Horizons

Solutions EAM

  • Lucie Hulme
  • CEO
  • TriLake Partners

« Les gérants qui veulent s’établir en Asie bénéficient encore de vraies opportunités »

En 2011, Forum Finance, Boccard et Partenaires et Avalor se sont regroupés pour fonder TriLake à Singapour, avec une ambition claire : capitaliser sur leur savoir-faire en matière de gestion de fortune pour le déployer en Asie, dans une région en forte croissance. Aujourd’hui encore, comme l’explique Lucie Hulme, le marché est en pleine expansion.

Par Jérôme Sicard

Quelles étaient les ambitions stratégiques de Forum Finance, Boccard et Partenaires et Avalor Investment lorque TriLake a été créé? 

Lorsque nous avons fondé TriLake à Singapour en 2011, le concept de gestion de fortune indépendante y était encore très peu développé. Contrairement à la Suisse, où ce modèle était déjà bien ancré, la majorité des clients asiatiques avaient pour référence des institutions bancaires traditionnelles, avec une approche souvent plus transactionnelle, moins axée sur un conseil véritablement indépendant.

Nous étions toutefois convaincus que ce modèle allait prendre de l’ampleur dans la région, avec une demande croissante des investisseurs pour davantage de transparence et de proximité dans la gestion de leur patrimoine. C’est cette conviction qui nous a poussés à nous positionner tôt sur le marché, pour être présents dès les premières phases de cette évolution.

Dès le début de l’aventure, l’ambition stratégique de TriLake a été claire : capitaliser sur notre savoir-faire suisse en matière de gestion d’actifs pour le déployer en Asie, un marché en pleine croissance. Nous avons cherché à établir un pont entre deux mondes : la tradition de la gestion de fortune Suisse et les opportunités uniques offertes par les marchés asiatiques.

Notre objectif n’était pas simplement d’exporter un modèle existant, mais de le refondre de manière intelligente et ciblée. Nous avons ainsi affiné notre approche, en l’adaptant aux demandes de la clientèle locale tout en conservant l’essence même de ce qui fait la force de la gestion suisse : la vision long terme, l’approche personnalisée, l’indépendance dans les décisions d’investissement, et la recherche systématique de performance.

Comment se positionne TriLake aujourd’hui sur le marché asiatique de la gestion de fortune ?

TriLake est aujourd’hui un gérant établi et reconnu à Singapour. La société est présente dans la région depuis bientôt quinze ans, et l’équipe dispose d’une connaissance approfondie du marché ainsi que des exigences de la place financière.

Au fil des années, nous avons construit un écosystème solide, en nous entourant de partenaires de confiance, où figurent une large sélection de banques dépositaires, d’intermédiaires financiers et de prestataires spécialisés.

Nos clients recherchent avant tout un allié capable de conjuguer expertise locale et vision globale. C’est cette combinaison unique qui fait la force de TriLake.

Quelles grandes différences observez-vous entre les attentes des clients asiatiques et celles des clients européens ou suisses ?

Nous distinguons généralement deux types de clientèle, dont les attentes diffèrent sensiblement selon leur origine géographique et leur niveau de familiarité avec le modèle de gestion indépendante.

Le premier groupe est constitué de clients internationaux – notamment européens ou suisses – qui ne résident pas en Asie, mais qui choisissent TriLake pour différentes raisons. Certains recherchent une diversification géographique de leurs actifs, d’autres souhaitent bénéficier d’un accès privilégié aux opportunités offertes par les marchés asiatiques, particulièrement dynamiques. Ces clients sont généralement déjà familiers avec le modèle de gestion indépendante. Ils attachent une grande importance à la qualité du conseil, à la personnalisation de la relation, ainsi qu’à une gestion structurée, de long terme.

Le second groupe comprend des clients domiciliés en Asie. Pour bon nombre d’entre eux, le concept de gestion indépendante est encore relativement nouveau. Historiquement, ils ont été davantage exposés à des institutions bancaires où la relation client est souvent orientée vers des produits ou des transactions ponctuelles. De ce fait, ils sont souvent moins habitués à payer pour un conseil en investissement, et ils adoptent une approche plus transactionnelle. Il est donc nécessaire de démontrer la valeur ajoutée d’un accompagnement indépendant, sur mesure, et véritablement aligné sur leurs intérêts.

Comment comparez-vous ces deux grands marchés de la gestion de fortune que sont la Suisse et Singapour?

