Focus
Aline Fournier
Geneva Compliance Group
« Nous intervenons à cette interface : entre complexité juridique et réalité opérationnelle »
Géant américain de la gestion d’actifs, PGIM poursuit son expansion sur le marché suisse, où son responsable, Rochus Appert, souhaite lui donner une assise locale à la hauteur de son envergure mondiale. Un développement mené avec la volonté d’apporter des solutions autant que des produits à ses investisseurs.
Par Jérôme Sicard
Que souhaitez-vous accomplir avec PGIM en Suisse ?
PGIM est un leader mondial dans la gestion d’actifs. Cependant, en Suisse, notre notoriété ne reflète pas encore l’envergure que nous avons prise à l’échelle mondiale. PGIM gère plus de 850 milliards de dollars en titres à revenu fixe, dont 100 milliards en obligations high yield et en prêts levier, 50 milliards en dette émergente, et 240 milliards en multi-secteur. Nous sommes par ailleurs le quatrième émetteur mondial de CLO.
Nous supervisons aussi plus de 100 milliards de dette privée, pour des entreprises dont l’EBITDA va de 8 à 80 millions de dollars. Nous sommes le troisième plus grand gestionnaire de biens immobiliers au monde, avec plus de 200 milliards d’actifs, et Jennison Investments, notre gérant Actions, compte lui aussi plus de 200 milliards de dollars en AUM.
Nous sommes évidemment un acteur majeur, mais en Suisse, notre marque reste en deça de son potentiel. Notre objectif est donc simple : positionner PGIM parmi les principaux asset managers sur ce marché grâce à nos compétences dans les investissements liquides et alternatifs.
Où en êtes-vous de vos développements en Suisse ?
Nous gérons un portefeuille qui devient significatif, principalement dans le fixed income et l’immobilier. Au niveau de PGIM, notre marché se divise en deux segments : les grands acteurs institutionnels — banques, fonds de pension et certains family offices — qui peuvent allouer de gros montants, et les gérants indépendants qui investissent des montants plus petits mais répétés. Aujourd’hui, les banques et les fonds de pension sont nos plus grands clients.
En plus de cela, nous exploitons des outils numériques pour diffuser des contenus qui présentent une forte valeur ajoutée directement à nos investisseurs. Nous disposons d’énormément d’informations sur notre plateforme – que nous voulons rendre accessibles de la manière la plus efficace qui soit. La distribution en mode digital est un axe clé pour nous à l’avenir. Il s’agit pour nous de diffuser le bon contenu à la bonne personne, au bon moment et au bon endroit.
Quels sont les facteurs clés pour étendre votre clientèle en Suisse ?
Je vois trois éléments essentiels : la marque, le produit, et la performance.
La marque doit inspirer confiance, créer matière à discussion et refléter un certain niveau d’innovation. Avec la marque PGIM, nous avons de quoi nous positionner comme un partenaire incontournable pour des investisseurs qualifiés.
En ce qui concerne les produits, nous proposons une large gamme, mais le timing est crucial. Notre stratégie de distribution s’aligne aussi sur le cycle d’investissement — en mettant l’accent sur les bons produits au bon moment, depuis les opportunités qui apparaissent en début de cycle jusqu’aux allocations en fin de cycle.
Quant à la performance, pour réussir, il faut se classer dans le top décile. C’est le critère de référence.
Dans la gamme PGIM, quels produits intéressent plus particulièrement les investisseurs suisses ?
Ils sont plus sensibles aux high yields, américaines et européennes, ainsi qu’aux obligations d’entreprises et à la dette émergente. Ils regardent aussi le crédit multi-sectoriel. Nos stratégies de rendement absolu, comme notre fonds Credit Opportunities, qui a enregistré des rendements à deux chiffres l’année dernière, suscitent de même beaucoup d’intérêt.
Du côté des actions, c’est aussi le cas de notre stratégie Growth. Dans un environnement de faible croissance du PIB, notamment en Europe, les investisseurs recherchent des titres refuges. Mais lorsque la croissance redémarre, ils veulent y participer. Notre approche nous pernet donc d’identifier des entreprises capables de prospérer dans toutes les conditions de marché. Nous voyons un clair regain d’intérêt pour cette stratégie, alors que les investisseurs se positionnent pour le prochain cycle.
