Indices
Jean-Sylvain Perrig
Premyss
Les indices Performance Watcher au 2ème trimestre
Jeune associé de Forum Finance, Alban Janssens de Bisthoven incarne cette nouvelle génération de gérants appelée à servir une nouvelle génération de clients. Un renfort précieux pour un groupe qui fête cette année ses trente ans et porte une attention toute particulière au renouvellement de ses cadres.
Quel regard portez-vous, en tant que jeune associé de Forum Finance, sur la gestion de fortune et sur les évolutions à lui apporter ?
Elle doit en effet évoluer parce que nous devons, d’une façon ou d’une autre, suivre le rythme que nos clients impriment. Et il a tendance à s’accélérer avec le temps. Nous sommes tenus de nous concentrer encore plus sur la performance, de nous rendre beaucoup plus disponibles et d’utiliser les outils avec lesquels nos clients ont eux-mêmes l’habitude de travailler. Je pense bien évidemment au digital et à toutes ses applications.
Il faut que nous allions vers plus de modernité, jusque dans les solutions d’investissement où nous devons couvrir davantage de bases, comme par exemple l’impact, l’ESG, mais aussi le private equity et les digital assets. Nous ressentons clairement ces attentes chez les plus jeunes de nos clients, ceux qui ont moins de cinquante ans.
Quels types de profils présentent-ils ?
Certains d’entre eux ont reçu la fortune que leur ont transmis leurs aînés, dans le cadre d’une transmission patrimoniale, que ce soit sous forme de donations, de contrats d’assurance-vie, de trusts ou encore de fondations. Mais nous voyons aussi arriver une nouvelle clientèle d’entrepreneurs qui ont construit eux-mêmes leur fortune, leur patrimoine, en ayant réussi à bien développer puis à bien revendre leur entreprise. Ils représentent une part importante du portefeuille clients de Forum Finance. C’est aussi notre marque de fabrique.
Le renouvellement des associés chez Forum Finance s’accompagne donc du renouvellement de la clientèle ?
Oui, ce renouvellement se produit de manière naturelle. Les jeunes associés attirent assez logiquement de plus jeunes clients. Il y a une certaine jeunesse qui se dégage de Forum Finance. Les clients le sentent et je crois que cela leur plait. Aujourd’hui, toutes les tranches d’âge sont représentées au sein du collège des associés. Vous avez des quadragénaires, des quinquagénaires et bien évidemment des sexagénaires qui sont prêts à passer le relais d’ici quelques années et qui ont su s’organiser en conséquence.
Les jeunes générations consomment-t-elles les services financiers différemment de ses aînés ?
Au-delà des produits type crypto, NFTs, impact, je trouve que les nouvelles générations sont beaucoup plus attentives aux rendements que génèrent leurs portefeuilles. Elles demandent aussi davantage de disponibilité, voire de réactivité, de leur part de leurs gérants, parce qu’elles ont grandi dans l’instantanéité, l’immédiateté. Leur temporalité, c’est le clic de souris.
Quels nouveaux services voulez-vous mettre en place pour ces nouvelles générations?
Nous avons d’abord à leur égard un devoir d’éducation, d’information à remplir. Nous devons les sensibiliser aux métiers de la gestion de fortune et à la valeur qu’ils permettent de générer. Nous devons aussi les préparer à la gestion de leur patrimoine, devenue avec le temps de plus en plus complexe. Nous consacrons beaucoup de temps à ces questions. Nous organisons beaucoup de rencontres avec nos clients pour aborder tous ces points. Nous avons même lancé nos propres NextGen Sessions, qui nous permettent en retour de mieux comprendre les aspirations de nos clients. Nous voulons être le plus possible à leur écoute et les échanges que nous développons avec eux nous semblent indispensables.
Quel est le profil type du nouveau gérant, capable de gérer cette nouvelle clientèle ?
