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Solutions EAM

  • Amélie Janssens de Bisthoven
  • Responsable Business Intelligence
  • NS Partners

Le curseur du digital se déplace entre « do it or die » et le « nice to have »

Que ce soit avec NS Partners ou avec l’ASWM, l’Alliance des Gestionnaires de Fortune Suisses dont elle vient de rejoindre le board, Amélie Janssens de Bisthoven sait faire avancer des projets. Avec une approche dont elle précise ici les principes.

Sur le long-terme, dans quel domaine les membres de l’Alliance peuvent ils le plus profiter de leur appartenance à l’Association?

Le principal avantage de l’Alliance est de permettre à ses membres des échanges constructifs sur autant de sujets qu’ils le souhaitent. Le temps est révolu où nous avions tous un peu peur de l’espionnage industriel. Aujourd’hui, nous partageons volontiers nos retours d’expérience sur tous les aspects réglementaires ou opérationnels. C’est d’autant plus intéressant que les membres de l’Alliance, de par le volume de leurs encours, supérieur au milliard de francs, ont mis en place des structures opérationnelles particulièrement robustes.

La valeur ajoutée de l’Alliance tient aussi à sa tagline, « stronger together », et à une volonté commune de renforcer le dialogue avec l’ensemble des acteurs qui animent la place financière en Suisse. Il s’agit, entre autres, de la Finma, des organismes de surveillance, des auditeurs, des diverses associations en Suisse et à l’international, et bien sûr des banques dépositaires que nous voyons comme des partenaires, plutôt que des concurrents. En joignant tous nos forces, nous sommes sûrs au final de mieux servir l’intérêt de nos clients.

Depuis mars, vous siégez vous-même au board de l’Alliance. Sur quelles missions vous concentrez-vous ?

L’Alliance s’est organisée en trois task forces. La première sur les coopérations avec les tiers, la deuxième sur les synergies en matière d’investissements, de solutions, d’outils, et la troisième, à laquelle je suis rattachée, sur la communication et l’évènementiel. Nous organisons par exemple un webinaire début juillet sur les réseaux sociaux, le meilleur usage à en faire, les erreurs à éviter, les ressources à envisager. Le séminaire est ouvert aux membres de l’Alliance, mais aussi à d’autres gérants.

Nos « Custody Bank Awards », qui sont un peu notre événement phare, rentrent également dans le cadre de cette troisième task force. Ces Awards traduisent bien l’esprit de partenariat dans lequel nous voulons travailler avec les banques dépositaires. Ils ont lieu tous les deux ans. J’ai participé à leur organisation cette année en mars à Zurich, et je ferai de même pour 2026.

Chez NS Partners, comment vous-y prenez-vous pour établir des priorités dans le domaine du digital ?

Nous déplaçons notre curseur entre deux extrémités, « do it or die » et « nice to have ». Les « do it or die » sont en quelque sorte nos figures imposées, comme dans le cas de notre CRM que nous migrons vers sa nouvelle version. Nous n’avons pas le choix. Dans la catégorie « nice to have », nous évaluons les projets selon les efforts, les budgets, les ressources qu’ils réclament et les éventuels gains à envisager en retour. Il faut bien évidemment que la récompense en vaille la peine. Sur un plan plus général, nous essayons d’identifier en premier les tâches chronophages qui nous éloignent de notre cœur de métier et de voir s’il est possible de digitaliser. Mais, en même temps, il est essentiel de se rappeler que le digital n’est pas une finalité en soi.

Dans le digital, quelles solutions permettent selon vous de générer le plus de valeur pour les gérants?

Tout dépend du stade de maturité digitale auquel les gérants sont parvenus. Et il n’est pas forcément nécessaire de se lancer dans de grands chantiers. Il faut penser aussi aux « quick wins », qui apportent des résultats immédiats. Je vois plein de petites tâches qui peuvent être facilement automatisées et, à force de gagner une heure par ci par là, ces mini-automatisations finissent par générer beaucoup de valeur.

Dans tous les développements que vous envisagez, où allez-vous porter le plus d’efforts ces prochaines années ?

