Data
Eric Gagnaux
KeyIT
La dimension critique de la gestion des données
La gestion des données – leur collecte et leur exploitation – prend de plus en plus d’importance pour les gérants indépendants, en raison de la complexité croissante des marchés financiers, de l’évolution de la règlementation et de la personnalisation des portefeuilles. Aujourd’hui, au vu des problèmes qu’elle est capable de résoudre, elle requiert une approche de plus en plus ciblée.
Le problème de la fragmentation des données
Les données clients, les détails des portefeuilles, les informations sur le marché et les données opérationnelles sont souvent dispersées dans divers systèmes, feuilles de calcul, voire dans les notes individuelles des conseillers. Cette approche fragmentée rend difficile une vue d’ensemble pour chaque client, limitant ainsi les conseils personnalisés et la prise de décision stratégique.
Son impact :
Les solutions au problème
Une plateforme de gestion de données unifiée consolide les données provenant de sources disparates en un seul référentiel centralisé. Il n’est plus nécessaire d’effectuer des recherches fastidieuses dans plusieurs systèmes, et les conseillers disposent alors d’une vue complète et précise sur chaque client, en un coup d’oeil. Avec une source unique, ils sont en mesure de prendre de meilleures décisions, d’adapter les stratégies d’investissements aux besoins individuels et d’identifier de manière proactive les opportunités de cross-selling, ou de montée en gamme.
Le problème des processus manuels et chronophages
Il arrive souvent que les gérants passent un temps exagéré sur des tâches manuelles telles que la saisie de données, la génération de rapports et les vérifications de conformité. Cette charge épuise leurs ressources et les empêche de se concentrer sur des activités à forte valeur ajoutée comme la construction des relations clients et le développement de stratégies d’investissements.
Son impact :
Les solutions au problème
Sur la plateforme de gestion, l’automatisation des tâches routinières telles que la saisie de données, la génération de rapports et les vérifications de conformité libère un temps précieux. Ce temps peut alors être mis à profit sur les relations clients, le développement de stratégies d’investissement personnalisées et un conseil plus orienté sur l’anticipation des besoins. L’automatisation réduit également le risque d’erreur humaine, garantissant l’exactitude et la cohérence des données.
Le problème de l’inefficacité opérationnelle
À mesure qu’une entreprise se développe, le volume et la complexité des données augmentent de manière exponentielle. Les systèmes hérités et les processus manuels peinent à suivre, entraînant des goulets d’étranglement, des retards et un risque d’erreurs plus important.
Son impact :
Les solutions au problème
Une plateforme de gestion de données robuste est conçue pour gérer de grands volumes de données et peut facilement évoluer à mesure que l’entreprise grandit.
Le problème de la cybervulnérabilité
Le secteur financier est une cible de choix pour les cyberattaques en raison des informations financières sensibles qu’il traite. Les systèmes de données fragmentés, les contrôles d’accès faibles et les mesures de sécurité inadéquates augmentent le risque de violations de données, de vols d’informations client et de pertes financières.
Son impact :
Les solutions au problème
Une plateforme de gestion de données unifiée comporte des fonctionnalités de sécurité intégrées telles que le chiffrement, les contrôles d’accès et la détection des menaces pour protéger les informations sensibles des clients.
Dans un secteur où les données procurent un réel avantage concurrentiel, les entreprises ne peuvent se permettre d’être freinées par des systèmes fragmentés et des processus manuels. Une stratégie de gestion des données complète permet non seulement de rationaliser les opérations et de renforcer la sécurité, mais aussi de permettre aux conseillers de fournir le service personnalisé et proactif que les clients attendent. Avec une plateforme de gestion de données unifiée, les sociétés de gestion peuvent accélérer leur croissance et se mouvoir plus facilement dans un marché de plus en plus complexe.
Eric Gagnaux
KeyIT
Spécialiste des technologies de l’information, Eric Gagnaux est directeur des ventes et Business & Data Analytics chez keyIT, société qui se concentre sur la gestion d’infrastructures IT, la gestion des données et les solutions d’intelligence artificielle. Au cours de sa carrière, il a occupé différents postes de direction en Europe et en Asie-Pacifique, où il a développé une solide expertise dans les domaines de la planification stratégique, des solutions technologiques et du développement de canaux de distribution. Eric Gagnaux est diplômé de l’Ecole d’ingénieur de Fribourg.
