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Attention au mirage vert, prévient Céline Kohler. Avec le volume qu’ils prennent, les investissements durables s’accompagnent aussi à la marge de risques accrus de greenwashing, un procédé abusif que les gestionnaires de fortune doivent forcément prendre en compte dans leurs grilles d’allocation.
Le secteur financier mondial s’oriente de plus en plus vers la durabilité, sous l’effet d’une sensibilisation accrue à l’environnement et de la demande d’investissements verts de la part des investisseurs. Une étude réalisée par Swiss Sustainable Finance (SSF) met en évidence cette tendance, en révélant que les investissements durables en Suisse ont augmenté de 31 % l’année dernière, atteignant 1,52 trillion de francs suisses. Cependant, cette croissance a conduit au phénomène du « mirage vert » – la surestimation des investissements respectueux de l’environnement, qui se traduit par un blanchiment écologique. Pour les intermédiaires financiers suisses, la gestion de ces risques est cruciale pour maintenir la confiance et la conformité dans un paysage réglementaire en constante évolution.
Le paysage financier suisse
La Suisse s’est engagée progressivement en faveur de la finance durable, s’alignant sur les initiatives mondiales visant à promouvoir les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) en étoffant son cadre législatif applicable aux grandes entreprises mais aussi pour le climat, l’innovation et le renforcement de la Sécurité énergétique. Les intermédiaires financiers suisses sont réglementés par l’Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers (FINMA) et la Loi suisse sur les services financiers (LSFin), ce qui garantit la protection des investisseurs. Toutefois, une grande partie de la réglementation sur la transparence durable est encore soumise à l’autorégulation du secteur.
Malgré ces efforts, le secteur croissant de la finance verte en Suisse est confronté à des risques accrus d’écoblanchiment et il est légitime de se demander si les mesures réglementaires actuelles protègent suffisamment les intermédiaires financiers des dangers des produits écologiques faussement commercialisés, ce qui pourrait compromettre la confiance et le respect des règles. Le renforcement des cadres réglementaires et des efforts de conformité est essentiel pour atténuer ces risques et garantir la transparence et la responsabilité des acteurs de la finance durable.
Comprendre l’écoblanchiment
L’écoblanchiment consiste à faire des déclarations trompeuses sur les avantages environnementaux d’un produit financier, d’un service ou d’un investissement financier, créant ainsi un « mirage vert » qui trompe les investisseurs. Les tactiques les plus courantes sont les déclarations vagues sur le développement durable, la divulgation sélective et les initiatives superficielles. Les appellations trompeuses telles que « vert » ou « fonds d’impact » peuvent donner lieu à des enquêtes réglementaires et à des poursuites judiciaires, ce qui souligne la nécessité de faire preuve de vigilance et de diligence raisonnable.
Risques juridiques et responsabilités
Pour les intermédiaires financiers en Suisse, et outre le risque réputationnel, l’écoblanchiment pose des risques juridiques importants. En vertu du droit suisse, le fait d’induire les investisseurs en erreur par de fausses déclarations sur le développement durable peut entraîner des sanctions sévères, notamment des amendes et des atteintes à la réputation. L’article 69 de la loi suisse sur les services financiers (LSFin) interdit explicitement les déclarations trompeuses et fausses, et l’article 90 décrit les sanctions pour de telles violations, qui peuvent inclure des amendes et d’autres pénalités.
En outre, la circulaire 05/2021 de la FINMA fournit des lignes directrices détaillées sur les attentes et les exigences en matière de transparence et d’exactitude dans les déclarations de durabilité. Elle souligne la nécessité pour les intermédiaires financiers de fournir des informations claires et véridiques sur les aspects de durabilité de leurs produits et services. La pression exercée sur la Suisse va probablement s’accroître, avec l’adoption par l’UE de la directive sur le devoir de diligence des entreprises en matière de développement durable (DDDDC) et la future directive européenne sur les allégations écologiques (EGCD). Ces directives visent à améliorer la transparence et la responsabilité des déclarations de durabilité dans l’UE et, bien que la Suisse ne soit pas membre de l’UE, ces réglementations influencent les intermédiaires financiers suisses qui opèrent sur le marché de l’UE ou qui traitent avec des clients basés dans l’UE.
