Indices
Jean-Sylvain Perrig
Premyss
Les indices Performance Watcher au 2ème trimestre
Alors que l’exercice 2024 touche à sa fin, les hedge funds présentent un bilan très favorable. C’est plus particulièrement le cas des stratégies long short. Elles affichent d’excellentes performances, aidées par la fin du free money et le retour aux fondamentaux, conditions qui ont permis de générer de l’alpha tant sur les books long que sur les books short.
Par Jérôme Sicard
Dans l’univers des hedge funds, quelles stratégies ont enregistré les meilleures performances cette année ?
Toutes les stratégies de hedge funds ont plutôt bien performé cette année. Avec un bon choix de gérants, les performances ont même été excellentes.
Celle qui a le mieux performé est la stratégie global equity long/short. Dans le fonds Haussmann, elle est en hausse de +18.2% year-to-date, au 30 novembre, nette de frais, à comparer avec les 20% de hausse de l’indice MSCI World. Les gérants avec un biais européen ont également bien performé. Ils gagnent +15.5% year-to-date en Euro, alors que l’indice MSCI Europe s’en tient à +6.3%. Et les gérants concentrés sur l’Asie surperforment aussi les indices – +14.0% year-to-date en Dollar versus +8.3% pour le MSCI AC Asia Pacific – tout en affichant des niveaux de volatilité bien inférieurs.
La stratégie global macro discrétionnaire affiche également une belle performance avec +15.2% même si la dispersion entre les gérants s’avère plus importante. Le contexte de marché avec une volatilité accrue de toutes les classes d’actifs – taux, devises, matières premières et actions dans une moindre mesure… – est favorable aux traders macro.
Quels ont été les mauvais élèves de la classe hedge funds en 2024 ?
Ceux qui ont le plus souffert sont les gérants systématiques/CTA qui emploient des modèles de « trend following ». Ils ont plutôt bien commencé l’année avant de corriger significativement pour n’être en hausse que de +1.1% si l’on se réfère à l’indice SG CTA. Les gérants actifs sur les matières premières ont eu une année difficile en générale même s’il n’est pas rare qu’ils fassent leur Profit & Loss de l’année en quelques semaines et l’année n’est pas terminée.
La performance des fonds multi-stratégies multi-gérants peut aussi être considérée comme décevante avec une performance autour des +6/+8% en fonction des indices, à comparer avec des fonds money market USD en hausse de près de 5% cette année. Cela ne constitue pas une surprise majeure dans la mesure où ces plateformes ont attiré beaucoup d’argent depuis le COVID. Sur fonds de guerre des talents pour attirer les meilleurs traders, la digestion de ces actifs s’avère délicate et la génération d’alpha s’en ressent.
Quelles stratégies les investisseurs ont-ils eu tendance à privilégier cette année ?
Les investisseurs ont eu tendance à privilégier d’une part, les fonds multi-stratégies multi-gérants dans un objectif de recherche de performances stables décorrélées des marchés et d’autre part, les fonds global macro dans un contexte macroéconomique moins lisible.
Il existe un biais humain naturel qui pousse à privilégier les stratégies et gérants ayant des performances récentes supérieures à la moyenne alors qu’il est souvent judicieux d’avoir une approche contrariante, partant du principe que la sélection est bonne.
Après l’excellente performance des CTAs en 2022, dans un contexte de baisse généralisée des marchés actions et obligataires, de nombreux investisseurs y ont augmenté leur exposition alors que ce n’était pas le bon moment. L’indice SG CTA a en effet perdu 2.2% depuis le 1er janvier 2023.
Pourquoi l’environnement actuel a-t-il été si favorable aux long-short ?
Les gérants equity long/short affichent de très bonnes performances ajustées au risque depuis plus de deux ans grâce à différents facteurs.
Après une période prolongée de taux très bas, nous sommes enfin revenus à un environnement de taux d’intérêt normalisé. Même si les grandes banques centrales, à l’exception notable du Japon, ont commencé à baisser leurs taux, il n’est pas prévu de se rapprocher des 0%, à moins d’un sévère coup de bambou.