Dans l’immédiat, nous allons mener à son terme la migration de notre CRM. Nous souhaitons au passage dématérialiser davantage les données clients, de manière à les utiliser plus efficacement, que ce soit dans le cadre des revues périodiques ou de la saisie de données elle-même. Et nous nous sommes lancés dans la construction d’une librairie de contrôle des risques, entièrement digitalisée. Nous avons déjà établi depuis quelques années une matrice des risques, mais nous allons la rendre dynamique, ce qui nous permettra d’avoir une vue transversale des risques et de faciliter les contrôles ainsi que les analyses et le reporting. Là encore, nous allons pouvoir mieux travailler en évitant les répétitions inutiles.

Amélie Janssens de Bisthoven

NS Partners

Chez NS Partners depuis 2008, Amélie Janssens de Bisthoven y dirige la Business Intelligence. Elle a la charge de plusieurs projets clés pour les trois lignes d’activité du groupe, avec pour finalité l’optimisation des processus opérationnels. Avant de rejoindre NS Partners, elle a passé quatre ans au sein de l’équipe de développement commercial d’Optimal Investment Services, une filiale à 100 % du groupe Banco Santander. Amélie est titulaire d’une licence en administration des affaires de l’Université internationale de Genève, et a suivi le programme exécutif «Building On Talent» de l’IMD Lausanne en 2014.

Sphere

The Swiss Financial Arena

Depuis sa création en 2016, SPHERE anime la communauté des pairs de la finance suisse. Elle leur propose en français et en allemand différents espaces d’échange avec un magazine, des hors-série réservés aux Institutionnels, un site web et des évènements organisés tout au long de l’année pour aborder de nombreuses thématiques. Toutes les parties prenantes de la finance, l’un des plus importants secteurs économiques de Suisse, ont ainsi à leur disposition une plateforme où il leur est possible d’échanger, de s’informer et de progresser.

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Emancipation

Solutions EAM

  • Olga Miler
  • Fondatrice
  • SmartPurse

“Développer l’éducation financière aux côtés des gestionnaires de fortune»

En tant que cofondatrice de SmartPurse, Olga Miler s’est forgé une solide réputation dans le domaine de l’éducation financière. Tout récemment, elle a lancé avec la banque Alpian l’initiative SheWealth Collective. Et d’autres beaux projets se préparent sous son impulsion.

Vous avez annoncé de nouvelles collaborations – entre autres avec Alpian – et publié un nouveau livre. Sur quoi travaillez-vous à présent ?

Nous sommes convaincus que l’éducation financière est l’un des éléments de base pour l’égalité des chances et la liberté économique. Nous avons commencé il y a quatre ans avec des cours et une petite plateforme web, centrée sur les femmes. Parce que c’est là qu’il y avait le plus de retard à rattraper, que nous sommes nous-mêmes des femmes et que nous avons beaucoup appris grâce à l’expérience acquise dans cette industrie

Aujourd’hui, nous nous considérons comme des spécialistes en matière de connaissances financières. Nous souhaitons maintenant, en collaboration avec d’autres entreprises et organisations du secteur, améliorer ces connaissances partout en Suisse. C’est pourquoi nous cherchons à développer le plus de partenariats possibles.

Dans notre travail avec les gens, nous avons constaté très tôt que des canaux très différents sont nécessaires. Personne n’apprend ce qu’il en est de l’argent à partir d’une application. C’est pourquoi nous explorons différentes pistes, comme notre propre métavers, des avatars, des jeux, mais nous donnons aussi des cours très traditionnels, et nous y avons maintenant ajouté le livre « Rich, Richer…Me ! » Avec ses dessins, ce livre montre qu’une bonne gestion de l’argent ne doit être ni compliquée ni ennuyeuse.

Qu’en est-il réellement de la culture financière en Suisse, le pays des banques ?

En soi, l’éducation financière est un défi mondial. Selon les récentes données de l’OCDE, à peine un tiers des adultes atteint le score minimum de culture financière dans les pays qui ont été sondés. En Suisse, selon les études de SOTOMO, 18% des femmes et 27% des hommes estiment que leurs connaissances financières sont suffisamment bonnes.

D’autres données montrent que seulement un peu plus de la moitié des personnes interrogées ont répondu correctement aux trois questions de connaissances qui leur ont été posées. Ce chiffre descend à 44,7% chez les femmes. Pour la génération Z, il tombe à 43,8 %. Il existe en outre une corrélation avec le revenu et la fortune : chez les personnes disposant d’une fortune de 100.000 francs et plus, les trois quarts environ ont pu répondre correctement aux questions, alors que chez celles dont le revenu mensuel est inférieur à 5.000 francs, c’est tout juste 38%. Ce sont les plus jeunes, les moins fortunés et les femmes qui ont le plus grand besoin de rattrapage chez nous, et c’est précisément là que nous intervenons avec notre devise « des connaissances financières pour tous ».

