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Solutions Investissements

  • Olivier de Berranger
  • Directeur général
  • La Financière de l’Echiquier

Immobilier vs. crypto-monnaies : comparaison risques et opportunités

Alors que l’on observe un peu partout une baisse des prix de l’immobilier, c’est l’inverse qui se produit dans le domaine des crypto-monnaies. Quel est le rapport entre ces deux tendances ? Et que peut-on envisager sur le long terme ? C’est sur ces questions que se penche Olivier de Berranger.

Francesco Mandalà

A l’évidence, rien de plus réel et solide que l’immobilier : utilité, revenus, réglementations, ancienneté, profondeur de marché… On parle d’ailleurs en anglais de « real estate », de « patrimoine réel ». A l’opposé, rien de plus virtuel que les cryptomonnaies : intangibles, peu utilisées, absconses pour le commun des mortels, sans revenus intrinsèques, peu régulées, sans ancienneté…

Pourtant, l’immobilier d’investissement a vu s’évaporer en quelques mois des sommes gigantesques dans le monde entier, comme si les valorisations des dernières années n’étaient finalement que virtuelles. Pas seulement en Chine, où la faillite de certains des plus grands promoteurs alimente une défiance générale. Mais dans la plupart des pays développés également, au point de faire trembler certaines banques régionales aux Etats-Unis, ou récemment en Allemagne à l’exemple de la Deutsche Pfandbriefbank. En Suède, un des pays où l’immobilier est le plus sous pression, la banque centrale surveille de près un risque bancaire généralisé. En France, plus de vingt sociétés civiles de placement immobilier (SCPI) ont été contraintes de revoir à la baisse la valeur de leurs parts depuis début 2023, dans des ampleurs généralement comprises entre 10 et 15%. Et, de nouvelles dépréciations sont annoncées en ce début 2024.

Dans le même temps, les monnaies virtuelles flambent. Le bitcoin vient d’atteindre 63 000 dollars américain fin février, progressant de près de 50% depuis le début de l’année, tutoyant les records établis en 2021 à plus de 67 000 dollars américains. Le virtuel pur conserverait-il donc mieux la richesse que le « réel » le plus solide en cas de hausse des taux ? Le digital vaut-il mieux que le béton ?

Certaines caractéristiques des monnaies virtuelles sont, il est vrai, à leur avantage : relative facilité de transaction par rapport à l’immobilier, prix ajustés en temps réel, diversité croissante des supports, augmentation des volumes traités, etc. Le régulateur américain lui-même vient d’accepter la création de fonds centrés sur le bitcoin, dans lesquels se sont déversés en deux mois plusieurs milliards. De surcroît, il faut leur reconnaître une certaine transparence sur le risque, les monnaies virtuelles ne cachant pas leur volatilité. A l’inverse, les investisseurs ont parfois tendance à sous-estimer le risque de l’immobilier physique, dont la volatilité ne se déclare que par à-coups, et se terre le reste du temps… Le risque immobilier n’est pas en effet régulier, mais éruptif – ou « sauvage » comme l’écrivait le mathématicien Benoît Mandelbrot.

Cela dit, les risques inhérents au pur virtuel, bien que manifestes, ne sont pas forcément si bien compris. Ainsi, qui peut expliquer – autrement que par la spéculation en premier lieu – que le Bitcoin ait gagné 520% en 7 mois, avant de reperdre peu après 75% en un an? Si le risque de l’immobilier est certes en partie caché, il correspond du moins à des données relativement intuitives – principalement les taux d’intérêt, ainsi que la qualité du bâti, l’emplacement et la solvabilité du locataire. Alors que le risque sur les monnaies virtuelles jusqu’ici, semble très difficile à relier à des paramètres fondamentaux.

