Tableau de bord

Solutions Investissement

  • Marouane Daho
  • Analyste-gérant
  • Iteram Capital

Q2 2024 – le baromètre des stratégies hedge funds

Le dernier trimestre de l’année 2023 a fini de confirmer une nouvelle année record pour les actifs traditionnels malgré la persistance de préoccupations macroéconomiques et la pression accrue des taux élevés sur les entreprises et les consommateurs. Le discours de plus en plus accommodant des banques centrales, notamment de la Réserve Fédérale américaine, a soutenu les actifs à risque jusqu’à la fin de l’année et a entraîné une diminution des rendements obligataires en anticipation de plusieurs baisses de taux courant 2024. Ce type d’environnement, dominé par le beta, constitue généralement un obstacle pour la génération d’alpha et les stratégies hedge fund non-directionnelles.

Cependant, les niveaux de volatilité, implicite et réalisée, observés au quatrième trimestre 2023 ne sont pas susceptibles de durer jusqu’à la fin de l’année 2024. Le prolongement de cette période de transition sur plusieurs fronts devrait aboutir à la création de nombreuses opportunités sur plusieurs classes d’actifs pour les gérants hedge fund.

 

Francesco Mandalà

RV Arbitrage/Multi-Strategy – Positif

-Des niveaux d’intérêts qui restent élevés, ainsi qu’une dispersion accrue dans les marchés fixed income combinés à une liquidité réduite créent des opportunités attrayantes pour générer de l’alpha.

-Malgré la baisse historique des niveaux de volatilité, les stratégies d’arbitrage de volatilité gardent un potentiel de rendement asymétrique et convexe.

Commodities – Neutre

-Les gérants fondamentaux spécialisés dans un secteur en particulier restent les mieux placés pour monétiser les variations de l’offre et de la demande.

-Notre préférence pour les stratégies de valeur relative et de trading tactique demeure inchangée.

Global Macro – Neutre

-En dépit du potentiel attractif d’un environnement de fin de cycle et de l’augmentation de la disparité régionale, les divergences persistantes entre les marchés et les anticipations des banques centrales rendent le positionnement difficile.

-2024 étant une année d’élections, les changements géopolitiques et fiscaux à venir constituent une source intéressante de catalyseurs pour les gérants global macro.

Fixed Income/Credit Arbitrage – Positif

-Des niveaux de spreads crédit bas et des conditions de refinancement plus difficiles sont idéales pour les stratégies credit long/short suivant une approche relative value capables de monétiser les dislocations à venir.

-On s’attend à ce que des opportunités d’arbitrage de structure de capital continuent à émerger alors que les émetteurs constatent des impacts différents résultant du coût plus élevé du capital et d’un accès plus difficile aux marchés de capitaux.

-Malgré une légère augmentation marginale des niveaux de défauts, les conditions optimales pour les situations de détresse ne sont pas encore réunies.

CTA/Managed Futures – Neutre

-Les modèles de trend-following ont récemment bénéficié de circonstances favorables sur les marchés actions (Etats-Unis et Japon) ainsi que de la hausse exceptionnelle des prix du cacao.

-Les stratégies de Statistical Arbitrage devraient bénéficier de l’augmentation attendue de la dispersion et de la volatilité sur les marchés actions en 2024.

-Alors que nous nous approchons d’un éventuel point d’inflexion dans les marchés de taux, les stratégies quantitative macro nous paraissent moins attractives que leurs équivalents discrétionnaires.

Event-Driven – Positif

-Les gestionnaires de merger arbitrage sont optimistes pour l’années 2024 en raison d’une meilleure visibilité concernant les conditions de financement, ce qui devrait se traduire par une hausse de l’activité de fusion/acquisition. Néanmoins les niveaux de spreads se sont globalement resserrés.

-Les opportunités de special situations sont encore dominés par quelques cas complexes et idiosyncratiques (restructurations, litigations).

Equity Long/Short – Positif

-Nous maintenons notre préférence pour les gestionnaires à faible exposition au marché (low-net et market neutral) en raison de niveaux de valorisation élevés.

