UX

  • Alexis de Bernis
  • Chief Technology Officer
  • Silex

L’expérience utilisateur, concept clé au cœur de la transformation digitale

Dans le déploiement des solutions digitales, qu’elles soient développées en interne ou externalisées, l’expérience client devient déterminante pour les gestionnaires de patrimoine. Alexis de Bernis en précise ici les contours.

La transformation numérique, son application, la mesure de son succès dans le contexte de la gestion de fortune, demande d’avoir recours à des informations concrètes et pertinentes. Et c’est plus particulièrement le cas aujourd’hui pour ce vaste domaine qu’est l’expérience utilisateur – la fameuse UX – concept clé au cœur de la révolution numérique.

Pour aller à l’essentiel, l’UX est l’équivalent en mode digital de l’attention que vous portez aux détails et à votre présentation dans le monde réel. Le principe même de l’UX est de donner la priorité aux utilisateurs réels de vos solutions et à leurs besoins. Le principal objectif se situe là, et c’est ainsi qu’il définit la réussite de votre transformation numérique.

Combien de fois avez-vous rencontré un nouveau système informatique ou entamé un projet et fini par penser : « C’est tellement compliqué, si technique ! Est-ce que la personne qui l’a construit l’a déjà réellement utilisé ? Ils ne comprennent vraiment pas ce que nous faisons ! » C’est exactement ce que produit une mauvaise expérience utilisateur… La digitalisation sans prise en compte de l’expérience utilisateur, ce n’est que de l’informatique.

Permettez-moi donc de vous fournir quelques outils pour vous assurer que vos initiatives de transformation numérique atteignent l’objectif que nous venons d’aborder: offrir à vos clients une meilleure expérience utilisateur.

Persona

Pour offrir une expérience exceptionnelle à vos utilisateurs, vous devez les imaginer et vous poser les questions suivantes : Qui sont-ils ? Dans quelle industrie travaillent-ils ? Quel âge ont-ils ? Quel est leur niveau d’éducation et de revenu ? Qu’est-ce qui compte pour eux ? A quels problèmes font-ils face ?

Les persona sont des « personnages fictifs » que vous imaginez  – en leur donnant un nom, un âge, un style de vie, et toute autre caractéristique permettant de les définir – afin d’adopter leur point de vue sur votre solution : « Est-ce que Lucas aimerait cette solution ? L’utiliserait-il ? Comment puis-je résoudre le principal problème d’Alain ? ».

Prototypes

Construire/implémenter une solution numérique est coûteux et – une fois livrée – difficile à modifier. C’est pourquoi il est toujours préférable de penser à l’expérience utilisateur en se basant sur des prototypes : cela peut être un dessin fictif sur PowerPoint, jusqu’à des outils de maquettage professionnels comme Figma. L’important avec les prototypes, c’est qu’ils vous aident à itérer rapidement.

Test

Ce que vous pensez être important pour vos utilisateurs et ce qui est réellement important pour eux sont souvent deux choses différentes, c’est pourquoi les tests sont au cœur de la réflexion sur l’expérience utilisateur. Montrez vos prototypes à vos utilisateurs cibles et assurez-vous d’écouter leurs commentaires. Recherchez les mots clés : simple, clair, beau, facile à utiliser – pour les bons retours ; peu clair, compliqué, flou, lent, trop technique – pour les mauvais retours.

Mesures

Une bonne expérience utilisateur a un impact réel sur l’engagement des utilisateurs avec vos solutions. Une fois que vous avez défini les problèmes que vous cherchez à résoudre dans le cadre de votre démarche de transformation numérique, définissez les indicateurs clés de performance (KPI) que vous cherchez à améliorer. Il peut s’agir par exemple du nombre d’interactions avec vos clients, du temps moyen qu’un client met pour répondre à une proposition d’investissement, etc.

Les experts utilisent le concept de test A/B – en proposant deux variations possibles appelées A et B, laquelle améliore le plus les KPI mesurés ?

Anecdote amusante : saviez-vous que Google a testé 41 nuances de bleu différentes pour les liens sur sa page de résultats de recherche ? La bonne couleur aurait apparemment généré une augmentation de 200 millions de dollars de revenus publicitaires.

