Percée
Bruno Sousa
Hashdex
Les États-Unis ouvrent une nouvelle ère pour les cryptos
En 2025, une forte désynchronisation entre les économies et les politiques monétaires semble se profiler entre les Etats-Unis et l’Europe. Selon Emmanuel Petit, la bonne performance du marché du crédit dépendra dès lors du bon alignement des politiques monétaires avec l’environnement macroéconomiques propre à chaque région.
Par Jérôme Sicard
Quels éléments marquants retenez-vous de 2024 ?
Le pivot des banques centrales, avec l’initiation d’un cycle de baisse des taux, reste l’élément majeur de 2024 pour les marchés de taux. Cet ajustement s’est concrétisé dans un contexte où l’inflation, bien qu’en recul, reste encore éloignée de la cible des 2 %. Néanmoins, en dépit de leur décalage, les politiques monétaires de la Fed et de la BCE ont convergé dans la même direction. L’anticipation de ces mouvements par les investisseurs a permis aux marchés de réagir positivement tout au long de l’année. L’incertitude s’est toutefois accentuée au cours du dernier trimestre. L’élection de Donald Trump a engendré une divergence dans les anticipations de part et d’autre de l’Atlantique. Cette situation s’est traduite par une hausse des taux longs aux États-Unis, portée par des promesses de relance économique, quand, en Europe, les taux courts ont baissé sous l’effet de craintes liées à une croissance affaiblie.
Quelles en ont été les conséquences ?
Ce sont deux causes distinctes qui ont pourtant engendré les mêmes effets, une pentification modérée des courbes de taux dans chacune des zones. Dans l’ensemble, les banques centrales ont réussi à maintenir un équilibre relatif en 2024. Cependant, des perspectives de dynamiques économiques très distinctes de part et d’autre de l’Atlantique semblent s’esquisser pour 2025. L’année s’achève sur une forte instabilité politique en Europe et, si les urnes ont d’ores et déjà rendu leur verdict aux États-Unis, l’impact des mesures potentiellement mises en œuvre par l’administration Trump pourrait accentuer ces divergences.
Sur quel scénario central tablez-vous pour 2025 ?
Nous nous attendons à une désynchronisation des économies et des politiques monétaires de part et d’autre de l’Atlantique en 2025. Les banques centrales semblent maintenir le cap et les courbes de taux poursuivent leur pentification avec un accroissement du risque sur les taux longs. En se fiant aux anticipations de marché, avec quatre baisses de taux actuellement envisagées, la tendance européenne s’est alignée à la dynamique américaine. Le taux terminal de la BCE pourrait donc se situer au-delà des 2 %.
Il est toutefois probable que cette dernière soit contrainte d’adopter un rythme plus soutenu. La croissance reste bien évidemment sa principale préoccupation, alors que les incertitudes politiques continuent de peser, au même titre que les velléités protectionnistes du nouveau président américain. Aux États-Unis justement, il paraît difficilement envisageable pour la Fed de procéder à de nouvelles baisses de taux, notamment en raison des risques inflationnistes liés au programme de la future administration américaine. La banque centrale est, jusqu’à présent, parvenue à rapprocher l’inflation de la cible sans engendrer de récession, concrétisant le scénario quasi-idyllique « d’Immaculate Disinflation ». Il semble probable que le taux neutre puisse désormais se situer à un niveau plus élevé qu’elle ne l’envisageait auparavant.
Comment prendre ses marques dans un tel environnement ?
Le marché du travail sera à scruter de près, de même que l’impact des mesures promises par le candidat Trump. On ne peut exclure que la banque centrale américaine soit amenée à remonter ses taux courant 2025. Cette nouvelle année devrait néanmoins s’inscrire dans la continuité de 2024 avec une pentification progressive des courbes de taux. L’agilité sera la clé tant les opportunités pourraient émerger d’événements et décisions aux effets contradictoires selon les zones.
En somme, la bonne tenue du marché du crédit reposera sur le bon alignement des politiques monétaires avec l’environnement macroéconomiques propre à chacune. Dans ce contexte, la flexibilité affichée par la Fed contraste avec l’apparente rigidité du calendrier de la BCE. Toutefois, au regard des fondamentaux actuels, la classe d’actifs continue de bénéficier d’un attrait certain. Nous restons attentifs à la cyclicité de nos positions et à la qualité de crédit en général. Si les valorisations de certains segments peuvent paraître élevées, nous les estimons justifiées au regard des fondamentaux et tant que l’environnement macroéconomique ne se dégrade pas.
Quels vents contraires – ou favorables – avez-vous identifiés ?