Comment travaillez-vous avec les gestionnaires de patrimoine ?

Nous sommes convaincus que le déficit de connaissances financières ne peut être comblé qu’en collaborant avec les acteurs de la place financière. La compétence principale des gestionnaires de fortune est de gérer des actifs, et non de transmettre des connaissances. L’éducation financière est, dans le meilleur des cas, utilisée comme un instrument marketing. En tant que spécialiste, nous avons donc développé un modèle original, avec une approche « as a service », et nous travaillons avec les gestionnaires de fortune de trois manières :

. Distribution de nos contenus aux clients : des entités comme Alpian ou Kaspar& mettent nos contenus, cours, applications et autres à la disposition de leurs clients. Il faut juste veiller à ce que le marketing ne vienne pas se mélanger à l’enseignement dispensé.

– Projets en partenariat : nous développons ensemble des initiatives pour un objectif ou un groupe cible spécifique, des webinaires aux jeux, et chacun apporte ses compétences. C’est le cas par exemple de notre collaboration avec Splint Invest, qui s’est spécialisé dans les placements alternatifs comme le vin, l’art, les montres, etc.

– Conseil et licence : sur demande, nous soutenons les gestionnaires de patrimoine en les conseillant dans la définition des processus d’expérience client, la création de contenus et, là où ils le souhaitent, nous mettons nos outils à disposition dans le cadre d’une licence. C’est plus efficace et moins cher que de tout élaborer en interne à partir de zéro.

Olga Miler

SmartPurse

Économiste, entrepreneure fintech, Olga Miler a reçu de nombreuses distinctions pour son travail de transformation dans l’industrie financière. Après avoir mené sa carrière dans différentes banques, elle a fondé la plateforme d’éducation financière SmartPurse – qui propose des cours, des ateliers et des outils numériques sur le thème de l’argent et des finances. Cette année, Olga Miler a publié « Rich, Richer, Me… ! », son premier livre, aux éditions Beobachter.

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Plateforme

Solutions EAM

  • Interview Carine Frick-Delaloye
  • Head Corporate & Business Development, Aquila
  • Head Bank Aquila

« La volonté de déléguer certaines fonctions devient de plus en plus perceptible »

Ancienne responsable du pôle EAM Core chez Credit Suisse, Carine Frick-Delaloye a rejoint cette année la direction d’Aquila. Elle a pris sous sa responsabilité le développement de la plateforme et s’est vu confier également la direction de la banque dépositaire. Au cœur de ses priorités : des services plus compétitifs et un accompagnement plus adapté pour les tiers-gérants.

Avec les nouvelles réglementations, la surveillance prudentielle, le digital, comment voyez-vous le métier de gérant se transformer, dans l’offre comme dans les modes opératoires ?

Le marché des tiers gérants va se consolider dans les prochaines années, dû principalement à l’augmentation des coûts et de la réglementation. A l’avenir, les petites entreprises avec une ou deux personnes auront beaucoup de peine à rester profitables. Les nouvelles entreprises qui se créent à l’heure actuelle se composent en général de trois à cinq personnes afin d’avoir une base de clients et de revenus plus importante. De plus, la volonté de se concentrer sur la gestion des clients et de déléguer certaines fonctions devient de plus en plus perceptible.

Les gérants sont également confrontés à un changement de génération de leur clientèle. Outre le fait d’assurer la continuité des clients, ils doivent faire face à de nouvelles attentes, comme plus de transparence en matière de prix et de services. La proximité avec les clients et les bonnes performances ne suffisent plus en tant qu’USP pour la NextGen. Le gérant devra donc étendre sa gamme pour rester attractif.

Quel est le cœur de la proposition que vous formulez aujourd’hui aux gérants indépendants susceptibles de vous rejoindre ?

