Agent IA
Bolko Hohaus
HCP Asset Management
«Nos portefeuilles ont un rendement excédentaire positif dans deux tiers des cas».
La recherche et la gestion de la réglementation financière restent largement manuelles. Aucun accès central, simple, rapide et sécurisé. La regtech EasyReg, fondée par Enrico Giacoletto en 2018, entend remédier à ce problème avec une solution qui rend la recherche dans la réglementation et la gestion de son changement plus efficaces et moins coûteuses. Avec de simples clics…
Par Levy-Sergio Mutemba
En quoi consiste la solution «e-Reg»?
E-Reg est le nom de la solution reg tech, qui est une plateforme online, en mode SaaS, hébergée en Suisse. Comme la réglementation change de semaine en semaine, il est important que la plateforme puisse être mise à jour en permanence. Sa fonctionnalité principale est d’effectuer des recherches dans la réglementation. Mais elle offre également une solution de collaboration permettant aux utilisateurs de commenter les textes.
La solution sert aussi de plateforme de veille réglementaire où sont intégrés tous les changements qui ont cours. Elle reprend tous les codes et solutions que les professionnels utilisent pour suivre l’actualité financière et l’applique à l’actualité réglementaire. C’est-à-dire fil de news, moteur de recherche, résultats contextuels, liens actifs, alertes, analyses de spécialistes… Il est possible de travailler au sein de cette bibliothèque digitale soit par date de communication des changements de la réglementation, soit par date de mise en vigueur. Il arrive en effet assez souvent qu’une seule date de changement soit accompagnée de plusieurs dates de mise en vigueur. E-Reg offre ainsi une vue centrale du cahier des charges réglementaires.
Techniquement, comment s’organise ce vaste ensemble de données réglementaires?
Nous normalisons la réglementation. Un texte de loi est construit de façon très différente par rapport à un texte explicatif ou à une communication. Nous avons développé des outils et technologies permettant à e-Reg de lire les textes réglementaires et de les différencier. Par exemple, notre outil sait que les termes «LEFin», qui correspondent à la Loi sur les établissements financiers, se disent «LIsFi» en italien pour «legge sugli istituti finanziari». Le système sait que l’article 4 en français correspond à l’article 4 en italien ou en allemand de la même loi.
Il va donc détecter toutes les références réglementaires dans les différents textes, afin de créer les liens nécessaires pour naviguer au travers des textes de lois et pouvoir suivre un thème, retrouver les concepts liés, leurs définitions, les implications et dates clés, mais aussi les exceptions et autres allégements.
Quels types de difficultés les institutions financières rencontrent-elles lorsqu’elles cherchent des informations réglementaires?
La Suisse a l’avantage d’offrir un cadre réglementaire pragmatique. Néanmoins, son architecture se révèle parfois complexe, avec de multiples sources à consulter. Les documents réglementaires vont du plus officiel au moins officiel. Tous regorgent d’informations utiles. Ce qui pose la question de savoir comment retrouver la réponse à une problématique réglementaire, lorsque celle-ci n’est pas dans une loi ou une circulaire de la FINMA, mais qu’est abordée lors d’une consultation publique ou dans un rapport explicatif par exemple.
De même, comment retrouver des avis ou interprétation obtenus auprès d’organismes externes tels que le régulateur, les auditeurs, les cabinets d’avocats? À l’heure actuelle, de nombreux clients doivent encore recourir à leurs e-mails pour retrouver des avis ou recommandations sur telle ou telle question réglementaire émanant d’un expert. Des recommandations qui expliquent et justifient pourtant la pratique actuelle de l’établissement.
Quel est votre principal segment de clientèle?
Surtout les banques. Elles doivent respecter de nombreuses lois et réglementations, bien plus qu’un gestionnaire de fortune. Pour les structures d’une certaine taille, une gestion efficace de la réglementation se fond pratiquement dans le modèle d’affaires. Il y a un réel besoin d’optimiser les processus liés à la réglementation, de la gérer de façon rationnelle, sachant que la taille d’une entreprise l’expose d’autant plus à ce risque.
