Il y avait déjà de l’animation hier soir, avec la baisse de taux décidée par la banque centrale américaine, même si elle avait largement été fléchée. La Fed a voté une baisse d’un quart de point de son taux directeur, comme prévu, par dix voix sur douze. Stephen Miran a défendu une baisse d’un demi-point, ce qui en fait le chef des colombes (les banquiers centraux accommodants) et Jeffrey Schmid a voté pour un statu quo, ce qui le désigne comme patron des faucons (les banquiers centraux orthodoxes). Cerise sur le graphique en chandelier : la Fed a aussi annoncé la fin de son programme de resserrement quantitatif (QT), c’est-à-dire l’arrêt progressif de la réduction de la taille de son bilan. Pour ceux qui n’ont pas suivi : le QT, c’était cette technique de banquier central qui consiste à laisser les obligations arrivant à maturité s’évaporer sans les remplacer, histoire d’aspirer un peu de liquidité du système. En clair, c’est le coup de balai monétaire censé faire place nette après les orgies d’achats d’actifs post-pandémie (qui avaient elles-mêmes grossi les orgies d’achats post-crise des subprimes). Ce coup de balai va se terminer, histoire de rassurer des milieux financiers qui craignaient un assèchement des liquidités à un moment où le marché du travail souffre.
Contrairement à ce que j’écrivais hier, il y a quand même eu une petite surprise. Jerome Powell a insisté un peu plus lourdement que prévu sur le fait qu’une baisse de taux en décembre n’est pas acquise. Ça a fait poper le rendement de l’obligation US à 10 ans à 4,07% et ça a réduit les pronostics des traders sur un nouvel assouplissement en 2025. Cela reste le scénario privilégié du marché, mais il a pris un bon coup de rabot en passant de 90 à 70% de probabilité.
La réaction des actions aux déclarations de Powell a été négative hier soir à Wall Street, mais les indices ont retracé une partie de leurs pertes en fin de parcours. L’inarrêtable Nasdaq 100 a malgré tout enquillé une cinquième séance de hausse et signé un record en prenant 0,4%, bien aidé par le franchissement par Nvidia de la barre mythique des 5 000 milliards de dollars de capitalisation. Pour donner une idée de ce que ça représente, le marché français dans son ensemble capitalise environ 3 200 milliards de dollars et la place de Londres un peu plus de 4 000 milliards de dollars.
Après la décision de la Fed, c’est le trio Microsoft, Alphabet et Meta qui est monté sous le feu des projecteurs avec ses résultats. Mention bien pour Alphabet, dont le titre bondissait hier hors séance, mais insuffisant pour Microsoft et Meta, à qui les investisseurs ont quelques trucs à reprocher. Pour synthétiser, rien qui ne remette en cause la grande histoire de l’IA, mais une confirmation que tout cela coûte très cher à amorcer.
Dans la foulée, Xi Jinping et Donald Trump sont entrés en scène. Les rencontres entre les deux hommes sont toujours bizarres et, il faut bien le dire, assez caricaturales. Trump multiplie les phrases chocs et les mimiques pendant que Xi parle peu et garde son masque imperturbable. Il n’y a pas eu d’énorme annonce, mais quelques avancées qui suffiront peut-être à alimenter le feuilleton optimiste du marché. A l’issue de la rencontre jugée « extraordinaire » par un des deux présidents (je vous laisse deviner lequel), Donald Trump a annoncé un accord commercial prévoyant notamment la réduction de moitié des droits de douane sur les produits chinois liés au fentanyl et la reprise des achats de soja par Pékin. La Chine s’engage de son côté à suspendre pendant un an les restrictions les plus dures sur les terres rares, tout en obtenant quelques concessions sur l’accès aux puces Nvidia, mais pas à la dernière génération. Tout cela est partiel, un peu flou et à l’image de la relation entre les Etats-Unis et la Chine : on promet beaucoup et on s’engage sur peu. Le locataire de la Maison Blanche peut se permettre de temporiser après avoir obtenu d’importantes rentrées douanières du Japon et de Corée du Sud.