L’expérience utilisateur fait partie d’un cadre plus large appelé Design Thinking. Cette technique est utilisée depuis des années par des entreprises technologiques pionnières à grand succès. Il repose sur le puissant concept d’itérations : la bonne conception n’est jamais inventée du jour au lendemain, elle est réalisée grâce à une série d’itérations, chacune suivant les mêmes étapes :

  1. S’identifier / Définir – se mettre à la place de vos utilisateurs, utiliser des persona, faire des recherches sur ce qui est important, émettre des hypothèses.
  2. Idéation / Prototypage – maintenant que vous avez un point de vue, imaginez des solutions possibles – des étapes plus simples / plus petites sont préférables – construisez un prototype – et non pas la version finale – aussi rapidement que possible.
  3. Test – le retour d’expérience est ce qu’il y a de plus important – est-ce que votre prototype améliore l’expérience utilisateur – pouvez-vous le mesurer à travers des indicateurs d’engagement – ou non? Qu’est-ce que cela vous dit sur vos hypothèses? Qu’avez-vous appris?

Armé de ces nouvelles informations, itérez à nouveau jusqu’à ce que vous atteigniez une solution satisfaisante – et maintenant vous pouvez envisager de la construire !

 

Alexis de Bernis

Silex

Après une formation initiale d’ingénieur Supélec à Paris, Alexis a décidé de mener son parcours professionnel en alliant technologie et finance de marché. Il a d’abord travaillé à la Société Générale, puis chez Sophis (maintenant Finastra), un fournisseur de logiciels sell-side et buy-side. Il est arrivé en Suisse en 2012 pour rejoindre les rangs de Leonteq à Zurich puis il a été recruté par Silex à Genève, en 2020, en tant que Chief Technology Officer.

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    Trouver sa place dans un écosystème

     Pour monter en gamme, renforcer leur structure et étendre leur offre tout en se concentrant sur leurs points forts, les gérants indépendants ont aussi le choix des écosystèmes où se partagent ressources, compétences et parfois même process. Une option attrayante pour peu qu’elle s’accompagne d’un bilan stratégique capable de définir le bon positionnement.

    L’évolution du cadre réglementaire et légal applicable aux GFI est en constante évolution. Les nouvelles exigences engendrent des coûts opérationnels toujours plus élevés, relevant ainsi les seuils de rentabilité. Les GFI se voient tenus d’augmenter continuellement leur masse sous gestion, alors même que les marges sont réduites par l’effet combiné d’une vive concurrence et d’exigences plus élevées de la part des clients. Confronté à ces contraintes et mutations, ils doivent repenser fondamentalement leur modèle d’affaires.

    Dans ce contexte, comment peuvent-ils préserver ce qui les caractérise en premier lieu : leur indépendance ? Deux grandes tendances se dessinent actuellement. D’une part, certains se regroupent au sein de larges plateformes de gestion. Celles-ci permettent de préserver la viabilité des gérants de fortune, mais peuvent néanmoins paraître antinomiques avec les objectifs d’indépendance et de flexibilité tant leur organisation est proche de celle d’une banque traditionnelle. Or, il s’agit d’un modèle que les GFI ont souvent cherché à quitter à dessein.

    D’autre part, les gérants attachés à un fonctionnement plus traditionnel, dans lequel tous les éléments de la chaîne de valeur sont couverts par des solutions développées en interne, ont un défi complexe à relever. Il leur faut préserver leur indépendance tout en industrialisant les processus pour satisfaire aux contraintes réglementaires et opérer dans un environnement toujours plus exigeant. A ce stade, il se trouve que les coûts en matière de développement technologique deviennent intenables pour une structure de taille humaine.

    Face à ce grand écart entre volonté de maintenir un fonctionnement traditionnel et pari de l’industrialisation, l’alternative consiste à mutualiser certaines compétences pour se concentrer sur ses avantages comparatifs. Se crée ainsi un écosystème dynamique et mutuellement bénéfique.

    Un écosystème, qu’est-ce que c’est ?

