Automate
Martin Velten
Smart Wealth
« Un processus d’investissement entièrement automatisé, piloté de bout en bout par l’IA. »
« Un processus d’investissement entièrement automatisé, piloté de bout en bout par l’IA. »
Les processus d’investissement de Smart Wealth reposent exclusivement sur l’intelligence artificielle. Martin Velten revient ici sur la logique de ce système entièrement automatisé, capable de générer des prévisions, d’allouer les portefeuilles et de réagir en temps réel aux signaux de marché. Une mécanique affinée depuis plus de vingt ans, conçue pour traverser les cycles sans céder aux biais.
Par Jérôme Sicard
Comment utilisez-vous l’intelligence artificielle pour construire et gérer les portefeuilles ?
Pour nous, l’intelligence artificielle n’est pas une tendance, mais les fondations mêmes sur lesquelles repose notre méthodologie. Nous développons et perfectionnons notre plateforme depuis maintenant plus de vingt ans. Elle aboutit à un processus d’investissement entièrement automatisé, piloté de bout en bout par l’IA.
L’intelligence artificielle intervient à toutes les étapes de la chaîne de valeur. Elle est d’abord utilisée pour établir des prévisions autonomes, spécifiques à chaque instrument, à partir de plus de 2’000 séries temporelles de marché. Chaque classe d’actifs – actions, obligations, devises, matières premières – fait l’objet d’une analyse indépendante, et les modèles prédictifs sont entraînés et mis à jour quotidiennement.
La construction stratégique des portefeuilles est ensuite optimisée par l’IA, en intégrant des paramètres propres à chaque client comme la tolérance à la volatilité, les contraintes de liquidité ou les objectifs de rendement. Cette allocation n’est jamais figée : le système ajuste dynamiquement les portefeuilles en fonction des projections actualisées, tout en respectant un cadre rigoureux de gestion des risques.
Sur ce point – gestion des risques et ajustements tactiques – notre plateforme exploite quotidiennement des flux de données macroéconomiques, techniques et fondamentales provenant de Bloomberg et d’autres sources. Dès que les signaux évoluent, les portefeuilles sont automatiquement rééquilibrés selon les régimes de marché « risk-on » ou « risk-off » définis dans les mandats.
Enfin, l’exécution des ordres est entièrement automatisée. Chaque transaction est contrôlée en temps réel grâce à un système de réconciliation instantanée, rapide, précis et totalement traçable.
En tant que gérants, nous assurons la supervision et la validation des résultats, mais c’est le système qui prend les décisions d’allocation. Cette approche permet d’éliminer les biais émotionnels et d’offrir à nos clients une performance optimisée par rapport au risque.
En quoi consiste plus exactement la technologie que vous utilisez ?
La plateforme d’intelligence artificielle que nous utilisons a été initialement conçue il y a plus de vingt ans pour un usage institutionnel, au sein du groupe Siemens, afin de gérer ses actifs de trésorerie et de prévoyance. En 2016, Smart Wealth a été fondée en Suisse pour rendre cette technologie directement accessible aux clients, sous la supervision de la FINMA. Entre 2016 et 2021, cette technologie a évolué pour devenir une plateforme de gestion de portefeuille entièrement automatisée, aujourd’hui utilisée dans le cadre de stratégies multi-actifs et de mandats de gestion sur mesure.
Ce qui distingue fondamentalement notre plateforme, ce sont des modèles d’apprentissage automatique qui s’adaptent en permanence, une gestion fine et personnalisée du risque, une automatisation complète – de la prévision à l’exécution – ainsi qu’une transparence totale. Toutes les décisions sont tracées, documentées et peuvent être auditées à tout moment.
À quoi ressemble un portefeuille équilibré géré par votre IA ?
Nos portefeuilles équilibrés suivent deux principes clés : une diversification rigoureuse et une discipline fondée sur les données. Ils reposent sur une allocation multi-actifs incluant généralement actions, obligations, matières premières et instruments de trésorerie.
La poche actions regroupe des indices mondiaux et des titres de grandes capitalisations sélectionnés individuellement. La composante obligataire est constituée de fonds indiciels sur obligations d’État et d’entreprise, couvrant diverses maturités. Les matières premières sont représentées principalement par l’or ou des instruments équivalents, pour une diversification accrue. Une part du portefeuille est conservée en liquidités ou instruments très courts, pour contrôler la volatilité et maintenir la liquidité.
Nous proposons deux types principaux de portefeuilles équilibrés. Le premier est un portefeuille standard, sans recours à l’effet de levier ni aux dérivés. Le second introduit sélectivement un effet de levier sur les positions en actions, uniquement lorsque les signaux générés par le système sont considérés comme très fiables.
Tous ces portefeuilles sont surveillés quotidiennement et réalloués dès que les signaux évoluent – qu’il s’agisse de surprises macroéconomiques, de signaux techniques ou de chocs de marché. L’ensemble du processus est piloté de manière systématique, en temps réel.
À quel niveau de maturité se situe aujourd’hui votre technologie ?
