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  • Interview René Brunner
  • CEO
  • Valterna

Par Jérôme Sicard

« En tant que gérants  indépendants,  un bel avenir s’ouvre à nous »

Valterna, le gestionnaire baarois, a les mêmes origines que Partners Group. Pour l’un comme pour l’autre, il y a d’abord eu Asset Management Partners, la société-mère créée en 1996. Valterna a conservé de ces racines un fort esprit entrepreneurial.

De quelle façon Valterna est associé à l’histoire de Partners Group?

René Brunner. Avant Valterna, il y a d’abord eu Asset Management Partners, qui a été fondée en 1996 et qui se consacrait alors à la gestion de fortune. C’était à l’époque la toute première société créée par l’actuel Partners Group. En 2013, Valterna a été rachetée par Marianne Kirchhofer et Ivo Roos qui en assuraient la direction. Un peu plus de dix ans se sont écoulés mais je vois bien que nous partageons toujours les mêmes valeurs et les mêmes objectifs avec notre ancienne société. L’esprit entrepreneurial à tous les niveaux, l’approche collaborative et la mise en concurrence des idées qui transparaissent chez Partners Group se retrouvent aussi chez Valterna. La culture d’entreprise s’est bien transmise !

Quelles relations subsistent encore aujourd’hui entre Partners Group et Valterna?

Nous entretenons toujours une relation étroite avec Partners Group, puisque nous sommes partenaires. Nous avons des échanges quotidiens, à différents niveaux. Nous avons bien sûr un accès privilégié à leurs solutions d’investissement, même si nous opérons toujours en architecture ouverte avec un choix quasi illimité d’instruments.

Maintenant que vous avez pris la direction de Valterna, sur quelles opportunités, sur quels axes de croissance voulez-vous désormais vous concentrer?

En tant que gérant indépendant, nous avons un bel avenir devant nous, mais il nous faut susciter encore plus d’enthousiasmer pour notre offre de services et notre état d’esprit. Nous sommes un acteur de niche. Nous voulons nous développer encore, et nos clients le souhaitent aussi. Notre activité devrait croître de manière équilibrée grâce aux investissements sur les marchés publics et privés, que ce soit au travers de mandats discrétionnaires ou de conseil en investissement. En parallèle, nous aimerions recruter des responsables de clientèle ayant un ADN comparable au nôtre.

En quoi l’expérience que vous avez acquise chez UBS devrait le plus profiter à Valterna?

J’ai passé 35 années dans cette grande banque. J’y ai appris qu’il y a des leçons à tirer de toute expérience, qu’elle soit positive ou négative. Malgré la pression croissante exercée par le siège sur les objectifs de vente, j’ai toujours évité de me laisser entraîner dans des initiatives dont je n’étais pas convaincu à 100%. Avec les clients, je préfère les collaborations qui s’inscrivent sur le long terme, dans un esprit de partenariat. Et j’ai toujours eu pour principe de ne jamais sacrifier une opportunité à long terme pour un gain à court terme.

Qu’est-ce qui vous a plu dans le projet Valterna, au point de vouloir en prendre la direction?

Je peux continuer à exercer le métier que j’aime dans un environnement de PME, avec beaucoup de liberté et d’agilité. Chez Valterna, nous avons peut-être des processus rigoureux, mais nous savons aussi prendre des décisions rapidement. Ce qui me laisse d’autant plus de temps pour interagir avec mes clients, même dans mon rôle de CEO.

Comment aborder les marchés boursiers dans une boutique dont l’ADN est très lié aux investissements private markets?

Je voudrais d’abord rappeler que notre philosophie d’investissement repose sur un processus transparent, structuré et fondé sur des données empiriques. Il est donc toujours compréhensible. Oui, les investissements sur marchés privés sont un élément stratégique important dans notre allocation d’actifs. Mais, dans la mesure où nous sommes des investisseurs orientés long terme, les actions sont également des composants essentiels dans nos portefeuilles.

Lorsque les conditions le permettent, nous privilégions les investissements directs, en nous concentrant sur les Large Caps de qualité, qui opèrent à l’échelle mondiale. Un screening quantitatif, un overlay bottom-up et une évaluation qualitative aboutissent à une liste de titres éligibles à l’achat. Il est évident qu’il s’en suit une évaluation régulière et systématique de nos investissements, et des rééquilibrages quand ils s’imposent.

