Transition

    • Maad Osta
    • AtonRâ

La Chine : l’empire au milieu de la transition énergétique

La Chine occupe une position centrale dans la transition énergétique, tant dans les efforts à fournir pour décarboner son économie que dans le développement et la production de technologies propres

Difficile de parler transition climatique sans évoquer le cas de la Chine. L’Empire du Milieu est devenu aujourd’hui un mastodonte de l’énergie, représentant près d’un quart de la demande mondiale en énergie et autant en émissions de gaz à effet de serre. L’émergence de la Chine en tant que premier acteur énergétique mondial est directement liée à sa forte croissance économique ces dernières années, dont l’industrialisation et l’urbanisation ont été les principaux moteurs. Toute stratégie climatique ne peut donc se concevoir sans prendre en compte l’impact propre à ce pays.

Bien que ses émissions de CO2 aient presque doublé depuis 2005, son intensité carbone, à savoir ses émissions de CO2 en quantité de PIB par habitant, a été pratiquement réduite de moitié. La Chine pollue donc plus, mais sa croissance se fait de manière plus propre. En septembre 2020, le gouvernent chinois a surpris la communauté internationale en annonçant un plan de décarbonation long terme, avec pour objectif d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2060. Il a également précisé qu’il souhaitait commencer à réduire les émissions de CO2 avant 2030. Plus récemment, son 14e plan quinquennal (2021-2025) mentionnait l’objectif d’atteindre 20% de source d’énergie primaire non-fossile d’ici 2025, contre 16% aujourd’hui. En outre, l’utilisation du charbon devrait commencer à baisser à partir de 2025.

Ces ambitions climatiques se traduisent déjà dans les faits, avec quelque 546 milliards de dollars investis par la Chine dans la transition énergétique en 2022, soit près de 50% des dépenses mondiales. Ces 546 milliards ont été principalement alloués au solaire photovoltaïque, à l’éolien et à l’électrification des transports.

L’intérêt de la Chine pour les technologies propres – ou cleantech  – est double : il s’agit à la fois de déployer les solutions qui vont lui permettre d’atteindre ses objectifs climatiques, et de devenir par ailleurs le premier producteur mondial pour toutes ses technologies. À l’image des pétro-monarchies qui contrôlent les approvisionnements en combustibles fossiles, la Chine a le potentiel pour devenir « l’électro-état » de demain, à savoir le pays qui fournira les solutions pour décarboniser et électrifier la planète.

Lorsqu’on s’intéresse de plus près à la fabrication de ces différentes cleantechs, la domination de la Chine est flagrante. Que ce soit les panneaux solaires, avec plus de 80% de la production mondiale, les batteries avec plus de 70%, les nacelles d’éoliennes avec 55%, ou les électrolyseurs avec plus de40%, la Chine occupe solidement le haut des classements. En ce qui concerne le raffinage de matières premières, la Chine est également un acteur dominant, contrôlant près de 35% des capacités mondiales de nickel, 50-70% du lithium et du cobalt, ainsi que 90% du raffinage des terres rares. Elle a ainsi la mainmise sur la production d’une grande partie des métaux, composants et technologies nécessaires à la décarbonisation du monde.

En réponse à cela, les États-Unis et l’Europe mettent en place des mesures pour tenter de contrer cette domination. L’Inflation Reduction Act proposé par l’administration Biden comprend des aides financières pour la fabrication nationale de technologies propres. En Europe, un Green Deal Plan est en cours d’élaboration, visant à atteindre le même objectif de relocalisation.

Cependant, les efforts de l’Occident pour réduire sa dépendance vis-à-vis de la Chine ne conduiront certainement pas à une exclusion totale de celle-ci. Premièrement, la Chine reste le plus gros marché mondial de la cleantech et peut donc se suffire à elle-même. Ensuite, la forte domination de la Chine en amont des chaines de valeurs  – extraction et raffinage de métaux – en fait un acteur incontournable. Le développement d’une alternative n’est pas possible dans le temps imparti pour la transition énergétique.

La Chine est et restera un acteur clé dans la production de toutes ces technologies, et les efforts de relocalisation ne se feront pas à ses dépens. Toute stratégie climatique doit se penser en l’intégrant, et une collaboration internationale sera inévitable pour assurer une transition durable vers une économie à zéro carbone.