Dans le reste de l’actualité, Donald Trump, toujours lui, a appelé à la reprise des essais nucléaires de l’armée américaine, après que la Russie a présenté quelques innovations en la matière. Les investisseurs attendent aussi une série de PIB européens et une décision de la BCE en début d’après-midi. La banque centrale, à l’inverse de la Fed, ne devrait pas faire évoluer ses taux, dans la mesure où ils sont proches de l’objectif, dans un environnement inflationniste moins mordant qu’aux Etats-Unis. Pour finir, il y aura encore beaucoup de résultats emblématiques aux Etats-Unis aujourd’hui, dont ceux d’Apple et Amazon.
Le rouge domine en Asie ce matin, notamment en Chine et en Australie. La Corée du Sud et le Japon parviennent à gagner un peu de terrain. Les premiers échanges européens pourraient être disparates entre indices, dans la mesure où les résultats de certaines entreprises peuvent peser lourd dans la balance à l’ouverture.
Le CAC 40 est stable à 8 200 points après quelques minutes de cotation. Le SMI perd 0,1% à 12 302 points. Le Bel 20 gagne 0,4% à 4993 points.
Les temps forts économiques du jour
Plusieurs PIB européens sont attendus ce matin, dont ceux de la France, de l’Allemagne, de l’Italie et de la zone euro. Puis la BCE se prononce sur ses taux à 14h15. Aux Etats-Unis, la publication des statistiques est toujours contrariée par le shutdown. Tout l’agenda ici.
Les cotations sont celles du jour autour de 7h00, les liens permettent d’avoir le temps réel :
- Euro : 1,1626 USD
- Once d’or : 3 955 USD
- Brent : 64,04 USD
- Spread Bund / OAT : 78 points (-2%)
- VIX : 16,9 (+0,5%)
- 10 ans US : 4,07%
- Bitcoin : 110 325 USD
Les principaux changements de recommandations
- Adidas : TD Cowen reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 201 à 189 EUR.
- Adyen : TD Cowen maintient sa recommandation d’achat avec un objectif de cours relevé de 1648 à 1752 EUR.
- Airbus : Bernstein reste à surperformance avec un objectif de cours relevé de 223 à 245 EUR. Citi reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 183 à 207 EUR. Deutsche Bank reste à acheter avec un objectif de cours relevé de 209 à 228 EUR. Jefferies maintient sa recommandation d’achat et relève l’objectif de cours de 225 à 235 EUR. RBC Capital reste à surperformance avec un objectif de cours relevé de 220 à 240 EUR.
- Bachem Holding : Oddo BHF démarre le suivi à neutre avec un objectif de cours de 64,60 CHF.
- Dassault Systèmes : Griffin Securities maintient sa recommandation d’achat et réduit l’objectif de cours de 45 EUR à 43 EUR.
- Davide Campari-Milano : Goldman Sachs reste à neutre avec un objectif de cours réduit de 8 à 7,50 EUR.
- Equinor : Arctic Securities passe de conserver à acheter avec un objectif de cours relevé de 260 NOK à 270 NOK.
- Eurobank Ergasias Services And Holdings : HSBC passe d’acheter à conserver avec un objectif de cours relevé de 3,30 à 3,65 EUR.
- Kering : Bernstein passe de performance de marché à sousperformance en visant 240 EUR.
- Kuehne Und Nagel International : Barclays passe de pondération de marché à sous-pondérer avec un objectif de cours réduit de 165 CHF à 140 CHF.
- Logitech International : AlphaValue/Baader Europe maintient sa recommandation de vente et relève l’objectif de cours de 69,60 à 79,50 CHF.
- Novartis : HSBC reste à alléger avec un objectif de cours relevé de 80 à 84 CHF.