Elle a été conçue en 1999. Depuis, elle a été continuellement optimisée, testée et validée en conditions réelles de marché. Elle a traversé les phases majeures de stress et d’irrationalité : l’éclatement de la bulle Internet, la crise des subprimes, la crise de la dette souveraine, la pandémie de Covid-19 et l’environnement post-Covid marqué par l’inflation et les tensions géopolitiques. Notre IA traite chaque jour des flux de données issus de plus de 2’000 séries temporelles.
Dans quelle mesure l’IA vous permet-elle d’améliorer les performances et de réduire les risques ?
Notre technologie permet de générer des prévisions de rendement instrument par instrument et de construire les portefeuilles via un processus d’optimisation génétique. L’objectif n’est pas de parier sur les grandes orientations du marché, mais de bâtir des portefeuilles fondés sur des signaux statistiquement robustes et des profils de risque bien définis.
Ce système permet de tirer parti du potentiel haussier lorsque les signaux deviennent positifs, de réduire l’exposition avant les phases de volatilité, et d’abréger les cycles d’investissement en réagissant plus rapidement que les approches discrétionnaires.
Sur les vingt dernières années, cette méthodologie a produit une surperformance significative. Selon le budget de risque, les rendements excédentaires annualisés ont été compris entre +11,6 % et +23,4 %, soit une surperformance de +7 % à +12 % par rapport aux indices classiques, avec des drawdowns réduits jusqu’à 60 %.
L’adaptabilité du système permet aussi de raccourcir nettement les périodes de récupération après les corrections. Les clients bénéficient ainsi d’une performance améliorée et d’une résilience accrue du capital – un élément central pour préserver le patrimoine à long terme.
Proposez-vous ces solutions dans le cadre de partenariats ?
Oui. Plusieurs de nos stratégies d’investissement fondées sur l’intelligence artificielle sont disponibles sous forme d’AMCs ou de mandats structurés. Nous proposons également une solution en marque blanche pour les gérants indépendants, qui souhaitent offrir à leurs clients des portefeuilles entièrement gérés par IA, sous leur propre marque.
Début juillet, nous avons lancé le AI Multi-Asset Flagship Fund, un fonds spécifiquement conçu pour les investisseurs professionnels, y compris les institutionnels. Il est géré par Russell Investments, avec Northern Trust comme banque dépositaire. Ce fonds donne accès à notre stratégie multi-actifs entièrement automatisée. Il s’adresse aux investisseurs à la recherche d’une solution évolutive, alliant croissance et protection du capital.
En ouvrant notre infrastructure à un nombre limité de partenaires, nous leur offrons la possibilité de bénéficier de plus de vingt ans de développement technologique, sans devoir créer eux-mêmes une telle solution.
Martin Velten
Smart Wealth
Martin Velten est associé chez Smart Wealth, à Zurich, depuis 2021, où il occupe le poste de Chief Operating Officer. Il est en charge de la distribution et du service client auprès des gérants de fonds, banques, family offices, plateformes de conseil et autres investisseurs professionnels.
Auparavant, il a travaillé sur les marchés de capitaux pour de grandes institutions telles que Commerzbank, Unicredit et Deka Bank. Il a contribué à de nombreuses innovations dans les produits financiers et les solutions de trading. Il est considéré comme un pionnier de l’industrie des ETF en Europe. Chez Unicredit, il a co-développé l’architecture ETF complète – du trading haute fréquence à la structuration et à la réplication – jetant les bases des standards actuels du marché européen.
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Proposé par Mercury Metrics, le RM Reality Check est une sorte d’auto-diagnostic qui bouscule les codes de la gestion de fortune. Sous la pression croissante d’un marché concurrentiel, les relationship managers doivent désormais démontrer la qualité réelle de leur portefeuille et ce test est clairement l’opportunité pour eux de mieux se situer..
La start-up genevoise MercuryMetrics propose donc un outil gratuit, le « RM Reality Check », un questionnaire express et sans complaisance qui, en trois minutes, dresse un état des lieux, identifie les marges de progression et situe chaque RM par rapport aux exigences du marché.
Cet outil s’inscrit dans une approche renouvelée : l’analyse relationnelle. Plutôt que de s’arrêter à la volumétrie des actifs, il met en lumière la qualité des interactions, la profondeur des liens avec chaque client et la capacité du RM à influencer les décisions clés. Il révèle ainsi faiblesses insoupçonnées, risques sous-estimés et opportunités inexploitées.
À la clé : un rapport personnalisé, un benchmark direct avec les meilleurs du secteur et des recommandations concrètes pour progresser. Chaque participant reçoit également le « RM Growth Playbook » de MercuryMetrics, un guide pratique pour structurer sa progression et anticiper les nouveaux standards du métier.
L’analyse relationnelle devient ainsi un repère pour les RMs soucieux de rester au niveau des attentes du marché.
Et c’est parti pour le test !