Aquila déploie pour les tiers gérants une solution complète à partir d’une seule et même source, ce qui nous différencie des autres prestataires. Nous ne nous contentons pas de proposer différentes options en matière d’outsourcing ; nous sommes d’abord des « coéquipiers » pour les gérants indépendants. Nous leur apportons des conseils dans chacune des phases qui rythment le développement de leur société, de la fondation à la succession. Nous y ajoutons une large palette de services qui couvrent différentes fonctions : juridique, fiduciaire, informatique, ressources humaines, administration ou encore gestion d’entreprise.

Les gérants ont également la possibilité d’ouvrir des comptes pour leurs clients auprès de notre propre banque dépositaire, la banque Aquila, ouverte en 2012 et destinée aux GFI suisses, qu’ils soient affiliés à Aquila ou non. Notre équipe Investment & Wealth Management assiste les gérants dans tous les aspects relatifs aux placements.  Leurs prestations peuvent inclure de l’advisory, des analyses de marchés ou encore des rapports consolidés en matière de risque et de performance.

Quels leviers de croissance allez-vous activer pour Aquila ces prochaines années ?

Un grand nombre de gérants se trouvent engagés dans une période charnière où se pose la question de leur propre succession. C’est un développement que nous observons d’ailleurs au sein même d’Aquila et nous lui consacrons de plus en plus de temps. A mon avis, il y a un potentiel important sur l’ensemble du marché suisse. Cependant, c’est un sujet qu’il n’est pas toujours facile d’aborder et de traiter. Il demande du tact et de l’expérience. Vu la taille de notre réseau, qui rassemble aujourd’hui 90 partenaires, nous avons cependant acquis au fil des années une expertise appréciable dans ce domaine.

Nous voyons un deuxième levier de croissance chez les nouveaux gérants indépendants, qui manifestent de l’intérêt pour une plateforme de services comme la nôtre au vu de l’augmentation des coûts qui touche l’ensemble du secteur. Juridique, cybersécurité, IT, révision, digitalisation : aucun domaine n’y échappe, et les budgets augmentent continuellement. Dès lors, une plateforme comme celle d’Aquila prend tout son sens. Elle permet de mutualiser les coûts, tout en s’adaptant jour après jour aux nouvelles normes qui régissent le secteur. Les gérants bénéficient donc d’un service complet délivré par un seul et même prestataire, à un prix conforme aux évolutions du marché. Il leur est alors d’autant plus facile de se concentrer sur la gestion de la clientèle. 

Quels développements voulez-vous donner à Aquila sur un marché où vous êtes moins présent, celui de la Suisse romande ?

Il est vrai qu’Aquila est moins visible en Romandie, bien que nous ayons déjà plusieurs partenaires à Genève et à Lausanne. Cependant, je ne pense pas que les besoins des gérants indépendants romands différent beaucoup par rapport à ceux de leurs collègues tessinois ou alémaniques. Etant moi-même Romande, je suis certaine que le modèle d’Aquila peut très bien fonctionner au-delà du « röstigraben ». Je me réjouis donc de développer Aquila en Suisse romande ces prochaines années. Ce sont là des perspectives qui me tiennent personnellement à cœur.

Carine Frick-Delaloye

Aquila

Carine Frick-Delaloye a entamé son parcours professionnel au Credit Suisse en 1995. A partir de juin 2008, elle a occupé différents postes de direction dans les divisions Retail et Private Banking. En 2013, elle a pris la direction de la ligne Personal & Business Banking pour le marché rhénan à Zurich avant de passer au Wealth Management où elle a été nommée responsable du pôle EAM Core. Carine Frick-Delaloye détient un DEA Banque & Finance délivré par le Swiss Finance Institute – Université de Berne, et un CAS Digital Banking de la Kalaidos University of Applied Sciences à Zurich.

Relève

Solutions EAM

  • Interview Alban Janssens de Bisthoven
  • Associé, responsable de l’ingénierie patrimoniale
  • Forum Finance

« Il faut que nous allions vers plus de modernité »

Jeune associé de Forum Finance, Alban Janssens de Bisthoven incarne cette nouvelle génération de gérants appelée à servir une nouvelle génération de clients. Un renfort précieux pour un groupe qui fête cette année ses trente ans et porte une attention toute particulière au renouvellement de ses cadres.

Quel regard portez-vous, en tant que jeune associé de Forum Finance, sur la gestion de fortune et sur les évolutions à lui apporter ?

