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  • Interview Daniel Germann
  • Portfolio manager
  • Progressive Capital Partners

« Étonnamment, certaines couvertures sont de nouveau bon marché »

Depuis sa création à Zoug en 2001, Progressive se concentre sur les placements alternatifs. En ce moment, c’est la demande des investisseurs pour des stratégies de couverture, en raison de la forte hausse des taux d’intérêt et des tensions géopolitiques, qui requiert toute son attention, comme l’explique Daniel Germann.

Francesco Mandalà

Jusqu’à présent, les stratégies de type « liquid alternatives » et « long volatility » n’étaient plutôt connues que des spécialistes. Avec la forte hausse des taux d’intérêt, il semble que la situation a changé ? Quelle en a été la raison ?

Les crises géopolitiques tant en 2022 qu’en 2023, le recul du marché des actions en 2022 ainsi que les fluctuations accrues sur les marchés en général ont rappelé à de nombreux investisseurs institutionnels la raison d’être des stratégies de couverture. Parallèlement, le recul des marchés en 2022 a également montré qu’une approche de couverture insuffisamment diversifiée pouvait s’avérer décevante.

Couverture, cela sonne toujours comme un coût. Quel est votre point de vue à ce sujet?

Bien sûr, c’est un thème récurrent. Notre approche reste toutefois clairement axée sur les couvertures dites « carry-neutral ». Cela signifie que nous sommes en principe « long » sur la volatilité, qu’elle soit réelle ou implicites. Il en va ainsi de nos 11 sous-stratégies, diversifiées dans toutes les classes d’actifs et dans toutes les régions.

Pour nous, les coûts doivent cependant toujours être considérés eu regard de la qualité de la gestion mise en œuvre. Des solutions prétendument « bon marché » peuvent en fin de compte coûter parfois nettement plus cher que des solutions de grande qualité et une étiquette de prix qui leur correspond. Nous constatons régulièrement qu’il existe des potentiels de diversification considérables à exploiter parmi les approches de couverture très hétérogènes. En outre, et c’est pour nous un point essentiel, un large réseau de couvertures augmente la fiabilité dans la perspective de différents scénarios de crise.

Lorsque les marchés actions étaient performants, vous avez donc vu des rendements moins élevés ?

Exactement, la stratégie Long Volatility, en particulier, est moins utilisée en période de faible volatilité. Pour nos clients, elle joue avant tout le rôle de protection contre les crises. Et nous en avons vraiment beaucoup en ce moment. Pour nous, l’aspect « value » de ces expositions – sélectives et gérées activement – reste toutefois dominant. Nous pouvons typiquement les obtenir dans les 5 à 25% les plus bas des fourchettes historiques à long terme, ce qui recèle en soi un certain potentiel de hausse, même en l’absence de crise majeure.

Les incertitudes macroéconomiques persistent. A quoi doivent s’attendre les investisseurs?

Nous aurons tendance à voir des volatilités encore plus élevées. L’époque où l’inflation était faible est révolue. Les puts accordés par les banques centrales n’existent plus. La transition vers un nouveau « macro-régime » est en cours, même si les taux d’intérêt n’augmenteront plus aussi fortement et qu’ils se sont même arrêtés ici et là. En outre, nous assistons à un renforcement de la réglementation et à une augmentation des coûts sur le marché du travail, ce qui tend à favoriser une hausse continue de la volatilité.

Quel en est l’impact pour Progressive?

Eh bien, nous nous voyons confortés dans notre stratégie d’acteur de niche très ciblé. La demande pour des options de de couverture, notamment dans le domaine de la volatilité, augmente. Ceux qui se diversifient et veillent à des corrélations faibles, idéalement négatives, en particulier dans le domaine des alternatives liquides, devraient être récompensés en ces temps.

 

Daniel Germann

Progressive Capital Partners

Daniel Germann a rejoint Progressive Capital Partners en 2019. Auparavant, il a travaillé chez Vontobel Asset Management, où il s’est également concentré sur les stratégies Global Macro et Systematic Trading. Il était membre du comité d’investissement alternatif et a travaillé sur des mandats d’investissement alternatifs discrétionnaires et consultatifs. Avant de rejoindre Vontobel, Daniel Germann a travaillé pour Raiffeisen Suisse et sa filiale Notenstein La Roche Privatbank. Daniel Germann est titulaire d’un Master of Arts in Banking and Finance de l’Université de Saint-Gall.