement que la moyenne du marché lorsque les signes de reprise se préciseront.

Une autre particularité structurelle des petites capitalisations européennes est qu’elles sont la plupart du temps négligées par les analystes. Par rapport aux États-Unis, l’Europe ne compte qu’une poignée de Large Caps ou de Mega Caps – comme Louis Vuitton ou ASML – qui impressionnent par leur croissance à deux chiffres et drainent l’attention des analystes et des investisseurs. Au deuxième et au troisième rang, les pépites peinent cependant à clignoter sur les radars.

Nombre d’entre elles, dont la capitalisation ne dépasse pas cinq milliards d’euros, se sont pourtant établies comme des leaders mondiaux dans leur niche. Grâce à leur force d’innovation, elles profitent de la numérisation, des changements dans le secteur de la santé ou des technologies durables, pour générer une croissance de 15% ou plus à moyen terme.

Focus sur les semi-conducteurs

Actuellement, ces champions européens qui restent dans leur cachette se trouvent, entre autres, dans l’industrie des semi-conducteurs. Des entreprises comme Inficon en Suisse ou  Technoprobe en Italie remplissent les pré-requis pour jouer un rôle de précurseur à l’international et viser de fortes marges capables d’amortir les hausses de prix induites par l’inflation. Il leur sera alors d’autant plus facile d’investir de manière significative dans la recherche et le développement.

Mais de tels performers se retrouvent aussi dans d’autres secteurs, à l’image de Skan, le fabricant suisse d’isolateurs pour le remplissage stérile de médicaments injectables. Ses sous-jacents sont robustes : à l’avenir, 75% de tous les nouveaux médicaments seront des produits biologiques/injectables à prix élevé, qui nécessitent des isolateurs pour le remplissage aseptique. L’entreprise affiche une forte croissance associée à des marges en hausse, des rendements élevés ainsi qu’une position de trésorerie nette. Des modèles de ce genre, le segment Small & Mid est loin d’en manquer.

Peter Kraus

Berenberg Wealth and Asset Management

Peter Kraus est responsable Small Cap Equities chez Berenberg depuis octobre 2017. Il a d’abord travaillé pendant trois ans comme analyste actions pour un cabinet de conseil en finance d’entreprise à Munich, avant de rejoindre Deka Investment à Francfort en 2003. En 2006, il a rejoint Allianz Global Investors en tant que gestionnaire de fonds pour les micro et Small/Mid Caps européennes. Peter Kraus a étudié l’économie d’entreprise à l’université de Mannheim et il est titulaire de la certification CFA.