Roots
Antoine Blouin
Banque Heritage
«Il faut devenir le sparring partner des GFI dans plusieurs domaines. »
Dans un secteur qui se professionnalise de plus en plus vite, avec des GFI tenus de clarifier leur proposition de valeur, la banque Heritage mise sur l’exécution, la proximité et la capacité à construire des solutions sur mesure. Pour Antoine Blouin, il s’agit surtout de pouvoir accompagner les gérants au plus près dans l’évolution de leurs modèles.
Par Jérôme Sicard
Quelle est la stratégie de la banque Heritage pour les services qu’elle destine aux gérants indépendants ?
Les gérants indépendants représentent un axe stratégique très important pour la banque. Cela tient pour beaucoup à l’ADN de la maison qui était un family office à l’origine, avant d’obtenir sa licence bancaire en 2004. Au quotidien, notre stratégie repose sur trois piliers : flexibilité, proximité et qualité d’exécution. Notre ambition est d’occuper l’espace laissé vacant par les grandes banques, en raison de processus devenus trop complexes ou d’une orientation davantage centrée sur leurs propres produits.
Pour les gérants, Heritage veut apparaître comme la banque qui exécute au mieux, qui répond vite, qui les aide à trouver des solutions pour régler les problèmes qu’ils rencontrent au quotidien avec leurs propres clients. Sur ce que la banque propose, nous avons un objectif clair, celui d’être très efficace, en cohérence avec sa taille et notre profil de banque-boutique, dans un esprit entrepreneurial qui correspond bien à celui des gérants.
De manière plus générale, comment voyez-vous évoluer les services que les banques dépositaires proposent à leurs GFI ?
Les services aux GFI ont surtout évolué avec le durcissement réglementaire et la nécessité, pour eux, de se différencier sur le terrain de l’investissement. Dans ce contexte, les banques dépositaires ne peuvent plus se contenter d’exécuter des ordres. Pour les établissements qui veulent fonder de vraies relations avec les GFI, il faut accepter de devenir leur sparring partner dans plusieurs domaines. Comme celui de la compliance, où les gérants valorisent la qualité de l’onboarding et la capacité de la banque à traiter les sujets FINMA de manière pragmatique. Sur le plan des investissements, il vaut mieux chercher à développer ensemble des solutions, comme les AMC, à partir de leurs besoins, et non plus à partir d’un catalogue préexistant.
En quoi les besoins des gérants indépendants ont-ils le plus évolué ces dernières années ?
Les clients finaux demandent dans l’ensemble davantage de diversification, avec des allocations substantielles dans les classes alternatives. Les schémas classiques de décorrélation entre actions et obligations ont montré leurs limites, avec des périodes où les obligations ont parfois davantage corrigé que les actions, pénalisant les portefeuilles les plus défensifs.
Les gérants indépendants doivent donc se positionner mieux sur les hedge funds, l’or, l’immobilier, les marchés privés, et même, dans certains cas, les cryptoactifs sous l’impulsion des nouvelles générations. Sur ce terrain, ils ont un avantage face aux grandes banques, en l’absence de contraintes de benchmarks et de portefeuilles modèles. Un GFI peut, s’il le juge pertinent, consacrer 20 % ou plus de son allocation au private equity ou à la dette privée. Cette liberté d’allocation, lorsqu’elle est bien utilisée, est un vrai différenciateur en termes d’expérience client et de performance ajustée du risque.
Où placez-vous aujourd’hui vos priorités ?
Nous voulons nous renforcer sur nos points forts : proximité, expertise et qualité d’exécution. Cela passe par une exigence accrue sur toute la chaîne opérationnelle : rapidité de traitement des opérations, capacité à absorber des volumes importants d’ordres, maitrise de produits parfois complexes, et production de reportings toujours actualisés et parfaitement alignés à la réalité des portefeuilles. Nous veillons à ne pas nous disperser et nous concentrons nos efforts sur les domaines où nous apportons une réelle valeur pour les gérants.
Quels services faut-il pouvoir proposer à de grandes sociétés de gestion dont la taille dépasse facilement les 3 à 5 milliards de francs ?
Les grandes sociétés de gestion de cette taille fonctionnent avec une organisation, des processus et des attentes proches de petites banques. Leurs besoins ne sont pas fondamentalement différents par rapport à de plus petites structures, mais ils sont certainement plus aigus.
Sur le plan de l’exécution, il s’agit donc de leur offrir des plateformes performantes, rapides et parfaitement intégrables à leurs systèmes : accès direct à la salle des marchés, solutions de type e-banking avancé, sans oublier les connexions via FIX ou API. Sans ce type de dispositif, on se disqualifie d’emblée.
Sur le plan des investissements, nous avons des gérants qui s’intéressent au private equity sous différentes formes – deals en direct, club deals… – et à un sourcing d’idées aligné sur leur propre stratégie. La valeur ajoutée d’une banque-boutique comme Banque Heritage réside dès lors dans sa capacité à bien connaître ses clients, à comprendre leurs zones d’intérêt et à les connecter entre eux lorsque des opportunités communes se présentent.
Quelles opportunités les plus fortes identifiez-vous aujourd’hui pour Banque Heritage sur le marché des gérants externes, en Suisse et à l’étranger ?
L’opportunité majeure réside dans un mouvement de fond qui pousse des talents et des actifs hors des grandes banques vers des structures plus entrepreneuriales : gérants indépendants, family offices, banques familiales. De nombreux banquiers privés seniors quittent de grands groupes pour lancer leur structure ou rejoindre des sociétés de taille déjà significative, avec plusieurs milliards sous gestion.Dans ce contexte, un gérant externe bien structuré, correctement licencié, avec une gouvernance solide, se pose en peu en “meilleur des deux mondes”. Il dispose d’un cadre institutionnel rassurant pour les clients, tout en gardant la flexibilité d’une organisation légère. Pour Banque Heritage, qui partage cette culture entrepreneuriale, il y a un énorme potentiel à exploiter, d’autant que sa notoriété sur ce segment reste encore en deçà de ce qu’elle pourrait être réellement.