Ce caractère « hors sol » constitue un des principaux arguments anti-Bitcoin développés dans le récent pamphlet issu de deux auteurs appartenant à la Banque Centrale Européenne. Selon eux, étant dénué de rendement intrinsèque ou d’autre utilité durable et légitime, sa valeur « fondamentale » serait de … 0 ! Pourtant, le risque que le Bitcoin vaille un jour 0 est certainement peu présent aux yeux des investisseurs. En ce sens, la perception de son risque profond par les épargnants n’est pas forcément adéquate.  Alors que le risque immobilier est au fond limité : comment des actifs immobiliers, même de qualité moyenne, pourraient-ils valoir zéro ?

Il y a donc tout lieu de s’attendre à ce que le « réel » finisse par retrouver sa prédominance sur le virtuel dans les préférences des investisseurs, une fois les prix ajustés – ce qui, il est vrai, pourrait être long. Le pur virtuel restera incontrôlable tant qu’il sera dénué de valeur fondamentale. Sauf à compter comme « fondamental(e) » le plaisir de la spéculation, l’utilité d’une monnaie pour le commerce illégal, ou surtout la défiance à l’égard des monnaies d’Etat. Si ces trois facteurs comptent comme fondamentaux, alors il y a peu de chance en effet que le Bitcoin vaille un jour zéro. De ce fait, actifs réels comme virtuels ont chacun leur place – à condition de bien discriminer leur (dé)mérites respectifs.

Olivier de Berranger

La Financière de l’Echiquier

Olivier de Berranger est le directeur général et le CIO de La Financière de l’Echiquier. Il a occupé depuis 1990 des postes de trader, ainsi que de responsable de desk de trading sur les produits de taux d’intérêt, cash et dérivés au Crédit Lyonnais puis chez Calyon. Il a ensuite été responsable du pôle Capital Markets chez First Finance. Olivier de Berranger rejoint La Financière de l’Échiquier en mars 2007 en qualité de gérant obligataire. Après être devenu directeur de la gestion taux, crédit et diversifié, il est nommé en 2017 directeur de la gestion d’actifs et entre au comité de direction. En décembre 2023, il en devient directeur général de LFDE. Olivier de Berranger est diplômé d’HEC.

 

Sustainable

Solutions Investissements

  • Jon Duncan
  • Chief Impact Officer
  • Reyl Intesa Sanpaolo

« Le greenwashing, un signe de maturation du marché « 

2023 a été marquée par une forte augmentation d’allégations de greenwashing, notamment dans les secteurs de l’énergie et de la finance. Dans de nombreux cas, ces allégations ont donné lieu à des procédures judiciaires formelles et, dans certains cas, à des amendes. Pour Jon Duncan, lutter contre le greenwashing de cette manière est un signe encourageant d’un marché qui fonctionne bien.

Francesco Mandalà

Notre compréhension globale actuelle des questions de durabilité bénéficie de l’appui d’un ensemble diversifié d’institutions universitaires internationales qui se concentrent sur une science des systèmes complexes. La croissance rapide de la surveillance géospatiale en temps réel des indicateurs d’eau, d’air, des sols, de la pollution et de la biodiversité ainsi que les avancées phénoménales en termes de puissance de calcul et de traitement, contribuent au développement de cette compréhension collective. Cet essor rapide des technologies de surveillance en temps réel par satellite fournit une perspective solide et pragmatique des risques émergents auxquels la planète est confrontée. Bien qu’il existe un consensus croissant parmi les organismes scientifiques mondiaux sur l’importance des risques de durabilité, les solutions donnent lieu à un différend politique grandissant.

Aux États-Unis, plusieurs hommes politiques ont adopté un discours « anti-ESG » et, dans l’Union européenne, nous assistons à une « marche arrière » politique sur l’économie verte et les plans de décarbonisation. La politisation de plus en plus forte du thème global de la durabilité fait apparaître plus clairement que le greenwashing est simplement une « preuve » de la tendance persistante du marché à vendre les produits à mauvais escient. Sur ce point, la « finance verte » ne fait pas exception.

