Repères

Capsule

  • Nicolas Renauld
  • Global Head of Private Markets
  • CA Indosuez Wealth Management

« Maîtriser le marché secondaire des actifs privés».

Le marché du secondaire a plus que doublé en cinq ans, au point de dépasser aujourd’hui les 170 milliards de transactions annuelle. Avec cette montée en puissance assez spectaculaire, il est devenu un espace stratégique pour les investisseurs. Lors de la journée PODIUM organisé par SPHERE, Nicolas Renauld en a présenté les contours avec force.

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The Swiss Financial Arena

Depuis sa création en 2016, SPHERE anime la communauté des pairs de la finance suisse. Elle leur propose en français et en allemand différents espaces d’échange avec un magazine, des hors-série réservés aux Institutionnels, un site web et des évènements organisés tout au long de l’année pour aborder de nombreuses thématiques. Toutes les parties prenantes de la finance, l’un des plus importants secteurs économiques de Suisse, ont ainsi à leur disposition une plateforme où il leur est possible d’échanger, de s’informer et de progresser.

Interview Chairman

Interview Chairman

  • Interview Alfredo Piacentini
  • Managing partner
  • Decalia

« Le développement de la ligne Private Markets est l’un de nos succès majeurs »

Decalia célèbre cette année ses dix ans. Son co-fondateur, Alfredo Piacentini, revient dans cet interview sur une décennie menée avec la volonté constante d’innover, comme l’illustre notamment le développement de la ligne Private Markets, devenue aujourd’hui la signature de Decalia.

Par Jérôme Sicard

Alors que Decalia fête son dixième anniversaire, quel bilan tirez-vous de cette décennie écoulée ?

Le poids croissant de la réglementation, pour commencer. En dix ans, l’environnement a beaucoup évolué, que ce soit en matière de cadre juridique, de normes ou de typologies d’acteurs. Cela a profondément modifié la donne, pour les banques comme pour les sociétés de gestion, et pas nécessairement en mieux. La gestion privée est aujourd’hui beaucoup plus encadrée, et le dialogue avec la clientèle s’est complexifié. Nous sommes soumis à des réglementations européennes conçues pour des marchés où les connaissances financières des clients sont moindres qu’en Suisse, ce qui rend la gestion plus rigide, avec un degré de personnalisation qui tend à se réduire. Honnêtement, la charge administrative approche un seuil difficilement soutenable.

Pour s’en tenir aux marchés, l’essor des réseaux sociaux et des plateformes en ligne a conduit à une certaine démocratisation, mais il a aussi engendré davantage de volatilité, de distorsions et d’émotivité. Ce sont des phénomènes qui n’existaient pas voilà dix ans, et que nous n’avions donc pas à gérer.

Et pour Decalia, plus spécifiquement, quel regard portez-vous sur ces dix années ?

Nous avons su nous adapter aux nouvelles normes de marché et aux transformations du secteur. L’un de nos succès majeurs est le développement de la ligne Private Markets, destinée à une clientèle sophistiquée recherchant des investissements à moyen et long terme, moins sensibles aux bouleversements du marché. Nous avons été des pionniers, notamment dans les stratégies liées au crédit. De manière générale, ces dix années ont été très constructives : nous avons bâti une structure qui propose aujourd’hui une approche différenciée.

De quoi êtes-vous le plus fier ?

D’avoir réuni une équipe solide autour de cinq associés pleinement investis dans le développement de Decalia : Rodolfo De Benedetti, Sébastien Demole, Xavier Guillon, Nicolò Miscioscia et moi-même. Nous nous entendons bien, nous travaillons dans la même direction, et surtout, nous aimons ce que nous faisons. Nous n’avons pas monté Google, mais nous avons réuni 70 collaborateurs talentueux qui prennent plaisir à évoluer ensemble.

Votre plus grande réussite ?

La ligne Private Markets, sans hésitation. Nous avons levé près de deux milliards de francs en dix ans dans ce domaine. Lorsque nous nous sommes lancés, ce secteur émergeait à peine. A l’époque, aux lendemains de la crise financière, nous avons su profiter du retrait des banques, qui l’ont jugé trop complexe ou trop contraignant en termes de fonds propres.

Et votre principal échec ?

Nous n’avons pas réussi à créer de véritable « blockbuster » parmi nos fonds long only, un produit phare qui aurait marqué une rupture et accéléré notre croissance. Pourtant, nous avons lancé des stratégies innovantes et avant-gardistes, sur des thématiques comme les Millennials ou l’économie circulaire. Depuis trois ans, nous trouvons notre rythme de croisière, mais nous avons mis du temps à y parvenir.

