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    • Andrew Cormack, gérant obligataire
    • Keiyo Hanamura, directeur des investissements
    • Capital Group 

Comment positionner son portefeuille en vue du prochain cycle économique ?

Tous les scénarios possibles ont été envisagés depuis deux ans sur la manière dont le cycle économique en cours aux États-Unis pourrait prendre fin: une récession, puis un atterrissage en douceur, et à nouveau une récession! Dans cette analyse, nous proposons donc une méthode pour apporter un éclairage aux investisseurs dans cet environnement instable, et nous évoquons les scénarios macroéconomiques à court et long termes.

Les scénarios les plus probables sont une récession, un atterrissage en douceur et une nouvelle poussée inflationniste. La récession est actuellement la perspective privilégiée par les marchés, mais comme les 12 derniers mois l’ont démontré, cela peut rapidement changer.

  1. Atterrissage forcé/récession: la faiblesse récente du marché de l’emploi américain pourrait-elle signaler le début d’une récession aux États-Unis? Il est possible que certains effets de la hausse des taux d’intérêt ne se soient pas encore manifestés, ce qui représente une inconnue énorme.
  2. Atterrissage en douceur: depuis début 2024, la plupart des observateurs s’accordent à dire que la récession tant redoutée semble avoir été évitée et que la Fed pourrait parvenir à négocier un atterrissage en douceur de l’économie américaine. Cette opinion a débouché sur des comparaisons avec les années 1990, c’est-à-dire la dernière fois où la Fed a réussi un tel pari.
  3. Nouvelle poussée inflationniste: si l’on part du principe que le cycle de resserrement monétaire de ces deux dernières années a été correctement mené à bien, alors on peut sans doute considérer que l’économie est à nouveau en phase expansionniste.

D’après notre analyse, l’atterrissage en douceur de l’économie américaine semble être le scénario le plus probable. Mais puisque nous sommes en terre inconnue, nous restons ouverts à d’autres hypothèses compte tenu des événements exceptionnels de ces dernières années, entre crise sanitaire, inflation, remontée rapide des taux d’intérêt et tensions géopolitiques persistantes.

Que peuvent faire les investisseurs?

Comme le diagramme ci-après l’illustre, un atterrissage forcé de l’économie américaine profiterait plutôt aux actifs de qualité et d’échéance longue, tandis qu’un scénario d’économie plus solide/sans atterrissage favoriserait davantage les obligations d’entreprise d’échéance plus courte. Et en cas de nouvelle poussée inflationniste laissant craindre un nouveau cycle de hausse des taux, ce sont les liquidités qui s’en sortiraient le mieux.

Un cadre pour faire face aux différents scenarios

Source: Capital Group.

Et après l’atterrissage?

Outre l’atterrissage en lui-même, il est important d’envisager la suite qui est tout aussi incertaine et aura sans doute un impact significatif sur le positionnement des portefeuilles.

En cas de récession, par exemple, il faut s’attendre à une baisse des taux d’intérêt et à une forte hausse des spreads. Mais dans un certain sens, le contexte actuel est favorable à un tel scénario : il existe de nombreux facteurs de soutien de la croissance, et les fondamentaux de la plupart des entreprises sont bien orientés. Par ailleurs, l’économie américaine a surmonté une mini-crise bancaire, tandis que la Fed et le gouvernement ont démontré leur volonté de soutenir l’économie, pour autant que toutes les conditions soient réunies (par exemple une inflation modérée). En conséquence, s’il existe des opportunités d’investissement, il faudrait en tirer parti immédiatement avant que la fenêtre d’opportunité se referme.

Dans un scénario d’atterrissage en douceur, les taux d’intérêt pourraient remonter un peu, les spreads resteraient probablement étroits, et la croissance resterait dynamique. Le désavantage de ce scénario étant l’absence d’indicateur officiel pour le valider, la crainte d’une récession ou d’une nouvelle poussée inflationniste persistera, et il faudra positionner son portefeuille en vue de telles éventualités.

Dans un scénario de nouvelle poussée inflationniste, nous serions en situation de surchauffe de l’économie et de l’inflation. Si « l’atterrissage en douceur parfait » sera sans doute plus court que le précédent, la phase de réaccélération pourrait être intenable. Cet environnement profiterait sans doute aux obligations à rendement élevé et d’échéance courte, mais à nouveau, la vigilance des investisseurs s’impose car l’environnement de marché peut basculer à tout moment.

Conséquences pour les investisseurs

Pour être pertinente, la réflexion sur le positionnement des portefeuilles nécessite de répartir les incertitudes en deux phases. La première est la manière très incertaine dont l’économie pourrait atterrir. La seconde est ce à quoi l’environnement de marché ressemblera ensuite.

Il paraît donc judicieux de mettre en place une approche d’investissement adaptée à cette double incertitude.

  1. Diversification: ne mettez pas tous vos oeufs dans le même panier, surtout lorsque les perspectives du marché sont incertaines.
  2. Flexibilité: non seulement elle donne aux investisseurs la possibilité de se repositionner face à un revirement du marché, mais aussi de tirer parti de la volatilité : plutôt que d’assister passivement aux fluctuations de leurs positions, les investisseurs peuvent en effet en faire une source de rendement supplémentaire.

Cette double approche présente deux grands avantages. D’abord, un portefeuille diversifié peut contribuer à atténuer la volatilité des résultats par rapport à un portefeuille plus concentré. Ensuite, un portefeuille flexible, adapté à différents contextes de marché et à différentes sources de rendement, offre un meilleur accès aux opportunités de résultats.

Le diagramme ci-après compare l’adéquation d’une approche de coeur de portefeuille obligataire flexible (« Flexible core ») et de trois grandes stratégies d’investissement (« Core » pour coeur de portefeuille, « IG Corp » pour obligations d’entreprise investment grade, et « HY Corp » pour obligations d’entreprise high yield). Comme on peut le voir, le fait d’associer diversification et flexibilité permet au coeur de portefeuille obligataire flexible de générer des résultats solides dans la plupart des scénarios.

Positionnement du portefeuille pour se préparer au prochain cycle économique

Source : Capital Group.

Andrew Cormack

Capital Group

Andrew Cormack est gérant obligataire chez Capital Group. Il possède 19 ans d’expérience dans le secteur de l’investissement et a rejoint Capital Group il y a 5 ans, après avoir occupé la fonction de gérant de portefeuille chez Western Asset Management. Il est titulaire d’une licence en science actuarielle avec mention de la London School of Economics, ainsi que de l’Investment Management Certificate. Andrew est basé à Londres.

 

Keiyo Hanamura

Capital Group

Keiyo Hanamura est directeur des investissements chez Capital Group. Il possède 16 ans d’expérience dans le secteur de l’investissement et a rejoint Capital Group il y a 6 ans, après avoir occupé les fonctions de stratégiste obligataire chez BlackRock. Il est titulaire d’un master en affaires internationales de l’université de Californie à San Diego, et d’une licence en études internationales de l’université d’Iowa. Keiyo est basé à Tokyo.

 

 

 

 

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