Masters
Arnaud Dubois
Matis
L’art contemporain renforce son statut de valeur refuge
Malgré un contexte qui reste pénalisant, la hausse des actifs risqués au premier trimestre obéit à une certaine logique. Stéphanie de Torquat, CIO chez Silex, nous en propose ici l’analyse.
Après une année noire pour les investisseurs, 2023 a démarré sous le signe de l’optimisme, avec une hausse généralisée des actifs risqués. Bien qu’en apparente contradiction avec une remontée des taux d’intérêt historiquement rapide, cette hausse est en réalité cohérente avec la phase actuelle du cycle.
Le prix des actions n’est rien d’autre que la combinaison de deux composantes : la valorisation, ou le prix que les investisseurs sont prêts à payer par unité de bénéfices générés (ratio PE), et la quantité de bénéfices générés.
La valorisation peut être assez aisément expliquée par les taux d’intérêt. Lorsqu’il est possible d’obtenir des niveaux de rendement conséquents avec des risques contenus, comme aujourd’hui, les investisseurs exigent davantage de bénéfices par unité payée. Le ratio PE sera donc plus faible. En revanche, lorsque les rendements sont proches de zéro, ils seront plus enclins à acheter des actions chères – le fameux « TINA », There Is No Alternative. Il existe donc une relation inverse entre les ratios PE et les taux.
La croissance des bénéfices, quant à elle, est liée à la dynamique économique, qui joue un rôle important dans la capacité des entreprises à générer des bénéfices.
Ainsi, nous pouvons distinguer quatre phases dans le cycle macro/actions, qui se sont déroulées très clairement jusqu’ici aux États-Unis :
Bien sûr, en cas d’atterrissage en douceur, les bénéfices n’ont pas lieu de s’effondrer et les actions résistent. Mais dans un scénario où la récession finit par arriver, ce que nous anticipons entre fin 2023 et mi-2024, le plus pertinent est de conserver une allocation prudente.
C’est pourquoi nous sommes convaincus que la bonne approche dans l’environnement actuel consiste à générer de la valeur au sein de la part actions, au travers de choix sectoriels relatifs marqués et d’une sélection de titres pertinente. A cet égard, le récent rebond record des valeurs cycliques européennes par rapport aux défensives est en décalage avec les fondamentaux macro-économiques. La sous-valorisation de ces valeurs défensives offre à notre avis un point d’entrée très intéressant pour revisiter la partie la plus défensive du marché, qui devrait surperformer les cycliques.
Stéphanie de Torquat occupe les fonctions de Chief Investment Officer chez Silex depuis l’automne dernier. Elle travaillait auparavant chez Lombard en tant que macro-économiste senior et membre du comité d’investissement. Plus tôt dans sa carrière, de 2006 à 2010, elle a été membre de l’équipe de stratégie d’investissement chez Goldman Sachs Asset Management à Londres, où elle couvrait essentiellement la clientèle institutionnelle. Stéphanie est diplômée de l’ENSAE à Paris, l’Ecole Nationale de la Statistique et de l’Administration Economique, et détient un Master of Science en ingénierie financière de l’université de Columbia, à New York.
Olivier de Berranger
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Les rumeurs sur la mort de l’UE sont largement exagérées
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Les stablecoins ont profité de la hausse des taux d’intérêt. Les différents émetteurs se livrent un combat sans pitié pour gagner des parts de marché, alors que les régulateurs, notamment américains, serrent la vis et cherchent à éviter un nouveau scandale dans l’univers des actifs digitaux.
Les stablecoins jouent un rôle essentiel dans l’écosystème des cryptomonnaies. Adossé à un actif (en général le dollar américain) ou un panier d’actif, ils ont l’avantage de ne pas être volatile comme le Bitcoin ou d’autres cryptos et de servir de réserve de valeur. Ils évoluent sur les différents protocoles blockchain desquels ils tirent des caractéristiques intéressantes par rapport à la monnaie traditionnelle, comme une disponibilité de manière continue, un dénouement quasi instantané, ou un certain niveau de transparence et de traçabilité.