Pour vous qui avez d’importantes allocations private markets, sur quoi se joue la maîtrise de ces investissements?

Nous les soumettons tous régulièrement à un examen critique du rendement ajusté du risque et nous agissons en conséquence. Pour ce qui est des nouveaux investissements, ils passent par un processus de due diligence qui s’accomplit en plusieurs étapes. Nous entretenons d’excellentes relations avec les gestionnaires qui nous fournissent en solutions de type private markets.

Puisque nous nous projetons sur le long terme, un haut degré de confiance est indispensable. Il permet de travailler en toute sérénité, même dans les périodes difficiles. Nous restons par ailleurs suffisamment proches des gérants et des produits pour détecter rapidement tout écart, comme par exemple des divergences par rapport à la stratégie d’investissement, ou des changements de personnel importants.

Comment convaincre les investisseurs qui ne jurent que par les marchés publics d’investir également sur les marchés privés?

Les investisseurs ont plutôt tendance à favoriser les entreprises cotées en bourse parce qu’ils connaissent déjà ces marchés, ils en comprennent les mécanismes et les expériences qu’ils en ont eues sont généralement positives. Notre objectif est alors de leur montrer les avantages qu’ils peuvent trouver en intégrant des solutions private markets dans leurs portefeuilles. Chez nous, ces deux formes d’investissement se valent et se complètent.

Plutôt que de proposer une stratégie standard, nous créons une stratégie sur mesure pour chaque client, adaptée à sa tolérance au risque et à ses préférences. Les caractéristiques, avantages et bénéfices clés des deux classes sont expliqués aux clients de manière transparente et objective, sans dogmatisme. Nous pouvons ainsi exploiter les deux marchés selon les besoins. Il n’y a pas de «soit l’un soit l’autre», mais plutôt une réelle complémentarité entre eux.

Quelles recommandations donneriez-vous à des gérants qui souhaitent intégrer des poches private markets dans leur portefeuille?

Il vaut mieux se tourner vers des gestionnaires bien établis avec un track record facile à vérifier. Les petites structures ou les nouveaux arrivants peuvent fournir des rendements très attractifs à court terme. Cependant, en cas de problèmes comme par exemple le départ de personnes clés, des modèles de rémunération mal orientés, des problèmes de production ou de livraison, les risques apparents et latents se manifestent vite. Il y a alors un risque de pertes importantes ou de blocage à long terme des capitaux investis.

Quelle est la proposition de valeur sur laquelle vous voulez que l’aventure Valterna se poursuivre?

Nous voulons que les gens soient enthousiastes. C’est notre vision pour Valterna ! Nous nous concentrons donc sur ce que nous savons faire de mieux et sur les domaines où nous avons une réelle expertise – à savoir l’élaboration et la mise en œuvre de solutions d’investissement personnalisées. Nous communiquons avec nos clients de manière ouverte et transparente. Nous nous tenons à leur disposition pour échanger sur tout type de question. La qualité à laquelle nous sommes parvenus en matière de conseil global et de continuité dans la gestion sont pour nous la meilleure assurance de pouvoir grandir en même temps qu’eux.

René Brunner

Valterna

René Brunner a pris l’an passé la direction de Valterna – contraction de Value et Alternative – où il a remplacé Ivo Roos au poste de Chief Executive Officer. Avant de rejoindre Valterna, anciennement Asset Management Partners, René Brunner a travaillé pendant 35 ans pour Credit Suisse et UBS, dans le domaine de la gestion de fortune et du conseil en investissement. Entre 2011 et 2023, il était responsable chez UBS du Wealth management pour la région de Lucerne. René Brunner détient un Diplôme fédéral de spécialiste en banque, doublé d’un Executive Master en banque privée et gestion de patrimoine, obtenu à la Haute École de Lucerne.

 

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Depuis sa création en 2016, SPHERE anime la communauté des pairs de la finance suisse. Elle leur propose en français et en allemand différents espaces d’échange avec un magazine, des hors-série réservés aux Institutionnels, un site web et des évènements organisés tout au long de l’année pour aborder de nombreuses thématiques. Toutes les parties prenantes de la finance, l’un des plus importants secteurs économiques de Suisse, ont ainsi à leur disposition une plateforme où il leur est possible d’échanger, de s’informer et de progresser.