-Nous anticipons un retour à la sélection de titres alors que nous prévoyons l’apparition de faiblesse sur certaines poches, même en l’absence d’une récession ou d’un retournement brutal du marché.

-Les spécialistes sectoriels constituent une option intéressante pour capturer l’augmentation de la dispersion intra-sectorielle.

Marouane Daho

Iteram Capital

Marouane est analyste/gérant chez Iteram Capital et membre du comité d’investissement. Ses principales responsabilités consistent en la recherche de gérants et la gestion de portefeuilles de hedge funds. Avant de rejoindre Iteram, il était en charge des hedge funds et des investissements sur les marchés privés au sein d’un single-family office à Genève. Il a débuté sa carrière chez Lyxor Asset Management à Paris en tant qu’analyste hedge funds. Marouane est diplômé de l’école de commerce NEOMA avec un MSc en finance.

Véhicules

Solutions Investissements

  • Vincent Jarcsek
  • COO
  • Silex

Les multiples emplois des Actively Managed Certificates

Lancés en Suisse en 2007, les AMCs rencontrent énormément de succés ces derniers temps, en raison des différentes solutions qu’ils permettent de mettre en œuvre. Vincent Jarcsek les passe ici en revue.

Francesco Mandalà

Les Actively Managed Certificates, les AMC, sont des produits financiers offerts principalement en Suisse. Ces produits d’investissement structurés combinent tout à la fois des caractéristiques des fonds gérés activement et des produits structurés.

On peut ainsi énumérer cinq caractéristiques clés des AMC :

Gestion active. Contrairement aux produits structurés qui suivent une stratégie d’investissement passive liée un ou plusieurs actifs sous-jacents, les AMC impliquent une gestion active. Cela signifie que les décisions d’allocations sont prises sur la base de convictions et expertise des marchés par un gérant nommé dans la documentation du produit.

Similitude avec les produits structurés. Malgré leur gestion active, les AMC conservent certaines caractéristiques des produits structurés comme leur nature juridique, dans une certaine mesure leur régime de taxation, leur souplesse et rapidité de lancement. Les AMC portent également le risque de défaut de l’émetteur lorsqu’ils sont émis par une banque.

Flexibilité. Les AMC offrent aux gérants et investisseurs la flexibilité en termes de stratégies d’investissement et d’actifs sous-jacents. Selon les caractéristiques propres à l’AMC ils peuvent investir dans des actions, des obligations, des fonds, des matières premières, des devises ou une combinaison de ceux-ci.

Transparence. Comme les fonds les AMC fournissent des rapports réguliers sur leurs performances et leurs compositions mais aussi leurs frais. Cette transparence est importante pour que les investisseurs et gérants puissent évaluer l’efficacité de la stratégie de gestion active et comprendre les risques associés au produit.

Couts de fonctionnement allégés. Comme les autres produits d’investissement gérés, les AMC facturent généralement des frais de gestion mais se distinguent par le faible cout de mise en œuvre et de maintien. L’activité du marché secondaire est également un aspect à regarder de près pour évaluer le cout total de la solution.

Dans l’ensemble, les certificats gérés activement combinent donc les avantages de la gestion active avec les caractéristiques des produits structurés, offrant une opportunité d’investissement efficiente aux investisseurs qui cherchent à générer des rendements tout en gérant activement le risque.

L’AMC répond donc à de multiples enjeux auxquels sont confrontés les gérants de fortune dans un contexte où leur marché se caractérise par une compétitivité croissante et une demande soutenue pour des services de gestion d’actifs de haute qualité désormais soumis à un examen prudentiel tout en subissant une pression sur les marges.

C’est ainsi que l’AMC qui était historiquement cantonné à l’investissement thématique a progressivement muté en une offre complète de gestion opérationnelle des investissements. Il permet donc d’adresser différents cas d’usage :

Création d’un track record. Un gérant peut créer son AMC disposant d’un code ISIN et d’un historique de performance publiquement disponible. Pour un gérant de fortune il peut s’agir de la validation d’une potentielle offre de gestion de fortune collective par exemple afin d’élargir la distribution de ses stratégies.

