Assainissement

Sustainable Solutions Week

  • Jon Duncan
  • Chief Impact Officer
  • REYL Intesa Sanpaolo

Le greenwashing, un signe de maturation du marché

La lutte que mènent aujourd’hui les régulateurs contre le phénomène du greenwashing, avec des résultats avérés, est à voir plutôt comme le signe encourageant d’un marché qui fonctionne bien.

 

Francesco Mandalà

2023 a été marquée par une forte augmentation d’allégations de greenwashing dans les secteurs de l’énergie et de la finance. Dans de nombreux cas, ces allégations ont donné lieu à des procédures judiciaires formelles, voire à des amendes. Lutter contre le greenwashing ainsi est un signe encourageant d’un marché qui fonctionne bien et ne doit pas être perçu comme la preuve que la science de la durabilité relève d’un « ordre du jour gaucho-wokiste » incompatible avec la notion de « marché libre ». Négliger les risques de durabilité sur cette base reviendrait à « jeter le bébé avec l’eau du bain ».

Notre compréhension globale actuelle des questions de durabilité bénéficie de l’appui d’un ensemble diversifié d’institutions universitaires internationales. La croissance rapide de la surveillance géospatiale en temps réel des indicateurs d’eau, d’air, des sols, de la pollution et de la biodiversité ainsi que les avancées phénoménales en termes de puissance de calcul et de traitement contribuent au développement de cette compréhension collective. Cet essor rapide des technologies de surveillance par satellite fournit une perspective solide et pragmatique des risques émergents auxquels la planète est confrontée. Bien qu’il existe un consensus croissant parmi les organismes scientifiques mondiaux sur l’importance des risques de durabilité, les solutions donnent lieu à un différend politique grandissant.

Aux États-Unis, plusieurs hommes politiques ont adopté un discours « anti-ESG » et dans l’Union européenne, nous assistons à une « marche arrière » politique sur l’économie verte et les plans de décarbonisation, certains estimant qu’ils vont à l’encontre des politiques domestiques en matière de travail et d’économie. La politisation de plus en plus forte du thème global de la durabilité fait apparaître plus clairement que le greenwashing est simplement une « preuve » de la tendance persistante du marché à vendre des produits à mauvais escient. Sur ce point, la « finance verte » ne fait pas exception.

Une autre preuve de la maturation du monde de la finance durable est la prise de conscience croissante de la différence entre impact direct et indirect. La taille des tickets d’entrées et les problèmes de liquidité se traduisent généralement par une sous-représentation des marchés privés dans les portefeuilles de gestion privée. L’exposition moyenne des portefeuilles sur les différents marchés mondiaux varie de 8 % à 12 %, l’immobilier étant l’alternative privilégiée des marchés privés. À titre de comparaison, l’étude 2023 BlackRock Global Private Markets Survey indique que les investisseurs institutionnels mondiaux ont une allocation moyenne de 24 % aux marchés privés. Le fonds de dotation de l’Université de Harvard (Harvard Endowment) est connu pour avoir été l’un des premiers à attribuer une allocation à grande échelle et à long terme aux marchés privés, avec une allocation actuelle de 39 % exclusivement dédiée au capital investissement.

Au sein de la communauté des family offices et des investisseurs fortunés, il existe désormais un intérêt croissant pour les actifs des marchés privés, qui s’explique par les avantages qu’ils offrent en termes de diversification, ainsi que par la reconnaissance grandissante que cette classe d’actifs offre un accès direct aux opportunités de l’économie verte émergente.

En réponse à cette demande croissante émanant de la gestion de patrimoine, plusieurs plateformes ont vu le jour et offrent un accès digitalisé aux actifs des marchés privés.

Il est encourageant de constater que ces plateformes digitales reflètent naturellement les opportunités commerciales émergentes associées à des initiatives de réduction des émissions de carbone, d’utilisation efficiente des ressources et de promotion de l’inclusion sociale, à savoir la génération automatisée de rapport sur le bilan carbone des sols, le recyclage des déchets plastiques et les micro-entreprises d’énergie hors réseaux.

Pour les clients disposant de portefeuilles liquides, la plupart d’entre eux comprendront désormais que tout « impact » obtenu est en grande partie « indirect » via l’exposition à des entreprises présentant des niveaux inférieurs de risques ESG opérationnels et/ou des « revenus verts » accrus. Les obligations vertes et les stratégies d’engagement en actions offrent une possibilité croissante d’impact direct via les marchés publics liquides, mais ces marchés sont encore naissants. La compréhension croissante de l’impact, associée à l’accès démocratisé aux opportunités de l’économie verte sur les marchés privés, est positive pour la gestion de patrimoine et la finance durable.