Initiatives

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    • Frédéric Toselli, Patrizia Colombini, Anja Karcher, Pierre-Emile Schifferli, Juan Alvarez
    • Desk EAM
    • Union Bancaire Privée (UBP)

Une croissance sélective grâce à notre qualité de service

Avec environ 20 milliards de francs d’actifs sous gestion (AUM), le service et l’accompagnement auprès des External Asset Managers (EAM) constituent une activité importante pour l’Union Bancaire Privée (UBP). Focus sur l’activité en Suisse avec ses responsables.

Légende photo.

De gauche à droite : Pierre-Emile Schifferli (Head of EAM Genève), Frédéric Toselli (Global Head of EAM), Anja Karcher (Head of EAM Bâle), Juan Alvarez (Deputy to the Global Head of EAM), Patrizia Colombini (Head of EAM Zurich & Lugano).

Que représente l’activité EAM pour l’UBP ?

Frédéric Toselli, Global Head of EAM : L’équipe compte environ 50 personnes et opère dans une dizaine des implantations de l’UBP à travers le monde. Nous nous appuyons bien entendu sur l’ensemble du Groupe, qui totalise 150,8 milliards de francs d’AUM au 30 juin 2024 et dont la solidité financière est souvent soulignée comme l’un de nos atouts majeurs. Avec un ratio Tier 1 de 27,2% et un ratio de liquidités à court terme (LCR) de 267,8%, l’UBP figure parmi les banques les mieux capitalisées de la place. Moody’s a par ailleurs renouvelé sa notation long terme Aa2.

En Suisse, nous sommes présents à Bâle, Zurich, Lugano et Genève. Sur chacun de ces sites, un Responsable EAM supervise des Relationship Managers et Account Managers confirmés (une trentaine au total). Grâce à cette couverture, nous pouvons mettre l’accent sur la qualité de service offerte aux EAM et aux clients à travers nos booking centres en Suisse, avec un alignement des pratiques et une capacité d’ajustement aux dynamiques locales.

En quoi se distingue l’offre de l’UBP ?

Patrizia Colombini, Head of EAM Zurich & Lugano : Grâce à son agilité, notre service EAM a démontré sa capacité à s’adapter rapidement à un environnement de marché et réglementaire en constante évolution. Dans un état d’esprit de partenariat et de bénéfice mutuel avec les EAM, nous avons perfectionné notre méthode de sélection des dossiers clients afin d’aligner nos décisions avec notre appétit pour le risque. Nous avons aussi renforcé notre équipe pour répondre au plus près des exigences de nos clients et saisir de nouvelles opportunités de marché.

Notre présence internationale, soutenue par l’expertise de nos Compliance Officers, nous permet de servir les EAM dans plusieurs régions clés (Europe, Asie, Moyen-Orient, Amérique latine). Avec nos effectifs renforcés, nous avons su diversifier notre portefeuille de clients. Notre équipe à Zurich et Lugano se compose de 14 professionnels polyglottes et multiculturels, garantissant une communication fluide et une compréhension approfondie des attentes de nos clients, quelle que soit leur situation géographique.

Comment l’UBP assure-t-elle des relations étroites et une coopération efficace avec les EAM ?

Anja Karcher, Head of EAM Bâle : L’UBP se positionne comme un partenaire de confiance, reliant la Banque, les EAM et les clients. Notre priorité est de créer de la valeur ajoutée pour les EAM et pour la clientèle. En tant que banque familiale, nous bénéficions de prises de décision rapides. La clarté de la communication est la pierre angulaire de nos relations. Nous privilégions le contact personnel et personnalisé, en veillant à entretenir des liens étroits et durables. Avec une moyenne de plus de 18 ans au service de la clientèle à l’UBP, notre équipe EAM à Bâle a bâti une relation de confiance à long terme avec ses partenaires. Certains de nos clients nous sont fidèles depuis plus de 40 ans et nous nous réjouissons de servir les générations futures.

Pourriez-vous citer de récentes initiatives ayant permis de renforcer le partenariat entre l’UBP et les EAM ?