Cela dit, nous travaillons également avec des consultants qui, eux, comptent des family offices et des gestionnaires parmi leurs clients. Ils utilisent notre outil pour travailler plus efficacement avec leurs propres clients. Il y a un réel appétit des professionnels de la réglementation pour utiliser des outils modernes.
Enrico Giacoletto
EasyReg
Enrico Giacoletto a fondé EasyReg en décembre 2018 afin de créer e-Reg, une application permettant de simplifier et numériser le travail avec la réglementation financière. Il aide ainsi de nombreux clients, principalement des banques privées à Genève et à Lugano, à mieux gérer leurs risques et à implémenter des changements réglementaires Son parcours au sein de l’industrie financière s’étend sur plus de vingt ans. Pour l’une des Big4, il a notamment été responsable marché du département Services Financiers – Risque en Suisse romande. Enrico Giacoletto est titulaire du CFA et détient la certification FRM (Financial Risk Manager).
Vous aimerez aussi
RÉDACTION
redaction[at]sphere.swiss
PUBLICITÉ
advertise[at]sphere.swiss
ABONNEMENT
contact[at]sphere.swiss
ÉVÉNEMENTS
events[at]sphere.swiss
Case postale 1806
CH-1211 Genève 1
© 2023 Sphere Magazine
Site réalisé par Swiss House of Brands
Avant d’être un coût, qui devient d’ailleurs de plus en plus abordable pour les gérants, la fonction Compliance doit d’abord être considérée comme un levier dans une stratégie de croissance. Pour Alessandro Bizzozero et Achille Deodato, elle permet de fixer les bases pour le développement de l’entreprise.
Par Jérôme Sicard
Existe-t-il un moyen de mesurer le poids de la conformité en termes de temps ou d’argent consacrés à son traitement ?
Alessandro Bizzozero. La « conformité » est un terme large qui comprend les réglementations légales, les normes industrielles et les politiques internes, y compris les questions juridiques et la surveillance réglementaire. Plutôt que de la considérer comme un fardeau, il faut plutôt la voir comme la garantie qu’une entreprise opère dans le cadre légal. Elle renforce par conséquent la confiance dans le marché ainsi que sa compétitivité. La violation des réglementations peut avoir un coût important en Suisse et à l’étranger. À cet égard, se mettre en conformité revient en réalité à économiser de l’argent.
Achille Deodato. Les coûts opérationnels de mise en conformité peuvent être classés en dépenses directes, – salaires, systèmes et temps alloués – et en dépenses indirectes – formation, honoraires de consultants et retards opérationnels. Pour quantifier ces coûts, il existe des indicateurs clés de performance tels que le coût de la conformité en pourcentage des recettes, le temps consacré aux activités de conformité et le nombre d’incidents liés à la conformité. Ils aident à gérer la charge financière et temporelle de la conformité.
Dans quelle mesure les solutions numériques comme la vôtre aident-elles les gérants à économiser du temps et de l’argent ?
Alessandro Bizzozero. Les solutions digitales font aujourd’hui partie du quotidien des gérants. Elles sont indispensables pour accéder à des bases de données actualisées et traiter d’importants volumes de données. J’irais plus loin : elles sont nécessaires au bon fonctionnement de l’entreprise et elles contribuent à l’amélioration des services fournis aux clients.
Achille Deodato. Elles facilitent aussi le développement des affaires. En intégrant les bons outils, les gérants sont capables de réduire de manière significative les coûts opérationnels et d’améliorer la performance globale de l’entreprise. Nous constatons que de plus en plus de solutions digitales prêtes à l’emploi sont disponibles sur le marché à des coûts très compétitifs. Pour un gérant de taille moyenne, disposer des bonnes solutions numériques revient à économiser entre 1 et 2 postes à temps plein !
Au cours de ces dix dernières, quelle ampleur ont pris les données que vous gérez pour répondre aux exigences réglementaires ?
