Perfomètre
Pierre-Alexandre Rousselot
Performance Watcher
« Nous offrons une lecture stratégique, comparative, orientée client final».
Avant d’être un coût, qui devient d’ailleurs de plus en plus abordable pour les gérants, la fonction Compliance doit d’abord être considérée comme un levier dans une stratégie de croissance. Pour Alessandro Bizzozero et Achille Deodato, elle permet de fixer les bases pour le développement de l’entreprise.
Par Jérôme Sicard
Existe-t-il un moyen de mesurer le poids de la conformité en termes de temps ou d’argent consacrés à son traitement ?
Alessandro Bizzozero. La « conformité » est un terme large qui comprend les réglementations légales, les normes industrielles et les politiques internes, y compris les questions juridiques et la surveillance réglementaire. Plutôt que de la considérer comme un fardeau, il faut plutôt la voir comme la garantie qu’une entreprise opère dans le cadre légal. Elle renforce par conséquent la confiance dans le marché ainsi que sa compétitivité. La violation des réglementations peut avoir un coût important en Suisse et à l’étranger. À cet égard, se mettre en conformité revient en réalité à économiser de l’argent.
Achille Deodato. Les coûts opérationnels de mise en conformité peuvent être classés en dépenses directes, – salaires, systèmes et temps alloués – et en dépenses indirectes – formation, honoraires de consultants et retards opérationnels. Pour quantifier ces coûts, il existe des indicateurs clés de performance tels que le coût de la conformité en pourcentage des recettes, le temps consacré aux activités de conformité et le nombre d’incidents liés à la conformité. Ils aident à gérer la charge financière et temporelle de la conformité.
Dans quelle mesure les solutions numériques comme la vôtre aident-elles les gérants à économiser du temps et de l’argent ?
Alessandro Bizzozero. Les solutions digitales font aujourd’hui partie du quotidien des gérants. Elles sont indispensables pour accéder à des bases de données actualisées et traiter d’importants volumes de données. J’irais plus loin : elles sont nécessaires au bon fonctionnement de l’entreprise et elles contribuent à l’amélioration des services fournis aux clients.
Achille Deodato. Elles facilitent aussi le développement des affaires. En intégrant les bons outils, les gérants sont capables de réduire de manière significative les coûts opérationnels et d’améliorer la performance globale de l’entreprise. Nous constatons que de plus en plus de solutions digitales prêtes à l’emploi sont disponibles sur le marché à des coûts très compétitifs. Pour un gérant de taille moyenne, disposer des bonnes solutions numériques revient à économiser entre 1 et 2 postes à temps plein !
Au cours de ces dix dernières, quelle ampleur ont pris les données que vous gérez pour répondre aux exigences réglementaires ?
Alessandro Bizzozero. Le volume a augmenté de manière exponentielle ! Aux données historiques, relatives à la lutte contre le blanchiment d’argent, les gérants ont dû ajouter des données transfrontalières, fiscales, ESG, LSFin et j’en passe…
Dans notre cas, chez BRP, nous couvrons plus de 190 juridictions avec nos manuels pays. Pour vous donner un exemple, la production d’un manuel sur les services transfrontaliers nécessite généralement la consultation de 4 à 6 réglementations locales par juridiction. Si l’on considère que la conformité transfrontalière n’est qu’une partie des données nécessaires à la conduite des affaires, il est clair que le paysage est devenu très complexe pour les institutions financières.
Jusqu’à récemment, en Suisse, les gérants indépendants avaient des obligations réglementaires plus légères que les banques. Elles se limitaient principalement à la lutte contre le blanchiment d’argent. Cependant, avec la nouvelle réglementation, les GFI doivent désormais faire face aux mêmes obligations que les banques dans de nombreux domaines, d’où la nécessité de traiter de grands volumes de données.
Achille Deodato. Heureusement, les solutions numériques et la mutualisation des services offrent aujourd’hui aux gérants des options viables pour bien organiser ces données, les gérer efficacement, et garantir leur conformité tout en préservant leur maîtrise opérationnelle.
Comment les gérants doivent-ils aborder ces questions de conformité?
Alessandro Bizzozero. Les coûts ont augmenté de manière significative chez les gérants, et la conformité est en grande partie responsable de cette augmentation. Toutefois, si le contexte peut sembler difficile, nous voyons quand même des opportunités. Il y a plusieurs façons de les exploiter, à condition de bien vouloir investir un peu. Les gérants peuvent par exemple se rassembler et partager les coûts en rejoignant des plateformes, qui facilitent la mutualisation des coûts pour les questions de conformité. Il leur est possible également de collaborer avec des prestaires spécialisés ou d’acheter des solutions dédiées. Dans ce cas de figure, ils peuvent assurer la fonction de conformité en interne avec un dispositif allégé.