Nous sommes donc à nouveau rémunérés pour « shorter » ou vendre à découvert des titres à une certaine échéance, ce qui change fondamentalement la donne. Les books shorts en dollars ont ainsi rapporté environ 4.5% cette année.
Plus important, l’ère de l’argent gratuit arrive à son terme et cette fin commence à produire ses effets sur un ensemble d’entreprises mal gérées, dans des secteurs en difficultés. En témoigne le grand écart entre la performance du S&P 500 « cap-weighted » et du S&P 500 « equally-weighted ». De nombreuses sociétés américaines ont ainsi vu leur cours de bourse baisser cette année et les gérants ont gagné de l’argent sur leurs books shorts.
Les gérants long/short ont également généré de l’alpha sur leurs books longs. Ils réussi à afficher un alpha positif sur 10 mois des 11 premiers mois de 2024. Avec une volatilité et une dispersion accrue entre secteurs et sociétés, le marché est favorable au stock picking, long comme short, et l’élection de Trump n’a fait qu’accentuer ce phénomène.
Pour s’en tenir au S&P500, dans quels secteurs voit-on aujourd’hui le plus de dispersion ?
Tous les secteurs du S&P 500 affichent des niveaux de dispersion supérieurs à leur moyenne historique mais ceux qui se démarquent le plus aujourd’hui sont les Industrielles, l’Energie et les Utilities. Ce n’est pas un hasard si les Industrielles représentent la plus grande allocation sectorielle en exposition brute d’un fonds comme Haussmann. Par ailleurs, nous avons sélectionné un certain nombre de gérants actifs dans le secteur Energie qui ont une vraie approche long/short sur ces trois dernières années. Encore une fois, la bonne nouvelle est que nous voyons de la dispersion dans tous les secteurs et des phénomènes comme l’IA ne va faire que renforcer cette tendance.
Vous-même, que retenez-vous de cet exercice 2024 ?
Il n’est pas encore terminé ! Cela dit, 2024 est une année positive pour la gestion hedge funds. Les performances, absolue et relative, sont déterminantes mais la manière dont celles-ci ont été générées est encore plus importante. Les gérants long/short ont bien performé tout en conservant une exposition nette au marché qui est raisonnable et, de surcroit, avec un portefeuille diversifié en termes de secteurs et de titres. En ce sens, un tel portefeuille se démarque clairement de la concentration des indices boursiers aujourd’hui. Grâce à ce positionnement, qui évolue au cours du temps, nous craignons moins les scénarios de rotations importantes entre les secteurs « growth » et « value ». La meilleure preuve en est la très bonne performance des gérants depuis l’élection de Trump.
Un deuxième aspect que nous pouvons mettre en avant est le regain d’intérêt de la part de clients privés pour les hedge funds. Après avoir connu de belles années avec le private equity, certains émettent le souhait de se diversifier en s’exposant à des stratégies différentes.
Cédric Dingens
NS Partners
Cédric Dingens dirige le pôle « Investment Solutions & Institutional Clients » de NS Partners. Cédric a débuté sa carrière à la Banque du Luxembourg en 2001. L’année suivante, il a rejoint Notz Stucki à Luxembourg en tant que gestionnaire de portefeuille. Il a développé le cadre interne de gestion des risques quantitatifs avant d’être nommé responsable de la gestion des risques à Genève en 2010, puis d’être promu à son poste actuel en 2016. Il est titulaire d’un diplôme en finance quantitative de l’École nationale supérieure des mines de Nancy (France) et détient la certification Chartered Alternative Investment Analyst.
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Acteur clé dans le domaine de la Blockchain, Solana s’est attirée une attention notable sur le marché des cryptomonnaies en raison de ses performances récentes. Une question surgit alors dans l’optimisme qui a suivi l’élection de Donald Trump : après que le bitcoin ait passé le seuil des 100’000 dollars, Solana pourrait-il de son côté franchir la barre des 1’000 dollars ?