Pierre-Emile Schifferli, Head of EAM Genève : Notre approche orientée clients, alliée à notre esprit entrepreneurial, nous pousse à constamment innover pour répondre aux défis et aux exigences de plus en plus complexes de notre clientèle. En 2024, dans le cadre de nos ambitions de croissance ciblée, nous avons par exemple recruté deux Business Developers senior et plusieurs banquiers expérimentés en EAM.

Nous avons lancé plusieurs initiatives, notamment un rendez-vous hebdomadaire animé par nos experts Advisory. Il offre une analyse approfondie de l’actualité et des principales tendances de marché, tout en partageant le positionnement et les convictions majeures de l’UBP, concrétisées par des idées d’investissement tangibles. Autre exemple: un cycle de petits-déjeuners conférences, abordant des thématiques pertinentes pour nos partenaires, avec l’intervention de spécialistes internes ou externes selon les sujets.

Enfin, nous continuons d’investir dans l’automatisation des processus, en particulier avec le protocole FIX® et l’adhésion à la plateforme Wecan, afin de fluidifier les interactions opérationnelles avec nos partenaires.

L’UBP est réputée pour son savoir-faire en investissement. Comment mettez-vous cette force à profit pour les services fournis aux EAM ?

Juan Alvarez, Deputy to the Global Head of EAM : Nos partenaires EAM ont un accès privilégié à une large gamme d’investissements proposés par l’UBP (fonds traditionnels, hedge funds, private equity). Nous nous appuyons aussi sur notre équipe Treasury & Trading (T&T) pour offrir des services à forte valeur ajoutée : un accès direct à la table d’exécution, associé à un suivi proactif de nos Sales Traders dédiés, pour identifier les opportunités tactiques sur les marchés.

Le département T&T a récemment intégré des experts senior afin de renforcer son offre destinée aux EAM. Nous avons déployé une plateforme en ligne permettant aux EAM de gérer de manière autonome les stratégies reflétées dans les certificats (AMC) émis spécifiquement par la Banque pour leurs clients. Une plateforme «click-and-trade» sera également prochainement disponible, offrant une plus grande facilité dans la sélection et l’exécution des ordres sur produits structurés.

Pour plus d’informations :

www.ubp.com

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    Depuis sa création en 2016, SPHERE anime la communauté des pairs de la finance suisse. Elle leur propose en français et en allemand différents espaces d’échange avec un magazine, des hors-série réservés aux Institutionnels, un site web et des évènements organisés tout au long de l’année pour aborder de nombreuses thématiques. Toutes les parties prenantes de la finance, l’un des plus importants secteurs économiques de Suisse, ont ainsi à leur disposition une plateforme où il leur est possible d’échanger, de s’informer et de progresser.

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      • Fadi Barakat
      • Chief Investment Officer
      • Reyl Finance MEA

    Une nouvelle ère de politique monétaire

    L’année 2022 a vu une corrélation très forte des actions et obligations, liée à une hausse rapide des taux d’intérêt pour contrer l’inflation. La détente de la politique monétaire que privilégient en ce moment les banques centrales pourrait bien évidemment modifier la donne.

    L’année 2022 restera dans les mémoires comme celle au cours de laquelle aucune classe d’actifs n’a été épargnée. La corrélation entre les titres obligataires et les actions a atteint son niveau le plus élevé, le S&P 500 ayant chuté de 19,44% et l’indice global du crédit ayant perdu 16,96%. Cette corrélation positive a été inhabituelle, car elle a défié les manuels d’économie et la théorie des portefeuilles. 

    La raison de ce comportement du marché a été bien sûr le cycle de hausse rapide des taux d’intérêt visant à contenir l’inflation, qui a déclenché l’effondrement du marché, alors même que l’économie était en croissance. Dès lors que nous entrons dans le cycle de réduction des taux en Europe et aux États-Unis, les banques centrales pourraient-elles inverser ce processus ? Que pouvons-nous attendre des marchés dans un avenir proche ?