Stratégies d’atténuation des risques
Pour éviter les risques associés au mirage vert, les intermédiaires financiers disposent de plusieurs options pour s’aligner aux meilleures pratiques :
– Faire preuve de diligence raisonnable pour tous les investissements verts, y compris en procédant à des évaluations indépendantes de la durabilité.
– Maintenir la transparence avec les clients en fournissant des informations claires et précises sur l’impact environnemental des investissements.
– Sensibiliser et former régulièrement le personnel à la finance durable et aux tactiques d’écoblanchiment.
– Utiliser des services de vérification tiers pour authentifier les déclarations de durabilité.
– Contrôler en permanence les investissements pour s’assurer qu’ils respectent les objectifs de durabilité énoncés et remédier aux écarts.
Conclusion
Pour maintenir et protéger la réputation de la place financière suisse, il est crucial de renforcer la réglementation et d’atténuer les risques d’écoblanchiment en donnant la priorité à la transparence et à l’intégrité des données. Malgré les progrès en finance durable, les risques accrus d’écoblanchiment exigent des efforts constants en matière de conformité. En s’engageant dans une diligence raisonnable, une transparence totale et une formation continue, les intermédiaires financiers suisses peuvent renforcer la confiance des investisseurs et la crédibilité du secteur financier tout en s’adaptant à un paysage réglementaire en constante évolution
Céline Kohler
Kohler Gotzev
Céline Kohler est la fondatrice du cabinet d’avocats Kohler Gotzev, présent au Luxembourg et à Genève. Elle conseille les fonds d’investissement, les sociétés de gestion et les professionnels de la MIFID2/LSFin sur des questions juridiques, réglementaires et de conformité impliquant des aspects transfrontaliers. Elle est également active dans l’éducation et la formation professionnelle liées à la finance durable à Genève et au Luxembourg. Céline Kohler est titulaire d’une maîtrise en droit international de l’Université de Paris 1 – Panthéon Sorbonne et d’un LL.M. en droit de l’Union européenne de l’Université de Lausanne. Elle est inscrite au Barreau du Luxembourg et au Barreau de Genève.
Alors que le monde se précipite vers un déluge de données qui devrait atteindre le chiffre stupéfiant de 175 zettaoctets d’ici 2025, la fusion de l’intelligence artificielle et des critères ESG est en train de remodeler les pratiques des entreprises dans tous les secteurs d’activité.
Au cœur de cette transformation se trouve la capacité de l’IA à naviguer dans des paysages de données complexes et à en extraire des informations exploitables, ce qui modifie fondamentalement la façon dont nous abordons le développement durable.
Décrypter le rôle de l’IA dans l’intégration de l’ESG
Des chatbots quotidiens aux algorithmes sophistiqués d’apprentissage automatique, l’IA englobe un éventail de technologies qui sont sur le point de révolutionner les industries. Au-delà de ses applications conventionnelles, l’IA stimule l’innovation dans des secteurs tels que l’agriculture intelligente, l’optimisation de l’allocation des ressources telles que l’eau ou les engrais, la réduction des émissions de carbone, la promotion des pratiques durables dans l’ensemble des industries et la facilitation de la pratique de l’agriculture de précision.
Exploiter le potentiel de l’IA pour améliorer l’ESG
Le potentiel de l’IA à réduire les émissions mondiales de gaz à effet de serre de 1,5 à 4 % d’ici 2030 est stupéfiant, reflétant son rôle central dans la protection de l’environnement. Cependant, son impact va au-delà de la réduction des émissions et s’étend au domaine des considérations sociales et de gouvernance. En automatisant les processus de données, en améliorant les capacités de prise de décision et en facilitant l’engagement des parties prenantes, l’IA permet aux entreprises d’intégrer la durabilité dans leur éthique opérationnelle, en garantissant la traçabilité et la transparence pour les consommateurs finaux.