 

Maad Osta

AtonRâ

Titulaire d’un Master en Gestion de l’Energie et Développement Durable de l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne, Maad Osta a rejoint AtonRâ Partners en 2018 en tant qu’ingénieur spécialiste en énergie. Il s’occupe principalement de la recherche fondamentale sous-jacente à l’univers d’investissement de la stratégie « Sustainable Future ». Auparavant, Maad a travaillé en tant qu’ingénieur projet puis gestionnaire de projet au sein d’une société active dans le secteur du gaz et de l’énergie.

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      • Jonathan Graas
      • Gestionnaire de fonds
      • Decalia

    Inflation et économie circulaire : une opportunité de transition ?

    Dans un environnement houleux, qui voit les contrariétés se succéder les unes aux autres, l’économie circulaire peut à juste mettre en avant ses valeurs et ses vertus. Les solutions qu’elle propose – les vrais plans B – auront un impact significatif sur le futur de notre société.

    Et si la hausse spectaculaire de l’inflation et l’envolée des cours des entreprises énergétiques et des matières premières en 2022 étaient une bénédiction pour l’économie circulaire ?  Des prix de l’énergie et des matières premières élevés et volatils, des émissions record de gaz à effet de serre et même un retour du charbon ne cadrent a priori pas très bien avec une telle philosophie. Mais en fait, ces événements ont servi de réveil brutal !

    La plupart des entreprises ont du mal à faire face à l’inflation des coûts élevés et aux problèmes de chaîne d’approvisionnement liés au modèle de mondialisation excessive. Les consommateurs ont souffert pour satisfaire leurs besoins de base en raison des factures d’énergie élevées, de l’augmentation des taux hypothécaires et de l’inflation du coût de la nourriture. Les investisseurs ont été confrontés aux fortes hausses de taux d’intérêt des banques centrales et les gouvernements ont dû composer avec une dette croissante et une infrastructure toujours vieillissante.

    Ces événements ont peut-être sonné le glas de l’économie linéaire traditionnelle. Cette année pourrait être le point de basculement d’une transition vers une économie circulaire avec la neutralité carbone et la préservation de la biodiversité comme fil rouge.

    Plusieurs catalyseurs poussent vers cette transition : le soutien réglementaire et politique, la recherche de chaînes d’approvisionnement locales et résilientes, la sensibilisation accrue des consommateurs, l’inflation des coûts des matières premières et les engagements des entreprises.

    1. L’Inflation Reduction Act présenté par les États-Unis est le plan de dépenses le plus ambitieux pour s’attaquer au changement climatique avec une visibilité à long terme pour les investisseurs. La Commission européenne travaille également sur son propre plan pour rivaliser avec les USA. Ces réglementations deviennent les nouvelles armes du monde civilisé.

    2. La mondialisation à l’extrême a engendré des problèmes de chaîne d’approvisionnement dans de nombreuses industries. Le concept de la relocalisation, processus pour rapatrier les opérations plus près du pays d’origine de l’entreprise et de ses consommateurs, gagne en popularité.

    3. Les consommateurs ont bénéficié de décennies de déflation et d’accès à des produits et services bon marché et abondants, en partie grâce à la mondialisation et à l’innovation. La prise de conscience de l’impact environnemental négatif de certains comportements n’est pas nouvelle. En revanche, la confrontation à la dure réalité de l’inflation devrait inciter à changer les habitudes des consommateurs vers des alternatives locales, des options d’économies d’énergie ou des modèles alternatifs.

    4. Les fortes fluctuations des prix de l’énergie, de l’alimentation ou des matières premières ont causé des dégâts chez les consommateurs et les entreprises, moins préparés à une volatilité élevée qu’à des prix à long terme plus élevés mais prévisibles. La nécessité de dissocier l’activité économique de l’extraction de matières premières vierges devient évidente pour les entreprises alors qu’elles essaient d’augmenter le recyclage et de trouver des alternatives (biosourcées) dans leurs processus et chaines de valeur.

    5. Nous avons vu s’accélérer l’implication des entreprises en faveur de la neutralité carbone et de la biodiversité. Responsabilisées, ces entreprises sont tenues de prendre des mesures pour atteindre ces objectifs. Près d’une majorité des sociétés cotées dans le monde se sont engagées sur plusieurs objectifs de neutralité carbone et de préservation de biodiversité. La pression sur leurs chaines de valeur, qui va également augmenter, les stimulera d’autant plus.