Les cas d’utilisation des stablecoins sont variés. De par leur conception, ils créent un lien entre la finance traditionnelle et son pendant digital. De plus en plus de marchands en ligne, ont ajouté la possibilité de payer avec des stablecoins. Les stablecoins permettent de faire des transferts de fonds, notamment internationaux, à une fraction des coûts habituels.
En finance décentralisée (DeFi), les stablecoins sont utilisés pour emprunter et prêter des fonds, et pour fournir de la liquidité sur les échanges décentralisés et d’autres protocoles DeFi. Les investisseurs institutionnels utilisent les stablecoins pour acheter, vendre ou swaper leur allocation crypto.
Un marché significatif
Alors qu’il y avait moins de $5 milliards de stablecoins en circulation à la fin 2019, l’engouement pour les cryptos a changé la donne. Aujourd’hui les intervenants se partagent environ $135 milliards, un chiffre en légère baisse suite aux différents scandales et fraudes qui ont éclaboussé l’industrie de la crypto en 2022. Alors que le monde continue de se digitaliser et que la tokenisation de tous les actifs est sur le point de commencer, le marché des stablecoins devrait continuer de croître de manière significative.
Ceci est une véritable aubaine pour les émetteurs de stablecoins : Plus de stablecoins en circulation impliquent plus de réserves à gérer et potentiellement investir. Bien que chacun des plus de 100 stablecoins en circulation soit conçu de manière différente, les leaders du marché utilisent des actifs traditionnels comme collatéral des stablecoins émis. Certains ne conservent que du cash, d’autres réinvestissent les dépôts en instrument de taux à plus ou moins court-terme. L’envolé des taux américains a permis aux émetteurs de générer des milliards de dollars sur les investissements qui garantissent la stabilité du peg avec la valeur de référence. Ces revenus représentent presque une marge nette, sachant que les détenteurs de stablecoins ne bénéficient en général d’aucun intérêt provenant des réserves.
Là où le bât blesse, c’est que plus de 90% marché est réparti entre 4 stablecoins – USDT, USDC, BUSD et DAI. L’USDT, géré par Tether, a une part de marché supérieur à 50%. Ce stablecoin bénéficie d’avoir été parmi les premiers sur le marché et d’avoir noué des liens importants avec les plus grosses places de trading. Il existe cependant beaucoup de questions autours des réserves qui servent de collatéral. Bien que la société ait amélioré sa transparence, 15-20% des réserves restent investies dans des actifs peu liquides et volatiles (cryptomonnaies, prêts, obligations d’entreprise, etc.). Une éventuelle panique des investisseurs pourrait contraindre Tether à liquider ces actifs avec une décote, faisant perdre à l’USDT sa parité avec le dollar américain.
Dans l’œil du régulateur
Avec une volonté de réduire les risques pour les petits investisseurs et pour le système financier dans son ensemble, les différentes agences américaines se penchent sur le design des stablecoins. Pour simplifier, si les réserves sont constituées d’instrument financier, alors le stablecoin est considéré comme un instrument financier. La SEC a ordonné à la société américaine Paxos d’arrêter toute émission de BUSD, l’émetteur basé aux Etats-Unis du BUSD. Les réserves étaient notamment investies dans des obligations du Trésor américain à long terme.
D’autres stablecoins, notamment l’USDC de Circle et Coinbase, font le pari de passer entre les mailles du filet en proposant un « e-money », dont le collatéral est uniquement composé de cash et de T-Bills à 90 jours. Un collatéral de qualité ne résulte pas forcément en une absence de risque. L’USDC a temporairement perdu son peg avec le dollar, alors qu’une partie du cash était déposée auprès de la défunte Silicon Valley Bank (SVB).