Je pense sincèrement que le bagage technique, qui s’acquiert avec le temps, au contact d’autres professionnels, doit passer au second plan. Pour moi, c’est davantage une affaire d’attitude, de tempérament, de comportement. Il ne sert à rien d’avoir une connaissance encyclopédique des marchés si vous n’êtes pas d’abord dynamique, enthousiaste, curieux. La curiosité, c’est très important. Elle va décider de la qualité de la relation que vous allez établir avec vos clients et de la confiance que vous allez pouvoir leur inspirer. Eprouver de l’empathie pour ses clients permet d’anticiper davantage leurs problèmes et mettre plus facilement en œuvre les solutions adéquates.
Alban Janssens de Bisthoven
Forum Finance
Alban Janssens de Bisthoven est responsable de l’ingénierie patrimoniale chez Forum Finance. Il a rejoint le Groupe en 2018 et il en est devenu associé en 2021. Alban a commencé sa carrière en tant qu’avocat aux Pays-Bas et en Belgique, puis a passé 11 années au sein de l’équipe Wealth Planning chez Julius Baer à Genève. Alban est titulaire d’un Master en Droit, d’un Master en Droit des Affaires et d’un Master en Droit Fiscal.
Iavor Tzolov
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Hautement recommandé : le test du relationship manager
Philippe Bekhazi
XBTO Group
« Quantitatif par nature, institutionnel par conviction, long terme par essence »
Indigita est une regtech qui répond aux besoins de l’industrie financière en matière de conformité et de réglementation. A titre d’exemple, les solutions qu’elle développe depuis déjà plusieurs années simplifient, voire automatisent, les processus de prise de décision en matière de conformité transfrontalière, de traitement fiscal et d’adéquation.
À quoi ça sert ?
Indigita inApp, une application modulaire basée sur le web, accessible sur mobile ou sur desktop, offre des réponses instantanées et contextuelles aux questions de conformité réglementaire transfrontalière. Les utilisateurs sont guidés sur les actions à entrepremdre ou non, sur le placement des produits et sur l’adéquation des produits à la fiscalité, tout cela en entrant simplement un code ISIN.
Indigita inApp Tax, une autre application web, permet aux planificateurs financiers, aux conseillers en investissement et aux gestionnaires de portefeuille d’évaluer l’impact fiscal de l’ensemble d’un portefeuille, en tenant compte des différents marchés géographiques et des régimes fiscaux spéciaux.
Indigita inApp Products fournit des réponses en matière de placement de produits et de marketing transfrontaliers avec une couverture étendu à plus de 120 pays. Les professionnels peuvent ainsi prendre des décisions toujours en conformité avec les évolutions constantes qui animent le paysage international du placement de produits transfrontaliers.
Indigita API intègre de manière transparente des systèmes de contrôles et de vérifications liés au placement de produits transfrontaliers, à l’adéquation fiscale et à l’adéquation des produits dans les core banking systems , les PMS et les CRM
Indigita e-Learning. Les cours en ligne d’Indigita sont des formations digitales sur des sujets de conformité, de risque, de gouvernance d’entreprise et d’ESG, qui visent à atténuer les risques commerciaux.
Qu’est-ce que ça apporte de plus ?
Les solutions d’Indigita permettent aux institutions financières et aux intermédiaires de mener leurs activités avec des clients domiciliés à l’étranger de manière sûre et conforme, dans un environnement réglementaire de plus en plus complexe.
Pour ce faire, Indigita a placé la simplicité au cœur de ses développements, de ses modes opératoires et des services proposés à ses clients. Cette simplicité se retrouve dans la conception et l’utilisation de ses solutions, accessibles en n’importe quel lieu, à n’importe quel moment. Elles ont été élaborées pour produire des réponses claires, instantanées et exploitables, même dans le cas de scénarios très complexes.
Ça s’adresse à qui ?
La clientèle d’Indigita comprend à ce jour 300 banques et 1’200 gestionnaires de fortune, depuis les grands conglomérats bancaires jusqu’aux aux banques privées et aux sociétés de gestion patrimoine. Ses utilisateurs finaux sont principalement les relationship managers, les responsables legal & compliance, les gestionnaires des risques et les responsables RH.
Certains cours d’apprentissage obligatoires – sur la cybersécurité, par exemple – sont utilisés à tous les niveaux de l’organisation.
Qui est derrière ?
