Double

Solutions EAM

  • Sébastien Berthoud
  • Associé-directeur
  • MFM Mirante Fund Management

« Nous sommes à la fois un asset manager et un wealth manager »

En un peu plus de 20 ans, MFM Mirante Fund Management a su diversifier intelligemment son modèle. Asset manager à l’origine, MFM s’est d’abord forgée une expertise dans le convertible avant de s’ouvrir à la gestion de fortune. Aujourd’hui, elle étend ses activités à de nouvelles stratégies asset management et aux solutions de prévoyance. Précisions de Sébastien Berthoud.

Par Jérôme Sicard

Vous considérez-vous aujourd’hui davantage comme un asset manager ou un wealth manager ?
Nous sommes à la fois asset manager et wealth manager, sans chercher à privilégier une ligne de métier plutôt que l’autre. Elles forment les deux grands axes sur lesquels nous avons structuré nos développements. Pour l’une comme pour l’autre, c’est le même moteur, la même approche, la même logique de gestion. Ce qui les différencie éventuellement, ce sont les besoins spécifiques des clients. Mais que ces clients soient privés ou institutionnels, nous leur proposons immanquablement un niveau identique de granularité, de transparence, et de qualité de reporting. C’est d’ailleurs cette cohérence qui structure notre modèle.

De quelle manière avez-vous mis votre expertise en asset management au service de votre offre en wealth management ?
Notre ligne Wealth repose principalement sur les compétences de l’Asset management. Nous proposons les mêmes produits, avec la même rigueur, la même discipline, la même exigence, aussi bien à nos clients privés qu’aux institutionnels. C’est clairement à l’avantage de nos clients privés qui profitent d’une expertise que nous avons construite dans le temps pour de grands investisseurs.

Quels sont selon vous les piliers indispensables à une offre wealth management ?
Il y a d’une part la technicité – avec cette rigueur, cette discipline propres à l’asset management – et d’autre part une gestion très personnalisée, à 360 degrés. J’insiste sur cette idée de sur mesure car elle tend à disparaitre dans les grandes banques qui préfèrent standardiser ou industrialiser les services délivrés à la plupart de leur clientèle, exception faite des très grandes fortunes. Or, une part importante de clients a encore besoin d’un accompagnement personnalisé, avec une vraie qualité dans les échanges, et dans les prestations qui en découlent. C’est précisément à cette clientèle que nous nous adressons.

Pour ce qui relève de l’asset management, vous concentrez-vous toujours autant sur les convertibles ?
Les obligations convertibles sont à l’origine même de la création de MFM en 2003. Notre expertise dans cette classe d’actifs nous a valu une belle notoriété et, dans la mesure où une forte valeur lui est associée, elle restera un pilier de notre gestion. Maintenant, comme toutes les classes d’actifs, les convertibles traversent des phases cycliques. Elles obéissent ou non à certaines modes. Leur attractivité évolue en fonction des marchés, un peu comme d’autres instruments plus génériques. Mais leur positionnement spécifique – à mi-chemin entre actions et obligations – leur confère une vraie pertinence stratégique. Cette position « intermédiaire » nous donne par conséquent la crédibilité nécessaire pour étendre notre savoir-faire à d’autres segments de marché.

Aujourd’hui, nous gérons douze stratégies différentes, y compris celles que nous avons développées pour la clientèle privée. Et qu’il s’agisse de fonds convertibles ou d’autres solutions, la rigueur de nos analyses, notre processus de gestion et notre niveau d’exigence demeurent identiques. Le convertible est toujours une pièce importante dans notre offre, mais il s’inscrit désormais dans un univers de gestion beaucoup plus large, structuré autour de plusieurs stratégies, plusieurs types de produits pour différents segments de clientèle. Chacun de ces segments a ses spécificités, mais les fondamentaux de notre gestion – discipline, transparence, maîtrise du risque – sont transversaux. C’est ce qui nous permet d’être à l’aise dans cette diversification, sans jamais déroger à notre exigence initiale.

Dans leur allocation, comment les gérants indépendants doivent-ils aborder aujourd’hui l’univers si complexe du fixed income ?
C’est une question très actuelle, à laquelle il n’est pas si facile de répondre car il faut prendre en compte ces deux dimensions clés que sont la prime de crédit et la prime de duration. Aujourd’hui, les spreads de crédit sont très serrés à l’échelle mondiale, donc peu rémunérateurs. En Suisse, les taux sont redevenus très bas, ce qui limite d’autant leur intérêt. En revanche, dans d’autres régions – notamment aux États-Unis et en Asie – les taux sont encore suffisamment élevés pour que l’univers obligataire reste attractif, surtout comparé aux actions. À condition, bien sûr, d’avoir une vision globale.

Pour les gérants suisses ayant un biais domestique, la tâche est plus ardue. Cela dit, les obligations restent un outil de diversification indispensable, même en Suisse. C’est pourquoi, à l’échelle globale, il me semble pertinent d’aller chercher de la prime obligataire, notamment pour amortir les chocs de marché. L’exemple d’avril dernier est assez parlant. Les marchés actions ont connu une forte correction, mais les poches obligataires – même sans offrir des rendements spectaculaires – ont bien résisté. Et leur stabilité nous a permis de céder des actifs défensifs et liquides pour nous repositionner sur des actions devenues soudainement très attractives. Ce rôle de coussin reste une fonction essentielle de l’obligataire dans une allocation intelligemment construite.