Parmi les vents contraires, la donne politique reste la principale source d’inquiétude. Les élections anticipées en Allemagne et un contexte gouvernemental fragile en France pèsent sur la croissance déjà atone des deux principaux moteurs de la zone euro. D’autant que les mesures promises par Donald Trump – baisse de la fiscalité, lutte contre l’immigration et hausse des tarifs douaniers – sont de nature à enfoncer l’Europe afin de dynamiser l’économie américaine. Ces mesures comportent, en outre, un risque inflationniste qui ne doit pas être négligé.
A quoi s’attendre de la part de la Fed ?
La Fed pourrait alors être écartelée entre ses deux principales préoccupations : l’inflation et l’emploi. Le marché du travail commence d’ailleurs à envoyer des signaux contradictoires, alors que la volonté affirmée par Donald Trump de réduire l’immigration pourrait accentuer les tensions et renforcer l’inflation salariale. Un retour de l’inflation contraindrait la Fed à remonter ses taux, engendrant de l’instabilité au sein du marché du crédit. Certains éléments demeurent néanmoins porteurs. L’environnement économique reste favorable à la classe d’actifs. Bien qu’en absolu les rendements soient inférieurs à ceux des années passées, en relatif, ils s’avèrent plus attractifs que ceux des actifs monétaires. Les flux devraient, par conséquent, se maintenir. Par ailleurs, face aux fortes incertitudes de la période, la classe d’actifs fait preuve d’une résilience remarquable. De plus, la capacité des banques centrales à opérer les ajustements nécessaires et à se rapprocher de leur cible d’inflation a permis d’assurer une relative stabilité au sein des marchés. On peut espérer qu’elles poursuivent dans cette voie.
Emmanuel Petit
Rothschild & Co Asset Management
Emmanuel Petit a débuté sa carrière en 1998 chez HSBC Asset Management comme analyste dans le domaine de l’attribution de performances AIMR-GIPS puis il est devenu analyste crédit en 2001. En 2006, il rejoint Rothschild & Co Asset Management en tant que gérant obligataire sur les obligations privées. Il en est responsable de la gestion obligataire depuis 2011. Emmanuel est diplômé d’un mastère spécialisé en Finance d’entreprise et membre de la SFAF (Société Française des Analystes Financiers).
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Après une année 2024 marquée par « l’exceptionnalisme américain », l’année 2025 s’annonce surtout riche en incertitudes. Pour Yoann Ignatiew, associé-gérant chez Rothschild & Co Asset Management, les premières mesures de l’administration Trump seront décisives tant elles sont susceptibles d’impacter le reste du monde.
Par Jérôme Sicard
Quel est votre scénario central pour 2025 ?
Nous abordons l’année 2025 avec un positionnement résolument prudent, et nous n’avons pas l’intention de nous réexposer au risque de manière significative dans le contexte actuel. Les répercussions de l’année électorale qui vient de s’écouler, à l’échelle mondiale, associées à un second mandat de Donald Trump aux États-Unis, amplifient les incertitudes autour de l’inflation, de la croissance et des échanges commerciaux. En parallèle, les investisseurs doivent naviguer dans un environnement marqué par une nouvelle réalité géopolitique, des évolutions dans les chaînes d’approvisionnement et l’essor fulgurant de l’intelligence artificielle. Dans ce contexte nous restons convaincus que des opportunités demeurent.
Où voyez-vous ces opportunités ?
Aux États-Unis, le marché actions reste attractif grâce à une croissance économique solide, des bénéfices robustes et une forte innovation. Bien que les flux restent concentrés sur les Magnificent Seven, d’autres opportunités existent, notamment dans les valeurs bancaires qui devraient bénéficier de la déréglementation promise. Au niveau des résultats des entreprises, les attentes de croissances de bénéfices extrêmement forte, autour de 15 %, sont à surveiller. Une déception des investisseurs pourrait entraîner un mouvement de vente important.
En Europe, malgré les freins liés à l’énergie, à l’instabilité politique et à une faible productivité, des opportunités se trouvent dans les secteurs de la santé, des industries et du luxe, portés par des entreprises compétitives à l’échelle mondiale. Il est difficile de considérer les pays émergents comme un bloc homogène, tant leurs particularités économiques diffèrent. Néanmoins, dans l’ensemble, la croissance a montré une résilience notable, et l’inflation s’est nettement repliée par rapport aux sommets atteints en 2022.
Et qu’en est-il de la Chine plus particulièrement dans ces marchés émergents ?