Jon Duncan

REYL Intesa Sanpaolo

Jon Duncan est ingénieur de formation avec une maîtrise en sciences de l’environnement et plus de 25 ans d’expérience dans le domaine du développement durable. De 2010 à 2021, Jon a dirigé le développement et la mise en œuvre d’un programme d’investissement durable chez l’un des plus grands assureurs/gestionnaires d’actifs à long terme d’Afrique. Il a participé à la rédaction du premier Code d’Investissement Responsable en Afrique du Sud, a siégé au Comité Mondial de Reporting et d’Évaluation des PRI de l’ONU et est Associé principal de l’Institut pour le leadership en développement durable de l’Université de Cambridge. En 2022, il rejoint REYL Intesa Sanpaolo en tant que Chief Impact Officer.

REYL Intesa Sanpaolo

Actif dans le conseil et l’investissement auprès d’une clientèle privée et institutionnelle, REYL Intesa Sanpaolo se distingue par sa culture entrepreneuriale, responsable et sa recherche constante d’innovation. En 2021, le Groupe REYL a signé un partenariat stratégique majeur avec Fideuram – Intesa Sanpaolo, banque européenne de premier plan. REYL Intesa Sanpaolo est actif dans quatre lignes de métier complémentaires : Wealth Management, Corporate Finance, Asset Services et Asset Management. Cette large gamme de services intégrés dans un modèle à 360° unique lui permet de fournir des solutions répondant aux besoins des clients tout au long de leur cycle de vie.

 

Responsabilité

Sustainable Solutions Week

  • Guillaume Toffel
  • Senior Legal Counsel
  • Asset Management Association Switzerland

Greenwashing : la place financière fait son travail

Les reproches de greenwashing adressés aux acteurs financiers suisses ne résistent souvent pas à un examen plus approfondi. Le fait est que la place financière suisse assume ses responsabilités.

 

Francesco Mandalà

Il ne fallait pas se méprendre sur l’invitation du Conseil fédéral d’octobre 2023 : si les associations financières telles que l’Asset Management Association Switzerland (AMAS) ou l’Association suisse des banquiers (ASB) ne développent pas leurs autorégulations existantes dans le domaine de la durabilité en ce qui concerne le greenwashing, une réglementation étatique prendra en charge la lutte et la prévention du greenwashing sur la place financière suisse.

L’AMAS prend très au sérieux sa responsabilité dans la prévention du greenwashing : le greenwashing est incompatible avec la réalisation de l’objectif d’un hub suisse leader sur le plan international en matière de gestion d’actifs durable. C’est pourquoi l’AMAS a développé son autorégulation, entrée en vigueur en septembre 2023, afin de mettre en œuvre les positions du Conseil fédéral sur la prévention du greenwashing.

Plus de 90% des asset managers suisses appliquent déjà l’autorégulation AMAS, ce qui correspond à 1,3 billion de francs suisses d’actifs sous gestion. Les accusations de greenwashing à l’encontre des acteurs financiers suisses sont régulièrement formulées par des ONG et des associations environnementales. Pourtant, en 2023, c’est un acteur jusqu’ici favori de la scène environnementale suisse, un développeur et fournisseur de certificats de CO2, qui a provoqué un scandale de greenwashing suisse. 

On ne peut pas s’empêcher d’avoir cette impression : De nombreuses accusations de greenwashing servent à gérer l’indignation contre l’industrie financière – ou sont tout simplement fondées sur un manque de compréhension. Car de nombreuses accusations de greenwashing ne résistent pas à un examen plus approfondi. Il y a trois raisons à cela : Premièrement, les lacunes dans les définitions et les normes ainsi que dans les données comparables du monde de l’entreprise. Ces lacunes doivent être comblées. Deuxièmement, le manque de critères objectifs se heurte à la vision subjective des investisseurs et à leurs valeurs individuelles, qu’ils souhaitent refléter dans leurs produits financiers et leurs portefeuilles. Si un fonds de placement n’investit que dans des actions d’entreprises à faibles émissions de CO2, cela peut certes répondre à un souhait des clients d’investir de manière climatiquement neutre. Mais les critiques pourraient reprocher au fournisseur de faire de fausses promesses en matière d’impact climatique. En effet, un fonds sans CO2 n’a aucun impact sur le climat. Troisième cause : souvent, les approches d’investissement sont tout simplement mal comprises. Par exemple, il est plus judicieux pour la protection du climat de gérer un portefeuille de placement avec des entreprises qui suivent une trajectoire de réduction des émissions de CO2 que d’exclure de telles entreprises du portefeuille.