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En un peu plus de 20 ans, MFM Mirante Fund Management a su diversifier intelligemment son modèle. Asset manager à l’origine, MFM s’est d’abord forgée une expertise dans le convertible avant de s’ouvrir à la gestion de fortune. Aujourd’hui, elle étend ses activités à de nouvelles stratégies asset management et aux solutions de prévoyance. Précisions de Sébastien Berthoud.
Par Jérôme Sicard
Vous considérez-vous aujourd’hui davantage comme un asset manager ou un wealth manager ?
Nous sommes à la fois asset manager et wealth manager, sans chercher à privilégier une ligne de métier plutôt que l’autre. Elles forment les deux grands axes sur lesquels nous avons structuré nos développements. Pour l’une comme pour l’autre, c’est le même moteur, la même approche, la même logique de gestion. Ce qui les différencie éventuellement, ce sont les besoins spécifiques des clients. Mais que ces clients soient privés ou institutionnels, nous leur proposons immanquablement un niveau identique de granularité, de transparence, et de qualité de reporting. C’est d’ailleurs cette cohérence qui structure notre modèle.
De quelle manière avez-vous mis votre expertise en asset management au service de votre offre en wealth management ?
Notre ligne Wealth repose principalement sur les compétences de l’Asset management. Nous proposons les mêmes produits, avec la même rigueur, la même discipline, la même exigence, aussi bien à nos clients privés qu’aux institutionnels. C’est clairement à l’avantage de nos clients privés qui profitent d’une expertise que nous avons construite dans le temps pour de grands investisseurs.
Quels sont selon vous les piliers indispensables à une offre wealth management ?
Il y a d’une part la technicité – avec cette rigueur, cette discipline propres à l’asset management – et d’autre part une gestion très personnalisée, à 360 degrés. J’insiste sur cette idée de sur mesure car elle tend à disparaitre dans les grandes banques qui préfèrent standardiser ou industrialiser les services délivrés à la plupart de leur clientèle, exception faite des très grandes fortunes. Or, une part importante de clients a encore besoin d’un accompagnement personnalisé, avec une vraie qualité dans les échanges, et dans les prestations qui en découlent. C’est précisément à cette clientèle que nous nous adressons.
Pour ce qui relève de l’asset management, vous concentrez-vous toujours autant sur les convertibles ?
Les obligations convertibles sont à l’origine même de la création de MFM en 2003. Notre expertise dans cette classe d’actifs nous a valu une belle notoriété et, dans la mesure où une forte valeur lui est associée, elle restera un pilier de notre gestion. Maintenant, comme toutes les classes d’actifs, les convertibles traversent des phases cycliques. Elles obéissent ou non à certaines modes. Leur attractivité évolue en fonction des marchés, un peu comme d’autres instruments plus génériques. Mais leur positionnement spécifique – à mi-chemin entre actions et obligations – leur confère une vraie pertinence stratégique. Cette position « intermédiaire » nous donne par conséquent la crédibilité nécessaire pour étendre notre savoir-faire à d’autres segments de marché.
Aujourd’hui, nous gérons douze stratégies différentes, y compris celles que nous avons développées pour la clientèle privée. Et qu’il s’agisse de fonds convertibles ou d’autres solutions, la rigueur de nos analyses, notre processus de gestion et notre niveau d’exigence demeurent identiques. Le convertible est toujours une pièce importante dans notre offre, mais il s’inscrit désormais dans un univers de gestion beaucoup plus large, structuré autour de plusieurs stratégies, plusieurs types de produits pour différents segments de clientèle. Chacun de ces segments a ses spécificités, mais les fondamentaux de notre gestion – discipline, transparence, maîtrise du risque – sont transversaux. C’est ce qui nous permet d’être à l’aise dans cette diversification, sans jamais déroger à notre exigence initiale.
Dans leur allocation, comment les gérants indépendants doivent-ils aborder aujourd’hui l’univers si complexe du fixed income ?
C’est une question très actuelle, à laquelle il n’est pas si facile de répondre car il faut prendre en compte ces deux dimensions clés que sont la prime de crédit et la prime de duration. Aujourd’hui, les spreads de crédit sont très serrés à l’échelle mondiale, donc peu rémunérateurs. En Suisse, les taux sont redevenus très bas, ce qui limite d’autant leur intérêt. En revanche, dans d’autres régions – notamment aux États-Unis et en Asie – les taux sont encore suffisamment élevés pour que l’univers obligataire reste attractif, surtout comparé aux actions. À condition, bien sûr, d’avoir une vision globale.
Pour les gérants suisses ayant un biais domestique, la tâche est plus ardue. Cela dit, les obligations restent un outil de diversification indispensable, même en Suisse. C’est pourquoi, à l’échelle globale, il me semble pertinent d’aller chercher de la prime obligataire, notamment pour amortir les chocs de marché. L’exemple d’avril dernier est assez parlant. Les marchés actions ont connu une forte correction, mais les poches obligataires – même sans offrir des rendements spectaculaires – ont bien résisté. Et leur stabilité nous a permis de céder des actifs défensifs et liquides pour nous repositionner sur des actions devenues soudainement très attractives. Ce rôle de coussin reste une fonction essentielle de l’obligataire dans une allocation intelligemment construite.