Je pense que les marchés de la gestion de fortune en Suisse et à Singapour, bien qu’étant des centres financiers majeurs, demeurent encore assez différents, et ce à plusieurs niveaux. En Suisse, la gestion de fortune indépendante est profondément ancrée, et très mature. À Singapour, bien que le marché ait connu une croissance spectaculaire ces dernières années, notamment avec l’émergence de nombreux family offices, le nombre de gérants indépendants reste encore relativement faible par rapport à la Suisse. A Singapour, le secteur reste dominé par les institutions bancaires. Cependant, cela est en train de changer. Nous observons un intérêt croissant pour des solutions plus personnalisées et indépendantes, en particulier auprès de clients privés recherchant davantage de flexibilité et de transparence.

Sur quels éléments repose le succès d’un gérant indépendant établi à Singapour?

Il repose sur plusieurs éléments clés. Tout d’abord, il est essentiel de savoir s’adapter aux spécificités et aux attentes de la clientèle asiatique tout en maintenant une cohérence avec sa propre stratégie d’investissement.

Cela implique non seulement une expertise en gestion d’actifs, mais aussi une réelle capacité à s’adapter à l’environnement local.

De plus, le cadre réglementaire de Singapour est particulièrement rigoureux. S’il peut représenter un défi pour les gérants indépendants, il n’en constitue pas moins un atout, car il offre une stabilité et une transparence qui rassurent les clients. Il est donc impératif pour un gérant indépendant de maîtriser les exigences en termes de compliance. Disposer d’une équipe solide et compétente, avec une connaissance accrue de la règlementation locale, semble à mon sens indispensable pour naviguer avec succès dans cet environnement.

Quelles opportunités voyez-vous pour les gérants suisses qui aimeraient s’établir en Asie, si c’est encore possible?

Oui, les gérants suisses qui souhaitent s’établir en Asie bénéficient encore de réelles opportunités, pour plusieurs raisons.

 Tout d’abord, il y a une demande croissante de la part des clients européens à la recherche de solutions pour diversifier leur portefeuille. L’Asie, et Singapour en particulier, s’impose comme un choix privilégié pour ces clients fortunés qui souhaitent soit exposer une partie de leurs actifs à des marchés à forte croissance, soit répartir certains éléments de leur fortune dans des juridictions variées, de qualité.

L’acquisition de clients en Asie représente une autre dimension importante pour les gérants suisses. La région est dynamique, avec une demande croissante pour des services de gestion de fortune. Ce marché offre de nombreuses opportunités à ceux qui savent s’y adapter.

Il peut être alors judicieux de réfléchir à des partenariats stratégiques avec des acteurs déjà établis à Singapour, plutôt que de créer une nouvelle entité à partir de zéro. En collaborant avec des partenaires locaux disposant d’une expertise et d’un réseau déjà bien implanté, il est possible de réduire les risques et d’accélérer l’intégration sur ce marché.

Comment envisagez-vous vos propres développements pour ces prochaines années ?

Nous envisageons plusieurs axes stratégiques, comme justement des partenariats avec des sociétés qui souhaitent s’implanter en Asie ou qui ont des clients cherchant à diversifier leur patrimoine.

Nous continuerons également à forger notre réseau au sein de la région, avec l’objectif de renforcer encore notre présence sur des marchés stratégiques. À titre d’exemple, nous avons ouvert un bureau de représentation en Thaïlande en 2023, ce qui marque une étape importante dans notre développement.

Parallèlement à ces initiatives, nous continuerons à promouvoir activement les bienfaits de la gestion indépendante ainsi que de l’investissement à long terme.

Dans un environnement souvent dominé par des dynamiques de court terme, nous restons convaincus que la création de valeur durable repose sur la patience, la discipline et la clarté de la vision stratégique.

Lucie Hulme

TriLake Partners

Lucie Hulme est la CEO de TriLake Partners, et fait partie de l’équipe fondatrice depuis sa création en 2011. Elle possède plus de 20 ans d’expérience dans la gestion de fortune indépendante et la banque privée, en Suisse et à Singapour. Lucie a été présidente de l’Association of Independent Wealth Managers à Singapour, et a siégé au sein de son comité pendant neuf ans. Elle joue un rôle actif dans le secteur de la gestion de fortune indépendante à Singapour et collabore étroitement avec diverses institutions, universités, afin de promouvoir cette industrie en Asie.

Sphere

The Swiss Financial Arena

Depuis sa création en 2016, SPHERE anime la communauté des pairs de la finance suisse. Elle leur propose en français et en allemand différents espaces d’échange avec un magazine, des hors-série réservés aux Institutionnels, un site web et des évènements organisés tout au long de l’année pour aborder de nombreuses thématiques. Toutes les parties prenantes de la finance, l’un des plus importants secteurs économiques de Suisse, ont ainsi à leur disposition une plateforme où il leur est possible d’échanger, de s’informer et de progresser.