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WealthArc poursuit la diversification de son offre avec le lancement d’un nouveau PMS, Essentials, qui cible plus particulièrement les gérants indépendants aux encours inférieurs à 100 millions. Avec la volonté de mettre entre leurs mains une solution simple et abordable, comme le précise Etienne de Béjarry.
Par Jérôme Sicard
Pourquoi avoir décidé de cibler les EAM de moins de 100 millions ?
Les gérants indépendants évoluent dans un environnement difficile : marchés financiers volatils, concurrence internationale et plus seulement locale, augmentation généralisée des coût opérationnels, réduction des marges… La LSFin/LEFin complique encore plus leur quotidien. La Finma va désormais s’assurer qu’ils ont mis en place les mesures de conformité nécessaires, qu’il s’agisse de classification des clients, d’évaluation du profil de risques, du monitoring de ces risques, ou encore des vérifications LBA. Il devient donc quasiment impossible pour les GFI de continuer à travailler sur papier ou sur des outils décentralisés.
Les gérants de taille intermédiaire et supérieure ont pu investir dans des outils adéquats mais il y a environ un millier de gérants indépendants en Suisse avec des encours de moins de 100 millions de francs, qui n’ont pas les ressources pour réaliser ce type d’investissement. C’est ce contexte qui nous a poussé à lancer Essentials, une solution PMS simple et abordable avec laquelle il sera possible de centraliser l’ensemble des données Clients et Portefeuilles pour répondre aux exigences de la Finma.
Quel sera le périmètre fonctionnel de Essentials ?
Essentials va s’interfacer avec un maximum de trois banques dépositaires pour agréger et réconcilier automatiquement les données bancaires sur une base quotidienne. Ces données seront croisées avec un outil CRM permettant de réaliser l’onboarding complet des clients, la gestion documentaire et le suivi des correspondances. Sans oublier le contrôle et monitoring des risques. Le module de suivi des stratégies d’investissement informera automatiquement le gérant en cas de déviation. Les transactions à risques accrues seront monitorées automatiquement et le module d’audit facilitera les audits annuels.
Dans quelle mesure pensez-vous combler un vide sur ce marché ?
La grande majorité des gérants indépendants en Suisse n’utilise pas les outils adéquats parce qu’ils n’en ont pas les moyens et parce que ces outils ne correspondent pas à leurs besoins. Les solutions PMS existantes sont trop complexes. Elles nécessitent un temps d’implémentation trop long et sont trop coûteuses. Essentials est la première solution sur ce marché réellement pensée et adaptée aux gérants indépendants de petite taille.
Combien coûtera Essentials ?
Essentials offre une tarification annuelle de 10’000 francs. Il est important de préciser que la qualité des données sera rigoureusement identique à celle de WealthArc Exclusive, notre solution dédiée aux gérants de taille intermédiaire et supérieur.
Combien de temps faut-il pour implémenter Essentials ?
Trois à quatre semaines seront nécessaires pour installer Essentials, grâce à notre infrastructure cloud et notre processus d’onboarding très structuré. Il était essentiel pour les gérants qu’Essentials soit une solution rapide à mettre en œuvre. Ce sont les points sur lesquels nous avons concentré nos efforts.
Comment Essentials s’inscrit dans la stratégie plus globale de WealthArc ?
Je rappelle que WealthArc est une Wealth-tech Suisse créée en 2015, voilà bientôt dix ans. Avant d’être une plateforme de gestion dédiée aux tiers gérants et aux family offices, WealthArc se concentre d’abord sur l’agrégation automatique de données bancaires. Notre solution Wealth Data Box s’interface aujourd’hui avec pas moins de 130 banques dépositaires pour automatiser l’agrégation quotidiennes des flux et la réconciliation automatique des données.