Achille Deodato. Il est clair qu’il y a des investissements stratégiques à envisager. Il est essentiel de mettre l’accent sur la qualité des collaborateurs en charge de la conformité plutôt que sur leur quantité. Ils doivent pouvoir traiter efficacement un large éventail de questions réglementaires. Les spécialistes issus de petites banques ont donc le profil idéal en raison de leur polyvalence. Les gérants ont tout intérêt par ailleurs à investir dans des solutions numériques prêtes à l’emploi, faciles à utiliser, qui s’intègrent de manière transparente, et ce pour éviter les intégrations informatiques trop lourdes.
Comment se fixer des priorités ?
Alessandro Bizzozero. En se concentrant sur la formation et le développement du personnel, en particulier dans des domaines tels que la lutte contre le blanchiment, la LSFin et le transfrontalier.
Achille Deodato. Dans les priorités, je rajouterais les systèmes de gestion des données qui rationalisent la collecte et la maintenance de la documentation KYC ainsi que du profil de risque. Ces systèmes doivent suivre les réglementations dans les pays où le gérant est actif. Les outils de surveillance automatisée peuvent aussi aider à suivre les transactions des clients, et d’identifier ou d’enquêter rapidement sur les activités suspectes. Enfin, l’adoption de plateformes numériques pour les mises à jour réglementaires est la garantie que l’équipe Compliance reste informée des derniers changements réglementaires, pour qu’elle puisse rapidement les intégrer.
A propos d’exigences, la LSFin impose aux gérants de nombreuses heures de formation réglementaire chaque année. Comment peuvent-ils en tirer le meilleur parti ?
Alessandro Bizzozero. Le mieux pour les gérants est de se concentrer sur l’application pratique et l’apprentissage continu. En organisant par exemple des sessions de formation qui intègrent des situations réelles et des études de cas en rapport avec les activités de l’entreprise. Les collaborateurs pourront alors appliquer ce qu’ils savent de la règlementation dans un contexte pratique.
Achille Deodato. L’utilisation de plateformes de formation en ligne peut fournir un accès flexible et à la demande au matériel de formation, permettant aux employés d’apprendre à leur propre rythme et selon leurs propres horaires. L’intégration de modules interactifs d’apprentissage en ligne et de simulations virtuelles peut améliorer l’engagement et la rétention d’informations réglementaires complexes.
Quels sont les thèmes clés sur lesquels il est préférable de se concentrer ?
Alessandro Bizzozero. La LSFin impose quelques exigences clés aux gérants indépendants. Comme par exemple un minimum de deux administrateurs qualifiés ayant une formation adéquate et une expérience professionnelle dans la gestion d’actifs. Deuxièmement, la LSFin exige la mise en place d’une fonction de conformité, d’une gestion des risques et d’un système de contrôle interne afin de professionnaliser la deuxième ligne de défense. Troisièmement, les GFI doivent disposer d’un capital minimum de 100 000 francs suisses et de garanties adéquates, qui peuvent être complétées par une assurance responsabilité civile professionnelle. Enfin, l’agrément FINMA représente un changement culturel important qui oblige les gérants à une transformation rapide des cadres de gouvernance.
À la suite de la crise du Crédit suisse, quel type de surcharge réglementaire anticipez-vous aujourd’hui ?
Achille Deodato. Il se peut que la FINMA introduise pour les gérants un régime des cadres supérieurs identique à celui des banques. Un changement de cette nature impliquerait une responsabilité personnelle pour les membres du conseil d’administration et les cadres supérieurs. Il sera alors probablement plus difficile pour les gérants de trouver des membres indépendants pour les conseils d’administration.
Achille Deodato
Indigita
Achille Deodato compte plus de vingt ans d’expérience dans le secteur bancaire et le conseil. Depuis 2019, Achille Deodato est le CEO d’Indigita, une regtech spécialisée dans la compliance cross-border. L’entreprise, fondée en 2016, est une filiale de BRP Bizzozero & Partners. Auparavant, Achille Deodato a été, entre autres, le CEO de Procivis et le CCO de la banque indienne Hinduja Bank Switzerland. Il est titulaire d’un MBA de l’IMD Business School et d’un diplôme d’économie de l’université LUISS de Rome.