Comment PGIM diversifie-t-il sa gamme de produits ?
Nous explorons toujours des opportunités à partir desquelles nous allons pouvoir ajouter de nouvelles dimensions à notre offre, en capitalisant sur nos points forts, là où nous sommes capables de nous différencier. La diversification passe aussi par le timing. Avec une gamme aussi étendue que la nôtre, tous les produits ne sont pas pertinents en même temps. Encore une fois, l’important est de promouvoir la bonne solution au bon moment, ce qui nécessite un dialogue constant avec les investisseurs.
Prenons les stratégies long-short, par exemple. Dans l’environnement de forte croissance économique qui a prévalu entre 2015 et 2020, les fonds spéculatifs ont eu du mal. Mais aujourd’hui, les conditions de marché ayant évolué, ils reprennent du sens. Identifier ces tendances tôt et aligner les produits avec les besoins des investisseurs est en soi un cycle d’innovation en continu.
Comment voyez-vous l’évolution de l’industrie de la gestion d’actifs en Suisse ?
De 2015 à 2020, l’innovation a été portée par l’investissement responsable et thématique. Aujourd’hui, elle se tourne vers les investissements privés, en particulier le prêt direct. L’essor des fonds evergreen, qui permet la démocratisation des actifs alternatifs, rend le crédit privé plus accessible à une base d’investisseurs plus large.
La taille est un autre facteur déterminant. Dans cette industrie, vous êtes soit grand, soit petit — il y a peu de place entre les deux. Les grandes entreprises bénéficient d’économies d’échelle, réussissant à vendre une large gamme de produits tout en optimisant les coûts. En revanche, les asset managers de type boutique auront toujours leur place. Leur haut degré de spécialisation les rend indispensables dans leur niche.
Comment pensez-vous pouvoir saisir les opportunités qui se présentent sur le marché suisse?
Nous avons l’intention de nous renforcer localement. Nous allons déménager dans de nouveaux bureaux à Zurich et nous voulons élargir notre présence en Suisse de manière plus générale. D’un point de vue produit, nous souhaitons mettre davantage en avant les actifs alternatifs.
Malgré notre envergure mondiale, nous restons un acteur relativement nouveau sur ce marché et nous l’abordons avec une mentalité « high impact, low ego ». Les investisseurs recherchent de la diversification, des marques alternatives et, par-dessus tout, des solutions. C’est là que nous intervenons.
Prenons notre stratégie de crédit multi-sectoriel, par exemple — elle pourrait bien être considérée comme la perle dans tout ce que nous offrons de liquide. Elle propose une exposition Investment Grade, avec des options allant de zéro à six ans en termes de duration. C’est un outil simple et efficace pour les gérants indépendants qui cherchent à construire des portefeuilles de crédit diversifiés tout en maintenant une certaine flexibilité dans la gestion de la duration.
Rochus Appert
PGIM
Rochus Appert est Country Head de PGIM Investments en Suisse depuis novembre 2023 et il en assure également la direction commerciale. Fort de 30 ans d’expérience dans l’industrie financière suisse, il était dernièrement Head of Discretionary Sales Switzerland chez Columbia Threadneedle. Auparavant, il a occupé divers postes de direction, notamment chez BMO Global Asset Management – avant son acquisition par Columbia Threadneedle – ainsi que chez State Street Global Advisors, Credit Suisse et West LB.
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Swissquote arrive en bonne place, au quatrième rang, dans la récente étude de Colombus Consulting sur la digitalisation de l’expérience client. Des clients, du reste, de plus en plus jeunes, de plus en plus riches et de plus en plus institutionnels, comme le constate Simon Morgenthaler depuis Zurich.
Par Levi-Sergio Mutemba
Comment la clientèle individuelle a-t-elle évolué au cours des dernières années, et plus particulièrement depuis le covid?