    Cycles passés

    Lorsque la bulle « Dot.com » a éclaté entre mars 2000 et juillet 2002, les actions ont perdu 50% de leur valeur, tandis que les obligations ont augmenté de 29,7%. Au cours de cette période, la Fed a réduit le taux d’intérêt du jour au lendemain de près de 500 points de base afin de soutenir une économie ébranlée par la récession. En réalité, les obligations ont compensé la plupart des pertes subies par les actions et les portefeuilles équilibrés ont relativement bien résisté. Contrairement à 2022, les taux ont joué un rôle de tampon pour les actions.

    Lors de la crise financière mondiale de 2008, entre septembre 2007 et mars 2009, les actions ont chuté de 57%, tandis que les obligations ont également perdu 10% en raison de la hausse du crédit et des défauts de paiement. Les obligations américaines non risquées à 10 ans ont toutefois progressé de 4,3%. La corrélation négative est évidente : en 2000 et 2008, les marchés ont fortement chuté, l’économie est entrée en récession, entraînant un assouplissement de la politique monétaire, contrairement aux marchés de 2022. Les obligations ont joué le rôle d’actifs défensifs face à l’effondrement du marché des actions.  Tout ceci nous conduit à aujourd’hui, alors que nous tirons les leçons du passé et essayons de savoir ce que nous réserve le futur.

    Des baisses anticipées

    C’est dans les années 2000 que la Fed réduit, pour la première fois, ses taux de 50 points de base sans qu’il y ait de récession en vue, et pour la seconde fois dans son histoire. Nous pouvons y voir à la fois une mesure préventive contre le ralentissement du marché de l’emploi et un réajustement des rendements réels puisque les objectifs d’inflation ont été atteints. Il n’y a guère de raison de maintenir une politique monétaire restrictive avec une inflation stable et bien inférieure à 3%. Aujourd’hui, la Fed a pris la décision de réduire fortement ses taux d’intérêt, ce qui lui laisse une marge de manœuvre supplémentaire. Compte tenu du décalage monétaire, l’effet de cette réduction ne se fera sentir que dans six à douze mois et il pourrait être trop tard pour stimuler l’économie en cas de besoin.

    Jusqu’à présent, les marchés ont réagi positivement à cette décision « audacieuse ». À l’heure où nous écrivons ces lignes, les actions américaines et européennes flirtent avec des records, les marchés obligataires sont stables et les écarts de taux à haut rendement sont à des niveaux historiquement bas. Tant que les dépenses de consommation resteront fortes et que la croissance du PIB sera au rendez-vous, il n’y a aucune raison de croire que nous assisterons à une répétition des crises précédentes. Au contraire, les obligations et actions pourraient enregistrer de bonnes performances. 

    Les petites et moyennes entreprises sont celles qui bénéficieront le plus des baisses de taux, car elles auront un impact direct sur leur accès à des capitaux moins chers. Nous pourrions donc assister à une rotation des entreprises disposant d’importantes liquidités et des grandes capitalisations, qui réaliseront moins de bénéfices que le marché dans son ensemble, au fil des ans, à cause de leur trésorerie importante. Les actions à dividendes élevés deviennent également plus attrayantes en raison de l’amélioration de leur valeur relative par rapport au taux sans risque. 

    La récente inversion de la courbe des taux indique toutefois que les gains issus des investissements obligataires seront limités aux flux de trésorerie générés par la détention de la dette. L’appréciation du capital causée par une nouvelle compression des taux d’intérêt est peu probable et les réductions sont réduites. Les risques d’inflation ne se sont pas complètement dissipés, car d’éventuelles nouvelles guerres commerciales et une politique budgétaire expansionniste font peser des risques sur les prix. 

    Un chemin semé d’embûches

    Les douze mois à venir s’annoncent très intéressants, les marchés s’attendant à des réductions de 175 points de base pour atteindre 3%, le taux neutre. Cependant, le chemin est semé d’embûches et rarement linéaire. Les temps à venir sont difficiles, les risques géopolitiques augmentent, mais ne sont pas nécessairement intégrés. Nous attendons également les élections américaines et leurs implications sur la politique fiscale et le marché de l’emploi. En attendant, tant que la musique joue, la fête continue.  

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        • Andrew Cormack, gérant obligataire
        • Keiyo Hanamura, directeur des investissements
        • Capital Group 

      Comment positionner son portefeuille en vue du prochain cycle économique ?