Les origines de Solana remontent à 2017. Anatoly Yakovenko, ancien ingénieur de Qualcomm, propose alors une blockchain capable de traiter des données avec une vitesse et une efficacité sans précédent. En mars 2020, Solana lance sa version bêta, démontrant sa capacité à traiter plus de 65’000 transactions par seconde à un coût extrêmement bas. La plateforme connait une croissance particulièrement forte en 2021, stimulée par la demande pour la finance décentralisée DeFi et les NFTs. Son cours en profite pour grimper de 0,75 à un sommet de 259,96 dollars.
En 2022, avec l’effondrement de FTX et de sa société sœur Alameda, qui détient une grande quantité de SOL , Solana n’échappe pas à la correction crypto et son cours chutte à 8,42 dollars. Solana a opéré depuis un rebond assez remarquable en se concentrant sur les améliorations de son réseau et des innovations technologiques. Son prix a grimpé de plus de 2’690 % par rapport à son point bas de 2022 et se situe désormais à 235 dollars.
Au 3ème trimestre 2024, les investissements institutionnels dans l’écosystème Solana ont atteint un niveau record. De plus, l’activité liée à la popularité croissante des «meme coins» basés sur Solana a enregistré des gains significatifs. «Les meme coins attirent de nouveaux utilisateurs vers l’écosystème, ouvrant la voie à leur transition vers des cas d’usage plus sophistiqués comme la DeFi et les NFTs», souligne Dramane Meite, directeur produit chez Hashdex. Avec une capitalisation boursière de plus de 109 milliards de dollars, Solana se classe aujourd’hui au 5ème rang des cryptomonnaies.
Retour vers le futur.
La robustesse de son infrastructure a été un élément clé de son succès. Sa blockchain à haute vitesse permet une mise à l’échelle efficace tout en maintenant des coûts de transaction faibles, ce qui la rend particulièrement attrayante pour les applications basées sur la blockchain. Pour répondre aux préoccupations passées concernant les interruptions du réseau, Solana a introduit des clients validateurs alternatifs (Firedancer et Tinydancer), améliorant ainsi la stabilité et la décentralisation.
Les investissements institutionnels ont également été un moteur de croissance. «Les investisseurs institutionnels sont attirés par Solana en raison de sa capacité à gérer de manière transparente la tokenisation et les applications de niveau entreprise» , ajoute Pedro Lapenta, Head of Research chez Hashdex, La domination de Solana est également évidente dans la DeFi. En novembre 2024, le volume de ses échanges décentralisés (DEX) de Solana a dépassé 121,39 milliards, quasiment le double de ceux d’Ethereum, à savoir 63,67 milliards. Ce point illustre clairement le leadership de Solana dans les services financiers basés sur la blockchain, aidé par ses faibles frais et son réseau évolutif, qui continuent d’attirer développeurs et utilisateurs.
Malgré ces atouts, Solana doit cependant composer avec quelques incertitudes réglementaires. La SEC a récemment rejeté plusieurs demandes relatives aux ETFs basés sur Solana, invoquant des préoccupations concernant sa classification en tant que “security”. La position du président de la SEC, Gary Gensler, suggère que les ETFs SOL au comptant sont peu susceptibles d’être approuvés sous l’administration actuelle. Cependant, la récente nomination de David Sacks comme conseiller de la Maison-Blanche pour l’intelligence artificielle et les cryptomonnaies a ravivé l’optimisme. En parallèle, des acteurs de premier plan tels que Bitwize, Grayscale, 21Shares, Canary Capital et VanEck poursuivent leurs démarches pour obtenir l’approbation d’ETFs basés sur Solana, facilitant ainsi son accès aux investisseurs institutionnels et particuliers.
Bien qu’Ethereum, son principal concurrent, ait renforcé sa position sur le marché avec ses récentes mises à niveau, les experts estiment que Solana s’est imposée comme un acteur redoutable. «Les nouveaux concurrents de Solana font face à un défi bien plus difficile: ils doivent démontrer des avantages significatifs par rapport à une infrastructure déjà optimisée, précise Ayush Tripathi, analyste chez Bitwise. Nous assistons à l’émergence d’un nouveau poids lourd de la blockchain. En regardant vers 2025, je m’attends à ce que cet élan crée un puissant cercle vertueux: des cas d’usage réussis stimuleront une meilleure adéquation produit-marché, ce qui attirera à son tour davantage de développeurs et d’institutions. La question n’est plus de savoir si Solana réussira, mais plutôt quel sera l’ampleur de son impact.»
