Indices
Eric Bissonnier
Performance watcher
Indices PW+ août : faible volatilité des portefeuilles CHF
Une nouvelle fois, les marchés ont été quelque peu agités dans le courant du mois de mai. Les tensions commerciales, la persistance de l’inflation et les inquiétudes géopolitiques ont maintenu les investisseurs dans l’expectative, mais quelques points positifs ont également été observés.
Les actions ont enregistré un solide rebond en mai. Aux États-Unis, le S&P 500 a progressé de 6 %, porté par la bonne tenue des valeurs technologiques et des soins de santé. Les principaux indices européens ont emboîté le pas, l’Euronext 100 progresse d’environ 4 %, aidés par un ralentissement de l’inflation et des données de croissance satisfaisantes. Au Japon, le Nikkei 225 a gagné 5 % grâce à des chiffres économiques stables et à des résultats encourageants.
Au Royaume-Uni, le FTSE 100 a progressé de 2,6 %, la Banque d’Angleterre ayant abaissé ses taux et les entreprises énergétiques ayant continué à afficher de solides rendements. Même les marchés chinois ont bénéficié d’un coup de pouce : l’indice de Shanghai a grimpé de 2,2 % et le Hang Seng de Hong Kong a gagné 2,1 %, aidés par une trêve tarifaire conclue en milieu de mois entre les États-Unis et la Chine.
Les marchés obligataires ont connu un mois plus calme. Les rendements des bons du Trésor américain ont baissé, car les inquiétudes sur la croissance ont refait surface après une baisse de 0,2 % du PIB au premier trimestre. Malgré ce ralentissement, les investisseurs ne se sont pas rués sur les obligations à long terme, ce qui témoigne d’une prudence persistante.
En Europe, la BCE a maintenu ses taux inchangés à 2,25 %, mais a laissé entrevoir de nouvelles baisses si l’inflation continue de ralentir. Au Royaume-Uni, la baisse du taux directeur de la Banque d’Angleterre à 5,0 % a fait reculer les rendements des gilts, même si l’inflation a légèrement augmenté pour atteindre 3,5 % en avril.
Les matières premières ont connu un mois globalement stable. L’or a progressé de 1,6 %, grâce à des investisseurs qui recherchent des valeurs refuges dans un marché nerveux. Les prix du pétrole sont restés stables, soutenus par une demande solide et des inquiétudes liées à l’offre, tandis que le gaz naturel a légèrement reculé.
Le dollar américain s’est légèrement affaibli en mai, la livre sterling progressant de 1,35 % grâce à la baisse des taux de la BoE. L’euro a également enregistré quelques gains, aidé par les allusions de la BCE à des baisses de taux et à un ralentissement de l’inflation.
Le mois de mai a été favorable aux actions, grâce à de meilleures données de croissance et à une trêve dans les tensions commerciales. Les obligations sont restées stables et les matières premières ont également trouvé un certain équilibre.
Dans ce contexte, les portefeuilles multi-actifs, tels que mesurés par notre indice PWI+, ont affiché des performances remarquablement régulières. Les portefeuilles les plus agressifs ont naturellement bénéficié de la performance des actions. De plus, les mandats libellés en USD ont été favorisés par la faiblesse du dollar, qui a profité à leurs expositions internationales. Le risque s’est quelque peu normalisé, pour se situer légèrement en dessous de l’objectif après une période d’extrême volatilité.
Les valorisations restant élevées et l’inflation n’étant pas totalement maîtrisée, il est prudent de rester vigilant. L’été pourrait réserver d’autres surprises, notamment avec les banques centrales qui laissent entrevoir de futures baisses de taux et les tensions géopolitiques qui continuent de couver.
Eric Bissonnier
Performance Watcher
Eric Bissonnier est CEO de Performance Watcher depuis juin 2022. Il a commencé sa carrière en 1992 pour Chase Manhattan Private Bank à Genève et New York. En 1998, il s’est joint à la société de multi-gestion alternative EIM dont il est devenu CIO en 2002. Il est resté en poste chez Gottex et LumX Asset Management, sociétés qui ont succédé à EIM, jusqu’en 2019. Il a joué un rôle déterminant dans le développement de la fintech LumRisk, une spinoff d’EIM spécialisée dans la gestion des risques. Eric possède la certification CFA et il est titulaire d’un Mastère en économie obtenu à l’Université de Genève.
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Cyrille Urfer dirige la stratégie d’investissement de Forum Finance, le gestionnaire genevois dont il est devenu associé en avril. Son rôle a profondément évolué au fil du temps. Il revient ici sur cette transformation, tant de ses fonctions que des outils désormais à sa disposition pour les exercer pleinement.
Par Jérôme Sicard
Comment le rôle de CIO a-t-il évolué ces dix dernières années dans l’univers de la gestion de fortune ?
Il s’est beaucoup élargi, à mesure que les attentes des clients se sont affinées et que les marchés se sont complexifiés. Par ailleurs, il ne se contente plus de produire de la recherche au cœur du processus d’investissement. Il est devenu aussi un acteur clé dans le pilotage des risques, dans la relation client et dans le développement stratégique de l’entreprise.
Je voudrais insister sur les risques. En 2022, le retour brutal de l’inflation et la hausse des taux d’intérêt, conjugués à une montée des risques géopolitiques, ont mis en lumière l’importance d’une lecture élargie du risque, bien au-delà des seules métriques financières traditionnelles. Volatilité, perte maximale, scénarios extrêmes, mais aussi risques climatiques ou de liquidité sur les marchés privés – le CIO doit aujourd’hui intégrer tous ces éléments dans sa grille d’analyse.