    Un écosystème est un réseau de clients, de compétences et de ressources assemblé par plusieurs partenaires et organisé au travers d’accords contractuels régissant son fonctionnement. Son orchestration permet à ses participants d’organiser et de gérer leurs activités et fonctions business tout en créant et en distribuant la valeur de manière nouvelle, en particulier pour le client final – celui qui paie.

    Un tel écosystème peut être rendu encore plus efficace au travers de technologies assura l’automatisation et la digitalisation de certains processus afin de faciliter l’échange et le traitement de données ainsi que la création de valeur. On parle alors d’un écosystème digital.

    Un bilan stratégique préalable à la spécialisation

    Les gérants indépendants ont tout intérêt à se spécialiser dans les domaines spécifiques où ils ont un avantage fort. Le choix de la spécialisation résulte avant tout d’un bilan stratégique propre à chaque entreprise. En effet, un écosystème mutuellement bénéfique se fonde sur ce type de bilan. Il permet aux GFI d’identifier et de définir les éléments de la chaîne de valeur à réaliser en interne et les éléments à déléguer à des partenaires ou prestataires de service externes. Cette décision doit reposer sur une analyse fine des forces et faiblesses du gérant et de sa structure, en relation avec les besoins avérés de ses clients.

    Si un GFI voit dans la relation avec ses clients son principal atout, il pourra se concentrer sur la maîtrise d’outils CRM afin d’accroitre son efficacité et la qualité du service. En intégrant un écosystème, il pourra faire bénéficier ses clients des compétences offertes par d’autres sociétés spécialisées dans l’administration et la conformité réglementaire. Inversement, une firme performante en matière de solutions d’investissement se spécialisera en ayant recours à un outil PMS sophistiqué lui permettant de personnaliser plus encore ses stratégies d’allocation d’actifs. Par la suite, dans le cadre de l’écosystème, il mettra à disposition ses compétences à des participants se focalisant sur d’autres éléments de la chaîne de valeur – que ce soit le conseil, le reporting ou encore l’analyse des données. Ainsi le client final bénéficiera des compétences pointues de chaque participant, alors que ces derniers pourront se concentrer sur l’accroissement de leurs aptitudes individuelles et spécifiques.

    Comment identifier sa proposition de valeur ?

    Etablir ce bilan n’est pas aisé. La décision hautement stratégique d’abandonner des activités qu’un GFI considérait jusqu’ici comme une partie intégrale de son fonctionnement peut être risquée et difficile. Avant d’intégrer un écosystème, des sociétés de conseil spécialisées peuvent accompagner une entreprise dans son processus stratégique, ainsi que dans l’identification des partenaires et des outils adéquats.

    Des outils, tels que le Business Model Canvas ou la Value Proposition Canvas, sont aussi de précieux atouts pour déterminer précisément un domaine de spécialisation qui deviendra alors le cœur de métier exclusif. Il en résulte une cartographie de l’ensemble de la chaîne de valeur oû il est alors plus facile de se positionner en fonction de ses ressources et compétences.

    Un GFI devra aussi prendre des décisions complexes concernant la façon dont l’écosystème et ses éléments constitutifs seront développés : vaut-il mieux créer son réseau à partir de zéro ou rejoindre des réseaux déjà en place? Dans tous les cas, un écueil à éviter impérativement est le syndrome du « not invented here ».  Il revient à préférer systématiquement des solutions développées en interne souvent plus coûteuses, moins efficaces, et plus difficiles à intégrer ou à maintenir que les solutions existantes proposées par des prestataires externes.

    Comment organiser et orchestrer l’écosystème

    Le choix de se spécialiser implique une défragmentation de la chaîne de la valeur en différentes aires d’expertise. La mise en place d’un écosystème consiste donc à reconfigurer la chaîne de valeur de façon à ce que les clients puissent bénéficier des compétences ainsi mises en commun.

    Pour assurer l’efficacité de cet écosystème, et in fine pour proposer le meilleur service au client, les interactions entre chaque maillon de la chaîne de valeur doivent être aussi fluides que possible.