En parallèle, nous avons aussi développé nos logiciels pour la gestion de portefeuille avec la volonté de diversifier suffisamment notre offre pour couvrir différents segments de clientèle ou différents marchés géographiques. Notre flagship reste WealthArc Exclusive, une solution de gestion destiné aux gérants dont les encours dépassent les 100 millions de francs et atteignent dans certains cas quelques milliards.
Nous avons aussi développé WealthArc Family Office, plus spécifiquement adapté aux besoins des family offices et multi family offices, comme son nom le laisse entendre. Il offre des outils de reporting et de consolidation beaucoup plus avancés que les PMS ordinaires.
Et nous lançons donc aujourd’hui WealthArc Essentials pour nous positionner intelligemment sur ces gérants de moins de 100 millions. C’est dans cette logique que nous construisons notre proposition de valeur. Nous voulons que nos produits puissent couvrir des marchés de plus en plus segmentés, en Suisse mais aussi à l’international.
Etienne de Bejarry
WealthArc
Etienne de Bejarry est responsable du développement commercial chez WealthArc. Fort d’une solide expérience dans le domaine du développement commercial, principalement acquise dans le secteur du conseil en management, il a rejoint WealthArc en 2020 en tant que Sales Manager. Aujourd’hui, il pilote l’élaboration et la mise en œuvre de la stratégie commerciale pour cette fintech.
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Comptant parmi les rares fintechs suisses agréées par la FINMA, Swiss4 fusionne wealth management et lifestyle dans une expérience entièrement digitalisée, apportant à la gestion de fortune une vision moderne et connectée.
Ça sert a quoi
Entièrement développée en Suisse à partir de sa propre technologie, l’application Swiss4 allie services financiers et conciergerie digitale haut de gamme, disponible 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Accessible dans toute la Suisse, l’application offre des solutions de paiement et de change, ainsi que des services lifestyle réservés à ses membres. Ils incluent, entre autres, voyages, gastronomie, et accès à de prestigieux événements culturels, sportifs ou privés.
Swiss4 fonctionne avec la carte World Elite de Mastercard. Le compte multi-devises qui lui est associé permet des transactions quotidiennes à l’échelle mondiale sans frais de change importants. Swiss4 est d’ailleurs seul en Suisse à émettre la carte World Elite métallique, qui se distingue par l’absence de numéro visible et offre des avantages exclusifs sans frais ni limite de dépenses.
Quelle est la valeur ajoutée?
Swiss4 se montre surtout intraitable en matière de sécurité. Les dépôts en francs suisses de ses clients sont conservés auprès de la Banque Nationale Suisse, tandis que les euros sont confiés à la Swiss Euro Clearing Bank.
Swiss4 se démarque ensuite par sa technologie propriétaire « SwissCore » qui lui assure un contrôle total sur son infrastructure, réduit significativement les coûts opérationnels, et garantit une plus grande agilité dans le développement de ses services. Swiss4 emploie en parallèle l’intelligence artificielle dans le cadre de sa plateforme lifestyle pour analyser finement les comportements et les préférences des clients afin de leur offrir des recommandations sur mesure.
Ça s’adresse a qui ?
Swiss4 cible d’une part, les « mass affluent », dont les avoirs s’échelonnent de 50’000 à un million de francs, et d’autre part, les High Net Worth Individuals. . Swiss4 ne demande pas de montant minimum pour l’utilisation de l’application, tant que les frais de membres sont réglés. Cela permet une plus grande flexibilité pour les utilisateurs, en rendant les services accessibles sans contraintes de dépôt initial.
L’application répond aux besoins de ces clients, en leur proposant des services haut de gamme habituellement réservés aux clients plus fortunés, le tout à un prix accessible.
Qui est derrière ?
Zhina Asmaei assume la fonction de directrice générale chez Swiss4. Après avoir obtenu un Bachelor en économie, elle s’est spécialisée dans le domaine de la gestion de fortune en poursuivant un Master en Wealth Management à l’Université de Genève. Sa thèse de Master portait sur les services bancaires numériques en Suisse et en Europe, et elle est une experte reconnue dans l’industrie fintech. Autour de Zhina Asmaei, l’équipe de direction de Swiss4 se compose de spécialistes provenant de différentes institutions bancaires, réunis pour soutenir la croissance et le développement de Swiss4.
