Solutions EAM

  • Interview Jamie Vrijhof-Droese
  • Managing partner
  • WHVP

« Nous utilisons principalement l’IA pour des fonctions de support »

WHVP, le gérant indépendant zurichois, a recours depuis maintenant plus de deux ans à l’intelligence artificielle pour optimiser certains de ses process, notamment dans le cadre de ses efforts Marketing & Sales. Et, de plus en plus, pour des tâches secondaires liées à la gestion de portefeuille. Jamie Vrijhof-Droese en précise ici la portée.

Par Jérôme Sicard

Quelles ont été vos premières initiatives dans le cadre du recours à l’IA?

Nous avons commencé à la fin de l’année 2022, lorsque OpenAI a lancé ChatGPT. Comme beaucoup d’autres sociétés, nous avons commencé par des tâches relativement simples. Au départ, nous nous sommes concentrés sur les contenus marketing. La toute première chose que nous avons faite en recourant à l’IA a été d’améliorer nos articles de blog. Nous avons utilisé des articles existants que nous avions déjà rédigés et avons utilisé l’outil pour les réécrire afin de les rendre plus concis ou mieux adaptés à l’optimisation pour les moteurs de recherche.

Ensuite, nous avons expérimenté la création d’ébauches de nouveaux articles, puis nous sommes passés à la création d’articles entiers à partir d’une page blanche. Nous avons également commencé à l’utiliser pour nos publications sur LinkedIn et pour d’autres contenus destinés aux médias sociaux. Mais de prime abord, notre objectif principal était de générer du texte à des fins de marketing.

Depuis lors, comment avez-vous étendu son utilisation? A quelles fins y recourez-vous aujourd’hui?

Nous utilisons encore l’IA principalement pour des fonctions de support – elle ne joue pas encore un rôle important dans notre cœur de métier. Elle s’est toutefois avérée incroyablement utile pour établir une stratégie de contenua. Nous l’avons également exploitée pour étendre notre réseau en générant des listes de partenaires commerciaux potentiels aux États-Unis à des fins de démarchage téléphonique ou électronique.

En plus de la mise en réseau, l’IA nous a également aidés à améliorer le travail de conception et de présentation de l’entreprise. Elle nous a permis d’affiner les mises en page et le design. Même les présentations PowerPoint ont désormais un aspect plus abouti.

De même, nous avons amélioré nos market reports. Ils sont maintenant plus clairs et plus concis. Par ailleurs, nous utilisons bien sûr l’IA pour les traductions et les synthèses. Comme nous travaillons dans un contexte transfrontalier, elle est incroyablement efficace pour la traduction entre l’allemand et l’anglais.

Nous nous intéressons actuellement à l’acquisition de clients. Outre-Atlantique, nous avons vu les premiers gestionnaires acquérir des clients directement par l’intermédiaire de ChatGPT, et nous sommes optimistes quant à l’arrivée prochaine de cette tendance dans notre secteur. Nous nous préparons à l’étape suivante en rédigeant nos contenus de manière à ce qu’ils soient non seulement optimisés pour les moteurs de recherche, mais aussi pour l’IA générative.

Plus précisément, comment l’utilisez-vous dans la gestion de portefeuille?

Nous en sommes encore à la phase d’expérimentation.  Comme je l’ai mentionné précédemment, l’IA n’est pas encore un outil indispensable pour nous, mais elle s’est avérée utile pour les fonctions de support. Par exemple, les états financiers peuvent être synthétisés rapidement et efficacement grâce à l’IA. Avec les portefeuilles anonymisés, vous pouvez également configurer des paramètres et demander au système de vérifier si le portefeuille s’écarte de ces références. Cela est également utile pour réfléchir à des idées d’investissement. Si vous avez une stratégie de portefeuille ou pensez à un investissement en particulier, vous pouvez utiliser l’IA comme une sorte de partenaire de brainstorming pour identifier les angles morts ou évaluer les risques potentiels.

Pour nous, il est essentiel que les décisions d’investissement soient prises en interne par des professionnels expérimentés qui ont une connaissance approfondie et complète des marchés financiers et de la sélection de titres. Cependant, utiliser un outil comme ChatGPT comme deuxième avis, uniquement à des fins de double contrôle, et s’assurer que rien n’a été négligé, peut s’avérer très utile.