Dirigée par Achille Deodato, Indigita appartient au groupe BRP, spécialisé dans les solutions Compliance en matière de réglementation bancaire et financière. BRP couvre plus de 190 juridictions et travaille en collaboration avec plus de 250 cabinets d’avocats internationaux.
Combien ça coûte ?
Toutes les solutions Indigita sont proposées sous forme d’abonnements annuels d’une durée initiale de 3 ans, renouvelable ensuite sur une base annuelle. Le coût est de l’ordre de plusieurs milliers de francs par an. Elles sont disponibles soit en circuit autonome – elle ne nécessite alors aucun développement informatique ou processus d’implémentation – soit via une intégration directe dans les systèmes des clients.
Une approche « pay-per-click » est également disponible.
Plus d’informations :
www.indigita.ch
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Avec les « smart contracts » que la blockchain a rendu possibles, le web est en pleine évolution. Sous le label Web3, comme l’explique Dramane Meite, il ouvre de nouvelles opportunités dans des domaines tels que les plateformes de type Ethereum, les places de marché, les jeux « play-to-earn » et quelques autres concepts 100% décentralisés.
Le potentiel des crypto-actifs va bien au-delà des simples paiements. La technologie blockchain a permis de créer une large gamme d’applications qui suppriment le besoin d’intermédiaires grâce à des réseaux décentralisés soutenus par des actifs numériques.
Les “smart contracts”, des accords auto-exécutables qui automatisent les transactions et éliminent les intermédiaires, sont l’une des utilisations les plus marquantes de la blockchain. Ils sont employés pour des transactions financières ou juridiques, pour le paiement direct d’artistes, ainsi que pour de nombreux autres cas. Des entreprises comme Starbucks, Nike et JPMorgan les utilisent pour offrir à leurs clients de nouveaux services nouveaux, plus efficaces.
Basés sur la transparence et l’efficacité, les smart contracts favorisent aussi l’adoption des produits et services du Web3. Comment définir alors le Web3 et pourquoi les investisseurs devraient-ils s’y intéresser ?
Les trois phases de l’internet
Internet a connu une transformation spectaculaire depuis sa création. A ses débuts – le Web1 – il était une vaste bibliothèque d’informations, facilement accessible mais avec une interaction limitée. Le Web2 – l’ère actuelle – a entraîné une révolution sociale, permettant aux utilisateurs de se connecter, créer et partager du contenu sur des plateformes comme Facebook et YouTube. Cependant, ces plateformes ont la main mise sur le data de même que sur le contenu généré, soulevant des préoccupations liées à la vie privée et la propriété.
Le Web3, porté entre autres par les smart contracts, s’accompagne d’un changement de paradigme où les individus sont les seuls propriétaires de leurs données, contrôlent leurs actifs numériques et interagissent directement les uns avec les autres sans dépendre d’autorités centrales.
Grâce aux marchés décentralisés, le Web3 offre de nombreux avantages. Il permet à ses utilisateurs de posséder et d’échanger des œuvres d’art numériques via des NFT. Le modèle de jeu « play-to-earn » leur permet aussi de gagner des récompenses quand ils jouent, et les primes obtenues deviennent des actifs échangeables. Enfin, les plateformes de création de contenu décentralisées donnent aux créateurs le contrôle sur leur travail et un accès direct à leur audience.
Voici quelques exemples les plus marquants développés autour de ces smart contracts
Plateformes de contrats intelligents
Ethereum
La plateforme la plus établie, connue pour son écosystème de développeurs robuste et sa sécurité.
Solana
Une alternative rapide et à faible coût à Ethereum, gagnant en traction pour sa scalabilité.
NFT Marketplaces
OpenSea
Le plus grand et le plus populaire des marketplaces pour acheter et vendre des NFTs dans diverses catégories.
Rarible
Marketplace NFT décentralisé avec un accent sur l’autonomisation des créateurs et la gouvernance communautaire.
Jeux Play-to-Earn
Axie Infinity
Un pionnier dans l’espace play-to-earn, où les joueurs élèvent et combattent des créatures pour gagner des récompenses.
Decentraland
Jeu de métavers où les joueurs possèdent des parcelles de terrain virtuel et peuvent créer des expériences ou monétiser leurs créations.