Sur quels nouveaux développements travaillez-vous actuellement ?
Nous nous renforçons dans plusieurs domaines, notamment dans celui de la prévoyance. Nous venons d’ailleurs de recruter Marc Churin qui occupait auparavant le poste de commercial chez Liberty pour la Suisse romande. Il nous permet de mieux structurer notre offre. Aujourd’hui, nous couvrons l’ensemble du spectre: prévoyance de base, prévoyance cadre, troisième pilier, libre passage. C’est un univers qui fonctionne selon sa logique propre, différente de celle de l’asset ou du wealth management. Les produits ont des horizons plus longs, les cycles sont différents, et la relation client repose sur d’autres dynamiques, souvent contractuelles et durables. Cela en fait un excellent complément à nos autres lignes d’activité.

Sur la partie asset management, nous voulons aussi nous développer davantage dans l’immobilier. Nous avons un AMC quantitatif déjà en place, et nous finalisons en ce moment même le lancement d’un fonds dédié, prévu pour cet automne. Là encore, l’objectif est d’élargir notre univers d’investissement avec des solutions qui nous permettent de bien nous différencier à notre échelle.

Sébastien Berthoud

MFM Mirante Fund Management

Sébastien compte une vingtaine d’années d’expérience dans la gestion de fortune pour une clientèle suisse et internationale. Il a rejoint MFM Wealth en septembre 2018 dans un rôle de gestionnaire de patrimoine senior, puis il en est devenu Associé en 2022. Après avoir débuté sa carrière chez UBS à Lausanne, il a travaillé successivement pour la Banque Migros et Piguet Galland. Tout au long de son parcours professionnel, il a développé des compétences plus spécifiques dans les domaines de la structuration de financements hypothécaires et de la prévoyance professionnelle. Sébastien Berthoud est titulaire d’un brevet fédéral bancaire et de la certification « Qualified Independent Wealth Manager » délivrée par l’ASG.

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Sébastien Berthoud
Mirante Fund Management
« Nous sommes à la fois un asset manager et un wealth manager »

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Sébastien Berthoud
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The Swiss Financial Arena

Depuis sa création en 2016, SPHERE anime la communauté des pairs de la finance suisse. Elle leur propose en français et en allemand différents espaces d’échange avec un magazine, des hors-série réservés aux Institutionnels, un site web et des évènements organisés tout au long de l’année pour aborder de nombreuses thématiques. Toutes les parties prenantes de la finance, l’un des plus importants secteurs économiques de Suisse, ont ainsi à leur disposition une plateforme où il leur est possible d’échanger, de s’informer et de progresser.

Dette privée

Solutions EAM

  • Mirko Visco
  • Fondateur & CEO
  • Generation Alfa

« La dette privée demande une approche bien plus rigoureuse que le private equity. »

Orientée fixed income, Generation Alfa a développé avec le temps une forte expertise dans le domaine de la dette privée. Ancrée dans l’économie réelle, elle séduit des clients en quête de rendements attractifs, d’une meilleure visibilité que le private equity, et de solutions plus originales que les standards en vigueur dans le monde obligataire.

Par Jérôme Sicard

Quelles règles avez-vous fixées en interne, chez Generation Alfa, pour la gestion de vos portefeuilles ?

Nous avons mis en place un cadre d’investissement pour orienter nos gérants, notamment sur les grandes thématiques à privilégier. Ce cadre donne une ligne directrice, mais il ne s’agit pas d’imposer une allocation figée comme dans la gestion discrétionnaire classique.

Nos gérants conservent une réelle liberté dans leurs choix, à condition de respecter l’esprit maison. Il n’est pas question d’avoir des profils « cow-boy » qui imposeraient leurs vues sans concertation. Ce que nous attendons d’eux en priorité, c’est qu’ils puissent surtout se consacrer sur leurs clients.

Nous leur demandons donc d’adhérer à la philosophie de Generation Alfa, qui va au-delà de l’approche des banques traditionnelles, souvent centrée sur des produits standardisés. Cela implique de s’intéresser davantage à l’économie réelle, notamment à travers des investissements directs.

A notre échelle, nous voulons renouer avec le rôle historique des banques: financer l’économie plutôt que spéculer sur les marchés. Et nos clients, aujourd’hui, comprennent souvent mieux un investissement tangible dans une PME qu’une position sur un titre comme Nvidia.

Quelles orientations privilégiez-vous ?

Nous avons un fort biais obligataire, que nous avons d’ailleurs toujours eu. Et nous allons chercher des stratégies et des thématiques originales, qui n’apparaissent pas forcément dans les fonds traditionnels. C’est ainsi que nous voulons nous différencier, en créant une réelle valeur ajoutée loin des solutions standards habituellement servies sur le marché. Il est devenu assez difficile aujourd’hui d’arbitrer entre un fonds Pimco Investment Grade et son pendant ETF. Rien ne les distingue vraiment.

En quoi consistent ces stratégies, ces thèmes que vous mentionnez ?

Le secteur de l’énergie est un exemple fort. Il est souvent écarté par les grandes maisons pour des raisons ESG, alors même que ses entreprises ont profondément évolué. Certaines, historiquement liées au fossile, réalisent aujourd’hui 50% de leur chiffre d’affaires dans les énergies renouvelables. Ce type de transition n’apparaît pas dans les portefeuilles obligataires classiques, ce qui en fait une thématique intéressante, différenciante, avec un rendement supérieur, pour une qualité identique.