Stratégies couvertes (overlay). Les AMC se prêtent également particulièrement à la gestion des risques. Le portefeuille peut investir durablement sur un portefeuille d’actifs sous-jacent tout en déployant de manière tactique des couvertures afin de de protéger les plus-values ou de dérisquer le portefeuille en isolant certaines composantes d’intérêt.

Listing en bourse. En listant son AMC un gérant pour faciliter la multidistribution de son produit.

Mitigation des plus et moins-values fiscales.Dans la plupart des juridictions la taxation des gains de capitaux s’apprécie à l’échelle de l’AMC et non par application à l’échelle des composants.

Agrégation opérationnelle. En déployant sa stratégie au sein d’un AMC le gérant s’économise la réplication de ses choix d’allocation sur les multiples comptes de dépôt de ses multiples clients.

Vincent Jarcsek

Silex

Vincent Jarcsek a rejoint SILEX en 2021 comme COO du groupe et membre de la direction. Il était préalablement responsable de la structuration et du marketing chez Exane BNPP après avoir eu la charge de la plateforme de trading électronique et lui-même été trader de produits dérivés chez Oddo BHF et Société Générale. Il est diplômé de l’école polytechnique et de l’ENSAE en France.

Revival

Solutions Investissements

  • Gregory Peters
  • Co-CIO
  • PGIM Fixed Income

L’âge d’or des placements obligataires

La fin de la Grande Modération a donné son épilogue à une ère caractérisée par une inflation faible et une croissance élevée depuis le début des années 1980. Une période de volatilité pour la croissance comme pour l’inflation se profile désormais à l’horizon. C’est l’analyse qu’en livre Gregory Peters, spécialiste en la matière.

Francesco Mandalà

Malgré la complexité de l’environnement macroéconomique est complexe, il semble bien que nous soyons à l’aube d’un âge d’or pour les investissements obligataires. Leurs caractéristiques traditionnelles – roll-down, carry et rendement – reviennent sur le devant de la scène. Grâce à des taux d’intérêt plus élevés, elles peuvent à nouveau remplir leur rôle de générateur de revenus et de facteurs de diversification.

Anticipation d’une « weakflation » aux États-Unis

Comme les taux d’intérêt sont proches de leurs plus hauts sur plusieurs années et que la croissance économique s’affaiblit en même temps que l’inflation, le resserrement monétaire des banques centrales arrive probablement à son terme. Alors que nous nous attendons à ce que la Réserve fédérale américaine procède cette année à des baisses de taux de 50 points de base en guise de « fine tuning », le taux d’intérêt neutre à long terme pourrait atteindre la barre des 3%, au lieu de 2,5% comme anticipé précédemment.

L’économie mondiale reste solide malgré l’augmentation des challenges macroéconomiques. Notre scénario de base pour les États-Unis est celui d’une « weakflation », c’est-à-dire une combinaison de croissance faible et d’inflation élevée mais décroissante. Pour l’année en cours, nous anticipons une croissance du PIB réel de 1,0 à 1,5% et une baisse de l’inflation aux alentours des 2,5 à 3%.

Dans la zone euro, la hausse des taux d’intérêt à l’échelle mondiale, les prix élevés de l’énergie et la persistance de l’inflation vont rester autant de défis. Quant à l’économie, nous prévoyons un léger ralentissement en 2024, avant une reprise relative. En revanche, en Chine, les mesures de relance supplémentaires que nous attendions deviennent maintenant réalité, ce qui plaide en faveur de notre prévision de PIB supérieure au consensus.

La diversification accrue des obligations d’entreprises a également permis de multiplier les opportunités en termes de génération d’alpha. Un large éventail de segments de marchés semble bien positionné à long terme pour générer de solides rendements ajustés au risque. Compte tenu des incertitudes macroéconomiques importantes, nous privilégions les titres de grande qualité et voulons éviter les structures financées par l’emprunt, car elles sont vulnérables lors de taux d’intérêt élevés.