Comment évalueriez-vous les avantages que vous tirez de l’utilisation de l’IA?

L’effet le plus notable est certainement l’amélioration de l’efficacité, en particulier dans le domaine du marketing et de la communication, où nous avons probablement réduit de moitié le temps nécessaire à l’élaboration de ce genre de tâches.

A ce jour, dans quel domaine l’IA vous a-t-elle donné le plus de satisfaction?

Pour l’heure, sans doute dans le Marketing & Sales. Je ne pense pas que nous serons bientôt en mesure de compter sur l’IA comme un outil fiable pour la gestion de portefeuille. Cependant, pour des tâches telles que la création de documents marketing, l’amélioration de la communication par courrier électronique ainsi que celle des rapports de marché ou même la génération d’images – pour ne plus dépendre des banques de photos – cette technologie s’avère déjà très efficace.

Au cours des deux années à venir, ces domaines deviendront probablement un axe majeur d’intégration de l’IA. Mais si l’on considère le potentiel à long terme de ces outils, il est vraiment infini.

Selon vous, dans quel domaine l’IA vous sera-t-elle plus utile à l’avenir?

Les limites sont en fait liées aux risques encourus. Par exemple, la protection de la vie privée et le respect des lois sur le secret bancaire sont essentiels. Le respect des règles et réglementations en matière de confidentialité est, bien entendu, une priorité absolue.

Les modèles que nous utilisons aujourd’hui sont encore relativement primitifs par rapport à ce que nous observerons probablement à l’avenir. Cependant, le rythme du changement est si rapide qu’il est essentiel que les gens continuent à expérimenter, à tester différentes approches, à trouver ce qui leur convient le mieux et à comprendre leurs propres limites en essayant et en voyant ce qui marche ou non.

Combien d’employés à temps plein l’intelligence artificielle remplace-t-elle en réalité?

L’IA ne remplacera pas le personnel hautement qualifié dont nous disposons. Au contraire, chaque employé intégrera probablement l’IA dans son travail quotidien. Je ne pense pas que l’IA deviendra une fonction à part entière, mais plutôt un outil ou un système utilisé par tous les membres de l’entreprise.

La plupart des employés, même dans le domaine de la gestion de fortune, ont probablement déjà recours à une forme d’assistance par l’IA au quotidien. Il est donc essentiel que les entreprises établissent des lignes directrices claires sur l’utilisation de l’IA, en déterminant ce qui est autorisé et ce qui est interdit, et en veillant à ce que les employés soient bien informés de ces politiques.

Par exemple, le respect des lois relatives à la protection de la vie privée et au secret bancaire n’est pas négociable lors de l’utilisation de l’IA. Il est important que les entreprises informent de manière proactive leurs équipes des limites et des méthodes approuvées pour l’utilisation des outils d’IA. Tôt ou tard, tout le monde les adoptera d’une manière ou d’une autre.

Jamie Vrijhof-Droese

WHVP

Jamie Vrijhof-Droese est managing partner de WHVP, la société de gestion zurichoise, et dispose d’une longue expérience dans le secteur financier. Elle s’est spécialisée dans le suivi de clients américains et siège par ailleurs au comité de l’ASG, l’Association suisse des gérants de fortune. Jamie a commencé sa carrière dans la banque en 2009 chez Credit Suisse, avant de travailler pendant plusieurs années dans la planification financière. Elle a co-signé l’ouvrage «Swiss Money Secrets» chez Banyan Hill Publishing, en 2018. Elle est titulaire d’un Bachelor en banque et finance, ainsi que d’un MBA obtenu à l’Université de Saint-Gall.

 

SOLUTIONS EAM
Bilan

Bilan

Eric Bissonnier
Performance watcher
« Près de 10 % avec des portefeuilles diversifiés : un succès significatif »

Sphere

The Swiss Financial Arena

Depuis sa création en 2016, SPHERE anime la communauté des pairs de la finance suisse. Elle leur propose en français et en allemand différents espaces d’échange avec un magazine, des hors-série réservés aux Institutionnels, un site web et des évènements organisés tout au long de l’année pour aborder de nombreuses thématiques. Toutes les parties prenantes de la finance, l’un des plus importants secteurs économiques de Suisse, ont ainsi à leur disposition une plateforme où il leur est possible d’échanger, de s’informer et de progresser.