Sur quels nouveaux développements travaillez-vous actuellement ?
Nous nous renforçons dans plusieurs domaines, notamment dans celui de la prévoyance. Nous venons d’ailleurs de recruter Marc Churin qui occupait auparavant le poste de commercial chez Liberty pour la Suisse romande. Il nous permet de mieux structurer notre offre. Aujourd’hui, nous couvrons l’ensemble du spectre: prévoyance de base, prévoyance cadre, troisième pilier, libre passage. C’est un univers qui fonctionne selon sa logique propre, différente de celle de l’asset ou du wealth management. Les produits ont des horizons plus longs, les cycles sont différents, et la relation client repose sur d’autres dynamiques, souvent contractuelles et durables. Cela en fait un excellent complément à nos autres lignes d’activité.
Sur la partie asset management, nous voulons aussi nous développer davantage dans l’immobilier. Nous avons un AMC quantitatif déjà en place, et nous finalisons en ce moment même le lancement d’un fonds dédié, prévu pour cet automne. Là encore, l’objectif est d’élargir notre univers d’investissement avec des solutions qui nous permettent de bien nous différencier à notre échelle.
Sébastien Berthoud
MFM Mirante Fund Management
Sébastien compte une vingtaine d’années d’expérience dans la gestion de fortune pour une clientèle suisse et internationale. Il a rejoint MFM Wealth en septembre 2018 dans un rôle de gestionnaire de patrimoine senior, puis il en est devenu Associé en 2022. Après avoir débuté sa carrière chez UBS à Lausanne, il a travaillé successivement pour la Banque Migros et Piguet Galland. Tout au long de son parcours professionnel, il a développé des compétences plus spécifiques dans les domaines de la structuration de financements hypothécaires et de la prévoyance professionnelle. Sébastien Berthoud est titulaire d’un brevet fédéral bancaire et de la certification « Qualified Independent Wealth Manager » délivrée par l’ASG.
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Orientée fixed income, Generation Alfa a développé avec le temps une forte expertise dans le domaine de la dette privée. Ancrée dans l’économie réelle, elle séduit des clients en quête de rendements attractifs, d’une meilleure visibilité que le private equity, et de solutions plus originales que les standards en vigueur dans le monde obligataire.
Par Jérôme Sicard
Quelles règles avez-vous fixées en interne, chez Generation Alfa, pour la gestion de vos portefeuilles ?
Nous avons mis en place un cadre d’investissement pour orienter nos gérants, notamment sur les grandes thématiques à privilégier. Ce cadre donne une ligne directrice, mais il ne s’agit pas d’imposer une allocation figée comme dans la gestion discrétionnaire classique.
Nos gérants conservent une réelle liberté dans leurs choix, à condition de respecter l’esprit maison. Il n’est pas question d’avoir des profils « cow-boy » qui imposeraient leurs vues sans concertation. Ce que nous attendons d’eux en priorité, c’est qu’ils puissent surtout se consacrer sur leurs clients.
Nous leur demandons donc d’adhérer à la philosophie de Generation Alfa, qui va au-delà de l’approche des banques traditionnelles, souvent centrée sur des produits standardisés. Cela implique de s’intéresser davantage à l’économie réelle, notamment à travers des investissements directs.
A notre échelle, nous voulons renouer avec le rôle historique des banques: financer l’économie plutôt que spéculer sur les marchés. Et nos clients, aujourd’hui, comprennent souvent mieux un investissement tangible dans une PME qu’une position sur un titre comme Nvidia.
Quelles orientations privilégiez-vous ?
Nous avons un fort biais obligataire, que nous avons d’ailleurs toujours eu. Et nous allons chercher des stratégies et des thématiques originales, qui n’apparaissent pas forcément dans les fonds traditionnels. C’est ainsi que nous voulons nous différencier, en créant une réelle valeur ajoutée loin des solutions standards habituellement servies sur le marché. Il est devenu assez difficile aujourd’hui d’arbitrer entre un fonds Pimco Investment Grade et son pendant ETF. Rien ne les distingue vraiment.
En quoi consistent ces stratégies, ces thèmes que vous mentionnez ?
Le secteur de l’énergie est un exemple fort. Il est souvent écarté par les grandes maisons pour des raisons ESG, alors même que ses entreprises ont profondément évolué. Certaines, historiquement liées au fossile, réalisent aujourd’hui 50% de leur chiffre d’affaires dans les énergies renouvelables. Ce type de transition n’apparaît pas dans les portefeuilles obligataires classiques, ce qui en fait une thématique intéressante, différenciante, avec un rendement supérieur, pour une qualité identique.