Un arrêt forcé de l’USDT ou de l’USDC pourrait avoir des conséquences sur la liquidité du marché des cryptos. Cependant, cette industrie a prouvé à de nombreuses reprises sa capacité à rebondir et à s’adapter à un nouveau statut donné. L’innovation financière au travers de la blockchain ne fait cependant que commencer, et les stablecoins devraient conserver un rôle majeur dans l’écosystème, au moins jusqu’à l’apparition des monnaies digitales de banque centrales. Mais au rythme où évoluent ces projets dans les pays développés, les stablecoins ont encore de beaux jours à venir !
*************
Christophe Magnin, CFA, est responsable de l’équipe d’investissement d’AtonRâ Partners, spécialiste de l’investissement thématique à Genève. Il couvre notamment les stratégies liées à la digitalisation des services financiers. Christophe était précédemment responsable des investissements chez And Private Wealth SA et a également travaillé à dans l’équipe d’investissement de la Banque Hinduja. Christophe a obtenu un bachelor en économie d’HEC Lausanne, suivi d’un master en ingénierie financière de l’université technologique de Nanyang à Singapour.
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La persistance et la vigueur de l’inflation ont largement alimenté la volatilité en 2022. Cependant, bien que l’inflation soit susceptible d’atteindre son pic lors des prochains trimestres, les investisseurs ne doivent pas s’attendre à ce que la volatilité diminue dans l’immédiat.
Les chiffres révèlent également l’ampleur de la volatilité enregistrée l’an dernier. L’indice VIX de la volatilité des actions a clôturé 94 % des séances boursières au-delà de sa moyenne historique ; l’indice MOVE du marché obligataire s’est établi à un niveau supérieur à la moyenne lors de 87 % des séances de marché ; et l’indice S&P 500 a connu une variation journalière supérieure à 2 % 61 fois contre seulement 7 fois en 2021.
Dans ce contexte, les banques centrales ont été contraintes de relever leurs taux de façon musclée pour préserver ce capital essentiel qu’est leur crédibilité. L’incapacité collective à reconnaître et à maîtriser l’inflation pourrait encore induire des pressions inflationnistes de deuxième ordre et un atterrissage forcé de l’économie.
Pour autant, les marchés pourraient bénéficier d’un coup de pouce grâce au possible pic de l’inflation et au tour de vis des banques centrales ces prochains trimestres. Cependant, la volatilité est vouée à rester élevée et sujette à de soudaines flambées en 2023, à mesure de la disparition progressives des obstacles qui ont bridé les marchés en 2022.
Les investisseurs doivent donc s’attendre à rester confrontés à un ensemble de défis cette année, notamment avec l’impact des tensions géopolitiques, une inflation plus forte que prévue, et le resserrement des politiques monétaires au niveau mondial.
Dans ce contexte obstinément volatil, la gestion active devrait faire toute la différence. Lorsque les actions offrent des performances solides et régulières, la gestion passive est l’approche qui s’impose, mais à mesure de l’accroissement de la volatilité, le choix des thèmes et titres appropriés devient essentiel à la réussite.
Par ailleurs, nous recommandons aux investisseurs d’orienter leur exposition en faveur des segments défensifs des marchés des actions et des obligations, de mettre en œuvre une gestion rigoureuse du risque et de diversifier leur portefeuille en envisageant une allocation à de nouvelles classes d’actifs (telles que les placements alternatifs).
Allocation défensive en actions et obligations
L’assemblage adéquat d’actions cotées et d’obligations peut offrir une protection efficace dans un contexte de marchés volatils. Cependant, il importe que les investisseurs minimisent l’impact d’un timing malheureux.
Diversification au travers des placements alternatifs
La diversification apporte également une protection en période de volatilité. Le meilleur moyen de l’obtenir, lorsque la corrélation entre actions et obligations est élevée, est d’investir dans des placements alternatifs.
Malgré les nombreux défis qui s’annoncent en 2023, la volatilité élevée peut également offrir une opportunité aux investisseurs qui cherchent à diversifier leur portefeuille au travers d’allocations défensives et sont tentés par les classes d’actifs alternatives.