Projection

Solutions EAM

  • Interview Hippolyte de Weck
  • Associé-gérant & CEO
  • Forum Finance

« C’est sur l’humain que nous voulons investir – et nous y avons déjà beaucoup investi. »

En trente ans, le gérant genevois Forum Finance s’est profondément transformé. Son offre s’est élargie, le profil de sa clientèle a évolué, mais c’est surtout en interne que le changement est le plus apparent. L’accent a été mis sur le renouvellement des équipes et la transmission aux prochaines générations, pour le bien de la société comme pour celui de ses clients.

Par Jérôme Sicard

Comment avez-vous fait évoluer la proposition de Forum Finance au cours de ces 30 dernières années?

Notre offre a évolué au fil du temps parce que notre clientèle a elle-même profondément changé. Elle est beaucoup plus jeune, plus active, plus ancrée dans le monde réel. Elle recherche par conséquent des produits plus spécifiques, du type private equity, ou des fonds de placement très ciblés qui sortent du plain vanilla habituellement servi par les banques. Nous privilégions donc des idées plus originales, plus exclusives pour éviter cette standardisation.

Sur un plan plus technique, nous avons aussi repensé notre manière de gérer les portefeuilles pour mieux répondre à des marchés plus complexes, plus volatils, plus en mouvement. Sur des mandats équilibrés, nous pouvons passer d’un modèle 60-40 à un modèle 40-60 très rapidement selon les circonstances.  Nous donnons bien évidemment un cadre de gestion à chacun de nos clients mais nous voulons aussi leur assurer une certaine mobilité, une certaine flexibilité.

Enfin, nous avons intégré la planification patrimoniale à notre gamme. C’est souvent par ce biais que nous établissons le premier contact avec nos clients, avant qu’ils ne se décident à nous confier une partie de leur fortune. Placé sous la responsabilité d’Alban Janssens de Bisthoven, notre pôle wealth planning nous permet d’intervenir plus en amont dans la chaine de valeur.

Le wealth planning prend-il l’ascendant sur la gestion de portefeuille ?

Non, la gestion de portefeuille reste indiscutablement notre cœur de métier. Cependant, la planification patrimoniale nous permet de mieux anticiper et comprendre les besoins de nos clients. Elle nous aide à les accompagner aussi bien dans la gestion que dans la construction de leur patrimoine. En ce sens, elle apporte une véritable valeur ajoutée, tant pour eux que pour nous.

En quoi le rajeunissement de la clientèle vous conduit à modifier votre offre ?

La fortune héritée existe encore, mais elle tend à diminuer. Autrefois, elle représentait environ 80 % de nos portefeuilles. Aujourd’hui, elle est descendue aux alentours des 50 %. L’autre moitié de la clientèle est composée d’entrepreneurs, plus exigeants et autrement proactifs. Ils ont réussi à vendre leur entreprise et se retrouvent avec un capital qui se chiffre en dizaines, voire en centaines de millions de francs, mais ils ne comptent pas rester passifs. Ils veulent réinvestir, financer de nouveaux projets, explorer de nouvelles opportunités. Ils recherchent donc un gestionnaire capable de se montrer agile, et de s’adapter à leur rythme. Notre rôle est d’être réactifs, d’accompagner cette dynamique et de leur offrir des solutions sur mesure.

Comment vous préparez-vous pour ces trente prochaines années?

Nous comptons poursuivre dans une voie qui nous a plutôt bien réussi jusqu’ici. Nous attirons de nouveaux clients, nous réussissons à recruter des gestionnaires de fortune issus de banques ou d’autres sociétés de gestions de fortune, qui recherchent d’autres opportunités et un business model qui leur convient mieux. Les banques privées sont de plus en plus dans le contrôle. Elles subissent les nouvelles réglementations autant que nous, sinon plus. Dans ces banques, il se peut que la gestion des risques commence à prendre le pas sur la gestion des clients. Nous voulons éviter cet écueil et rester fidèles à notre approche : offrir un service personnalisé, agile et centré sur les besoins réels de nos clients.

Au-delà de la planification patrimoniale, envisagez-vous de nouvelles lignes de métier ?