Comment s’est transformé votre boîte à outils ?
Si le rôle du CIO s’est considérablement élargi, sa boîte à outils s’est elle-aussi agrandie à grande vitesse. Et c’est une transformation qui ne se limite pas à l’arsenal technique ou quantitatif. Elle touche aussi à des dimensions plus subtiles, comme la gestion émotionnelle des clients ou la capacité à naviguer dans un univers de plus en plus vaste – et parfois saturé – d’opportunités d’investissement.
Aujourd’hui, la gestion des risques ne se limite plus aux risques de marché ou de taux. Il faut aussi composer avec des problématiques de liquidité, de gestion des cash flows, et même avec l’état émotionnel des clients dans des phases de marché complexes. La volatilité ne se mesure plus uniquement dans les chiffres, mais aussi dans les réactions des clients face à l’incertitude.
À cela s’ajoute l’explosion de l’univers d’investissement. Ce n’est plus seulement une diversification par classes d’actifs, mais une multiplication des produits au sein même de chaque classe. Dans le private equity, par exemple, sous l’appellation générique, on trouve une diversité immense de stratégies, de risques, de structures, qui demandent une expertise pointue et un vrai travail de sélection.
La boîte à outils du CIO n’a donc jamais été aussi riche – mais elle exige une rigueur accrue dans son usage. La granularité des produits, leur finesse, leur liquidité parfois relative, permettent aujourd’hui de construire des portefeuilles d’une qualité que nous ne pouvions pas envisager voilà encore vingt ans. Mais disposer de tous ces leviers ne signifie pas forcément qu’il faut tous les actionner. Il faut savoir hiérarchiser, arbitrer et parfois renoncer car toutes stratégies obéissent aussi à leurs propres cycles.
Le modèle 60/40 est-il devenu obsolète ou mérite-t-il simplement d’être repensé ?
Non, on ne peut pas dire qu’il soit obsolète. Le 60/40 reste un bon point de départ. Il a le mérite d’être simple, compréhensible par tous, facile à mettre en œuvre, et surtout peu coûteux. Bien sûr, ce n’est pas une allocation véritablement diversifiée dans la mesure où, l’écrasante majorité du risque reste concentré sur les actions.
Les fonds de dotation des universités américaines ont progressivement abandonné ce modèle au profit d’allocations plus complexes. Beaucoup ont adopté une répartition 70/30, en réallouant une partie du portefeuille vers des actifs illiquides. L’exemple emblématique est celui de Yale, qui a connu un certain succès sur le long terme – sur 20 ou 25 ans, leurs résultats sont indéniablement solides.
Mais si l’on regarde les performances plus récentes, c’est moins évident. Après avoir repris les allocations historiques du fonds de dotation de Yale entre 2016 et 2020, calculé une moyenne, puis simulé leur évolution dans le temps avec des poids fixes, le résultat : sur 10 à 15 ans donne une performance comparable à celle d’un portefeuille 70/30 – sans même tenir compte des frais ni de la complexité de mise en œuvre du modèle de Yale.
Et sur des périodes plus courtes, notamment entre 2020 et 2022, le 60/40 a été plus performant. Sur les deux dernières années à fin décembre 2024, le portefeuille 60/40 affiche une performance cumulée de 36.0%, contre seulement 12.9% pour notre réplication du modèle de Yale.
Tout cela montre que la réponse n’est pas si tranchée. Le 60/40 n’est pas parfait, mais il reste redoutablement efficace, surtout lorsque l’on prend en compte sa simplicité et ses coûts moindres.
Comment avez-vous redéfini vos modèles de diversification chez Forum Finance ?
Beaucoup d’investisseurs s’inspirent du modèle Yale mais, dans les faits, il ne change pas fondamentalement la nature du risque. On ne fait que remplacer les actions côtées par des actions privées. En retour, on peut espérer capter une prime d’illiquidité de 200 à 300 points de base, mais cela ne constitue pas une véritable diversification.
Si l’objectif est réellement de diversifier, il faut alors penser en termes d’allocation au risque, et non en simple répartition du capital. C’est d’ailleurs la philosophie des stratégies de type risk parity, comme celles développées par Bridgewater, Man Group ou d’autres. Ces approches vont plus loin : elles intègrent une dimension macroéconomique en tenant compte des différents régimes d’inflation et de croissance.
Résultat : on obtient un portefeuille bien plus équilibré, capable de mieux résister à des contextes économiques variés. Pour compenser la moindre volatilité naturelle de certains actifs comme les obligations, ces stratégies utilisent du levier, de manière contrôlée, afin d’amener l’ensemble du portefeuille à un niveau de risque cible – souvent autour de 10 %, ce qui correspond à la volatilité historique d’un portefeuille 60/40.
C’est une construction élégante, cohérente sur le papier. Mais il faut être lucide : ce type de modèle ne fonctionne pas toujours, notamment dans des périodes extrêmes où toutes les classes d’actifs corrigent en même temps.
Quels leviers vous semblent les plus efficaces pour optimiser le couple rendement/risque ?