Vous avez dirigé Syz avant Decalia. En quoi la gestion d’une société de gestion diffère-t-elle de celle d’une banque ?

J’ai co-dirigé Syz voilà maintenant plus de dix ans. Depuis, il est clair que la direction d’une banque est devenue encore plus contraignante. Je pensais qu’une société de gestion serait donc plus légère à piloter, mais en réalité, le niveau de complexité est quasiment le même que pour une banque de 2015. À part l’infrastructure bancaire, la gestion d’un établissement de cinq milliards et celle d’un gérant indépendant de taille équivalente présentent aujourd’hui peu de différences.

Quelle expérience acquise chez Syz vous a le plus servi ?

D’abord la gestion des hommes. Il ne faut jamais oublier qu’il s’agit de notre matière première. Il est fondamental de savoir gérer les individus et les amener chacun à donner le meilleur d’eux-mêmes, sur le plan individuel comme sur le plan collectif. Le travail d’équipe est un ressort fondamental dans une structure comme la nôtre. Voilà ce que j’ai appris chez Syz où nous avions quand même réunis 500 collaborateurs qui fonctionnaient bien ensemble.

J’ai aussi appris de mes échecs. J’ai développé une approche plus réfléchie du risque et de la prise de décision. Aujourd’hui, je prends le temps d’analyser les choses en profondeur, ce qui m’est parfois reproché, mais qui s’avère souvent bénéfique.

Enfin, j’ai appris à collaborer avec mes associés, à écouter leurs attentes, à respecter leurs choix et à trouver des compromis quand nécessaire pour assurer la bonne marche de Decalia. C’est tout un art. D’autres que moi auraient été plus enclins à exercer le pouvoir en solitaire.

En quoi pensez-vous vous être le plus démarqué ?

J’espère que nous projetons aujourd’hui l’image d’une structure qui se différencie par rapport à la plupart des gérants indépendants. Nous avons toujours souhaité fonder notre identité sur l’analyse, la recherche fondamentale et une vision macroéconomique forte. L’objectif est que Decalia soit perçue comme une organisation rigoureuse, réfléchie et capable d’anticiper.

Où se situe l’innovation chez Decalia aujourd’hui ?

Dans la gestion privée, qui reste un secteur assez traditionnel, l’innovation réside avant tout dans la relation client et la communication. La manière dont nous interagissons avec nos clients évolue profondément, en raison des avancées qui viennent avec le digital.

Lors de la création de Decalia, c’est dans les thématiques que nous avons vraiment innové, bien qu’elles soient aujourd’hui un peu galvaudées, comme le sectoriel d’ailleurs. Lorsque l’effet tulipe d’un thème finit par s’épuiser et que l’effet de mode disparaît, il perd de son attrait en tant qu’investissement. Il existe un décalage très net entre le développement naturel d’un thème et l’évolution plus artificielle de la valorisation de ses actifs sous-jacents. Un thème s’inscrit dans le long terme, mais l’industrie financière cherche souvent une rentabilité plus immédiate.

Par ailleurs, il est devenu plus facile de copier des stratégies d’investissement. Suivre une idée ne suffit plus pour être innovant. Aujourd’hui, lorsqu’on lance une stratégie ou un produit, il faut s’assurer qu’il ne pourra pas être répliqué immédiatement par un concurrent. Les barrières à l’entrée sont trop faibles.

Qu’en est-il des Private Markets ?

C’est différent. Copier un modèle dans les marchés privés est autrement plus complexe et nécessite du temps. Les barrières à l’entrée sont plus élevées. Il est d’autant plus difficile de monter une équipe que c’est un métier relativement récent, qui demande des compétences techniques très pointues. Dans ce domaine, nous avons pris une avance certaine en nous positionnant tôt et en développant des stratégies originales.

Nous sommes en mesure d’offrir à des investisseurs sophistiqués des solutions avec des ratios risque-rendement très attractifs et des cycles d’investissement plus courts que le private equity classique. Nous parlons ici de cinq à sept ans, plutôt que dix à quinze ans.

Nous avons su être innovants, et nous comptons bien le rester. Les marchés privés, avec le retrait relatif des banques, sont encore loin d’avoir délivré leur immense potentiel.