Elle doit en effet évoluer parce que nous devons, d’une façon ou d’une autre, suivre le rythme que nos clients impriment. Et il a tendance à s’accélérer avec le temps. Nous sommes tenus de nous concentrer encore plus sur la performance, de nous rendre beaucoup plus disponibles et d’utiliser les outils avec lesquels nos clients ont eux-mêmes l’habitude de travailler. Je pense bien évidemment au digital et à toutes ses applications.

Il faut que nous allions vers plus de modernité, jusque dans les solutions d’investissement où nous devons couvrir davantage de bases, comme par exemple l’impact, l’ESG, mais aussi le private equity et les digital assets. Nous ressentons clairement ces attentes chez les plus jeunes de nos clients, ceux qui ont moins de cinquante ans.

Quels types de profils présentent-ils ?

Certains d’entre eux ont reçu la fortune que leur ont transmis leurs aînés, dans le cadre d’une transmission patrimoniale, que ce soit sous forme de donations, de contrats d’assurance-vie, de trusts ou encore de fondations. Mais nous voyons aussi arriver une nouvelle clientèle d’entrepreneurs qui ont construit eux-mêmes leur fortune, leur patrimoine, en ayant réussi à bien développer puis à bien revendre leur entreprise. Ils représentent une part importante du portefeuille clients de Forum Finance. C’est aussi notre marque de fabrique.

Le renouvellement des associés chez Forum Finance s’accompagne donc du renouvellement de la clientèle ?

Oui, ce renouvellement se produit de manière naturelle. Les jeunes associés attirent assez logiquement de plus jeunes clients. Il y a une certaine jeunesse qui se dégage de Forum Finance. Les clients le sentent et je crois que cela leur plait. Aujourd’hui, toutes les tranches d’âge sont représentées au sein du collège des associés. Vous avez des quadragénaires, des quinquagénaires et bien évidemment des sexagénaires qui sont prêts à passer le relais d’ici quelques années et qui ont su s’organiser en conséquence.

Les jeunes générations consomment-t-elles les services financiers différemment de ses aînés ?

Au-delà des produits type crypto, NFTs, impact, je trouve que les nouvelles générations sont beaucoup plus attentives aux rendements que génèrent leurs portefeuilles. Elles demandent aussi davantage de disponibilité, voire de réactivité, de leur part de leurs gérants, parce qu’elles ont grandi dans l’instantanéité, l’immédiateté. Leur temporalité, c’est le clic de souris.

Quels nouveaux services voulez-vous mettre en place pour ces nouvelles générations?

Nous avons d’abord à leur égard un devoir d’éducation, d’information à remplir. Nous devons les sensibiliser aux métiers de la gestion de fortune et à la valeur qu’ils permettent de générer. Nous devons aussi les préparer à la gestion de leur patrimoine, devenue avec le temps de plus en plus complexe. Nous consacrons beaucoup de temps à ces questions. Nous organisons beaucoup de rencontres avec nos clients pour aborder tous ces points. Nous avons même lancé nos propres NextGen Sessions, qui nous permettent en retour de mieux comprendre les aspirations de nos clients. Nous voulons être le plus possible à leur écoute et les échanges que nous développons avec eux nous semblent indispensables.

Quel est le profil type du nouveau gérant, capable de gérer cette nouvelle clientèle ?

Je pense sincèrement que le bagage technique, qui s’acquiert avec le temps, au contact d’autres professionnels, doit passer au second plan. Pour moi, c’est davantage une affaire d’attitude, de tempérament, de comportement. Il ne sert à rien d’avoir une connaissance encyclopédique des marchés si vous n’êtes pas d’abord dynamique, enthousiaste, curieux. La curiosité, c’est très important. Elle va décider de la qualité de la relation que vous allez établir avec vos clients et de la confiance que vous allez pouvoir leur inspirer. Eprouver de l’empathie pour ses clients permet d’anticiper davantage leurs problèmes et mettre plus facilement en œuvre les solutions adéquates.

Alban Janssens de Bisthoven

Forum Finance

Alban Janssens de Bisthoven est responsable de l’ingénierie patrimoniale chez Forum Finance. Il a rejoint le Groupe en 2018 et il en est devenu associé en 2021. Alban a commencé sa carrière en tant qu’avocat aux Pays-Bas et en Belgique, puis a passé 11 années au sein de l’équipe Wealth Planning chez Julius Baer à Genève.  Alban est titulaire d’un Master en Droit, d’un Master en Droit des Affaires et d’un Master en Droit Fiscal.