Quels sont aujourd’hui les principaux leviers de croissance de ces GFI ?
Pour croître, les gérants indépendants vont devoir clarifier leur positionnement et choisir leurs batailles. Le marché va devenir plus concurrentiel et se structurer autour de deux pôles : d’un côté, de très grands acteurs avec une large gamme de solutions et de services capables de capter d’importantes parts de marché auprès des clients des banques traditionnelles ; de l’autre, des boutiques spécialisées, très pointues sur un type de clientèle ou une classe d’actifs. Pour réussir, ces derniers devront formuler une proposition de valeur claire, lisible, plutôt que de se laisser tenter par l’approche généraliste d’une grande banque.
Comment imaginez-vous le secteur des GFI en Suisse à horizon 2030 ?
D’ici 2030, le nombre de GFI en Suisse devrait diminuer sensiblement, probablement en dessous de la barre des 1 000 entités, sous l’effet combiné de la consolidation, des départs à la retraite et des exigences réglementaires. Le marché sera toutefois loin d’être déserté : il sera dominé par quelques grands gérants indépendants et par des boutiques très spécialisées, notamment dans l’univers des multi family offices.
Sur ce segment, celui des multi family offices, nous assisterons vraisemblablement à une forme de tri. Beaucoup se revendiquent déjà “MFO”, mais ceux qui offriront de véritables services à 360° — gouvernance familiale, transmission, structuration patrimoniale, accompagnement de la Next Gen, ou wealth planning — seront les seuls à pouvoir s’imposer durablement. Ces structures ne pourront pas multiplier les relations : la profondeur du service impose un nombre de clients limité, proche de l’esprit d’un single family office, dans une version mutualisée.
Antoine Blouin
Banque Heritage
Antoine Blouin a rejoint Banque Heritage en juin 2025 au poste de Head of External Asset Managers. Basé à Genève, il est en charge du développement stratégique de l’offre dédiée aux gérants indépendants, en coordination avec les équipes de Genève et de Zurich. Antoine compte plus de vingt-cinq ans d’expérience dans le secteur bancaire. Après des débuts à la Banque du Louvre, il a rejoint HSBC Private Bank à Genève, puis Société Générale Private Banking Suisse, où il a occupé notamment les fonctions de Chief Investment Officer et pris sous sa direction la succursale de Zurich. Antoine Blouin est titulaire d’un Master en Économie-Finance de l’Université de Rennes et diplômé de l’Institut des Techniques de Marchés à Paris.
Fanny Eyraud
Jema
« Nous voulions pouvoir travailler sur la diversité des patrimoines contemporains. »
Dounia Azouini
Equitera
« Pour les gérants, l’immobilier doit être un actif stratégique au même titre que les autres classes. »
Fanny Eyraud
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Entre œuvres d’art, bijoux, voitures de collection ou immobilier de prestige, les luxury assets sont souvent éclatés, mal documentés et sous-assurés. A l’initiative de Fanny Eyraud, Jema propose aujourd’hui une plateforme online qui offre à leurs propriétaires, à leurs gestionnaires et à leurs assureurs une vue consolidée, intuitive et facilement exploitable sur leurs l’ensemble de ces biens.
Par Jérôme Sicard
De quel constat êtes-vous partie pour imaginer Jema ?
Jema est née d’un constat simple : les collectionneurs, family offices ou assureurs, travaillent encore trop souvent avec des outils fragmentés, des bases de données éparses et des documents dispersés. Cette fragmentation entraîne des écarts de valeur, des risques de sous-assurance et une perte de visibilité sur le patrimoine. Avec plus de quinze ans d’expérience à la croisée de l’assurance et du marché de l’art, j’ai voulu proposer une vision unifiée, fiable et sécurisée du patrimoine d’exception. Et j’ai donc eu l’idée d’une application digitale intuitive qui offre, à tout moment et en un seul regard, une vision claire et actualisée de l’ensemble des actifs physiques.
Pourquoi la digitalisation du patrimoine – notamment des luxury assets – vous semble devenue indispensable aujourd’hui ?
La digitalisation n’est plus une option. Elle répond à l’évolution du marché et des usages. 51 % des collectionneurs achètent désormais leurs œuvres en ligne, et les risques augmentent : vols, pertes d’informations, mauvaises déclarations, documentation incomplète.
Les family offices recherchent des données fiables, consolidées et mises à jour pour la gestion et la transmission de leurs biens. 73 % d’entre eux placent d’ailleurs le transfert de patrimoine au cœur de leur stratégie. Dans ce contexte, un outil digital devient essentiel.
Qu’englobez-vous dans ces actifs d’exception ?
Nous englobons l’ensemble des luxury assets, à savoir l’art, la joaillerie, l’horlogerie, les voitures de collection, les vins, l’immobilier de prestige, les yachts, l’aviation privée et les objets de collection. Nous voulions pouvoir travailler sur la diversité des patrimoines contemporains, souvent dispersés entre plusieurs lieux et pays.
En quoi cette centralisation des informations peut-elle changer la façon dont les wealth managers accompagnent leurs clients ?
C’est un véritable avantage stratégique. Les wealth managers disposent d’une information fiable, complète et à jour, qui élimine les incertitudes liées aux déclarations, aux évaluations ou aux inventaires partiels. Ils gagnent en efficacité sur le suivi patrimonial, la conformité, la coordination avec les assureurs et peuvent se concentrer sur le conseil, leur cœur de valeur. Le fait de pouvoir tout centraliser fluidifie aussi la collaboration entre conseillers, héritiers et experts grâce à une interface multi-accès dédiée.
Quels principaux bénéfices leurs clients peuvent-ils en espérer ?
Ils bénéficient d’une vision complète et dynamique de leur patrimoine, avec une cartographie précise et des valeurs actualisées en temps réel. Toute la documentation clé – factures, certificats, polices d’assurance, expertises etc.- est centralisée dans un espace digital sécurisé, accessible à tout moment.