      Tous les scénarios possibles ont été envisagés depuis deux ans sur la manière dont le cycle économique en cours aux États-Unis pourrait prendre fin: une récession, puis un atterrissage en douceur, et à nouveau une récession! Dans cette analyse, nous proposons donc une méthode pour apporter un éclairage aux investisseurs dans cet environnement instable, et nous évoquons les scénarios macroéconomiques à court et long termes.

      Les scénarios les plus probables sont une récession, un atterrissage en douceur et une nouvelle poussée inflationniste. La récession est actuellement la perspective privilégiée par les marchés, mais comme les 12 derniers mois l’ont démontré, cela peut rapidement changer.

      1. Atterrissage forcé/récession: la faiblesse récente du marché de l’emploi américain pourrait-elle signaler le début d’une récession aux États-Unis? Il est possible que certains effets de la hausse des taux d’intérêt ne se soient pas encore manifestés, ce qui représente une inconnue énorme.
      2. Atterrissage en douceur: depuis début 2024, la plupart des observateurs s’accordent à dire que la récession tant redoutée semble avoir été évitée et que la Fed pourrait parvenir à négocier un atterrissage en douceur de l’économie américaine. Cette opinion a débouché sur des comparaisons avec les années 1990, c’est-à-dire la dernière fois où la Fed a réussi un tel pari.
      3. Nouvelle poussée inflationniste: si l’on part du principe que le cycle de resserrement monétaire de ces deux dernières années a été correctement mené à bien, alors on peut sans doute considérer que l’économie est à nouveau en phase expansionniste.

      D’après notre analyse, l’atterrissage en douceur de l’économie américaine semble être le scénario le plus probable. Mais puisque nous sommes en terre inconnue, nous restons ouverts à d’autres hypothèses compte tenu des événements exceptionnels de ces dernières années, entre crise sanitaire, inflation, remontée rapide des taux d’intérêt et tensions géopolitiques persistantes.

      Que peuvent faire les investisseurs?

      Comme le diagramme ci-après l’illustre, un atterrissage forcé de l’économie américaine profiterait plutôt aux actifs de qualité et d’échéance longue, tandis qu’un scénario d’économie plus solide/sans atterrissage favoriserait davantage les obligations d’entreprise d’échéance plus courte. Et en cas de nouvelle poussée inflationniste laissant craindre un nouveau cycle de hausse des taux, ce sont les liquidités qui s’en sortiraient le mieux.

      Un cadre pour faire face aux différents scenarios

      Source: Capital Group.

      Et après l’atterrissage?

      Outre l’atterrissage en lui-même, il est important d’envisager la suite qui est tout aussi incertaine et aura sans doute un impact significatif sur le positionnement des portefeuilles.

      En cas de récession, par exemple, il faut s’attendre à une baisse des taux d’intérêt et à une forte hausse des spreads. Mais dans un certain sens, le contexte actuel est favorable à un tel scénario : il existe de nombreux facteurs de soutien de la croissance, et les fondamentaux de la plupart des entreprises sont bien orientés. Par ailleurs, l’économie américaine a surmonté une mini-crise bancaire, tandis que la Fed et le gouvernement ont démontré leur volonté de soutenir l’économie, pour autant que toutes les conditions soient réunies (par exemple une inflation modérée). En conséquence, s’il existe des opportunités d’investissement, il faudrait en tirer parti immédiatement avant que la fenêtre d’opportunité se referme.

      Dans un scénario d’atterrissage en douceur, les taux d’intérêt pourraient remonter un peu, les spreads resteraient probablement étroits, et la croissance resterait dynamique. Le désavantage de ce scénario étant l’absence d’indicateur officiel pour le valider, la crainte d’une récession ou d’une nouvelle poussée inflationniste persistera, et il faudra positionner son portefeuille en vue de telles éventualités.

      Dans un scénario de nouvelle poussée inflationniste, nous serions en situation de surchauffe de l’économie et de l’inflation. Si « l’atterrissage en douceur parfait » sera sans doute plus court que le précédent, la phase de réaccélération pourrait être intenable. Cet environnement profiterait sans doute aux obligations à rendement élevé et d’échéance courte, mais à nouveau, la vigilance des investisseurs s’impose car l’environnement de marché peut basculer à tout moment.