En Chine, malgré des mesures de relance importantes, le Parti peine à dynamiser sa demande intérieure. Les annonces d’assouplissement monétaire de novembre ont déçu, mais le gouvernement conserve une marge de manœuvre pour augmenter le déficit. La réélection de Donald Trump et la menace de nouveaux droits de douane pourraient accentuer cette pression, obligeant Pékin à privilégier la consommation intérieure face à un environnement exportateur plus difficile. Nous conservons notre volonté d’être exposé à la consommation locale en Chine et, plus globalement, en Asie et en Amérique Latine. En conclusion, notre scénario est celui d’un environnement incertain, où les défis liés à la géopolitique, à l’inflation et à la croissance coexistent avec des opportunités, notamment dans des secteurs spécifiques parfois délaissés et des marchés régionaux résilients.
Dans l’environnement actuel, à quels vents favorables, ou contraires, vous attendez-vous ?
En 2025, plusieurs éléments clés pourraient influencer les marchés. Parmi eux, la divergence des politiques monétaires entre la Fed et la BCE. La Fed pourrait maintenir des taux élevés pour contenir une inflation stimulée par la politique expansionniste de Donald Trump, tandis que la BCE pourrait adopter une posture plus accommodante pour soutenir une croissance morose en Europe. Les 100 premiers jours du président américain seront décisifs : ses baisses d’impôts et les déréglementations promises pourraient stimuler la croissance à court terme, mais un protectionnisme accru risque de freiner l’économie et d’exacerber l’inflation.
La perspective d’un dollar fort pourrait peser sur les exportations américaines et mettre en difficulté les économies émergentes endettées en dollars. Parallèlement, la mode de l’intelligence artificielle concentrant les flux boursiers est à surveiller. Une correction significative est à craindre en cas de déception des investisseurs quant à la capacité des entreprises à transformer concrètement cette technologie en résultats. De plus, le développement de l’IA pose des défis énergétiques de par sa forte consommation. Du côté de l’Asie, la Chine doit recentrer sa croissance sur la demande interne pour compenser un environnement commercial international plus difficile. Enfin, à l’échelle mondiale, l’augmentation des dettes publiques reste un défi majeur, avec un déficit budgétaire américain de 6,3 % du PIB en 2024 et une dette globale mondiale atteignant 93 % du PIB.
Yoann Ignatiew
Rothschild & Co Asset Management
Yoann Ignatiew est responsable du pôle de Gestion Actions Internationales et Diversifiée chez Rothschild & Co Asset Management. Il est également gérant de portefeuilles et membre du comité exécutif. Avant d’intégrer Rothschild & Co Asset Management en 2008, Yoann Ignatiew a travaillé successivement chez CCF, Morgan Stanley, Ixis AM et Banque Privée Saint Dominique d’actifs. Chez Rothschild & Co Asset Management il gère notamment R-co Valor, depuis 2008, R-co Gold Mining, depuis 2012, R-co Valor Balanced, depuis 2018 et R-co Valor 4Change Global Equity, depuis 2021. En 2023, il a été nommé associé-gérant de et il est devenu en 2024 responsable du pôle Gestion Actions Internationales et Diversifiée. Yoann Ignatiew est diplômé du master Monnaie, Finance de l’Université Paris I Panthéon-Sorbonne.
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Après avoir dressé la semaine passée le bilan des hedge funds pour 2024, Cédric Dingens présente ici ses perspectives pour 2025 et détaille les stratégies qui affichent les meilleurs potentiels dans un secteur en plein évolution.
Par Jérôme Sicard
Pour l’année qui vient, où pensez-vous qu’il soit envisageable d’aller chercher de l’alpha ?
Les stratégies global macro vont continuer à tirer leur épingle du jeu même si cela ne va pas être un long fleuve tranquille. Les stratégies « relative value » sur les taux n’ont pas bien fonctionné cette année et je pense qu’elles devraient reprendre des couleurs en 2025. La combinaison endettement élevé + incertitudes politiques dans certains pays est propice à des mouvements de taux abruptes. En outre, les spreads de crédits ayant atteint des niveaux proches des plus bas historiques dans un contexte de ralentissement économique en Europe, les stratégies « credit long/short » devraient offrir des performances ajustées au risque intéressantes. De manière générale, les ingrédients sont réunis pour que les hedge funds continuent à bien performer : des taux d’intérêts normalisés, une forte dispersion sectorielle et géographique et une volatilité soutenue des différentes classes d’actifs.
A quoi ressemble aujourd’hui l’univers des hedge funds ?