- Outokumpu : Deutsche Bank passe d’acheter à conserver avec un objectif de cours réduit de 3,80 EUR à 3,60 EUR.
- Rathbones Group : Jefferies initie la couverture avec une recommandation de sous-performance et un objectif de cours de 165000 GBX.
- SWECO : Jefferies passe de conserver à acheter avec un objectif de cours relevé de 190 SEK à 200 SEK.
- Salvatore Ferragamo : Citi reste à neutre avec un objectif de cours relevé de 5,50 à 7,20 EUR.
- Sanofi : HSBC maintient sa recommandation d’achat et réduit l’objectif de cours de 105 EUR à 102 EUR.
- Sopra Steria Group : Bernstein reste à surperformance avec un objectif de cours réduit de 228 à 226 EUR. Oddo BHF reste à surperformance avec un objectif de cours réduit de 262 à 250 EUR.
- Straumann Holding : Goldman Sachs maintient sa recommandation neutre et relève l’objectif de cours de 100 à 105 CHF.
- Unibail-Rodamco-Westfield : Goldman Sachs maintient sa recommandation d’achat et relève l’objectif de cours de 126 EUR à 130 EUR. Berenberg reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 82 à 100 EUR.
- Valmet : Inderes passe d’accumuler à acheter avec un objectif de cours de 32 EUR.
En France
Annonces importantes (et moins importantes… Je précise que les informations sont données à chaud avant l’ouverture et ne préjugent pas de la couleur des actions pendant la séance)
- Parmi les résultats du jour :
- Schneider confirme ses prévisions et prévoit une journée investisseurs en décembre.
- Airbus dépasse les attentes au 3e trimestre, mais réduit son objectif de production pour l’A220.
- Crédit Agricole publie des résultats en hausse au T3.
- TotalEnergies publie des résultats en baisse au T3.
- Société Générale publie un bénéfice net de 1,5 MdEUR au T3.
- Stellantis confirme ses objectifs après une reprise au T3.
- Technip Energies dévoile un Ebitda inférieur au consensus au T3, mais confirme ses perspectives.
- Pluxee abaisse sa prévision de croissance du CA 2026, relève l’objectif de marge d’Ebitda.
- Rémy Cointreau revoit en baisse ses prévisions.
- Ayvens va procéder à une distribution exceptionnelle de 700 MEUR.
- Eramet publie des revenus en berne au T3 et revoit en baisse son plan d’investissement.
 
- Air Liquide lance une augmentation de capital réservée à ses salariés et réalise une émission obligataire multi-tranches.
- Capgemini et Siemens étendent leur partenariat stratégique sur les solutions en IA.
- Casino dément une injection de 500 millions d’euros par Daniel Kretinsky.
- DBV Technologies va lever 30 millions de dollars via l’émission d’American Depositary Shares.
- Les principales publications du jour : Saint-Gobain, Imerys, Wavestone, Lucibel, Aubay, Lectra, Claranova, Sogeclair, Samse, 74Software, 2CRSi, Casino, Vantiva, Ateme… Le reste ici.
Dans le vaste monde
Annonces importantes (et moins importantes)
D’Europe
- Parmi les résultats du jour :
- Shell publie 5,4 milliards de dollars de profits au T3.
- Volkswagen accuse des pertes au T3.
- BBVA affiche un bénéfice net de 2,53 milliards d’euros au troisième trimestre.
- Anheuser-Busch InBev affiche une baisse de son bénéfice attribuable au troisième trimestre mais une hausse du chiffre d’affaires.
- Standard Chartered augmente ses bénéfices au troisième trimestre.
- ING Groep réalise un bénéfice net de 1,787 milliard d’euros au troisième trimestre.
- Sandoz annonce un chiffre d’affaires de 2,8 milliards de dollars pour le troisième trimestre.
- Haleon affiche un chiffre d’affaires consolidé en hausse au troisième trimestre.
- ArgenX dégage un bénéfice net de 344,258 millions de dollars au troisième trimestre.