La première évolution à relever, plus structurelle, est de nature démographique. Les investisseurs de plus en plus jeunes forment une clientèle de plus en plus importante, bien que les senior ou les clients retail de plus de cinquante ans prédominent. Cette clientèle émergente est la raison du partenariat noué en 2021 avec PostFinance, via la plateforme YUH, qui s’adresse à de jeunes investisseurs, très mobiles et qui n’ont probablement jamais investi auparavant. La pandémie a, pour ainsi dire, accéléré cet afflux de clients privés n’ayant jamais investi. Les actifs numériques et les cryptomonnaies en ont été les principaux bénéficiaires.
Et qu’en est-il de la clientèle fortunée?
En 2003, lorsque j’ai rejoint Swissquote, notre réputation n’était pas suffisamment développée pour attirer cette clientèle. Aujourd’hui, elle a largement accepté et intégré les banques numériques. Rappelons également que la fortune moyenne de nos clients est supérieure à 100’000 francs, mais que ce chiffre est peu révélateur de la multiplicité des profils. Nous avons des clients riches en dizaines de millions de francs et d’autres qui détiennent moins de 5’000 francs.
La clientèle institutionnelle semble également avoir beaucoup évolué. Que représente-t-elle aujourd’hui pour Swissquote?
Nous avons constaté une évolution significative de cette clientèle, qui représente actuellement 30% environ des revenus. Il peut s’agir d’une relation institutionnelle, d’une relation B2B classique ou d’une relation B2B2C par laquelle nos clients institutionnels combinent leurs solutions aux nôtres, pour leurs propres clients. Il peut être utile de rappeler que notre bureau basé à Singapour s’adresse exclusivement à une clientèle institutionnelle, tandis que notre représentation à Malte se concentre sur les fonds de placement et les placements collectifs.
Mais qu’attend cette clientèle d’une banque numérique qui doit pourtant son essor aux investisseurs individuels?
Les attentes des institutionnels se concentrent principalement sur l’efficience technologique de notre plateforme dans son ensemble. Ils recherchent une plateforme de trading sophistiquée, comme l’illustre notre interface, ainsi qu’une infrastructure très moderne. C’est une clientèle qui souhaite également avoir accès à pratiquement toute la gamme des classes d’actifs et des produits financiers, réunis en un seul point. Or notre plateforme donne accès à plus de trois millions d’actifs ou de produits financiers. Cet aspect est particulièrement important, dans la mesure où les clients ne veulent pas multiplier les fournisseurs selon les classes d’actifs ou les produits recherchés. Bien sûr, c’est sans parler de la liquidité, qui est fondamentale, pour un pricing aussi compétitif que possible.
S’agissant des nouvelles technologies, comment l’intelligence artificielle s’intègre-t-elle dans vos opérations?
Elle est particulièrement importante pour la prise en charge et le support client. Tout est fait pour que nos employés se concentrent sur les questions ou les problèmes les plus complexes que les clients pourraient soulever. Nos systèmes automatisés, en revanche, sont en mesure de répondre aux requêtes relativement simples. La permanence des services d’appui et de soutien au client est tout aussi cruciale.
Nous nous dirigeons assez rapidement, je pense, vers une société où les entreprises maintiendront le support et la prise en charge client vingt-quatre heures sur vingt-quatre et sept jours sur sept. Il y a encore moins de dix ans, un client pouvait légitimement s’attendre à devoir patienter plusieurs jours avant de recevoir un retour suite à une question soulevée ou un problème rencontré. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Le client s’attend à une réponse immédiate, en temps réel, compte tenu de ce qu’a permis l’IA en termes d’améliorations des processus.
Sachant que votre coeur de métier est le courtage, cela change-t-il quoi que ce soit en termes d’exposition à la réglementation par rapport à une banque traditionnelle?
Le fait que nous ayons une licence FINMA nous expose aux mêmes exigences réglementaires que celles auxquelles sont soumises toutes les autres banques. Pour vous donner une illustration de l’impact de la refonte réglementaire entourant l’industrie des services financiers, rappelons que lorsque je suis arrivé à Swissquote il y a un peu plus de vingt ans, moins de dix personnes étaient en charge des aspects réglementaires et conformité. Aujourd’hui, il s’agit pratiquement d’une armée de spécialistes que Swissquote emploie pour assurer une entière conformité.