Alessandro Bizzozero. Le volume a augmenté de manière exponentielle ! Aux données historiques, relatives à la lutte contre le blanchiment d’argent, les gérants ont dû ajouter des données transfrontalières, fiscales, ESG, LSFin et j’en passe…
Dans notre cas, chez BRP, nous couvrons plus de 190 juridictions avec nos manuels pays. Pour vous donner un exemple, la production d’un manuel sur les services transfrontaliers nécessite généralement la consultation de 4 à 6 réglementations locales par juridiction. Si l’on considère que la conformité transfrontalière n’est qu’une partie des données nécessaires à la conduite des affaires, il est clair que le paysage est devenu très complexe pour les institutions financières.
Jusqu’à récemment, en Suisse, les gérants indépendants avaient des obligations réglementaires plus légères que les banques. Elles se limitaient principalement à la lutte contre le blanchiment d’argent. Cependant, avec la nouvelle réglementation, les GFI doivent désormais faire face aux mêmes obligations que les banques dans de nombreux domaines, d’où la nécessité de traiter de grands volumes de données.
Achille Deodato. Heureusement, les solutions numériques et la mutualisation des services offrent aujourd’hui aux gérants des options viables pour bien organiser ces données, les gérer efficacement, et garantir leur conformité tout en préservant leur maîtrise opérationnelle.
Comment les gérants doivent-ils aborder ces questions de conformité?
Alessandro Bizzozero. Les coûts ont augmenté de manière significative chez les gérants, et la conformité est en grande partie responsable de cette augmentation. Toutefois, si le contexte peut sembler difficile, nous voyons quand même des opportunités. Il y a plusieurs façons de les exploiter, à condition de bien vouloir investir un peu. Les gérants peuvent par exemple se rassembler et partager les coûts en rejoignant des plateformes, qui facilitent la mutualisation des coûts pour les questions de conformité. Il leur est possible également de collaborer avec des prestaires spécialisés ou d’acheter des solutions dédiées. Dans ce cas de figure, ils peuvent assurer la fonction de conformité en interne avec un dispositif allégé.
Achille Deodato. Il est clair qu’il y a des investissements stratégiques à envisager. Il est essentiel de mettre l’accent sur la qualité des collaborateurs en charge de la conformité plutôt que sur leur quantité. Ils doivent pouvoir traiter efficacement un large éventail de questions réglementaires. Les spécialistes issus de petites banques ont donc le profil idéal en raison de leur polyvalence. Les gérants ont tout intérêt par ailleurs à investir dans des solutions numériques prêtes à l’emploi, faciles à utiliser, qui s’intègrent de manière transparente, et ce pour éviter les intégrations informatiques trop lourdes.
Comment se fixer des priorités ?
Alessandro Bizzozero. En se concentrant sur la formation et le développement du personnel, en particulier dans des domaines tels que la lutte contre le blanchiment, la LSFin et le transfrontalier.
Achille Deodato. Dans les priorités, je rajouterais les systèmes de gestion des données qui rationalisent la collecte et la maintenance de la documentation KYC ainsi que du profil de risque. Ces systèmes doivent suivre les réglementations dans les pays où le gérant est actif. Les outils de surveillance automatisée peuvent aussi aider à suivre les transactions des clients, et d’identifier ou d’enquêter rapidement sur les activités suspectes. Enfin, l’adoption de plateformes numériques pour les mises à jour réglementaires est la garantie que l’équipe Compliance reste informée des derniers changements réglementaires, pour qu’elle puisse rapidement les intégrer.
A propos d’exigences, la LSFin impose aux gérants de nombreuses heures de formation réglementaire chaque année. Comment peuvent-ils en tirer le meilleur parti ?
Alessandro Bizzozero. Le mieux pour les gérants est de se concentrer sur l’application pratique et l’apprentissage continu. En organisant par exemple des sessions de formation qui intègrent des situations réelles et des études de cas en rapport avec les activités de l’entreprise. Les collaborateurs pourront alors appliquer ce qu’ils savent de la règlementation dans un contexte pratique.
Achille Deodato. L’utilisation de plateformes de formation en ligne peut fournir un accès flexible et à la demande au matériel de formation, permettant aux employés d’apprendre à leur propre rythme et selon leurs propres horaires. L’intégration de modules interactifs d’apprentissage en ligne et de simulations virtuelles peut améliorer l’engagement et la rétention d’informations réglementaires complexes.