Il faut d’abord rappeler une chose essentielle : nos clients ne paient pas leurs factures en « ratio de Sharpe », mais en francs suisses, en euros ou en dollars. Autrement dit, l’objectif n’est pas uniquement d’optimiser une formule académique, mais bien d’obtenir des performances tangibles, dans une enveloppe de risque acceptable.
C’est aussi pour cela que nous aimons travailler avec des enveloppes de volatilité élevée. Si l’on regarde uniquement le ratio de Sharpe, certaines stratégies – comme la réplication du modèle Yale – ressortent très bien. Mais en termes de performance brute, elles peuvent décevoir.
La clé, c’est de bien comprendre les clients et la manière dont ils perçoivent leur portefeuille. Ce n’est pas forcément dans les années de fortes baisses, comme 2022, que les discussions sont les plus difficiles. Ce genre d’environnement est brutal, mais compréhensible. Les clients acceptent plus facilement une perte dans un contexte globalement négatif.
En revanche, les années comme 2023 ou 2024 sont bien plus complexes. Les marchés montent, certaines valeurs explosent — Nvidia, par exemple, progresse respectivement de 239% en 2023 et 177% en 2024 — tandis que les portefeuilles « équilibrés » et diversifiés, paraissent à la traîne. Là, la frustration de certains clients est importante, car ils ont l’impression de ne pas participer à ce succès.
Or, historiquement, la gestion de fortune suisse a été marquée par une forte culture de préservation du capital. Mais dans un environnement où certaines classes d’actifs affichent des hausses annuelles substantielles de plus de 30%, les investisseurs veulent en profiter. Trouver le bon dosage entre protection et participation reste donc l’un des défis majeurs pour optimiser le couple rendement/risque.
Comment rester discipliné dans des marchés qui réagissent en ce moment plus aux flux qu’aux fondamentaux ?
Nous avons mis en place un processus très structuré, qui permet de prendre des risques, tout en les maîtrisant.
Concrètement, nous nous appuyons sur cinq grands piliers d’analyse. En fonction de leur orientation, nous ajustons notre allocation en actions : lorsque tous les voyants sont au vert, nous pouvons monter jusqu’à 65 % d’actions. À l’inverse, si tous les signaux sont au rouge, nous réduisons jusqu’à un minimum de 25 %.
Ces cinq piliers incluent la conjoncture macroéconomique, la politique monétaire, les valorisations, la dynamique de marché et le sentiment des investisseurs. Les trois premiers relèvent des fondamentaux, les deux derniers sont davantage dictés par le comportement de marché.
Quelle est la « signature » de Forum Finance en matière de gestion ?
Comme beaucoup de gérants indépendants, notre ADN, c’est d’abord l’indépendance. Nous ne commercialisons pas de produits maison, à l’exception d’un fonds balancé qui réplique notre portefeuille modèle, en un peu plus diversifié. Ce véhicule est surtout destiné aux clients qui recherchent un investissement global unique facile à mettre en œuvre reflétant notre politique de gestion.
Cette indépendance se reflète également dans notre approche de gestion : nous construisons des portefeuilles basés sur des convictions fortes, avec un souci constant de lisibilité. C’est un point essentiel pour moi. Un portefeuille lisible, c’est un portefeuille que l’on peut expliquer clairement aux clients — ce qui améliore la transparence et la qualité des échanges.
Nous préférons éviter une construction en millefeuille. Avoir plusieurs fonds qui, au final, reproduisent la même exposition sous des étiquettes différentes, n’apporte rien. Cela donne une illusion de diversification, sans réelle valeur ajoutée.
Aujourd’hui, notre portefeuille modèle ne compte qu’une vingtaine de lignes, contre parfois plus d’une trentaine auparavant. Cette simplification est voulue : elle permet de mieux exprimer nos choix, tout en assurant une cohérence entre ce que nous faisons et ce que nous disons — aussi bien en interne qu’envers nos clients. Nous avons délibérément fait le choix d’une gestion de conviction orientée sur le long-terme avec la flexibilité d’ajuster nos allocations quand les circonstances le demandent. En tant que CIO, je me fais un devoir d’incarner la stratégie de Forum Finance d’une manière claire, transparente et compréhensible.
Cyrille Urfer
Forum Finance
Cyrille Urfer occupe le poste de directeur des investissements chez Forum Finance depuis juin 2023 et il en est devenu associé en avril 2025. Sa carrière l’a mené auparavant chez Unigestion, à la Banque Gonet, à l’Abu Dhabi Investment Council de 2008 à 2011 et chez Lombard Odier. Cyrille est titulaire d’un Master of Business Administration de l’International Institute for Management Development (IMD). Il est également analyste financier agréé (CFA) et membre du CFA Institute. Il est titulaire enfin du titre de Certified European Financial Analyst décerné par la Fédération européenne des associations d’analystes financiers.
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Le mois d’avril a été marqué par une grande incertitude concernant la politique commerciale des États-Unis, ce qui a provoqué une forte volatilité dans toutes les classes d’actifs. Dans les portefeuilles low risk, en CHF le budget risque s’élève à plus de 12% !
L’annonce inattendue par le président Trump de droits de douane punitifs de grande ampleur a entraîné une forte baisse des actions mondiales et fait grimper le VIX à son niveau le plus élevé depuis la pandémie. Toutefois, des revirements partiels, tels qu’un report de 90 jours de certains droits de douane et un assouplissement du ton de l’administration américaine, en particulier à l’égard de la Chine, ont favorisé une reprise des actifs à risque vers la fin du mois. Quoiqu’il en soi, les perspectives restent assombries par l’imprévisibilité persistante de la politique américaine et le risque de nouvelles tensions commerciales.