Gestion des attentes : impact « direct » contre impact « indirect » 

Une autre preuve de la maturation du monde de la finance durable est la prise de conscience croissante de la différence entre impact direct et impact indirect. En d’autres termes, les titres liquides cotés en bourse ont pour la plupart un impact direct, obtenu grâce à une exposition à des entreprises présentant des niveaux de risques ESG opérationnels plus faibles et/ou une exposition accrue à des « revenus verts ». En revanche, il est possible d’optimiser l’impact direct par le biais d’une exposition à des actifs sur les marchés privés, par exemple au moyen d’un investissement direct dans le capital privé d’une entreprise de protéines alternatives ou par le biais d’une allocation de dette privée à des infrastructures renouvelables ou à des logements abordables. À l’heure actuelle, seules les « obligations vertes/durables » et certaines stratégies actions de niche permettent d’avoir un impact direct via les marchés publics liquides.

La taille des tickets d’entrées et les problèmes de liquidité se traduisent généralement par une sous-représentation des marchés privés dans les portefeuilles de gestion privée. L’exposition moyenne des portefeuilles sur les différents marchés mondiaux varie de 8 % à 12 %, l’immobilier étant l’alternative privilégiée des marchés privés. À titre de comparaison, l’étude 2023 BlackRock Global Private Markets Survey indique que les investisseurs institutionnels mondiaux ont une allocation moyenne de 24 % aux marchés privés. Le fonds de dotation de l’Université de Harvard (Harvard Endowment) est connu pour avoir été l’un des premiers à attribuer une allocation à grande échelle et à long terme aux marchés privés, avec une allocation actuelle de 39 % exclusivement dédiée au capital investissement. Au sein de la communauté des family offices et des investisseurs fortunés, il existe désormais un intérêt croissant pour les actifs des marchés privés, qui s’explique par les avantages qu’ils offrent en termes de diversification, ainsi que par la reconnaissance grandissante du fait que cette classe d’actifs offre un accès direct aux opportunités de l’économie verte émergente.

La demande accrue stimule l’innovation pour l’accès aux marchés privés

En réponse à cette demande croissante émanant de la gestion de patrimoine, plusieurs plateformes, telles que Moonfare et I-Capital, ont vu le jour et offrent un accès digitalisé aux actifs des marchés privés. Du point de vue de l’impact, il est encourageant de constater que ces plateformes digitales reflètent naturellement les opportunités commerciales émergentes associées à différentes initiatives. Il en va ainsi de la réduction des émissions de carbone, de l’utilisation efficiente des ressources et de la promotion de l’inclusion sociale, à savoir la génération automatisée de rapport sur le bilan carbone des sols, le recyclage des déchets plastiques et les micro-entreprises d’énergie hors réseaux. Cet alignement technologique entre les capitaux privés à long terme, les actifs des marchés privés et les opportunités de croissance économique verte est une tendance positive pour le monde de la finance durable en général et pour les investisseurs fortunés en particulier.

Jon Duncan

Reyl Intesa Sanpaolo

Avant de rejoindre Reyl Intesa Sanpaolo, Jon Duncan a dirigé le pôle Investissement responsable de la compagnie d’assurance internationale Old Mutual, basée en Afrique du Sud. Il a été pendant onze ans responsable de de la conception et du déploiement d’un programme d’investissement responsable à l’échelle mondiale. Auparavant, il a été associé chez Environmental Resource Management, où il a participé à la mise en place de pratiques respectueuses envers le climat et le développement durable. Jon est titulaire d’un bachelor en génie civil de l’Université du Cap et d’un master en sciences de l’environnement de l’Université de Natal.