La couverture d’assurance peut être optimisée grâce à nos experts en interne, réduisant les risques liés à une sous- ou sur-assurance. Des rapports structurés permettent de mieux planifier la gestion patrimoniale, de faciliter les audits ou de préparer la transmission. Et tout cela s’inscrit dans une expérience fluide, élégante et hautement sécurisée, pensée pour répondre aux attentes des nouvelles générations.
Les fonctionnalités de Jema facilitent l’optimisation des contrats d’assurance et de conservation préventive. Pourquoi ces services sont-ils particulièrement importants?
Parce que les luxury assets sont des actifs vivants. Ils évoluent, voyagent, se dégradent ou prennent de la valeur. Une mauvaise rotation d’œuvre, un certificat égaré ou une valeur obsolète peuvent entraîner un sinistre non couvert ou une perte significative.
Avec JEMA, il est possible d’assurer la mise à jour continue des valeurs, l’envoi d’alertes ainsi que des conseils de conservation préventive grâce à notre expertise en interne. Nous prenons aussi en charge la consolidation des contrats d’assurance pour en analyser les conditions, et garantir à chaque actif la meilleure protection au meilleur coût. Ces fonctionnalités sont aujourd’hui indispensables pour sécuriser un patrimoine souvent complexe, mobile et international.
Comment garantissez-vous la sécurité des données patrimoniales, un sujet particulièrement sensible pour les gérants et leurs clients ?
La sécurité est l’un de nos piliers fondateurs. Parce qu’un patrimoine d’exception mérite une protection irréprochable, nous appliquons les plus hauts standards suisses de cybersécurité et de confidentialité à l’horizon 2026.
Notre infrastructure repose sur un hébergement 100 % suisse via un cloud souverain, conforme aux normes ISO 27001, au RGPD et à la LPD. Elle intègre un chiffrement avancé, une double authentification, ainsi qu’un système de journalisation complète. L’architecture est conçue pour assurer une interopérabilité optimale, sans jamais compromettre la confidentialité des données. Nous avons choisi la Suisse pour offrir le niveau de protection le plus élevé à nos utilisateurs.
Comment voulez-vous faire évoluer Jema au cours des prochaines années ?
Nous allons évoluer sur deux axes clés. D’abord, nous voulons renforcer sur la plateforme les fonctionnalités d’analyse, de reporting consolidé et les outils destinés aux family offices, assureurs ainsqi qu’aux banques privées. Ensuite, Une l’expérience doit êre toujours plus personnalisée. Nous allons vais développer des services sur mesure – catalogues, expertises, insights etc. – destinés aux collectionneurs, aux dynasties familiales ou aux conseillers à forte exigence. Mon ambition est claire : je veux faire de Jema la référence mondiale dans la gestion digitale des patrimoines d’exception.
Fanny Eyraud
JEMA
Multi-entrepreneure orientée technologie, Fanny Eyraud dirige Jema, une plateforme suisse basée à Genève et dédiée à la consolidation, à la gestion et à l’assurance d’actifs physiques. Elle a accompagné pendant plus de quinze ans des clients privés, family offices et collectionneurs, période au cours de laquelle elle a fondé PSPI puis OPAL, deux projets consacrés à la consolidation et à la protection patrimoniale. Formée à l’université et spécialisée data, elle a développé son expertise à l’intersection entre assurance, technologie et gestion d’actifs.
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Dounia Azouini
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« Pour les gérants, l’immobilier doit être un actif stratégique au même titre que les autres classes. »
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Longtemps relégués au rang de « sleeping beauties », les actifs immobiliers réclament désormais une gestion active et stratégique. Dans une logique de diversification de leurs activités, les gérants ont tout intérêt aujourd’hui à comprendre, arbitrer et créer de la valeur sur ces portefeuilles, comme ils le font sur les actifs financiers – avec, à la clé, de nouvelles opportunités de rémunération. Dounia Azouini s’en explique.
Par Jérôme Sicard
Pourquoi est-il important pour un gérant indépendant d’intégrer les actifs immobiliers dans une gestion globale du patrimoine de ses clients ?
L’immobilier représente environ 50 % à 60% du patrimoine des particuliers, que ce soit en Suisse ou au niveau mondial. Ignorer cet actif revient à avoir une vision partielle du patrimoine d’un client. À l’image d’un portefeuille financier, un portefeuille immobilier doit être compris, évalué et optimisé en fonction de l’environnement macroéconomique. L’immobilier contribue à la diversification du risque, à la stabilité de la fortune, à la génération de revenus et permet l’utilisation de leviers via le crédit. Pour les gérants, l’immobilier doit être un actif stratégique au même titre que les autres classes.
Pourquoi les gérants de fortune se montrent-ils réticents à entrer en matière sur ce sujet ?
J’y vois trois raisons principales. La première tient au fait qu’ils sortent de leur zone de confort. Les gérants sont formés aux marchés financiers et ils maîtrisent ces environnements. Mais l’immobilier demande des compétences pluridisciplinaires, techniques, juridiques et financières, ainsi que des relais locaux pour chaque actif. La deuxième raison concerne la rémunération : elle ne suit pas les modèles auxquels les gérants sont habitués. Enfin, la culture immobilière suisse reste conservatrice. L’approche est passive : on acquiert un bien et on le conserve vingt ou trente ans. À l’inverse, dans plusieurs pays européens comme l’Espagne, l’Italie, l’Allemagne, la France ou l’Angleterre, les investisseurs adoptent une approche beaucoup plus active, avec une étude approfondie des portefeuilles et de nombreux schémas d’optimisation.
Sur quelles missions concrètes peut s’engager un gérant lorsqu’il s’intéresse à l’immobilier de ses clients ?
La première étape consiste à comprendre le profil de l’investisseur. Certains clients achètent pour conserver et transmettre à leurs enfants, d’autres cherchent à créer de la valeur et du revenu. Le gérant doit ensuite analyser le patrimoine immobilier existant. Il n’est pas rare que des biens produisent un rendement inférieur à celui d’obligations sur le marché financier. Dans ce cas, la recommandation peut être de vendre un actif et de réallouer le capital. Le rôle du gérant est d’arbitrer : déterminer ce qui mérite d’être conservé dans l’immobilier et ce qui doit être réalloué ailleurs.