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Fisch Asset Management, la boutique zurichoise dédiée au fixed income, vient de célébrer son trentième anniversaire. En cadeau, une remontée des taux qui satisfait pleinement Torsten von Bartenwerffer, son CEO, qui voit notamment les convertibles – spécialité maison – revenir sur les devants de la scène.
Par Jérôme Sicard
Comment avez-vous perçu l’évolution du monde obligataire au cours de ces 5 à 10 dernières années ?
Nous avons connu deux phases bien distinctes. Il y a d’abord eu cette longue période de baisse des taux d’intérêt, qui a poussé tout le monde à rechercher des rendements supplémentaires dans différents segments du marché fixed income. Les investisseurs ont donc souvent poussé sur le risque ou la duration, et se sont même aventurés dans des stratégies plus exotiques telles que les stratégies basées sur la volatilité.
Puis, au cours des trois ou quatre dernières années, les taux d’intérêt ont effectué leur retour. L’an passé, en janvier, la dernière obligation d’État japonaise assortie d’un taux d’intérêt négatif est ainsi repassée en territoire positif. Ce changement marque clairement la fin d’une époque. Pour moi, comme pour Fisch Asset Management, je me réjouis de ce retour des taux d’intérêt, car il marque la résurgence de la classe obligataire.
Comment vous êtes-vous adapté à l’environnement très difficile de ces cinq dernières années ?
Il est vrai que ces années ont été pénibles pour les gestionnaires spécialisés fixed income. Nous avons tous souffert. Toutefois, cela nous a également incités à devenir plus efficaces dans nos processus d’investissement et dans nos modes opératoires. Nous avons renforcé nos contrôles de risque – tant en matière de conformité que de risque – et intégré différents systèmes pour rationaliser nos flux de travail.
Nous avons veillé à simplifier nos processus et à mieux les structurer pour être plus productifs et faire en sorte que notre boutique puisse s’aligner en termes de performance sur les grandes enseignes du fixed income. C’est un peu comme perdre du poids – ce n’est pas toujours un effort agréable, mais on en ressort plus mince et en meilleure santé. Nous avons d’ailleurs vu cette transformation s’opérer dans l’ensemble du secteur.
Cela dit, Fisch Asset Management reste très solide. Nous avons récemment célébré notre trentième anniversaire, ce qui témoigne de la vision à long terme de nos fondateurs. Ils ont construit la société en sachant que les marchés connaissent des hauts mais aussi des bas et ils nous ont dotés d’une forte assise financière pour passer sans encombre les moments plus difficiles.
Avez-vous modifié la façon dont vous construisez votre gamme de produits pour vous adapter aux circonstances?
Nous n’avons pas changé d’approche. Nous nous en tenons à ce que nous maîtrisons. Notre stratégie repose sur deux piliers: les stratégies classiques avec les obligations d’entreprises à haut rendement, le crédit mondial voire les marchés émergents de manière un peu plus marginale – et les obligations convertibles, qui constituent notre classe emblématique. Il est d’ailleurs intéressant de noter que ces obligations convertibles reviennent en force et que nous y voyons des opportunités significatives.
Quels sont les marchés sur lesquels vous vous concentrez ?
Nous nous concentrons principalement sur les régions germanophones en Europe. Environ deux tiers de nos actifs proviennent d’Allemagne, le tiers restant de Suisse.
En termes de clients, 37% de nos actifs proviennent de fonds de pension, 17 % de banques et le reste de fondations, de compagnies d’assurance, de trésoreries d’entreprise et de family offices. Dans l’ensemble, notre clientèle est composée à 90 % d’institutionnels.
Comment vos investisseurs ont-ils ajusté leur allocation en titres à revenu fixe au cours des cinq dernières années ?