Malgré tous les superlatifs utilisés pendant ce mois, un historien économique du futur se retournant sur les chiffres de performance ne verra pas grand-chose. Pour autant, l’impression de changement de paradigme économique mondial est sur toutes les lèvres, et conditionne discussions et décisions.
Les marchés actions ont finis en légère baisse en devise locale (entre 0 et -1% sauf pour le Japon + 0.4%), ce qui cache bien sûr une volatilité extrême. De même les indices obligataires finissent en hausse alors que la tension sur les taux fut bien réelle, surtout aux Etats-Unis. C’est aux marchés obligataires qu’on attribue la pause annoncée dans l’application des droits de douanes punitifs, peut-être le contre-pouvoir le plus puissant qui ne sorte pas des urnes…
Avec des performances en demi-teinte sur les actifs eux-mêmes, l’impact le plus important l’a finalement été sur les devises, avec un dollar en baisse de -5,5 % contre l’euro et -6,5 % contre le franc suisse. Cela explique largement les différences de performance visibles via les indices PWI+ entre devises de référence. Pour les portefeuilles de risque moyen, en avril, l’USD est à +0,5 %, l’EUR à -1,1 % et le CHF à -1,6 %, reflétant l’exposition en devises non couvertes des portefeuilles.
Nous n’insisterons jamais assez sur l’importance d’avoir des données journalières pour évaluer correctement le risque réalisé. Alors que la performance du mois ne représente clairement pas le chemin pris par les portefeuilles en avril – le CHF risque moyen était à -6% dans la première semaine- notre mesure de risque PWI+ montre bien ce qu’il s’est passé vraiment. Les volatilités réalisées se situent entre 18% et 20% annualisés (!) pour les portefeuilles risque moyen, profils équilibrés s’il en est. Jusqu’ici ces observations étaient entre 5% et 7%.
Depuis le début de l’année, les performances sont généralement négatives, à l’exception notable du portefeuille USD risque faible, qui a bénéficié de marchés obligataires finalement peu affectés, et surtout de la baisse généralisée du dollar.
Eric Bissonnier
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Eric Bissonnier est CEO de Performance Watcher depuis juin 2022. Il a commencé sa carrière en 1992 pour Chase Manhattan Private Bank à Genève et New York. En 1998, il s’est joint à la société de multi-gestion alternative EIM dont il est devenu CIO en 2002. Il est resté en poste chez Gottex et LumX Asset Management, sociétés qui ont succédé à EIM, jusqu’en 2019. Il a joué un rôle déterminant dans le développement de la fintech LumRisk, une spinoff d’EIM spécialisée dans la gestion des risques. Eric possède la certification CFA et il est titulaire d’un Mastère en économie obtenu à l’Université de Genève.
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Cloud, connectivité, intelligence artificielle… Les PMS entrent eux-aussi dans leur ère NextGen, avec une capacité accrue à faciliter le quotidien des gérants et à rendre leurs opérations plus fluides. Sener Arslan en présente ici le potentiel.
Par Jérôme Sicard
Quels changements majeurs avez-vous observés dans la manière dont fonctionnent les GFI ces dernières années ?
Le secteur suisse des gérants indépendants a connu une transformation profonde ces dernières années, sous l’effet des changements réglementaires, de l’augmentation des coûts de conformité et de l’accélération de la numérisation. Certains acteurs, plus modestes, ont peut-être rencontré des difficultés d’adaptation, mais les GFI bien capitalisés ont élargi leur empreinte au travers d’acquisitions ou de développement à l’international, et le paysage concurrentiel s’en voit ainsi redéfini.
Un mouvement de fond, en particulier chez les gérants de plus grande taille, est la focalisation accrue sur des connexions souples et performantes avec différentes banques dépositaires, intégrant des flux de données et des capacités de trader en direct. Cela permet de gérer de manière centralisée et agile des portefeuilles clients répartis sur plusieurs banques, avec une réactivité accrue face aux besoins individuels.
Concernant les actifs illiquides tels que le capital-investissement ou l’immobilier, les GFI se tournent de plus en plus vers des PMS modernes qui assurent un suivi, un reporting et une intégration sans rupture, en complément des investissements traditionnels. La connexion fluide à des systèmes tiers –pour les contrôles des PEP, la préparation automatisée des données ou le monitoring de la conformité – est aujourd’hui indispensable quand il s’agit d’optimiser les processus et de se plier aux exigences réglementaires.
Les points de contact numériques prennent également une place centrale, car les clients veulent davantage de transparence et des interactions sans friction. Les PMS de dernière génération permettent un reporting consolidé multi-dépositaires et multi-juridictions. Ils offrent aux clients une vision globale de leur patrimoine, et aux conseillers des moyens d’interagir en continu, avec des visualisations dynamiques de portefeuilles, des analyses personnalisées et un accès mobile aux données. Cela renforce durablement la fidélisation et la qualité du service.
À votre avis, quelles sont les fonctions secondaires sur lesquelles les EAM perdent le plus de temps ?
Dans mes échanges avec des gérants suisses, je constate souvent des inefficacités dans des activités qui ne relèvent pas du cœur de métier, mais qui leur prennent du temps et des ressources. Ils citent le plus souvent la consolidation et le rapprochement manuels des données, la documentation réglementaire, le contrôle de conformité, le reporting client et les processus de back-office.