Dans ce cas en particulier, il y a souvent une mauvaise compréhension du mode d’action des placements financiers considérés comme durables. Pour les fonds de placement, les gestionnaires d’actifs sélectionnent des actions d’entreprises qui sont négociées en bourse.

Si le gestionnaire d’actifs exclut telle ou telle action en raison de critères de durabilité ou de climat, un autre investisseur, pour qui ces critères ne sont pas importants, l’achètera. Cela ne change rien aux émissions globales de CO2. L’exclusion, l’une des approches d’investissement durable les plus établies n’a pas d’effet durable démontrable : le portefeuille d’investissement est certes « décarbonisé », mais pas l’économie réelle. Il en va de même pour l’approche d’investissement de l’intégration ESG, c’est-à-dire la prise en compte des aspects environnementaux, sociaux et de gouvernance dans l’analyse financière. Cette approche est également bien établie et sert principalement à améliorer le profil risque-rendement d’un produit d’investissement.

La première version de l’autorégulation AMAS contenait déjà un message clair : l’exclusion et l’intégration ESG ne suffisent pas pour qu’un produit puisse être qualifié de durable.

Avec le développement en cours, l’autorégulation est complétée par des exigences à l’égard des producteurs et des fournisseurs en ce qui concerne les objectifs de durabilité poursuivis par un placement, les indicateurs et les métriques correspondants ainsi que le reporting. L’AMAS est ainsi convaincue que l’autorégulation reste l’instrument adéquat pour empêcher le greenwashing au sein d’une entreprise et sur le lieu de production, et ainsi mettre en œuvre la position du Conseil fédéral sur la prévention du greenwashing.

A propos de l’AMAS  

L’Asset Management Association Switzerland est l’organisation professionnelle représentative de l’industrie suisse de l’Asset Management. Son objectif est de renforcer la Suisse en tant que centre d’Asset Management de premier plan avec des normes élevées de qualité, de performance et de développement durable. Ce faisant, elle aide ses membres à développer davantage le secteur suisse de l’Asset Management et à créer de la valeur à long terme pour les investisseurs. L’Asset Management Association Switzerland est un membre actif de l’European Fund and Asset Management Association (EFAMA) et de l’International Investment Funds Association (IIFA) opérant sur le plan mondial. Fondée à Bâle en 1992, l’Asset Management Association Switzerland compte aujourd’hui 180 membres.  

 

Concordance

Sustainable Solutions Week

  • Jean-François Hirschel & Markus Kramer
  • Consultants
  • H-Ideas & Brand Affairs

Mettre ses convictions au cœur de son identité

Avec l’évolution des investissements durables, la marque et les valeurs qu’elle porte deviennent un outil essentiel pour faciliter l’alignement entre les gestionnaires de patrimoine et leurs clients.

 

Francesco Mandalà

Les investissements responsables ne sont aujourd’hui plus une option. Que le catalyseur soit la réglementation, la réponse à une demande commerciale ou, dans le sens pur du terme, sa propre responsabilité, que sa couleur soit vert clair ou vert foncé, le sujet est d’actualité. Sa complexité s’est sensiblement accrue ces dernières années avec, par exemple, une sous-performance des secteurs classiquement ESG, une réglementation épineuse et changeante.

Cette complexité s’ajoute à l’extrême concurrence du domaine. Les clients des gérants de fortunes et d’actifs sont dans un véritable labyrinthe pour identifier leurs prestataires parmi les dizaines de milliers qui existent. Dans ce contexte, être clair sur son identité, ses convictions et les exprimer peut faire toute la différence.

Des convictions et des choix

Dans le monde complexe qui est le nôtre, les clients des gérants d’actifs et de fortunes attendent des convictions et des choix. Ils veulent savoir si le prestataire avec lequel ils pourraient traiter est aligné sur leurs croyances, leurs objectifs et, plus que tout, sur leurs valeurs.

C’est vrai en matière d’investissement, cela l’est également en matière de responsabilité. L’époque à laquelle s’afficher « ESG » était un élément différenciant en tant que tel est finie. Pour exister dans le marché, attirer de nouveaux clients et fidéliser les clients actuels, il faut s’auto-examiner au plus profond de son identité pour déceler et faire état de ses convictions.

La marque, c’est beaucoup plus qu’un logo, c’est le reflet, justement, de ses convictions, de son identité, de sa culture.