De plus, les clients, et pas seulement les clients institutionnels, attendent de nous que nous les maintentions à jour dans les évolutions réglementaires. L’onboarding des nouveaux clients est certainement l’un des aspects les plus importants. Pour nous, il est donc impératif de procéder à de nombreuses vérifications et à d’intenses contrôles. Un exercice rendu toutefois relativement fluide grâce à une infrastructure technologique de pointe, mais qui, j’insiste, reste néanmoins complexe.
Simon Morgenthaler
Swissquote
Simon Morgenthaler a rejoint Swissquote en mars 2003 avec pour mission initiale de créer une offre de services pour les gestionnaires de fortune indépendants. Il a conceptualisé et mené avec succès plusieurs projets d’envergure dans différents domaines d’activité, tels que le traitement OTC de produits dérivés, des partenariats white label et l’offre de crypto-monnaies. Aujourd’hui, en tant que directeur général du bureau de Zurich, il est responsable des ventes pour les clients retail et institutionnels dans la zone Allemagne-Autriche-Suisse. Il supervise également les relations clients et les unités de soutien à la clientèle. Il est également membre du conseil d’administration de Swissquote Financial Services (Malta).
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Jacques Henry a pris cette année la direction de la recherche multi-actifs de Silex. Sa mission : produire des analyses de pointe, dans le domaine notamment de la macroéconomie, de l’obligataire et des marchés actions, pour en dégager des solutions d’investissement innovantes.
Par Jérôme Sicard
Vous avez pris cette année la direction du pôle Cross Asset Research & Allocation chez Silex. Quelle en est la vocation, la raison d’être ?
Silex est devenu un acteur important dans l’intermédiation de produits structurés. Dans ce domaine, deux modèles ont cours. Dans le premier, celui de pure intermédiation, le client a déjà choisi ce qu’il veut structurer et il s’agit alors de mettre son plan à exécution. C’est le modèle pull, pour ainsi dire. Dans le second modèle, le modèle push, nous sommes davantage dans le conseil, dans la proposition d’idées aux clients, dans la recherche de solutions. C’est le modèle dans lequel Silex s’est plus particulièrement investi en 2024. Le pôle Cross Asset Research & Allocation produit donc une recherche Marchés très consistante pour nourrir la structuration des concepts qui nous semblent les plus pertinentes pour nos clients.
Quelle dynamique voulez-vous lui imprimer? Quelle stratégie avez-vous en tête?
Nous cherchons surtout à être créatifs et à fournir des recommandations qui soient applicables sur les marchés financiers. Notre équipe rassemble des économistes, des analystes financiers, des analystes quantitatifs, des stratégistes et des conseillers en gestion capables d’intervenir chacun sur différentes classes d’actifs. Cette diversité est nécessaire pour bien décrypter les tendances de marchés en combinant aussi bien l’analyse macroéconomique, top-down, que l’examen microéconomique des entreprises, bottom-up
Que pensez-vous pouvoir apporter à vos clients avec cette réorientation plus axée top down?
L’approche top down existe depuis longtemps chez Silex. Ce n’est donc pas à proprement parler une réorientation mais plutôt une évolution. Nous voulons surtout optimiser cette approche top down de façon à ce qu’elle découle, de façon aussi fluide que possible, sur des éléments concrets en matière d’investissement.
Sur quels développements se concentre Silex aujourd’hui?
Nous avons beaucoup avancé ces derniers mois sur les AMCs et sur l’allocation. Nous avons créé pas moins de trois AMC Actions cette année, autour de l’intelligence artificielle, de la déglobalisation et des Mines & Métaux. En octobre, nous en avons sorti un quatrième, sur le crédit immobilier, pour bénéficier de la baisse des taux.
Nous avons par ailleurs relancé une grille d’allocation au printemps pour synthétiser nos perspectives. Nous pourrons donc très bientôt proposer à nos clients un produit qui leur permettra d’investir dans nos convictions. Le cœur de notre métier restant le conseil, nous continuons à accompagner certains clients pour leur proposer une allocation dédiée, sur mesure, selon leurs contraintes et objectifs.
A plus long terme – et ce sera en lien avec le précédent projet d’allocation – nous élargirons notre couverture au-delà des actifs cotés en développant des solutions dans l’univers du non coté.