Avec plus de 4’500 milliards de dollars d’actifs, l’univers des hedge funds est dense, varié et intéressant. Les plateformes multi-gérants ont attiré beaucoup d’actifs ces trois à quatre dernières années pour représenter aujourd’hui plus de 20% de l’industrie. Elles allouent de plus en plus de capital à des gérants externes, avec une force de frappe qui n’a jamais été aussi grande dans l’histoire. En témoignent les termes de liquidité plus restrictifs imposés aux investisseurs – on peut y voir ici une forme de convergence entre le monde des hedge funds et le private equity – et les structures de frais « pass-through expenses ». Sur ce dernier point, les investisseurs remboursent directement certaines dépenses spécifiques liées à la gestion et au fonctionnement du fonds, en plus des frais traditionnels de gestion et de performance. La raison est simple : attirer les meilleurs traders. Au final, l’objectif est de bien évaluer si le jeu en vaut la chandelle.
Mais ne nous y trompons pas, nous trouvons des gérants de grande qualité à forte valeur ajoutée dans tout type de stratégie – global macro, equity long/short, event-driven, credit long/short, systematic – avec des tailles diverses. La culture d’entreprise est importante pour que les traders puissent s’épanouir. La connaissance de l’écosystème et la recherche demeurent des éléments clés pour construire un portefeuille de qualité.
Comment voyez-vous évoluer cet univers?
L’industrie des hedge funds est relativement mature mais en constante évolution. Je la vois évoluer favorablement pour plusieurs raisons.
D’abord, nous avons beau constater l’inexorable ascension de la gestion passive et qui se justifie à bien des égards, la demande pour des stratégies plus sophistiquées, génératrice d’alpha et offrant un « confort psychologique » plus grand va continuer à croître. Les clients privés d’une certaine taille ont en général une allocation en gestion alternative.
Deuxièmement, sans préjuger de l’évolution des marchés actions, nous sommes désormais dans un « bull market » qui dure depuis plus de 10 ans. L’histoire nous a montré que des cycles existaient et que nous ne sommes pas à l’abri d’une période plus compliquée. De plus, une bonne partie des stratégies ont un profil qui représente une alternative intéressante à une allocation obligataire et les taux courts sont plutôt sur la pente descendante.
Enfin, la réglementation a été une crainte plus prégnante ces dernières années. Néanmoins, l’élection de Trump aux États-Unis et la nomination au poste de secrétaire du Trésor américain de Scott Bessent – un hedge fund manager qui a fait une bonne partie de sa carrière chez George Soros et que nous connaissons bien – va dans le bon sens.
En fin de compte, c’est une question de philosophie d’investissement et de savoir si nous souhaitons avoir un portefeuille activement géré en termes de risque ou pas. Par ailleurs, l’alignement d’intérêt reste la pierre angulaire de tout investissement en hedge funds.
Comment les gérants alternatifs cherchent-ils à innover aujourd’hui pour conserver leur dimension « high tech » ?
Ils n’hésitent pas à se doter des meilleures infrastructures IT/Cloud pour leur environnement de travail. Posséder un système IT performant donne un accès aux données en temps réel, une capacité de modélisation, d’exécution et de gestion du risque optimal.
Les hedge funds ont été parmi les précurseurs de l’exploitation des Big Data et notamment de données alternatives innovantes afin de pouvoir identifier des tendances avant les autres dans le marché. C’est une course contre la montre et la recherche permet de faire la différence. Alors qu’ils ont subi une concurrence farouche de la part des sociétés tech pour attirer les meilleurs talents – les geeks d’entre les geeks ! – la tendance est désormais plus à la collaboration.
Enfin, l’émergence de l’IA permet un gain de temps et donne une capacité d’analyse supérieure dans des ensembles de données complexes. Les algorithmes d’apprentissage automatique aident à modéliser et tester différentes stratégies en temps réel, améliorant la prédictibilité des mouvements de marché.
Cédric Dingens
NS Partners
Cédric Dingens dirige le pôle « Investment Solutions & Institutional Clients » de NS Partners. Cédric a débuté sa carrière à la Banque du Luxembourg en 2001. L’année suivante, il a rejoint Notz Stucki à Luxembourg en tant que gestionnaire de portefeuille. Il a développé le cadre interne de gestion des risques quantitatifs avant d’être nommé responsable de la gestion des risques à Genève en 2010, puis d’être promu à son poste actuel en 2016. Il est titulaire d’un diplôme en finance quantitative de l’École nationale supérieure des mines de Nancy (France) et détient la certification Chartered Alternative Investment Analyst.
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Alors que l’exercice 2024 touche à sa fin, les hedge funds présentent un bilan très favorable. C’est plus particulièrement le cas des stratégies long short. Elles affichent d’excellentes performances, aidées par la fin du free money et le retour aux fondamentaux, conditions qui ont permis de générer de l’alpha tant sur les books long que sur les books short.