En matière de consolidation et de reporting, la saisie, l’harmonisation et le rapprochement manuels des données en provenance de banques ou de plateformes fait perdre beaucoup en efficacité. L’intégration des actifs illiquides, dont les données sont souvent issues de sources externes, accroît encore la complexité et sollicite trop de ressources. L’automatisation de ce processus permettrait de gagner en efficacité et de réallouer ces ressources à des tâches plus stratégiques. Ces dysfonctionnements ont un impact tangible sur les marges et l’efficacité opérationnelle, dans un contexte déjà tendu où la pression sur les revenus reste forte.
Quelles sont, selon vous, les clés pour maximiser leur efficacité ?
Les sociétés les plus performantes s’appuient sur plusieurs leviers essentiels pour optimiser leur efficacité tout en offrant un service client de haut niveau. Parmi ces leviers figurent la standardisation des processus, une intégration complète des données, l’interaction numérique avec les clients et une supervision automatisée de la conformité.
Les EAM les plus efficaces privilégient l’intégration des données à travers des systèmes capables d’offrir une vue à 360° du patrimoine client, tous établissements confondus. Cela inclut l’intégration des données issues d’actifs illiquides tels que le private equity et l’immobilier, ce qui permet aux relationship managers de se concentrer sur la planification stratégique et la relation client plutôt que sur des tâches manuelles.
Grâce à l’adoption de ces stratégies, les EAM peuvent à la fois améliorer leurs opérations, augmenter la satisfaction client et se positionner pour une croissance durable dans un environnement de plus en plus concurrentiel. Chez Qplix, nous accompagnons les entreprises dans la mise en œuvre de ces solutions pour qu’elles puissent exploiter pleinement leur potentiel.
Dans quels domaines un système de gestion de portefeuille peut-il leur apporter le plus de valeur aujourd’hui ?
Un PMS performant peut apporter un avantage décisif aux gérants indépendants en résolvant leurs principaux défis opérationnels et en renforçant leur capacité à servir au mieux leurs clients.
La consolidation des données multi-dépositaires est l’un des domaines où le PMS offre aujourd’hui le plus de valeur. Il permet d’agréger les données de plusieurs banques dépositaires dans une vue unifiée des portefeuilles clients – un atout majeur dans un pays comme la Suisse, où les relations multibanques sont courantes. De plus, un bon PMS intègre aussi les données d’actifs illiquides, souvent non déposés, afin d’offrir une vision exhaustive du patrimoine.
D’autres apports clés résident dans l’automatisation des processus manuels, la gestion de la conformité, l’amélioration du reporting client, l’engagement digital et la capacité de montée en charge. Un PMS permet de standardiser les processus dans les domaines de la compliance, de la gestion de portefeuille et de l’exécution des ordres. Des workflows intelligents garantissent la cohérence, tout en préservant la flexibilité indispensable à un service personnalisé.
Quelles tendances ou innovations façonnent actuellement l’avenir des PMS ?
L’avenir des PMS est fortement influencé par l’intelligence artificielle, l’automatisation et les technologies cloud. Les PMS modernes automatisent l’analyse des données, le monitoring de la conformité et l’ajustement des portefeuilles. De cette façon, ils améliorent à la fois l’efficacité opérationnelle et la qualité des décisions.
Les solutions cloud offrent évolutivité, sécurité et accès distant, tandis que les interfaces intuitives, les fonctions en libre-service et les applications mobiles enrichissent l’expérience utilisateur.
L’intégration de critères de durabilité et de stratégies d’investissement responsables devient également incontournable, tout comme la connectivité aux systèmes tiers pour le reporting et la conformité. Parallèlement, les exigences en matière de cybersécurité et de protection des données s’intensifient, afin de garantir la confidentialité des données clients.
Les gérants qui adoptent activement ces innovations technologiques ne renforcent pas seulement leur structure. Ils s’assurent aussi un positionnement plus fort sur le marché de la gestion de fortune.
Sener Arslan
QPLIX
Sener Arslan est Directeur Suisse chez Qplix, en charge du développement commercial sur ce marché. Son domaine d’expertise se concentre sur les gestionnaires de patrimoine, les family offices et les banques. Il a commencé sa carrière en tant que gestionnaire d’actifs chez UBS. Après une expérience dans le conseil en entreprise et la création de sa propre société de gestion, il a pris en charge le développement commercial et la distribution mondiale d’Expersoft. Avant de rejoindre Qplix, Arslan était Group COO de Taurus Wealth à Singapour, Dubaï et en Suisse. Il est titulaire d’un Bachelor of Science en banque et il détient la certification CFA.
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En 2011, Forum Finance, Boccard et Partenaires et Avalor se sont regroupés pour fonder TriLake à Singapour, avec une ambition claire : capitaliser sur leur savoir-faire en matière de gestion de fortune pour le déployer en Asie, dans une région en forte croissance. Aujourd’hui encore, comme l’explique Lucie Hulme, le marché est en pleine expansion.
Par Jérôme Sicard
Quelles étaient les ambitions stratégiques de Forum Finance, Boccard et Partenaires et Avalor Investment lorque TriLake a été créé?