    En définitive, la transition vers une économie circulaire est un défi de taille qui nécessite une approche pragmatique, rigoureuse et tournée vers l’avenir. Il est crucial de soutenir non seulement les entreprises ayant les meilleures pratiques environnementales, mais également celles qui investissent dans la transition malgré une empreinte environnementale relativement élevée. Cela permettra de maximiser l’impact positif de la transition et de mitiger les risques liés à la valorisation des entreprises. En tant qu’économie au sens large, la transition vers une économie circulaire doit être abordée de manière transversale, impliquant tous les secteurs et domaines d’activité.

     

    Jonathan Graas

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    Jonathan Graas est co-lead portfolio manager de la stratégie Decalia axée sur les secteurs innovants et l’économie circulaire. Il a rejoint Decalia l’an passé, et il y a retrouvé Alexander Roose et Quirien Lemey avec lesquels il avait travaillé précédemment chez DPAM. Il y gérait un fonds durable américain et co-gérait deux fonds thématiques durables, pour un encours total de plus de 4 milliards d’euros. Jonathan est titulaire d’une maîtrise en mathématiques appliquées de l’Université catholique de Louvain et d’une maîtrise en finance internationale de HEC Paris.

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      Vue sectorielle

      “Biotech : De nombreuses sources d’impulsion”

       

      L’industrie biotechnologique est confrontée à de nouveaux défis. Selon Daniel Koller, de nouvelles opportunités apparaissent pour les investisseurs, notamment dans le domaine des substances actives basées sur l’ARN.

       

      • Par Daniel Koller
      • BB Biotech

      Quels sont les défis que vous voyez actuellement dans le secteur de la biotechnologie ?

      Daniel Koller : Il faut souvent de nombreuses années pour que le produit d’une entreprise de biotechnologie soit un succès. Cela commence par la recherche et le développement et se termine par le lancement et l’établissement sur le marché. Pour les biotechs, cela signifie déjà en temps normal une longue période de vaches maigres financières. Actuellement, les fortes hausses des taux d’intérêt et l’environnement incertain du marché des capitaux viennent compliquer les choses. Cela limite fortement la liberté d’action de nombreuses entreprises de biotechnologie.

      Comment les entreprises réagissent-elles à cette situation ?

      De nombreuses entreprises de R&D et de technologie de premier plan reviennent à la création de partenariats avec des entreprises de biotechnologie et pharmaceutiques plus grandes, rentables et bien capitalisées. En outre, de nombreuses entreprises ont recours à des modèles hybrides, dans lesquels elles concluent des partenariats pour certains produits, mais développent et commercialisent d’autres produits en régie propre.

      Faut-il s’attendre à une augmentation des rachats ?

      Oui, tout à fait. Après le net recul des activités de fusions et d’acquisitions par rapport à l’année record 2019, de nombreuses entreprises pharmaceutiques et géants de la biotechnologie sont toujours en mesure d’acquérir des entreprises de biotechnologie de petite et moyenne taille. Certaines grandes entreprises disposent même de milliards de dollars pour les fusions et acquisitions. Si les petites et moyennes entreprises continuent de développer des médicaments et des technologies prometteurs et que l’évaluation actuelle attractive est maintenue, nous devrions même assister à une augmentation des activités de fusions et d’acquisitions.

      Quels nouveaux développements sont dans les starting-blocks ?

      Les vaccins à ARNm ont déjà fait leurs preuves lors de la pandémie. Désormais, ils devraient également être utilisés pour les vaccins contre la grippe. Cela devrait permettre aux fabricants de gagner des parts de marché considérables. D’autres substances actives basées sur l’ARN, telles que le siRNA ou l’antisens, qui n’étaient jusqu’à présent utilisées que pour des maladies rares, souvent héréditaires, devraient désormais l’être également pour des maladies très répandues, telles que les indications cardiovasculaires ou neurologiques. Dans ce domaine, nous attendons par exemple d’Alnylam ou de Ionis des progrès considérables et des autorisations de produits en 2023. Ces deux entreprises font partie de notre portefeuille.