 

Véhicule

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  • Interview Roman Przibylla
  • Partner
  • CAT Financial Products

« Grâce aux AMC, les clients pourront tester la stratégie d’un gestionnaire de fortune »

La popularité des AMC augmente en Suisse. D’une part, ils n’ont plus à prouver leur utilité et, d’autre part, pour les émetteurs, ils sont plus facile à mettre en place qu’un fonds traditionnel. Pour Roman Przibylla, il est clair que ces véhicules financiers intéressent les gestionnaires de fortune au premier chef. Ils peuvent y « empaqueter » leur propre stratégie, et convaincre ainsi de nouveaux clients. 

Francesco Mandalà

Les Actively Managed Certificates sont devenus très populaires ces dernières années, en particulier chez les gestionnaires de fortune. Quelles en sont les raisons ? 

Roman Przibylla. D’abord leur efficacité. Un gestionnaire de fortune a en effet la possibilité de gérer les fonds de ses clients de manière très efficace grâce aux AMC. Il peut « empaqueter » sa stratégie de placement dans ces véhicules, qu’il a ensuite la possibilité de gérer et d’adapter de la manière identique pour tous les clients. Il n’aura plus à modifier plusieurs fois la même stratégie pour différents clients et à multiplier l’exécution des ordres. Avec un AMC, il lui suffit d’adapter sa stratégie une seule fois. Cela rend la gestion des actifs très simple et peu coûteuse, aussi bien pour une stratégie de base que pour des thématiques très ciblées. Il y a plusieurs années, il était déjà clair pour moi que ces véhicules avaient un grand potentiel de croissance et qu’ils allaient jouir d’une grande popularité en Suisse. C’est effectivement ce qui s’est passé. 

Pourquoi cette classe d’actifs se développe-t-elle aussi vite en Suisse ?

Regardez autour de vous. La place financière suisse est un « melting-pot » de talents avec un fort potentiel d’innovation. Elle reste par ailleurs une place d’importance mondiale en ce qui concerne la gestion de fortune. Ces deux atouts donnent à la Suisse un caractère unique, différenciant. Les gestionnaires de fortune et les asset managers ont développé une multitude de stratégies d’investissement allant de l’intelligence artificielle aux options en passant par les nouvelles sources d’énergie comme l’hydrogène. Ils disposent de connaissances de pointe et d’une véritable expertise dans des marchés de niche et des pays comme l’Inde, Taïwan ou le Japon, pour n’en citer que quelques-uns. Il s’agit ensuite de rendre ces stratégies investissables et pour cela, les AMC sont les moyens le plus efficace, le moins cher et le plus simple. Ils n’ont plus rien à envier à un fonds classique. Au contraire, ils présentent même plusieurs avantages, comme une mise en œuvre rapide et un volume minimal moins élevé. 

Dans votre offre AMC, où mettez-vous l’accent ?

Nous accompagnons nos clients tout du long, de l’idée initiale jusqu’à sa réalisation. Ensuite, nous en assurons le suivi. Mettre en place un AMC est une chose, mais tout ce qui entoure cette mise en place en est une autre. Les gestionnaires de fortune peuvent gérer eux-mêmes leur AMC sur notre plateforme Cuglos et ils reçoivent un rapport détaillé chaque jour. Si nos clients le souhaitent, nous les soutenons également dans leur distribution.

Nous voyons chez les gestionnaires de fortune un intérêt croissant à présenter leurs stratégies devant un public plus large.

Mais pour cela, l’AMC doit remplir certains critères, comme par exemple l’autorisation de distribution au public. Une cotation en bourse du certificat est également possible. Nous sommes d’ailleurs l’un des rares fournisseurs à permettre à nos clients d’introduire en bourse un AMC en tant qu’ETP coté en bourse. Ce sont précisément ces possibilités que nous discutons en amont avec nos clients, afin de leur présenter toutes les options possibles, et leur impact futur. Ce qui permet, au final, aux gestionnaires de fortune de se concentrer en premier lieu sur leur stratégie et sa mise en œuvre. 

Les AMC sont des véhicules relativement nouveaux, comment anticipez-vous leur évolution ? 