Un autre axe important, ce sont les prêts sécurisés – notamment via les CLOs. Ces instruments nous permettent d’être exposés à des entreprises de taille intermédiaire bien connues, comme Afflelou, Labeyrie ou Verisure, qui émettent ce type d’emprunts. À la différence d’une obligation traditionnelle, ici, nous avons des garanties réelles. Avec un risque de crédit plus élevé, certes, mais aussi un niveau de protection bien supérieur. On peut même calibrer notre investissement selon le risque recherché, comme on le faisait autrefois avec les hypothèques de premier, deuxième ou troisième rang.

Pourquoi ce positionnement quasi exclusif sur la dette privée dans ce monde des marchés privés ?

Il y a d’abord une part de lucidité. Nous n’avons pas les ressources en interne pour traiter comme il se doit des dossiers de private equity. Ensuite, notre ADN est clairement orienté « rendement et obligations », ce qui attire des investisseurs qui nous ressemblent. Or, le private equity repose sur de nombreux facteurs qu’on ne contrôle pas. La dette privée, elle, offre plus de visibilité, moins d’aléatoire et surtout des flux de trésorerie réguliers – qui sont au cœur de notre stratégie.

Enfin, il y a une raison structurelle : la réglementation bancaire actuelle, notamment Bâle III, a considérablement restreint la capacité des banques à financer l’économie réelle. Le besoin de financement, lui, n’a cessé de croître, alors que les bilans bancaires ont stagné et ne peuvent pas suivre cette demande. Résultat : un grand nombre d’entreprises ne trouvent plus de financement dans le circuit traditionnel.

C’est là que nous pouvons intervenir. En nous positionnant sur la dette privée, nous venons compléter, voire remplacer les banques dans le financement de la croissance, en particulier celle d’entreprises familiales qui portent des projets de croissance.

Quel chiffre d’affaires génèrent les entreprises que vous ciblez ?

Nous finançons des entreprises dont le chiffre d’affaires se situe entre 5 et 200 millions. Le spectre est assez large mais, plus que la taille, nous regardons d’abord des projets de croissance. C’est le critère déterminant dans notre sélection.

La dette privée est-elle appelée à suivre la même trajectoire que le private equity en termes de volume ?

On en est encore loin. Je crois que le private equity pèse près de 8’000 milliards de dollars à l’échelle globale. La dette privée ne se situe qu’aux alentours des 1’500 milliards. Elle s’inscrit en forte croissance, mais je pense que les montants levés resteront toujours inférieurs à ceux du private equity.
Cela dit, la dynamique est là, portée par une tendance structurelle : la réglementation bancaire freine de plus en plus la capacité des banques à financer l’économie réelle. C’est ce besoin non couvert qui continue d’alimenter la croissance du marché de la dette privée.

Quels sont les freins à son développement ?

La dette privée demande une approche très rigoureuse, notamment dans la structuration des dossiers, bien plus que le private equity. C’est une classe d’actifs difficile à industrialiser, contrairement aux prêts bancaires qui peuvent être standardisés à grande échelle.

Mais ce frein est, selon nous, une opportunité : il crée une barrière à l’entrée qui renforce la valeur ajoutée de ceux qui maîtrisent véritablement ce métier. A notre niveau, nous pouvons nous positionner sur des dossiers qui sont aujourd’hui trop petits pour les grands fonds d’investissement et trop complexes pour les banques. Et donc on arrive à intégrer dans la structuration des termes en faveur de nos clients, ce que nous ne pourrions pas obtenir si nous devions co-investir sur des opérations de 60 millions menées par les grands fonds d’investissement.

Quels principaux avantages voyez-vous dans la dette privée ?

Pour l’investisseur, c’est la visibilité du rendement ciblé. Elle est bien meilleure. En acceptant une prime de liquidité, il peut espérer un rendement double par rapport à une obligation liquide classique. Pour nous, pour Génération Alfa, c’est une question de positionnement. Contrairement à la plupart des gérants ou banques qui misent sur le private equity et les histoires séduisantes — pouvoir mettre un ticket dans space X pour ne prendre que cet exemple — nous allons plutôt choisir une approche plus pragmatique et préférer exceller dans un univers peu exploré plutôt que de nous perdre dans un marché trop concurrentiel.

Mirko Visco

Generation Alfa

Mirko Visco est l’un des co-fondateurs de Generation Alfa où il officie aujourd’hui en tant que CEO. Il participe également à la gestion des investissements. A ce titre, il est responsable de la poche obligataire et des investissements directs, tels que dette privée et immobilier de rendement. Les premiers investissements directs de Generation Alfa ont été effectués dès 2009. A ce jour, Mirko a finalisé plus de 50 investissements directs en uni-tranche ou en co-investissements. De 1997 à 2006, il a travaillé chez Merrill Lynch à Genève, où il était en charge de l’équipe advisory. Mirko est titulaire d’un Bachelor en HEC de l’Université de Genève.

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Depuis sa création en 2016, SPHERE anime la communauté des pairs de la finance suisse. Elle leur propose en français et en allemand différents espaces d’échange avec un magazine, des hors-série réservés aux Institutionnels, un site web et des évènements organisés tout au long de l’année pour aborder de nombreuses thématiques. Toutes les parties prenantes de la finance, l’un des plus importants secteurs économiques de Suisse, ont ainsi à leur disposition une plateforme où il leur est possible d’échanger, de s’informer et de progresser.