    L’orchestration de l’écosystème visera donc à offrir un cadre juridique adéquat et mettre à disposition de tous les partenaires des éléments ouverts et interconnectables, notamment à travers d’Application Programming Interfaces (APIs). Ces programmes informatiques à travers lesquels différentes applications peuvent se connecter facilement au réseau assurent une interopérabilité maximale, ce qui est la clé pour une intégration efficace et contrôlée. Des outils technologiques permettent non seulement d’atteindre la fluidité requise, mais aussi d’assurer que l’ensemble de l’écosystème soit efficient, robuste et ultimement profitable.

    De la concurrence à la coopétition 

    Quelles que soient la nature exacte de l’écosystème et son niveau de complexité technologique, un écosystème requiert par-dessus tout l’adoption d’un nouvel état d’esprit. Au sein de chaque entreprise, et à travers tout l’écosystème, chaque partenaire devra s’attacher à mettre en place une culture de coopération et d’innovation reposant sur ses compétences spécifiques.

    En interne, les méthodes de travail Agile ou des politiques de recrutement destinées à attirer les compétences nécessaires peuvent faciliter le développement d’une telle attitude. Autant encourager aussi le décloisonnement entre les différentes fonctions business, et l’éclosion d’une culture de communication, tout en veillant à apaiser d’éventuelles résistances internes de la part de certaines unités qui ne pourraient pas percevoir l’intérêt de l’écosystème.

    Ce qui vaut au sein d’une entreprise vaut également pour les relations entre chaque entité participant à l’écosystème. Avant même qu’il ne soit mis en place écosystème, il est impératif que les partenaires partagent une vision commune sur les objectifs visés. Un terrain d’entente doit être trouvé sur des questions fondamentales : quelles stratégies privilégier pour satisfaire les besoins des clients ? Quels prestataires de services faudra-t-il intégrer ? Quels principes guideront la répartition des revenus et des responsabilités parmi les membres du réseau ? Quels écueils faudra-t-il éviter et comment ? Quelle est l’ambition assumée à moyen et à long terme ?  

    Pour arriver à une telle entente, l’échange et l’écoute entre partenaires est primordial. Des entreprises qui jusque là se voyaient comme concurrentes doivent à présent se considérer comme des « coopétiteurs » : d’anciens concurrents œuvrant ensemble pour arriver à des résultats mutuellement bénéfiques.

    Si une culture de coopération est nécessaire, elle n’est bien sûr pas suffisante. Mais il faut garder à l’esprit que chaque membre de l’écosystème aura choisi sa spécialisation et ne pourra donc pas fonctionner seul. Cette interdépendance structurelle garantira d’autant mieux le respect des termes du partenariat par chaque membre.

    Des garanties contractuelles peuvent aussi renforcer les partenariats et assurer une orchestration optimale des activités, avec des clauses portant par exemple sur les clés de distribution de l’upside. A terme, et au-delà du cadre réglementaire imposé, le développement et l’adoption de standards pour l’industrie, qu’ils soient d’ordre pratique, légal ou technologique faciliteront également la coopération en institutionalisant d’avantage les partenariats. La mise en place d’une organisation faîtière à laquelle souscrivent les GFI intéressés par la construction d’écosystèmes viables et dynamiques pourrait donner l’impulsion à l’élaboration de normes de coopération claires et susceptibles d’accélérer la transformation du secteur.

    Le choix de l’indépendance ou de la pertinence

    Pour beaucoup de GFI, l’intégration dans un écosystème sera nécessaire pour assoir leur pérennité dans un monde changeant – et finalement répondre de la meilleure manière aux nouvelles exigences de leurs clients.

    Il est clair que la spécialisation et la coopération impliquent un degré d’autonomie moindre, mais c’est aussi la garantie de préserver son indépendance.

    Evidemment, participer à un écosystème n’est pas une obligation. Certains GFI pourront préférer maintenir un mode de fonctionnement traditionnel – mais ce choix impliquera une révision à la baisse des ambitions économiques dans un contexte concurrentiel et réglementaire de plus en plus intense.

    Clément Wyplosz est senior business analyst chez Ortogon. Il travaillait auparavant pour Ersnt&Young à Londres, où il conseillait les institutions bancaires sur la gestion des risques politiques, financiers et réglementaires. Il dirigeait également les opérations du Global Regulatory Network. Clément est diplômé en Relations Internationales de la London School of Economics et de l’Université de Chicago.