      Conséquences pour les investisseurs

      Pour être pertinente, la réflexion sur le positionnement des portefeuilles nécessite de répartir les incertitudes en deux phases. La première est la manière très incertaine dont l’économie pourrait atterrir. La seconde est ce à quoi l’environnement de marché ressemblera ensuite.

      Il paraît donc judicieux de mettre en place une approche d’investissement adaptée à cette double incertitude.

      1. Diversification: ne mettez pas tous vos oeufs dans le même panier, surtout lorsque les perspectives du marché sont incertaines.
      2. Flexibilité: non seulement elle donne aux investisseurs la possibilité de se repositionner face à un revirement du marché, mais aussi de tirer parti de la volatilité : plutôt que d’assister passivement aux fluctuations de leurs positions, les investisseurs peuvent en effet en faire une source de rendement supplémentaire.

      Cette double approche présente deux grands avantages. D’abord, un portefeuille diversifié peut contribuer à atténuer la volatilité des résultats par rapport à un portefeuille plus concentré. Ensuite, un portefeuille flexible, adapté à différents contextes de marché et à différentes sources de rendement, offre un meilleur accès aux opportunités de résultats.

      Le diagramme ci-après compare l’adéquation d’une approche de coeur de portefeuille obligataire flexible (« Flexible core ») et de trois grandes stratégies d’investissement (« Core » pour coeur de portefeuille, « IG Corp » pour obligations d’entreprise investment grade, et « HY Corp » pour obligations d’entreprise high yield). Comme on peut le voir, le fait d’associer diversification et flexibilité permet au coeur de portefeuille obligataire flexible de générer des résultats solides dans la plupart des scénarios.

      Positionnement du portefeuille pour se préparer au prochain cycle économique

      Source : Capital Group.

      Andrew Cormack

      Capital Group

      Andrew Cormack est gérant obligataire chez Capital Group. Il possède 19 ans d’expérience dans le secteur de l’investissement et a rejoint Capital Group il y a 5 ans, après avoir occupé la fonction de gérant de portefeuille chez Western Asset Management. Il est titulaire d’une licence en science actuarielle avec mention de la London School of Economics, ainsi que de l’Investment Management Certificate. Andrew est basé à Londres.

       

      Keiyo Hanamura

      Capital Group

      Keiyo Hanamura est directeur des investissements chez Capital Group. Il possède 16 ans d’expérience dans le secteur de l’investissement et a rejoint Capital Group il y a 6 ans, après avoir occupé les fonctions de stratégiste obligataire chez BlackRock. Il est titulaire d’un master en affaires internationales de l’université de Californie à San Diego, et d’une licence en études internationales de l’université d’Iowa. Keiyo est basé à Tokyo.

       

       

       

       

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        Selon quels critères les gérants doivent-ils choisir leur auditeur?

        Il faut commencer par s’assurer que l’auditeur maîtrise bien les principes de la gestion de fortune et des services financiers, qu’il comprenne les activités spécifiques à chaque gérant, leurs différents modèles, leur mode opératoire et les produits utilisés. Les auditeurs n’ont pas tous cette voilure. Au-delà de son expertise, l’auditeur doit pouvoir travailler en bonne entente avec les responsables Compliance. Je rappelle en effet que le contrôle s’effectue sur trois niveaux : le gestionnaire, son service compliance, et l’auditeur. Ces trois-là sont tenus de se rassembler sur un calendrier et des objectifs communs, avec l’envie d’avancer ensemble.

        Comment l’audit s’inscrit-il dans la continuité de l’autorisation FINMA?

        Dans la pratique, les premiers audits permettent à l’organisme de surveillance, par le biais des auditeurs, de vérifier que les éléments présentés à la FINMA dans le cadre de la demande d’autorisation ont bien été mis en place. Il s’agit de démontrer que les engagements pris envers la Finma ont été tenus d’un point de vue fonctionnel. Maintenant, il faudra probablement un ou deux audits pour que tous les gestionnaires rentrent parfaitement dans les clous.

        Dans la façon dont les gérants font évoluer leurs services, comment doivent-ils tenir compte du changement réglementaire?