Non, nous restons concentrés sur notre cœur d’activité. L’intelligence artificielle va très certainement transformer notre environnement de travail, mais la dimension humaine, dans les contacts et les prises de décision, restera primordiale

C’est donc sur l’humain que nous voulons investir – et sur lequel nous avons déjà beaucoup investi. La pérennité de Forum Finance passe par le recrutement et la formation des talents qui porteront l’entreprise au cours de ces trente prochaines années. Nous en sommes convaincus depuis longtemps. Trop de gestionnaires échouent car ils n’ont pas su anticiper ce passage de relais. Nous, au contraire, nous préparons l’avenir en intégrant de jeunes collaborateurs à la direction et en leur offrant rapidement l’opportunité d’acquérir des parts de la société, en tant qu’associés.

Comment procédez-vous concrètement ?

Nous sommes aujourd’hui huit associés. Deux ont conservé des parts mais n’ont plus de rôle opérationnel : Etienne Gounod et Philippe Kern. Ils siègent désormais au Conseil d’administration. Par ailleurs, il y a deux partenaires principaux, Egon Vorfeld et moi-même, auxquels viennent s’ajouter quatre associés minoritaires qui forment la relève en quelque sorte. Il s’agit de Jean-François Andrade, d’Alban Janssens de Bisthoven, de Charles-Henri de Marignac et de Tanja von Ahnen. Ils sont déjà complètement impliqués dans la conduite de l’entreprise.

Nous avons établi entre nous un pacte d’actionnaires qui garantit cette continuité. Passé l’âge de 65 ans, un associé doit se retirer progressivement comme le font Etienne et Philippe. Il doit également revendre ses parts, que les jeunes associés peuvent racheter par la suite. A ce jour, trois associés ont vu un rachat de leur participation.

Sur quelles bases ?

C’est un multiple de la moyenne de l’EBITDA réalisé sur les trois dernières années, avant les bonus, hors charges et produits exceptionnels. C’est un schéma très intéressant car il nous permet au final d’assurer la transmission de l’entreprise dans les meilleures conditions.

Combien de temps faut-il aux jeunes associés pour arriver à détenir 10% du capital de Forum Finance ?

Tout dépend de leur situation financière et de leur disposition à s’endetter, mais en général, cela prend entre cinq et dix ans. Je rappelle cependant que l’enjeu ne se limite pas pour nous à la détention de parts. Afin de pérenniser nos activités, nos jeunes associés doivent également assumer un rôle exécutif au sein de la direction. En même temps qu’ils gèrent leurs clients, ils doivent aussi apprendre à gérer l’entreprise et à en piloter la croissance.

Vous parliez de réglementation un peu plus tôt. Si vous aviez une question à poser à la Finma, quelle serait-elle ?

Le problème de la FINMA aujourd’hui, à mon sens, est de compter dans ses rangs trop de jeunes juristes qui ne connaissent pas bien le modèle d’affaires des gérants indépendants. Nous avons l’impression qu’ils ne se concentrent que sur le risque, ce qui peut parfois peser sur notre développement. Si je devais poser une question à la Finma ? Oui, je serais très heureux de pouvoir recevoir un feedback au sujet des rapports que nous leur envoyons.

Hippolyte de Weck

Forum Finance

Hippolyte est devenu le CEO en 2022, il a rejoint Forum Finance en tant qu’associé gérant en 2011 après avoir travaillé chez UBS pendant 17 ans. Il était actif dans divers domaines tels que les revenus fixes, la gestion des risques et la gestion de portefeuille à Genève, Zurich et Francfort. Avant de rejoindre Forum Finance, il était conseiller de clientèle senior.

Sphere

The Swiss Financial Arena

Depuis sa création en 2016, SPHERE anime la communauté des pairs de la finance suisse. Elle leur propose en français et en allemand différents espaces d’échange avec un magazine, des hors-série réservés aux Institutionnels, un site web et des évènements organisés tout au long de l’année pour aborder de nombreuses thématiques. Toutes les parties prenantes de la finance, l’un des plus importants secteurs économiques de Suisse, ont ainsi à leur disposition une plateforme où il leur est possible d’échanger, de s’informer et de progresser.

Relève

Solutions EAM

  • Interview Alban Janssens de Bisthoven
  • Associé, responsable de l’ingénierie patrimoniale
  • Forum Finance

« Il faut que nous allions vers plus de modernité »

Jeune associé de Forum Finance, Alban Janssens de Bisthoven incarne cette nouvelle génération de gérants appelée à servir une nouvelle génération de clients. Un renfort précieux pour un groupe qui fête cette année ses trente ans et porte une attention toute particulière au renouvellement de ses cadres.

Quel regard portez-vous, en tant que jeune associé de Forum Finance, sur la gestion de fortune et sur les évolutions à lui apporter ?