    Iavor Tzolov a créé Ortogon, cabinet en conseil stratégique, spécialisé dans le secteur bancaire. Auparavant, il a occupé les fonctions de responsable de la Stratégie et du Développement pour la banque privée Piguet Galland, à Genève. Il a également été responsable financier de la holding Norinvest, cotée sur le SIX Swiss Exchange depuis 2008 et principale actionnaire de la banque Cramer. Iavor Tzolov participe par ailleurs au développement de plusieurs startups, actives principalement dans le domaine de la fintech.

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      • Anthony Touboul
      • Responsable du développement
      • Smat

      « Donner aux gestionnaires de fortune un meilleur accès aux marchés privés »

      La plateforme Smat poursuit ses développements. Avec, comme l’explique volonté, cette même volonté d’ouvrir le non-côté, à commencer par le private equity, et de le mettre davantage à portée des acteurs du wealth management.

      Quelles solutions d’investissement proposez-vous aujourd’hui sur la plateforme Smat?

      Nous proposons une large gamme d’instruments financiers non-côtés avec des sous-jacents uniques, comme l’immobilier, l’art ou le private equity. Nous offrons également la possibilité d’investir dans des fonds avec des thématiques très spécifiques – comme la healthtech ou la fintech – en co-investissement avec des acteurs institutionnels.

      Pourquoi avoir choisi de vous concentrer sur les private markets ?

      Car ce marché bénéficie d’une excellente dynamique. Nous avons cependant constaté qu’il demeure assez fermé car beaucoup d’acteurs du segment « semi-institutionnel » travaillent en silos. Les distributeurs de placements privés s’adressent peu aux acteurs de la gestion de fortune. Beaucoup d’entre eux ont un accès restreint aux opportunités – quand ils y ont accès – et la liquidité de ces produits est faible, voire inexistante.

      Nous avons donc conçu la plateforme Smat pour permettre aux gestionnaires de fortune d’accéder à cette classe d’actifs, de monitorer les positions de leurs clients, voire de les échanger aisément sur un marché secondaire.

      Comment voyez-vous la demande évoluer pour ce type de produits ?

      Toujours favorablement. Les actifs alternatifs permettent une bonne diversification de portefeuille, car faiblement corrélés par rapport aux autres actifs, et constituent un excellent rempart contre l’inflation. Par ailleurs, la réglementation rend de plus en plus complexe l’accès au financement bancaire traditionnel. Les solutions de financements alternatifs se sont multipliées et il est probable que la part des financements non-bancaires en Europe – environ 25% aujourd’hui – se rapproche progressivement des ratios US, de l’ordre d’environ 80%.

      Nous souhaitons accompagner cette évolution. Nous nous y employons en facilitant l’accès de nos clients à ces produits et en améliorant l’expérience d’investissement grâce à une information exhaustive et transparente ainsi qu’à un processus de souscription simplifié.

      Quel type d’investissements recueille le plus de suffrages ?

      Les suffrages vont pour les produits de dette privée adossés à des actifs réels, l’immobilier ou l’art notamment. Ils bénéficient d’un bon rendement avec des niveaux de garantie élevés.

      A notre lancement, nos investisseurs avaient beaucoup d’appétence pour les produits de type « pré-IPO ». Nous avons aujourd’hui une demande croissante pour des investissements collectifs dans les cryptoactifs ou les fintechs. Il s’agit d’un bon moyen de s’exposer à ces actifs pour les acteurs qui ne bénéficient pas de l’expertise suffisante pour investir en direct.

      Comment se gèrent les processus de due diligence ?

      Nous avons mis en place un processus standardisé qui s’applique pour chaque produit listé :

      1. Une équipe d’expert réalise une revue de la structuration juridique du produit ;
      2. Le produit est ensuite présenté à un comité de professionnels de la gestion de fortune, spécialisé dans les marchés privés, qui se prononce sur l’opportunité de le lister ou non sur la plateforme.