Principales idées d’investissement pour 2024

Réduire les liquidités. Face à la hausse des taux d’intérêt et à l’incertitude macroéconomique croissante, de nombreux investisseurs ont adopté une attitude attentiste l’année dernière. Un choc surprenant ou une nouvelle normalisation des taux en 2024 pourraient faire baisser les rendements à court terme. Les placements à duration plus courte pourraient offrir des rendements plus intéressants et un avoir un effet tampon contre de nouvelles hausses de la volatilité.

Allonger la duration. Après les récents événements géopolitiques, les rendements sont retombés de leurs sommets. Il est encore trop tôt pour en tirer des conclusions, mais nous pourrions entrer dans une phase plus longue de normalisation, offrant aux investisseurs une courte fenêtre pour sécuriser des taux d’intérêt plus élevés à long terme

Rechercher des opportunités de valeur relative de qualité. L’extrême volatilité observée depuis 2022 a fait grimper les valorisations dans tous les segments des marchés obligataires. Elle a créé ainsi des opportunités de valeur relative rémunératrices dans les principaux secteurs clés tels que les obligations à haut rendement et les obligations émergentes. Après que les banques centrales aient renoncé à leurs hausses de taux excessives, la performance des secteurs du crédit s’est améliorée – une tendance qui devrait, selon nous, être favorable aux portefeuilles obligataires diversifiés.

En fin de compte, 2024 pourrait ressembler à 2023 : une année orientée à la hausse avec de bons rendements. Compte tenu de la forte incertitude et de la répétition probable d’importantes fluctuations du marché, les opportunités d’alpha devraient être larges et variées. L’année 2024 promet d’être exigeante pour les investisseurs, mais au final gratifiante.

Gregory Peters

PGIM Fixed Income

Gregory Peters est le co-CIO de PGIM Fixed Income et l’un des co-responsables de son équipe multisectorielle. Avant de rejoindre PGIMen 2014, Gregory Peters dirigeait la recherche Fixed Income & Economie chez Morgan Stanley. Il avait également sous sa responsabilité la stratégie Cross Asset à l’échelle mondiale. Plus tôt dans sa carrière, il a travaillé chez Salomon Smith Barney et au département du Trésor américain. Gregory Peters a obtenu une maîtrise en finance du College of New Jersey et il détient en plus un MBA de Fordham University.

Actions suisses

Solutions Investissements

  • Daniel Steck
  • Senior portfolio manager
  • Banque Piguet Galland

Les valorisations ont rarement été aussi attractives

Le début d’année des actions suisses est quelque peu poussif. Le SMI a progressé d’un peu moins de 5%, le SPI d’un peu moins de 6%, alors que l’EuroStoxx50 est en hausse de 12%. Leur potentiel d’appréciation reste cependant très élevé au vu de leurs faibles valorisations et du coup de pouce que vient de leur donner la BNS en réduisant ses taux.

Francesco Mandalà

Les trimestres se suivent et se ressemblent pour les indices actions suisses. Une performance certes positive, mais qui peine à égaler celle des autres régions. Les valeurs de la zone Euro en particulier se démarquent encore au premier trimestre et attirent les faveurs des investisseurs. Si le biais défensif de la cote domestique est un handicap dans l’environnement euphorique actuel, ce sont également les problèmes spécifiques aux poids lourds de l’indice SPI qui pèsent sur la performance.

D’un côté, Nestlé, représentant plus de 16% de l’indice, voit la croissance de ses revenus fondre comme neige au soleil, alors que la déflation rend très difficile les hausses de prix supplémentaires. D’un autre côté, Roche, traditionnellement considérée comme l’un des groupes pharmaceutiques les plus innovants, enchaine les échecs cliniques sur les nouvelles molécules en développement dans son pipeline. Il sème ainsi le doute chez les investisseurs quant à ses futurs relais de croissance. En outre, en Suisse, pas d’exposition au thème de l’intelligence artificielle, ni aux semiconducteurs, principaux bénéficiaires de cette thématique.