La transparence est un thème important. Dans ce domaine, les AMC présentent un grand avantage pour les investisseurs. Pour de nombreux fonds classiques, on apprend après coup, dans un rapport trimestriel long de plusieurs pages, ce qui a changé dans la stratégie ou dans les positions. En revanche, avec un AMC, on peut savoir chaque jour dans quoi et comment on investit. Nous allons même plus loin, en informant régulièrement les investisseurs sur les ajustements de nos AMC, via différents formats de podcast ou même avec des Live Streams sur YouTube. Les investisseurs peuvent d’ailleurs y poser des questions à un conseiller. À une époque où tout le monde peut trouver immédiatement toutes les informations sur Internet, c’est une évolution nécessaire pour notre secteur. Il est indispensable d’être transparent. C’est ainsi que l’on gagne la confiance des investisseurs. Et de nouveaux clients.

Roman Przibylla

CAT Financial Products 

Roman Przibylla est associé chez CAT Financial Products depuis mars 2022. Diplômé en gestion, il a fondé une startup dans le domaine de la finance après ses études à Cologne et a occupé, après sa vente, différents postes de direction dans le domaine des produits structurés, notamment pour HSBC, la Deutsche Bank et la Commerzbank. Avant de rejoindre CAT, Roman Przibylla a dirigé l’équipe de vente des produits structurés, des AMC et de la plateforme deritrade chez Vontobel à Zurich.

 

Fixed Income

Solutions Investissements

  • Daniel Shaykevich
  • Gérant de portefeuille
  • Vanguard

Rendements supplémentaires attendus cette année sur les marchés obligataires émergents

Grâce à de meilleurs fondamentaux et à un ratio favorable entre l’offre et la demande, les emprunts d’État des pays émergents ont généré l’an dernier des rendements élevés supérieurs à 11% en monnaie forte. Les obligations ayant une note de crédit élevée ont notamment contribué aux bénéfices, comme l’explique Daniel Shaykevich.

Francesco Mandalà

En ce début d’année, les volume d’émissions élevés ont contribué à creuser les écarts et ont donc débouché sur des évaluations plus attrayantes. L’offre pléthorique (qui devrait diminuer au cours des prochains mois) offre la possibilité aux investisseurs de prendre des risques à des conditions plus avantageuses, avant que les flux de capitaux sur le marché n’excèdent l’offre et que les primes de risque diminuent.

Potentiel pour les stratégies relative value

Le scénario de base pour 2024 table sur un environnement favorable pour les obligations en général et pour les obligations d’entreprises en particulier. Comme l’inflation s’est stabilisée entre-temps et que la croissance diminue, de nombreuses banques centrales de premier plan – dont la Réserve fédérale américaine, la Banque d’Angleterre et la Banque centrale européenne – bénéficient d’une certaine marge de manœuvre pour abaisser les taux d’intérêts afin de limiter les risques de récession.

Après une hausse en janvier, les primes de risque pour les obligations émergentes notées investment grade n’ont jamais été aussi attrayantes par rapport aux spreads US équivalents depuis plus de deux ans et même les spreads à haut rendement des Etats émergents sont toujours relativement intéressants. Les évaluations des obligations d’entreprises américaines s’approchent progressivement de leurs plus hauts historiques et rendent d’autant plus intéressante une allocation émergente pour les investisseurs. Dans ce contexte, nous prévoyons pour l’an prochain des rendements supplémentaires sur les marchés obligataires des pays émergents.

Une catégorie d’actifs aux multiples atouts

En plus des évaluations attrayantes, les obligations d’entreprises des Etats émergents profitent d’une combinaison unique de primes de risque élevées et d’une duration longue, que les obligations US sont incapables d’offrir, que ce soit dans le segment investment grade ou à haut rendement. Les marchés obligataires des pays émergents pourraient donc profiter tout particulièrement de la baisse des taux d’intérêts, mais aussi d’une croissance économique stable, qui soutient la demande d’obligations à fort rendement. Compte tenu de la demande globalement élevée et des évaluations des obligations d’entreprises américaines extrêmement chères dans une perspective historique, l’année 2024 pourrait être propice aux obligations émergentes.