Lorsque nous avons fondé TriLake à Singapour en 2011, le concept de gestion de fortune indépendante y était encore très peu développé. Contrairement à la Suisse, où ce modèle était déjà bien ancré, la majorité des clients asiatiques avaient pour référence des institutions bancaires traditionnelles, avec une approche souvent plus transactionnelle, moins axée sur un conseil véritablement indépendant.
Nous étions toutefois convaincus que ce modèle allait prendre de l’ampleur dans la région, avec une demande croissante des investisseurs pour davantage de transparence et de proximité dans la gestion de leur patrimoine. C’est cette conviction qui nous a poussés à nous positionner tôt sur le marché, pour être présents dès les premières phases de cette évolution.
Dès le début de l’aventure, l’ambition stratégique de TriLake a été claire : capitaliser sur notre savoir-faire suisse en matière de gestion d’actifs pour le déployer en Asie, un marché en pleine croissance. Nous avons cherché à établir un pont entre deux mondes : la tradition de la gestion de fortune Suisse et les opportunités uniques offertes par les marchés asiatiques.
Notre objectif n’était pas simplement d’exporter un modèle existant, mais de le refondre de manière intelligente et ciblée. Nous avons ainsi affiné notre approche, en l’adaptant aux demandes de la clientèle locale tout en conservant l’essence même de ce qui fait la force de la gestion suisse : la vision long terme, l’approche personnalisée, l’indépendance dans les décisions d’investissement, et la recherche systématique de performance.
Comment se positionne TriLake aujourd’hui sur le marché asiatique de la gestion de fortune ?
TriLake est aujourd’hui un gérant établi et reconnu à Singapour. La société est présente dans la région depuis bientôt quinze ans, et l’équipe dispose d’une connaissance approfondie du marché ainsi que des exigences de la place financière.
Au fil des années, nous avons construit un écosystème solide, en nous entourant de partenaires de confiance, où figurent une large sélection de banques dépositaires, d’intermédiaires financiers et de prestataires spécialisés.
Nos clients recherchent avant tout un allié capable de conjuguer expertise locale et vision globale. C’est cette combinaison unique qui fait la force de TriLake.
Quelles grandes différences observez-vous entre les attentes des clients asiatiques et celles des clients européens ou suisses ?
Nous distinguons généralement deux types de clientèle, dont les attentes diffèrent sensiblement selon leur origine géographique et leur niveau de familiarité avec le modèle de gestion indépendante.
Le premier groupe est constitué de clients internationaux – notamment européens ou suisses – qui ne résident pas en Asie, mais qui choisissent TriLake pour différentes raisons. Certains recherchent une diversification géographique de leurs actifs, d’autres souhaitent bénéficier d’un accès privilégié aux opportunités offertes par les marchés asiatiques, particulièrement dynamiques. Ces clients sont généralement déjà familiers avec le modèle de gestion indépendante. Ils attachent une grande importance à la qualité du conseil, à la personnalisation de la relation, ainsi qu’à une gestion structurée, de long terme.
Le second groupe comprend des clients domiciliés en Asie. Pour bon nombre d’entre eux, le concept de gestion indépendante est encore relativement nouveau. Historiquement, ils ont été davantage exposés à des institutions bancaires où la relation client est souvent orientée vers des produits ou des transactions ponctuelles. De ce fait, ils sont souvent moins habitués à payer pour un conseil en investissement, et ils adoptent une approche plus transactionnelle. Il est donc nécessaire de démontrer la valeur ajoutée d’un accompagnement indépendant, sur mesure, et véritablement aligné sur leurs intérêts.
Comment comparez-vous ces deux grands marchés de la gestion de fortune que sont la Suisse et Singapour?
Je pense que les marchés de la gestion de fortune en Suisse et à Singapour, bien qu’étant des centres financiers majeurs, demeurent encore assez différents, et ce à plusieurs niveaux. En Suisse, la gestion de fortune indépendante est profondément ancrée, et très mature. À Singapour, bien que le marché ait connu une croissance spectaculaire ces dernières années, notamment avec l’émergence de nombreux family offices, le nombre de gérants indépendants reste encore relativement faible par rapport à la Suisse. A Singapour, le secteur reste dominé par les institutions bancaires. Cependant, cela est en train de changer. Nous observons un intérêt croissant pour des solutions plus personnalisées et indépendantes, en particulier auprès de clients privés recherchant davantage de flexibilité et de transparence.
Sur quels éléments repose le succès d’un gérant indépendant établi à Singapour?
Il repose sur plusieurs éléments clés. Tout d’abord, il est essentiel de savoir s’adapter aux spécificités et aux attentes de la clientèle asiatique tout en maintenant une cohérence avec sa propre stratégie d’investissement.
Cela implique non seulement une expertise en gestion d’actifs, mais aussi une réelle capacité à s’adapter à l’environnement local.
De plus, le cadre réglementaire de Singapour est particulièrement rigoureux. S’il peut représenter un défi pour les gérants indépendants, il n’en constitue pas moins un atout, car il offre une stabilité et une transparence qui rassurent les clients. Il est donc impératif pour un gérant indépendant de maîtriser les exigences en termes de compliance. Disposer d’une équipe solide et compétente, avec une connaissance accrue de la règlementation locale, semble à mon sens indispensable pour naviguer avec succès dans cet environnement.
Quelles opportunités voyez-vous pour les gérants suisses qui aimeraient s’établir en Asie, si c’est encore possible?
Oui, les gérants suisses qui souhaitent s’établir en Asie bénéficient encore de réelles opportunités, pour plusieurs raisons.