Finance décentralisée (DeFi)
Uniswap
Le principal échange décentralisé (DEX), permettant le trading pair-à-pair de cryptoactifs sans intermédiaires.
Aave
Plateforme de prêt DeFi où les utilisateurs peuvent emprunter et prêter des cryptoactifs, gagnant des intérêts sur leurs avoirs.
Risques et opportunités
Le potentiel du marché pour les applications Web3 est immense. Pour les investisseurs, le champ des possibles est tout aussi étendu, mais il comporte aussi des risques. Les vulnérabilités des contrats intelligents et les problèmes opérationnels de la blockchain peuvent entraîner des pertes financières. Parfois, le pouvoir de décision pour certains nouveaux projets est concentré, avec des droits de vote distribués de manière inégale. De plus, les cadres réglementaires pour le Web3 sont en cours d’évolution, créant une certaine incertitude pour les entreprises et les investisseurs.
L’avenir du Web3 n’en reste pas moins prometteur. Ethereum est actuellement la principale plateforme de contrats intelligents, mais des solutions concurrentes comme Solana émergent. De nouvelles solutions construites sur ces réseaux, appelées « Layer-2 », aident à la scalabilité de ces réseaux et réduisent les frais et autres coûts ayant créé des obstacles à l’adoption.
À mesure que cette industrie évolue, le Web3 offre une opportunité massive de remodeler internet et de redéfinir la propriété à l’ère numérique. Les plateformes de contrats intelligents et leurs applications continueront de perturber les industries traditionnelles et de libérer toute la capacité d’un internet véritablement décentralisé.
Dramane Meite
Hashdex
Dramane Meite est responsable des nouveaux produits chez Hashdex, avec plus de 10 ans d’expérience dans les marchés financiers, la gestion d’actifs et la fintech. En poste auparavant chez Pimco, il a piloté les initiatives stratégiques et l’innovation en tant que Business Manager au bureau exécutif, puis en tant que stratège produit dans le groupe Solutions Client et Analytics. Il a également travaillé dans la vente, le trading et la trésorerie à la Standard Chartered Bank et à la Société Financière Internationale. Dramane Meite détient un MBA de l’Université Stanford, ainsi qu’une maîtrise en statistiques et économie. Il est titulaire du CFA.
Zwei Wealth a lancé son portail Transparence, pour donner aux clients davantage de visibilité sur les offres que leur destinent les banques et gestionnaires de fortune. Mais, pour Patrick Müller, le portail doit également encourager les gérants à élever un peu plus encore la qualité de leurs services.
Lors d’une interview réalisée avec SPHERE il y a quelques années, vous aviez exprimé votre désir de contribuer à l’amélioration des services financiers en Suisse. Depuis lors, quelles avancées avez-vous pu observer?
Nous poursuivons toujours cet objectif, avec la même détermination. Bien que l’écosystème financier suisse soit assez remarquable, on ne peut pas vraiment dire qu’il soit à la pointe en termes de concurrence et de transparence. C’est un inconvénient auquel nous souhaitons remédier pour le bien de l’ensemble du secteur.
Deux améliorations majeures méritent cependant d’être notées. Il y a cinq ans, à peine un tiers des gestionnaires de fortune ou des banques répondaient à des request for proposals. Aujourd’hui, seuls un tiers d’entre eux refusent d’y prendre part, ce qui montre bien qu’un environnement plus concurrentiel se crée. Le deuxième changement concerne la volonté des clients de changer de banque ou de gestionnaire. Elle a considérablement augmenté. Chaque année, de plus en plus de personnes préfèrent baser leurs décisions sur des offres concurrentielles, adoptant ainsi une approche plus dynamique.
Selon vous, quels domaines nécessitent encore des améliorations ?
Il y a deux principaux domaines. L’un est axé sur la technologie – c’est le contenant en quelque sorte – et l’autre sur les investissements – c’est le contenu. Sur le plan technique, la gestion de patrimoine devient de plus en plus modulaire, et les clients souhaitent combiner beaucoup plus de services ou de solutions qu’avant, ce qui n’est pas encore suffisamment facile à réaliser sur le plan technique.