Quels sont les thèmes clés sur lesquels il est préférable de se concentrer ?
Alessandro Bizzozero. La LSFin impose quelques exigences clés aux gérants indépendants. Comme par exemple un minimum de deux administrateurs qualifiés ayant une formation adéquate et une expérience professionnelle dans la gestion d’actifs. Deuxièmement, la LSFin exige la mise en place d’une fonction de conformité, d’une gestion des risques et d’un système de contrôle interne afin de professionnaliser la deuxième ligne de défense. Troisièmement, les GFI doivent disposer d’un capital minimum de 100 000 francs suisses et de garanties adéquates, qui peuvent être complétées par une assurance responsabilité civile professionnelle. Enfin, l’agrément FINMA représente un changement culturel important qui oblige les gérants à une transformation rapide des cadres de gouvernance.
À la suite de la crise du Crédit suisse, quel type de surcharge réglementaire anticipez-vous aujourd’hui ?
Achille Deodato. Il se peut que la FINMA introduise pour les gérants un régime des cadres supérieurs identique à celui des banques. Un changement de cette nature impliquerait une responsabilité personnelle pour les membres du conseil d’administration et les cadres supérieurs. Il sera alors probablement plus difficile pour les gérants de trouver des membres indépendants pour les conseils d’administration.
Achille Deodato
Indigita
Achille Deodato compte plus de vingt ans d’expérience dans le secteur bancaire et le conseil. Depuis 2019, Achille Deodato est le CEO d’Indigita, une regtech spécialisée dans la compliance cross-border. L’entreprise, fondée en 2016, est une filiale de BRP Bizzozero & Partners. Auparavant, Achille Deodato a été, entre autres, le CEO de Procivis et le CCO de la banque indienne Hinduja Bank Switzerland. Il est titulaire d’un MBA de l’IMD Business School et d’un diplôme d’économie de l’université LUISS de Rome.
Alessandro Bizzozero
BRP
Avocat de formation, docteur en droit, Alessandro Bizzozero a plus de trente ans d’expérience dans le domaine bancaire et réglementaire. Il a été directeur adjoint du département des autorisations à la Commission fédérale des banques, devenue aujourd’hui la Finma, directeur chez PWC Suisse et responsable de la conformité du groupe dans un groupe bancaire international. Il enseigne par ailleurs à la HEG ARC à Neuchâtel, ainsi que dans le cadre du cours CAS in Compliance Management à Genève et au Centro Studi Villa Negroni à Lugano.
Vous aimerez aussi
RÉDACTION
redaction[at]sphere.swiss
PUBLICITÉ
advertise[at]sphere.swiss
ABONNEMENT
contact[at]sphere.swiss
ÉVÉNEMENTS
events[at]sphere.swiss
Case postale 1806
CH-1211 Genève 1
© 2023 Sphere Magazine
Site réalisé par Swiss House of Brands
Les deux fintechs suisses Taurus et Aktionariat ont décidé de combler un vide en matière d’infrastructures de flux d’actifs tokénisés destinés aux investisseurs institutionnels. Elles veulent permettre permettre aux PME de financer leur développement via l’émission et le trading de parts de capital tokénisées sur la blockchain Ethereum.
Par Levi-Sergio Mutemba
Deux leaders suisses de la finance numérique, Taurus et Aktionariat, ont annoncé la semaine dernière un partenariat visant à permettre aux PME de financer leur développement via l’émission et le trading de parts de capital tokénisées sur la blockchain Ethereum. Aktionariat se charge de la tokénisation des parts, tandis que Taurus apporte l’infrastructure de marché ainsi que le réseau de banques et d’investisseurs. L’objectif est d’accroître la liquidité pour ces actifs numériques. Pour mémoire rappelons que la tokénisation consiste en la représentation numérique d’une chose réelle, en l’occurrence la représentation digitale de parts de capital, ces derniers étant des actifs dits réels.