Indices

Solutions EAM

  • Eric Bissonnier
  • CEO
  • Performance Watcher

Indices PWI+ : mai en équilibre entre croissance et incertitude.

Une nouvelle fois, les marchés ont été quelque peu agités dans le courant du mois de mai. Les tensions commerciales, la persistance de l’inflation et les inquiétudes géopolitiques ont maintenu les investisseurs dans l’expectative, mais quelques points positifs ont également été observés.

Les actions ont enregistré un solide rebond en mai. Aux États-Unis, le S&P 500 a progressé de 6 %, porté par la bonne tenue des valeurs technologiques et des soins de santé. Les principaux indices européens ont emboîté le pas, l’Euronext 100 progresse d’environ 4 %, aidés par un ralentissement de l’inflation et des données de croissance satisfaisantes. Au Japon, le Nikkei 225 a gagné 5 % grâce à des chiffres économiques stables et à des résultats encourageants.

Au Royaume-Uni, le FTSE 100 a progressé de 2,6 %, la Banque d’Angleterre ayant abaissé ses taux et les entreprises énergétiques ayant continué à afficher de solides rendements. Même les marchés chinois ont bénéficié d’un coup de pouce : l’indice de Shanghai a grimpé de 2,2 % et le Hang Seng de Hong Kong a gagné 2,1 %, aidés par une trêve tarifaire conclue en milieu de mois entre les États-Unis et la Chine.

Les marchés obligataires ont connu un mois plus calme. Les rendements des bons du Trésor américain ont baissé, car les inquiétudes sur la croissance ont refait surface après une baisse de 0,2 % du PIB au premier trimestre. Malgré ce ralentissement, les investisseurs ne se sont pas rués sur les obligations à long terme, ce qui témoigne d’une prudence persistante.

En Europe, la BCE a maintenu ses taux inchangés à 2,25 %, mais a laissé entrevoir de nouvelles baisses si l’inflation continue de ralentir. Au Royaume-Uni, la baisse du taux directeur de la Banque d’Angleterre à 5,0 % a fait reculer les rendements des gilts, même si l’inflation a légèrement augmenté pour atteindre 3,5 % en avril.

Les matières premières ont connu un mois globalement stable. L’or a progressé de 1,6 %, grâce à des investisseurs qui recherchent des valeurs refuges dans un marché nerveux. Les prix du pétrole sont restés stables, soutenus par une demande solide et des inquiétudes liées à l’offre, tandis que le gaz naturel a légèrement reculé.

Le dollar américain s’est légèrement affaibli en mai, la livre sterling progressant de 1,35 % grâce à la baisse des taux de la BoE. L’euro a également enregistré quelques gains, aidé par les allusions de la BCE à des baisses de taux et à un ralentissement de l’inflation.

Le mois de mai a été favorable aux actions, grâce à de meilleures données de croissance et à une trêve dans les tensions commerciales. Les obligations sont restées stables et les matières premières ont également trouvé un certain équilibre.

Dans ce contexte, les portefeuilles multi-actifs, tels que mesurés par notre indice PWI+, ont affiché des performances remarquablement régulières. Les portefeuilles les plus agressifs ont naturellement bénéficié de la performance des actions. De plus, les mandats libellés en USD ont été favorisés par la faiblesse du dollar, qui a profité à leurs expositions internationales. Le risque s’est quelque peu normalisé, pour se situer légèrement en dessous de l’objectif après une période d’extrême volatilité.

Les valorisations restant élevées et l’inflation n’étant pas totalement maîtrisée, il est prudent de rester vigilant. L’été pourrait réserver d’autres surprises, notamment avec les banques centrales qui laissent entrevoir de futures baisses de taux et les tensions géopolitiques qui continuent de couver.

Eric Bissonnier

Performance Watcher

Eric Bissonnier est CEO de Performance Watcher depuis juin 2022. Il a commencé sa carrière en 1992 pour Chase Manhattan Private Bank à Genève et New York. En 1998, il s’est joint à la société de multi-gestion alternative EIM dont il est devenu CIO en 2002. Il est resté en poste chez Gottex et LumX Asset Management, sociétés qui ont succédé à EIM, jusqu’en 2019. Il a joué un rôle déterminant dans le développement de la fintech LumRisk, une spinoff d’EIM spécialisée dans la gestion des risques. Eric possède la certification CFA et il est titulaire d’un Mastère en économie obtenu à l’Université de Genève.

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« Nous sommes à la fois un asset manager et un wealth manager »

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Depuis sa création en 2016, SPHERE anime la communauté des pairs de la finance suisse. Elle leur propose en français et en allemand différents espaces d’échange avec un magazine, des hors-série réservés aux Institutionnels, un site web et des évènements organisés tout au long de l’année pour aborder de nombreuses thématiques. Toutes les parties prenantes de la finance, l’un des plus importants secteurs économiques de Suisse, ont ainsi à leur disposition une plateforme où il leur est possible d’échanger, de s’informer et de progresser.

Portfolio management

Solutions EAM

  • Cyrille Urfer
  • CIO
  • Forum Finance

« Le 60/40 n’est pas parfait, mais il reste redoutablement efficace ».

Cyrille Urfer dirige la stratégie d’investissement de Forum Finance, le gestionnaire genevois dont il est devenu associé en avril. Son rôle a profondément évolué au fil du temps. Il revient ici sur cette transformation, tant de ses fonctions que des outils désormais à sa disposition pour les exercer pleinement.