Combien ça coute ?
L’adhésion à Swiss4 est proposée au tarif annuel de 1’400 francs. L’offre inclut un compte multidevises complet, la carte Swiss4 World Elite, et un accès illimité à la plateforme online de conciergerie. Le programme de fidélité Elevate by Swiss4 permet par ailleurs aux membres Swiss4 d’accumuler des points lors de leurs interactions avec la plateforme, à convertir par la suite en multiples réductions ou en crédit pour le prix de l’adhésion.
Plus d’informations :Swiss4.com
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Passer au digital et en exploiter tout le potentiel ne s’improvise plus. Vu la complexité des enjeux et des tâches, autant se plier à un plan stratégique concret, capable de produire davantage d’efficacité et de générer une plus forte valeur ajoutée pour les clients.
Quand on dit transformation digitale, on imagine tout de suite des projets gigantesques, grands consommateurs de temps et de ressources. Beaucoup de GFI ne pensent donc pas avoir accès aux solutions technologiques pourtant nécessaires à leur développement. Ils se brident eux-mêmes en quelque sorte. Car ces solutions sont en réalité disponibles pour la plupart des institutions, quelle que soit leur taille. La transformation digitale n’a rien d’un mirage et sa mise en œuvre génère rapidement des résultats, que ce soit en termes d’efficacité ou d’enrichissement de l’expérience client. Les avantages concurrentiels se créent ainsi.
Bien évidemment, les gérants indépendants ne s’élancent pas tous de la même case départ. Ils forment une population assez hétéroclite, en raison des différents segments de clientèle sur lesquels ils se concentrent, des différentes structures qu’ils ont créées, ou des différents outils qu’ils emploient.
Cependant, ils ont énormément d’objectifs en commun, comme celui par exemple de se faciliter le travail en améliorant aussi bien la qualité de leurs services que leurs marges. Voici alors une roadmap à dérouler pour atteindre ces deux objectifs.
Poser des bases solides, cibler des projets rentables pour financer les étapes suivantes
a. Le premier projet consiste en la digitalisation des documents les plus volumineux, ceux qui nécessitent des mises à jour régulières.
Numériser les formulaires d’onboarding les passages d’ordre, les échanges avec les banques dépositaires produisent des gains immédiats, en temps et en argent. Il en résulte aussi des économies substantielles sur les frais de stockage des documents physiques. Ce projet facilite également les audits en proposant une base documentaire accessible et structurée.
Il permet enfin d’établir des fondations pour des initiatives plus intéressantes comme la digitalisation et l’automatisation des processus, qu’il s’agisse d’onboarding, de compliance, ou de production documentaire…
b. La digitalisation des processus et la mise en place d’automatismes.
Une fois les documents structurés et digitalisés, l’amélioration des processus s’en trouve grandement simplifiée. Il est alors possible de gérer les processus et les workflows qui se déclenchent tout au long du cycle de vie du client. On commencera évidemment avec l’onboarding. Au lieu de s’inquiéter systématiquement des documents à collecter, ou des contrôles à effectuer, toutes ces questions peuvent être intégrées à une gestion « intelligente » des processus. Le système guide les gérants dans le suivi des dossiers, il leur indique les points de contrôles, les alertes ou tout simplement les pièces manquantes. Se faisant, la qualité se renforce alors que les délais se réduisent.
Au-delà de l’onboarding, on peut imaginer des processus automatisés capables de produire des relevés à la volée, la mise en place de formulaires dynamiques qui s’adaptent en fonction des réponses données ou encore l’envoi automatique des notes d’information et des prospectus au client.
Pour finir, la digitalisation des processus peut également porter sur la compliance. Elle justifie d’un programme dédié. Les contrôles effectués lors de l’onboarding, ou par périodes, sont chronophages mais ils peuvent désormais être automatisés à minima pour la partie collecte et synthèse documentaire. La gestion des alertes AML pourrait également bénéficier de l’automatisation. En laissant les machines effectuer la recherche et la catégorisation des flux, les analystes pourraient se concentrer sur l’analyse approfondie, ce qui améliorerait considérablement la qualité de l’étude.