Objectiver le subjectif

Depuis six ans, le Responsible Investments Brand Index, RIBITM, évalue les gestionnaires d’actifs sur leur capacité à traduire leurs engagements en faveur de l’investissement responsable dans leur marque. L’édition 2024 a comparé 600 sociétés de gestion dans le monde entier, ce qui permet une grande profondeur d’analyse à la fois par le nombre, par la diversité des sociétés et par l’historique.

RIBI compare l’identité des marques de manière objective grâce à une méthodologie conçue en conjuguant l’expérience et le savoir-faire de plus de 25 ans de Markus Kramer sur les stratégies de marque dans toutes les industries et de Jean-François Hirschel dans le marketing de la gestion d’actifs. Les critères analysés sont extrêmement précis de même que les paramètres utilisés pour les évaluer.

Grâce à cet indice, les sociétés de gestion connaissent leurs points de force et peuvent travailler, lorsqu’elles en font une de leurs priorités, sur leurs points d’amélioration. Il complète également l’analyse des professionnels qui sélectionnent ces sociétés de gestion en quantifiant de façon comparable la qualité avec laquelle elles projettent leurs convictions d’investissement responsable dans leur marque.

En apportant ces informations objectives, RIBI est un outil très utile pour contribuer à améliorer l’alignement favorisant la confiance entre les différents acteurs de l’épargne. 

Grandes organisations et boutiques sur un pied d’égalité

Les 10 entreprises mondiales ayant obtenu le meilleur score global dans l’édition 2024 de RIBI sont européennes, ce qui confirme une tendance déjà identifiée dans les éditions précédentes. Il est intéressant de constater que ce top-10 est constitué à la fois de grandes organisations et de boutiques, preuve que la cohérence de l’investissement responsable et de la marque dépend des convictions, des croyances et des stratégies des décisionnaires et non de la taille de l’organisation ou de ses budgets.

Même si RIBI porte sur un univers de sociétés de gestion, nous sommes persuadés que ses enseignements sont applicables à l’ensemble de l’industrie de l’épargne. Être clair sur son identité et ses choix permet de se différencier dans un secteur très concurrentiel. Cela crée un alignement de compréhension et de valeurs entre le prestataire et ses clients, source de confiance à la base d’une relation long-terme. Cette clarté protège la réputation, car en exprimant ce que l’on est on dit aussi ce que l’on n’est pas, ce qui peut être clé en cas de controverse. C’est également un moyen d’attirer les talents dont vous avez besoin pour poursuivre vos succès : ceux qui adhèrent à vos valeurs seront vos meilleurs ambassadeurs.

Finalement, et en résumé, dans ce monde soumis à de si nombreuses dynamiques, votre marque pourrait être votre unique ancre de stabilité, votre étoile polaire. Il est tentant, sous la pression, de vouloir plaire à tout le monde. Gardez-vous-en ! Gardez le cap !

Responsible Investment Brand Index

Le Responsible Investment Brand Index (RIBI™) a été développé pour identifier les sociétés de gestion d’actifs qui agissent en tant qu’investisseurs responsables et s’engagent en faveur du développement durable au point de le placer au cœur même de ce qu’elles sont, c’est-à-dire dans leur marque. Il agrège l’analyse de près de 600 gestionnaires d’actifs.

Pour une description détaillée de la méthodologie, vous pouvez consulter www.ri-brandindex.org.

Jean-François Hirschel

H-Ideas

Jean-François Hirschel est le fondateur et CEO de H-Ideas, une société qui contribue à rétablir la confiance dans le monde financier. Il est expert en positionnement stratégique des sociétés financières au niveau de la marque et au niveau des produits. Titulaire d’un MSc de l’EPFL, Lausanne, Suisse, il a occupé des postes de Direction exécutive chez Paribas, Société Générale et Unigestion. Il a une connaissance et une expérience profondes de la gestion d’actifs institutionnels et privés et de la distribution bancaire.

Markus Kramer

Brand Affairs

Markus Kramer est associé chez Brand Affairs, un cabinet de conseil spécialisé dans le positionnement stratégique et la création de marques. Il est titulaire d’un MBA de l’université d’Oxford et est chercheur invité en gestion stratégique des marques à la Bayes (anciennement Cass) Business School de Londres. Markus Kramer est l’auteur du livre The Guiding Purpose Strategy, A Navigational Code for Brand Growth.

Impact

Sustainable Solutions Week

  • Frédéric Dawance
  • Associé-gérant
  • de Pury Pictet Turrettini

La révolution de l’or responsable en Suisse

Renforcer la traçabilité et promouvoir les pratiques responsables dans l’industrie aurifère, générer un impact mesurable sur les communautés minières artisanales et l’environnement : voilà les objectifs sur lesquels s’engagent le fonds Swiss Positive Gold et l’initiative Swiss Better Gold.