Par Jérôme Sicard

Comment le rôle de CIO a-t-il évolué ces dix dernières années dans l’univers de la gestion de fortune ?

Il s’est beaucoup élargi, à mesure que les attentes des clients se sont affinées et que les marchés se sont complexifiés. Par ailleurs, il ne se contente plus de produire de la recherche au cœur du processus d’investissement. Il est devenu aussi un acteur clé dans le pilotage des risques, dans la relation client et dans le développement stratégique de l’entreprise.

Je voudrais insister sur les risques. En 2022, le retour brutal de l’inflation et la hausse des taux d’intérêt, conjugués à une montée des risques géopolitiques, ont mis en lumière l’importance d’une lecture élargie du risque, bien au-delà des seules métriques financières traditionnelles. Volatilité, perte maximale, scénarios extrêmes, mais aussi risques climatiques ou de liquidité sur les marchés privés – le CIO doit aujourd’hui intégrer tous ces éléments dans sa grille d’analyse.

Comment s’est transformé votre boîte à outils ?

Si le rôle du CIO s’est considérablement élargi, sa boîte à outils s’est elle-aussi agrandie à grande vitesse. Et c’est une transformation qui ne se limite pas à l’arsenal technique ou quantitatif. Elle touche aussi à des dimensions plus subtiles, comme la gestion émotionnelle des clients ou la capacité à naviguer dans un univers de plus en plus vaste – et parfois saturé – d’opportunités d’investissement.

Aujourd’hui, la gestion des risques ne se limite plus aux risques de marché ou de taux. Il faut aussi composer avec des problématiques de liquidité, de gestion des cash flows, et même avec l’état émotionnel des clients dans des phases de marché complexes. La volatilité ne se mesure plus uniquement dans les chiffres, mais aussi dans les réactions des clients face à l’incertitude.

À cela s’ajoute l’explosion de l’univers d’investissement. Ce n’est plus seulement une diversification par classes d’actifs, mais une multiplication des produits au sein même de chaque classe. Dans le private equity, par exemple, sous l’appellation générique, on trouve une diversité immense de stratégies, de risques, de structures, qui demandent une expertise pointue et un vrai travail de sélection.

La boîte à outils du CIO n’a donc jamais été aussi riche – mais elle exige une rigueur accrue dans son usage. La granularité des produits, leur finesse, leur liquidité parfois relative, permettent aujourd’hui de construire des portefeuilles d’une qualité que nous ne pouvions pas envisager voilà encore vingt ans. Mais disposer de tous ces leviers ne signifie pas forcément qu’il faut tous les actionner. Il faut savoir hiérarchiser, arbitrer et parfois renoncer car toutes stratégies obéissent aussi à leurs propres cycles.

Le modèle 60/40 est-il devenu obsolète ou mérite-t-il simplement d’être repensé ?

Non, on ne peut pas dire qu’il soit obsolète. Le 60/40 reste un bon point de départ. Il a le mérite d’être simple, compréhensible par tous, facile à mettre en œuvre, et surtout peu coûteux. Bien sûr, ce n’est pas une allocation véritablement diversifiée dans la mesure où, l’écrasante majorité du risque reste concentré sur les actions.

Les fonds de dotation des universités américaines ont progressivement abandonné ce modèle au profit d’allocations plus complexes. Beaucoup ont adopté une répartition 70/30, en réallouant une partie du portefeuille vers des actifs illiquides. L’exemple emblématique est celui de Yale, qui a connu un certain succès sur le long terme – sur 20 ou 25 ans, leurs résultats sont indéniablement solides.

Mais si l’on regarde les performances plus récentes, c’est moins évident. Après avoir repris les allocations historiques du fonds de dotation de Yale entre 2016 et 2020, calculé une moyenne, puis simulé leur évolution dans le temps avec des poids fixes, le résultat : sur 10 à 15 ans donne une performance comparable à celle d’un portefeuille 70/30 – sans même tenir compte des frais ni de la complexité de mise en œuvre du modèle de Yale.

Et sur des périodes plus courtes, notamment entre 2020 et 2022, le 60/40 a été plus performant. Sur les deux dernières années à fin décembre 2024, le portefeuille 60/40 affiche une performance cumulée de 36.0%, contre seulement 12.9% pour notre réplication du modèle de Yale.

Tout cela montre que la réponse n’est pas si tranchée. Le 60/40 n’est pas parfait, mais il reste redoutablement efficace, surtout lorsque l’on prend en compte sa simplicité et ses coûts moindres.

Comment avez-vous redéfini vos modèles de diversification chez Forum Finance ?

Beaucoup d’investisseurs s’inspirent du modèle Yale mais, dans les faits, il ne change pas fondamentalement la nature du risque. On ne fait que remplacer les actions côtées par des actions privées. En retour, on peut espérer capter une prime d’illiquidité de 200 à 300 points de base, mais cela ne constitue pas une véritable diversification.

Si l’objectif est réellement de diversifier, il faut alors penser en termes d’allocation au risque, et non en simple répartition du capital. C’est d’ailleurs la philosophie des stratégies de type risk parity, comme celles développées par Bridgewater, Man Group ou d’autres. Ces approches vont plus loin : elles intègrent une dimension macroéconomique en tenant compte des différents régimes d’inflation et de croissance.

Résultat : on obtient un portefeuille bien plus équilibré, capable de mieux résister à des contextes économiques variés. Pour compenser la moindre volatilité naturelle de certains actifs comme les obligations, ces stratégies utilisent du levier, de manière contrôlée, afin d’amener l’ensemble du portefeuille à un niveau de risque cible – souvent autour de 10 %, ce qui correspond à la volatilité historique d’un portefeuille 60/40.