Elle doit en effet évoluer parce que nous devons, d’une façon ou d’une autre, suivre le rythme que nos clients impriment. Et il a tendance à s’accélérer avec le temps. Nous sommes tenus de nous concentrer encore plus sur la performance, de nous rendre beaucoup plus disponibles et d’utiliser les outils avec lesquels nos clients ont eux-mêmes l’habitude de travailler. Je pense bien évidemment au digital et à toutes ses applications.

Il faut que nous allions vers plus de modernité, jusque dans les solutions d’investissement où nous devons couvrir davantage de bases, comme par exemple l’impact, l’ESG, mais aussi le private equity et les digital assets. Nous ressentons clairement ces attentes chez les plus jeunes de nos clients, ceux qui ont moins de cinquante ans.

Quels types de profils présentent-ils ?

Certains d’entre eux ont reçu la fortune que leur ont transmis leurs aînés, dans le cadre d’une transmission patrimoniale, que ce soit sous forme de donations, de contrats d’assurance-vie, de trusts ou encore de fondations. Mais nous voyons aussi arriver une nouvelle clientèle d’entrepreneurs qui ont construit eux-mêmes leur fortune, leur patrimoine, en ayant réussi à bien développer puis à bien revendre leur entreprise. Ils représentent une part importante du portefeuille clients de Forum Finance. C’est aussi notre marque de fabrique.

Le renouvellement des associés chez Forum Finance s’accompagne donc du renouvellement de la clientèle ?

Oui, ce renouvellement se produit de manière naturelle. Les jeunes associés attirent assez logiquement de plus jeunes clients. Il y a une certaine jeunesse qui se dégage de Forum Finance. Les clients le sentent et je crois que cela leur plait. Aujourd’hui, toutes les tranches d’âge sont représentées au sein du collège des associés. Vous avez des quadragénaires, des quinquagénaires et bien évidemment des sexagénaires qui sont prêts à passer le relais d’ici quelques années et qui ont su s’organiser en conséquence.

Les jeunes générations consomment-t-elles les services financiers différemment de ses aînés ?

Au-delà des produits type crypto, NFTs, impact, je trouve que les nouvelles générations sont beaucoup plus attentives aux rendements que génèrent leurs portefeuilles. Elles demandent aussi davantage de disponibilité, voire de réactivité, de leur part de leurs gérants, parce qu’elles ont grandi dans l’instantanéité, l’immédiateté. Leur temporalité, c’est le clic de souris.

Quels nouveaux services voulez-vous mettre en place pour ces nouvelles générations?

Nous avons d’abord à leur égard un devoir d’éducation, d’information à remplir. Nous devons les sensibiliser aux métiers de la gestion de fortune et à la valeur qu’ils permettent de générer. Nous devons aussi les préparer à la gestion de leur patrimoine, devenue avec le temps de plus en plus complexe. Nous consacrons beaucoup de temps à ces questions. Nous organisons beaucoup de rencontres avec nos clients pour aborder tous ces points. Nous avons même lancé nos propres NextGen Sessions, qui nous permettent en retour de mieux comprendre les aspirations de nos clients. Nous voulons être le plus possible à leur écoute et les échanges que nous développons avec eux nous semblent indispensables.

Quel est le profil type du nouveau gérant, capable de gérer cette nouvelle clientèle ?

Je pense sincèrement que le bagage technique, qui s’acquiert avec le temps, au contact d’autres professionnels, doit passer au second plan. Pour moi, c’est davantage une affaire d’attitude, de tempérament, de comportement. Il ne sert à rien d’avoir une connaissance encyclopédique des marchés si vous n’êtes pas d’abord dynamique, enthousiaste, curieux. La curiosité, c’est très important. Elle va décider de la qualité de la relation que vous allez établir avec vos clients et de la confiance que vous allez pouvoir leur inspirer. Eprouver de l’empathie pour ses clients permet d’anticiper davantage leurs problèmes et mettre plus facilement en œuvre les solutions adéquates.

Alban Janssens de Bisthoven

Forum Finance

Alban Janssens de Bisthoven est responsable de l’ingénierie patrimoniale chez Forum Finance. Il a rejoint le Groupe en 2018 et il en est devenu associé en 2021. Alban a commencé sa carrière en tant qu’avocat aux Pays-Bas et en Belgique, puis a passé 11 années au sein de l’équipe Wealth Planning chez Julius Baer à Genève.  Alban est titulaire d’un Master en Droit, d’un Master en Droit des Affaires et d’un Master en Droit Fiscal.