Balance
Jean-Sylvain Perrig
Premyss
Le modèle 60-40 tient bon dans des marchés toujours plus complexes
En quatre ans à peine, la plateforme Cinerius a déjà rassemblé une dizaine de sociétés de gestion indépendantes en Allemagne, en Autriche, en Suisse et au Liechtenstein. Joël Schüepp en explique ici la dynamique et décrypte au passage les ressorts d’un modèle pensé pour des entrepreneurs : large autonomie, leviers communs, accompagnement à la succession, marketing digital et structuration des fonctions clés.
Par Jérôme Sicard
Où en est Cinerius de ses développements à ce jour?
En l’espace de quatre ans, nous avons atteint les 15 milliards d’actifs sous gestion et, en termes d’AUM, nous sommes devenus la plus importante plateforme pour gérants indépendants sur la région DACH. Maintenant, nous ne comptons pas nous arrêter là. Nous venons tout juste de finaliser notre première transaction au Luxembourg, et de valider ainsi notre entrée sur un nouveau marché.
Notre force est d’avoir su articuler un modèle d’affaires destiné à des entrepreneurs. Nous laissons à nos partenaires – que nous considérons comme des hubs – une large autonomie, que ce soit en termes de branding, de relation client ou de gestion de portefeuille. En parallèle, nous mettons à leur disposition les différents services pensés et animés par Cinerius pour stimuler leur croissance et les aider à mieux se concentrer sur leurs clients.
Grâce à ce modèle, notre croissance nette annualisée s’est établie à 7% au premier semestre, sur la base de nos 15 milliards d’encours. Avec la dynamique des marchés et les acquisitions en cours, nous visons une croissance globale de 15 à 20 % d’ici fin 2025. Quant à la suite de nos développements, nous voulons continuer à croître par acquisitions mais nous voulons dans le même temps renforcer notre proposition de valeur, investir dans nos services, et soutenir ainsi une croissance plus organique.
Chez les gérants indépendants, à quoi ressemble votre partenaire idéal?
Nous nous concentrons sur des structures solides, qui ont démontré leur capacité à croître de manière organique. Notre priorité géographique reste claire : la région DACH et le Luxembourg. La clientèle doit d’ailleurs être majoritairement ancrée sur ces marchés. La gestion de fortune doit bien sûr constituer le coeur de l’activité. Il ne peut pas s’agir d’une ligne parmi d’autres, mais d’une vraie colonne vertébrale.
Mais plus que tout, c’est la dimension humaine qui compte. Le fit culturel ! Chez Cinerius, ce sont les personnes qui importent et la chimie doit opérer. La relation doit être naturelle, l’alignement réel, la confiance mutuelle. Il n’est pas nécessaire de cocher toutes les cases, mais nous restons exigeants dans nos choix.
Quels sont les principaux facteurs qui décident de discussions entre sociétés de gestion et Cinerius?
Quatre grandes raisons reviennent très régulièrement. C’est d’abord l’âge des fondateurs. Beaucoup sont encore très actifs, mais ils commencent forcément à réfléchir à la suite. Nous leur proposons donc un modèle de succession pensé pour des entrepreneurs comme eux, qui respecte leur rythme et leur vision.
La deuxième raison, c’est la croissance. Certains veulent passer à la dimension supérieure, aller plus vite, plus loin. A ces fins, nous leur apportons du capital, de l’expertise, des opportunités d’acquisition, mais aussi des idées concrètes pour stimuler leur croissance organique. La demande côté clients évolue, la digitalisation s’impose — nous les accompagnons aussi sur ces chantiers.
Vient ensuite la pression réglementaire. Les exigences deviennent plus lourdes, plus complexes. Nous prenons en charge ce volet.
Enfin, la quatrième raison porte sur la gouvernance. Elle est très fragmentée dans certaines sociétés. Lorsque nous prenons une participation, nous contribuons à y instaurer des structures plus claires.
Avec quels partenaires avez-vous déjà réussi à mener une succession?
Nous avons déjà encadré plusieurs successions, ce qui nous a permis d’acquérir une solide expérience dans ce domaine. Chez KSW Vermögensverwaltung, par exemple, trois nouveaux directeurs, pris en interne, ont assuré la relève. Chez BV&P Vermögen, deux associés ont rejoint le fondateur pour garantir une vraie continuité. Pour HP&P et B&K, nous avons opté pour une solution externe, en recrutant des dirigeants hors de la structure.
Chaque situation réclame en fait une approche sur mesure. Certains veulent simplement lever le pied, élargir la gouvernance ou rejoindre le conseil d’administration. D’autres préfèrent tourner la page, même s’il est parfois assez difficile de lâcher prise. Dans tous les cas, notre objectif reste le même : assurer un avenir solide à la société, et préserver ce qui en détermine la valeur, à savoir les collaborateurs en place, souvent là depuis longtemps.