Alessandro Bizzozero
BRP
Avocat de formation, docteur en droit, Alessandro Bizzozero a plus de trente ans d’expérience dans le domaine bancaire et réglementaire. Il a été directeur adjoint du département des autorisations à la Commission fédérale des banques, devenue aujourd’hui la Finma, directeur chez PWC Suisse et responsable de la conformité du groupe dans un groupe bancaire international. Il enseigne par ailleurs à la HEG ARC à Neuchâtel, ainsi que dans le cadre du cours CAS in Compliance Management à Genève et au Centro Studi Villa Negroni à Lugano.
Vous aimerez aussi
Pierre-Alexandre Rousselot
Performance Watcher
« Nous offrons une lecture stratégique, comparative, orientée client final».
Philippe Bekhazi
XBTO Group
« Quantitatif par nature, institutionnel par conviction, long terme par essence »
RÉDACTION
redaction[at]sphere.swiss
PUBLICITÉ
advertise[at]sphere.swiss
ABONNEMENT
contact[at]sphere.swiss
ÉVÉNEMENTS
events[at]sphere.swiss
Case postale 1806
CH-1211 Genève 1
© 2023 Sphere Magazine
Site réalisé par Swiss House of Brands
Par Jérôme Sicard
En Suisse, Cinerius prend depuis un peu plus de deux ans des participations majoritaires dans des sociétés de gestion indépendantes en leur donnant par ailleurs les moyens d’accélérer fortement leur croissance. La plateforme met ainsi à leur disposition de multiples ressources à même d’asseoir leurs développements. Une proposition forte en ces temps quelque peu incertains.
Dans vos efforts de communication, vous faites souvent référence à l’avenir de la gestion de patrimoine. Comment envisagez-vous cet avenir ?
Il me semble que rôle du gérant restera sensiblement le même : comprendre les besoins de ses clients et leur fournir des solutions entièrement personnalisées. Le contact personnel restera donc pour moi le facteur clé de la relation.
Dans le même temps, le monde devient de plus en plus complexe en raison de l’augmentation des risques géopolitiques, des évolutions démographiques, des changements climatiques et des avancées technologiques telles que l’IA.
Les clients et les investisseurs reçoivent toujours plus d’informations et se voient proposer toujours plus de produits, d’autant qu’ils expriment des attentes toujours plus élevées. En tant que gestionnaire de fortune, vous devez vous adapter à toutes ces tendances pour guider efficacement vos clients dans cet univers en pleine expansion. Il faut dès lors que vous puissiez combiner les bonnes compétences et les bons outils, ce qui requiert généralement une certaine taille et un solide positionnement de la marque.
Sur un plan plus large, la Suisse occupe encore une position forte. C’est un pays axé sur l’innovation qui bénéficie en plus d’une grande stabilité politique, d’une monnaie forte et d’une économie florissante. Sa riche histoire en matière de gestion de fortune, la diversité de ses langues, sa culture de l’innovation et ses normes professionnelles de haut niveau ont contribué à en faire une place idéale pour les clients et leurs gérants.
Dans le monde actuel de la gestion de fortune, quels aspects vous paraissent désormais obsolètes ?
L’approche centrée sur le produit, telle que la pratiquent certains acteurs du marché, me semble vraiment dépassée. Ils recherchent des résultats immédiats, souvent au détriment des relations à long terme avec leurs clients. Pour la gestion de fortune, je pense plutôt que l’avenir va se décider sur la priorité donnée aux besoins des clients et à l’expérience utilisateur. S’il est essentiel de proposer de bons produits, il est tout aussi essentiel de privilégier l’accompagnement des clients sur le long terme plutôt que de chercher à optimiser les gains à court terme. Certains gérants ne sont pas encore parvenus à opérer cette transition. C’est avant tout une question d’état d’esprit, mais aussi de culture et de stratégie.
Entre les produits, les services et les process, où les gérants indépendants doivent-ils désormais placer leurs priorités ?
À mon avis, il y a en réalité une quatrième dimension à prendre en compte. Les gérants doivent forcément se concentrer sur les produits, les services et les processus, mais ils doivent tout autant s’intéresser à leurs collaborateurs. Le volet RH est très important. Ai-je récupéré les bons talents ? Leur ai-je confié les bonnes responsabilités ? Partageons-nous les bonnes valeurs ? Le triangle devient alors un carré, où viennent se placer les produits, les services, les processus et les talents.
Sur quel modèle souhaitez-vous développer Cinerius pour développer vos partenariats avec des gérants indépendants?