C’est une construction élégante, cohérente sur le papier. Mais il faut être lucide : ce type de modèle ne fonctionne pas toujours, notamment dans des périodes extrêmes où toutes les classes d’actifs corrigent en même temps.

Quels leviers vous semblent les plus efficaces pour optimiser le couple rendement/risque ?

Il faut d’abord rappeler une chose essentielle : nos clients ne paient pas leurs factures en « ratio de Sharpe », mais en francs suisses, en euros ou en dollars. Autrement dit, l’objectif n’est pas uniquement d’optimiser une formule académique, mais bien d’obtenir des performances tangibles, dans une enveloppe de risque acceptable.

C’est aussi pour cela que nous aimons travailler avec des enveloppes de volatilité élevée. Si l’on regarde uniquement le ratio de Sharpe, certaines stratégies – comme la réplication du modèle Yale – ressortent très bien. Mais en termes de performance brute, elles peuvent décevoir.

La clé, c’est de bien comprendre les clients et la manière dont ils perçoivent leur portefeuille. Ce n’est pas forcément dans les années de fortes baisses, comme 2022, que les discussions sont les plus difficiles. Ce genre d’environnement est brutal, mais compréhensible. Les clients acceptent plus facilement une perte dans un contexte globalement négatif.

En revanche, les années comme 2023 ou 2024 sont bien plus complexes. Les marchés montent, certaines valeurs explosent — Nvidia, par exemple, progresse respectivement de 239% en 2023 et 177% en 2024 — tandis que les portefeuilles « équilibrés » et diversifiés, paraissent à la traîne. Là, la frustration de certains clients est importante, car ils ont l’impression de ne pas participer à ce succès.

Or, historiquement, la gestion de fortune suisse a été marquée par une forte culture de préservation du capital. Mais dans un environnement où certaines classes d’actifs affichent des hausses annuelles substantielles de plus de 30%, les investisseurs veulent en profiter. Trouver le bon dosage entre protection et participation reste donc l’un des défis majeurs pour optimiser le couple rendement/risque.

Comment rester discipliné dans des marchés qui réagissent en ce moment plus aux flux qu’aux fondamentaux ?

Nous avons mis en place un processus très structuré, qui permet de prendre des risques, tout en les maîtrisant.

Concrètement, nous nous appuyons sur cinq grands piliers d’analyse. En fonction de leur orientation, nous ajustons notre allocation en actions : lorsque tous les voyants sont au vert, nous pouvons monter jusqu’à 65 % d’actions. À l’inverse, si tous les signaux sont au rouge, nous réduisons jusqu’à un minimum de 25 %.

Ces cinq piliers incluent la conjoncture macroéconomique, la politique monétaire, les valorisations, la dynamique de marché et le sentiment des investisseurs. Les trois premiers relèvent des fondamentaux, les deux derniers sont davantage dictés par le comportement de marché.

Quelle est la « signature » de Forum Finance en matière de gestion ?

Comme beaucoup de gérants indépendants, notre ADN, c’est d’abord l’indépendance. Nous ne commercialisons pas de produits maison, à l’exception d’un fonds balancé qui réplique notre portefeuille modèle, en un peu plus diversifié. Ce véhicule est surtout destiné aux clients qui recherchent un investissement global unique facile à mettre en œuvre reflétant notre politique de gestion.

Cette indépendance se reflète également dans notre approche de gestion : nous construisons des portefeuilles basés sur des convictions fortes, avec un souci constant de lisibilité. C’est un point essentiel pour moi. Un portefeuille lisible, c’est un portefeuille que l’on peut expliquer clairement aux clients — ce qui améliore la transparence et la qualité des échanges.

Nous préférons éviter une construction en millefeuille. Avoir plusieurs fonds qui, au final, reproduisent la même exposition sous des étiquettes différentes, n’apporte rien. Cela donne une illusion de diversification, sans réelle valeur ajoutée.

Aujourd’hui, notre portefeuille modèle ne compte qu’une vingtaine de lignes, contre parfois plus d’une trentaine auparavant. Cette simplification est voulue : elle permet de mieux exprimer nos choix, tout en assurant une cohérence entre ce que nous faisons et ce que nous disons — aussi bien en interne qu’envers nos clients. Nous avons délibérément fait le choix d’une gestion de conviction orientée sur le long-terme avec la flexibilité d’ajuster nos allocations quand les circonstances le demandent.  En tant que CIO, je me fais un devoir d’incarner la stratégie de Forum Finance d’une manière claire, transparente et compréhensible.

Cyrille Urfer 

Forum Finance

Cyrille Urfer occupe le poste de directeur des investissements chez Forum Finance depuis juin 2023 et il en est devenu associé en avril 2025. Sa carrière l’a mené auparavant chez Unigestion, à la Banque Gonet, à l’Abu Dhabi Investment Council de 2008 à 2011 et chez Lombard Odier. Cyrille est titulaire d’un Master of Business Administration de l’International Institute for Management Development (IMD). Il est également analyste financier agréé (CFA) et membre du CFA Institute. Il est titulaire enfin du titre de Certified European Financial Analyst décerné par la Fédération européenne des associations d’analystes financiers.