Un autre axe important, ce sont les prêts sécurisés – notamment via les CLOs. Ces instruments nous permettent d’être exposés à des entreprises de taille intermédiaire bien connues, comme Afflelou, Labeyrie ou Verisure, qui émettent ce type d’emprunts. À la différence d’une obligation traditionnelle, ici, nous avons des garanties réelles. Avec un risque de crédit plus élevé, certes, mais aussi un niveau de protection bien supérieur. On peut même calibrer notre investissement selon le risque recherché, comme on le faisait autrefois avec les hypothèques de premier, deuxième ou troisième rang.
Pourquoi ce positionnement quasi exclusif sur la dette privée dans ce monde des marchés privés ?
Il y a d’abord une part de lucidité. Nous n’avons pas les ressources en interne pour traiter comme il se doit des dossiers de private equity. Ensuite, notre ADN est clairement orienté « rendement et obligations », ce qui attire des investisseurs qui nous ressemblent. Or, le private equity repose sur de nombreux facteurs qu’on ne contrôle pas. La dette privée, elle, offre plus de visibilité, moins d’aléatoire et surtout des flux de trésorerie réguliers – qui sont au cœur de notre stratégie.
Enfin, il y a une raison structurelle : la réglementation bancaire actuelle, notamment Bâle III, a considérablement restreint la capacité des banques à financer l’économie réelle. Le besoin de financement, lui, n’a cessé de croître, alors que les bilans bancaires ont stagné et ne peuvent pas suivre cette demande. Résultat : un grand nombre d’entreprises ne trouvent plus de financement dans le circuit traditionnel.
C’est là que nous pouvons intervenir. En nous positionnant sur la dette privée, nous venons compléter, voire remplacer les banques dans le financement de la croissance, en particulier celle d’entreprises familiales qui portent des projets de croissance.
Quel chiffre d’affaires génèrent les entreprises que vous ciblez ?
Nous finançons des entreprises dont le chiffre d’affaires se situe entre 5 et 200 millions. Le spectre est assez large mais, plus que la taille, nous regardons d’abord des projets de croissance. C’est le critère déterminant dans notre sélection.
La dette privée est-elle appelée à suivre la même trajectoire que le private equity en termes de volume ?
On en est encore loin. Je crois que le private equity pèse près de 8’000 milliards de dollars à l’échelle globale. La dette privée ne se situe qu’aux alentours des 1’500 milliards. Elle s’inscrit en forte croissance, mais je pense que les montants levés resteront toujours inférieurs à ceux du private equity.
Cela dit, la dynamique est là, portée par une tendance structurelle : la réglementation bancaire freine de plus en plus la capacité des banques à financer l’économie réelle. C’est ce besoin non couvert qui continue d’alimenter la croissance du marché de la dette privée.
Quels sont les freins à son développement ?
La dette privée demande une approche très rigoureuse, notamment dans la structuration des dossiers, bien plus que le private equity. C’est une classe d’actifs difficile à industrialiser, contrairement aux prêts bancaires qui peuvent être standardisés à grande échelle.
Mais ce frein est, selon nous, une opportunité : il crée une barrière à l’entrée qui renforce la valeur ajoutée de ceux qui maîtrisent véritablement ce métier. A notre niveau, nous pouvons nous positionner sur des dossiers qui sont aujourd’hui trop petits pour les grands fonds d’investissement et trop complexes pour les banques. Et donc on arrive à intégrer dans la structuration des termes en faveur de nos clients, ce que nous ne pourrions pas obtenir si nous devions co-investir sur des opérations de 60 millions menées par les grands fonds d’investissement.
Quels principaux avantages voyez-vous dans la dette privée ?
Pour l’investisseur, c’est la visibilité du rendement ciblé. Elle est bien meilleure. En acceptant une prime de liquidité, il peut espérer un rendement double par rapport à une obligation liquide classique. Pour nous, pour Génération Alfa, c’est une question de positionnement. Contrairement à la plupart des gérants ou banques qui misent sur le private equity et les histoires séduisantes — pouvoir mettre un ticket dans space X pour ne prendre que cet exemple — nous allons plutôt choisir une approche plus pragmatique et préférer exceller dans un univers peu exploré plutôt que de nous perdre dans un marché trop concurrentiel.
Mirko Visco
Generation Alfa
Mirko Visco est l’un des co-fondateurs de Generation Alfa où il officie aujourd’hui en tant que CEO. Il participe également à la gestion des investissements. A ce titre, il est responsable de la poche obligataire et des investissements directs, tels que dette privée et immobilier de rendement. Les premiers investissements directs de Generation Alfa ont été effectués dès 2009. A ce jour, Mirko a finalisé plus de 50 investissements directs en uni-tranche ou en co-investissements. De 1997 à 2006, il a travaillé chez Merrill Lynch à Genève, où il était en charge de l’équipe advisory. Mirko est titulaire d’un Bachelor en HEC de l’Université de Genève.
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Une nouvelle fois, les marchés ont été quelque peu agités dans le courant du mois de mai. Les tensions commerciales, la persistance de l’inflation et les inquiétudes géopolitiques ont maintenu les investisseurs dans l’expectative, mais quelques points positifs ont également été observés.