Sur le plan du contenu, les gestionnaires de patrimoine doivent passer à la vitesse supérieure, être en mesure de proposer et d’intégrer des investissements dans les marchés privés de bonne qualité, en plus des placements traditionnels. Ils doivent élargir le cadre et aller bien au-delà de l’habituel portefeuille « balanced », menacé d’obsolescence.
Quels sont les principaux services que vous proposez avec votre Transparenz Portal ?
Nous offrons trois grands types de services. Tout d’abord, nous permettons aux clients d’effectuer gratuitement leurs recherches, au cas où ils souhaitent changer de banque ou de gérant indépendant. Chacun d’entre eux peut alors recevoir gratuitement des propositions provenant de nombreux wealth managers. Ensuite, nous disposons d’un espace où les clients peuvent comparer différentes solutions, y compris celle qu’ils utilisent, en se concentrant sur les risques, les coûts et la qualité du gestionnaire. Cette évaluation est également gratuite.
Enfin, nous guidons les clients à la recherche de solutions spécifiques, telles que des plans de prévoyance ou des investissements en private equity. Nous avons mis en place un réseau de prestataires spécialisés, y compris pour les marchés privés, que les clients peuvent consulter. Nous avons également rendu ce réseau accessible à des clients institutionnels.
Quels critères utilisez-vous pour évaluer les banques et les gestionnaires de patrimoine ?
L’évaluation des banques et des gérants indépendants ne repose pas uniquement sur leurs performances. Nous appliquons en fait quatre critères. Le premier est la compétence, que nous appelons le « provider rating ». Ensuite, nous prenons en compte le track record, qui inclut la performance, le risque et la consistance. Le troisième critère concerne les coûts, et nous nous basons alors sur le total expense ratio. Enfin, nous évaluons la qualité, c’est-à-dire les composantes qualitatives importantes pour les clients, que nous appelons l’adéquation de la solution. Ces quatre critères permettent une évaluation sur mesure des gestionnaires et des solutions qu’ils proposent.
Dans le communiqué de presse que vous avez envoyé pour annoncer le lancement du Transparenz Portal, vous mentionnez une certaine confusion quant aux coûts associés à la gestion de patrimoine. Quelle en est, selon vous, la cause ?
Cette confusion provient principalement de l’incapacité des clients à évaluer l’ensemble de leurs coûts. Les clients se voient souvent proposer un all-in fee, souvent d’environ 1 %, mais cet all-in fee n’inclut pas tout. De nombreux frais supplémentaires s’y ajoutent, que les clients ignorent. En réalité, les coûts peuvent facilement doubler. Le all-in fee ne couvre peut-être en réalité que 50 à 60% de l’enveloppe globale, d’où cette confusion.
Patrick Müller
Zwei Wealth
Patrick Müller a occupé différentes fonctions dans le secteur bancaire et financier, notamment auprès de Credit Suisse et d’UBS. Il a été chargé en particulier d’établir une fondation philanthropique et de gérer les marchés Israël et Afrique. En outre, en tant que responsable Sales & Marketing, il a assumé la responsabilité du développement et de la commercialisation de solutions d’investissement. Il détient un master de l’Université de Saint-Gall.
Iavor Tzolov
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Philippe Bekhazi
XBTO Group
« Quantitatif par nature, institutionnel par conviction, long terme par essence »
La publicité « Crush! » d’Apple, qui présente la démolition brutale de divers objets créatifs et culturels pour promouvoir un nouveau modèle d’iPad, évoque un monde d’innovation constante et de perturbation, menant à la croissance économique et à une meilleure qualité de vie. Pour Francesco Mandalà, cette impression est trompeuse.
Pour commencer, il est un fait que le progrès technologique incarné dans le capital physique, le capital immatériel (idées) et le capital humain (éducation) est le moteur fondamental de la croissance économique, plutôt que la simple accumulation de travail et de capital. Les modèles économiques récents intègrent l’idée que les incitations au profit poussent les entrepreneurs à innover, créant ainsi de nouveaux produits, processus et modèles commerciaux qui révolutionnent les industries et génèrent une croissance économique.