«À travers ce partenariat, Taurus accompagnera les actions tokénisées par Aktionariat sur la blockchain Ethereum et Aktionariat offrira aux entreprises clientes une transition sans heurts pour leur admission sur la plateforme TDX à mesure que celles-ci se développent en termes de capitalisation boursière», explique Taurus dans son communiqué publié la semaine dernière.
Ce partenariat s’inscrit dans le cadre d’une compétition globale dans le secteur des infrastructures de marché pour les investisseurs institutionnels. Ces infrastructures sont en effet au coeur du processus d’adoption des actifs tokénisés par les investisseurs institutionnels, ces derniers étant régulés et, par conséquent, limités dans leurs possibilités de placements numériques. «Bien que nous offrions déjà des instruments qui permettent la vente et le trading informel de titres tokénisés, il y a un manque de places de marché réglementées pour ce type d’actifs. Taurus va ainsi combler ce vide avec sa propre place de marché numérique», poursuit le management d’Aktionariat.
Le nombre d’infrastructures de flux augmentent en effet à un rythme soutenu dans pratiquement toutes les régions du monde. Les bourses traditionnelles, y compris SIX à travers sa plateforme d’actifs tokénisés SDX, ne sont toutefois pas en reste par rapport à la cohorte d’acteurs disruptifs indépendants tels que Coinbase, Sharepost, KoreKonX – aux États-Unis – Max Markets et HQLAx – en Europe – Mt Pelerin, Smart Valor ou encore SygnEx – en Suisse – pour ne citer que ceux-là.
Parmi ces acteurs indépendants, un nombre croissant tissent des partenariats stratégiques avec des bourses traditionnelles. La question est de savoir lesquelles survivront sur le long terme, dès lors que le marché des actifs numériques se trouve actuellement fortement fragmenté. Beaucoup s’attendent à une consolidation des infrastructures de marché. C’est ce que laissait entendre Vincent Pignon, cofondateur de Wecan Group.
«On peut en effet imaginer des acteurs indépendants, innovants et disruptifs comme l’américain Coinbase, que Meta a tenté de racheter. De tels entreprises pourraient se substituer aux bourses traditionnelles si ces dernières ne parviennent pas à réaliser cette transformation technologique», souligne-t-il. «Coinbase a justement pour ambition de pouvoir coter toutes les valeurs tokénisées, c’est-à-dire reflétées sur une DLT à l’échelle globale», poursuit le spécialiste.
Les principaux apports et avantages de la blockchain dans le cadre de l’émission et le négoce d’actifs financiers tokénisés résident principalement dans l’élimination d’intermédiaires et la rationalisation des procédures – notamment via l’automatisation et la réduction significative des temps de règlement. Autant de facteurs qui réduiront de façon significative les coûts de transactions, facilitant ainsi l’accès au marché des capitaux pour les petites et moyennes entreprises ne répondant pas aux critères d’admission aux bourses traditionnelles.
Vous aimerez aussi
RÉDACTION
redaction[at]sphere.swiss
PUBLICITÉ
advertise[at]sphere.swiss
ABONNEMENT
contact[at]sphere.swiss
ÉVÉNEMENTS
events[at]sphere.swiss
Case postale 1806
CH-1211 Genève 1
© 2023 Sphere Magazine
Site réalisé par Swiss House of Brands
Par Levi-Sergio Mutemba
Le Zurichois CAT Financial Products est donc devenu depuis cet été Maverix Securities, un rebranding complet pour bien souligner sa volonté de croissance dans le prolongement des développements déjà réalisés.
Que représentent les gérants de fortune indépendants pour Maverix?
Les gestionnaires de fortune indépendants sont des partenaires clés pour Maverix. Nous avons une compréhension à long terme de leurs besoins, tant en Suisse qu’à l’étranger, et offrons une plateforme sophistiquée et facilement adaptable qui leur permet de prendre de meilleures décisions d’investissement. Dans l’environnement financier complexe d’aujourd’hui, notre infrastructure technologique robuste et nos outils de pointe sont conçus pour les aider à garder une longueur d’avance. Tous nos clients cherchent à générer des performances pour leurs clients ou à atténuer les risques de leurs portefeuilles. Ils sont donc à l’affût des prochaines tendances et des prochains thèmes d’investissement.