Nous souhaitons avant tout mettre en œuvre un modèle dans lequel les entrepreneurs restent des entrepreneurs. En règle générale, nous prenons une participation majoritaire, mais nous n’allons pas jusqu’à 100 %. Le deuxième élément clé est que nous voulons nous concentrer sur le soutien à la croissance, par tous les moyens possibles. Nous sommes une organisation très flexible. Compte tenu de leur diversité, les gestionnaires de fortune en Suisse ont des besoins très différents, qu’il s’agisse du commercial, du marketing, de la distribution ou du digital. Pour chaque entreprise, c’est un ensemble de services personnalisés que nous offrons. Comme nous sommes actionnaires, il va de soi que nous ne facturons pas ces services.
Quelles sont les principales conditions du partenariat, outre la participation majoritaire dans l’entreprise ?
Nous demandons également un siège au conseil d’administration.
Avec combien d’entreprises suisses travaillez-vous actuellement ?
Depuis nos débuts il y a trois ans, nous avons établi des partenariats avec trois gestionnaires suisses : Entrepreneur Partners, SSI Asset Management et Carnot Capital. Ils gèrent 6 à 7 milliards de francs suisses pour leurs clients. Nous sommes très heureux d’avoir des ambassadeurs aussi forts au sein du groupe.
Quelle gamme de services offrez-vous à vos partenaires ?
La gamme est large. Nous couvrons le marketing, y compris la génération de leads numériques, les ventes, le développement commercial, la recherche de partenariats stratégiques et même l’acquisition de portefeuilles Clients. La recherche de nouveaux relationship managers, la planification de la succession et le développement des talents sont également des sujets importants pour lesquels nous pouvons intervenir auprès de nos partenaires.
L’écosystème de la gestion de fortune en Suisse est très riche en termes de prestataires. Là où nous apportons le plus de valeur ajoutée, c’est en aidant nos partenaires à mieux servir leurs clients existants et à en trouver de nouveaux. La croissance est notre véritable objectif. Et plus notre groupe s’agrandit, plus nous pouvons y consacrer de ressources.
Combien de partenaires pouvez-vous réellement intégrer à la structure Cinerius ?
Au cours des trois dernières années, nous sommes passés de zéro à neuf entreprises partenaires, en Allemagne et en Suisse. Le modèle est évolutif et nous pouvons donc continuer à nous développer. Notre croissance externe dépendra de notre capacité à trouver les bons partenaires qui partagent les mêmes valeurs et ont la même compréhension de ce que signifie réellement une gestion qualitative.
Quelles sont, selon vous, les principales réalisations de Cinerius depuis son lancement ?
En moins de trois ans, nous avons atteint 13 milliards de francs suisses en termes d’encours. En fait, nous avons connu une croissance assez rapide, mais nous ne prévoyons pas de poursuivre à la même vitesse. Nous disposons désormais d’une plus grande latitude pour renforcer la structure. Nous recrutons actuellement du personnel, avec de nouvelles compétences, pour élargir le soutien que nous apportons à nos partenaires. Les ressources humaines, la distribution de produits et le numérique sont quelques-uns des domaines dans lesquels nous augmentons nos capacités. Dans tous ces domaines, nos partenaires peuvent s’appuyer sur nous. D’autant que les résultats sont là. Leur croissance est supérieure à celle du marché.
Nous avons parlé des clients NextGen Nous avons parlé également des services NextGen. Pour passer maintenant aux services NextGen, comment les envisagez-vous ?
Comme je l’ai dit plus tôt, je suis fermement convaincu que les services de base de la gestion de fortune resteront les mêmes à long terme. L’accompagnement des clients tout au long de leur vie, dans différents environnements économiques et circonstances personnelles, restera au cœur de la proposition de valeur des gérants. C’est un peu comme si vous étiez leur directeur financier personnel et que vous leur fournissiez des conseils cohérents et rationnels tout au long de leur cycle de vie. Cependant, la manière dont ces services sont produits et délivrés va considérablement changer. Les canaux numériques joueront un rôle plus important. De nouveaux outils permettront d’étendre les niveaux de service et d’améliorer l’efficacité tout au long de la chaîne de valeur.
Les gérants doivent bien évidemment tenus se préparer à ces bouleversements. Il va certainement leur falloir maîtriser de nouveaux outils, de nouvelles configurations, mais ils doivent garder à l’esprit que l’interaction personnelle restera fondamentale. Aussi moderne et sophistiqué que soit devenu notre monde, les gens continueront à rechercher des conseils personnalisés à propos de leurs finances. Là, il viendra toujours un moment où les applications digitales finiront par montrer leurs limites.