      Nous travaillons également sur une solution de sondage de type « social polling » qui permettra à nos membres de s’exprimer directement sur les opportunités proposées.

      Sur quels développements vous concentrez-vous aujourd’hui ?

      Nous déployons beaucoup d’énergie pour fédérer cette communauté de gestionnaires. Nous leur proposons newsletters, webinars, petits déjeuners de présentations, et autres

      Nous voulons également permettre à ces acteurs de mieux comprendre la classe des actifs numériques et d’y investir en direct pour le compte de leurs clients grâce à une infrastructure dédiée, dans un environnement sécurisé et régulé.

      L’animation de la communauté et de la plateforme se fera autour de notre jeton d’utilité, le “Smat token”, notre propre cryptomonnaie. Elle sera une des pierres angulaires de notre écosystème. Et enfin, nous sommes actuellement en plein processus de levée de fonds. Bref, on ne s’ennuie pas !

       

       

      Anthony Touboul

      Smat

      Anthony a débuté une carrière de fiscaliste en 2008 chez EY à Genève. En 2012 il a rejoint l’équipe fiscale de l’Etude d’avocats Schellenberg Wittmer puis Julius Baer en 2017 en qualité de Directeur du Wealth Planning. Il est expert dans la fiscalité suisse et internationale et a eu l’opportunité de conseiller une importante clientèle composée notamment de GFI, de banques privées, sur leurs enjeux – et ceux leurs clients – de planification fiscale ou patrimoniale. Fin 2019, Anthony a co-créé Smat où il est responsable du développement et de l’offre pour la communauté de gestionnaire de fortune.

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        Boîte à outils

        • Pierre Dupont
        • Managing partner
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        Sélectionner une wealthtech : 5 conseils clés

         Avec les développements qui se multiplient sur le front du digital, la sélection des outils adéquats ne peut plus ‘improviser. Elle réclame au contraire un important travail en amont en termes d’analyse des besoins et d’évaluation des offres, comme l’explique Pierre Dupont.

        Pour un gérant de fortune indépendant, la sélection d’un « Portfolio Management System » est souvent un exercice délicat car il doit sortir de sa zone de confort.

        C’est pourtant un choix très important. Ce PMS est appelé à devenir son principal outil de travail quotidien durant de longues années. Bien qu’il puisse à certains moments ne pas en être satisfait, les ennuis rencontrés au quotidien dans son utilisation arriveront rarement à un niveau de pénibilité suffisamment élevé pour justifier une migration vers un nouveau système. D’autant qu’il faudra alors se résoudre à un investissement en temps et en budget très important, sans compter la résistance naturelle au changement de ses utilisateurs et la quantité de données qui ne pourront au final pas être migrées.

        Autant dire que la sélection d’un PMS impose une approche pour le moins rigoureuse. Voici notamment les grandes questions qu’il vous faut poser à vos éventuels fournisseurs.

        1.     Êtes-vous profitable ?

        De nombreuses wealthtechs ne sont pas rentables. Il est très important d’en tenir compte avant d’effectuer un choix qui vous engage sur le long terme. Le développement d’une nouvelle solution consomme en effet énormément de capital. L’investissement initial peut atteindre des niveaux très élevés car il s’agit, entre autres, de financer les développeurs pendant plusieurs années avant d’intégrer suffisamment de fonctionnalités pour parvenir à ces objectifs, à la fois en termes de clients et de seuil de rentabilité.

        Dans leur business plan, certaines wealthtechs peuvent même envisager de sacrifier leur rentabilité. Elles peuvent appliquer des prix très bas pour gagner la plus grande part de marché possible avant de dégager un bénéfice lors de la revente de la société à un acteur plus important.

        Les clients voient alors souvent leurs coûts augmenter soit par une migration forcée vers le système de la société acquéreuse soit par une inévitable hausse des prix. Laquelle s’accompagne généralement d’une diminution de services sur la solution existante, l’acquéreur étant obligé de procéder à des coupes sur le support et le développement pour arriver à l’équilibre financier.

        2.     Qui sont vos actionnaires ?

        Le premier point conduit naturellement à cette deuxième question.