 

Francesco Mandalà

L’importance de la Suisse dans l’industrie mondiale de l’or découle de son expertise en matière de raffinage, de services financiers et d’artisanat, en particulier dans le domaine de l’horlogerie. La stabilité et la neutralité du pays renforcent encore son rang.

Pour maintenir sa position dans cette industrie compétitive, la Suisse doit veiller à ce que l’or « Swiss made » devienne plus durable avec davantage d’impact.

Lor : un pilier économique assorti d’une responsabilité sociale

L’or demeure un élément crucial de l’économie et de la finance, avec des échanges quotidiens dépassant les 130 milliards de dollars. Plus de la moitié de la production annuelle de 175 milliards de dollars (soit 3140 tonnes) est vendue à des institutions financières, ce qui témoigne d’une confiance solide dans la valeur du métal jaune. Dans un contexte d’incertitude géopolitique, l’or constitue un actif essentiel pour les investisseurs.

La demande dor physique en hausse

Alors que l’or a battu une série de records historiques en quelques mois, de nombreux spécialistes estiment que l’évolution du prix au premier trimestre 2024 marque la fin d’une période de consolidation de l’or de 12 ans (2012-2023). À moyen terme, le marché de l’or physique devrait continuer à bénéficier de plusieurs tendances :

  1. l’augmentation des achats des banques centrales (dédollarisation)
  2. une demande plus forte de la part des épargnants chinois (abandon de l’immobilier)
  3. la dépréciation du dollar (vente des bons du Trésor américain)
  4. la demande accrue de l’Inde (effet de richesse)

Confrontés à des conditions de travail précaires, les mineurs artisanaux doivent être reconnus et soutenus

Les mineurs artisanaux, qui assurent environ 20% de la production mondiale d’or, travaillent souvent dans des conditions précaires et méritent d’être soutenus. Plus de 20 millions de travailleurs dans le monde sont confrontés, entre autres, à l’illégalité, à un environnement dangereux, , et à l’utilisation de mercure.

L’initiative Swiss Better Gold (« SBG ») a été lancée en 2013 avec  le Secrétariat d’État suisse à l’économie dans le but d’adresser ces défis et de réduire la pauvreté dans les communautés de mineurs artisanaux et à petite échelle. Elle réunit aujourd’hui 26 membres actifs dans le secteur de l’or suisse : bijoutiers, affineurs, industriels et financiers.

La Suisse, leader de l’or durable

La Suisse raffine plus de 70% de l’or mondial, avec des raffineries comme MKS PAMP qui sont à la pointe des pratiques responsables. La traçabilité est essentielle pour lutter contre le blanchiment d’argent, la corruption et les comportements contraires à l’éthique. La Suisse, connue pour le luxe et pour sa place financière, devrait plaider en faveur de la traçabilité et de chaînes de valeur plus courtes.

« Swiss Better Gold », un modèle d’or durable

L’initiative Swiss Better Gold a exporté plus de 16 000 kg d’or produit de manière responsable depuis 2013, pour le bénéfice de mineurs qui reçoivent une prime d’impact en sus du prix de l’or. Elle met l’accent sur la traçabilité et les pratiques responsables, ouvrant la voie à une industrie aurifère plus éthique et plus durable. L’initiative promeut la formalisation et l’amélioration des conditions de vie et de travail des mineurs artisanaux, véritables piliers de cette industrie. En les intégrant dans le circuit légal et responsable, elle construit une chaîne de valeur plus juste, plus équitable et plus respectueuse de l’environnement (projets de reforestation, incitations techniques pour remplacer le mercure, etc.)

Le fonds Swiss Positive Gold : de l’or physique responsable

Lancé par de Pury Pictet Turrettini il y a 3 ans, le fonds Swiss Positive Gold investit dans l’or ayant un impact mesurable sur les communautés minières artisanales et sur l’environnement. Il privilégie les opérations responsables et s’approvisionne auprès de mines validées par Swiss Better Gold. Les lingots sont stockés auprès de la banque Pictet et constituent le stock le plus important d’or portant ce label de qualité. La performance du fonds reflète celle du prix de l’or, en hausse de plus de 20% cette année.