Quels sont les premiers éléments à analyser pour comprendre la place réelle de l’immobilier dans le patrimoine d’un client ?
Dans l’idéal, il faut pouvoir réaliser un audit complet. Il s’agit de cartographier les actifs, en Suisse ou à l’étranger, et de mesurer les ordres de grandeur. S’agit-il de 20 millions, de 200 millions ou davantage ? Il faut également analyser les rendements et la stratégie prévue sur cinq à dix ans. L’objectif est de comprendre la structure du portefeuille et la direction dans laquelle il doit évoluer.
Quelle place occupe le crédit dans ces dispositifs ?
Le crédit est un outil stratégique. Même les clients très fortunés qui achètent des biens à cinquante millions utilisent l’effet de levier. Il n’y a aucun intérêt à payer intégralement en liquidités, surtout dans le contexte actuel des taux suisses. La dette permet une optimisation fiscale, une gestion plus fine de la liquidité et la possibilité d’investir dans d’autres opportunités. La Suisse offre un accès au crédit exceptionnel par rapport à d’autres pays.
Comment optimiser les rendements et la génération de revenus sur les actifs immobiliers ?
Cela nécessite un business plan à cinq ou dix ans pour déterminer la trajectoire de chaque actif. Toutes les lignes peuvent être optimisées : les revenus locatifs, les charges, la fiscalité ou les impôts fonciers. Mais l’essentiel réside dans la création de valeur. Il peut s’agir de revoir les loyers, d’étendre une surface, de surélever un bâtiment ou d’exploiter un sous-sol inutilisé. Il faut combiner créativité financière et créativité technique pour augmenter le rendement.
Quelles opportunités immobilières doivent intéresser les gérants de fortune en Suisse ou à l’international ?
La réponse dépend du profil d’investisseur et ne peut pas être généralisée. En revanche, les gérants peuvent s’appuyer sur des spécialistes lorsqu’ils rencontrent une problématique concrète. C’est le cas par exemple d’une vente sans réseau adéquat, d’une acquisition difficile d’accès ou d’un portefeuille existant à optimiser. Notre rôle chez Equitera consiste par exemple à réaliser un audit, identifier les leviers de valeur — surélévation, extension, renégociation de loyers, travaux indispensables — et offrir une vision financière claire des actifs pour les années à venir.
Dounia Azouini
Equitera
Architecte de formation et diplômée de l’ESSEC, Dounia Azouini a développé son expertise au croisement de l’architecture, de l’investissement et de l’asset management. Elle a débuté sa carrière au sein de grands investisseurs institutionnels tels qu’Allianz Real Estate, Dea Capital et J. Safra Sarasin REM, où elle a géré et valorisé des portefeuilles dépassant le milliard de francs. Forte de cette expérience internationale, elle a co-fondé Equitera Swiss Capital, où elle est en charge de la stratégie d’investissement et de la gestion d’un portefeuille, avec un focus sur la création de valeur et le repositionnement d’actifs complexes.
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Remis en question après 2022, quand actions et obligations ont alors chuté de concert, l’inusable 60-40 prouve pourtant qu’en matière d’investissement, la discipline, la simplicité et la qualité d’exécution l’emportent sur les modes et les prédictions à court terme. Car derrière les performances, c’est moins le modèle qu’il faut revoir que la philosophie d’investissement elle-même — sans renier les fondamentaux. Bien évidemment…
Depuis plus de vingt ans, le modèle 60-40, 60 % d’actions et 40 % d’obligations, ou plus souvent 50-50 dans les pays européens, s’impose comme la référence dans la construction de portefeuilles équilibrés. Pourtant, après la crise de 2022, nombreux sont ceux qui ont anticipé sa disparition. À tort. Ce modèle, loin d’être dépassé, incarne la résilience et la simplicité dont les investisseurs, privés comme institutionnels, ont besoin dans un environnement financier de plus en plus complexe.
Le portefeuille 60-40 repose sur une logique simple : allier la recherche de rendement, portée principalement par les actions, à la stabilité procurée par les obligations souveraines et corporates. Historiquement, cette combinaison a permis de traverser les crises financières avec une relative sérénité. Lorsque les marchés actions chutent, les obligations souveraines issues des principaux pays industrialisés, États-Unis, Allemagne, ont tendance à s’apprécier, offrant ainsi un coussin de sécurité qui amortit les pertes des actifs risqués en portefeuille.
Cette corrélation négative a longtemps été la clé de voûte des stratégies d’investissement équilibrées. Elle permettait de limiter les pertes lors des épisodes de volatilité, tout en offrant un revenu régulier en période de calme.
La correction sévère des obligations en 2022 a changé la donne. Pour la première fois depuis des décennies, les obligations – souveraines comme corporates – et les actions ont évolué dans le même sens, à la baisse. Cette année-là, le S&P500 a perdu par exemple 18.1%, dividendes compris, tandis que l’indice obligataire Bloomberg Aggregate Total Return a lâché 13%. Phénomène inédit pour tous les professionnels de la finance en exercice aujourd’hui. Aucun d’entre eux n’avait alors vécu une telle situation. Ce scénario a donc conduit certains observateurs à remettre en cause la pertinence du modèle 60-40.
A l’usage, si la décorrélation n’est plus aussi systématique, le modèle 60-40 conserve cependant toute sa valeur. Même lorsque les obligations et les actions baissent simultanément, la présence d’obligations dans un portefeuille permet de limiter l’amplitude des fluctuations. L’objectif premier, réduire la volatilité globale, reste donc atteint, même si les mécanismes de protection sont moins efficaces qu’auparavant.
Ce qui est probablement devenu obsolète, ce n’est pas un modèle d’allocation, mais plutôt une philosophie d’investissement. Par le passé, les professionnels de la gestion d’actifs et de la gestion privée avaient accès à une meilleure information que le grand public. Elle leur permettait parfois de pouvoir ajuster les portefeuilles à l’environnement financier avec un temps d’avance sur le « retail ». Ce n’est plus le cas. De nos jours, chacun peut accéder à un niveau d’information sur la macro- ou la microéconomie comparable à celui qu’exploitent les professionnels. Ces derniers y perdent ainsi un avantage stratégique majeur.