        Les GFI restent de petites entreprises dirigées par des entrepreneurs. Ils se sentiront donc à l’aise face à des fournisseurs présentant le même ADN, en particulier s’ils partagent une vision et des objectifs de relations à long terme.

        Néanmoins, dans la mesure où les wealthtechs ont besoin de financer leur lancement et leur croissance, beaucoup d’entre elles lèvent souvent des capitaux auprès d’actionnaires externes.

        Une nouvelle tendance est apparue récemment en Suisse avec l’entrée de GFI et de banques privées au capital de ces wealthtechs.

        Si cette tendance peut aussi être perçue comme un non-événement, il faut quand même garder à l’esprit qu’une majorité des GFI choisiront une solution après avoir consulté leurs pairs ! Dès lors, le risque de conflit d’intérêts est latent et doit être traité à juste titre.

        3.     Combien d’années d’existence et d’employés ?

        Les wealthtechs sont des animaux bizarres.

        Trop jeunes, elles risquent d’être non matures, non rentables, manquer de fonctionnalités et s’avérer un choix risqué à long terme.

        Plus âgées, elles ont dans la plupart des cas un périmètre fonctionnel large et une organisation rôdée. Par ailleurs, elles affichent une certaine rentabilité. En revanche, elles peuvent être basées sur des technologies vieillissantes qui les empêchent de s’adapter facilement aux dernières tendances de connectivité ou d’expérience utilisateur.

        Pour se prêter à une analogie avec l’automobile, les jeunes wealthtechs possèdent une carrosserie plus attrayante alors que les plus âgées ont souvent un moteur beaucoup plus robuste et performant…

        Savoir depuis combien d’années le développement de la solution a commencé et combien d’employés équivalents temps plein sont employés par la wealthtech vous offrira donc des informations précieuses pour la comparer à ses concurrents.

        4.     Combien de clients référence comme moi et où ?

        Les PMS peuvent avoir des milliers d’utilisateurs et des centaines de clients dans des dizaines de juridictions, ce qui peut être bon pour leur pérennité. Information précieuse, mais il est plus important de savoir combien de clients avec des profils identiques au vôtre la wealthtech sert dans votre région. C’est le meilleur moyen de s’assurer que vous vous intégrez parfaitement dans son cœur de métier et son marché prioritaire.

        Il est alors judicieux d’effectuer des appels de référence auprès de quelques clients semblables à vous afin de recueillir de précieuses informations sur chaque PMS et de vous sentir entre de bonnes mains une fois la sélection faite.

        5.     Où sont localisés le développement et le support ?

        C’est l’un des éléments clés à prendre en considération puisque le développement d’un PMS nécessite une connaissance approfondie des opérations bancaires.

        Le nearshoring ou l’offshoring des fonctions de développement ou de support peut avoir du sens pour offrir des heures de support prolongées mais il est important de connaître leur localisation. De nombreuses wealthtechs ont en effet de brillants ingénieurs informatiques installés à l’étranger, avec lesquels il ne sera pas toujours facile de communiquer. Il leur manque souvent une connaissance élémentaire des opérations bancaires, pourtant essentielle dans le développement de fonctionnalités liées à votre cœur de métier.

        Prendre soin de lister les éléments de votre setup opérationnel actuel qu’une nouvelle solution doit améliorer tout en veillant à ces cinq points importants vous permettra d’avancer plus sereinement. Vous aurez plus de chances de prendre une décision mieux éclairée avant de contracter avec un fournisseur auquel vous serez collé durant de nombreuses années.

         

        Pierre Dupont

        WIZE by Teamwork

        Pierre est managing partner chez Wize by TeamWork, une solution « all-in-one » axée Wealth & Asset Management. Son expertise porte autant sur les plateformes IT que sur les opérations bancaires. Avant de rejoindre Wize, il a en effet dirigé le développement commercial des services de Global Custody et Reporting de la banque Lombard Odier et il a occupé pendant 10 ans les fonctions de Private Banking Client Executive chez IBM Genève. Son rôle tout au long de sa carrière a été de comprendre les difficultés opérationnelles des clients, de les traduire aux experts capables de les résoudre et de définir le bon niveau d’attentes des deux côtés.

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