      Qu’en est-il du traitement du cancer ? Des progrès ont déjà été annoncés dans ce domaine.

      C’est vrai. Il s’agit ici de conjugués anticorps/principe actif (ADC) dans le domaine des tumeurs solides. Ils jouent déjà un rôle important dans le cancer du sein. À l’avenir, les ADC seront également utilisés pour d’autres tumeurs. Leur avantage n’est pas seulement leur efficacité, mais aussi leur meilleure tolérance. Ils devraient ainsi devenir un domaine d’activité extrêmement attractif. Macrogenics, Incyte et Exelixis sont des entreprises du portefeuille de BB Biotech qui proposent des ADC pour le traitement de différentes tumeurs solides.

       

      Bio:

      Dr. Daniel Koller a rejoint Bellevue Asset Management en 2004 et est depuis 2010 Head Investment Management Team de BB Biotech. Auparavant, il a travaillé comme gestionnaire d’investissement chez equity4life Asset Management et comme analyste actions chez UBS Warburg. Il a fait des études de biochimie à l’École polytechnique fédérale (EPF) de Zurich et a obtenu un doctorat en biotechnologie à l’EPF et chez Cytos Biotechnology, Zurich.

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      Fixed Income

      Du rendement tout de suite, du gain en capital plus tard

       

      Le marché obligataire retrouve un semblant de forme, après avoir été quelque peu vidé de sa substance l’an passé. Entre remontée des taux et valorisations attrayantes, de nombreux points d’entrée sont déjà apparus.

       

      • Par Daniel Varela
      • Banque Piguet Galland

      Après la bérézina de l’année dernière, les investisseurs en obligations espèrent certainement des cieux un peu plus cléments cette année. Avec des reculs généralement trois fois plus importants, l’année 2022 a donc de grandes chances de remplacer 1994 dans les classements des plus grands krachs obligataires de l’histoire. A l’origine de ce plongeon, on trouve naturellement l’inflation souvent considérée comme la « kryptonite » des marchés obligataires. Car dans les pays développés, l’inflation est parvenue en 2022 à des sommets inégalés depuis quatre décennies.

      Mais le pic de cette phase inflationniste est probablement passé. La décrue est clairement engagée du côté des Etats-Unis et elle a également démarré en Europe grâce à la forte baisse des cours des produits énergétiques, à commencer par le gaz naturel, dont le prix a été divisé quasiment par cinq depuis l’été. Certes, la baisse de l’inflation ne se fera pas en ligne droite. Une certaine volatilité est attendue notamment au gré des indexations automatiques de certains prix et tarifs comme cela a pu être observé au mois de janvier. L’inflation a ainsi cessé de ralentir et a parfois même rebondi légèrement dans certains pays. Un phénomène sans doute temporaire. Par ailleurs, les chiffres économiques un peu partout dans le monde ont surpris positivement en ce début d’année et nous confortent dans notre scénario d’atterrissage en douceur de l’économie mondiale avant une réaccélération conjoncturelle au deuxième semestre.

      Ces statistiques démontrent notamment la résilience des Etats-Unis et de l’Europe face au ralentissement conjoncturel mondial, aux conséquences de la guerre et au durcissement des conditions de crédit. Malgré quelques doutes temporaires, 2023 devrait pourtant être une année de désinflation, ce qui incitera les principales banques centrales à mettre fin à l’important resserrement monétaire engagé au printemps 2022.

      La Fed sera certainement parmi les premières banques centrales à marquer une pause sur les taux. La Banque centrale européenne, confrontée à une inflation beaucoup plus élevée qu’aux Etats-Unis, sera en revanche tentée de poursuivre la normalisation de sa politique monétaire probablement encore durant la deuxième partie de l’année. Cette embellie des perspectives, de même que le lent ralentissement de l’inflation, a d’ailleurs amené les investisseurs à anticiper que les taux des banques centrales, après avoir atteint leur sommet, resteront élevés beaucoup plus longtemps que prévu. Ce point est particulièrement visible aux Etats-Unis.