Une estimation réaliste des performances attendues du portefeuille est désormais possible. Il suffit pour cela d’évaluer sur le long terme le rendement potentiel des obligations et des actions. Plus l’horizon temps est long, plus la fourchette de fluctuation est faible, car les fondamentaux vont primer sur tous les autres facteurs. Blackrock réalise ce type de prévisions pour les années à venir. Selon leurs dernières estimations, un portefeuille 60-40 devrait obtenir un rendement en USD compris entre 4.35% et 6.61% en moyenne par an sur les dix prochaines années, sans tenir compte des frais. Comme on le voit, il n’y a pas de raison de penser que le 60-40 ne fonctionne plus. Ce qu’un investisseur peut raisonnablement attendre d’une telle allocation repose avant tout sur les retours sur investissement des actions et obligations à long terme.
Il n’est pas nécessaire d’ajuster sans cesse la composition du portefeuille en fonction des fluctuations de court terme, mais au contraire de rester fidèle à une stratégie, quelles que soient les émotions du moment. Il faut accepter l’incertitude des marchés et demeurer investi. Des modifications peuvent être apportées à la composition du portefeuille, lorsque le régime financier change. Ce qui arrive en fait peu souvent.
L’essentiel est de privilégier la simplicité. Warren Buffett, le Sage d’Omaha, le prouve depuis plusieurs décennies : inutile de complexifier à outrance pour obtenir des résultats solides. La patience est également indispensable, car c’est bien le temps, et non le timing, qui permet d’obtenir de la performance.
Avoir une allocation d’actif qui convient à son profil de risque ne suffit pas. Il faut encore trouver les bons véhicules d’investissement pour implémenter sa stratégie. Sur ce point précis, il est important de rester intransigeant. Un fonds actif classé dans le troisième ou quatrième quartile de sa catégorie sur trois ou cinq ans n’a plus sa place en portefeuille. En cas de doute, mieux vaut privilégier un ETF liquide. De la même manière, la prudence s’impose face aux produits structurés, souvent coûteux et dépourvus d’un véritable marché secondaire, sauf à considérer quelques AMC de qualité, accessibles à la valeur nette d’inventaire.
Pour optimiser les résultats, il faut garder le cap sur le rapport rendement-risque, car tout objectif déviant de ce duo fondamental limitera tôt ou tard la performance. Les professionnels de la gestion qui chercheraient simultanément à maximiser leur rémunération et la performance du portefeuille poursuivent deux buts incompatibles. À long terme, seule la discipline d’une allocation bien pensée, exécutée sans concession sur la qualité des instruments, permet d’atteindre les rendements espérés. Ainsi, la question de la pérennité du modèle 60-40 n’est pas remise en question. Pour autant que l’on respecte les règles de base de l’investissement.
Pour les investisseurs suisses, confrontés à des taux obligataires historiquement bas, une question centrale se pose : que faire lorsque le rendement attendu des obligations d’État frôle le zéro pour la décennie à venir ? C’est un casse-tête flagrant. Trouver alors des alternatives devient indispensable, car investir dans un actif sans rendement attendu n’a plus de sens. Dans ce contexte, il devient nécessaire de repenser la construction du portefeuille, sans pour autant renoncer aux qualités de la diversification entre actions et obligations. Les solutions existent.
Le modèle 60-40 est avant tout une façon de définir un budget de risque. S’il continue de séduire, c’est parce qu’il reflète les attentes de la plupart des investisseurs — particuliers comme institutionnels — en matière de performance ajustée du risque. C’est aussi ce qui explique l’attention portée à ses résultats.
Dans un environnement financier où l’incertitude et la volatilité sont devenues la norme, la simplicité, la discipline et la flexibilité sont plus précieuses que jamais. Plutôt que de courir après des stratégies complexes, bien souvent peu profitables, les investisseurs ont tout intérêt à s’appuyer sur des principes qui ont fait leurs preuves
Face aux défis des marchés modernes, le modèle 60-40 incarne une continuité. Il existe des possibilités pour l’améliorer, mais il a su néanmoins démontrer son efficacité dans la durée. Si la décorrélation entre actions et obligations est moins forte à l’avenir, il faudra accepter plus de volatilité que par le passé pour obtenir un résultat similaire, c’est là que les esprits chagrins diront que l’approche a perdu de son lustre.
Jean-Sylvain Perrig
Premyss
Jean-Sylvain Perrig est le fondateur et CEO de Premyss, qui accompagne des gestionnaires indépendants et des family offices dans l’allocation d’actifs, la stratégie de portefeuille et l’analyse de marché. Jean-Sylvain a plus de 30 ans d’expérience dans la gestion d’actifs et le conseil stratégique. Il a occupé des fonctions dirigeantes dans des établissements bancaires suisses de premier plan notamment en tant que Chief Investment Officer. Il a également présidé la Swiss Financial Analysts Association (SFAA) dont le but est l’éducation financière des professionnels de l’investissement. Jean-Sylvain est titulaire d’un Master en gestion de l’entreprise de HEC Lausanne ainsi que de la certification fédérale d’analyste financier
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Devenus des piliers stratégiques dans les sociétés de gestion, les PMS évoluent bien au-delà de leur rôle opérationnel. Grâce aux avancées de l’IA, à l’automatisation des processus et à la transition vers des architectures ouvertes, ils se transforment en plateformes intelligentes, capables d’offrir une gestion plus fluide, plus personnalisée et mieux centrée sur le client.
Les grandes dynamiques à l’oeuvre dans la transformation des PMS
Les PMS forment aujourd’hui l’ossature des sociétés de gestion. Elles permettent aux gérants de rationaliser leurs opérations au quotidien et d’apporter une valeur ajoutée tangible à leurs clients. En intégrant des fonctions clés comme le CRM, l’OMS ou le DMS, ces plateformes automatisent de nombreux processus et renforcent la fluidité ainsi que la personnalisation de l’expérience client.
