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Inflation et économie circulaire : une opportunité de transition ?
Dans un environnement houleux, qui voit les contrariétés se succéder les unes aux autres, l’économie circulaire peut à juste mettre en avant ses valeurs et ses vertus. Les solutions qu’elle propose – les vrais plans B – auront un impact significatif sur le futur de notre société.
Et si la hausse spectaculaire de l’inflation et l’envolée des cours des entreprises énergétiques et des matières premières en 2022 étaient une bénédiction pour l’économie circulaire ? Des prix de l’énergie et des matières premières élevés et volatils, des émissions record de gaz à effet de serre et même un retour du charbon ne cadrent a priori pas très bien avec une telle philosophie. Mais en fait, ces événements ont servi de réveil brutal !
La plupart des entreprises ont du mal à faire face à l’inflation des coûts élevés et aux problèmes de chaîne d’approvisionnement liés au modèle de mondialisation excessive. Les consommateurs ont souffert pour satisfaire leurs besoins de base en raison des factures d’énergie élevées, de l’augmentation des taux hypothécaires et de l’inflation du coût de la nourriture. Les investisseurs ont été confrontés aux fortes hausses de taux d’intérêt des banques centrales et les gouvernements ont dû composer avec une dette croissante et une infrastructure toujours vieillissante.
Ces événements ont peut-être sonné le glas de l’économie linéaire traditionnelle. Cette année pourrait être le point de basculement d’une transition vers une économie circulaire avec la neutralité carbone et la préservation de la biodiversité comme fil rouge.
Plusieurs catalyseurs poussent vers cette transition : le soutien réglementaire et politique, la recherche de chaînes d’approvisionnement locales et résilientes, la sensibilisation accrue des consommateurs, l’inflation des coûts des matières premières et les engagements des entreprises.
1. L’Inflation Reduction Act présenté par les États-Unis est le plan de dépenses le plus ambitieux pour s’attaquer au changement climatique avec une visibilité à long terme pour les investisseurs. La Commission européenne travaille également sur son propre plan pour rivaliser avec les USA. Ces réglementations deviennent les nouvelles armes du monde civilisé.
2. La mondialisation à l’extrême a engendré des problèmes de chaîne d’approvisionnement dans de nombreuses industries. Le concept de la relocalisation, processus pour rapatrier les opérations plus près du pays d’origine de l’entreprise et de ses consommateurs, gagne en popularité.
3. Les consommateurs ont bénéficié de décennies de déflation et d’accès à des produits et services bon marché et abondants, en partie grâce à la mondialisation et à l’innovation. La prise de conscience de l’impact environnemental négatif de certains comportements n’est pas nouvelle. En revanche, la confrontation à la dure réalité de l’inflation devrait inciter à changer les habitudes des consommateurs vers des alternatives locales, des options d’économies d’énergie ou des modèles alternatifs.
4. Les fortes fluctuations des prix de l’énergie, de l’alimentation ou des matières premières ont causé des dégâts chez les consommateurs et les entreprises, moins préparés à une volatilité élevée qu’à des prix à long terme plus élevés mais prévisibles. La nécessité de dissocier l’activité économique de l’extraction de matières premières vierges devient évidente pour les entreprises alors qu’elles essaient d’augmenter le recyclage et de trouver des alternatives (biosourcées) dans leurs processus et chaines de valeur.
5. Nous avons vu s’accélérer l’implication des entreprises en faveur de la neutralité carbone et de la biodiversité. Responsabilisées, ces entreprises sont tenues de prendre des mesures pour atteindre ces objectifs. Près d’une majorité des sociétés cotées dans le monde se sont engagées sur plusieurs objectifs de neutralité carbone et de préservation de biodiversité. La pression sur leurs chaines de valeur, qui va également augmenter, les stimulera d’autant plus.
En définitive, la transition vers une économie circulaire est un défi de taille qui nécessite une approche pragmatique, rigoureuse et tournée vers l’avenir. Il est crucial de soutenir non seulement les entreprises ayant les meilleures pratiques environnementales, mais également celles qui investissent dans la transition malgré une empreinte environnementale relativement élevée. Cela permettra de maximiser l’impact positif de la transition et de mitiger les risques liés à la valorisation des entreprises. En tant qu’économie au sens large, la transition vers une économie circulaire doit être abordée de manière transversale, impliquant tous les secteurs et domaines d’activité.
Jonathan Graas
Decalia
Jonathan Graas est co-lead portfolio manager de la stratégie Decalia axée sur les secteurs innovants et l’économie circulaire. Il a rejoint Decalia l’an passé, et il y a retrouvé Alexander Roose et Quirien Lemey avec lesquels il avait travaillé précédemment chez DPAM. Il y gérait un fonds durable américain et co-gérait deux fonds thématiques durables, pour un encours total de plus de 4 milliards d’euros. Jonathan est titulaire d’une maîtrise en mathématiques appliquées de l’Université catholique de Louvain et d’une maîtrise en finance internationale de HEC Paris.
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