Où en êtes-vous aujourd’hui de vos investissements sur la partie tech?
La tech appartient à l’ADN même de Silex depuis sa création. Elle est omniprésente dans toute la chaine de valeur. C’est un sujet qui est largement abordé par Silex dans vos colonnes. En ce qui concerne le pôle Recherche, nous nous intéressons à deux blocs, la communication et les outils.
Le levier Communication me semble évident. Une recherche qui n’est pas diffusée, distribuée ne sert à rien. Elle doit être accessible aux clients et la tech, chez nous, y contribue pour beaucoup. Silex a développé Spark pour donner accès à nos contenus sur Pc et sur smartphone. Une version Androïd est en cours de développement et la recherche que nous produisons a été déclinée en différents formats, textes, audios et vidéos, et différentes longueurs pour en faciliter la consommation.
Les outils n’ont peut-être pas autant de visibilité, mais ils revêtent pour nous une importance cruciale. Nous opérons entre autres des outils d’optimisation de portefeuille et d’aide à la gestion que nous développons continuellement. Nous venons d’ailleurs d’initier un nouveau projet centré sur les Data. Son principe est de couvrir un univers très large d’actions cotées pour fournir rapidement des indicateurs de type tendances bénéficiaires, croissances, ou valorisations, aussi bien au niveau des sociétés qu’au niveau agrégé, à savoir indices de marché, secteurs et groupes de secteurs. Nous serons alors en mesure d’enrichir de manière assez significative les tableaux de bord de nos clients. Toujours sur le plan des Data, nous voulons aussi avancer sur l’utilisation des facteurs, un domaine dans lequel Silex a beaucoup investi depuis sa création
Jacques Henry
Silex
Jacques Henry dirige la recherche multi-assets chez Silex. Son parcours professionnel dans le secteur financier s’étend sur 25 ans. Il a commencé sa carrière comme analyste quantitatif sur actions chez Exane, puis stratégiste chez Kepler Chevreux, avant de rejoindre en 2011 Pictet Wealth Management à Genève. Dans son dernier poste, il était en charge de l’Asset Allocation & Cross Asset Research au sein du CIO Office, et était également membre du comité stratégique de la caisse de retraite du groupe Pictet. Jacques Henry, est titulaire d’une licence d’économie de Paris Dauphine, d’un mastère 2 en économétrie de Paris Nanterre, d’un mastère en statistiques (1994) de l’ENSAE (Paris) et d’un mastère (1996) de l’ESSEC. Il a également obtenu sa certification CFA.
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CMB Monaco, par le biais de sa filiale CMG Monaco, est entrée en partenariat avec Performance Watcher pour mieux évaluer la qualité de ses performances de gestion mais aussi pour davantage de transparence à l’égard de ses clients et prospects.
Pour quelles raisons avez-vous souhaité travailler avec Performance Watcher?
Dans le monde de l’asset management, il est très facile de comparer les performances des fonds, de même que leur track record, à des indices de marché et à l’ensemble de la concurrence. C’est un univers très documenté, avec des sociétés comme Morningstar ou Citywire qui passent chaque factsheet au crible pour produire une multitude de classements.
En revanche, il n’existe pas de Citywire ou de Morningstar pour la gestion de fortune. Des bribes d’information sont disponibles de ci et de là, mais il n’y a pas vraiment d’institution qui puisse centraliser et les traiter. A ma connaissance, Performance Watcher est la seule plateforme capable de référencer des milliers de mandats discrétionnaires tout en garantissant leur anonymat. Les comparatifs portent principalement sur la performance et le risque, ce qui nous permet de nous situer dans notre univers concurrentiel. Les informations produites sont de très bonne qualité. Nous avons pu nous en rendre compte par nous-mêmes, puisque nous leur transférons un bon nombre de données sur des centaines de mandats et nous obtenons en retour des analyses très précises.
Dans quelle stratégie s’inscrit cette démarche ?
Nous voulons d’abord prendre des engagements sur la qualité de notre gestion. Pour s’en assurer, il est toujours bon de savoir où nous en sommes par rapport à nos concurrents et de pouvoir procéder à des ajustements si nécessaire. Il en va de même dans toutes les industries.