      Contrairement à ce qu’on pouvait observer en début d’année, les investisseurs n’envisagent pratiquement plus de baisses de taux par la Fed en 2024. Difficile dans ce contexte d’imaginer une forte détente des taux longs sur les prochains mois. Dans le meilleur des cas, elle n’interviendra pas avant le deuxième semestre. Si la perspective d’une forte appréciation des cours obligataires semble donc s’éloigner, sur le court et moyen termes il reste néanmoins l’attrait des coupons. Car les valorisations sont attractives sur l’ensemble des segments obligataires, les rendements offerts se situant partout dans le haut de la fourchette de la dernière décennie.

      Sur le segment souverain par exemple, les rendements positifs sont à nouveau la norme après plusieurs années de répression financière orchestrée par les grandes banques centrales. Alors qu’une forte proportion des emprunts souverains se traitaient à des taux zéros ou négatifs il y a encore deux ans, des rendements supérieurs à 4% sur les Treasuries américains, au-dessus de 3% sur la plupart des emprunts gouvernementaux européens et de l’ordre de 1.5% sur les bons de la Confédération sont de nature à attirer l’intérêt des investisseurs institutionnels mais également privés.

      Après l’augmentation de l’exposition et des durations recommandée sur les obligations américaines au deuxième semestre 2022, il est désormais temps de profiter de la remontée récente des taux en euro et en francs suisses. Il s’agit de renforcer la part de ces marchés en privilégiant les débiteurs de bonne qualité. Nous restons en effet convaincus que le pire de la correction obligataire est passé. L’environnement s’améliore progressivement pour cette classe d’actifs qui devrait afficher de meilleures performances cette année et faire quelque peu oublier le calamiteux exercice 2022.

       

       

       

       

      Daniel Varela

      Chief Investment Officer

      Banque Piguet Galland

       

      Daniel Varela est le Chief Investment Officer de la banque Piguet Galland. Daniel Varela est entré à la Banque Piguet & Cie en 1999, en tant que responsable de l’analyse et de la gestion obligataire. Il est devenu responsable de la stratégie d’investissement en juillet 2011, puis membre du comité de direction de Piguet Galland en janvier 2012. Daniel Varela gère également depuis plus de vingt ans le Piguet Global Fund – International Bond, un fonds obligataire distingué à de multiples reprises pour la qualité de ses performances.

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      Equities

      Générer de la valeur au sein de la part Actions

      Malgré un contexte qui reste pénalisant, la hausse des actifs risqués au premier trimestre obéit à une certaine logique. Stéphanie de Torquat, CIO chez Silex, nous en propose ici l’analyse.

       

      • Par Stéphanie de Torquat
      • Silex

      Après une année noire pour les investisseurs, 2023 a démarré sous le signe de l’optimisme, avec une hausse généralisée des actifs risqués. Bien qu’en apparente contradiction avec une remontée des taux d’intérêt historiquement rapide, cette hausse est en réalité cohérente avec la phase actuelle du cycle.

      Le prix des actions n’est rien d’autre que la combinaison de deux composantes : la valorisation, ou le prix que les investisseurs sont prêts à payer par unité de bénéfices générés (ratio PE), et la quantité de bénéfices générés.

      La valorisation peut être assez aisément expliquée par les taux d’intérêt. Lorsqu’il est possible d’obtenir des niveaux de rendement conséquents avec des risques contenus, comme aujourd’hui, les investisseurs exigent davantage de bénéfices par unité payée. Le ratio PE sera donc plus faible. En revanche, lorsque les rendements sont proches de zéro, ils seront plus enclins à acheter des actions chères – le fameux « TINA », There Is No Alternative. Il existe donc une relation inverse entre les ratios PE et les taux.

      La croissance des bénéfices, quant à elle, est liée à la dynamique économique, qui joue un rôle important dans la capacité des entreprises à générer des bénéfices.

      Ainsi, nous pouvons distinguer quatre phases dans le cycle macro/actions, qui se sont déroulées très clairement jusqu’ici aux États-Unis :

      1. Mars 2020 à décembre 2021 : les banques centrales baissent les taux pour propulser l’économie hors de la récession. Les ratios PE et les bénéfices augmentent, ce qui entraîne une forte performance du marché actions : +114% pour le S&P500, +54% en termes annualisés.

       

      1. Janvier 2022 à décembre 2022 : les banques centrales relèvent les taux pour calmer une économie en surchauffe, ce qui entraîne une contraction des PE. La croissance économique reste résiliente, les bénéfices sont globalement stables, mais les marchés actions corrigent. Il s’agit de la première phase du marché baissier. Le S&P500 perd 20%.