- Prysmian relève ses prévisions annuelles après une hausse de près de 20% de son bénéfice net au troisième trimestre.
- Clariant publie des résultats en baisse et confirme ses prévisions.
- DSM-Firmenich abaisse ses prévisions pour l’ensemble de l’année en raison des effets négatifs des taux de change.
- Lufthansa affiche un bénéfice légèrement supérieur aux attentes au T3.
- Spectris enregistre une hausse de ses ventes au troisième trimestre.
- Avolta enregistre un chiffre d’affaires en baisse au troisième trimestre et confirme ses perspectives.
- Davide Campari améliore légèrement son Ebit sur 9 mois.
- Jeronimo Martins affiche un bénéfice net de 214 millions d’euros au troisième trimestre.
- Electrolux AB dépasse les attentes au troisième trimestre.
- Amplifon affiche une baisse de ses bénéfices au troisième trimestre et confirme ses prévisions pour 2025.
 
- Vodafone va racheter le spécialiste allemand du cloud Skaylink pour 204 millions de dollars.
- UniCredit augmente sa participation dans Alpha Bank à 29,5%.
- Kongsberg prévoit de scinder et de coter sa division maritime sur Euronext Oslo.
- Landis+Gyr sélectionné pour un projet de modernisation du réseau électrique aux Etats-Unis.
- Universal Music Group et Udio règlent leur litige en matière de droits d’auteur.
- Les principales publications du jour : Shell, Anheuser-Busch InBev, BBVA, ING Groep, Crédit Agricole, Volkswagen, ArgenX, Universal Music Group, Standard Chartered, Haleon, Prysmian, Sandoz, Kongsberg, Repsol, Carlsberg, Knorr-Bremse…
D’Amérique du Nord
- Actions en hausse post-séance après leurs trimestriels : Alphabet (+7%), Servicenow (+3,7%)…
- Actions en baisse post-séance après leurs trimestriels : Chipotle (-16%), eBay (-9,5%), Carvana (-9%), Meta (-7%), Microsoft (-4%)…
- Le CEO de Warner Bros annonce à ses employés qu’il souhaite une offre publique d’achat plus élevée, selon Bloomberg.
- Le fonds de pension public californien prévoit de voter contre l’accord de rémunération d’Elon Musk chez Tesla.
- Les principales publications du jour : Apple, Amazon, Eli Lilly, MasterCard, Merck & Co, Gilead Sciences, Stryker Corporation, S&P Global, Comcast, Altria, Southern Company, Trane Technologies, Bristol-Myers Squibb Company, Intercontinental Exchange, Roblox, Coinbase, Cigna, Motorola Solutions, Monster Beverage, Kimberly-Clark…
D’Asie et d’ailleurs
- Samsung Electronics gagne 4% après ses trimestriels.
- Hyundai Motor publié légèrement sous les attentes.
- Toyota Motor n’améliorera pas son offre de rachat de Toyota Industries.
- BYD va lancer une mini-voiture au Japon.
- Les principales publications du jour : Samsung Electronics, Agricultural Bank of China, Industrial and Commercial Bank of China, China Construction Bank, Kweichow Moutai, Foxconn, Hitachi, China Petroleum & Chemical, Delta Electronics, Bank of Communications, Midea, LG Energy Solution, Japan Tobacco…
Le reste de l’agenda mondial des publications ici.
Lectures
- Le passage au capitalisme d’Etat d’America LLC (The Economist, en anglais).
- Les Espions de Macron (L’Express).
- Est-ce que New York va mal ? (The Economist, en anglais).
- Pourquoi les données macroéconomiques américaines sembleront structurellement moins bonnes (Klement on Investing, en anglais).
- Réindustrialisation : les chiffres qui confirment l’enlisement (Les Echos).
- Le pistolet imprimé en 3D qui popularise le deuxième amendement (Bloomberg, en anglais).