La plupart de nos investisseurs procèdent à des allocations stratégiques, de sorte que leurs pondérations sont restées en fait relativement stables. Cependant, lorsque les taux d’intérêt ont bougé, certains ont opté pour des durations plus longues, des secteurs plus risqués ou se sont même rabattus sur les marchés privés. Aujourd’hui, avec la normalisation des taux d’intérêt, nous constatons un intérêt moindre pour ce type d’ajustements.
Quels leviers allez-vous activer pour renforcer votre croissance et retrouver vos niveaux de 2021 ?
Le marché des obligations convertibles s’est contracté au cours des trois dernières années, et nous avons subi comme beaucoup de nos confrères, mais nous avons aussi mis à profit cette période pour renforcer nos équipes de gestion. Dans la mesure où nous avons une structure robuste, fondée sur une vision à long terme, nous avons su convaincre plusieurs gestionnaires très confirmés de nous rejoindre, en particulier dans le domaine du high yield.
Cet environnement compliqué nous a en fait aidés à constituer une équipe plus étoffée que nous n’aurions pu le faire en des temps plus cléments. Aujourd’hui, nous comptons une vingtaine de portfolio managers, et notre objectif est de capitaliser sur leur expertise pour optimiser nos performances.
Quels sont les segments fixed income qui, selon vous, offriront les opportunités les plus intéressantes dans les années à venir ?
Comme le renouvellement des cycles nous l’enseigne, les segments qui ont historiquement bien performé, comme les obligations d’entreprises, devraient continuer à le faire. Mais je vois surtout des opportunités exceptionnelles dans les obligations convertibles. L’environnement actuel leur est très favorable et elles offrent d’énormes avantages.
Dans l’allocation d’actifs, elles se rangent dans la classe fixed income mais elles proposent aussi une exposition semblable à celle des actions. Les arbitrages qui s’en suivent son intéressants. Les convertibles deviennent par exemple très attrayantes dans les scénarios où l’inflation repart – ce qui n’est pas à exclure – car les actions ont tendance à être avantagées dans de telles conditions.
Par ailleurs, les convertibles ont prouvé à maintes reprises leur capacité à offrir sur le long terme des rendements supérieurs ajustés du risque, ce qui en fait un choix assez convaincant pour les investisseurs tournés vers l’avenir.
Torsten von Bartenwerffer
Fisch Asset Management
Torsten von Bartenwerffer est le CEO de Fisch Asset Management depuis novembre 2023. En tant que président du Portfolio Management Board, il est en outre responsable de la gestion de portefeuille au sein de la direction. Avant de rejoindre Fisch en octobre 2021, il était Head Multi Asset au bureau de Zurich du groupe FERI. Il était également membre du Steering Committee du FERI Cognitive Finance Institute à Francfort. Torsten a également occupé des postes de direction au sein du groupe Aquila (Hambourg) et a joué différents rôles auprès d’ISP Family Office, Clariden Leu et UBS. Torsten von Bartenwerffer a étudié l’économie d’entreprise et la gestion de la technologie à l’université de Saint-Gall, où il a ensuite obtenu son doctorat.
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L’année 2024 entre dans sa dernière ligne droite, et c’est peu de dire qu’elle n’aura pas été très favorable aux actions européennes. Quand le S&P 500, l’indice phare de la bourse américaine, caracole à +27%, l’EuroStoxx 50 ne progresse que de 5%.
De l’instabilité politique française au marasme de l’activité industrielle, en passant par l’exposition de nombreuses sociétés à une économie chinoise en berne, les sous-performances des actions européennes s’expliquent facilement. C’est la question des perspectives qui se pose à présent. Si, bien entendu, le destin de la zone euro va dépendre de la capacité de la Chine à relancer son économie et des droits de douane de l’administration Trump, elle devra vivre aussi au gré des péripéties de ses deux moteurs : la France et l’Allemagne.
Côté français, c’est bien le risque d’un dérapage supplémentaire qui prédomine. L’instabilité politique perdurera certainement encore plusieurs mois. Le scénario d’une chute prochaine du gouvernement Barnier prend de l’ampleur, et s’il devait advenir, tous les scénarios seraient alors ouverts, jusqu’à une potentielle démission du président Macron. Un contexte qui ne pourrait que renforcer encore davantage la défiance des investisseurs. De plus, même un budget validé et l’absence de vote d’une motion de censure n’auraient sans doute qu’un impact marginalement positif, avec la perspective d’une nouvelle dissolution l’été prochain, et donc la persistance d’une instabilité du pouvoir.