Tout d’abord, il y a une demande croissante de la part des clients européens à la recherche de solutions pour diversifier leur portefeuille. L’Asie, et Singapour en particulier, s’impose comme un choix privilégié pour ces clients fortunés qui souhaitent soit exposer une partie de leurs actifs à des marchés à forte croissance, soit répartir certains éléments de leur fortune dans des juridictions variées, de qualité.
L’acquisition de clients en Asie représente une autre dimension importante pour les gérants suisses. La région est dynamique, avec une demande croissante pour des services de gestion de fortune. Ce marché offre de nombreuses opportunités à ceux qui savent s’y adapter.
Il peut être alors judicieux de réfléchir à des partenariats stratégiques avec des acteurs déjà établis à Singapour, plutôt que de créer une nouvelle entité à partir de zéro. En collaborant avec des partenaires locaux disposant d’une expertise et d’un réseau déjà bien implanté, il est possible de réduire les risques et d’accélérer l’intégration sur ce marché.
Comment envisagez-vous vos propres développements pour ces prochaines années ?
Nous envisageons plusieurs axes stratégiques, comme justement des partenariats avec des sociétés qui souhaitent s’implanter en Asie ou qui ont des clients cherchant à diversifier leur patrimoine.
Nous continuerons également à forger notre réseau au sein de la région, avec l’objectif de renforcer encore notre présence sur des marchés stratégiques. À titre d’exemple, nous avons ouvert un bureau de représentation en Thaïlande en 2023, ce qui marque une étape importante dans notre développement.
Parallèlement à ces initiatives, nous continuerons à promouvoir activement les bienfaits de la gestion indépendante ainsi que de l’investissement à long terme.
Dans un environnement souvent dominé par des dynamiques de court terme, nous restons convaincus que la création de valeur durable repose sur la patience, la discipline et la clarté de la vision stratégique.
Lucie Hulme
TriLake Partners
Lucie Hulme est la CEO de TriLake Partners, et fait partie de l’équipe fondatrice depuis sa création en 2011. Elle possède plus de 20 ans d’expérience dans la gestion de fortune indépendante et la banque privée, en Suisse et à Singapour. Lucie a été présidente de l’Association of Independent Wealth Managers à Singapour, et a siégé au sein de son comité pendant neuf ans. Elle joue un rôle actif dans le secteur de la gestion de fortune indépendante à Singapour et collabore étroitement avec diverses institutions, universités, afin de promouvoir cette industrie en Asie.
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Les indices Performance Watcher sur trois mois et trois ans
Avant que Donald Trump ne cadenasse les États-Unis à double tour – et que les marchés n’en accusent le coup – le premier trimestre 2025 s’est révélé plutôt favorable pour les portefeuilles en euros et en francs suisses, moins exposés à la tech américaine. Jean-Sylvain Perrig décrypte ce début d’année, tout en dressant le bilan des performances de la gestion privée sur trois ans.
Le premier trimestre 2025 a marqué un changement de tendance. L’enthousiasme qui a suivi l’élection de Donald Trump en novembre 24 a fini par s’évaporer. Les Etats-Unis qui, jusqu’alors étaient une source de stabilité, sont devenus une source d’instabilité. La panique financière liée à l’annonce de tarifs douaniers tous azimuts par le président Trump n’a pas impacté les performances du premier trimestre puisque le « Liberation Day » est tombé le 2 avril. Depuis, les marchés ont bel et bien dévissé, ce qui se verra dans les performances semestrielles.
Cependant, les marchés avaient déjà anticipé un changement de régime durant le premier trimestre. Les premiers contours de la politique mercantiliste de l’administration Trump sont apparus en mars. Les Américains se sont engagés dans un processus de démontage de l’ordre international qu’ils avaient eux-mêmes mis en place. Le manque d’égard du président américain pour l’Etat de droit impacte la confiance des investisseurs et augmente les primes de risque. Dans le même temps l’administration veut réduire la dépense gouvernementale. Celle-ci avait permis à la consommation privée de se maintenir à un niveau élevé. La croissance américaine devrait donc fortement ralentir, ce qui va impacter la croissance mondiale. il ne fait aucun doute que les anticipations bénéficiaires devront être revues significativement à la baisse pour 2025 et 2026.
Les performances du 1er trimestre 2025 ainsi que celles des trois dernières années sont analysées ci-dessous à travers l’indice PWI+ de Performance Watcher, un indice net de frais spécialement conçu pour refléter le marché de la gestion privée. Le défi de tout gérant de portefeuille consiste à optimiser le couple rendement-risque. Dans le contexte de turbulences actuelles, ceux qui auront bâti des portefeuilles robustes et bien diversifiés devraient parvenir à limiter les pertes, puis à participer de manière satisfaisante à la reprise lorsqu’elle surviendra. Une analyse de la volatilité sera présentée au prochain trimestre.
Analyse 1er trimestre 2025
Comptes en Euro
Les marchés actions européens ont fini le Q1 dans le vert, avec l’Euro Stoxx 600 à +5.8%. Le marché obligataire a souffert de la remontée des taux longs, à la suite du virage budgétaire allemand (BB Euro Agg -0.3%). De manière étonnante, ce sont les comptes les plus risqués – l’indice PWI+ high risk – qui ont le plus souffert, en perdant 1.9% sur les trois premiers mois de l’année. Cela s’explique probablement par une exposition importante aux actions américaines et au billet vert. Les profils PWI+ low et mid risk ont marginalement perdu : -0.3% et -0.4% respectivement.