Gordian Giger
Cinerius Financial Partners
Gordian Giger est membre de la direction de Cinerius Financial Partners. Il dirige plus précisément le développement et la mise en œuvre de la stratégie sur le marché suisse. Plus tôt dans sa carrière, Gordian Giger a occupé des postes semblables dans les domaines du business development, des fusions & acquisitions et du corporate finance. Après un passage chez McKinsey, il a travaillé chez Advior International/Raiffeisen Suisse puis chez Vontobel, où il dirigeait le développement avec le titre de managing director. Gordianest diplômé en Finance de l’Université où il obtenu un Master of Arts.
Iavor Tzolov
Mercury Metrics
Hautement recommandé : le test du relationship manager
Philippe Bekhazi
XBTO Group
« Quantitatif par nature, institutionnel par conviction, long terme par essence »
RÉDACTION
redaction[at]sphere.swiss
PUBLICITÉ
advertise[at]sphere.swiss
ABONNEMENT
contact[at]sphere.swiss
ÉVÉNEMENTS
events[at]sphere.swiss
Case postale 1806
CH-1211 Genève 1
© 2023 Sphere Magazine
Site réalisé par Swiss House of Brands
Les deux fintechs suisses Taurus et Aktionariat ont décidé de combler un vide en matière d’infrastructures de flux d’actifs tokénisés destinés aux investisseurs institutionnels. Elles veulent permettre permettre aux PME de financer leur développement via l’émission et le trading de parts de capital tokénisées sur la blockchain Ethereum.
Par Levi-Sergio Mutemba
Deux leaders suisses de la finance numérique, Taurus et Aktionariat, ont annoncé la semaine dernière un partenariat visant à permettre aux PME de financer leur développement via l’émission et le trading de parts de capital tokénisées sur la blockchain Ethereum. Aktionariat se charge de la tokénisation des parts, tandis que Taurus apporte l’infrastructure de marché ainsi que le réseau de banques et d’investisseurs. L’objectif est d’accroître la liquidité pour ces actifs numériques. Pour mémoire rappelons que la tokénisation consiste en la représentation numérique d’une chose réelle, en l’occurrence la représentation digitale de parts de capital, ces derniers étant des actifs dits réels.
«À travers ce partenariat, Taurus accompagnera les actions tokénisées par Aktionariat sur la blockchain Ethereum et Aktionariat offrira aux entreprises clientes une transition sans heurts pour leur admission sur la plateforme TDX à mesure que celles-ci se développent en termes de capitalisation boursière», explique Taurus dans son communiqué publié la semaine dernière.
Ce partenariat s’inscrit dans le cadre d’une compétition globale dans le secteur des infrastructures de marché pour les investisseurs institutionnels. Ces infrastructures sont en effet au coeur du processus d’adoption des actifs tokénisés par les investisseurs institutionnels, ces derniers étant régulés et, par conséquent, limités dans leurs possibilités de placements numériques. «Bien que nous offrions déjà des instruments qui permettent la vente et le trading informel de titres tokénisés, il y a un manque de places de marché réglementées pour ce type d’actifs. Taurus va ainsi combler ce vide avec sa propre place de marché numérique», poursuit le management d’Aktionariat.
Le nombre d’infrastructures de flux augmentent en effet à un rythme soutenu dans pratiquement toutes les régions du monde. Les bourses traditionnelles, y compris SIX à travers sa plateforme d’actifs tokénisés SDX, ne sont toutefois pas en reste par rapport à la cohorte d’acteurs disruptifs indépendants tels que Coinbase, Sharepost, KoreKonX – aux États-Unis – Max Markets et HQLAx – en Europe – Mt Pelerin, Smart Valor ou encore SygnEx – en Suisse – pour ne citer que ceux-là.
Parmi ces acteurs indépendants, un nombre croissant tissent des partenariats stratégiques avec des bourses traditionnelles. La question est de savoir lesquelles survivront sur le long terme, dès lors que le marché des actifs numériques se trouve actuellement fortement fragmenté. Beaucoup s’attendent à une consolidation des infrastructures de marché. C’est ce que laissait entendre Vincent Pignon, cofondateur de Wecan Group.
«On peut en effet imaginer des acteurs indépendants, innovants et disruptifs comme l’américain Coinbase, que Meta a tenté de racheter. De tels entreprises pourraient se substituer aux bourses traditionnelles si ces dernières ne parviennent pas à réaliser cette transformation technologique», souligne-t-il. «Coinbase a justement pour ambition de pouvoir coter toutes les valeurs tokénisées, c’est-à-dire reflétées sur une DLT à l’échelle globale», poursuit le spécialiste.
Les principaux apports et avantages de la blockchain dans le cadre de l’émission et le négoce d’actifs financiers tokénisés résident principalement dans l’élimination d’intermédiaires et la rationalisation des procédures – notamment via l’automatisation et la réduction significative des temps de règlement. Autant de facteurs qui réduiront de façon significative les coûts de transactions, facilitant ainsi l’accès au marché des capitaux pour les petites et moyennes entreprises ne répondant pas aux critères d’admission aux bourses traditionnelles.