Ce secteur connaît-il une tendance quelconque qui retient votre attention plus particulièrement?
Avec les récentes lois LSFIN/LEFin, les prochains défis seront les premiers audits réglementaires. Les gestionnaires de fortune s’adaptent, recherchent la croissance tout en gérant les défis liés à la planification de la succession. Il est de fait intéressant d’observer les différentes approches des stratégies de croissance. Nous constatons que la croissance la plus importante vient toujours des banquiers privés qui quittent leur banque pour devenir indépendants. Ce qui renforce l’idée selon laquelle l’indépendance et l’accès à l’ensemble du marché figurent parmi les facteurs les plus importants. Il semble qu’il y ait un désir clair d’accéder à une gamme illimitée de services tout en bénéficiant d’un certain niveau de flexibilité et d’autonomie.
Comment s’intègre l’intelligence artificielle au sein d’une maison de titres comme Maverix?
Au-delà de nos offres de produits, nous utilisons des applications d’intelligence artificielle principalement dans les domaines de la vente, de la communication, du marketing, au sein de notre département informatique et nous explorons continuellement de nouvelles manières d’intégrer l’IA dans nos opérations. Nous avons lancé un programme de formation pour tous les employés, les encourageant à explorer les outils qui améliorent l’efficacité et la créativité.
Et qu’en est-il des registres distribués?
D’une part, le potentiel de la blockchain pour accélérer les règlements, les paiements transfrontaliers, la tokenisation des actifs et la gestion de l’identité numérique est immense. Maverix est prêt pour l’adoption massive de ces technologies, en s’assurant que nos clients bénéficient de solutions sécurisées et innovantes, aujourd’hui et dans le futur.
D’autre part, en termes d’offres, celles-ci sont polyvalentes, qu’il s’agisse d’émettre des produits avec des droits de valeur traditionnels ou sous forme de jetons sur une blockchain. Nous sommes très engagés dans les crypto-monnaies, offrant l’une des plateformes AMC les plus complètes qui comprend le trading au comptant, le staking et les produits dérivés sur toutes sortes d’actifs crypto.
Comment la fintech affecte-t-elle votre activité, au-delà des enjeux liés à la DLT et à l’IA?
Chez Maverix, nous avons toujours été à la pointe du développement technologique dans le domaine des produits structurés. Nous avons lancé le premier outil de reporting pour les produits structurés en 2009 et introduit des solutions en marque blanche pour les banques et les gestionnaires de fortune en 2014. Notre technologie est conçue pour être agnostique, s’intégrant harmonieusement aux environnements d’actifs traditionnels et numériques, permettant à nos clients de naviguer en toute confiance dans le futur de la finance.
Giuliano Glocker
Maverix
Giuliano Glocker est CEO et co-fondateur de Maverix (ex-CAT Financial Products), maison de titres régulée par la FINMA. En 2008, Giuliano Glocker a quitté le Credit Suisse pour créer un département dédié aux produits structurés au sein d’un groupe financier, offrant des services de négoce et de tenue de marché pour des produits structurés émis par des tiers. Groupe qu’il a par la suite racheté. Il a obtenu son diplôme bancaire alors qu’il collabore au Credit Suisse, puis une licence de trading auprès de la SIX Swiss Exchange.
Vous aimerez aussi
Par Levi-Sergio Mutemba
La blockchain s’accompagne de nombreuses promesses, mais il en est une en particulier qui retient l’attention des gérants indépendants. Celle d’une infrastructure de marché efficace, sûre et encadrée juridiquement. Pour Cédric Haenni, co-fondateur de la Blockchain Association for Finance, c’est la raison pour laquelle la gestion de fortune n’intégrera que très lentement cette technologie. Le temps que les contours réglementaires se précisent.
Les gérants de fortune indépendants ont-ils pris la mesure des possibilités de la blockchain?