L’utilisation de Performance Watcher nous permet aussi de renforcer notre stratégie commerciale. Nous avons beaucoup de clients ou prospects multi-bancarisés qui veulent forcément savoir comment nous nous positionnons par rapport à d’autres gestionnaires. Nous pouvons donc leur expliquer en leur présentant différentes données qui proviennent d’une source indépendante. Accessoirement, ils peuvent se connecter directement au site Performance Watcher pour mieux visualiser les performances générées en moyenne dans le secteur.
Dans quel contexte employez-vous Performance Watcher plus précisément ?
Performance Watcher est d’abord disponible en interne, sur notre intranet, pour tous nos banquiers, gestionnaires de fortune, et chargés de relation. Comme je vous le signalais, nous nous en servons pour communiquer auprès d’un certain nombre de clients et de prospects. C’est particulièrement utile pour les family offices, qui ont l’habitude d’examiner plusieurs concurrents avant de décider de confier un mandat à l’un ou à l’autre.
A terme, nous pensons intégrer les données Performance Watcher dans nos rapports de manière systématique. C’est un développement auquel nous réfléchissons sérieusement.
Sur un plan plus large, quelles sont les grandes orientations stratégiques de CMB pour son activité de gestion de fortune?
Nous travaillons sur des patrimoines importants. Certains de nos clients sont résidents monégasques mais nous avons aussi une clientèle très internationale. Nous disposons par exemple d’un desk qui se consacre exclusivement à la clientèle britannique. Nos clients sont des héritiers, qui appartiennent à une dynastie, ou des entrepreneurs qui ont su se créer eux-mêmes leur fortune.
Ce sont deux typologies de clients pour lesquelles nous avons développé des approches sensiblement différentes. Les entrepreneurs se laissent peut-être plus facilement tenter par des investissements non cotés sur les marchés privés. Ils ont davantage envie de parler avec Mediobanca (notre actionnaire), pour la banque d’affaires, ou d’être mis en contact avec des boutiques comme celle de Messier, qui fait également partie de notre Groupe.
Nous voulons donc poursuivre le développement de cette clientèle internationale avec une offre de services qui corresponde parfaitement aux attentes de chacun des segments qui la compose.
Avec la pression toujours plus forte sur les marges et l’obligation d’entamer sans cesse de nouveaux développements, où les banques privées doivent elles aujourd’hui concentrer leurs efforts?
Nous traitons une clientèle multi-bancarisée, qui va être de plus en plus sollicitée. Pour gagner sa confiance, et pour la conserver, il me semble que nous devons insister davantage sur la transparence. Le travail que nous menons avec Performance Watcher s’inscrit d’ailleurs dans cette démarche.
Bernard Aybran
CMB Monaco
Bernard Aybran bénéficie de trente ans d’expérience en gestion d’actifs, à la fois comme gérant de portefeuille et dirigeant de sociétés de gestion. Actuellement CEO de CMG Monaco, la filiale de gestion de CMB Monaco, il a auparavant dirigé l’activité du groupe Invesco en Europe du Sud et a co-fondé la filiale de multi-management de la banque Edmond de Rothschild. Bernard est titulaire d’un Magistère Banque-Finance-Assurance de l’Université Paris-Dauphine et enseigne aujourd’hui en Master à l’Université Nice-Côte d’Azur.
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En matière de transformation digitale, savoir quoi faire ne revient pas à savoir comment le faire. Le «comment», c’est la spécialité de Synpulse8. Basée à Zurich, cette boutique Conseil se propose d’intervenir pour ses clients sur toute la chaîne de valeur du wealth management.
Comment accompagnez-vous vos clients dans leur transformation technologique?
Certains clients désireux d’accroître leur efficacité opérationnelle et la qualité de leurs propres services, viennent nous voir pour que nous les aidions à installer un programme ou une application qu’ils ont obtenu auprès de fournisseurs tels qu’Avaloq, Temenos ou ESI. Nous travaillons également avec notre partenaire Asset Max/Infront pour tout ce qui touche aux logiciels de gestion des données, de relations clients ou de reporting pour les gérants indépendants, les family offices et les banques.