Vous aimerez aussi
Pierre-Alexandre Rousselot
Performance Watcher
« Nous offrons une lecture stratégique, comparative, orientée client final».
Philippe Bekhazi
XBTO Group
« Quantitatif par nature, institutionnel par conviction, long terme par essence »
RÉDACTION
redaction[at]sphere.swiss
PUBLICITÉ
advertise[at]sphere.swiss
ABONNEMENT
contact[at]sphere.swiss
ÉVÉNEMENTS
events[at]sphere.swiss
Case postale 1806
CH-1211 Genève 1
© 2023 Sphere Magazine
Site réalisé par Swiss House of Brands
Par Jérôme Sicard
Sur l’ensemble des gérants indépendants en activité aujourd’hui, Markus Angst en voit un bon tiers passer la main ces toutes prochaines années. Le thème de la transmission est devenu pour eux un chantier prioritaire, qui exige une approche rationnelle en raison de sa complexité. De même qu’un sens certain de l’anticipation.
Au chapitre de la succession, quelles sont les différentes options qui se présentent aujourd’hui pour les gérants indépendants ?
Les gérants disposent de différentes options, qui dépendent fortement de la taille de la société et des préférences individuelles des associés.
Pour les petites sociétés, avec deux associés au plus, la succession est souvent compliquée. Une possibilité consiste à s’intégrer très tôt dans une société plus grande. L’avantage dans ce cas est de pouvoir transférer le portefeuille Clients sur une plateforme établie qui possède déjà les structures et les ressources nécessaires. La charge juridique et réglementaire s’en trouve allégée et, de plus, il y a en place une base plus stable pour la croissance future et le suivi des clients.
Une autre option pour les gérants de petite taille est de transférer les clients à une autre société qui se concentre autant que possible sur un même segment de clientèle. Le cédant reste alors dans un rôle d’encadrement relationnel, sans responsabilité opérationnelle, ce qui permet une phase de transition plus douce.
Pour les sociétés moyennes et grandes, à plusieurs associés, les possibilités sont plus étendues. Il peut s’agir par exemple d’un plan de succession interne, dans lequel les jeunes associés assument progressivement les responsabilités clés, tandis que le cédant réduit de son côté son volant opérationnel. Ce schéma garantit la continuité du service à la clientèle et favorise en parallèle le développement de nouveaux leaders au sein de l’organisation.
Une autre solution pourrait être d’envisager un transfert définitif des clients et un retrait complet de la société, ce qui permettrait une séparation claire et un transfert ordonné des responsabilités.
Pour tous les gérants, quelle que soit leur taille, il reste encore la possibilité de vendre la société à des tiers. Ce qui peut néanmoins engendrer quelques tensions sur le plan émotionnel, car les relations de longue date avec les clients et la réputation de la société changent de mains.
Pour résumer, le choix final dépend fortement des circonstances et des objectifs spécifiques de chaque gérant. Une analyse précoce et approfondie des options disponibles est essentielle pour prendre une décision qui soit à la fois viable à long terme et satisfaisante pour toutes les parties concernées.
Parmi toutes ces options, lesquelles vous paraissent les plus réalisables ?
Pour les sociétés qui n’ont pas plus de deux associés, l’intégration dans une société plus grande me semble l’option la plus réaliste. Pour les sociétés plus grandes, la solution en interne est souvent l’option privilégiée. Auquel cas, il est possible de recruter dans l’entreprise des successeurs qui ont déjà une connaissance approfondie des structures de l’entreprise et des besoins des clients. La transition s’en trouve facilitée, et le risque de perdre de clients en raison d’un manque de continuité ou d’un suivi insuffisant s’en voit minimisé.
Je rajouterais aussi qu’il est vraiment très important de prendre en compte la structure d’âge des associés au sein de la société. Elle peut avoir énormément d’influence sur le timing de la succession, ainsi que sur sa planification. Dans de nombreux cas, l’identification et le recrutement précoces d’un successeur potentiel peuvent être la meilleure stratégie pour assurer la continuité à long terme.
Quels principaux pièges les gérants sont-ils susceptibles de rencontrer ?
Les principaux pièges comprennent souvent la difficulté à anticiper et à commencer la planification suffisamment tôt. Un autre écueil est la composante émotionnelle de la cession ainsi que le manque d’objectifs clairs définis pour la période qui s’en suit. Le processus de succession prend souvent plus de temps que prévu. Il nécessite une coordination minutieuse des aspects financiers, juridiques et personnels.