Avantages des stratégies obligataires PE actives

Plus encore que dans d’autres segments des marchés obligataires mondiaux, les investisseurs peuvent profiter de stratégies actives sur les marchés émergents, sans avoir à prendre de risques supplémentaires. Pour plusieurs raisons, la catégorie d’actifs est particulièrement intéressante pour les stratégies alpha:

Les placements dans les pays émergents affichent généralement une duration plus longue, raison pour laquelle leur rendement dépend souvent de l’évolution des spreads et pas uniquement des rendements réalisés par les investisseurs pendant la durée de détention, souvent qualifiée de «carry». C’est pourquoi la recherche d’obligations émergentes à rendement particulièrement élevé peut parfaitement être payante.

Les emprunts d’États émergents  aux fondamentaux en hausse pourraient générer des rendements supplémentaires pendant des années, à condition que l’évolution reste positive.

Les pays émergents d’une certaine importance profitent de courbes de taux solides qui incluent souvent des émetteurs para-étatiques en plus des émetteurs étatiques, raison pour laquelle les investisseurs actifs disposent de nombreux instruments pour implémenter leur exposition pays.

Prévision à long terme favorable

Les obligations d’entreprises des pays émergents devraient poursuivre leur évolution favorable de l’an dernier et générer des rendements corrigés du risque élevés à court terme, mais aussi à long terme. Grâce à des stratégies actives qui se concentrent sur une sélection rigoureuse de titres, les investisseurs peuvent viser l’alpha sur les marchés obligataires des pays émergents sans prendre de risque supplémentaire.

Daniel Shaykevich

Vanguard

Daniel Shaykevich est directeur et gérant de portefeuille chez Vanguard, où il est co-responsable de l’équipe des marchés émergents et de la dette souveraine. Il se concentre sur la gestion de la dette des émetteurs souverains et des entreprises liées au gouvernement dans les portefeuilles gérés activement par Vanguard. Avant de rejoindre Vanguard en mai 2013, M. Shaykevich était gestionnaire de portefeuille chez BlackRock, chargé de la gestion de la dette des marchés émergents dans des portefeuilles dédiés et croisés.

Equities

Solutions Investissements

  • Interview Hans-Marius Lee Ludvigsen
  • Lead portfolio manager
  • DNB Asset Management

« Du pire au meilleur sur le marché nordique des Small & Mid Caps »

Le marché nordique des petites et moyennes capitalisations est un paysage complexe où une forte volatilité rencontre un fort potentiel de croissance. Dans le contexte de la récession de 2022, les investissements stratégiques dans des secteurs résilients tels que les énergies renouvelables et la technologie, au Danemark et en Suède, balisent le chemin pour la croissance future.

Francesco Mandalà

Du point de vue de l’investisseur, qu’est-ce qui définit ce marché nordique des Small & Mid Caps?

Les marchés nordiques, dans le segment Smalll & Mid, sont des écosystèmes dynamiques qui offrent des opportunités en termes d’innovation et de croissance. Les entreprises sont souvent à l’avant-garde dans leur secteur d’activité. Ellles facilitent le changement et la croissance grâce à des technologies de pointe et des pratiques durables.

Vos vues suggèrent un marché contrasté. Pour le marché nordique des petites capitalisations, vous parlez de « pire » et de « meilleur ». Pourquoi cette dichotomie ?