Développer son activité avec des projets à forte valeur ajoutée
a. Mise en place d’un PMS
Dans les structures opérées par les GFI, le PMS sert de clé de voute. Que ce soit pour le suivi et le pilotage des portefeuilles, le passage d’ordre ou encore la réconciliation, le PMS est l’outil qui permet au gérant d’optimiser son efficacité opérationnelle. Dès lors, il faut le choisir avec attention en se focalisant sur les besoins de ses utilisateurs, portfolio managers et relationship managers.
Les capacités des PMS sont en constante évolution. Ils comportent aujourd’hui des fonctionnalités jusqu’alors réservées aux grands gérants. Le rebalancing dynamique prenant en compte les contraintes clients, la création de portefeuille selon les objectifs du client (goal based approach) ou encore l’interfaçage simplifié avec les banques dépositaires sont autant d’éléments qui allègent les GFI. Ils peuvent ainsi étendre leurs relations avec leurs clients, comme avec leurs banques dépositaires, tout en améliorant leur efficacité opérationnelle.
b. Agrégation de compte et reporting 360°
L’agrégation de comptes et la vision 360° sont des points qui concernent tous les GFI et peut-être plus particulièrement les family offices. Avec des clients multi-bancarisés, il faut produire un travail considérable pour obtenir une vue globale sur leurs actifs, financiers ou non. Le développement d’outils de consolidation – et plus encore d’outils de visualisation – va prendre une importance considérable. De plus, les gestionnaires seront en mesure de prendre des décisions plus éclairées en ayant accès à l’ensemble des actifs, et en pouvant choisir alors de renforcer certaines positions ou de privilégier la diversification.
Se projeter sur le long terme
a. Développer son réseau
Dans un contexte de captation de nouveaux clients et de “grand transfert de richesse” intergénérationnel, la connaissance clients doit être renforcée et élargie à un cercle plus large. La mise en place d’un outil de CRM incluant la prospection permet aux GFI de se concentrer sur les personnes, et les liens qui les unissent, pour mettre en place de nouveaux relais de développement et de fidéliser les clients historiques dans une relation long terme.
Pour les GFI au volume d’affaires plus étoffé, il est possible de déployer des programmes relationnels assez sophistiqués. Le « marketing automation » aide par exemple à créer des stratégies personnalisées en fonction de la segmentation des clients, suivies de plans de fidélisation partiellement automatisés qui tiennent compte de la pression commerciale souhaitée et de l’analyse comportementale.
b. Intelligence artificielle pour la gestion active des portefeuilles, prise en charge des contraintes réglementaires et cross-border
Pour conclure cet article, il fallait bien sûr évoquer l’apport de l’intelligence artificielle. Les premiers cas d’usages sont déjà connus. Ils vont de la génération de documents préremplis spécifiques à chaque client jusqu’à la personnalisation du contenu transmis. Ils incluent la suggestion au gérant des prochaines actions à entreprendre auprès de ses clients, la transcription dans le CRM des appels et emails clients, ainsi que la surveillance assistée des marchés pour prendre de meilleures décisions.
Le parcours peut sembler ardu mais en se concentrant sur son modèle d’affaire et en se fixant des priorités ainsi que des objectifs clairs, chaque GFI peut s’engager dans des améliorations à court et moyen termes. Cela lui permettra de se développer, de se préparer à une consolidation du marché et de faire face à un éventuel renforcement réglementaire.
Cette feuille de route doit être à la fois ambitieuse et réaliste. Pour en voir les effets, elle doit surtout pilotée avec finesse, agilité et pragmatisme sur chacun des sujets.
Brewen Latimier
Colombus Consulting
Brewen Latimier occupe les fonctions de Manager chez Colombus Consulting, où il est en charge du secteur des services financiers pour la Suisse. Il a plus de 15 d’expérience dans ce secteur. Après un début de carrière dans la direction financière d’une banque, il a rejoint le monde du conseil où il participe à de nombreux projets de transformation digitale à travers l’Europe et la Suisse pour des institutions financières. Il a récemment mis en place différentes stratégies digitales et data pour ses clients.