À l’heure où les données – qu’il s’agisse de flux de marché, de profils clients ou d’historiques de transactions – sont massivement collectées et analysées, les éditeurs de PMS sont idéalement placés pour exploiter les avancées technologiques qui ont cours en ce moment. Ces innovations rendront leurs plateformes plus intuitives, évolutives et véritablement centrées sur les besoins des clients.
Stratégies d’investissement personnalisées
Les PMS évoluent rapidement pour rendre la construction de portefeuille plus personnalisée et plus sophistiquée. Les plateformes actuelles permettent aux gérants de concevoir des portefeuilles adaptés aux objectifs, aux valeurs et au profil de risque propres à chaque client. Un élément central dans cette personnalisation est la capacité à regrouper et superviser tous les types d’actifs, quel que soit leur lieu de dépôt ou leur mode de conservation. L’intégration fluide de ces avoirs permet une approche véritablement holistique de la gestion du patrimoine.
Solutions cloud natives et évolutives
L’adoption du cloud transforme les PMS en outils bien plus agiles, capables d’accompagner efficacement la montée en charge des activités de gestion. Avec leurs tableaux de bord centralisés et leurs outils performants, ces nouvelles plateformes offrent aux gérants une grande flexibilité pour piloter portefeuilles et opérations à distance. Contrairement aux systèmes traditionnels installés sur site, les solutions cloud modernes montent en charge automatiquement, offrent une reprise rapide en cas d’incident et demandent peu de maintenance. Leur architecture native dans le cloud facilite le déploiement, l’intégration avec d’autres technologies, et contribue à une gestion plus efficace des coûts.
Collecte automatisée des données, rapprochement et efficacité opérationnelle
Les plateformes PMS de nouvelle génération optimisent la gestion des données en proposant des interfaces robustes avec les banques dépositaires. Elles assurent ainsi la collecte et le rapprochement automatiques des données de portefeuille à partir de sources multiples. En réduisant les interventions manuelles, ces systèmes limitent les erreurs et allègent la charge opérationnelle. Des moteurs de règles avancés renforcent la fiabilité en exerçant des contrôles stricts sur l’intégrité des données et la qualité des transactions, ce qui permet de détecter et corriger rapidement les écarts. En automatisant ces fonctions clés, les PMS garantissent une information plus fiable, des mises à jour accélérées et une gestion de portefeuille mieux sécurisée.
Reporting avancé et engagement digital du client
Les nouvelles solutions de reporting offrent aux clients une vision claire et structurée de leur portefeuille, en couvrant l’ensemble des classes d’actifs et des dépositaires. Cette transparence accrue renforce la relation de confiance. Les plateformes conçues pour un usage digital transforment l’expérience utilisateur : elles donnent accès à une visualisation intuitive des portefeuilles et à des analyses adaptées au profil de chaque client. Les portails ne se limitent plus à la consultation de comptes ; ils facilitent le partage de documents, simplifient les échanges et assurent un suivi en continu. Avec leurs tableaux de bord interactifs, les clients peuvent personnaliser l’affichage de leurs données, consulter leurs performances et surveiller les risques en temps réel.
Fonctions de conformité réglementaire
L’intensification des exigences réglementaires pousse les PMS à intégrer des outils d’automatisation de la conformité qui réduisent la charge administrative et s’alignent sur les normes en vigueur. Ces plateformes proposent désormais des vérifications KYC/AML automatisées, des pistes d’audit en temps réel et une transparence totale sur les frais — intégrant ainsi la conformité directement dans les processus opérationnels. Les contrôles en temps réel, associés à des évaluations de risque automatisées, permettent de détecter les anomalies en amont et de limiter les risques opérationnels. Les outils de reporting intégrés simplifient les dépôts réglementaires, tout en contribuant à une réduction significative des coûts de conformité.
Intégration API et connectivité écosystémique
Les PMS modernes sont de plus en plus conçus sur des architectures ouvertes via API, pour une intégration fluide avec une large gamme de systèmes tiers — plateformes de trading, dépositaires, outils CRM et fournisseurs de données. Grâce à la synchronisation des données en temps réel, à l’exécution automatisée des ordres et à l’analyse consolidée des portefeuilles, les API transforment la manière dont les gérants conçoivent et pilotent leur écosystème IT.
Ce niveau d’interopérabilité leur permet de construire des architectures sur mesure, parfaitement alignées avec leurs processus opérationnels et leurs objectifs stratégiques. Il garantit également la cohérence, l’intégrité des données et un haut niveau de sécurité sur l’ensemble des points de contact.
Intégration des investissements alternatifs
Les PMS évoluent pour répondre à la demande croissante d’investissements alternatifs tels que le private equity, l’immobilier, les hedge funds ou les cryptomonnaies. Ces systèmes proposent désormais des modèles de valorisation avancés, des outils de gestion de liquidité et des cadres de risque adaptés aux complexités propres à chacune de ces classes.
Gérer efficacement les investissements alternatifs nécessite des fonctionnalités spécifiques en matière de reporting, de suivi de performance et de conformité. Les PMS de nouvelle génération répondent à ces enjeux en agrégeant les données provenant de sources multiples, en automatisant le calcul des NAV et en ajustant leurs analyses aux spécificités des actifs illiquides ou à flux de trésorerie complexes. Ils intègrent également les contraintes de liquidité, les périodes de blocage et les structures de frais spécifiques dans leurs outils de gestion des risques.
Intelligence artificielle et automatisation
L’intelligence artificielle et l’apprentissage automatique servent à automatiser l’analyse des données, le suivi réglementaire et l’analyse des portefeuilles. Les outils d’analyse prédictive et d’analyse de sentiment permettent aux gérants de prendre des décisions plus rapides et mieux fondées sur les données. Les systèmes basés sur l’IA sont désormais capables de traiter de vastes quantités de données non structurées afin de capturer efficacement l’information, quel que soit son format.