Par ailleurs, au-delà de l’aspect purement politique, la question budgétaire restera centrale. Quand bien même le budget serait voté, cela ne ramènerait le déficit qu’à 5% du PIB, ce qui reste très élevé en absolu. De plus, ce calcul s’appuie sur l’hypothèse, consignée dans la loi de Finance, d’une croissance du PIB de 1,1% en 2025. Au regard de l’évolution récente des indicateurs économiques, ce chiffre a très peu de chance d’être atteint. Une croissance de l’ordre de 0,5 à 0,7% paraît plus crédible, avec un risque non négligeable de récession technique en cours d’année. Un budget calibré sur une hypothèse de croissance trop élevée ne peut que conduire à un nouveau dérapage. Et malheureusement, la situation française n’est ni nouvelle, ni exceptionnelle. La France est l’Etat à avoir le plus souvent dépassé le seuil de déficit excessif (3% du PIB) depuis la création de la zone euro – 20 années sur 26. De plus, elle est aujourd’hui le plus mauvais élève de l’union monétaire en termes de ratio déficit public/endettement : l’Italie et la Grèce, dont le ratio dette/PIB dépasse celui de la France, sont en 2024 quasiment à l’équilibre budgétaire pour la première, en net excédent pour la deuxième.
Malgré ce bilan peu reluisant, et bien que le taux à 10 ans français ait récemment dépassé son homologue grec, la France continue d’emprunter à des taux modestes. Mais le risque est aujourd’hui réel que la poursuite de l’incurie budgétaire, associée à l’instabilité politique, finissent par engendrer un accès défiance tel que les taux s’envolent sur les marchés, et que la France connaisse, toutes proportions gardées, une sorte de crise de la dette. C’est indubitablement là que se situe le principal risque pour la zone euro au cours des prochains trimestres.
Ce risque est toutefois contrebalancé par un espoir venu d’Allemagne, après l’éclatement de la coalition au pouvoir. Sauf retournement majeur, les élections fédérales anticipées, qui en découlent, devraient être remportées en février prochain par la CDU/CSU, menée par Friedrich Merz. Pressenti comme futur Chancelier, il fera ensuite alliance soit avec le SPD d’Olaf Scholz, soit avec les Verts, en fonction des scores de ces partis. Quelle que soit la couleur de la prochaine coalition, il semble certain que l’Allemagne, qui dispose de réelles marges de manœuvre avec seulement 59% de dette/PIB, sans aucun déficit primaire, ajuste enfin son orthodoxie budgétaire.
Trois pistes crédibles s’offrent à elle. D’abord, alléger les conditions et activer plus fréquemment la clause de sauvegarde qui permet au Bundestag de suspendre le frein à l’endettement « en cas de catastrophe naturelle ou autre situation exceptionnelle d’urgence échappant au contrôle de l’État ». Ensuite, reconduire le fonds spécial de 100 milliards d’euros créé en 2022 pour soutenir le budget de la défense, ou en créer un nouveau. Enfin, revoir la limite de déficit budgétaire comprise dans le mécanisme de frein à l’endettement. Fixée aujourd’hui à 0,35% du PIB, elle pourrait remonter à 0,5 voire 0,75%.
Ces ajustements peuvent paraître mineurs. Ils représenteraient toutefois une évolution majeure dans l’état d’esprit des dirigeants allemands, et il n’est guère crédible, pour l’instant, d’espérer davantage à court terme. En termes de perception du risque par les investisseurs, cela pourrait être une bouffée d’oxygène, la première économie de la zone euro prenant enfin la mesure d’un modèle économique déclinant depuis près d’une décennie et se montrant capable d’apporter un peu de flexibilité à son ordo-libéralisme parfois forcené. Cela pourrait également redonner de l’allant à certains secteurs cycliques boudés par les marchés, comme l’automobile ou la chimie.