Oui, c’est un marché qui met à l’épreuve les investisseurs. Du côté du « pire », il lui arrive d’être impitoyable, avec des fluctuations de prix qui peuvent décourager les plus timorés. C’est ce qui s’est passé l’année dernière. Dans le meilleur des cas, c’est une mine de trésors pour l’investisseur stratégique qui se projette sur le long terme. Nos perspectives sur la durée restent d’ailleurs positives, car les performances historiques ont montré que la trajectoire de croissance a récompensé les investisseurs résilients, malgré la volatilité à court terme.

Comment les pays de ce marché se comparent-ils entre eux ?

La Suède a traditionnellement été l’indicateur de référence, compte tenu de sa taille et de la diversité des entreprises de son segment Small Caps. Cependant, nous avons constaté un changement. Les marchés danois et finlandais se sont surpassés, avec des secteurs comme la santé et la technologie en tête. Le Danemark a fait preuve d’une résilience et d’une performance sectorielle remarquables, ce qui a séduit les investisseurs en quête de stabilité et de croissance.

L’année 2022 a été marquée par un ralentissement notable. Selon vous, le marché a-t-il atteint son point le plus bas ou la volatilité va-t-elle encore s’accentuer ?

Bien qu’il y ait un potentiel de volatilité supplémentaire, les fondamentaux de nombreuses entreprises restent solides. La baisse a également ouvert des opportunités d’achat qui n’existaient pas auparavant. Il pourrait s’agir d’un point d’entrée stratégique pour les investisseurs à long terme, mais il est essentiel d’adopter une approche d’investissement perspicace axée sur les fondamentaux.

Pourriez-vous nous donner un aperçu de certains investissements spécifiques et de leur trajectoire ?

Nous avons réalisé plusieurs investissements stratégiques dans différents secteurs. Par exemple, dans le domaine des énergies renouvelables, nous avons investi dans des entreprises qui contribuent à la transition verte, une priorité dans la région nordique. Ces investissements ont fait preuve de résilience, même en période de ralentissement du marché, ce qui témoigne de l’importance croissante de la durabilité. Dans le secteur des technologies, nous avons soutenu des entreprises leaders dans le domaine des logiciels et des services numériques, qui ont affiché une croissance substantielle malgré les difficultés générales du marché. Notre philosophie d’investissement consiste à soutenir des entreprises qui non seulement présentent un potentiel de croissance, mais qui ont également un impact positif sur la société et l’environnement.

Hans-Marius Lee Ludvigsen

DNB Asset Management

Hans-Marius Lee Ludvigsen a rejoint DNB Asset Management en 2019. Il est membre de l’équipe Actions nordiques et gère le DNB Fund Nordic Small Cap. Auparavant, il a occupé différents postes chez Swedbank/Kepler Cheuvreux et a travaillé comme analyste dans un fonds d’actions nordiques chez Pareto Asset Management. Hans-Marius Lee Ludvigsen est titulaire d’un MSc en finances de la Norwegian School of Economics.

Cryptos

Solutions Investissements

  • Samir Kerbage
  • Chief Investment Officer
  • Hashdex

Lancement des ETF bitcoin : les premières leçons après un mois

Pour leur lancement, les ETF bitcoins ont déjà réussi à lever près de quarante milliards de dollars. Une performance appréciable qui ouvrent des perspectives plutôt attrayantes pour une classe d’actifs appelés à se développer sur le long terme, comme l’explique Samir Kerbage.

Francesco Mandalà

Aux États-Unis, le lancement des ETF bitcoin au comptant a été un moment décisif pour le monde crypto. Ces produits ouvrent en effet un marché de 50’000 milliards de dollars aux investisseurs de tous bords. Ils ont désormais accès au bitcoin sous la forme peut-être plus familière familière d’un ETF. Il a fallu dix ans pour en arriver là, un long chemin, et les mois précédant les approbations de janvier ont vu se multiplier les interrogations sur l’impact que pourraient bien avoir ces ETF. Un mois plus tard, on y voit bien évidemment plus clair, en se concentrant sur trois grandes questions.

Quel a été l’impact immédiat des ETF ?