        Il ne s’agit pas seulement de la façon dont ils font évoluer leurs services, mais aussi de la façon dont ils font évoluer leur organisation. Ils doivent se montrer totalement transparents auprès de la Finma, quelles que soient les transformations entreprises : un changement dans la structure actionnariale, de nouvelles participations dans des filiales, la nomination de nouveaux membres au conseil d’administration. Il en va de même pour les changements opérés dans les fonctions de contrôle, de compliance et de gestion des risques.

        Quant aux services à proprement parler, chaque modification apportée à la gamme proposée doit être soumise à une autorisation préalable de la Finma. Un gérant qui se limite à la gestion discrétionnaire ne peut pas se lancer dans l’advisory s’il n’a pas d’abord averti la Finma et reçu son aval. Idem pour un simple service d’execution only.

        Les gérants sont-ils bien conscients de ces obligations ?

        Beaucoup les découvrent au fur et à mesure. Dans les points qui ne sont pas forcément évidents, je pense également aux formulaires de type B où les gérants doivent lister toutes leurs participations dans d’autres sociétés ou les mandats qu’ils exercent auprès d’autres sociétés. Un gérant qui souhaite par exemple investir dans l’entreprise d’un confrère doit d’abord informer la FINMA et obtenir son aval avant de lancer les démarches.

        Comment sont vécus les audits par les gérants, d’après les retours que vous en avez ?

        Je trouve qu’ils sont plutôt bien vécus, du moins pour les gérants avec lesquels notre cabinet travaille. Nous nous préparons depuis déjà quelques années. Un audit ne s’improvise pas, au risque de prendre trois fois plus de temps qu’il n’en fallait au temps des organismes d’autorégulation. Aujourd’hui, les audits durent peut-être un peu plus longtemps, mais ils se déroulent assez facilement pour peu que vous vous entouriez de professionnels expérimentés.

        Quels sont les principaux problèmes rencontrés dans les audits?

        Comme le résumait Stéphanie Hodara lors de notre panel, il s’agit surtout de l’évaluation des risques accrus en matière de LBA et l’analyse du risque LBA de la société dans son ensemble. Le premier point est bien sûr le plus important. Il n’est pas si facile de disposer des bons critères, adaptés à son activité, sur le plan de la LBA. On a vite tendance à se contenter d’un minimum d’éléments pour l’évaluation des clients concernés. Dans notre pratique, nous observons en général un minimum de 20% de relations classées comme étant à risque accrus En-dessous, cela est très souvent le reflet de critères de risque pas adaptés; l’inverse est également vrai si le pourcentage de relations à risque accru est trop élevé.

        Sur le plan de la LSFin, les problèmes apparaissent surtout dans les contrôles d’adéquation ayant trait aux mandats Advisory. Le caractère approprié doit ressortir clairement et il faut pouvoir certifier que les clients ont reçu les informations adéquates. Les instruments financiers employés doivent aussi bien correspondre aux profils établis. C’est loin d’être évident et, à la lumière de ces premiers audits, on pêche encore un peu dans ce domaine.

        Avez-vous repéré d’éventuels trous noirs dans ces audits ?

        Non, je ne dirais pas qu’il y ait des trous noirs. En revanche, je reconnais que ces audits reposent pour beaucoup sur la façon dont les auditeurs eux-mêmes conçoivent leur approche qui est basée sur les risques. Certains aspects sont quelque peu délaissés pour le moment, car les auditeurs se concentrent principalement sur la LBA, la LSFin et la LEFin. Concernant les autres règlementations, il faut partir du principe que toutes les thématiques d’organisation, de conformité et de gestion des risques seront à termes passées en revue, avec des contrôles plus ou moins strictes selon une approche basée sur les risques. Les gérants ont donc intérêt à être en tout temps et en tout domaine à jour et en conformité. C’est le meilleur que je leur souhaite.

        Guillaume de Boccard

        Geneva Compliance Group

        Guillaume de Boccard est associé gérant de Geneva Compliance Group, une société qui fournit des services de conseil en matière de conformité et de reporting fiscal aux institutions financières. Plus tôt dans sa carrière, il a travaillé au Credit Suisse à Zurich et chez Pictet, où il s’est concentré entre autres sur les projets Rubik, FATCA, Cross-border et CFTC. Guillaume est avocat au barreau de Genève et titulaire d’un MBA obtenu à l’INSEAD.

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