       

      1. Depuis janvier 2023 : les banques centrales signalent la fin de leur cycle de resserrement monétaire, ce qui entraîne une stabilisation des valorisations. Les conditions restrictives n’ayant pas encore pleinement impacté l’économie réelle, les bénéfices restent résilients. Les actions sont volatiles autour d’une tendance non directionnelle. Il s’agit de la phase la plus difficile du marché baissier, qui peut être sujette à de violents mouvements de rachats de positions vendues à découvert car les investisseurs ne peuvent pas se permettre de rater la hausse après une année difficile. C’est la phase dans laquelle nous nous trouvons actuellement. Avec la désinflation et un marché de l’emploi solide, les replis du marché sont achetés. Mais les pics peuvent également être vendus avec le spectre d’une récession induite par une Fed restrictive.

       

      1. Une fois que la récession frappera, les bénéfices s’effondreront et les actions revisiteront leurs plus bas, avant que les baisses de taux de la Fed ne viennent à la rescousse, permettant des multiples plus élevés et, à terme, un rebond des bénéfices lorsque la croissance économique commence à se redresser.

      Bien sûr, en cas d’atterrissage en douceur, les bénéfices n’ont pas lieu de s’effondrer et les actions résistent. Mais dans un scénario où la récession finit par arriver, ce que nous anticipons entre fin 2023 et mi-2024, le plus pertinent est de conserver une allocation prudente.

      C’est pourquoi nous sommes convaincus que la bonne approche dans l’environnement actuel consiste à générer de la valeur au sein de la part actions, au travers de choix sectoriels relatifs marqués et d’une sélection de titres pertinente. A cet égard, le récent rebond record des valeurs cycliques européennes par rapport aux défensives est en décalage avec les fondamentaux macro-économiques. La sous-valorisation de ces valeurs défensives offre à notre avis un point d’entrée très intéressant pour revisiter la partie la plus défensive du marché, qui devrait surperformer les cycliques.

       

      Stéphanie de Torquat

      Chief Investment Officer

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      Stéphanie de Torquat occupe les fonctions de Chief Investment Officer chez Silex depuis l’automne dernier. Elle travaillait auparavant chez Lombard en tant que macro-économiste senior et membre du comité d’investissement. Plus tôt dans sa carrière, de 2006 à 2010, elle a été membre de l’équipe de stratégie d’investissement chez Goldman Sachs Asset Management à Londres, où elle couvrait essentiellement la clientèle institutionnelle. Stéphanie est diplômée de l’ENSAE à Paris, l’Ecole Nationale de la Statistique et de l’Administration Economique, et détient un Master of Science en ingénierie financière de l’université de Columbia, à New York.

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      Crypto

      Les stablecoins attisent les convoitises

      Les stablecoins ont profité de la hausse des taux d’intérêt. Les différents émetteurs se livrent un combat sans pitié pour gagner des parts de marché, alors que les régulateurs, notamment américains, serrent la vis et cherchent à éviter un nouveau scandale dans l’univers des actifs digitaux.

      • Par Christophe Magnin
      • AtonRâ

      Les stablecoins jouent un rôle essentiel dans l’écosystème des cryptomonnaies. Adossé à un actif (en général le dollar américain) ou un panier d’actif, ils ont l’avantage de ne pas être volatile comme le Bitcoin ou d’autres cryptos et de servir de réserve de valeur. Ils évoluent sur les différents protocoles blockchain desquels ils tirent des caractéristiques intéressantes par rapport à la monnaie traditionnelle, comme une disponibilité de manière continue, un dénouement quasi instantané, ou un certain niveau de transparence et de traçabilité.

      Les cas d’utilisation des stablecoins sont variés. De par leur conception, ils créent un lien entre la finance traditionnelle et son pendant digital. De plus en plus de marchands en ligne, ont ajouté la possibilité de payer avec des stablecoins. Les stablecoins permettent de faire des transferts de fonds, notamment internationaux, à une fraction des coûts habituels.

      En finance décentralisée (DeFi), les stablecoins sont utilisés pour emprunter et prêter des fonds, et pour fournir de la liquidité sur les échanges décentralisés et d’autres protocoles DeFi. Les investisseurs institutionnels utilisent les stablecoins pour acheter, vendre ou swaper leur allocation crypto.