Par Jérôme Sicard
Dans l’univers des hedge funds, quelles stratégies ont enregistré les meilleures performances cette année ?
Toutes les stratégies de hedge funds ont plutôt bien performé cette année. Avec un bon choix de gérants, les performances ont même été excellentes.
Celle qui a le mieux performé est la stratégie global equity long/short. Dans le fonds Haussmann, elle est en hausse de +18.2% year-to-date, au 30 novembre, nette de frais, à comparer avec les 20% de hausse de l’indice MSCI World. Les gérants avec un biais européen ont également bien performé. Ils gagnent +15.5% year-to-date en Euro, alors que l’indice MSCI Europe s’en tient à +6.3%. Et les gérants concentrés sur l’Asie surperforment aussi les indices – +14.0% year-to-date en Dollar versus +8.3% pour le MSCI AC Asia Pacific – tout en affichant des niveaux de volatilité bien inférieurs.
La stratégie global macro discrétionnaire affiche également une belle performance avec +15.2% même si la dispersion entre les gérants s’avère plus importante. Le contexte de marché avec une volatilité accrue de toutes les classes d’actifs – taux, devises, matières premières et actions dans une moindre mesure… – est favorable aux traders macro.
Quels ont été les mauvais élèves de la classe hedge funds en 2024 ?
Ceux qui ont le plus souffert sont les gérants systématiques/CTA qui emploient des modèles de « trend following ». Ils ont plutôt bien commencé l’année avant de corriger significativement pour n’être en hausse que de +1.1% si l’on se réfère à l’indice SG CTA. Les gérants actifs sur les matières premières ont eu une année difficile en générale même s’il n’est pas rare qu’ils fassent leur Profit & Loss de l’année en quelques semaines et l’année n’est pas terminée.
La performance des fonds multi-stratégies multi-gérants peut aussi être considérée comme décevante avec une performance autour des +6/+8% en fonction des indices, à comparer avec des fonds money market USD en hausse de près de 5% cette année. Cela ne constitue pas une surprise majeure dans la mesure où ces plateformes ont attiré beaucoup d’argent depuis le COVID. Sur fonds de guerre des talents pour attirer les meilleurs traders, la digestion de ces actifs s’avère délicate et la génération d’alpha s’en ressent.
Quelles stratégies les investisseurs ont-ils eu tendance à privilégier cette année ?
Les investisseurs ont eu tendance à privilégier d’une part, les fonds multi-stratégies multi-gérants dans un objectif de recherche de performances stables décorrélées des marchés et d’autre part, les fonds global macro dans un contexte macroéconomique moins lisible.
Il existe un biais humain naturel qui pousse à privilégier les stratégies et gérants ayant des performances récentes supérieures à la moyenne alors qu’il est souvent judicieux d’avoir une approche contrariante, partant du principe que la sélection est bonne.
Après l’excellente performance des CTAs en 2022, dans un contexte de baisse généralisée des marchés actions et obligataires, de nombreux investisseurs y ont augmenté leur exposition alors que ce n’était pas le bon moment. L’indice SG CTA a en effet perdu 2.2% depuis le 1er janvier 2023.
Pourquoi l’environnement actuel a-t-il été si favorable aux long-short ?
Les gérants equity long/short affichent de très bonnes performances ajustées au risque depuis plus de deux ans grâce à différents facteurs.
Après une période prolongée de taux très bas, nous sommes enfin revenus à un environnement de taux d’intérêt normalisé. Même si les grandes banques centrales, à l’exception notable du Japon, ont commencé à baisser leurs taux, il n’est pas prévu de se rapprocher des 0%, à moins d’un sévère coup de bambou.
Nous sommes donc à nouveau rémunérés pour « shorter » ou vendre à découvert des titres à une certaine échéance, ce qui change fondamentalement la donne. Les books shorts en dollars ont ainsi rapporté environ 4.5% cette année.
Plus important, l’ère de l’argent gratuit arrive à son terme et cette fin commence à produire ses effets sur un ensemble d’entreprises mal gérées, dans des secteurs en difficultés. En témoigne le grand écart entre la performance du S&P 500 « cap-weighted » et du S&P 500 « equally-weighted ». De nombreuses sociétés américaines ont ainsi vu leur cours de bourse baisser cette année et les gérants ont gagné de l’argent sur leurs books shorts.
Les gérants long/short ont également généré de l’alpha sur leurs books longs. Ils réussi à afficher un alpha positif sur 10 mois des 11 premiers mois de 2024. Avec une volatilité et une dispersion accrue entre secteurs et sociétés, le marché est favorable au stock picking, long comme short, et l’élection de Trump n’a fait qu’accentuer ce phénomène.