Je ne peux pas parler à leur place, mais seulement en tant que responsable chez Pictet et membre de la Blockchain Association for Finance. Lorsque nous avons décidé d’intégrer ou non les cryptomonnaies, notre position fut de ne pas considérer celles-ci comme une classe d’actifs. Pictet n’en propose donc pas à ses clients. Nous avions également réalisé une enquête évaluant la demande des gérants indépendants pour des solutions cryptographiques. Et nous n’avons pas observé de demande significative. Ce sont les clients finaux qui forment l’essentiel de cettte demande. Les gérants leur recommandent généralement de trouver une alternative par leurs propres moyens ou choisissent de s’associer à des banques soumises à surveillance et qui offrent le trading de cryptos.
L’apparition d’Internet s’est rapidement traduite par l’adoption rapide et massive de nombreuses applications basées sur cette technologie. Cela semble prendre beaucoup plus de temps avec la technologie de la blockchain…
Je pense qu’il faut faire la différence entre le monde financier et la sphère des cryptos. Ce que j’observe, c’est qu’il existe un certain dynamisme dans la partie des cryptomonnaies ou des actifs cryptographiques tels que les NFT ou les actifs tokénisés. Ici, l’adoption est très importante. En revanche, c’est vrai qu’au sein de la finance traditionnelle et des systèmes de paiement institutionnalisés entre États, l’adoption de la blockchain est très lente, surtout pour des raisons de compliance. La blockchain «casse» les règles transfrontalières régissant des infrastructures nationales qui s’interfacent entre elles. Or la blockchain est une infrastructure supranationale dès le départ.
La technologie est partie très vite dans la cryptosphère, mais cette industrie est rattrapée par les autorités de surveillance qui, dans une phase initiale, ont plutôt laissé faire. C’est cependant un développement positif, dans la mesure où tout ce qui a pu être découvert à travers la blockchain va pouvoir aider ces autorités dans leur façon de poser les principes juridiques entourant cette technologie. Ce qui va à son tour faciliter son adoption par les acteurs de l’industrie des services financiers dans leur ensemble.
L’un des avantages de la blockchain le plus fréquemment cité est la réduction considérable du temps de règlement ou «settlement» des actifs financiers. Qu’en est-il réellement?
On sait en effet que l’un des actifs qui pourrait être transféré sur la blockchain de manière très simple est la part de fonds. Ce qui signifie, par exemple, la digitalisation de l’ensemble du réseau de détenteurs de parts de fonds. Nous pouvons également imaginer que l’ensemble des opérations de règlement et de livraison de titres très liquides soit réalisé sur la blockchain. Il est en effet possible de remplacer par des registres distribués tous les systèmes de settlement actuels reposant sur des agents agrégateurs tels que Clearstream ou Euroclear, qui ont pour tâche d’introduire de la confiance dans le système.
Je suis cependant un peu réservé sur la perspective de la blockchain dans sa version strictement libertaire. Ce qu’attendent les gérants d’actifs dans leur ensemble, c’est une infrastructure de marché pertinente. À quoi bon régler une action A sur une blockchain et une action B sur une autre blockchain, sans que l’une communique avec l’autre? On pourrait se retrouver dans une situation bien plus problématique que celle que présente le système centralisé actuel.
Pourriez-vous nous rappeler les axes de développement les plus aboutis chez BAF concernant l’application des registres distribués à la gestion de fortune?
Le premier usage lié aux travaux de la BAF, qui est opérationnel depuis trois ans, est le processus de vérification des gérants indépendants ou «Know Your EAM». Il s’agit de l’obligation pour ces GFI de fournir à leurs banques dépositaires toutes les données nécessaires leur permettant de se mettre en relation avec ces dernières et de bénéficier d’une mise à jour permanente.
Cela a eu le mérite de créer un effet réseau. Parti de deux ou trois banques, le réseau en regroupe aujourd’hui une dizaine. Nous sommes donc en mesure d’évaluer l’efficacité du système grâce à cet effet réseau. Je rappelle toutefois que le deuxième type d’utilisation sur lequel nous nous penchons actuellement, à savoir le processus d’identification des clients, le KYC, est celui que la BAF souhaite développer en priorité. Les banques dépositaires étant désormais à l’aise avec le Know Your EAM, nous pouvons passer plus sereinement au développement du KYC.