      Un marché significatif

      Alors qu’il y avait moins de $5 milliards de stablecoins en circulation à la fin 2019, l’engouement pour les cryptos a changé la donne. Aujourd’hui les intervenants se partagent environ $135 milliards, un chiffre en légère baisse suite aux différents scandales et fraudes qui ont éclaboussé l’industrie de la crypto en 2022. Alors que le monde continue de se digitaliser et que la tokenisation de tous les actifs est sur le point de commencer, le marché des stablecoins devrait continuer de croître de manière significative.

      Ceci est une véritable aubaine pour les émetteurs de stablecoins : Plus de stablecoins en circulation impliquent plus de réserves à gérer et potentiellement investir. Bien que chacun des plus de 100 stablecoins en circulation soit conçu de manière différente, les leaders du marché utilisent des actifs traditionnels comme collatéral des stablecoins émis. Certains ne conservent que du cash, d’autres réinvestissent les dépôts en instrument de taux à plus ou moins court-terme. L’envolé des taux américains a permis aux émetteurs de générer des milliards de dollars sur les investissements qui garantissent la stabilité du peg avec la valeur de référence. Ces revenus représentent presque une marge nette, sachant que les détenteurs de stablecoins ne bénéficient en général d’aucun intérêt provenant des réserves.

      Là où le bât blesse, c’est que plus de 90% marché est réparti entre 4 stablecoins – USDT, USDC, BUSD et DAI. L’USDT, géré par Tether, a une part de marché supérieur à 50%. Ce stablecoin bénéficie d’avoir été parmi les premiers sur le marché et d’avoir noué des liens importants avec les plus grosses places de trading. Il existe cependant beaucoup de questions autours des réserves qui servent de collatéral. Bien que la société ait amélioré sa transparence, 15-20% des réserves restent investies dans des actifs peu liquides et volatiles (cryptomonnaies, prêts, obligations d’entreprise, etc.). Une éventuelle panique des investisseurs pourrait contraindre Tether à liquider ces actifs avec une décote, faisant perdre à l’USDT sa parité avec le dollar américain.

      Dans l’œil du régulateur

      Avec une volonté de réduire les risques pour les petits investisseurs et pour le système financier dans son ensemble, les différentes agences américaines se penchent sur le design des stablecoins. Pour simplifier, si les réserves sont constituées d’instrument financier, alors le stablecoin est considéré comme un instrument financier. La SEC a ordonné à la société américaine Paxos d’arrêter toute émission de BUSD, l’émetteur basé aux Etats-Unis du BUSD. Les réserves étaient notamment investies dans des obligations du Trésor américain à long terme.

      D’autres stablecoins, notamment l’USDC de Circle et Coinbase, font le pari de passer entre les mailles du filet en proposant un « e-money », dont le collatéral est uniquement composé de cash et de T-Bills à 90 jours. Un collatéral de qualité ne résulte pas forcément en une absence de risque. L’USDC a temporairement perdu son peg avec le dollar, alors qu’une partie du cash était déposée auprès de la défunte Silicon Valley Bank (SVB).

      Un arrêt forcé de l’USDT ou de l’USDC pourrait avoir des conséquences sur la liquidité du marché des cryptos. Cependant, cette industrie a prouvé à de nombreuses reprises sa capacité à rebondir et à s’adapter à un nouveau statut donné. L’innovation financière au travers de la blockchain ne fait cependant que commencer, et les stablecoins devraient conserver un rôle majeur dans l’écosystème, au moins jusqu’à l’apparition des monnaies digitales de banque centrales. Mais au rythme où évoluent ces projets dans les pays développés, les stablecoins ont encore de beaux jours à venir !

      *************

      Christophe Magnin, CFA, est responsable de l’équipe d’investissement d’AtonRâ Partners, spécialiste de l’investissement thématique à Genève. Il couvre notamment les stratégies liées à la digitalisation des services financiers. Christophe était précédemment responsable des investissements chez And Private Wealth SA et a également travaillé à dans l’équipe d’investissement de la Banque Hinduja. Christophe a obtenu un bachelor en économie d’HEC Lausanne, suivi d’un master en ingénierie financière de l’université technologique de Nanyang à Singapour.

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