Les actions ont enregistré un solide rebond en mai. Aux États-Unis, le S&P 500 a progressé de 6 %, porté par la bonne tenue des valeurs technologiques et des soins de santé. Les principaux indices européens ont emboîté le pas, l’Euronext 100 progresse d’environ 4 %, aidés par un ralentissement de l’inflation et des données de croissance satisfaisantes. Au Japon, le Nikkei 225 a gagné 5 % grâce à des chiffres économiques stables et à des résultats encourageants.
Au Royaume-Uni, le FTSE 100 a progressé de 2,6 %, la Banque d’Angleterre ayant abaissé ses taux et les entreprises énergétiques ayant continué à afficher de solides rendements. Même les marchés chinois ont bénéficié d’un coup de pouce : l’indice de Shanghai a grimpé de 2,2 % et le Hang Seng de Hong Kong a gagné 2,1 %, aidés par une trêve tarifaire conclue en milieu de mois entre les États-Unis et la Chine.
Les marchés obligataires ont connu un mois plus calme. Les rendements des bons du Trésor américain ont baissé, car les inquiétudes sur la croissance ont refait surface après une baisse de 0,2 % du PIB au premier trimestre. Malgré ce ralentissement, les investisseurs ne se sont pas rués sur les obligations à long terme, ce qui témoigne d’une prudence persistante.
En Europe, la BCE a maintenu ses taux inchangés à 2,25 %, mais a laissé entrevoir de nouvelles baisses si l’inflation continue de ralentir. Au Royaume-Uni, la baisse du taux directeur de la Banque d’Angleterre à 5,0 % a fait reculer les rendements des gilts, même si l’inflation a légèrement augmenté pour atteindre 3,5 % en avril.
Les matières premières ont connu un mois globalement stable. L’or a progressé de 1,6 %, grâce à des investisseurs qui recherchent des valeurs refuges dans un marché nerveux. Les prix du pétrole sont restés stables, soutenus par une demande solide et des inquiétudes liées à l’offre, tandis que le gaz naturel a légèrement reculé.
Le dollar américain s’est légèrement affaibli en mai, la livre sterling progressant de 1,35 % grâce à la baisse des taux de la BoE. L’euro a également enregistré quelques gains, aidé par les allusions de la BCE à des baisses de taux et à un ralentissement de l’inflation.
Le mois de mai a été favorable aux actions, grâce à de meilleures données de croissance et à une trêve dans les tensions commerciales. Les obligations sont restées stables et les matières premières ont également trouvé un certain équilibre.
Dans ce contexte, les portefeuilles multi-actifs, tels que mesurés par notre indice PWI+, ont affiché des performances remarquablement régulières. Les portefeuilles les plus agressifs ont naturellement bénéficié de la performance des actions. De plus, les mandats libellés en USD ont été favorisés par la faiblesse du dollar, qui a profité à leurs expositions internationales. Le risque s’est quelque peu normalisé, pour se situer légèrement en dessous de l’objectif après une période d’extrême volatilité.
Les valorisations restant élevées et l’inflation n’étant pas totalement maîtrisée, il est prudent de rester vigilant. L’été pourrait réserver d’autres surprises, notamment avec les banques centrales qui laissent entrevoir de futures baisses de taux et les tensions géopolitiques qui continuent de couver.
Eric Bissonnier
Performance Watcher
Eric Bissonnier est CEO de Performance Watcher depuis juin 2022. Il a commencé sa carrière en 1992 pour Chase Manhattan Private Bank à Genève et New York. En 1998, il s’est joint à la société de multi-gestion alternative EIM dont il est devenu CIO en 2002. Il est resté en poste chez Gottex et LumX Asset Management, sociétés qui ont succédé à EIM, jusqu’en 2019. Il a joué un rôle déterminant dans le développement de la fintech LumRisk, une spinoff d’EIM spécialisée dans la gestion des risques. Eric possède la certification CFA et il est titulaire d’un Mastère en économie obtenu à l’Université de Genève.
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Cyrille Urfer dirige la stratégie d’investissement de Forum Finance, le gestionnaire genevois dont il est devenu associé en avril. Son rôle a profondément évolué au fil du temps. Il revient ici sur cette transformation, tant de ses fonctions que des outils désormais à sa disposition pour les exercer pleinement.
Par Jérôme Sicard
Comment le rôle de CIO a-t-il évolué ces dix dernières années dans l’univers de la gestion de fortune ?
Il s’est beaucoup élargi, à mesure que les attentes des clients se sont affinées et que les marchés se sont complexifiés. Par ailleurs, il ne se contente plus de produire de la recherche au cœur du processus d’investissement. Il est devenu aussi un acteur clé dans le pilotage des risques, dans la relation client et dans le développement stratégique de l’entreprise.
Je voudrais insister sur les risques. En 2022, le retour brutal de l’inflation et la hausse des taux d’intérêt, conjugués à une montée des risques géopolitiques, ont mis en lumière l’importance d’une lecture élargie du risque, bien au-delà des seules métriques financières traditionnelles. Volatilité, perte maximale, scénarios extrêmes, mais aussi risques climatiques ou de liquidité sur les marchés privés – le CIO doit aujourd’hui intégrer tous ces éléments dans sa grille d’analyse.