Pour s’en tenir au S&P500, dans quels secteurs voit-on aujourd’hui le plus de dispersion ?
Tous les secteurs du S&P 500 affichent des niveaux de dispersion supérieurs à leur moyenne historique mais ceux qui se démarquent le plus aujourd’hui sont les Industrielles, l’Energie et les Utilities. Ce n’est pas un hasard si les Industrielles représentent la plus grande allocation sectorielle en exposition brute d’un fonds comme Haussmann. Par ailleurs, nous avons sélectionné un certain nombre de gérants actifs dans le secteur Energie qui ont une vraie approche long/short sur ces trois dernières années. Encore une fois, la bonne nouvelle est que nous voyons de la dispersion dans tous les secteurs et des phénomènes comme l’IA ne va faire que renforcer cette tendance.
Vous-même, que retenez-vous de cet exercice 2024 ?
Il n’est pas encore terminé ! Cela dit, 2024 est une année positive pour la gestion hedge funds. Les performances, absolue et relative, sont déterminantes mais la manière dont celles-ci ont été générées est encore plus importante. Les gérants long/short ont bien performé tout en conservant une exposition nette au marché qui est raisonnable et, de surcroit, avec un portefeuille diversifié en termes de secteurs et de titres. En ce sens, un tel portefeuille se démarque clairement de la concentration des indices boursiers aujourd’hui. Grâce à ce positionnement, qui évolue au cours du temps, nous craignons moins les scénarios de rotations importantes entre les secteurs « growth » et « value ». La meilleure preuve en est la très bonne performance des gérants depuis l’élection de Trump.
Un deuxième aspect que nous pouvons mettre en avant est le regain d’intérêt de la part de clients privés pour les hedge funds. Après avoir connu de belles années avec le private equity, certains émettent le souhait de se diversifier en s’exposant à des stratégies différentes.
Cédric Dingens
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Cédric Dingens dirige le pôle « Investment Solutions & Institutional Clients » de NS Partners. Cédric a débuté sa carrière à la Banque du Luxembourg en 2001. L’année suivante, il a rejoint Notz Stucki à Luxembourg en tant que gestionnaire de portefeuille. Il a développé le cadre interne de gestion des risques quantitatifs avant d’être nommé responsable de la gestion des risques à Genève en 2010, puis d’être promu à son poste actuel en 2016. Il est titulaire d’un diplôme en finance quantitative de l’École nationale supérieure des mines de Nancy (France) et détient la certification Chartered Alternative Investment Analyst.
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Acteur clé dans le domaine de la Blockchain, Solana s’est attirée une attention notable sur le marché des cryptomonnaies en raison de ses performances récentes. Une question surgit alors dans l’optimisme qui a suivi l’élection de Donald Trump : après que le bitcoin ait passé le seuil des 100’000 dollars, Solana pourrait-il de son côté franchir la barre des 1’000 dollars ?
Les origines de Solana remontent à 2017. Anatoly Yakovenko, ancien ingénieur de Qualcomm, propose alors une blockchain capable de traiter des données avec une vitesse et une efficacité sans précédent. En mars 2020, Solana lance sa version bêta, démontrant sa capacité à traiter plus de 65’000 transactions par seconde à un coût extrêmement bas. La plateforme connait une croissance particulièrement forte en 2021, stimulée par la demande pour la finance décentralisée DeFi et les NFTs. Son cours en profite pour grimper de 0,75 à un sommet de 259,96 dollars.
En 2022, avec l’effondrement de FTX et de sa société sœur Alameda, qui détient une grande quantité de SOL , Solana n’échappe pas à la correction crypto et son cours chutte à 8,42 dollars. Solana a opéré depuis un rebond assez remarquable en se concentrant sur les améliorations de son réseau et des innovations technologiques. Son prix a grimpé de plus de 2’690 % par rapport à son point bas de 2022 et se situe désormais à 235 dollars.
Au 3ème trimestre 2024, les investissements institutionnels dans l’écosystème Solana ont atteint un niveau record. De plus, l’activité liée à la popularité croissante des «meme coins» basés sur Solana a enregistré des gains significatifs. «Les meme coins attirent de nouveaux utilisateurs vers l’écosystème, ouvrant la voie à leur transition vers des cas d’usage plus sophistiqués comme la DeFi et les NFTs», souligne Dramane Meite, directeur produit chez Hashdex. Avec une capitalisation boursière de plus de 109 milliards de dollars, Solana se classe aujourd’hui au 5ème rang des cryptomonnaies.
Retour vers le futur.