Le leadership de la Suisse en matière de solutions ESG basées sur l’IA
Réputée pour sa précision et son innovation, la Suisse est à l’avant-garde des solutions ESG pilotées par l’IA, anticipant une transformation numérique à la fois responsable et durable. Les initiatives suisses illustrent la convergence entre technologie de pointe et conscience environnementale. Anticipant une transformation numérique à la fois responsable et durable, les initiatives suisses illustrent la convergence de la technologie de pointe et de la conscience environnementale. Comme le dit AI Swiss: «L’avenir appartient à ceux qui comprennent l’IA».
AI Swiss, une organisation à but non lucratif, se consacre à la sensibilisation du public au rôle central de l’IA et à ses capacités de transformation. Défenseur déterminé du potentiel de la Suisse en tant que leader dans le paysage de l’IA, AI Swiss vise à propulser le pays à l’avant-garde de l’innovation en matière d’IA. Sa mission englobe l’utilisation de l’IA comme catalyseur de la prospérité économique, l’augmentation de la productivité, la promotion du bien-être sociétal, la promotion de la durabilité environnementale et le respect des principes éthiques.
Relever les défis réglementaires de l’adoption de l’IA
Cependant, la prolifération de l’IA pose des problèmes importants, notamment en matière de partialité, de transparence, de propriété intellectuelle et de responsabilité. L’adoption récente de la loi européenne sur l’IA marque une étape importante dans la définition et la réglementation des systèmes d’IA, soulignant l’importance d’une conception éthique, de la transparence et de la surveillance humaine pour garantir un déploiement responsable.
Le rôle essentiel de la qualité des données dans les rapports ESG pilotés par l’IA
Alors que les organisations utilisent de plus en plus l’IA pour la production de rapports ESG, il devient primordial de garantir la véracité et la conformité des données. Les systèmes de reporting pilotés par l’IA doivent-ils être soumis au même examen minutieux que les mécanismes d’évaluation du crédit ? La nécessité de disposer de données de haute qualité, en particulier lors de l’évaluation des émissions et des impacts environnementaux, souligne l’importance de cadres réglementaires et d’évaluations de conformité (AC) robustes.
Gérer les risques et saisir les opportunités
Malgré les risques inhérents, des efforts concertés sont déployés à l’échelle mondiale pour exploiter de manière responsable le potentiel de transformation de l’IA. L’alignement sur des cadres normalisés, tels que la norme ISO 23894 sur l’IA et la gestion des risques, et la promotion de la collaboration internationale peuvent atténuer les risques tout en maximisant les avantages de l’intégration ESG induite par l’IA.
En cette ère de progrès, la fusion de l’IA et de l’ESG nécessite une stratégie équilibrée qui combine l’innovation et la réglementation. La numérisation marque la première étape, qui est étroitement liée à l’étape suivante de l’intégration de l’IA. En adoptant les processus numériques, l’IA éthique et les cadres réglementaires, nous ouvrons la voie à un avenir durable ancré dans la transparence et l’innovation responsable.
Plus d’informations sur AI Swiss:
www.a-i.swiss
Céline Kohler
Kohler Gotzev
Céline Kohler est la fondatrice du cabinet d’avocats Kohler Gotzev, présent au Luxembourg et à Genève. Elle conseille les fonds d’investissement, les sociétés de gestion et les professionnels de la MIFID2/LSFin sur des questions juridiques, réglementaires et de conformité impliquant des aspects transfrontaliers. Elle est également active dans l’éducation et la formation professionnelle liées à la finance durable à Genève et au Luxembourg. Céline Kohler est titulaire d’une maîtrise en droit international de l’Université de Paris 1 – Panthéon Sorbonne et d’un LL.M. en droit de l’Union européenne de l’Université de Lausanne. Elle est inscrite au Barreau du Luxembourg et au Barreau de Genève.
Dans le domaine de la durabilité, les gestionnaires de fortunes collectives et les grandes sociétés, notamment les banques[1], sont confrontés à de nouveaux défis et opportunités. D’ici 2024, trois objectifs principaux sont à atteindre : informer de manière transparente sur les risques climatiques, intégrer les facteurs de durabilité dans le conseil en placement et la gestion de fortune[2], et assurer une coordination internationale pour rester compétitifs.