Globalement, notre tâche ne consiste pas à recréer des solutions qui existent déjà sur le marché, mais à imbriquer des composantes innovantes sur une plateforme ou une infrastructure existante. Synpulse 8 intervient également au stade conceptuel d’un projet, comme lors de la création d’une infrastructure technologique pour une néo-banque, par exemple.
Synpulse 8 entretient-elle un lien direct avec les gérants de fortune indépendants ou préférez-vous passer par des partenaires ayant ces gérants de fortune comme clients?
Historiquement, nous tendions plutôt à travailler directement avec des partenaires tels que des wealthtechs et des banques dépositaires qui, eux, s’adressent directement aux gérants. Cela a toutefois évolué depuis trois ou quatre ans, c’est-à-dire depuis la création de l’OpenWealth Association, dont je suis également membre, et qui rassemble des acteurs variés dont les gérants de fortune indépendants.
C’est un segment de plus en plus intéressant pour nous, compte tenu de la petite taille de la plupart de ces gérants. Ils ont pourtant un besoin croissant de solutions digitales efficaces, avec des coûts abordables, s’ils entendent survivre à la transformation technologique. C’est surtout le besoin de solutions standardisées qui alimente la demande des gérants indépendants, segment dans lequel nous nous renforçons graduellement.
Quels sont vos principaux axes de développement?
Nous avons par exemple conçu l’adaptateur OpenWealth pour la communauté Avaloq, dans le cadre de l’OpenWealth Association. Cet outil sert de standard pour l’intégration d’applications diverses pour les gérants de fortune, les wealthtech, les banques dépositaires et d’autres intermédiaires financiers. L’objectif y est de renforcer la connectivité entre l’ensemble des acteurs de l’industrie des services financiers. Il vaut également la peine de mentionner nos solutions basées sur l’automatisation robotisée des processus), dont un robot advisor. Nous sommes également investis dans l’intelligence artificielle afin de répondre aux problématiques legal & compliance-
Cela veut-il dire que vos ressources humaines sont composées à la fois de collaborateurs spécialisés dans la finance et d’autres dans les nouvelles technologies?
Absolument. Les banques et les gérants de fortune sont nos principaux marchés. Par conséquent, nos collaborateurs doivent être familiers avec les activités de cette industrie, mais également avec les technologies qui doivent être intégrées au sein des diverses institutions financières. Ce qui ne veut pas dire qu’un spécialiste en informatique doive posséder les mêmes connaissances que le banquier ou vice-versa, mais chacun doit nécessairement entretenir une certaine affinité avec les services financiers et les nouvelles technologies.
Raphaël Bianchi
SynPulse8
Raphaël Bianchi est Senior Partner chez Synpulse Management Consulting et CEO de Synpulse 8, qu’il a rejoint en 2008. Il tire parti son expérience de plus de vingt ans au sein de l’industrie bancaire pour se focaliser sur l’innovation dans le cadre d’un environnement de finance ouverte et embarquée. En plus de sa fonction de CEO de Synpulse, Raphaël Bianchi est également membre du conseil de direction de Tenity et Billte et sert en tant que président de l’OpenWealth Association.
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Le jeudi 19 septembre, à la FER, Igal Kasavi propose une conférence sur le thème des fusions & acquisitions pour les gérants indépendants. Un sujet d’actualité où apparaissent clairement les défis majeurs que le secteur des GFI s’apprête à relever.
Voyez-vous s’opérer aujourd’hui davantage de rapprochements – ou tentatives de rapprochements – entre gérants indépendants ?
Nous assurons le suivi de ce type d’opérations depuis 2016, du moins pour celles qui sont publiques. Et la tendance est à la hausse. Nous avons vu un pic en 2022, avec un peu moins d’une trentaine de transactions, mais il y en aura très certainement moins cette année. On ne peut pas dire que ça décolle mais, encore une fois, il ne s’agit que de transactions publiques. Elles ne représentent que la partie émergée de l’iceberg. Bien que la Finma soit sensée donner son aval à ces opérations, elles restent en majorité confidentielles.
Quelles principales raisons poussent les gérants indépendants à se rapprocher en ce moment ?