La robustesse de son infrastructure a été un élément clé de son succès. Sa blockchain à haute vitesse permet une mise à l’échelle efficace tout en maintenant des coûts de transaction faibles, ce qui la rend particulièrement attrayante pour les applications basées sur la blockchain. Pour répondre aux préoccupations passées concernant les interruptions du réseau, Solana a introduit des clients validateurs alternatifs (Firedancer et Tinydancer), améliorant ainsi la stabilité et la décentralisation.
Les investissements institutionnels ont également été un moteur de croissance. «Les investisseurs institutionnels sont attirés par Solana en raison de sa capacité à gérer de manière transparente la tokenisation et les applications de niveau entreprise» , ajoute Pedro Lapenta, Head of Research chez Hashdex, La domination de Solana est également évidente dans la DeFi. En novembre 2024, le volume de ses échanges décentralisés (DEX) de Solana a dépassé 121,39 milliards, quasiment le double de ceux d’Ethereum, à savoir 63,67 milliards. Ce point illustre clairement le leadership de Solana dans les services financiers basés sur la blockchain, aidé par ses faibles frais et son réseau évolutif, qui continuent d’attirer développeurs et utilisateurs.
Malgré ces atouts, Solana doit cependant composer avec quelques incertitudes réglementaires. La SEC a récemment rejeté plusieurs demandes relatives aux ETFs basés sur Solana, invoquant des préoccupations concernant sa classification en tant que “security”. La position du président de la SEC, Gary Gensler, suggère que les ETFs SOL au comptant sont peu susceptibles d’être approuvés sous l’administration actuelle. Cependant, la récente nomination de David Sacks comme conseiller de la Maison-Blanche pour l’intelligence artificielle et les cryptomonnaies a ravivé l’optimisme. En parallèle, des acteurs de premier plan tels que Bitwize, Grayscale, 21Shares, Canary Capital et VanEck poursuivent leurs démarches pour obtenir l’approbation d’ETFs basés sur Solana, facilitant ainsi son accès aux investisseurs institutionnels et particuliers.
Bien qu’Ethereum, son principal concurrent, ait renforcé sa position sur le marché avec ses récentes mises à niveau, les experts estiment que Solana s’est imposée comme un acteur redoutable. «Les nouveaux concurrents de Solana font face à un défi bien plus difficile: ils doivent démontrer des avantages significatifs par rapport à une infrastructure déjà optimisée, précise Ayush Tripathi, analyste chez Bitwise. Nous assistons à l’émergence d’un nouveau poids lourd de la blockchain. En regardant vers 2025, je m’attends à ce que cet élan crée un puissant cercle vertueux: des cas d’usage réussis stimuleront une meilleure adéquation produit-marché, ce qui attirera à son tour davantage de développeurs et d’institutions. La question n’est plus de savoir si Solana réussira, mais plutôt quel sera l’ampleur de son impact.»
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« Les investisseurs institutionnels veulent des processus d’extraction toujours plus propres »
Emmanuel Petit
Rothschild & Co Asset Management
Pourquoi l’obligataire reste incontournable en 2025 ?
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L’année 2024 entre dans sa dernière ligne droite, et c’est peu de dire qu’elle n’aura pas été très favorable aux actions européennes. Quand le S&P 500, l’indice phare de la bourse américaine, caracole à +27%, l’EuroStoxx 50 ne progresse que de 5%.
De l’instabilité politique française au marasme de l’activité industrielle, en passant par l’exposition de nombreuses sociétés à une économie chinoise en berne, les sous-performances des actions européennes s’expliquent facilement. C’est la question des perspectives qui se pose à présent. Si, bien entendu, le destin de la zone euro va dépendre de la capacité de la Chine à relancer son économie et des droits de douane de l’administration Trump, elle devra vivre aussi au gré des péripéties de ses deux moteurs : la France et l’Allemagne.
Côté français, c’est bien le risque d’un dérapage supplémentaire qui prédomine. L’instabilité politique perdurera certainement encore plusieurs mois. Le scénario d’une chute prochaine du gouvernement Barnier prend de l’ampleur, et s’il devait advenir, tous les scénarios seraient alors ouverts, jusqu’à une potentielle démission du président Macron. Un contexte qui ne pourrait que renforcer encore davantage la défiance des investisseurs. De plus, même un budget validé et l’absence de vote d’une motion de censure n’auraient sans doute qu’un impact marginalement positif, avec la perspective d’une nouvelle dissolution l’été prochain, et donc la persistance d’une instabilité du pouvoir.