Bio
Christian Bauer
REYL Intesa Sanpaolo, Zurich
Christian Bauer a débuté sa carrière bancaire en 1997 au Crédit Suisse à Zurich où il a travaillé jusqu’en 1999. Il rejoint ensuite la Dresdner Bank, puis la Banque Leumi (Suisse) en 2003 en tant que banquier privé, où il acquiert de l’expérience dans la gestion de clients internationaux. En 2006, il intègre ABN AMRO Private Banking (Suisse) en tant que responsable des pays anglophones, de l’Europe occidentale et du marché israélien. Lors du rachat d’ABN AMRO Suisse par l’Union Bancaire Privée en 2011, il devient Managing Director à l’UBP Zurich et continue à diriger les mêmes régions. Recruté par la banque Reyl en 2014, il est nommé directeur général de la succursale de Zurich en mai 2021.
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Jonathan Graas a rejoint l’équipe de gestion de Decalia pour travailler entre autres sur les fonds dédiés aux mégatendances et à l’économie circulaire. Sur ce dernier thème, il voit un univers en pleine expansion avec des entreprises de plus en plus conscientes des impératifs auxquels elles sont tenues.
Quels sont les problèmes fondamentaux auxquels l’économie circulaire peut aujourd’hui apporter des réponses ?
J’en vois deux. Il y a d’abord la lutte contre le réchauffement climatique avec la nécessité de réduire les émissions de CO2 et de limiter la surconsommation de ressources matérielles. Il y a ensuite la perte de la biodiversité qui oblige à une bien meilleure gestion des ressources naturelles. Ces deux problèmes sont liés, bien évidemment. A court terme, l’économie circulaire peut également répondre aux problèmes plus actuels qui affectent les chaînes d’approvisionnement à l’échelle globale ou à l’inflation des prix de l’énergie et des matières premières.
Quels sont les grands axes sur lesquels l’économie circulaire est amenée à se développer?
La réglementation va prendre de plus en plus d’importance, en Europe, aux Etats-Unis et même en Chine. Les entreprises, sur un plan mondial, auront à la fois un soutien politique et des incitations fortes pour investir sur des horizons de dix et plus dans différents domaines, comme par exemple celui des énergies renouvelables.
En parallèle, nous assistons à une prise de conscience très forte chez les consommateurs. Ils sont de plus en plus sensibilisés aux enjeux qui touchent au net zéro ou à la biodiversité, et les changements dans leurs modes de consommation prennent de l’ampleur.
Comment voyez-vous les entreprises intégrer ces tendances dans leur politique ESG ?
Les entreprises ne sont pas exposées de la même façon à ces tendances, mais nous voyons un bon nombre d’entre elles investir dans ces directions, en se concentrant par exemple sur les énergies renouvelables ou sur le verdissement des industries lourdes. Beaucoup de capex commence à leur être alloué.
Nous constatons aussi chez ces entreprises l’envie d’augmenter la part des produits recyclables, de réduire les emballages, et de privilégier, dans leur mode de production, les matériaux biologiques plutôt que chimiques.
Je mentionnerai également un contrôle plus rigoureux de la chaîne d’approvisionnement avec une surveillance accrue des fournisseurs et davantage de visibilité sur la provenance des matières premières.
Au chapitre de la « supply chain », nous voyons aussi une tendance des industriels à relocaliser leurs centres de production pour ne plus avoir à subir les blocages conséquents apparus avec le déclenchement de la crise du covid.
Combien d’entreprises suivez-vous autour de ce thème de l’économie circulaire ?
Nous nous sommes basés sur l’indice MSCI World qui regroupe environ 1500 entreprises. Parmi elles, nous en suivons plus particulièrement un tiers, en lien avec l’économie circulaire. Je ne peux pas vraiment donner de chiffres exacts, à l’unité près, mais il est important se rendre compte que cet univers aujourd’hui ne cesse de s’agrandir. Et c’est ce qui nous intéresse en premier lieu.