Alfredo Piacentini

Decalia

Alfredo Piacentini a co-fondé Decalia en 2014, et il en est le managing partner. Il est également membre du conseil d’administration, du comité de direction ainsi que des comités de stratégie et d’investissement. Alfredo Piacentini a travaillé neuf ans chez Lombard Odier, à Genève et à Londres, en tant qu’analyste financier puis gérant de fonds, avant de co-fonder la banque Syz en 1995. Associé et directeur général du groupe, il a dirigé la gestion privée, la gestion centralisée et l’activité de fonds de place­ment. Il a également géré plusieurs fonds au cours de sa carrière, consacrés entre autres aux marchés émergents, à la région méditerranéenne, au marché italien et à une stra­tégie Global long/short. Il est titulaire d’un Master en Relations internationales de l’Institut Universitaire de Hautes Etudes Internationales de Genève.

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Depuis sa création en 2016, SPHERE anime la communauté des pairs de la finance suisse. Elle leur propose en français et en allemand différents espaces d’échange avec un magazine, des hors-série réservés aux Institutionnels, un site web et des évènements organisés tout au long de l’année pour aborder de nombreuses thématiques. Toutes les parties prenantes de la finance, l’un des plus importants secteurs économiques de Suisse, ont ainsi à leur disposition une plateforme où il leur est possible d’échanger, de s’informer et de progresser.

Venture

Solutions Real Assets

  • Interview Wanja Humanes
  • Managing partner
  • Kickfund

« Nous aidons les deeptechs suisses à réussir au plan mondial ».

Kickfund Ventures a clôturé un premier fonds d’investissement destiné à soutenir les startups suisses dans le domaine de la deeptech. Le fonds s’appuie en partie sur le travail effectué en amont par Venture Kick, au cours de ces dernières années. Wanja Humanes nous parle ici de ses objectifs et des éminents investisseurs derrière le projet.

Francesco Mandalà

Kickfund Ventures, avec son premier fonds, doit jouer un rôle important dans la promotion de l’écosystème deeptech en Suisse. Quel doit en être l’orientation ?

Dans un certain sens, le fonds est un tracker qui prend systématiquement des participations dans les startups d’abord passées par le programme Venture Kick. Derrière le fonds se trouve un groupe d’investisseurs qui rassemble des fondateurs de startups, des business angels de premier plan, des mentors, mais aussi les deux investisseurs de référence que sont la fondation Ernst Göhner et la fondation Gebert Rüf.

Quels sont les objectifs financiers ?

Nous avons donc clôturé le premier fonds à hauteur de 70 millions de francs, fin 2023. Depuis, nous sommes en fait arrivés à près de 80 millions. Sur ces bases, nous prévoyons d’investir jusqu’à 850’000 francs par an et par startup au cours des cinq prochaines années. Nous allons en financer 25. Les investissements se font à chaque fois dans le cadre de deux tours de financement après la clôture réussie du programme de Venture Kick. Nous avons élaboré à cet effet une approche standardisée, qui privilégie les retours sur investissement et la transparence.

Venture Kick est sans doute le programme de soutien aux startups qui a le plus de succès en Suisse. Comment l’expliquez-vous ?

En fait, Venture Kick a rencontré un grand succès depuis sa création en 2007. Des entreprises comme Planted ou Climeworks ont brillamment suivi le programme et ont trouvé des investisseurs dans le monde entier. Les alumni de Venture Kick représentaient les deux tiers du Top100 des startups suisses en 2023. Elles ont créé au total plus de 13’000 emplois depuis le début du programme.

Nous avons maintenant professionnalisé le financement de suivi. Nous nous sommes ainsi fait enregistrer en tant que gestionnaire de fortune, nous avons alimenté le premier fonds et nous pouvons, à long terme, assurer le financement des entreprises par du capital-risque. Cette nouvelle configuration nous permet d’une part de rester flexibles, mais aussi de mettre en œuvre la stratégie d’investissement avec un maximum d’efficacité. A plus long terme, elle nous permet de promouvoir la Suisse dans le domaine des deeptechs et de maintenir en Suisse des emplois à caractère innovant.

La deeptech est pour vous un thème central dans le choix des entreprises que vous allez financer. Quelle en est la raison ?

Notre orientation exclusive sur les investissements dans les deeptechs découle de la focalisation claire du programme Venture Kick, car Venture Kick est un programme dédié qui s’adresse aux spin-offs des universités suisses. Ce qui est particulièrement intéressant, c’est que ces entreprises disposent presque toujours d’une propriété intellectuelle qui doit être développée et exploitée. De notre point de vue – mais aussi de celui de Venture Kick – c’est l’une des principales conditions de leur succès.

Maintenant que vous avez maintenant lancé un fonds, comment envisagez-vous l’avenir de Kickfund ?