Transparence

Solutions EAM

  • Interview Patrick Müller
  • Chief Executive Officer
  • Zwei Wealth

« Élargir le cadre et aller bien au-delà de l’habituel portefeuille Balanced »

Zwei Wealth a lancé son portail Transparence, pour donner aux clients davantage de visibilité sur les offres que leur destinent les banques et gestionnaires de fortune. Mais, pour Patrick Müller, le portail doit également encourager les gérants à élever un peu plus encore la qualité de leurs services.

Lors d’une interview réalisée avec SPHERE il y a quelques années, vous aviez exprimé votre désir de contribuer à l’amélioration des services financiers en Suisse. Depuis lors, quelles avancées avez-vous pu observer?

Nous poursuivons toujours cet objectif, avec la même détermination. Bien que l’écosystème financier suisse soit assez remarquable, on ne peut pas vraiment dire qu’il soit à la pointe en termes de concurrence et de transparence. C’est un inconvénient auquel nous souhaitons remédier pour le bien de l’ensemble du secteur.

Deux améliorations majeures méritent cependant d’être notées. Il y a cinq ans, à peine un tiers des gestionnaires de fortune ou des banques répondaient à des request for proposals. Aujourd’hui, seuls un tiers d’entre eux refusent d’y prendre part, ce qui montre bien qu’un environnement plus concurrentiel se crée. Le deuxième changement concerne la volonté des clients de changer de banque ou de gestionnaire. Elle a considérablement augmenté. Chaque année, de plus en plus de personnes préfèrent baser leurs décisions sur des offres concurrentielles, adoptant ainsi une approche plus dynamique.

Selon vous, quels domaines nécessitent encore des améliorations ?

Il y a deux principaux domaines. L’un est axé sur la technologie – c’est le contenant en quelque sorte – et l’autre sur les investissements – c’est le contenu. Sur le plan technique, la gestion de patrimoine devient de plus en plus modulaire, et les clients souhaitent combiner beaucoup plus de services ou de solutions qu’avant, ce qui n’est pas encore suffisamment facile à réaliser sur le plan technique.

Sur le plan du contenu, les gestionnaires de patrimoine doivent passer à la vitesse supérieure, être en mesure de proposer et d’intégrer des investissements dans les marchés privés de bonne qualité, en plus des placements traditionnels. Ils doivent élargir le cadre et aller bien au-delà de l’habituel portefeuille « balanced », menacé d’obsolescence.

Quels sont les principaux services que vous proposez avec votre Transparenz Portal ?

Nous offrons trois grands types de services. Tout d’abord, nous permettons aux clients d’effectuer gratuitement leurs recherches, au cas où ils souhaitent changer de banque ou de gérant indépendant. Chacun d’entre eux peut alors recevoir gratuitement des propositions provenant de nombreux wealth managers. Ensuite, nous disposons d’un espace où les clients peuvent comparer différentes solutions, y compris celle qu’ils utilisent, en se concentrant sur les risques, les coûts et la qualité du gestionnaire. Cette évaluation est également gratuite.

Enfin, nous guidons les clients à la recherche de solutions spécifiques, telles que des plans de prévoyance ou des investissements en private equity. Nous avons mis en place un réseau de prestataires spécialisés, y compris pour les marchés privés, que les clients peuvent consulter. Nous avons également rendu ce  réseau accessible à des clients institutionnels.

Quels critères utilisez-vous pour évaluer les banques et les gestionnaires de patrimoine ?

L’évaluation des banques et des gérants indépendants ne repose pas uniquement sur leurs performances. Nous appliquons en fait quatre critères. Le premier est la compétence, que nous appelons le « provider rating ». Ensuite, nous prenons en compte le track record, qui inclut la performance, le risque et la consistance. Le troisième critère concerne les coûts, et nous nous basons alors sur le total expense ratio. Enfin, nous évaluons la qualité, c’est-à-dire les composantes qualitatives importantes pour les clients, que nous appelons l’adéquation de la solution. Ces quatre critères permettent une évaluation sur mesure des gestionnaires et des solutions qu’ils proposent.

Dans le communiqué de presse que vous avez envoyé pour annoncer le lancement du Transparenz Portal, vous mentionnez une certaine confusion quant aux coûts associés à la gestion de patrimoine. Quelle en est, selon vous, la cause ?