Comptes dollar
Le 1er trimestre fut difficile. La situation est inversée par rapport aux portefeuilles en Euro. Le marché obligataire Américain était positif, avec le BB US Aggregate à +2.92%, mais le SP500 marquait déjà une baisse de -5.27% à fin mars, avant le crash qui a suivi le « Liberation Day ». Ainsi seuls les profils PWI+ Low Risk terminent en positif à +0.7%, alors que les profils PWI+ Mid et High Risk ont cédé -1.3% et -2.5%.
Comptes CHF
Une fois n’est pas coutume, il était plus aisé d’obtenir des rendements positifs en CHF au 1er trimestre 2025, même si les obligations suisses ont souffert : le Swiss Bond Index termine à -1.30%. Le marché suisse des actions s’est particulièrement bien comporté avec une hausse de +8.26% pour le SPI. On aurait pu s’attendre à un grand écart entre les profils PWI+ Low et High Risk, mais il n’en est rien, puisque les performances sont de +0.3% et +0.1%. Les comptes Low Risk ont probablement une plus forte pondération en CHF, moins de dollars et surtout moins d’actions américaines dans les allocations. Ce sont les comptes PWI+ Mid Risk qui dégagent marginalement les meilleures performances, puisque l’indice finit le trimestre à +0.7%.
Analyse sur 3 ans
Trois mois, voire une année, sont des périodes trop courtes pour juger de la qualité de la gestion. Il faut au minimum trois ans. Les chiffres ci-dessous se rapportent à la période du 31 mars 2022 au 31 mars 2025. On y trouve deux années où le risque a été rémunéré, 2023 et 2024 et neuf mois, en 2022, où les taux d’intérêt se sont normalisés, faisant plonger les performances des obligations et des actions. De nombreux fonds d’allocation d’actifs, particulièrement pour les profils les moins risqués, demeurent en perte sur la période. Qu’en est-il pour les portefeuilles de clients privés ?
Comptes en Euro
Le Stoxx 600 a progressé de +29.68% sur cette période. Les portefeuilles ont en profité, l’indice PWI+ Mid Risk affiche une performance à +4.7% soit + 1.54 % annualisé, malgré la piètre performance des obligations, puisque l’indice Europe BB Aggregate EUR a perdu -5.41% ces trois dernières années. Les profils PWI+ High Risk progressent de +5.8% ou +1.9% annualisé. L’indice PWI+ Low Risk a un rendement positif de 2.9%. Les gérants ont su s’adapter et ont probablement évité d’acheter des obligations lorsque les taux étaient à zéro ou négatifs.
Comptes en USD
Sur la période, le S&P 500 a grimpé de +29,66 % dividendes inclus, tandis que les obligations ont faiblement progressé à l’image du US BB Aggregate Index +1,56 %. Les comptes PWI+ Low et High Risk ont tous deux enregistré une performance de +5,6 %. Le profil PWI+ Mid Risk, affiche un résultat plus élevé, à +6,1 %. À noter qu’à la fin de l’année 2022, les portefeuilles avaient perdu plus de 10 %.. Comme pour les comptes en EUR, la bonne tenue des marchés en 2023 et 2024 a permis d’effacer l’ensemble des pertes.
Comptes en CHF
En CHF, le marché suisse des actions est celui qui a le moins performé sur la période avec une performance de +8.12% seulement (SPI), et le marché obligataire a gagné +4.37% (Swiss Bond Index). Dans ce laps de temps le CHF s’est renforcé contre l’Euro et le Dollar, il ne fait donc pas bon être un investisseur base CHF. Les performances des indices PWI+ Low, Mid et High Risk sont respectivement de -2.2%, -0.8% et +0,4%.
Conclusions
Les trois dernières années ont récompensé l’exposition aux actions. Malgré un début difficile en 2022, la forte reprise en 2023-2024 a permis aux portefeuilles dynamiques (PWI+ High Risk et Mid Risk) de dégager les meilleures performances, tandis que les profils majoritairement obligataires ont sous-performé dans l’ensemble.
À l’inverse, sur le 1er trimestre 2025, ce sont les portefeuilles les plus défensifs qui ont mieux résisté. La correction des marchés actions, amorcée fin mars, a durement touché les profils exposés aux actions, en particulier américaines, tandis que les obligations, du moins aux États-Unis, ont joué un rôle stabilisateur.
Sur le long terme, les actions demeurent la principale source de performance, mais dans un environnement incertain comme celui qui s’ouvre en 2025, la gestion du risque et des allocations devient essentielle.
Jean-Sylvain Perrig
Premyss
Jean-Sylvain Perrig est le londateur et CEO de Premyss, qui accompagne des gestionnaires indépendants et des family offices dans l’allocation d’actifs, la stratégie de portefeuille et l’analyse de marché. Jean-Sylvain a plus de 30 ans d’expérience dans la gestion d’actifs et le conseil stratégique. Il a occupé des fonctions dirigeantes dans des établissements bancaires suisses de premier plan notamment en tant que Chief Investment Officer. Il a également présidé la Swiss Financial Analysts Association (SFAA) dont le but est l’éducation financière des professionnels de l’investissement. Jean-Sylvain est titulaire d’un Master en gestion de l’entreprise de HEC Lausanne ainsi que de la certification fédérale d’analyste financier.
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