Bien sûr, notre objectif a toujours été de développer une structure à long terme qui apporte un soutien financier continu aux gagnants du programme Venture Kick. Il est également envisageable d’ouvrir davantage le prochain fonds à d’autres investisseurs. Enfin, nous pourrions également envisager la création d’un fonds destiné à fournir des financements de suivi plus importants à certaines entreprises particulièrement prometteuses du portefeuille des fonds Kickfund.

Wanja Humanes

Kickfund

Wanja Humanes investit dans le capital-risque depuis 2015. Il a joué un rôle déterminant dans le développement de Swisscom Ventures, qui s’est imposé parmi les  leaders mondiaux du capital-risque dans le domaine des télécommunications, avec plus de 500 millions de francs investis. Plus récemment, il a été directeur d’investissement pour la société de capital-investissement MTIP.  Wanja Humanes est titulaire d’une maîtrise en gestion de l’entreprise obtenue à l’université de Saint-Gall.

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Tendances

Solutions Real Assets

  • Interview Philippe Naegeli
  • CEO
  • GenTwo

« Actifs non bancaires : un marché colossal à 78’000 milliards de dollars »

Un nouvel outil, l’Assetization, veux démocratiser la création de produits financiers. Ce qui va multiplier les possibilités d’investissement et offrir de nouvelles opportunités, surtout aux petits investisseurs, explique Philippe Naegeli, de GenTwo, qui vient d’écrire un livre sur le sujet.

Francesco Mandalà

Philippe Naegeli, pourquoi ce livre sur l’Assetization  ?

Depuis le premier jour, notre rêve chez GenTwo a été de simplifier l’accès à la titrisation. Et nous y sommes parvenus. Aujourd’hui, grâce à notre plateforme, tous les intermédiaires financiers, grands ou petits, peuvent transformer n’importe quel actif, n’importe quelle stratégie d’investissement, en un produit financier négociable. Mais c’est seulement en voyant comment nos clients utilisaient notre plateforme que nous avons compris le vrai potentiel révolutionnaire de l’Assetization. Mon cofondateur Patrick Loepfe et moi-même avons alors décidé d’écrire ce livre.

Expliquez-nous ce concept d’Assetization.

C’est un néologisme issu de « asset » et de « démocratization », incarnant à la fois un processus et une vision. Comme processus, l’Assetization vise à démocratiser la création de produits financiers, ce qui permettra de débloquer, potentiellement, des milliards de dollars de valeur inexploitée. Comme vision, elle aspire à multiplier les possibilités d’investissement, permettant à chacun d’investir selon ses désirs, quels qu’ils soient. Cela débloquera également de la valeur – pas seulement monétaire, mais aussi personnelle et sociétale – d’une manière qui n’était pas possible et parfois même tout simplement inconcevable auparavant.

La titrisation et la tokenisation des actifs sont des tendances lourdes. Qui vont nous mener où ?

Tous ces actifs situés en dehors du secteur bancaire traditionnel sont autant d’opportunités. Ils comprennent les placements alternatifs, les marchés privés, et même des choses plus exotiques telles que les actifs numériques ou l’art. Souvent illiquides, peu accessibles et onéreux, ils représentent néanmoins un marché colossal. Imaginez, Accenture évalue, de manière conservatrice, ces actifs à 78’000 milliards de dollars. Alors, certes, il y a déjà la tokenisation pour les transformer en produits d’investissements. Mais ces actifs numériques ont des limites. L’Assetization, en revanche, rend chaque actif accessible, et donc négociable, via le système bancaire traditionnel. À notre avis, l’Assetization englobe la tokenisation. Qui n’est qu’un moyen parmi d’autres de titriser un actif.

Avec quelles implications pour l’investisseur ? 

De nouvelles opportunités! Par exemple, en permettant à des petits clients d’avoir accès à des hedge funds et du private equity qui leur étaient interdits auparavant. Mais aussi à des tableaux ou des voitures de collection. Ce qui permet, au final, une plus grande diversification des investissements, et donc plus d’opportunités de rendement. Mais aussi, pour les petits investisseurs, la possibilité d’investir exactement selon leur stratégie.

Quel est le rôle de GenTwo dans ce développement ?

Chez GenTwo, nous nous voyons comme des facilitateurs. Notre plateforme permet aux intermédiaires financiers de titriser facilement tout actif, le transformant en titres dotés d’un ISIN pour être négociés ensuite sur le marché financier.

Philippe Naegeli

GenTwo

Philippe Naegeli est le co-fondateur de GenTwo dont il est redevenu le CEO, après avoir en occupé les fonctions de Chief Vision Officer. Il a une longue expérience dans le domaine du trading, de l’investissement, de la banque d’affaires et du développement de nouvelles stratégies axées sur l’innovation.  Il a travaillé ainsi aux Etats-Unis pour Forstmann & Co, dont il a été le managing partner. Il a également siégé entre 2017 et 2019 au comité consultatif du courtier indépendant suisse de produits structurés CAT Financial Products.