Cette confusion provient principalement de l’incapacité des clients à évaluer l’ensemble de leurs coûts. Les clients se voient souvent proposer un all-in fee, souvent d’environ 1 %, mais cet all-in fee n’inclut pas tout. De nombreux frais supplémentaires s’y ajoutent, que les clients ignorent. En réalité, les coûts peuvent facilement doubler. Le all-in fee ne couvre peut-être en réalité que 50 à 60% de l’enveloppe globale, d’où cette confusion.

Patrick Müller

Zwei Wealth

Patrick Müller a occupé différentes fonctions dans le secteur bancaire et financier, notamment auprès de Credit Suisse et d’UBS. Il a été chargé en particulier d’établir une fondation philanthropique et de gérer les marchés Israël et Afrique. En outre, en tant que responsable Sales & Marketing, il a assumé la responsabilité du développement et de la commercialisation de solutions d’investissement. Il  détient un master de l’Université de Saint-Gall.

Enquête

Solutions EAM

  • Tatiana Agnesens & Manfred Stüttgen 
  • Enseignants
  • Haute École de Lucerne

«Les GFI prévoient d’améliorer encore leurs processus de gestion»

En 2024, tant les actions que les obligations occupent une place importante dans les portefeuilles des gérants indépendants en Suisse. Par ailleurs, la part des investissements directs n’a cessé d’augmenter dans toutes les classes d’actifs. C’est ce que montre une nouvelle enquête dirigée par la Haute École de Lucerne. Ses deux auteurs en résument ici l’essentiel.

Dans l’enquête que vous avez menée sur l’allocation d’actifs des gestionnaires de fortune suisses, quels résultats vous ont particulièrement surpris ?

Manfred Stüttgen. Le fait que les gérants indépendants surpondèrent pour la première fois cette année les actions américaines est particulièrement frappant. Cette pondération plus élevée est facilement compréhensible si elle est due à la revalorisation en cours du marché des actions américaines. Mais il se peut aussi que les gestionnaires de fortune aient investi de nouveaux fonds dans des actions américaines au cours des 12 derniers mois ou qu’ils les aient réaffectés en leur faveur.

Il est également intéressant de constater que les gérants suisses sont, en moyenne, encore sous-pondérés en emprunts d’État suisses, européens et américains, bien que ces emprunts génèrent à nouveau des rendements En revanche, le fait qu’ils investissent désormais davantage dans les obligations d’entreprises européennes et américaines est moins surprenant.

De nombreux gestionnaires de fortune investissent très fortement dans les actions suisses. Du coup, ils recherchent moins de produits financiers et sont moins investis dans le domaine de la durabilité. Voyez-vous les choses de la même manière ?

Manfred Stüttgen. Les gestionnaires de fortune suisses interrogés ont en effet un « home bias » en faveur des actions suisses. En même temps, ils investissent majoritairement en direct dans les actions suisses et utilisent plus rarement – par rapport à d’autres marchés – des fonds ou des ETF. Cette utilisation moindre pourrait s’expliquer par le fait qu’ils connaissent particulièrement bien leur marché d’origine, la Suisse, et qu’ils se sentent en confiance pour y sélectionner différents titres.

Nous observons en même temps que 20% des gestionnaires de fortune intègrent par défaut des critères de durabilité dans leurs processus de placement. 48 % supplémentaires le font à la demande des clients. Les gestionnaires de fortune ne se distinguent guère des autres investisseurs : nous observons des répartitions similaires sur d’autres marchés, et ce indépendamment du fait qu’il s’agisse ou non de placements en actions suisses. La préférence actuelle des gestionnaires de fortune pour les actions suisses ne permet donc pas de tirer une conclusion fiable sur la manière dont les gestionnaires de fortune se positionnent par rapport aux investissements durables.

Pour la première fois, vous avez également interrogé les gérants de fortune indépendants sur l’utilisation d’outils, c’est-à-dire sur la situation où ils sont avec la numérisation de leurs portefeuilles. Où voient-ils le plus grand potentiel ?

Tatiana Agnesens. Dans les processus clés de la gestion – par exemple la construction de portefeuille, le suivi ou encore le rebalancing – les gérants de fortune suisses s’appuient en grande majorité sur leurs propres outils et méthodes. Il en va différemment des processus qui concernent la sélection des produits ou la « product suitability » : dans ce cas, ils utilisent de plus en plus souvent des outils ou des services externes.

