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- Gregory Peters
- Co-CIO
- PGIM Fixed Income
L’âge d’or des placements obligataires
La fin de la Grande Modération a donné son épilogue à une ère caractérisée par une inflation faible et une croissance élevée depuis le début des années 1980. Une période de volatilité pour la croissance comme pour l’inflation se profile désormais à l’horizon. C’est l’analyse qu’en livre Gregory Peters, spécialiste en la matière.
Malgré la complexité de l’environnement macroéconomique est complexe, il semble bien que nous soyons à l’aube d’un âge d’or pour les investissements obligataires. Leurs caractéristiques traditionnelles – roll-down, carry et rendement – reviennent sur le devant de la scène. Grâce à des taux d’intérêt plus élevés, elles peuvent à nouveau remplir leur rôle de générateur de revenus et de facteurs de diversification.
Anticipation d’une “weakflation” aux États-Unis
Comme les taux d’intérêt sont proches de leurs plus hauts sur plusieurs années et que la croissance économique s’affaiblit en même temps que l’inflation, le resserrement monétaire des banques centrales arrive probablement à son terme. Alors que nous nous attendons à ce que la Réserve fédérale américaine procède cette année à des baisses de taux de 50 points de base en guise de “fine tuning”, le taux d’intérêt neutre à long terme pourrait atteindre la barre des 3%, au lieu de 2,5% comme anticipé précédemment.
L’économie mondiale reste solide malgré l’augmentation des challenges macroéconomiques. Notre scénario de base pour les États-Unis est celui d’une “weakflation”, c’est-à-dire une combinaison de croissance faible et d’inflation élevée mais décroissante. Pour l’année en cours, nous anticipons une croissance du PIB réel de 1,0 à 1,5% et une baisse de l’inflation aux alentours des 2,5 à 3%.
Dans la zone euro, la hausse des taux d’intérêt à l’échelle mondiale, les prix élevés de l’énergie et la persistance de l’inflation vont rester autant de défis. Quant à l’économie, nous prévoyons un léger ralentissement en 2024, avant une reprise relative. En revanche, en Chine, les mesures de relance supplémentaires que nous attendions deviennent maintenant réalité, ce qui plaide en faveur de notre prévision de PIB supérieure au consensus.
La diversification accrue des obligations d’entreprises a également permis de multiplier les opportunités en termes de génération d’alpha. Un large éventail de segments de marchés semble bien positionné à long terme pour générer de solides rendements ajustés au risque. Compte tenu des incertitudes macroéconomiques importantes, nous privilégions les titres de grande qualité et voulons éviter les structures financées par l’emprunt, car elles sont vulnérables lors de taux d’intérêt élevés.
Principales idées d’investissement pour 2024
Réduire les liquidités. Face à la hausse des taux d’intérêt et à l’incertitude macroéconomique croissante, de nombreux investisseurs ont adopté une attitude attentiste l’année dernière. Un choc surprenant ou une nouvelle normalisation des taux en 2024 pourraient faire baisser les rendements à court terme. Les placements à duration plus courte pourraient offrir des rendements plus intéressants et un avoir un effet tampon contre de nouvelles hausses de la volatilité.
Allonger la duration. Après les récents événements géopolitiques, les rendements sont retombés de leurs sommets. Il est encore trop tôt pour en tirer des conclusions, mais nous pourrions entrer dans une phase plus longue de normalisation, offrant aux investisseurs une courte fenêtre pour sécuriser des taux d’intérêt plus élevés à long terme
Rechercher des opportunités de valeur relative de qualité. L’extrême volatilité observée depuis 2022 a fait grimper les valorisations dans tous les segments des marchés obligataires. Elle a créé ainsi des opportunités de valeur relative rémunératrices dans les principaux secteurs clés tels que les obligations à haut rendement et les obligations émergentes. Après que les banques centrales aient renoncé à leurs hausses de taux excessives, la performance des secteurs du crédit s’est améliorée – une tendance qui devrait, selon nous, être favorable aux portefeuilles obligataires diversifiés.
En fin de compte, 2024 pourrait ressembler à 2023 : une année orientée à la hausse avec de bons rendements. Compte tenu de la forte incertitude et de la répétition probable d’importantes fluctuations du marché, les opportunités d’alpha devraient être larges et variées. L’année 2024 promet d’être exigeante pour les investisseurs, mais au final gratifiante.
Gregory Peters
PGIM Fixed Income
Gregory Peters est le co-CIO de PGIM Fixed Income et l’un des co-responsables de son équipe multisectorielle. Avant de rejoindre PGIMen 2014, Gregory Peters dirigeait la recherche Fixed Income & Economie chez Morgan Stanley. Il avait également sous sa responsabilité la stratégie Cross Asset à l’échelle mondiale. Plus tôt dans sa carrière, il a travaillé chez Salomon Smith Barney et au département du Trésor américain. Gregory Peters a obtenu une maîtrise en finance du College of New Jersey et il détient en plus un MBA de Fordham University.