Par ailleurs, au-delà de l’aspect purement politique, la question budgétaire restera centrale. Quand bien même le budget serait voté, cela ne ramènerait le déficit qu’à 5% du PIB, ce qui reste très élevé en absolu. De plus, ce calcul s’appuie sur l’hypothèse, consignée dans la loi de Finance, d’une croissance du PIB de 1,1% en 2025. Au regard de l’évolution récente des indicateurs économiques, ce chiffre a très peu de chance d’être atteint. Une croissance de l’ordre de 0,5 à 0,7% paraît plus crédible, avec un risque non négligeable de récession technique en cours d’année. Un budget calibré sur une hypothèse de croissance trop élevée ne peut que conduire à un nouveau dérapage. Et malheureusement, la situation française n’est ni nouvelle, ni exceptionnelle. La France est l’Etat à avoir le plus souvent dépassé le seuil de déficit excessif (3% du PIB) depuis la création de la zone euro – 20 années sur 26. De plus, elle est aujourd’hui le plus mauvais élève de l’union monétaire en termes de ratio déficit public/endettement : l’Italie et la Grèce, dont le ratio dette/PIB dépasse celui de la France, sont en 2024 quasiment à l’équilibre budgétaire pour la première, en net excédent pour la deuxième.
Malgré ce bilan peu reluisant, et bien que le taux à 10 ans français ait récemment dépassé son homologue grec, la France continue d’emprunter à des taux modestes. Mais le risque est aujourd’hui réel que la poursuite de l’incurie budgétaire, associée à l’instabilité politique, finissent par engendrer un accès défiance tel que les taux s’envolent sur les marchés, et que la France connaisse, toutes proportions gardées, une sorte de crise de la dette. C’est indubitablement là que se situe le principal risque pour la zone euro au cours des prochains trimestres.
Ce risque est toutefois contrebalancé par un espoir venu d’Allemagne, après l’éclatement de la coalition au pouvoir. Sauf retournement majeur, les élections fédérales anticipées, qui en découlent, devraient être remportées en février prochain par la CDU/CSU, menée par Friedrich Merz. Pressenti comme futur Chancelier, il fera ensuite alliance soit avec le SPD d’Olaf Scholz, soit avec les Verts, en fonction des scores de ces partis. Quelle que soit la couleur de la prochaine coalition, il semble certain que l’Allemagne, qui dispose de réelles marges de manœuvre avec seulement 59% de dette/PIB, sans aucun déficit primaire, ajuste enfin son orthodoxie budgétaire.
Trois pistes crédibles s’offrent à elle. D’abord, alléger les conditions et activer plus fréquemment la clause de sauvegarde qui permet au Bundestag de suspendre le frein à l’endettement « en cas de catastrophe naturelle ou autre situation exceptionnelle d’urgence échappant au contrôle de l’État ». Ensuite, reconduire le fonds spécial de 100 milliards d’euros créé en 2022 pour soutenir le budget de la défense, ou en créer un nouveau. Enfin, revoir la limite de déficit budgétaire comprise dans le mécanisme de frein à l’endettement. Fixée aujourd’hui à 0,35% du PIB, elle pourrait remonter à 0,5 voire 0,75%.
Ces ajustements peuvent paraître mineurs. Ils représenteraient toutefois une évolution majeure dans l’état d’esprit des dirigeants allemands, et il n’est guère crédible, pour l’instant, d’espérer davantage à court terme. En termes de perception du risque par les investisseurs, cela pourrait être une bouffée d’oxygène, la première économie de la zone euro prenant enfin la mesure d’un modèle économique déclinant depuis près d’une décennie et se montrant capable d’apporter un peu de flexibilité à son ordo-libéralisme parfois forcené. Cela pourrait également redonner de l’allant à certains secteurs cycliques boudés par les marchés, comme l’automobile ou la chimie.
De la survenance d’un péril français ou de la matérialisation du – raisonnable – espoir allemand dépendra certainement une bonne partie du sort boursier de la zone euro en 2025.
Olivier de Berranger
La Financière de l’Echiquier
Olivier de Berranger est le directeur général et le co-CIO de La Financière de l’Echiquier. Il a occupé depuis 1990 des postes de trader, ainsi que de responsable de desk de trading sur les produits de taux d’intérêt, cash et dérivés au Crédit Lyonnais puis chez Calyon. Il a ensuite été responsable du pôle Capital Markets chez First Finance. Olivier de Berranger rejoint La Financière de l’Échiquier en mars 2007 en qualité de gérant obligataire. Après être devenu directeur de la gestion taux, crédit et diversifié, il est nommé en 2017 directeur de la gestion d’actifs et entre au comité de direction. En décembre 2023, il en devient directeur général de LFDE. Olivier de Berranger est diplômé d’HEC.
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