Notre enquête ne permet pas de dire clairement quels outils externes seraient utiles aux gestionnaires de fortune et dans quelle mesure. Beaucoup de paramètres dépendent de la façon dont les gestionnaires de fortune sont configurés. Mais il est certain que de nombreux GFI pourraient profiter d’une utilisation accrue d’outils innovants et améliorer encore l’efficacité et la qualité de leurs processus. Il n’est donc pas surprenant que près de la moitié des gérants de fortune prévoient d’améliorer encore au moins un de leurs processus de gestion de portefeuille à l’aide de différents outils ou services.

Il est frappant de constater que la taille joue un rôle : les grands gestionnaires se distinguent des petits par leur comportement en matière de placement, par l’utilisation d’outils numériques, mais aussi par leur attitude vis-à-vis des thèmes de la durabilité. Quelle en est la raison ?

Tatiana Agnesens. Elles sont multiples. :Les grands gestionnaires de fortune ont souvent plus de ressources, tant financières qu’humaines. Mais c’est loin d’être la seule raison. Les disparités liées à la base de clientèle ou à la diversité du positionnement stratégique peuvent également expliquer pourquoi un gérant investit ou s’organise différemment en termes de processus. Ainsi, seule la moitié environ des gestionnaires de fortune interrogés s’occupent de clients institutionnels ; 98% des gestionnaires de fortune interrogés s’occupent de clients privés. Selon le type de clients finaux – ou encore leur domicile fiscal, leur préférence en matière de risque ou de durabilité – les gestionnaires de fortune se positionnent différemment afin de répondre au mieux aux besoins spécifiques des clients.

Pour finir, la question de la durabilité : les mouvements sont faibles en comparaison annuelle. Toutefois, comme par le passé, une grande partie des GFI est prête à investir dans des produits ESG/sustainable si les clients le souhaitent. Quelles conclusions en tirez-vous ?

Manfred Stüttgen. Les aspects de durabilité jouent un rôle important pour deux tiers des gestionnaires de fortune : ils intègrent les critères dits ESG soit de manière standard dans les processus de placement, soit à la demande spécifique des clients. On peut interpréter cette évolution de deux manières : une partie des gérants aborde le thème de la durabilité de manière très active et systématique ; une autre de manière plutôt pragmatique et orientée client.

Selon le type de clients finaux dont ils s’occupent, il existe de bons arguments pour les deux approches. La mise en œuvre d’aspects de durabilité dans les portefeuilles est un sujet exigeant qui requiert beaucoup de connaissances et aussi des données adéquates. Après quelques années de croissance très rapide des placements durables, nous constatons actuellement chez les gestionnaires de fortune – mais aussi sur d’autres marchés – un certain ralentissement. Nous nous attendons toutefois à ce que, malgré les vents contraires du moment, la croissance des stratégies sustainable se poursuive encore quelques années.

Manfred Stüttgen

Manfred Stüttgen est professeur dans le domaine bancaire à la Haute École de Lucerne. Il enseigne et poursuit ses recherches dans les domaines du wealth management et des placements durables. Il est actif dans l’industrie financière depuis de nombreuses années dans des fonctions de direction ou au travers de mandats.

Tatiana Agnesens

Tatiana Agnesens est chargée de cours en mathématiques financières à la Haute École de Lucerne. Son domaine de spécialisation comprend l’enseignement et la recherche sur les solutions d’investissement numériques, la gestion d’actifs et l’économie comportementale. Avant de travailler à la Haute école, elle a obtenu son doctorat à l’université de Saint-Gall et acquis quelques années d’expérience dans le domaine de la finance d’entreprise ainsi que la gestion de fortune externe.

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Depuis sa création en 2016, SPHERE anime la communauté des pairs de la finance suisse. Elle leur propose en français et en allemand différents espaces d’échange avec un magazine, des hors-série réservés aux Institutionnels, un site web et des évènements organisés tout au long de l’année pour aborder de nombreuses thématiques. Toutes les parties prenantes de la finance, l’un des plus importants secteurs économiques de Suisse, ont ainsi à leur disposition une plateforme où il leur est possible d’échanger, de s’informer et de progresser.

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