Dans les grandes lignes, quelle est la stratégie employée pour le fonds Decalia Circular Economy?
Elle tient en un acronyme très simple : CIRCLE ! Nous avons défini six tendances, ou sous-thèmes, qui nous semblent complémentaires et qui valent aussi par leur diversification. Ces six tendances sont intitulées de la façon suivante : Circular Models, Innovative technology, Renewables, Cleaner environment, Life preservation et Eco-design. Nous avons une approche top down pour l’ensemble du thème et nous cherchons ensuite à identifier les dynamiques qui animent chaque sous-thème pour construire le portefeuille dans une logique bottom-up. Le fonds rassemble une cinquantaine de titres. Nous ne nous contentons de regarder les entreprises de type « best-in-class ». Nous nous intéressons tout autant à celles qui sont présentes dans des industries avec une empreinte écologique plus lourde mais qui réalisent les investissements nécessaires pour réduire sensiblement leurs émissions de CO2. C’est là que l’impact marginal sera le plus élevé. Nous avons besoin d’entreprises qui s’améliorent.
Jonathan Graas
Decalia
Jonathan Graas est gérant de portefeuille senior au sein du pôle asset management de Decalia, la boutique genevoise. Il a rejoint l’équipe de gestion en charge du fonds Decalia Sustainable SOCIETY et il co-gére le fonds Decalia Circular Economy. Chez Decalia, il a retrouvé Alexander Roose et Quirien Lemey avec lesquels il a travaillé précédemment chez DPAM. Il y gérait un fonds durable américain et co-gérait deux fonds thématiques durables, pour un encours total de plus de 4 milliards d’euros. Jonathan est titulaire d’une maîtrise en mathématiques appliquées de l’Université catholique de Louvain et d’une maîtrise en finance internationale de HEC Paris.
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L’évolution de la gestion quantitative est intimement liée à l’envolée de la puissance de calcul. La précision, la profondeur et la multiplicité des modèles influent toujours plus sur la diversification, la performance et la gestion des risques. Il ne faut cependant pas oublier que le moteur ne peut pas tourner sans le data qui l’alimente, et que les innovations dépendent d’abord de la façon dont il est traité
Pour certains, la naissance de la gestion quantitative remonte à 1900, lorsque la thèse de doctorat de Louis Bachelier, mathématicien français, introduit pour la première fois l’utilisation des probabilités et statistiques dans le monde financier. Bachelier veut en l’occurrence mettre au point des outils capables de valoriser des options. C’est un travail précurseur du fameux modèle de Black-Scholes publié en 1973, qui martyrise depuis tous les étudiants en finance !
D’autres datent la naissance de la gestion quantitative à l’année 1954 lorsqu’Harry Markowitz soutient sa thèse de doctorat sur ce monument qu’est la théorie moderne du portefeuille. Markowitz y montre comment construire un portefeuille en tenant compte des performances espérées de titres, de leurs risques et de leurs corrélations. Dans les années 60, Sharpe, Treynor, Lintner et Mossin publient le modèle d’évaluation des actifs financiers – le fameux Capital Asset Pricing Model – qui formalise la relation entre la performance d’un titre et celle du marché. Puis, les travaux se focalisent sur l’investissement factoriel, notamment avec les travaux de Fama et French, qui perfectionnent la modélisation de la performance d’un titre en ajoutant plusieurs facteurs explicatifs tels que croissance, valeur et taille pour ne parler que des plus connus.
Tous ces travaux posent un cadre théorique indéniablement bienvenu et encore très utilisé de nos jours. Mais en pratique, à l’époque, peu de portefeuilles sont gérés sur la base de ces modèles, faute, entre autres, de données suffisamment fiables pour les alimenter.
Il y a là une vraie carence, mais elle n’est pas appelée à durer.