Comment s’est transformé votre boîte à outils ?
Si le rôle du CIO s’est considérablement élargi, sa boîte à outils s’est elle-aussi agrandie à grande vitesse. Et c’est une transformation qui ne se limite pas à l’arsenal technique ou quantitatif. Elle touche aussi à des dimensions plus subtiles, comme la gestion émotionnelle des clients ou la capacité à naviguer dans un univers de plus en plus vaste – et parfois saturé – d’opportunités d’investissement.
Aujourd’hui, la gestion des risques ne se limite plus aux risques de marché ou de taux. Il faut aussi composer avec des problématiques de liquidité, de gestion des cash flows, et même avec l’état émotionnel des clients dans des phases de marché complexes. La volatilité ne se mesure plus uniquement dans les chiffres, mais aussi dans les réactions des clients face à l’incertitude.
À cela s’ajoute l’explosion de l’univers d’investissement. Ce n’est plus seulement une diversification par classes d’actifs, mais une multiplication des produits au sein même de chaque classe. Dans le private equity, par exemple, sous l’appellation générique, on trouve une diversité immense de stratégies, de risques, de structures, qui demandent une expertise pointue et un vrai travail de sélection.
La boîte à outils du CIO n’a donc jamais été aussi riche – mais elle exige une rigueur accrue dans son usage. La granularité des produits, leur finesse, leur liquidité parfois relative, permettent aujourd’hui de construire des portefeuilles d’une qualité que nous ne pouvions pas envisager voilà encore vingt ans. Mais disposer de tous ces leviers ne signifie pas forcément qu’il faut tous les actionner. Il faut savoir hiérarchiser, arbitrer et parfois renoncer car toutes stratégies obéissent aussi à leurs propres cycles.
Le modèle 60/40 est-il devenu obsolète ou mérite-t-il simplement d’être repensé ?
Non, on ne peut pas dire qu’il soit obsolète. Le 60/40 reste un bon point de départ. Il a le mérite d’être simple, compréhensible par tous, facile à mettre en œuvre, et surtout peu coûteux. Bien sûr, ce n’est pas une allocation véritablement diversifiée dans la mesure où, l’écrasante majorité du risque reste concentré sur les actions.
Les fonds de dotation des universités américaines ont progressivement abandonné ce modèle au profit d’allocations plus complexes. Beaucoup ont adopté une répartition 70/30, en réallouant une partie du portefeuille vers des actifs illiquides. L’exemple emblématique est celui de Yale, qui a connu un certain succès sur le long terme – sur 20 ou 25 ans, leurs résultats sont indéniablement solides.
Mais si l’on regarde les performances plus récentes, c’est moins évident. Après avoir repris les allocations historiques du fonds de dotation de Yale entre 2016 et 2020, calculé une moyenne, puis simulé leur évolution dans le temps avec des poids fixes, le résultat : sur 10 à 15 ans donne une performance comparable à celle d’un portefeuille 70/30 – sans même tenir compte des frais ni de la complexité de mise en œuvre du modèle de Yale.
Et sur des périodes plus courtes, notamment entre 2020 et 2022, le 60/40 a été plus performant. Sur les deux dernières années à fin décembre 2024, le portefeuille 60/40 affiche une performance cumulée de 36.0%, contre seulement 12.9% pour notre réplication du modèle de Yale.
Tout cela montre que la réponse n’est pas si tranchée. Le 60/40 n’est pas parfait, mais il reste redoutablement efficace, surtout lorsque l’on prend en compte sa simplicité et ses coûts moindres.
Comment avez-vous redéfini vos modèles de diversification chez Forum Finance ?
Beaucoup d’investisseurs s’inspirent du modèle Yale mais, dans les faits, il ne change pas fondamentalement la nature du risque. On ne fait que remplacer les actions côtées par des actions privées. En retour, on peut espérer capter une prime d’illiquidité de 200 à 300 points de base, mais cela ne constitue pas une véritable diversification.
Si l’objectif est réellement de diversifier, il faut alors penser en termes d’allocation au risque, et non en simple répartition du capital. C’est d’ailleurs la philosophie des stratégies de type risk parity, comme celles développées par Bridgewater, Man Group ou d’autres. Ces approches vont plus loin : elles intègrent une dimension macroéconomique en tenant compte des différents régimes d’inflation et de croissance.
Résultat : on obtient un portefeuille bien plus équilibré, capable de mieux résister à des contextes économiques variés. Pour compenser la moindre volatilité naturelle de certains actifs comme les obligations, ces stratégies utilisent du levier, de manière contrôlée, afin d’amener l’ensemble du portefeuille à un niveau de risque cible – souvent autour de 10 %, ce qui correspond à la volatilité historique d’un portefeuille 60/40.
C’est une construction élégante, cohérente sur le papier. Mais il faut être lucide : ce type de modèle ne fonctionne pas toujours, notamment dans des périodes extrêmes où toutes les classes d’actifs corrigent en même temps.