D’une part, le changement de générations, et d’autre part la taille critique. Pour ce qui relève du changement de générations, beaucoup de sociétés de gestion voient leurs fondateurs approcher l’âge de la retraite. Chez les GFI, le boom de la création d’entreprise a eu lieu dans les années quatre-vingt et nonante. D’après nos statistiques, près du tiers des sociétés agrées par la Finma ont plus de 25 ans et la majorité d’entre elles n’a pas vraiment de plan pour l’avenir. Voilà pourquoi un grand nombre de gérants pensent à se rapprocher d’autres structures ou à intégrer des associés plus jeunes. Ils veulent garantir la pérennité de leurs activités.
Quant au sujet de la taille critique, il touche toute l’industrie de la gestion de fortune, y compris les banques privées. Avec la pression très forte sur les marges, il est devenu vital de se réinventer. Et pour financer ces nouveaux développements, tous les acteurs de la place ont besoin de prendre un volume plus important. La croissance externe, par acquisition, est bien évidemment l’option qu’ils privilégient.
Quels bénéfices clés attendent-ils de ces rapprochements ?
Au-delà du maintien des marges, pour rester profitable, il y a aussi le besoin d’étendre ses compétences. Je pense par exemple au mix entre wealth management et asset management. Cette extension de domaines permet d’envisager la création de nouveaux types de services et de s’ouvrir de nouveaux axes de développement.
Quelles sont les stratégies gagnantes à suivre dans le cadre de ces transactions ?
Quelques soient les projets, le facteur clé, c’est le facteur humain. Les gérants qui souhaitent se rassembler doivent vraiment s’entendre, comprendre qu’ils partagent les mêmes valeurs pour remplir les mêmes objectifs. Donc en fait, c’est la clé de voûte de toutes ces opérations. Oui, il faut trouver un accord sur un prix, une structure de paiement, un échéancier, mais la dimension humaine est fondamentale. Dans nos activités de conseil M&A, c’est un aspect sur lequel nous insistons énormément. Nous ne parlons pas que de chiffres. Nous passons aussi beaucoup de temps sur le projet entrepreneurial, pour ouvrir la discussion et pouvoir tester véritablement l’élément humain.
Quelles bases de valorisation ont cours aujourd’hui pour décider de la valeur d’une société de gestion ?
Pour une société de gestion, les principaux paramètres à prendre en compte sont les encours sous gestion et le chiffre d’affaires qu’il est très important d’associer au ROA, au return on Assets. Sommes-nous à 0,5%, à 1%, à 1,3% ? On peut très vite passer du simple au double. Il faut s’intéresser aussi au portefeuille clients. Fusionner avec une société qui gère une centaine de clients est un peu plus facile que de fusionner avec une société qui en gère plusieurs centaines. L’intégration de la clientèle, selon sa taille, doit apparaître dans le prix. Nous regardons la concentration des clients en termes de chiffre d’affaires, souvent une minorité de clients génère la majorité du chiffre d’affaires.
L’EBITDA reste un excellent instrument de mesure, mais nous sommes aussi très attentifs aux « earnings before principal compensations ». Souvent, les profits sont moindres en raison des rémunérations et des bonus accordés aux associés. En règle générale, dans la plupart des cas les valorisations se jouent sur un à trois le chiffre d’affaires annuel ou un à neuf fois l’EBITDA.
Je voudrais faire un dernier commentaire sur ces valorisations. En réalité, dans les opérations que nous menons, nous ne voyons que très rarement les prix être négociés de manière acharnée. Lorsque le projet est sérieux, le vendeur et l’acheteur ont généralement en tête des valorisations assez proches. Et parfois un vendeur reçoit une offre supérieure au prix auquel il prétend.
Igal Kasavi
Kasavi Advisory
Igal Kasavi a travaillé plus de 20 ans dans la gestion privée en tant que relationship manager à Genève dans plusieurs établissements notamment HSBC et Julius Baer. En 2016, il a fondé sa société, Kasavi Advisory, pour conseiller gérants indépendants, gérants d’actifs et banques privées dans leurs opérations de M&A ainsi que dans leurs stratégies de développement. Igal Kasavi est diplômé de l’Université de Genève en Sciences Économiques et Finance.
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