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Si elle ne l’est pas déjà, la cybersécurité est appelée à devenir ces prochaines années l’une des préoccupations majeures des gestionnaires de fortune. Face à l’augmentation des cybermenaces, l’intégrité des données Clients et la protection des systèmes deviennent en effet des priorités évidentes. Hossein Fezzazi en présente ici les points essentiels.
Les sociétés de gestion apparaissent de plus en plus sur le radar des cybercriminels qui traquent et ciblent bien évidemment les données financières sensibles des clients. Il suffit d’une attaque « correctement » menée pour anéantir la relation de confiance qui unit le client à son gestionnaire, censé assurer la sécurité des actifs qui sont placés sous sa responsabilité. C’est la raison première pour laquelle il devient de plus important de comprendre le fonctionnement des cyberattaques – via un procédé d’intrusion informatique connu sous le nom de « cyber kill chain » – et de savoir à quelles méthodes il est possible de recourir pour les prévenir. Ce travail est d’autant plus nécessaire que la Finma va devenir de plus en plus exigeante ces prochaines années sur la manière dont les gestionnaires de patrimoine mettent en œuvre leur propre cybersécurité. D’une façon ou d’une autre, les banques dépositaires ne manqueront pas de lui faire écho.
Anatomie d’une cyber kill chain
Les cyberattaques se déroulent généralement en trois étapes : le commandement et le contrôle, puis la consolidation et la préparation suivies enfin par l’impact sur la cible.
L’étape de commandement et de contrôle commence lorsque le malfaiteur s’introduit dans un système informatique grâce au phishing, en devinant un mot de passe ou en exploitant certaines vulnérabilités. Une fois qu’il s’est introduit dans le système, son objectif est d’en prendre le contrôle – par le biais d’informations d’identification ou grâce à l’installation de logiciels malveillants – les fameux malware.
Viennent ensuite la consolidation et la préparation. Pour obtenir davantage d’accès, les cybercriminels se déplacent à l’intérieur du réseau à la recherche de comptes critiques. En procédant de la sorte, ils augmentent leurs privilèges, de type codes d’accès, au cœur même du système informatique et se retrouvent en mesure de provoquer des dégâts encore plus vastes.
Enfin, l’impact sur la cible. C’est le coup de grâce. Les cybercriminels extraient autant de données qu’ils peuvent, détruisent les sauvegardes ou chiffrent les fichiers. Le gestionnaire pris pour cible se retrouve alors dos au mur et le paiement d’une rançon peut sembler la seule option envisageable.
Chaque attaque réussie entraîne d’importantes ramifications en termes de coûts, de préjudice porté à la réputation et de complications légales. Mais, dans une cyberattaque, il est tout aussi vrai que chaque maillon de la chaîne représente une occasion de riposter et de prendre l’ascendant sur son agresseur. A ce jour, neuf techniques éprouvées permettent de déjouer les plans de bataille des cybercriminels.
Hossein Fezzazi
Penta
Hossein Fezzazzi est le Chief Operating Officer de Penta, un poste qu’il occupe depuis 2010. En tant que directeur des opérations, Hossein Fezzazi est en charge de la stratégie, des finances et de la gestion des comptes de l’entreprise à la fois à Genève et à Dubaï. Il apporte également sa solide expérience dans la relation clients lors des phases d’appel d’offres, de prévente et de production des projets.
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La recherche et la gestion de la réglementation financière restent largement manuelles. Aucun accès central, simple, rapide et sécurisé. La regtech EasyReg, fondée par Enrico Giacoletto en 2018, entend remédier à ce problème avec une solution qui rend la recherche dans la réglementation et la gestion de son changement plus efficaces et moins coûteuses. Avec de simples clics…
Par Levy-Sergio Mutemba
En quoi consiste la solution «e-Reg»?
E-Reg est le nom de la solution reg tech, qui est une plateforme online, en mode SaaS, hébergée en Suisse. Comme la réglementation change de semaine en semaine, il est important que la plateforme puisse être mise à jour en permanence. Sa fonctionnalité principale est d’effectuer des recherches dans la réglementation. Mais elle offre également une solution de collaboration permettant aux utilisateurs de commenter les textes.