De la survenance d’un péril français ou de la matérialisation du – raisonnable – espoir allemand dépendra certainement une bonne partie du sort boursier de la zone euro en 2025.
Olivier de Berranger
La Financière de l’Echiquier
Olivier de Berranger est le directeur général et le co-CIO de La Financière de l’Echiquier. Il a occupé depuis 1990 des postes de trader, ainsi que de responsable de desk de trading sur les produits de taux d’intérêt, cash et dérivés au Crédit Lyonnais puis chez Calyon. Il a ensuite été responsable du pôle Capital Markets chez First Finance. Olivier de Berranger rejoint La Financière de l’Échiquier en mars 2007 en qualité de gérant obligataire. Après être devenu directeur de la gestion taux, crédit et diversifié, il est nommé en 2017 directeur de la gestion d’actifs et entre au comité de direction. En décembre 2023, il en devient directeur général de LFDE. Olivier de Berranger est diplômé d’HEC.
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Pour Marc Briol, les gérants indépendants n’ont pas été impactés outre mesure par la mise en application de la LSFin/LEFin. Ils étaient prêts, mais ils n’échapperont pas ces prochaines aux profondes transformations que leur imposeront des banques dépositaires soucieuses d’établir à terme des standards plus élevés.
Par Jérôme Sicard
Dans la façon dont ils s’organisent, où pensez-vous que la LSFin/LEFIn a le plus d’impact sur les gérants indépendants depuis sa mise en application ?
Nous constatons que l’impact a finalement été assez marginal. Bien que les gérants aient probablement fourni un immense effort d’un point de vue administratif pour préparer leur dossier, documenter leurs modes opératoires, formaliser leurs procédures et se soient soumis à des audits, ils n’ont pas changé pour autant leur manière d’agir. Je ne les trouve donc pas excessivement alourdis par cette charge réglementaire.
En réalité j’estime que la répercussion de cette réglementation sera plus marquée dans un deuxième temps. Les gérants indépendants vont être soumis aux règles ou aux impératifs des banques de manière plus forte. Je pense par exemple aux marchés cibles sur lesquels ils se positionnent. Les banques voudront s’assurer que leurs gérants maîtrisent parfaitement les juridictions sur lesquelles ils opèrent. Ces prochaines années, ils auront donc à formaliser davantage leurs schémas opérationnels. Ces transformations profondes n’ont pas encore vraiment commencé.
La LSFin et la LEFin ont-elles poussé les gérants à initier ce processus de transformation ?
Non, dans la mesure où les autorisations délivrées par la Finma s’inscrivent en réalité dans la continuité des travaux que les gérants ont dû entreprendre pour obtenir leur licence. Ils remplissaient donc déjà certaines exigences en termes d’organisation, de transparence, de stabilité ou d’appropriation. Mais il leur faudra en remplir certainement plus ces prochaines années.
A ce jour, la Finma a délivré près de 1’500 autorisations. Quel regard portez-vous sur ce marché ?
C’est un marché important, qui jouit manifestement d’une belle dynamique. Je m’attends cependant à voir une certaine sélection s’effectuer à l’avenir. Beaucoup d’autorisations ont été délivrées de manière rigoureuse, d’autres l’ont peut-être été un peu moins. Il sera intéressant de voir dans quelle mesure la Finma mettra en place une jurisprudence avec des niveaux de qualité ou de contrôle différents, aussi bien pour les banques dépositaires que pour les gérants indépendants.
Pour vous, les banques doivent donc jouer un rôle dans cette rationalisation ?
Les banques dépositaires doivent se situer aux avant-postes et assumer davantage leurs responsabilités dans la définition et la mise en place de standards. Nous sommes aussi très attentifs aux changements en cours à la Finma. Ce que nous souhaitons – et ce qui a toujours été la force de la place financière suisse – c’est d’évoluer dans un environnement « pinciple-based » plutôt que « rule-based ». On a besoin d’un régulateur qui veille à l’application des lois mais contribue aussi à la compétitivité de la place financière. C’est le mandat souvent donné aux régulateurs anglo-saxons. L’approche n’est pas forcément la même en Suisse ou en Europe.