L’idée n’est pas nouvelle. En 1942, Joseph Schumpeter a introduit le concept de destruction créatrice, processus par lequel les dernières innovations rendent les innovations précédentes obsolètes. Ce cycle de destruction et de création est essentiel pour le progrès économique. Il est intrinsèque au capitalisme.
Vagues d’innovation
La mesure courante de l’innovation est la productivité, dont le niveau est déterminé par l’efficacité et l’intensité avec lesquelles le capital et le travail sont utilisés dans la production de biens et services. Au début du XXe siècle, la révolution électrique a donné lieu à une « grande vague » d’innovation, qui a pris naissance aux États-Unis et s’est étendue à l’Europe après la Seconde Guerre mondiale. Une période de croissance rapide et soutenue s’en est suivie, et la qualité de vie s’est radicalement améliorée. Mais depuis le premier choc pétrolier au début des années 1970, la croissance de la productivité a commencé à décliner, à l’exception d’une courte période liée à la révolution informatique et à la diffusion des technologies de l’information et de la communication dans les années 1990. Après la Grande Récession de 2008, la productivité est tombée à des niveaux historiquement bas aux États-Unis et en Europe malgré les avancées significatives dans le secteur informatique.
Ce déclin est difficile à concilier avec la vague spectaculaire d’inventions qui ont remodelé notre vie quotidienne : smartphones, plateformes de réseaux sociaux, cloud, édition génomique CRISPR, véhicules électriques, pour n’en nommer que quelques-uns.
Léthargie des affaires
Qu’est-ce qui explique alors le ralentissement de la productivité aux États-Unis ?
Un argument plausible est que la dynamique des affaires s’est affaiblie avec le temps. La principale raison en est que les entreprises leaders dans un secteur spécifique découragent l’innovation développée par des entrants potentiels dans leurs secteurs respectifs – par exemple, en acquérant des brevets à des fins défensive. En raison de leurs investissements dans des technologies propriétaires et de la concentration de la propriété intellectuelle entre leurs mains, les entreprises leaders consolident leur position dominante, obtiennent des marges plus élevées et acquièrent un poids plus important dans l’économie au détriment de l’innovation et de la croissance économique.
Le deuxième argument, avancé par l’économiste Ken Arrow il y a environ 60 ans, est que les entreprises monopolistiques ont moins d’incitations à innover parce que leurs rentes monopolistiques existantes sont sécurisées. L’innovation pourrait alors menacer leurs profits. En revanche, les entreprises sur des marchés concurrentiels ont plus d’incitations à innover, car elles ont plus à gagner des technologies innovantes qui pourraient conduire à des profits monopolistiques. L’incitation à innover d’Arrow fonctionne dans la direction opposée de l’incitation à entreprendre de Schumpeter.
Les symptômes de la dynamique des affaires plus faible aux États-Unis incluent l’augmentation de la concentration du marché, l’augmentation des marges bénéficiaires et de la part des profits dans le PIB, la diminution de la part de la production de la main-d’oeuvre, la diminution des taux d’entrée des entreprises, la diminution de la part économique des jeunes entreprises et la diminution de la réallocation des emplois.
Essentiellement, les leaders du marché, en particulier dans le secteur technologique américain, sont moins motivés à innover tandis qu’ils construisent rationnellement des barrières artificielles qui réduisent la capacité d’innovation de leurs rivaux. En fin de compte, les vents contraires qui soufflent contre les entreprises innovantes affectent l’ensemble de l’économie. Les consommateurs aiment les produits tech, mais les entreprises tech, plutôt que d’innover et de stimuler la concurrence, semblent aujourd’hui plus portées à entraver le progrès et freiner la croissance.
Francesco Mandalà
MBaer Merchant Bank
Francesco Mandalà a rejoint MBaer Merchant Bank en février 2021. Il possède une vaste formation en économie et en ingénierie financière. Ses principales compétences sont la gestion de portefeuille, la modélisation des revenus fixes, la macrostratégie, la gestion des risques et l’analyse de fonds, qu’il a d’abord appliquées en tant qu’économiste à la BCE, puis à l’UBS et à Julius Baer. Francesco Mandalà a étudié l’économétrie à l’université de Bocconi et à l’université de Southampton et a finalement obtenu son doctorat à l’université de Pavie.