Quels sont les principaux obstacles, tant du côté de l’achat que du côté de la vente ?
Les aspects humains et les décisions émotionnelles sont les principaux obstacles. Du côté de l’acheteur, des vérifications préalables minutieuses doivent être effectuées pour bien évaluer les risques potentiels. Le prix d’achat doit être basé de manière réaliste sur la rentabilité du portefeuille de clients car, souvent, les normes du marché ne reflètent pas la valeur économique réelle.
Sur ce thème de la succession, comment voyez-vous le secteur des GFI bouger en ce moment?
Le marché est confronté à un important défi démographique. De nombreux associés s’apprêtent à prendre leur retraite. Dans les 1’400 sociétés agréées Finma, c’est un problème qui concerne un bon tiers des associés. La nécessité de planifier la relève de manière structurée se fait donc de plus en plus pressante. Au sein du réseau Aquila et en dehors, nous voyons bien qu’il y a une demande de plus en plus forte pour du soutien et des conseils dans ce domaine. Il est donc essentiel d’aborder la question de la succession à un stade précoce afin d’assurer une continuité sans faille dans la gestion de la relation client.
En termes d’évaluation, quels sont les modèles les plus populaires ?
La valorisation des sociétés de gestion de fortune ne repose pas uniquement sur des indicateurs financiers tels que l’EBITDA, mais de plus en plus sur la rentabilité du portefeuille de clients. Cette approche me semble d’autant plus pertinente que de nombreux gérants ont retiré d’importants bénéfices de l’entreprise au fil du temps. La valorisation basée sur l’EBITDA s’en trouve donc faussée. Des modèles de valorisation plus réalistes doivent donc tenir compte de la fidélisation des clients sur le long terme et de la rentabilité.
Les prix des AUM ont-ils augmenté ou diminué au cours des dix dernières années ?
Les prix ont eu tendance à se stabiliser ou à baisser en raison d’une évaluation plus réaliste de la rentabilité des clients. Les normes antérieures, qui fixaient le prix de vente à 3 ou 4 % des encours se sont souvent révélées irréalistes et n’ont que rarement abouti à des transactions réussies.
Où les acheteurs doivent-ils désormais concentrer leur attention ?
Il faut en passer par l’analyse minutieuse du portefeuille de clients et des risques liés. Une due diligence approfondie est indispensable pour éviter des complications futures. L’adéquation stratégique et culturelle entre l’acheteur et l’entreprise cible est également essentielle pour garantir une intégration réussie et maintenir la fidélité des clients.
Et qu’en-est-il du côté des vendeurs ?
Ils doivent se résoudre à proposer un prix réaliste et à préparer la transmission de manière exhaustive. Une volonté claire de remettre l’entreprise et les clients entre les mains de l’acheteur est fondamentale dans le processus de vente. Le vendeur assume encore certaines responsabilités juridiques après la vente. Il doit donc planifier soigneusement la dissolution de la société et le respect des obligations réglementaires.
Qu’est-ce qui est préférable aujourd’hui pour un EAM : créer sa propre structure à partir de zéro ou acheter une structure existante ?
Ce choix dépend de plusieurs facteurs. Une nouvelle structure offre la possibilité de créer une organisation sur mesure sans legacy. L’achat d’une structure existante avec une licence FINMA nécessite toutefois un examen approfondi et l’approbation de la FINMA, ce qui implique des défis supplémentaires.
D’après les retours que vous avez du marché, combien de sociétés auront à gérer leur succession au cours des cinq à dix prochaines années ?
Une part importante ! Probablement entre le quart et le tiers des sociétés en activité aujourd’hui. Cette tendance, dictée par des facteurs démographiques, oblige à une planification proactive de la succession pour garantir la continuité et s’assurer de la loyauté de la clientèle.
Markus Angst
Aquila
Markus Angst a rejoint Aquila en 2013, comme membre de la direction générale et responsable des services bancaires. Après avoir joué un rôle déterminant dans le développement de l’Aquila Bank, il dirige depuis 2021 le secteur Clients, partenaires et coopération. Markus Angst a travaillé auparavant pour la banque Leu, puis Clariden Leu, de 1986 à 2012. Il a d’abord été responsable de divers départements du back office avant de devenir responsable mondial des gérants indépendants en 1999. Markus Angst est diplômé de l’Université de Lucerne, où il a obtenu un Master Exécutif en Administration des Affaires
Iavor Tzolov
Mercury Metrics
Hautement recommandé : le test du relationship manager
Philippe Bekhazi
XBTO Group
« Quantitatif par nature, institutionnel par conviction, long terme par essence »
RÉDACTION
redaction[at]sphere.swiss
PUBLICITÉ
advertise[at]sphere.swiss
ABONNEMENT
contact[at]sphere.swiss
ÉVÉNEMENTS
events[at]sphere.swiss
Case postale 1806
CH-1211 Genève 1
© 2023 Sphere Magazine
Site réalisé par Swiss House of Brands
Assurez des données bancaires fiables pour des décisions éclairées et une gestion efficace.