Comment définiriez-vous la proposition de valeur de gérants indépendants tels qu’ils se présentent en ce moment sur le marché ?
Leur indépendance, pour commencer, puisque c’est l’adjectif qui les qualifie en tout premier lieu. Les gérants indépendants ont cette capacité à travailler en architecture ouverte et à pouvoir sélectionner les meilleurs produits dans le seul intérêt de leurs clients. Leur proposition de valeur tient aussi pour beaucoup à leur flexibilité et leur proximité vis à vis de la clientèle. Leur corpus administratif s’est peut-être alourdi, mais ils disposent encore de grandes plages de temps à consacrer à leurs clients.
Et puis j’élargirais le champ. Les gérants indépendants bénéficient d’un contexte assez extraordinaire, celui de la place financière suisse, de sa grande stabilité, de sa vigueur et de la richesse de son écosystème, autant d’éléments qui se reflètent également dans la proposition de valeur des GFI.
Ont-ils encore la bande passante aujourd’hui pour assurer une gestion de portefeuille optimale ?
Oui, pour autant qu’ils s’organisent de manière adéquate, et prennent en considération leur valeur ajoutée et leurs capacités, par exemple dans le cas d’une allocation tactique. Doivent-ils s’occuper de tout ou déléguer ? Nous voyons émerger aujourd’hui une prise de conscience autour de la génération d’alpha. Elle concerne d’ailleurs autant les banques que les gérants. Pour les unes comme pour les autres, il s’agit de mieux intégrer des actifs non cotés dans les portefeuilles et d’optimiser la diversification dans les classes traditionnelles comme les actions ou les obligations.
Nous nous dirigeons à mon avis vers un monde où les gérants trouveront des relais pour la gestion de certaines poches et se transformeront progressivement en « trusted advisors », dans des structures multi-gérées plus ouvertes.
En dehors de la réglementation, quelles autres pressions voyez-vous s’exercer sur les gérants indépendants ?
La première, c’est la génération d’alpha que je viens d’évoquer. Les gérants ont aujourd’hui des impératifs de performance, couplés à une forte pression sur les marges, due en grande partie à un environnement de plus en plus compétitif, en Suisse comme à l’international.
Le passage au digital et l’adoption de nouvelles technologies comme l’intelligence artificielle pèsera aussi beaucoup sur eux. Dans la façon dont ils gèrent leurs portefeuilles de même que dans la manière dont ils interagissent avec leurs clients. Sur ce point, les attentes et les comportements futurs de la NextGen restent encore quelque peu indéterminés.
De votre côté, comment avez-vous fait évoluer vos services aux tiers gérants?
Nous les aidons à optimiser l’allocation de leurs portefeuilles en leur donnant accès à des actifs plus sophistiquées de type private markets ou hedge funds. Nous sommes capables de leur proposer une large gamme de produits, ou de créer pour eux, selon leurs besoins spécifiques, des fonds dédiés, en marque blanche.
Nous avons également développé nos services de Global Custody, en offrant aux individus fortunés ainsi qu’aux single et multi-family offices la possibilité de rassembler plusieurs gestionnaires sur un seul et même compte. Ce modèle repose sur une gestion en architecture ouverte, tandis que la partie asset servicing, simplifiée pour plus d’efficacité, est entièrement prise en charge par Pictet Asset Services. De plus, les gérants indépendants et leurs grands clients bénéficient désormais de solutions historiquement réservées aux asset managers ou aux clients institutionnels. Cette convergence se manifeste très clairement depuis quelque temps.
Marc Briol
Pictet Asset Services
Entré chez Pictet en 1995, Marc Briol exerce les fonctions de CEO de Pictet Asset Services, qui fournit des services de banque dépositaire ainsi que d’administration et de gouvernance de fonds à une clientèle composée de gérants indépendants, de gestionnaires de fonds et d’institutionnels.
Au sein de Pictet, Marc Briol a précédemment occupé le poste de COO de la division Technology & Operations. Avant cela, il a exercé les mêmes fonctions au sein de Pictet Asset Management de 1997 à 2008 à Londres.
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