Les investisseurs acteurs du cercle vertueux de l’or positif

En se plaçant aux côtés des industriels et joailliers qui intègrent les enjeux des mineurs artisanaux dans leur chaîne de valeur, les gérants d’actifs peuvent participer à la transformation des chaînes de valeur de l’or à moindre coût. Le fonds Swiss Positive Gold permet à ses investisseurs de posséder de l’or physique à fort impact social et environnemental. Il intègre la prime d’assistance technique Swiss Better Gold dans la valeur d’inventaire du fonds sans imposer de frais d’entrée ou de sortie.

Ce fonds est une solution unique pour les clients sensibles à la performance et l’impact de leurs investissements.

Frédéric Dawance

de Pury Pictet Turretini

Frédéric Dawance est gestionnaire du Swiss Positive Fund – Physical Gold et associé-gérant de de Pury Pictet Turrettini depuis 2016. Il est titulaire d’un diplôme HEC de l’Université de Saint-Gall et d’un master en économie de l’Université de Cologne. Il a débuté sa carrière en tant que spécialiste dérivés chez Pictet à Genève, puis chez CSFB à Zurich et à Londres. Après deux années en tant que CFO d’une société technologique, il a rejoint la banque Lombard Odier en 2004 comme responsable du trading puis  responsable des produits d’investissement et enfin responsable d’un important groupe de banquiers privés.

de Pury Pictet Turrettini & Cie

de Pury Pictet Turrettini & Cie (« PPT ») est une société de gestion fondée en 1996 par David de Pury, Guillaume Pictet et Henri Turrettini. Elle jouit d’un positionnement fort parmi les leaders de la gestion de fortune en Suisse, grâce à ses bureaux de Genève et Zurich et en Europe avec sa filiale à Bruxelles.

Animés par un esprit entrepreneurial, PPT est sans cesse à la recherche d’opportunités d’investissement innovantes. Sa philosophie repose sur un processus rigoureux et transparent qui intègre les principes « Buy and Care® » reconnus pour leur efficacité.

Self made

Sustainable Solutions Week

  • Aurélia Fäh
  • Senior Sustainability Expert
  • Asset Management Association Switzerland

L’autorégulation « greenwashing » : mieux qu’une loi

Le principe de subsidiarité en tant que principe directeur suisse a fait ses preuves. Il le fait aussi pour éviter le « greenwashing ».

Francesco Mandalà

La finance durable, c’est-à-dire le domaine des produits et services financiers durables, est devenue une affaire de plusieurs centaines de billions de dollars à l’échelle mondiale. En Suisse, environ 1,7 billion de francs sont investis selon des critères de durabilité. Le Conseil fédéral et la place financière poursuivent ensemble l’objectif de faire de la Suisse le principal hub de la finance durable. Parallèlement, la place financière joue un rôle clé dans la réalisation des objectifs climatiques de la Suisse en orientant les flux financiers vers la durabilité. En conséquence, les banques et les gestionnaires d’actifs qui proposent des produits et des services de placement durables sont examinés à la loupe et régulièrement accusés de greenwashing, c’est-à-dire de tromper consciemment – ou inconsciemment – les clients et les investisseurs sur les caractéristiques durables des produits et des services financiers.

L’Asset Management Association Switzerland (AMAS) soutient tous les efforts visant à combattre et à éviter le greenwashing. Cela étant dit, l’AMAS est convaincue que l’autorégulation est l’instrument adéquat pour empêcher le greenwashing sur la place financière suisse.

Le principe de l’autorégulation a fait ses preuves depuis des décennies dans le secteur financier suisse en tant que forme de régulation alternative et constitue un pilier essentiel de l’architecture du marché financier local.

La Suisse est traditionnellement favorable à une approche d’économie de marché. Cette approche est enracinée dans l’histoire politique et économique du pays ainsi que dans son engagement en faveur de principes tels que le libéralisme, la libre entreprise, la liberté économique et la responsabilité individuelle.

En outre, le principe de subsidiarité est un principe directeur de la gouvernance suisse. Celui-ci dispose que les décisions doivent être prises au niveau le plus immédiat ou local et que les niveaux supérieurs de gouvernement ne doivent intervenir qu’en cas de nécessité.

Ainsi, les institutions financières et les associations sectorielles sont considérées comme les mieux placées pour élaborer et faire appliquer leurs règles et leurs normes afin de promouvoir un comportement éthique, l’intégrité, la transparence et, en même temps, l’efficacité et l’innovation sur le marché.

L’Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers (FINMA) soutient ce modèle et reconnaît trois types d’autorégulation : l’autorégulation volontaire, l’autorégulation reconnue comme norme minimale et l’autorégulation obligatoire. Ce cadre permet au secteur des services financiers de développer des normes qui garantissent la pertinence du marché et une large acceptation. La FINMA est habilitée à reconnaître et à faire appliquer des directives d’autorégulation en tant que normes minimales. Elle garantit ainsi que non seulement les membres des organismes d’autorégulation, mais aussi les autres acteurs du secteur, respectent ces directives.