Comment définiriez-vous votre proposition de valeur?
Nos partenaires sont des maisons solides, bien établies, qui doivent pouvoir conforter ce qui a contribué à leur succès. C’est pourquoi nous leur laissons une pleine liberté dans la relation client et la gestion de portefeuille.
Vient alors se greffer l’apport Cinerius. Nous leur proposons un accompagnement structuré, conçu pour les soutenir dans leur croissance et les soulager sur le plan opérationnel. Nous fonctionnons comme une boîte à outils. Chaque société choisit les services qui lui correspondent, selon ses priorités.
Au chapitre croissance, nous leur apportons un appui ciblé dans le domaine clé du marketing digital, dans le recrutement de relationship managers ainsi que dans l’enrichissement de l’offre – avec des expertises de type private markets, ou encore cryptoactifs. Pour ce qui est de la croissance externe, nous accompagnons très naturellement nos partenaires dans leurs opérations add-on.
Enfin, en ce qui concerne les fonctions de support, nous prenons en charge, de façon centralisée, la conformité, les obligations réglementaires, la partie IT et les ressources humaines. De cette façon, nos partenaires peuvent libérer un maximum de temps au service de leurs clients.
Quels sont aujourd’hui les schémas envisageables pour rejoindre Cinerius? Intégration complète ou transaction de type add-on dont vous venez de parler?
Nous proposons en effet deux options pour rejoindre le groupe Cinerius. La première consiste à devenir un hub indépendant au sein de la plateforme, avec sa propre structure et son identité. L’autre option, plus récente, consiste à s’intégrer à une société déjà existante du groupe — ce que nous appelons une transaction « add-on ».
Ce format répond à une évolution de la demande telle que nous avons pu l’observer sur le marché. Il permet à nos partenaires existants d’envisager une croissance externe de manière ciblée. Nous les accompagnons alors sur toute la ligne : financement, structuration et intégration de nouveaux gérants. Cette année, à Zurich, Huber & Partner et Monaval ont choisi cette voie, en rejoignant SSI dans le cadre d’un add-on.
Vous avez mentionné vos apports dans le domaine du marketing digital. Qu’en est-il plus précisément?
Le marketing digital est un terme générique qui peut englober beaucoup de choses mais, chez Cinerius, il recouvre des actions très concrètes. Notre taille nous permet d’investir dans des leviers qu’une société prise séparément n’aurait peut-être pas les moyens ou la capacité de déployer. C’est le cas du marketing digital. Nous avons donc développé des compétences en interne, avec une équipe dédiée qui conçoit et pilote des programmes spécifiques. Cela passe par des campagnes sur LinkedIn, orientées entrepreneurs, des Google Ads sur des mots-clés propres à notre secteur, du SEO, ainsi que des optimisations plus globales sur les sites web de nos partenaires.
Ce n’est pas un exercice de style, loin de là. Cette année, ces campagnes ont déjà permis de générer de nouveaux clients et d’ouvrir l’accès à des cercles plus jeunes, jusque-là peu touchés par les approches traditionnelles. Et nous explorons déjà de nouveaux canaux comme Instagram ou YouTube.
J’insiste sur le fait que toutes ces campagnes sont orchestrées sous l’image et le branding de chaque partenaire. Leur indépendance reste entière.
Quel est votre track record dans le recrutement de relationship managers?
Sur ce marché, tout le monde cherche à en récupérer mais peu mesurent vraiment les efforts que cela implique. Il faut beaucoup d’énergie, de méthode… et de persévérance.
Lorsqu’un recrutement ne passe pas par le réseau personnel, le processus devient très lourd. Il force à multiplier les prises de contact, les échanges, les entretiens, souvent pour peu d’élus à l’arrivée. Pour obtenir des résultats, nous avons monté un pôle RH qui nous a permis d’identifier et d’attirer 25 nouveaux talents dans le groupe au cours de ces douze derniers mois.
Joël Schüepp
Cinerius Financial Partners
Joël Schüepp est le Chief Executive Officer de Cinerius Financial Partners depuis l’an passé. Il combine une solide expérience au croisement de la gestion de fortune et de la stratégie, acquise chez UBS et Credit Suisse, où il a dirigé plusieurs activités internationales, notamment en Allemagne, en Autriche et en Asie. Il y a piloté des initiatives ayant trait à la transformation digitale, à l’innovation et à la croissance. Auparavant, il a passé plus de neuf ans au Boston Consulting Group, où il est devenu Partner au sein de la practice Financial Institutions. Il a travaillé dans les principaux hubs financiers mondiaux, de Zurich à Singapour.
Joël Schüepp est diplômé en Banking & Finance de l’Université de Zurich (summa cum laude) et a suivi un MBA international en échange entre Tsinghua University et la MIT Sloan School of Management.