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Indices PWI+ Avril – avis de tempête sur les marchés

Le mois d’avril a été marqué par une grande incertitude concernant la politique commerciale des États-Unis, ce qui a provoqué une forte volatilité dans toutes les classes d’actifs. Dans les portefeuilles low risk, en CHF le budget risque s’élève à plus de 12% !

L’annonce inattendue par le président Trump de droits de douane punitifs de grande ampleur a entraîné une forte baisse des actions mondiales et fait grimper le VIX à son niveau le plus élevé depuis la pandémie. Toutefois, des revirements partiels, tels qu’un report de 90 jours de certains droits de douane et un assouplissement du ton de l’administration américaine, en particulier à l’égard de la Chine, ont favorisé une reprise des actifs à risque vers la fin du mois. Quoiqu’il en soi, les perspectives restent assombries par l’imprévisibilité persistante de la politique américaine et le risque de nouvelles tensions commerciales.

Malgré tous les superlatifs utilisés pendant ce mois, un historien économique du futur se retournant sur les chiffres de performance ne verra pas grand-chose. Pour autant, l’impression de changement de paradigme économique mondial est sur toutes les lèvres, et conditionne discussions et décisions.

Les marchés actions ont finis en légère baisse en devise locale (entre 0 et -1% sauf pour le Japon + 0.4%), ce qui cache bien sûr une volatilité extrême. De même les indices obligataires finissent en hausse alors que la tension sur les taux fut bien réelle, surtout aux Etats-Unis. C’est aux marchés obligataires qu’on attribue la pause annoncée dans l’application des droits de douanes punitifs, peut-être le contre-pouvoir le plus puissant qui ne sorte pas des urnes…

Avec des performances en demi-teinte sur les actifs eux-mêmes, l’impact le plus important l’a finalement été sur les devises, avec un dollar en baisse de -5,5 % contre l’euro et -6,5 % contre le franc suisse. Cela explique largement les différences de performance visibles via les indices PWI+ entre devises de référence. Pour les portefeuilles de risque moyen, en avril, l’USD est à +0,5 %, l’EUR à -1,1 % et le CHF à -1,6 %, reflétant l’exposition en devises non couvertes des portefeuilles.

Nous n’insisterons jamais assez sur l’importance d’avoir des données journalières pour évaluer correctement le risque réalisé. Alors que la performance du mois ne représente clairement pas le chemin pris par les portefeuilles en avril – le CHF risque moyen était à -6% dans la première semaine- notre mesure de risque PWI+ montre bien ce qu’il s’est passé vraiment. Les volatilités réalisées se situent entre 18% et 20% annualisés (!) pour les portefeuilles risque moyen, profils équilibrés s’il en est. Jusqu’ici ces observations étaient entre 5% et 7%.

Depuis le début de l’année, les performances sont généralement négatives, à l’exception notable du portefeuille USD risque faible, qui a bénéficié de marchés obligataires finalement peu affectés, et surtout de la baisse généralisée du dollar.

Eric Bissonnier

Performance Watcher

Eric Bissonnier est CEO de Performance Watcher depuis juin 2022. Il a commencé sa carrière en 1992 pour Chase Manhattan Private Bank à Genève et New York. En 1998, il s’est joint à la société de multi-gestion alternative EIM dont il est devenu CIO en 2002. Il est resté en poste chez Gottex et LumX Asset Management, sociétés qui ont succédé à EIM, jusqu’en 2019. Il a joué un rôle déterminant dans le développement de la fintech LumRisk, une spinoff d’EIM spécialisée dans la gestion des risques. Eric possède la certification CFA et il est titulaire d’un Mastère en économie obtenu à l’Université de Genève.

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  • Interview Sener Arslan
  • Directeur Suisse
  • QPLIX

« Un PMS performant peut apporter un avantage décisif aux gérants indépendants ».

Cloud, connectivité, intelligence artificielle… Les PMS entrent eux-aussi dans leur ère NextGen, avec une capacité accrue à faciliter le quotidien des gérants et à rendre leurs opérations plus fluides. Sener Arslan en présente ici le potentiel.

Par Jérôme Sicard

Quels changements majeurs avez-vous observés dans la manière dont fonctionnent les GFI ces dernières années ?
Le secteur suisse des gérants indépendants a connu une transformation profonde ces dernières années, sous l’effet des changements réglementaires, de l’augmentation des coûts de conformité et de l’accélération de la numérisation. Certains acteurs, plus modestes, ont peut-être rencontré des difficultés d’adaptation, mais les GFI bien capitalisés ont élargi leur empreinte au travers d’acquisitions ou de développement à l’international, et le paysage concurrentiel s’en voit ainsi redéfini.
Un mouvement de fond, en particulier chez les gérants de plus grande taille, est la focalisation accrue sur des connexions souples et performantes avec différentes banques dépositaires, intégrant des flux de données et des capacités de trader en direct. Cela permet de gérer de manière centralisée et agile des portefeuilles clients répartis sur plusieurs banques, avec une réactivité accrue face aux besoins individuels.
Concernant les actifs illiquides tels que le capital-investissement ou l’immobilier, les GFI se tournent de plus en plus vers des PMS modernes qui assurent un suivi, un reporting et une intégration sans rupture, en complément des investissements traditionnels. La connexion fluide à des systèmes tiers –pour les contrôles des PEP, la préparation automatisée des données ou le monitoring de la conformité – est aujourd’hui indispensable quand il s’agit d’optimiser les processus et de se plier aux exigences réglementaires.
Les points de contact numériques prennent également une place centrale, car les clients veulent davantage de transparence et des interactions sans friction. Les PMS de dernière génération permettent un reporting consolidé multi-dépositaires et multi-juridictions. Ils offrent aux clients une vision globale de leur patrimoine, et aux conseillers des moyens d’interagir en continu, avec des visualisations dynamiques de portefeuilles, des analyses personnalisées et un accès mobile aux données. Cela renforce durablement la fidélisation et la qualité du service.