Cédric Haenni
Pictet Asset Services
Cédric Haenni a rejoint le groupe Pictet en 2007. Il est actuellement COO de Pictet Asset Services. Précédemment et après avoir occupé plusieurs postes de gestion des risques/compliance, il s’était vu confier la responsabilité de la gestion des risques et de la compliance au sein de cette même entité. Avant de rejoindre Pictet, Cédric a travaillé dans le domaine bancaire auprès du Crédit Suisse et de la Banque Cantonale Vaudoise
Cédric Haenni est titulaire d’un diplôme fédéral d’employé de banque, du diplôme de Certified International Investment Analyst (CIIA) et de celui de Certified Alternative Investment Analyst (CAIA).
Vous aimerez aussi
Développée par SwissQuant, la suite ImpaQt Analytics utilise des analyses quantitatives avancées pour aider ses utilisateurs à évaluer les sources de risque et de rendement, facilitant ainsi la prise de décisions stratégiques. Elle couvre l’ensemble de l’univers d’investissement, depuis les actions jusqu’aux investissements complexes tels que les produits dérivés de gré à gré et les actifs illiquides
Ça sert à quoi ?
Etayée par des modèles exclusifs, ImpaQt Analytics est une plateforme qui produit des analyses de risques et de rendements pour la gestion avancée de portefeuilles et de leurs risques inhérents. Elle garantit ainsi des informations en temps réel qui visent à améliorer à la fois l’efficacité et la surveillance.
Qu’est-ce que ça apporte de plus ?
ImpaQt Analytics permet d’analyser et de gérer plus efficacement les portefeuilles. En fournissant une vision en temps réel de la performance, elle aide les gestionnaires à prendre des décisions mieux informées et à clarifier leurs choix d’investissement.
Sur la partie Risk management, ses capacités incluent la planification de scénarios, les tests de résistance et l’attribution de performance basée sur les facteurs de risque. Ses utilisateurs peuvent évaluer les risques potentiels dans diverses conditions de marché, identifier en temps réel les plus importants contributeurs et mettre en œuvre différentes stratégies d’atténuation sans pour autant péjorer le rendement.
ImpaQt Analytics offre un modèle d’attribution de performance détaillée ainsi qu’une analyse de performance historique, permettant aux utilisateurs de disséquer les portefeuilles par classe d’actifs, secteur, région géographique et autres. Cette transparence favorise la comparaison avec les indices de référence et permet de prendre des décisions d’investissement fondées sur des données objectives.
En termes de classes d’actifs, la large couverture d’ImpaQt Analytics permet de gérer des portefeuilles relativement complexes. La capacité de la plateforme à optimiser leur composition et à évaluer leurs risques prospectifs permet enfin à ses utilisateurs de suivre plus facilement les évolutions des marchés et les opportunités qui s’y présentent.
Ça s’adresse à qui ?
ImpaQt Analytics a été spécialement conçu pour des investisseurs professionnels, un groupe dans lequel figurent aussi des bien des asset managers que des family offices ou des gestionnaires de fortune, banquiers et indépendants. Ces derniers peuvent par exemple profiter de la capacité d’ImpaQt Analytics à fournir des informations en temps réel sur les risques et les performances. L’architecture de la plateforme basée sur le cloud et la fourniture d’API assure l’intégration avec les systèmes existants. Pour les gérants indépendants, l’outil est livré avec une interface utilisateur qui ne nécessite aucune installation.
Qui est derrière ?
ImpaQt Analytics est développé par swissQuant, une fintech zurichoise spécialisée dans les solutions logicielles et l’analyse de données pour l’industrie financière. Issue d’un spin-off de l’EPFL, l’entreprise a été fondée en 2005 par Lorenz Martin Schumann. Elle est désormais dirigée par Mohamed Louizi , son nouveau Chief Executive Officer. Ses outils d’analyse et ses systèmes logiciels sont développés en interne par plusieurs équipes de mathématiciens, d’ingénieurs et de développeurs Quant.
Combien ça coûte ?
Le prix d’entrée pour ImpaQt Analytics se situe entre 15’000 et 25’000 francs par an, en fonction des options souscrites.
Plus d’informations :
Vous aimerez aussi