Dans le domaine de la finance durable, les associations financières ont développé au cours des trois dernières années des autorégulations contraignantes qui couvrent l’ensemble du secteur financier suisse.

L’autorégulation basée sur des principes pour la gestion d’actifs durable de l’AMAS est entrée en vigueur en septembre 2023. Elle détermine les exigences organisationnelles pour les institutions financières ainsi que pour la conception des produits et la divulgation aux investisseurs. L’autorégulation empêche et combat ainsi le greenwashing en augmentant la qualité des placements durables gérés collectivement grâce à des normes contraignantes et en améliorant la transparence grâce à des obligations complètes de documentation et de reporting. L’autorégulation de l’AMAS s’inscrit dans le prolongement de l’autorégulation de l’Association suisse des banquiers (ASB) qui entrera en vigueur en janvier 2023 : Celle-ci fixe des prescriptions minimales pour la prise en compte de critères de durabilité dans le conseil en placement et en hypothèque et donne aux prestataires de services financiers des directives sur la prise en compte des préférences et des risques ESG. Depuis 2023, la norme de reporting ESG publiée par l’Association suisse des institutions de prévoyance (ASIP) s’applique aux caisses de pension suisses. Et l’Association Suisse d’Assurances (ASA) travaille actuellement avec ses membres à l’élaboration d’une autorégulation qui devrait être publiée prochainement.

Dans un domaine en évolution rapide comme celui de la finance durable, les autorégulations présentent le grand avantage d’être agiles et flexibles par rapport à toute réglementation inscrite dans la loi. Elles peuvent être facilement et régulièrement modifiées pour refléter les dernières meilleures pratiques internationales, si leurs initiateurs le jugent approprié et adéquat dans le cadre d’un dialogue avec le gouvernement suisse.

A propos de l’AMAS  

L’Asset Management Association Switzerland est l’organisation professionnelle représentative de l’industrie suisse de l’Asset Management. Son objectif est de renforcer la Suisse en tant que centre d’Asset Management de premier plan avec des normes élevées de qualité, de performance et de développement durable. Ce faisant, elle aide ses membres à développer davantage le secteur suisse de l’Asset Management et à créer de la valeur à long terme pour les investisseurs. L’Asset Management Association Switzerland est un membre actif de l’European Fund and Asset Management Association (EFAMA) et de l’International Investment Funds Association (IIFA) opérant sur le plan mondial. Fondée à Bâle en 1992, l’Asset Management Association Switzerland compte aujourd’hui 180 membres.  

 

Nouvelle ère

Sustainable Solutions Week

  • Jon Duncan
  • Chief Impact Officer
  • REYL Intesa Sanpaolo

Est-ce le début de la fin pour les majors des combustibles fossiles ?

De la COP28, il faut bien évidemment retenir cet engagement historique à l’abandon des combustibles fossiles. Un résultat assez surprenant en soi, qui oblige aussi bien les opérateurs du secteur que les investisseurs à prendre en considération ce « début de la fin » dans leurs perspectives.

 

Francesco Mandalà

L’année 2023 aura été marquée par des niveaux élevés de risques économiques et politiques mondiaux et par la prise de conscience de l’émergence rapide d’un monde multipolaire. Les élections du Parlement européen en juin seront un bon test du sentiment de l’UE envers l’économie verte et les objectifs de décarbonisation qui, selon certains politiciens, entrent en conflit avec les intérêts nationaux en matière d’emploi et d’économie.

Pour le monde de la finance durable, la fragmentation du monde rend plus difficile l’action « collective » sur les questions environnementales et sociales à l’échelle mondiale. Il est donc surprenant que le sommet sur le climat COP28 de Dubaï ait débouché sur un engagement historique à abandonner les combustibles fossiles. Même si la formulation était imprécise, l’implication la plus importante est une reconnaissance implicite que le déclin à long terme des combustibles fossiles est en cours. Pour les investisseurs à long terme, cela modifie le calcul du secteur des combustibles fossiles, dont le déclin structurel au cours des 26 prochaines années semble plus certain, alors que le monde vise une économie nette zéro d’ici 2050.