Le caractère défensif des grandes valeurs domestiques n’a d’intérêt qu’en cas de risque de récession. Or, ce scénario est totalement hors de question aujourd’hui, dans la mesure où les prévisions de croissance du PIB helvétique tablent sur une progression de 2%, similaire à la croissance de la conjoncture américaine. De plus, l’objectif de stabilité des prix est bel et bien atteint, alors que l’inflation dans le pays s’effondre rapidement et approche les 1%.

Conséquence de cette normalisation des prix à la consommation, la BNS s’est payé le luxe de couper son taux directeur dès sa réunion du mois de mars, prenant les opérateurs de court. Ce desserrement lui permet de préserver la compétitivité des entreprises domestiques en mettant fin à l’appréciation du franc face au dollar et à l’euro… du moins temporairement. Structurellement, la force du franc devrait perdurer sur le long terme, notamment une fois que la BCE et la Fed auront commencer à abaisser leurs taux, avec une marge de manœuvre bien plus importante que celle de la BNS. 

Dans ce contexte, il est difficile de ne pas voir l’attrait de la cote helvétique, qui, une fois n’est pas coutume, affiche des valorisations extrêmement avantageuses par rapport aux indices mondiaux. La prime avec laquelle se traitent habituellement les actions suisses s’est en effet totalement évaporée. Le potentiel d’appréciation est par conséquent important, et en cas de consolidation des marchés, le risque d’une dépréciation supplémentaire des titres domestiques s’avère relativement faible.

Comme toujours, le positionnement sur le marché suisse est un facteur clé pour se démarquer des indices très concentrés que sont le SMI et le SPI. Alors que les banques centrales européenne et américaine s’apprêtent à emboîter le pas à la BNS en assouplissant leur politique monétaire, tout indique que nous nous situons à l’aube d’un nouveau cycle d’expansion économique et boursière. Dans un tel environnement, il est recommandé de privilégier les valeurs cycliques, tournées vers l’exportation, car ce sont elles qui bénéficieront le plus d’une politique monétaire accommodante et d’un franc suisse moins cher. Sans surprise, les petites et moyennes capitalisations offrent selon nous le plus grand nombre d’opportunités. Dans ce segment également, les valorisations excessives appartiennent au passé, et le potentiel de surperformance reste significatif.

Dès lors autant conserver une surexposition aux actions domestiques dans l’allocation d’actifs et nous recommandons une exposition généreuse aux « small and mid caps », vecteur de surperformance sur fond d’accélération de la croissance.

Daniel Steck

Piguet Galland  

Daniel Steck cumule près de 25 années d’expérience dans le domaine de la finance. Après une première expérience dans l’analyse financière chez Lombard Odier, notamment sur le secteur de la santé, il a continué sa carrière chez Reyl & Cie, comme analyste et gérant de portefeuille. Il a rejoint Piguet Galland en 2018 comme gestionnaire senior pour prendre en charge de la gestion des différents fonds actions et certificats thématiques sur la Suisse et l’Amérique du Nord. 

Crypto

Solutions Investissements

  • Dramane Meite
  • Responsable Produits
  • Hashdex

Tour d’horizon sur l’univers crypto

Avec le rebond magistral du bitcoin, qui a gagné près de 60% depuis le début de l’année, les investisseurs se réintéressent à un univers crypto qui regroupent différents segments, chacun avec ses spécificités. Dramane Meite nous les présente en détail.

Francesco Mandalà

Alors que certains observateurs pourraient penser que la crypto est apparue de nulle part, la création du bitcoin il y a 15 ans a résulté en fait de décennies de développements itératifs. Son mix innovant de technologie et d’incitations économiques a stimulé l’éclosion de toute une industrie qui entend aujourd’hui résoudre des problèmes réels au-delà de l’échange de valeur en peer-to-peer.

Cette expansion s’est accélérée ces dernières années, comme en témoigne la capitalisation boursière d’une classe d’actifs qui dépasse désormais les 2’500 milliards de dollars. Cette forte croissance crée donc différentes opportunités pour des investisseurs cherchant à tirer profit des applications que peuvent avoir la crypto, et par extension la blockchain, dans l’économie réelle.