En gestion de fortune, la fiabilité des décisions repose sur des données bancaires précises et fiables. Chaque jour, gérants de fortune, family offices et banques privées manipulent des données issues de comptes divers répartis sur plusieurs établissements bancaires et diverses classes d’actifs, soulevant le risque d’une perte d’intégrité notamment lorsque ces données ne sont pas correctement intégrées ou consolidées. Comment faire pour réduire ces risques ?
Les limites des méthodes manuelles
La gestion des données bancaires à l’aide d’outils classiques comme Excel est souvent chronophage et sujet à erreurs. Un gérant de fortune peut passer de longues heures à collecter, formater et vérifier manuellement les informations bancaires. En conséquence, les décisions risquent d’être affectées par des données incorrectes ou incomplètes.
Diversité des formats et complexité accrue
Les family offices et gérants de fortune reçoivent des données dans des formats variés selon les banques. Par exemple, une banque utilise des relevés au format XML, tandis qu’une autre propose du CSV. Cette diversité augmente le risque d’erreurs et complique la standardisation des données. Le traitement manuel devient alors impraticable à mesure que le volume de données croît.
Des rapports incomplets, des performances mal évaluées… Une mauvaise consolidation des données peut avoir des conséquences sérieuses. Une petite erreur peut influencer le jugement du gérant concernant les décisions d’investissements et, par ricochet, la gestion du patrimoine de ses clients. Sans compter l’impact sur la réputation qui peut entrainer de facto des pertes financières. La question n’est alors plus de savoir s’il est possible d’éviter ces risques, mais comment.
Depuis plus de 15 ans, la solution KeeSense accompagne les sociétés de gestion et les family offices soucieux d’obtenir le plus haut niveau de qualité de données pour leur activité et pour leurs clients. Pour assurer une qualité optimale des données, KeeSystem propose une solution en trois phases :
On peut comparer la gestion des données à la circulation sanguine. Tout comme un caillot peut être dangereux pour la santé, une anomalie dans les données peut compromettre leur intégrité. KeeSystem veille donc à ce que les données circulent de manière fluide et sans obstruction.
L’intégration automatique des données apporte de nombreux avantages pour les gérants de fortune.
Automatisation et gain de temps
L’automatisation des processus de collecte et de consolidation est un des premiers bénéfices exprimés par les utilisateurs de KeeSense. Ce qui leur demandait autrefois des heures de travail manuel est réalisé en quelques clics. Les gérants récupèrent plusieurs heures par semaine pour des activités à forte valeur ajoutée, telles que l’analyse des performances ou la planification stratégique.
Renforcer la confiance et sécuriser la prise de décision
Avec des données précises et mises à jour quotidiennement, les gérants prennent des décisions avec plus de fiabilité et de sérénité. Lors des rendez-vous clients, ils ont l’assurance que les informations qu’ils présentent sont exactes.
Un service client amélioré
Réagir rapidement aux demandes fait partie des attentes des clients des sociétés de gestion. Grâce à KeeSense, les gérants sont capables de générer des rapports détaillés en quelques minutes, ce qui est un avantage concurrentiel dans un secteur compétitif.
Nos équipes sont composées de professionnels seniors avec une connaissance approfondie du secteur financier. Cette combinaison d’expertise humaine et de technologie avancée permet d’apporter un service de haute qualité, dédiée à l’optimisation continue de la précision et la fiabilité des données.
Pour en savoir plus sur la solution de gestion de portefeuilles et consolidation de données KeeSense, contactez-nous directement.
Vous aimerez aussi
Iavor Tzolov
Mercury Metrics
Hautement recommandé : le test du relationship manager
Philippe Bekhazi
XBTO Group
« Quantitatif par nature, institutionnel par conviction, long terme par essence »
RÉDACTION
redaction[at]sphere.swiss
PUBLICITÉ
advertise[at]sphere.swiss
ABONNEMENT
contact[at]sphere.swiss
ÉVÉNEMENTS
events[at]sphere.swiss
Case postale 1806
CH-1211 Genève 1
© 2023 Sphere Magazine
Site réalisé par Swiss House of Brands