• Par Patrick Oberhaensli
  • Fondateur & CEO
  • EVOLIDS FINANCE

Le reverse convertible: 25 ans d’innovation !

Créés voilà maintenant 25 ans – un quart de siècle – les reverse convertibles montrent qu’il est toujours possible d’innover en termes de produits d’investissement – aujourd’hui encore.

 

Patrick Oberhaensli

J’ai demandé à ChatGPT (dans les règles de ce nouvel art) d’écrire l’article à ma place. La déception ne sait pas faite attendre : l’Intelligence Artificielle est rapide mais si le sujet n’a pas déjà été traité d’une certaine manière il faut partir du principe que le résultat ne sera pas à la hauteur. Par contre, il est bien possible que cet article serve justement à « nourrir » la machine à l’avenir sans mon accord!

C’est l’histoire du premier (vrai) lancement du reverse convertible. Racontée en gardant un esprit pratique, loin d’une approche livresque.

La création du reverse convertible

C’était au printemps 1998 et les taux d’intérêts Suisse (et US) étaient déjà bas – la grande crise de l’an 2000 allait arriver 2 and plus tard. Pour les investisseurs institutionnels, il s’agissait d’optimiser les placements par rapport à leurs vues à moyen terme, appliquées à des actions défensives ou des actions qu’ils étaient prêts à accumuler si cela devenait nécessaire. Les horizons temps qui cohabitent ensemble sont en effet un élément clé pour ce segment d’investisseurs qui utilisent à la fois une allocation d’actifs stratégique et des ajustements tactiques – ces derniers reflétant une vue à court terme. Une vue à moyen terme complétant avantageusement ces deux perspectives communes. Et ce, en évitant l’effet de levier au niveau des investissements.

Ce dialogue risque-rendement pour être une base créative doit être soutenu par des connaissances techniques et pratiques très avancées. En effet, il s’agit là de comprendre tous les mécanismes clés liés aux options. Cela va du modèle de prix de l’option et des paramètres de risques à la relation entre deux options ayant le même sous-jacent, la même échéance ainsi que le même «strike»: la souvent mal comprise «put-call parity». A partir du prix du put qui donne le droit de vendre le sous-jacent au strike à l’échéance, on peut en déduire celui du call (avec les mêmes paramètres) et viceversa: tout «simplement». Et c’est ainsi que naquit le premier reverse convertible…

Le reverse convertible c’est si simple…

Le reverse convertible est un produit structuré composé d’une obligation et d’un put vendu indirectement par l’investisseur. Et c’est bien la prime provenant de la vente couverte et donc sans effet de levier du put (d’où une obligation de recevoir des actions en cas d’exercice) qui va permettre d’augmenter très sensiblement les coupons de l’obligation. Quant à l’investisseur qui achète le produit structuré au prix de 100% – côté à l’identique d’une obligation – il sera, à maturité du produit, soit remboursé à 100% soit il recevra un ensemble d’actions prédéfini si celles-ci perdent de la valeur par rapport au moment de l’émission (du reverse convertible). Dans ce cas, l’investisseur a une perte non-réalisée mais qui ne peut jamais aller au-delà des 100%. Aussi ne faut-il pas oublier de prendre en compte de risque de crédit de ladite obligation.

Le vrai premier reverse convertible

Si le tout premier reverse convertible a été émis sur l’action de la banque (émettrice) elle-même pour des raisons évidentes de simplicité, c’est sur une action particulière américaine que le vrai premier reverse convertible apparu. Il s’agissait de l’action Philip Morris et ce pour de nombreuses raisons. D’abord, l’action avait un risque spécifique bien connu, ensuite ce sont des caractéristiques attractives de volatilité et de dividende qui furent déterminantes. C’est en effet avec une volatilité (future) importante ainsi qu’un dividende supérieur que le put (qui est vendu) a un prix plus élevé.

Maintenant, si la banque émet en même temps un call warrant (option call à long terme) aux paramètres clés identiques alors la «put-call parity» est vérifiée et l’exposition résultante côté banque est tout simplement «short le sous-jacent». Et il n’y a dès lors rien de plus simple pour se couvrir des risques des options car il suffit d’être long le sous-jacent! La volatilité n’est ainsi plus un risque et les prix pour l’investisseurs peuvent être plus avantageux. Une situation véritablement gagnante-gagnante. Et ce fût un succès phénoménal dès le début car ce nouveau produit structuré répondait à un besoin réel des investisseurs.

C’est dans le régime actuel de volatilité (plus) élevée pour les actions que le reverse convertible est particulièrement attractif. Et ce d’autant plus que les taux d’intérêts sont plus hauts alors que l’on peut estimer (c’est une opinion) que les perspectives à moyen/plus long terme quant à ces taux seront meilleures.

Au fait, si je connais si bien l’histoire du reverse convertible, c’est que j’ai eu le privilège de créer cette toute nouvelle structure au printemps comme un nouveau départ, il y a 25 ans déjà cette année. Et le vrai premier reverse convertible fût bien remboursé en cash, au bout des trois ans de durée de l’instrument! Le reverse convertible est cependant aussi un cas très intéressant de la gestion de l’innovation en finance: un thème à explorer.

 

Patrick Oberhaensli

EVOLIDS FINANCE

Patrick Oberhaensli – 30 ans d’expérience « banque & finance » – est le fondateur/CEO d’ EVOLIDS FINANCE, société de services financiers disruptive. Si depuis 2009, il enseigne la finance à des professionnels dans différents domaines spécialisés, il a été responsable plus de 5 ans du développement institutionnel suisse chez un gestionnaire d’actifs néerlandais, dont il a permis la nette croissance. Auparavant, il a occupé différents postes seniors essentiellement orientés clients dans une grande banque suisse où il a en particulier créé le produit structuré reverse convertible. Patrick est titulaire d’un master de l’EPFL. Il détient également les diplômes CFA, CMT et FRM ainsi que le Certificate in ESG Investing,.