La plupart des acteurs de la gestion quantitative évoqués plus haut, Fama en particulier, ont eu un rôle à jouer dans la formulation de l’hypothèse des marchés efficients. Le principe en est que le prix d’un actif financier reflète la totalité de l’information publique disponible. Le corollaire de cette hypothèse est qu’il est inconcevable de surperformer le marché sur le long terme.
Il ne s’agit que d’un fondement théorique mais, en 1976, John C. Bogle, CEO de la société d’investissement Vanguard, décide de le mettre en application. Il crée alors le Vanguard 500 Index, un fonds qui réplique la structure du S&P 500, où sont rassemblées les 500 plus grandes valeurs de la cote américaine.
L’objectif de Bogle n’est pas tant d’exploiter ce postulat académique que de donner la possibilité à l’homme de la rue de détenir des parts dans les plus grandes sociétés américaines sans avoir l’embarras du choix et des achats ligne par ligne. Le tout à moindre coût, dans la mesure où le caractère systématique de la gestion indicielle implique des coûts de production moindres, et par conséquent des commissions de gestion plus faibles.
Près d’un demi-siècle s’est écoulé et Vanguard figure désormais au deuxième rang, derrière BlackRock, des plus grands gestionnaires d’actifs dans le monde. Ses encours avoisinent les 8’000 milliards de dollars. Le Vanguard 500 Index Fund existe toujours alors que la durée de vie moyenne d’un fonds est d’à peine 9 ans. Plus qu’un succès individuel c’est le succès de ce type de gestion qui est frappant : depuis 2018, les actions américaines gérées de façon passive ont dépassé en proportion celles qui sont gérées de façon active.
En associant la capacité de traitement de données qui permet la gestion indicielle et un autre progrès technologique, la négociation électronique des titres, l’une des plus grandes innovations du monde financier a pu voir le jour, à savoir les Exchange Traded Funds. Au départ, les ETFs répondent aux besoins des négociateurs de traiter toutes les composantes d’un indice en une seule transaction. Le premier d’entre eux, apparu en 1993, reproduit la performance du S&P 500. Connu dans toute l’industrie sous le nom de SPY, il compte aujourd’hui près de 350 milliards de dollars d’actifs sous gestion. 30 ans à peine après son lancement, le marché des ETFs dans son ensemble représente près de 6’000 milliards de dollars d’actifs, soit 10% des actifs mondiaux totaux en fonds ouverts.
Aujourd’hui, les données disponibles et susceptibles d’être traitées sont innombrables. Alors que leur utilisation dans la gestion se concentrait sur l’évaluation des titres et la construction de portefeuilles, elles peuvent de plus en plus être utilisées dans l’analyse des actifs, de leur potentiel, pour aboutir à des décisions plus muries. L’analyse de photos satellites pour compter les voitures sur les parkings de Walmart, par exemple, ou la fréquentation des restaurants via OpenTable permettent de mieux anticiper les tendances inflationnistes. Il est alors possible de les intégrer dans la gestion bien avant la publication du CPI par le Bureau des Statistiques du Travail.
Autrefois domaine réservé des gérants quantitatifs, de plus en plus de gérants dits qualitatifs font appel à des techniques de traitement de données pour identifier des opportunités d’investissement, voire pour étayer ou compléter leurs décisions. Les frontières s’estompent !
On l’a vu, la première grande application pratique du traitement de données en masse en gestion a eu pour effet de démocratiser les fonds d’investissement et d’en faciliter l’accès à moindre coût. Nous sommes en train de vivre la deuxième grande transformation : elle porte davantage sur la capacité à mieux gérer, de façon encore plus informée. Le système d’information, souvent qualifié de « support » par les gérants qualitatifs, a fini par s’imposer chez eux comme l’un des éléments décisifs sur laquelle repose leur compétitivité, à parts égales avec l’expérience et la compétence de l’équipe de gestion.