RÉDACTION
redaction[at]sphere.swiss
PUBLICITÉ
advertise[at]sphere.swiss
ABONNEMENT
contact[at]sphere.swiss
ÉVÉNEMENTS
events[at]sphere.swiss
Case postale 1806
CH-1211 Genève 1
© 2023 Sphere Magazine
Site réalisé par Swiss House of Brands
Entre exigences de confidentialité, diversification des services et sophistication technologique, les family offices – single et multi – accélèrent leur professionnalisation. Ils redessinent leurs modèles, affirment de nouvelles attentes et poussent à une institutionnalisation toujours plus marquée de la gestion de fortune.
Par Jérôme Sicard
Quels besoins expriment aujourd’hui les family offices?
D’abord, il faut déjà préciser que nous parlons de deux réalités distinctes. Les single family offices, créés pour une seule famille ou un cercle restreint, et les multi family offices, qui gèrent les intérêts de plusieurs familles. Pour les uns comme pour les autres, nous constatons cinq attentes majeures. La première, c’est une exigence absolue de discrétion et de confidentialité. La deuxième, c’est une approche d’investissement best-in-class, construite sous forme de blocs modulaires qui s’ajoutent pour composer une offre sur mesure. Troisième élément, la volonté de réduire autant que possible le fardeau opérationnel et technologique :- ces structures veulent que tout fonctionne simplement, avec un minimum de contraintes. Vient ensuite l’accès à une gamme de services très large – qu’il s’agisse de fiscalité, de philanthropie, de consolidation et de reporting ou d’accès au private equity. Enfin, cinquième et dernière attente : tous ces family offices veulent bénéficier de prestations de niveau institutionnel, tant dans la qualité de service que dans les principes de tarification qui leur sont appliqués.
En quoi les défis opérationnels des family offices diffèrent-ils de ceux rencontrés par les gérants indépendants?
Il existe de fortes convergences, mais aussi des différences notables. Comme les gérants indépendants, les family offices travaillent avec des banques dépositaires et ont besoin d’une vision consolidée de leurs portefeuilles. Mais la plupart choisissent un dépositaire unique, ce qui simplifie la relation. Les gérants indépendants, eux, doivent souvent jongler avec une multiplicité de contreparties – parfois plusieurs dizaines de banques – parce qu’ils reprennent les clients avec leur banque d’origine. Cela rend leur organisation beaucoup plus complexe. En revanche, sur les services recherchés – analyse de performance, reporting, transparence – les besoins se recoupent largement.
Un family office ou un multi family office doit-il forcément déléguer la gestion des actifs financiers?
Historiquement, oui. La sélection des gérants était au coeur de leur rôle, et la gestion s’en retrouvait donc déléguée. Mais nous observons un tournant. De plus en plus de structures internalisent une partie de la gestion, surtout les plus importantes, capables de recruter des spécialistes venus du monde bancaire ou de sociétés de gestion externes. Le modèle devient hybride : une part des allocations est gérée directement, une autre est confiée à des prestataires. Ce qu’on ne voit pratiquement plus, ce sont des structures qui délèguent 100 % ou, à l’inverse, qui internalisent tout. L’époque où une seule banque pouvait couvrir l’ensemble des besoins est révolue.
Comment vous positionnez-vous auprès des family offices aujourd’hui?
Nous sommes capables de couvrir pour eux plusieurs dimensions. D’abord, la structuration des actifs, qu’il s’agisse de créer des fonds dédiés ou de mettre en place des solutions sophistiquées. C’est un savoir-faire que nous avons acquis au contact de notre clientèle institutionnelle et internationale. Ensuite, il y a la mise en oeuvre des stratégies, via nos desks de trading institutionnel. Nous offrons une exécution large, couvrant toutes les classes d’actifs, aussi bien pour les comptes déposés chez Pictet que pour ceux déposés ailleurs. Troisième axe, la technologie : notre solution Pictet Connect permet une intégration fluide avec les PMS du marché, ce qui facilite d’autant le reporting, la consolidation et la transmission de données. Nous disposons d’équipes dédiées pour assurer une granularité très fine des informations, essentielle pour ces structures. Enfin, nous offrons un accès privilégié à l’expertise du groupe Pictet : fonds, mandats, private equity, hedge funds, solutions alternatives, stratégies thématiques, etc. L’idée est d’orchestrer cet ensemble pour répondre de manière cohérente et flexible aux besoins de chaque family office.
On parlait de la volonté des family offices d’alléger le fardeau lié à leur dimensionnement IT. Quelles solutions leur proposez-vous dans ce domaine, notamment sur le digital?