L’Agence internationale de l’énergie prévoit un pic mondial de consommation de combustibles fossiles d’ici 2030, principalement en raison du ralentissement et du rééquilibrage de l’économie chinoise. En d’autres termes, la Chine n’a pas besoin d’autant d’acier et de ciment pour les stocks de logements ou d’infrastructures urbaines/de transport. Par conséquent, la prochaine phase de croissance chinoise devrait être moins gourmande en combustibles fossiles. L’AIE indique que chaque 1% de baisse de la croissance économique chinoise pourrait réduire la demande de charbon en 2030 d’un montant équivalent à la demande annuelle de l’Europe. Dans le même temps, en 2022, la Chine a implémenté autant d’énergies renouvelables que le reste du monde. En septembre 2023, 38 % des voitures vendues en Chine étaient électriques, ce chiffre augmentant de mois en mois.

Le Green Deal de l’UE et la loi américaine sur la réduction de l’inflation (IRA) apportent tous deux un soutien fiscal solide à long terme des deux côtés de l’Atlantique, mais leurs effets ne se sont pas encore totalement cristallisés. À ce jour, l’IRA a joué un rôle clé dans le développement de la « ceinture de batteries », qui s’étend du sud au Midwest des États-Unis. Cette région abrite 340 nouveaux projets d’une valeur estimée à 168 milliards d’USD, dont 50 % sont axés sur les véhicules électriques et les batteries, et répartis entre l’énergie solaire, l’énergie éolienne, l’énergie nucléaire, le réseau électrique et le stockage.

Dans le même temps, les gouvernements ont également dû gérer l’impact de la hausse des coûts des combustibles fossiles sur l’inflation. Le FMI indique que le prix élevé des combustibles fossiles a poussé les gouvernements à fournir plus de 1,3 trillion de dollars de subventions explicites pour gérer le choc des prix de l’énergie à la consommation en 2022.

La suppression des subventions sera politiquement impopulaire et, si elle n’est pas effectuée avec la prudence nécessaire, pourrait entraîner des conséquences matérielles sur la sécurité énergétique, l’inflation et la stabilité sociale. De même, les gouvernements doivent trouver une marge de manœuvre budgétaire pour stimuler la croissance économique verte. Pour compliquer encore les choses, l’impact physique du changement climatique commence à montrer une tendance inquiétante à long terme. Swiss Re a indiqué que les taux de réassurance contre les catastrophes naturelles n’ont jamais été aussi élevés depuis 20 ans. La demande de couverture a augmenté alors que les catastrophes naturelles continuent de causer des dommages matériels dans le monde entier, entraînant des pertes économiques mondiales de 275 milliards d’USD en 2022, dont 150 milliards n’étaient pas assurés. Swiss Re fait état d’une augmentation de 115 % des pertes économiques dues aux catastrophes naturelles par rapport à la moyenne des 30 dernières années.  L’augmentation des pertes non assurées supportées par les gouvernements risque d’alourdir des budgets déjà très serrés.

Si 2024 apportera sans aucun doute son lot de nouveaux défis pour la finance durable, les fondamentaux de la transition vers l’économie verte restent en place, avec peut-être une appréciation émergente de l’avantage géopolitique stratégique à long terme d’une économie décarbonisée et auto-alimentée.

Jon Duncan

REYL Intesa Sanpaolo

Jon Duncan est ingénieur de formation avec une maîtrise en sciences de l’environnement et plus de 25 ans d’expérience dans le domaine du développement durable. De 2010 à 2021, Jon a dirigé le développement et la mise en œuvre d’un programme d’investissement durable chez l’un des plus grands assureurs/gestionnaires d’actifs à long terme d’Afrique. Il a participé à la rédaction du premier Code d’Investissement Responsable en Afrique du Sud, a siégé au Comité Mondial de Reporting et d’Évaluation des PRI de l’ONU et est Associé principal de l’Institut pour le leadership en développement durable de l’Université de Cambridge. En 2022, il rejoint REYL Intesa Sanpaolo en tant que Chief Impact Officer.

REYL Intesa Sanpaolo

Actif dans le conseil et l’investissement auprès d’une clientèle privée et institutionnelle, REYL Intesa Sanpaolo se distingue par sa culture entrepreneuriale, responsable et sa recherche constante d’innovation. En 2021, le Groupe REYL a signé un partenariat stratégique majeur avec Fideuram – Intesa Sanpaolo, banque européenne de premier plan. REYL Intesa Sanpaolo est actif dans quatre lignes de métier complémentaires : Wealth Management, Corporate Finance, Asset Services et Asset Management. Cette large gamme de services intégrés dans un modèle à 360° unique lui permet de fournir des solutions répondant aux besoins des clients tout au long de leur cycle de vie.