Bio
Jérôme Callut
DCM Systematics
Jérôme Callut est Associé et responsable de la recherche chez DCM Systematic Advisors à Genève. Avec Anthony Dearden, Jérôme a créé la stratégie Diversified Alpha et supervise son développement. Jérôme a travaillé chez Bluecrest Capital Management de 2008 à 2013 en tant que chercheur senior au sein de l’équipe de modélisation systématique, sur la stratégie BlueTrend (CTA). Il a notamment dirigé l’équipe en charge de la recherche pour les stratégies traitant les devises. Ses responsabilités comprenaient l’amélioration des stratégies existantes ainsi que la création de nouveaux modèles prédictifs. Jérôme possède un doctorat en Machine Learning de l’Université de Louvain.
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Une fois dissipées quelques idées fausses sur les petites et moyennes valeurs, on réalise qu’il existe de grandes différences entre elles et que l’on peut y trouver de véritables pépites, totalement délaissées par le marché. Le moment est d’ailleurs particulièrement propice pour jouer les chercheurs d’or.
On considère à tort les petites et moyennes valeurs comme une classe d’actifs homogène dont les membres partageraient un certain nombre de caractéristiques communes. Or, à part leur taille, il existe peu en commun entre une société familiale active dans une niche étroite mais rémunératrice et une startup prête à révolutionner le monde en créant un nouveau marché de toutes pièces mais en brûlant son cash sans aucune source de revenus. Comme dans la jungle, on y trouve des herbivores placides qui ruminent à l’abri des regards, des félins capables de pointes de vitesse incroyables, des prédateurs à l’affut et quelques charognards, sans oublier d’inévitables paresseux, voire même des dinosaures !
Les petites et moyennes capitalisations sont souvent perçues comme étant plus risquées que les leaders de la cote. Du fait de leur plus petite taille, elles sont supposées avoir moins de réserves et d’inertie, et sont donc considérées par le marché comme étant plus fragiles. Ici encore, il faut se garder de généralisations hâtives. Car la solidité d’une entreprise ne dépend pas de sa taille – il suffit pour s’en convaincre de se souvenir de quelques colosses aux pieds d’argile comme Lehman Brothers, Enron ou encore General Motors – mais de la qualité de son bilan, de ses fonds propres et de sa position sur son marché. Bien sûr, il existe des petites capitalisations lourdement endettées et fragiles, mais tel n’est pas le cas de la plupart des petites valeurs. Au contraire, celles-ci sont souvent gérées de façon conservatrice et prudente.
Une autre idée fausse très répandue est que les valeurs secondaires européennes seraient plus exposées à l’économie domestique et donc souffriraient plus de la crise énergétique. Or, si les petites et moyennes entreprises américaines sont effectivement très largement tournées sur le marché local, tel n’est pas le cas de leurs consœurs européennes qui exportent souvent leurs produits dans le monde entier, comme c’est notamment le cas en Suisse.
De fait, même si les petites et moyennes valeurs européennes brillent moins que certaines étoiles de la technologie, leurs qualités leur ont tout de même permis de battre largement les grandes capitalisations sur le long terme. Sur ces vingt dernières années, de 2002 à 2022, les titres du MSCI Europe SMID Cap affiche une performance annualisée de +8.5% contre 6.4% pour ceux du MSCI Europe.
Une gestion active peut encore améliorer ce résultat, notamment en limitant les baisses comme cela a été le cas en 2022, où il a été possible de réduire le recul de moitié.
Et cette surperformance n’est pas due à une année exceptionnelle qui compenserait une longue période de vaches maigres. Au contraire : ces résultats sont très réguliers, puisque, sur chaque période de 10 ans depuis 1999, les moyennes valeurs européennes ont battu les grandes capitalisations, que ce soit pendant les années de hausse ou de baisse.
Il existe en Europe 5’385 sociétés cotées en bourse. Sur ce total, 4’201 ont une capitalisation boursière inférieure à 1 milliard d’euros. En d’autres termes, 78% des entreprises cotées ne représentent que 5% de la capitalisation boursière totale. Il s’agit donc d’un énorme univers d’investissement qui, pour des raisons de coût et du manque d’intérêt de la part des investisseurs, n’est que peu couvert par les banques d’investissement. En ce qui nous concerne, près de 30% des titres que nous détenons en portefeuille sont « orphelins », c’est-à-dire qu’il ne sont suivis par aucun analyste.