La solution sert aussi de plateforme de veille réglementaire où sont intégrés tous les changements qui ont cours. Elle reprend tous les codes et solutions que les professionnels utilisent pour suivre l’actualité financière et l’applique à l’actualité réglementaire. C’est-à-dire fil de news, moteur de recherche, résultats contextuels, liens actifs, alertes, analyses de spécialistes… Il est possible de travailler au sein de cette bibliothèque digitale soit par date de communication des changements de la réglementation, soit par date de mise en vigueur. Il arrive en effet assez souvent qu’une seule date de changement soit accompagnée de plusieurs dates de mise en vigueur. E-Reg offre ainsi une vue centrale du cahier des charges réglementaires.
Techniquement, comment s’organise ce vaste ensemble de données réglementaires?
Nous normalisons la réglementation. Un texte de loi est construit de façon très différente par rapport à un texte explicatif ou à une communication. Nous avons développé des outils et technologies permettant à e-Reg de lire les textes réglementaires et de les différencier. Par exemple, notre outil sait que les termes «LEFin», qui correspondent à la Loi sur les établissements financiers, se disent «LIsFi» en italien pour «legge sugli istituti finanziari». Le système sait que l’article 4 en français correspond à l’article 4 en italien ou en allemand de la même loi.
Il va donc détecter toutes les références réglementaires dans les différents textes, afin de créer les liens nécessaires pour naviguer au travers des textes de lois et pouvoir suivre un thème, retrouver les concepts liés, leurs définitions, les implications et dates clés, mais aussi les exceptions et autres allégements.
Quels types de difficultés les institutions financières rencontrent-elles lorsqu’elles cherchent des informations réglementaires?
La Suisse a l’avantage d’offrir un cadre réglementaire pragmatique. Néanmoins, son architecture se révèle parfois complexe, avec de multiples sources à consulter. Les documents réglementaires vont du plus officiel au moins officiel. Tous regorgent d’informations utiles. Ce qui pose la question de savoir comment retrouver la réponse à une problématique réglementaire, lorsque celle-ci n’est pas dans une loi ou une circulaire de la FINMA, mais qu’est abordée lors d’une consultation publique ou dans un rapport explicatif par exemple.
De même, comment retrouver des avis ou interprétation obtenus auprès d’organismes externes tels que le régulateur, les auditeurs, les cabinets d’avocats? À l’heure actuelle, de nombreux clients doivent encore recourir à leurs e-mails pour retrouver des avis ou recommandations sur telle ou telle question réglementaire émanant d’un expert. Des recommandations qui expliquent et justifient pourtant la pratique actuelle de l’établissement.
Quel est votre principal segment de clientèle?
Surtout les banques. Elles doivent respecter de nombreuses lois et réglementations, bien plus qu’un gestionnaire de fortune. Pour les structures d’une certaine taille, une gestion efficace de la réglementation se fond pratiquement dans le modèle d’affaires. Il y a un réel besoin d’optimiser les processus liés à la réglementation, de la gérer de façon rationnelle, sachant que la taille d’une entreprise l’expose d’autant plus à ce risque.
Cela dit, nous travaillons également avec des consultants qui, eux, comptent des family offices et des gestionnaires parmi leurs clients. Ils utilisent notre outil pour travailler plus efficacement avec leurs propres clients. Il y a un réel appétit des professionnels de la réglementation pour utiliser des outils modernes.
Enrico Giacoletto
EasyReg
Enrico Giacoletto a fondé EasyReg en décembre 2018 afin de créer e-Reg, une application permettant de simplifier et numériser le travail avec la réglementation financière. Il aide ainsi de nombreux clients, principalement des banques privées à Genève et à Lugano, à mieux gérer leurs risques et à implémenter des changements réglementaires Son parcours au sein de l’industrie financière s’étend sur plus de vingt ans. Pour l’une des Big4, il a notamment été responsable marché du département Services Financiers – Risque en Suisse romande. Enrico Giacoletto est titulaire du CFA et détient la certification FRM (Financial Risk Manager).
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