À votre avis, quelles sont les fonctions secondaires sur lesquelles les EAM perdent le plus de temps ?
Dans mes échanges avec des gérants suisses, je constate souvent des inefficacités dans des activités qui ne relèvent pas du cœur de métier, mais qui leur prennent du temps et des ressources. Ils citent le plus souvent la consolidation et le rapprochement manuels des données, la documentation réglementaire, le contrôle de conformité, le reporting client et les processus de back-office.
En matière de consolidation et de reporting, la saisie, l’harmonisation et le rapprochement manuels des données en provenance de banques ou de plateformes fait perdre beaucoup en efficacité. L’intégration des actifs illiquides, dont les données sont souvent issues de sources externes, accroît encore la complexité et sollicite trop de ressources. L’automatisation de ce processus permettrait de gagner en efficacité et de réallouer ces ressources à des tâches plus stratégiques. Ces dysfonctionnements ont un impact tangible sur les marges et l’efficacité opérationnelle, dans un contexte déjà tendu où la pression sur les revenus reste forte.

Quelles sont, selon vous, les clés pour maximiser leur efficacité ?
Les sociétés les plus performantes s’appuient sur plusieurs leviers essentiels pour optimiser leur efficacité tout en offrant un service client de haut niveau. Parmi ces leviers figurent la standardisation des processus, une intégration complète des données, l’interaction numérique avec les clients et une supervision automatisée de la conformité.
Les EAM les plus efficaces privilégient l’intégration des données à travers des systèmes capables d’offrir une vue à 360° du patrimoine client, tous établissements confondus. Cela inclut l’intégration des données issues d’actifs illiquides tels que le private equity et l’immobilier, ce qui permet aux relationship managers de se concentrer sur la planification stratégique et la relation client plutôt que sur des tâches manuelles.
Grâce à l’adoption de ces stratégies, les EAM peuvent à la fois améliorer leurs opérations, augmenter la satisfaction client et se positionner pour une croissance durable dans un environnement de plus en plus concurrentiel. Chez Qplix, nous accompagnons les entreprises dans la mise en œuvre de ces solutions pour qu’elles puissent exploiter pleinement leur potentiel.

Dans quels domaines un système de gestion de portefeuille peut-il leur apporter le plus de valeur aujourd’hui ?
Un PMS performant peut apporter un avantage décisif aux gérants indépendants en résolvant leurs principaux défis opérationnels et en renforçant leur capacité à servir au mieux leurs clients.
La consolidation des données multi-dépositaires est l’un des domaines où le PMS offre aujourd’hui le plus de valeur. Il permet d’agréger les données de plusieurs banques dépositaires dans une vue unifiée des portefeuilles clients – un atout majeur dans un pays comme la Suisse, où les relations multibanques sont courantes. De plus, un bon PMS intègre aussi les données d’actifs illiquides, souvent non déposés, afin d’offrir une vision exhaustive du patrimoine.
D’autres apports clés résident dans l’automatisation des processus manuels, la gestion de la conformité, l’amélioration du reporting client, l’engagement digital et la capacité de montée en charge. Un PMS permet de standardiser les processus dans les domaines de la compliance, de la gestion de portefeuille et de l’exécution des ordres. Des workflows intelligents garantissent la cohérence, tout en préservant la flexibilité indispensable à un service personnalisé.

Quelles tendances ou innovations façonnent actuellement l’avenir des PMS ?
L’avenir des PMS est fortement influencé par l’intelligence artificielle, l’automatisation et les technologies cloud. Les PMS modernes automatisent l’analyse des données, le monitoring de la conformité et l’ajustement des portefeuilles.  De cette façon, ils améliorent à la fois l’efficacité opérationnelle et la qualité des décisions.
Les solutions cloud offrent évolutivité, sécurité et accès distant, tandis que les interfaces intuitives, les fonctions en libre-service et les applications mobiles enrichissent l’expérience utilisateur.
L’intégration de critères de durabilité et de stratégies d’investissement responsables devient également incontournable, tout comme la connectivité aux systèmes tiers pour le reporting et la conformité. Parallèlement, les exigences en matière de cybersécurité et de protection des données s’intensifient, afin de garantir la confidentialité des données clients.
Les gérants qui adoptent activement ces innovations technologiques ne renforcent pas seulement leur structure. Ils s’assurent aussi un positionnement plus fort sur le marché de la gestion de fortune.

Sener Arslan

QPLIX

Sener Arslan est Directeur Suisse chez Qplix, en charge du développement commercial sur ce marché. Son domaine d’expertise se concentre sur les gestionnaires de patrimoine, les family offices et les banques. Il a commencé sa carrière en tant que gestionnaire d’actifs chez UBS. Après une expérience dans le conseil en entreprise et la création de sa propre société de gestion, il a pris en charge le développement commercial et la distribution mondiale d’Expersoft. Avant de rejoindre Qplix, Arslan était Group COO de Taurus Wealth à Singapour, Dubaï et en Suisse. Il est titulaire d’un Bachelor of Science en banque et il détient la certification CFA.

 

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