Outlook

Solutions Real Assets

  • Interview Anastasia Amoroso
  • Chief Investment Strategist
  • iCapital

« Dette privée : les rendements élevés la rendent particulièrement attractive « .

L’environnement private equity est très influencé par les politiques monétaires des banques nationales. Aux États-Unis, les prochaines élections présidentielles créent une dynamique supplémentaire sur les marchés. Pour Anastasia Amoroso, le retour des transactions dans le domaine du private equity est perceptible et la dette privée reste attractive.

Francesco Mandalà

A l’approche des élections américaines, les marchés financiers se retrouvent au centre de l’attention. Sous quel angle envisagez-vous cette situation ?

En règle générale, les marchés ne réagissent que peu avant les élections présidentielles américaines. Plus elles approchent, plus les marchés se concentrent sur les prévisions et se préparent aux différents scénarios possibles. Pour anticiper sur l’issue de ces élections, nous maintenons actuellement nos investissements en actions, et nous nous laissons davantage guider par la politique accommodante de la Fed plutôt que par les sondages.

Quel a été l’impact de la politique monétaire sur le marché du private equity en 2023?

Le niveau élevé des taux d’intérêt directeurs a été éprouvant, en particulier pour les opérations de rachat. Mais cela a également fait évoluer les stratégies des gestionnaires. Ils se concentrent désormais moins sur les crédits et plus sur l’augmentation des revenus, de la rentabilité et de l’expansion des marges. Ce changement implique une réorientation stratégique dans le secteur privé.

Comment l’ensemble du marché s’est-il adapté à ces changements ?

L’adaptation se traduit, comme nous l’avons déjà évoqué, par une moindre dépendance vis-à-vis des capitaux étrangers dans les transactions de rachat et par une orientation vers des améliorations opérationnelles. Actuellement, on observe toutefois une nette tendance aux transactions de type growth equity, qui misent davantage sur les fonds propres que sur les capitaux étrangers. En outre, et c’est important pour les investisseurs, le délai entre l’investissement et la sortie s’est allongé.

Malgré ces adaptations, la dynamique du private equity semble relancée. Quelle en est la raison ?

Ce marché connaît actuellement une dynamique fascinante. L’année dernière, les transactions growth equity ont dépassé le nombre de leveraged buyouts pour la première fois depuis 2008, date à laquelle les données ont commencé à être collectées. Ce décalage montre une réorientation stratégique plus large du secteur, qui se concentre sur la création de valeur à long terme plutôt que sur les gains à court terme par effet de levier. Par ailleurs, l’allongement de la période entre l’investissement et la sortie a modifié le paysage et a eu un impact sur la levée de fonds de même que sur la distribution des bénéfices aux investisseurs.

Comment évaluez-vous le secteur de la dette privée après une forte année 2023 ?

Nous continuons de voir des rendements de près de 12 %, ce qui se situe dans la partie supérieure de la fourchette historique pour le crédit privé. Ce rendement élevé rend la dette privée encore attractive pour les investisseurs en 2024. Même en cas d’éventuelles baisses des taux d’intérêt par les banques centrales, cette classe d’actifs offre un rendement excédentaire convaincant par rapport aux liquidités.

Un débat a cours actuellement sur le rôle du private equity et de la dette privée dans la décarbonisation de l’économie. Comment l’envisagez-vous ?

La décarbonisation, en tant que méga-tendance, offre d’immenses opportunités, en particulier pour le private equity. Il s’agit notamment de domaines tels que l’énergie propre, les véhicules électriques, le captage du carbone et l’économie circulaire. Le secteur privé est essentiel pour compléter les initiatives gouvernementales visant à atteindre des émissions zéro. Cela nécessitera des investissements privés de plusieurs milliers de milliards de dollars. Étant donné que de nombreuses PME ont un rôle à jouer dans ces domaines, le private equity et la dette privée jouent un rôle important.

Anastasia Amoroso

iCapital

Anastasia Amoroso occupe les fonctions de managing director et de chief investment strategist chez iCapital. Elle a été auparavant directrice exécutive et responsable de la stratégie thématique multi-assets chez J.P. Morgan Private Bank. Elle a géré plus tôt des portefeuilles multi-assets chez Merrill Lynch. Anastasia Amoroso est titulaire d’un Bachelor of Business Administration, avec une spécialisation en finance, obtenu à l’Université du Nouveau-Mexique. Elle détient en plus la certification CFA.