[1] Nouvelles obligations d’information non financières des art. 964a – 964l CO
[2] Voir notamment le document « Asset Management durable : les messages essentiels et les recommandations de la SFAMA et de SSF » du 16 juin 2020 et Autorégulation relative à la transparence et à la publication d’informations par les fortunes collectives se référant à la durabilité au 26 septembre 2022 (AMAS)
Ces objectifs impliquent des changements importants dans les pratiques et les compétences des prestataires financiers. Face à la complexité et à la technicité des mesures à mettre en œuvre, certains peuvent être tentés d’externaliser ces services ou de les négliger. Or, il s’agit d’une erreur stratégique qui peut nuire à leur réputation et à leur performance.
La solution réside dans la formation continue de leurs collaborateurs et dans l’adaptation de leur organisation interne. Il ne s’agit pas de devenir des experts en environnement ou en social, mais de continuer à exercer leur métier de conseil financier tout en tenant compte des enjeux de durabilité. Cela demande un effort constant et évolutif de connaissance et de veille, ainsi qu’une capacité à dialoguer avec les clients sur leurs préférences durables.
L’intégration des facteurs ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance) dans le conseil financier est un enjeu majeur pour les professionnels du secteur. En effet, si la Loi sur les Services Financiers (LSFin) n’impose pas encore de déterminer les préférences ESG des clients privés et de leur proposer des solutions de placement adaptées, la régulation de branche est déjà en place et s’insère implicitement dans le devoir d’information de la LSFin[1]. Mais comment faire pour concilier les attentes du client final en matière de durabilité et de rentabilité ?
Tout d’abord, il faut savoir que l’intégration des facteurs ESG ne se fait pas de manière isolée, mais s’inscrit dans le processus global de conseil de la LSFin. Ainsi, il n’est pas nécessaire de réaliser une analyse séparée et complexe des informations ESG, mais plutôt de les intégrer dans la description des caractéristiques des solutions de placement ESG. Il s’agit donc d’informer le client sur les différents types de produits durables existants, qu’ils soient d’impact (par exemple un article 9 SFDR), thématiques ou d’engagement, tout en respectant ses objectifs financiers et son profil de risque.
Ensuite, il faut rappeler que l’investissement durable n’est pas une obligation légale, ni pour le client, ni pour le professionnel. Il s’agit plutôt d’une opportunité, qui peut apporter une valeur ajoutée au portefeuille du client et contribuer à la transition écologique et sociale. Le rôle du conseil est donc essentiel pour créer une incitation à l’investissement durable, en éduquant le client sur les enjeux ESG et en restant neutre sur les choix possibles.
Enfin, il faut être conscient que l’intégration des facteurs ESG implique un certain savoir de la part du conseil. Celui-ci doit non seulement maîtriser les connaissances de base dans le domaine ESG, mais aussi se tenir informé des différentes règlementations internationales et européennes qui encadrent les produits durables. Il doit également être capable d’évaluer, de manière indépendante, les risques climatiques et d’impact négatif des produits financiers sur les objectifs de développement durable. Pour cela, il peut s’appuyer sur la responsabilité de l’émetteur du produit, qui doit fournir des informations transparentes et vérifiables sur ses critères ESG.
Dès lors, l’intégration des facteurs ESG dans le conseil financier est un défi qui nécessite une adaptation du processus de conseil de la LSFin, une incitation à l’investissement durable et une expertise ESG. En relevant ce défi, les professionnels du secteur financier peuvent offrir à leurs clients privés des solutions de placement qui répondent à leurs préférences ESG et à leurs besoins financiers et gagner en indépendance et compétitivité.
[1] Le guide pour l’intégration des facteurs ESG dans le processus de conseil auprès des clients privés de l’ASB de juin 2020
Me Céline Kohler
KOHLER GOTZEV
Maître Céline Kohler est avocate inscrit aux barreaux de Genève et de Luxembourg.
Elle conseille des fonds d’investissement, des sociétés de gestion et des professionnels MIFID2/LSFin sur les questions juridiques, réglementaires et de conformité impliquant des aspects transfrontaliers.
Céline possède une expertise dans les domaines des fonds d’investissement alternatifs, du capital-investissement, du financement du commerce et de l’ESG/SFDR/Taxonomie européenne, du financement climatique et de la compensation carbone et couvre la Suisse, Malte et le Luxembourg.
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