Il est ainsi possible de dénicher d’excellentes affaires, sous la forme de sociétés de grande valeur qui se traitent à des valorisations nettement plus basses que la moyenne du marché. Et en investissant dans ces entreprises sous évaluées, on met en pratique la partie la plus difficile du célèbre précepte de Benjamin Graham, le père de l’investissement « value » et mentor de Warren Buffet, « acheter bon marché et revendre plus cher ». Comme les aberrations de prix finissent tôt ou tard par se corriger, il suffit ensuite d’attendre que le marché prenne conscience de la vraie valeur des sociétés.
Sur les petites valeurs comme sur les blue chips, le « market timing » représente un exercice particulièrement périlleux et il est souvent illusoire de prétendre trouver le moment idéal pour entre ou sortir de la bourse. Il n’en reste pas moins que le moment semble bien choisi pour investir en petites et moyennes capitalisations européennes.
Tout d’abord, après des années d’excès qui ont vu certains titres de la technologie atteindre des sommets difficilement justifiables, 2022 a été l’année d’un retour aux fondamentaux. Le retour de l’inflation et la hausse des taux d’intérêt ont remis au goût du jour les modèles économiques qui génèrent des bénéfices à court terme plutôt que dans un avenir lointain et incertain. Plus qu’une résurrection des titres « value » par rapport aux sociétés de croissance, on observe plutôt un passage – espérons-le plus structurel – de la « croissance à n’importe quel prix » vers « le prix a son importance ».
En effet, il y a actuellement d’excellentes affaires à saisir et c’est la première fois depuis l’éclatement de la bulle internet en 2002 et la crise de 2001-2002 qui a suivi que l’on peut trouver autant de sociétés qui valent moins de 10 fois leurs bénéfices.
Un autre indice soulignant l’actuelle sous-évaluation des petites et moyennes valeurs est le comportement de leurs actionnaires familiaux. Depuis quelques mois, des familles fondatrices décident de racheter leurs actions pour sortir de la bourse, estimant que leurs titres étaient vraiment trop bon marché en comparaison avec les prix payés pour des concurrents par les acteurs du private equity. Cela a notamment été le cas du fabricant vaudois de machines d’emballage Bobst ou du distributeur français d’équipement de bureau Manutan. C’est une nouvelle très positive pour les investisseurs : non seulement elles paient souvent des primes substantielles pour leur offre de rachat – 60% dans le cas de Manutan – mais il s’agit surtout d’une claire marque de confiance envers les perspectives de la société. Qui mieux en effet que les familles fondatrices connaissent la vraie valeur d’une entreprise ?
Dernier élément à l’appui d’un investissement en petites et moyennes capitalisations européennes. La croissance du Vieux Continent devrait être soutenue dans les années à venir par plusieurs thèmes porteurs. Il en va ainsi des besoins croissants en matière d’infrastructures énergétiques, de la relocalisation de la production afin de réduire la dépendance vis-à-vis de l’Asie, de l’automatisation croissante de l’industrie ou de la forte augmentation des budgets de défense en réponse à l’invasion de l’Ukraine.
Bio
Philip Best
Quaero Capital
Philip Best est l’un des co-fondateurs de Quaero Capital. Il a débuté sa carrière en 1983 comme gérant de fonds chez Warburg Investment Management, dont il gérait le fonds Mercury European Income. En 1987, il rejoint Enskilda Securities, en tant que broker spécialisé dans les petites capitalisations européennes. En 1994, il ouvre et dirige le bureau parisien de The Europe Company Limited, un courtier orienté sur la recherche spécialisé dans les petites valeurs européennes, racheté par Jefferies & Co en 2000. Philip Best a lancé le fonds Argonaut en 2003.
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