Il y a eu énormément d’excitation dans les mois et les semaines précédant le lancement des ETF bitcoin. Cependant, leur sortie le 11 janvier s’est accompagnée d’une baisse de prix de courte durée, due principalement au GBTC, le trust bitcoin de Grayscale converti en ETF. À ce moment-là, GBTC détenait environ 30 milliards de dollars de bitcoins mais ne disposait pas d’options de rachat. Il s’en est suivi une importante décote de la valeur nette d’inventaire. Anticipant une conversion de trust en ETF, de nombreux traders ont acheté des actions GBTC à prix réduit. La conversion approuvée a déclenché des rachats de GBTC alors que les traders à court terme clôturaient leurs positions et que les investisseurs à long terme quittaient le produit. Malgré les entrées dans d’autres ETF, l’effet net a consisté en une vente substantielle de bitcoins, et donc une baisse des prix. Les rachats de GBTC ont ensuite ralenti, tandis que les investissements dans d’autres ETF ont augmenté, entraînant des flux nets positifs. Au cours du mois écoulé, les ETF bitcoin ont enregistré plus de 3,2 milliards de dollars de flux nets et le prix du bitcoin a augmenté de plus de 27%.

Où en sommes-nous actuellement ?

Bien que l’importance de ces nouveaux flux ne soit pas surprenante au vu de la demande, le premier mois a dépassé les attentes. Dans la mesure où il s’agit d’un tout nouveau type d’ETF, les comparaisons directes avec d’autres classes d’actifs sont difficiles. Mais la thèse d’investissement la plus solide qui prévaut pour le bitcoin en ce moment – celle d’une réserve de valeur émergente, ou or numérique – permet une comparaison raisonnable entre les ETF bitcoin et les ETF or. Un rapport de Coinbase Institutional a noté que les entrées nettes pour les ETF bitcoin au cours de leur premier mois ont dépassé celles enregistrées par l’ETF SPDR Gold Shares (GLD) de State Street au cours de son premier mois – l’un des lancements d’ETF les plus réussis de tous les temps.

A la lecture de ces chiffres seuls, le succès des ETF bitcoin aux États-Unis apparait clairement. Plus important encore que ces chiffres, il y a ce que ces nouveaux flux signifient pour l’avenir du bitcoin comme cas d’investissement. Il semble bien que ces ETF ont consolidé la place du bitcoin dans les portefeuilles, certainement appelée à croître avec le temps. Nous n’en sommes cependant qu’aux phases d’initiation. Les investisseurs ont encore beaucoup à apprendre sur cette classe d’actifs, et leur allocation en bitcoin prendra forme sur le long terme, au fil des mois et des années.

Que nous dit le dernier mois sur l’avenir des ETF bitcoin ?

Le bitcoin est revenu à une valorisation proche des 1’000 milliards de dollars. Bien qu’il puisse encore y avoir des facteurs contribuant aux sorties de GBTC en particulier, tels que ceux liés à la faillite de Genesis, nous ne voyons pas de signes structurels indiquant un possible ralentissement de la demande. Les 37 milliards de dollars déjà investis dans les ETS bitcoins laissent penser que leurs encours pourraient vite dépasser ceux des ETF or, évaluant aujourd’hui autour des 100 milliards. Après une année tumultueuse en 2022, et une année de reprise en 2023, l’institutionnalisation des devises cryptos – orchestrée avec succès – créent aujourd’hui de belles opportunités pour toute l’industrie.

Samir Kerbage

Hashdex

Samir Kerbage est le Chief Investment Officer de Hashdex. Pendant près de dix ans, il a travaillé à la construction d’infrastructures pour les marchés financiers. Il a contribué par exemple à des projets majeurs tels que l’ATS Brasil chez Americas Trading Group et le lancement d’une entreprise de trading à haute fréquence. Samir Kerbage, est diplômé en génie informatique de l’Instituto Militar de Engenharia, au Brésil.