Quels leviers vous semblent les plus efficaces pour optimiser le couple rendement/risque ?
Il faut d’abord rappeler une chose essentielle : nos clients ne paient pas leurs factures en « ratio de Sharpe », mais en francs suisses, en euros ou en dollars. Autrement dit, l’objectif n’est pas uniquement d’optimiser une formule académique, mais bien d’obtenir des performances tangibles, dans une enveloppe de risque acceptable.
C’est aussi pour cela que nous aimons travailler avec des enveloppes de volatilité élevée. Si l’on regarde uniquement le ratio de Sharpe, certaines stratégies – comme la réplication du modèle Yale – ressortent très bien. Mais en termes de performance brute, elles peuvent décevoir.
La clé, c’est de bien comprendre les clients et la manière dont ils perçoivent leur portefeuille. Ce n’est pas forcément dans les années de fortes baisses, comme 2022, que les discussions sont les plus difficiles. Ce genre d’environnement est brutal, mais compréhensible. Les clients acceptent plus facilement une perte dans un contexte globalement négatif.
En revanche, les années comme 2023 ou 2024 sont bien plus complexes. Les marchés montent, certaines valeurs explosent — Nvidia, par exemple, progresse respectivement de 239% en 2023 et 177% en 2024 — tandis que les portefeuilles « équilibrés » et diversifiés, paraissent à la traîne. Là, la frustration de certains clients est importante, car ils ont l’impression de ne pas participer à ce succès.
Or, historiquement, la gestion de fortune suisse a été marquée par une forte culture de préservation du capital. Mais dans un environnement où certaines classes d’actifs affichent des hausses annuelles substantielles de plus de 30%, les investisseurs veulent en profiter. Trouver le bon dosage entre protection et participation reste donc l’un des défis majeurs pour optimiser le couple rendement/risque.
Comment rester discipliné dans des marchés qui réagissent en ce moment plus aux flux qu’aux fondamentaux ?
Nous avons mis en place un processus très structuré, qui permet de prendre des risques, tout en les maîtrisant.
Concrètement, nous nous appuyons sur cinq grands piliers d’analyse. En fonction de leur orientation, nous ajustons notre allocation en actions : lorsque tous les voyants sont au vert, nous pouvons monter jusqu’à 65 % d’actions. À l’inverse, si tous les signaux sont au rouge, nous réduisons jusqu’à un minimum de 25 %.
Ces cinq piliers incluent la conjoncture macroéconomique, la politique monétaire, les valorisations, la dynamique de marché et le sentiment des investisseurs. Les trois premiers relèvent des fondamentaux, les deux derniers sont davantage dictés par le comportement de marché.
Quelle est la « signature » de Forum Finance en matière de gestion ?
Comme beaucoup de gérants indépendants, notre ADN, c’est d’abord l’indépendance. Nous ne commercialisons pas de produits maison, à l’exception d’un fonds balancé qui réplique notre portefeuille modèle, en un peu plus diversifié. Ce véhicule est surtout destiné aux clients qui recherchent un investissement global unique facile à mettre en œuvre reflétant notre politique de gestion.
Cette indépendance se reflète également dans notre approche de gestion : nous construisons des portefeuilles basés sur des convictions fortes, avec un souci constant de lisibilité. C’est un point essentiel pour moi. Un portefeuille lisible, c’est un portefeuille que l’on peut expliquer clairement aux clients — ce qui améliore la transparence et la qualité des échanges.
Nous préférons éviter une construction en millefeuille. Avoir plusieurs fonds qui, au final, reproduisent la même exposition sous des étiquettes différentes, n’apporte rien. Cela donne une illusion de diversification, sans réelle valeur ajoutée.
Aujourd’hui, notre portefeuille modèle ne compte qu’une vingtaine de lignes, contre parfois plus d’une trentaine auparavant. Cette simplification est voulue : elle permet de mieux exprimer nos choix, tout en assurant une cohérence entre ce que nous faisons et ce que nous disons — aussi bien en interne qu’envers nos clients. Nous avons délibérément fait le choix d’une gestion de conviction orientée sur le long-terme avec la flexibilité d’ajuster nos allocations quand les circonstances le demandent. En tant que CIO, je me fais un devoir d’incarner la stratégie de Forum Finance d’une manière claire, transparente et compréhensible.
Cyrille Urfer
Forum Finance
Cyrille Urfer occupe le poste de directeur des investissements chez Forum Finance depuis juin 2023 et il en est devenu associé en avril 2025. Sa carrière l’a mené auparavant chez Unigestion, à la Banque Gonet, à l’Abu Dhabi Investment Council de 2008 à 2011 et chez Lombard Odier. Cyrille est titulaire d’un Master of Business Administration de l’International Institute for Management Development (IMD). Il est également analyste financier agréé (CFA) et membre du CFA Institute. Il est titulaire enfin du titre de Certified European Financial Analyst décerné par la Fédération européenne des associations d’analystes financiers.
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