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    • Gianluca Lobefalo
    • Analyste senior
    • Varenne Capital

Les marchés entre volatilité et anticipation

Alors que le troisième trimestre s’achève, les marchés restent ballottés par les secousses accumulées depuis janvier et le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche. Parmi les tendances les plus marquantes, la faiblesse du dollar a surpris bon nombre d’observateurs, comme le rappelle Gianluca Lobefalo qui passe ici au crible les indicateurs clés à surveiller.

« Si on regarde depuis le début de l’année, le dollar a perdu 10% par rapport à un panier de devises de référence », souligne Gianluca Lobefalo. « Ce n’est sans doute pas un hasard si, dans le même temps, la Bourse américaine (indice S&P 500) a progressé d’environ 10%. » En d’autres termes, une fois ajustée des taux de change, la performance des actions américaines s’avère quasiment nulle.

Le grand gagnant de la fébrilité du billet vert est ainsi avant tout l’or. « Depuis le début de l’année, le cours de l’or a bondi de 38%, notamment sous l’effet des achats des banques centrales, et les cours des exploitants de mines d’or affichent même un gain de près de 100%. »

Pentification de la courbe

Un autre phénomène marquant des derniers mois est la pentification de la courbe des taux, c’est-à-dire l’élargissement de l’écart entre les taux longs (10 à 30 ans) et les taux courts (jusqu’à quelques années).

« La pentification de la courbe des taux est traditionnellement le signe de perspectives favorables pour la croissance économique et/ou pour l’inflation, surtout lorsqu’elle s’exprime entre les taux à 2 ans et à 10 ans. Mais récemment, la pentification s’est concentrée sur la fin de la courbe, entre les taux à 10 ans et à 30 ans. Ce qui peut aussi signifier que les marchés estiment que la politique fiscale des États n’est pas soutenable. » Un signal à suivre de près, même si, pour l’heure, il s’agit davantage d’une inquiétude diffuse — y compris en France, malgré la récente dégradation de la note souveraine du pays.

Tarifs douaniers

Un autre enjeu majeur dans l’environnement actuel est l’impact des mesures protectionnistes de Donald Trump, qui a multiplié par six les droits de douane moyens applicables aux importations aux États-Unis.

« Actuellement, il est encore trop tôt pour une évaluation complète de l’impact de ces tarifs douaniers », avertit Gianluca Lobefalo. « Les importateurs américains les ont anticipés et ont avancé leurs achats en début d’année. Selon les données disponibles, ce sont surtout ces mêmes importateurs qui ont absorbé le coût des droits de douane, ce qui explique que l’inflation des consommateurs ait peu bougé. Mais il faudra attendre six mois pour tirer des conclusions plus claires. »

Indicateurs à surveiller

Cette répercussion des droits de douane est d’autant plus cruciale que l’inflation américaine est aujourd’hui un des indicateurs les plus surveillés par les marchés. « Selon le Mood Indicator, un modèle développé par le Financial Times, elle devrait légèrement accélérer autour de 3,3% à la fin de l’année. Un niveau qui n’est pas considéré comme dangereux, mais ne justifie pas non plus une politique dynamique de réduction des taux », détaille Gianluca Lobefalo. Toute pression inflationniste supplémentaire pourrait donc contraindre la Réserve fédérale américaine à trancher entre ses deux mandats : le plein emploi (baisser les taux) et la stabilité des prix (relever les taux).

Enfin, « un second thème important pour les prochains mois et même années est la question de la domination du dollar, qui est certainement centrale dans de nombreuses tensions géopolitiques actuelles ».

Un risque extrême, mais bien réel, que Varenne couvre via son modèle de Tail Risk Hedging, permettant de protéger certains de ses portefeuilles contre les chocs extrêmes moyennant un budget annuel de maximum 1,5%.

Gianluca Lobefalo

Varenne Capital

Basé à Londres, Gianluca Lobefalo est conseiller en macroéconomie. Il apporte plus de 20 ans d’expérience. Pendant plus de dix ans, il a renforcé son expertise en tant que gérant de sa propre société spécialisée sur la gestion des risques extrêmes, QW Capital. Gianluca a commencé sa carrière en 1997 en tant qu’analyste FX et Quant chez JP Morgan, puis travaillé deux ans comme analyste Quant et gérant de portefeuille chez Schroders. Il a passé enfin huit ans chez Morgan Stanley en tant que responsable des produits dérivés Fixed Income. Gianluca est titulaire d’un Master en économie de l’Université Bocconi à Milan et d’un Master en économétrie et économie de l’Université catholique de Louvain, en Belgique. 

Varenne Capital Partners

Varenne Capital Partners est une société de gestion de portefeuille indépendante, détenue par son équipe dirigeante, fondée en 2003. L’objectif de la gestion est de délivrer une performance d’excellence, dans la durée, avec le minimum de prise de risque nécessaire pour l’obtenir. Pour ce faire, Varenne a développé et associé, sur plus de 20 ans, plusieurs moteurs de performance : Long Actions, Short Actions, Situations Spéciales et Couvertures Macroéconomiques. La gestion repose sur une activité de recherche entièrement propriétaire fondée sur un processus d’investissement structuré et formalisé, ayant en son sein un module avant-gardiste d’analyse des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance.

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