Interaction cognitive avec le client
L’IA générative est de plus en plus utilisée pour alimenter des conseillers virtuels capables d’expliquer les décisions de portefeuille dans un langage clair, naturel, et de simuler les résultats dans différents scénarios de marché. Ce type d’interface facilite la transmission de notions financières complexes. Elle rend ainsi la gestion de portefeuille plus compréhensible, plus transparente et mieux adaptée aux attentes des clients.
Optimisation prédictive des portefeuilles
L’IA utilisera des modèles d’apprentissage profond et génératif pour simuler divers scénarios de marché, et tester la résilience des portefeuilles face à différentes perturbations. Les outils d’IA générative peuvent analyser des données non structurées — comme les annonces de résultats ou le sentiment exprimé dans les médias — pour anticiper les mouvements de prix et suggérer des ajustements en temps réel. Ces modèles permettent également de détecter des corrélations cachées entre classes d’actifs et indicateurs macroéconomiques, facilitant de la sorte une gestion proactive des risques.
Sener Arslan
QPLIX
Sener Arslan est depuis l›an passé directeur Suisse chez Qplix, en charge du développement commercial sur ce marché. Fort de sa solide expérience dans la wealthtech, il se concentre sur les segments des gestionnaires de patrimoine, des family offices et des banques. Il a commencé sa carrière en tant que wealth manager chez UBS avant de fonder sa propre société de gestion. Par la suite, il a occupé différents postes de direction, notamment celui de Group COO chez Taurus Wealth, présent à Singapour, Dubaï et en Suisse, puis il a cofondé Integraal Partners. Il est titulaire d’un Bachelor of Science en banque et il détient la certification CFA.
Fanny Eyraud
Jema
« Nous voulions pouvoir travailler sur la diversité des patrimoines contemporains. »
Dounia Azouini
Equitera
« Pour les gérants, l’immobilier doit être un actif stratégique au même titre que les autres classes. »
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Face à un environnement marqué par la consolidation et la montée des exigences réglementaires, SSI Wealth Management incarne une nouvelle génération de gérants indépendants : structurés, connectés et tournés vers une croissance durable. Oliver Amstad, son CEO, explique ici comment la récente intégration au groupe Cinerius a permis à SSI d’accélérer son expansion tout en préservant sa fibre entrepreneuriale.
Par Jérôme Sicard
Quels facteurs ont soutenu la croissance durable de SSI au cours de la dernière décennie ?
Notre trajectoire au fil des dix dernières années s’est avant tout construite sur les personnes – sur la force et la complémentarité des équipes que nous avons réunies. Dès le départ, SSI a cherché à rassembler des profils qui aient à la fois une expertise approfondie et un esprit entrepreneurial. Cela vaut non seulement pour nos collaborateurs, mais aussi pour nos partenaires, pour le réseau élargi avec lequel nous travaillons et pour notre conseil d’administration. Nous l’avons progressivement remodelé afin qu’il reflète l’évolution et les nouvelles aspirations de l’entreprise.
Depuis 2023, nous nous sommes également réorganisés sous forme de holding, qui regroupe à ce jour environ 3 milliards d’actifs sous gestion. La holding inclut SSI Wealth Management, Huber & Partner, Monaval, SSI Asset Management au Liechtenstein, Carnot – une société de gestion spécialisée dans les investissements durables et l’efficacité énergétique – ainsi que SSI Services, une fiduciaire basée à Zurich. Chacune de ces unités apporte une expertise spécifique ; ensemble, elles forment un écosystème cohérent qui alimente notre croissance.
Notre réussite s’explique aussi par le fait que nous nous concentrons sur des marchés de niche et sur des domaines où nous pouvons offrir une réelle valeur ajoutée. Un bon exemple est notre Gold Equities Fund, passé de 30 millions à plus de 200 millions de francs suisses. La performance du fonds a naturellement attiré de nouveaux investisseurs, mais surtout, elle a démontré la solidité de notre réseau et notre capacité à croître par l’expertise plutôt que par le marketing.
Quels leviers de croissance privilégiez-vous aujourd’hui ?
Notre développement s’inscrit dans la continuité de la collaboration que nous entretenons notamment avec les fiduciaires, les family offices et bien sûr avec nos clients existants. Ces relations de long terme génèrent naturellement de nouvelles recommandations et de nouvelles opportunités. La croissance organique demeure un pilier essentiel, mais elle s’accompagne désormais d’une expansion externe sélective. Les deux se renforcent mutuellement : les acquisitions apportent de nouvelles compétences, tandis que la croissance interne garantit la préservation de notre culture et de nos standards.
Nous concentrons actuellement nos efforts sur notre présence dans la région DACH, tout en explorant de nouvelles perspectives en Scandinavie et en Israël, où nous disposons déjà de solides liens. L’objectif n’est pas une expansion agressive, mais une croissance maîtrisée – en veillant à maintenir la proximité et la qualité du service.
En quoi l’intégration au groupe Cinerius a-t-elle influencé cette trajectoire ?
Rejoindre Cinerius a donné une impulsion très concrète à nos développements. Avant cela, nous avions l’ambition de croître par acquisitions, mais sans disposer de l’infrastructure ni de l’expérience transactionnelle nécessaires pour avancer rapidement. Cinerius nous a fourni ce cadre : des équipes M&A expérimentées, des juristes spécialisés, des processus éprouvés. Sur cette base, nous avons réalisé deux acquisitions en une seule année – un rythme qui nous aurait pris beaucoup plus de temps auparavant.
Au-delà de l’aspect technique, faire partie de Cinerius nous apporte taille et crédibilité. Le groupe représente aujourd’hui près de 15 milliards de francs d’actifs. Cette masse critique est un atout majeur dans un environnement où les coûts liés à la conformité, à l’informatique et à la gestion des risques ne cessent d’augmenter. C’est aussi un avantage pour attirer de nouveaux talents. Cela dit, nous avons conservé une indépendance entrepreneuriale totale : les décisions stratégiques se prennent ici, à Bäch. Le modèle Cinerius fonctionne précisément parce qu’il allie les ressources du groupe à une réelle autonomie en local.
Votre approche de la croissance a-t-elle évolué depuis l’entrée dans Cinerius ?