Bien que le bitcoin reste la force dominante au sein des réseaux crypto, à savoir les blockchains publiques, l’intérêt pour cette classe se généralise de plus en plus à d’autres acteurs et à d’autres segments. Soutenue par les avancées technologiques, l’adoption de la crypto, voire même son institutionnalisation, ne cesse de se confirmer.

Dans cet univers pour le moins complexe, voici donc les cinq segments qui requièrent désormais une attention plus particulière, en raison du volume qu’ils ont pris.

Paiements/Monnaies – 1’500 milliards de dollars

Le bitcoin est la toute première crypto-monnaie au monde, un réseau de transactions numériques peer-to-peer qui ne nécessite pas d’intermédiaires. Plusieurs autres crypto-monnaies basées sur la blockchain ont été lancées dans le sillage du bitcoin, la plupart d’entre elles se concentrant sur la création de paiements plus efficaces pour permettre aux particuliers et aux entreprises de transférer de la valeur via Internet. Les perspectives d’un meilleur système de paiement à l’échelle mondiale reste l’un des grands atouts du cas d’investissement qui accompagne la crypto.

Plateformes smart contracts  – 750 milliards de dollars

Les smart contracts sont des programmes auto-exécutants qui permettent des accords juridiques automatisés ou de nombreux autres types de transactions qui nécessitaient auparavant une intermédiation. Ethereum est la plateforme de smart contracts la plus courue, mais d’autres réseaux, tels que Solana et Avalanche, proposent de nouvelles solutions pour les applications décentralisées pouvant aider à étendre l’utilisation des contrats intelligents.

Stablecoins – 150 milliards de dollars

Un stablecoin est un actif crypto à prix fixe dont la valeur marchande est liée à un actif stable comme le dollar américain. Tether (USDT) et USD Coin (USDC) sont les deux plus grands stablecoins du moment. Ils améliorent la transparence et l’efficacité des paiements transfrontaliers, de même qu’ils étendent l’accès aux marchés de capitaux, au plan mondial.

Finance Décentralisée – 50 milliards de dollars

La DeFi offre une alternative crédible aux systèmes financiers traditionnels. Elle permet de conclure en peer-to-peer des opérations de prêt, d’emprunt et de trading, sans intermédiaire. Des protocoles établis comme Uniswap, une bourse décentralisée, et Aave, une plateforme de prêt, ont prouvé le modèle de la DeFi. Le potentiel disruptif dans des domaines comme l’assurance est également énorme, faisant de la DeFi un secteur avec des perspectives de croissance significatives à long terme.

Tokenisation – 100 milliards de dollars

La tokenisation est la numérisation d’actifs présents dans le monde réel, comme les biens immobiliers ou les œuvres d’art, en exploitant la technologie de la blockchain. Elle inclut les objets de collection numériques dans les jeux et les objets de collection de grandes marques grâce aux NFT, mais aussi la tokenisation de matières premières et d’autres actifs financiers tels que des parts de fonds. Un rapport de Bank of America, publié l’année dernière suggérait que ce seul segment pouvait dépasser les 15’000 milliards de dollars d’ici 10 ans.

Chacun de ces cinq segments ne représente qu’une petite partie de l’écosystème crypto. Il existe des centaines de crypto-actifs avec des capitalisations boursières de plus de 100 millions de dollars, et bien que bon nombre d’entre eux ne soient certainement pas suffisamment matures pour la plupart des investisseurs, la croissance dans cet espace est un signe clair que cette classe d’actifs a réussi à se positionner pour le long terme.

Dramane Meite

Hashdex

Dramane Meite est responsable des nouveaux produits chez Hashdex, avec plus de 10 ans d’expérience dans les marchés financiers, la gestion d’actifs et la fintech. En poste auparavant chez Pimco, il a piloté les initiatives stratégiques et l’innovation en tant que Business Manager au bureau exécutif, puis en tant que stratège produit dans le groupe Solutions Client et Analytics. Il a également travaillé dans la vente, le trading et la trésorerie à la Standard Chartered Bank et à la Société Financière Internationale. Dramane Meite détient un MBA de l’Université Stanford, ainsi qu’une maîtrise en statistiques et économie. Il est titulaire du CFA.