Absolument. Nous sommes devenus plus rapides, plus structurés et plus stratégiques. Avant, la croissance externe dépendait beaucoup des opportunités : le bon contact, le bon moment. Aujourd’hui, nous disposons d’un processus clair, d’une méthodologie éprouvée et d’experts capables de mener une acquisition de l’idée à la conclusion en moins d’un an.
Dans le même temps, nous sommes devenus plus sélectifs. L’intégration est aussi importante que l’acquisition. Nous avons appris qu’une croissance réussie doit respecter la culture – l’ADN des entreprises que nous rejoignons. Chez SSI, nous procédons de manière progressive : comprendre les personnes, les clients, la philosophie. Cinerius partage pleinement cette approche. Nous intégrons les sociétés étape par étape, en préservant leur autonomie et leur identité.
Dans quelle mesure les fonctions mutualisées – conformité, informatique, RH, marketing digital – ont-elles contribué à optimiser vos opérations ?
Ces fonctions font une différence considérable. Même avant de rejoindre Cinerius, SSI avait mis en place une structure interne de holding centralisant la conformité, l’informatique, le marketing et les ventes pour ses filiales. Aujourd’hui, nous bénéficions d’un soutien supplémentaire à l’échelle du groupe.
En Allemagne, par exemple, Cinerius a développé des outils de marketing digital particulièrement performants pour l’acquisition de clients – que nous envisageons d’adapter pour le marché suisse. Le département RH du groupe nous apporte également une réelle valeur ajoutée, notamment pour le recrutement de relationship managers seniors et la coordination avec des chasseurs de têtes. Ces ressources nous permettent de rester agiles tout en maintenant des standards opérationnels élevés.
Il ne s’agit pas de perdre notre indépendance, mais de gagner en efficacité. Chaque entité conserve son identité, tout en profitant de la force collective du groupe.
En quoi cette collaboration influence-t-elle votre proposition de valeur auprès des clients ?
Pour nos clients, la collaboration avec Cinerius est presque invisible – et c’est exactement ainsi que nous le souhaitons. SSI reste SSI : la même équipe, la même philosophie, le même niveau de service personnalisé.
Cinerius apporte une base solide qui renforce notre stabilité et notre résilience, sans altérer l’essence de nos relations clients ni notre culture interne. Le groupe n’impose ni marque, ni processus. Il nous permet simplement de faire ce que nous faisons déjà – mais plus vite et plus efficacement.
SSI a récemment intégré Huber & Partner et Monaval. Quels enseignements tirez-vous de ces intégrations ?
A chaque intégration, il apparaît que la culture est primordiale. On peut aligner les systèmes et les processus, mais si la chimie humaine ne fonctionne pas, le projet échoue. Dès les premières discussions avec Huber & Partner et Monaval, il est apparu évident que nous partagions le même état d’esprit : une orientation client forte, de la discipline et une vision à long terme.
Le respect et la confiance sont essentiels, surtout lorsqu’on travaille avec des fondateurs qui ont bâti leur entreprise sur plusieurs décennies. Nous abordons chaque intégration progressivement, en prenant le temps de comprendre les clients et les équipes. Le but n’est pas d’absorber les sociétés, mais de créer des synergies. Ces sociétés que nous intégrons apportent leurs relations, leur savoir-faire et, de notre côté, nous apportons la structure, la conformité et la capacité à croître.
Comment accompagnez-vous concrètement ces sociétés dans leur développement post-intégration ?
Nous commençons par les fondamentaux : conformité, informatique, gestion des risques – des domaines de plus en plus exigeants en ressources. Ensuite, nous aidons à mettre en place des processus évolutifs pour que les équipes puissent se concentrer sur l’essentiel : les clients.
Huber & Partner, par exemple, sera pleinement intégrée sous la marque SSI d’ici 2026, mais d’ici là, elle continue d’opérer de manière autonome tout en profitant de notre infrastructure.
Nous accordons également une grande importance à la relève et à la continuité. Beaucoup de ces sociétés ont été fondées il y a 20 ou 30 ans. Assurer la transmission – pour les clients comme pour les collaborateurs – est crucial. Cela implique de former la nouvelle génération de relationship managers, de moderniser les outils et de créer un environnement attractif pour de nouveaux talents.
Dans un secteur en profonde mutation – marqué par la consolidation et la montée des exigences réglementaires et technologiques – pourquoi le modèle Cinerius vous semble-t-il particulièrement pertinent ?
Parce qu’il répond aux grands défis structurels de notre métier : la succession, la taille critique et la spécialisation. L’âge moyen des gérants indépendants en Suisse est élevé, et beaucoup d’entreprises peinent à assurer leur continuité. Cinerius offre une solution pérenne qui permet de se professionnaliser et de se développer sans renoncer à son esprit entrepreneurial.
Par ailleurs, le secteur a besoin de visibilité. Contrairement aux grandes banques privées comme Julius Baer ou Vontobel, les gérants externes restent souvent dans l’ombre. Une plateforme comme Cinerius leur donne une voix collective et une crédibilité accrue, tout en préservant leur indépendance.
Enfin, la taille compte. Que ce soit pour la digitalisation, la conformité ou l’investissement technologique, la dimension devient un atout stratégique. Le modèle Cinerius combine la force du groupe et la liberté individuelle. C’est ce qui le rend non seulement pertinent, mais indispensable pour la prochaine décennie.
Oliver Amstad
SSI Wealth Management
Oliver Amstad possède plus de trente ans d’expérience dans la gestion de fortune et la banque d’investissement. Il a passé cinq ans au sein de la direction d’une banque privée zurichoise avant de co-fonder SSI Wealth Management, qu’il a dirigée comme CEO et administrateur de 2010 à 2023. Depuis 2024, il est délégué du conseil d’administration de SSI Holding et siège dans plusieurs conseils d’administration du groupe.
Fanny Eyraud
Jema
« Nous voulions pouvoir travailler sur la diversité des patrimoines contemporains. »
Dounia Azouini
Equitera
« Pour les gérants, l’immobilier doit être un actif stratégique au même titre que les autres classes. »
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