Nos solutions s’articulent autour de Pictet Connect, qui donne accès à un reporting stratégique détaillé, à des analyses de performance et à des outils de suivi des gérants. Nous pouvons aider ainsi à leur sélection et à leur monitoring en fournissant des données extrêmement précises. Nous proposons aussi une véritable capacité d’exécution externalisée : nos traders agissent comme un buy-side déporté, sans position propre, ce qui permet aux family offices de ne pas avoir à investir dans des infrastructures coûteuses. Et surtout, nous nous connectons très facilement à leurs systèmes, ce qui réduit les frais liés à l’automatisation et simplifie considérablement leur organisation interne.
Comment les gérants indépendants peuvent-ils travailler aujourd’hui avec des family offices?
Il existe plusieurs modes de collaboration. Certains gérants indépendants, très spécialisés, peuvent être sélectionnés par un family office pour leur expertise pointue sur une classe d’actifs ou un marché spécifique. À l’inverse, nous voyons de plus en plus de gérants indépendants évoluer progressivement vers un modèle proche du multi family office, en élargissant leur spectre de services et en intégrant davantage de fonctions institutionnelles. La frontière n’est pas nette : c’est un continuum. Mais ce qui définit un family office reste son approche en architecture ouverte et sa capacité à assembler différents prestataires autour des besoins de la famille.
A quel point les services aux family offices requièrent-ils aujourd’hui du sur-mesure?
Énormément. Chaque structure est différente, non seulement par sa taille mais aussi par son stade de développement. Certaines en sont encore aux débuts, avec un fondateur très impliqué dans les décisions d’investissement ; d’autres sont de véritables organisations de plusieurs dizaines ou centaines de collaborateurs, avec des départements spécialisés. L’accompagnement doit donc être pensé au cas par cas. Cela peut aller de la mise en place d’une ligne de crédit jusqu’à l’accès à certaines expertises de gestion. Chez Pictet, nous construisons des équipes et des propositions spécifiques pour chaque famille. Le family office est à la croisée du wealth management, de l’asset management et de de l’asset servicing. Il faut composer avec cette complexité.
Comment voyez-vous évoluer ces différents segments – single family offices, multi family offices et gérants indépendants – en Suisse?
Nous voyons plusieurs tendances fortes. D’abord, une montée en puissance des single family offices, qui internalisent davantage de fonctions. Ensuite, une croissance rapide des multi family offices, avec des fusions capables de donner forme à des acteurs globaux de plusieurs centaines de milliards sous gestion. Ces structures adoptent systématiquement une architecture ouverte et cherchent des prestataires capables de les accompagner dans cette logique. Pour les gérants indépendants, leur force reste dans l’expertise spécialisée et la relation de confiance – ce rôle de trusted advisor qui fait la différence. Mais certains vont aussi se rapprocher des standards institutionnels, en cherchant à élargir leur offre et à accéder à de nouvelles classes d’actifs.
Les family offices se professionnalisent-ils autant que les gérants indépendants en ce moment?
C’est flagrant ! Nous observons un haut degré de sophistication dans beaucoup de family offices, capables de recruter des profils issus de grandes banques d’investissement ou de grandes sociétés de gestion établies à l’international. Ces équipes savent exactement où se situent les prix de marché et comprennent parfaitement les services qu’elles peuvent obtenir. Par ailleurs, elles sont très rapides dans leur prise de décision. Entre la professionnalisation des gérants indépendants et celle des family offices, nous assistons clairement à une institutionnalisation progressive de la gestion de fortune.
Marc Briol
Pictet Asset Services
Entré chez Pictet en 1995, Marc Briol exerce les fonctions de CEO de Pictet Asset Services, qui fournit des services de banque dépositaire ainsi que d’administration et de gouvernance de fonds à une clientèle composée de gérants indépendants, de gestionnaires de fonds et d’institutionnels. Au sein de Pictet, Marc Briol a précédemment occupé le poste de COO de la division Technology & Operations. Avant cela, il a exercé les mêmes fonctions au sein de Pictet Asset Management de 1997 à 2008 à Londres.
RÉDACTION
redaction[at]sphere.swiss
PUBLICITÉ
advertise[at]sphere.swiss
ABONNEMENT
contact[at]sphere.swiss
ÉVÉNEMENTS
events[at]sphere.swiss
Case postale 1806
CH-1211 Genève 1
© 2023 Sphere Magazine
Site réalisé par Swiss House of Brands
Dans un contexte où la flexibilité financière est devenue un levier stratégique, le crédit s’impose désormais comme un pilier de la gestion de patrimoine. Les solutions de crédit se sont diversifiées, sophistiquées et transformées en véritable outil de conquête commerciale pour les gérants. Aurélie Léger en dresse ici le panorama.
Par Jérôme Sicard
Quels sont les types de crédits les plus fréquemment sollicités aujourd’hui ?
Le produit phare reste le crédit Lombard, qui permet de générer de la liquidité sur un portefeuille d’actifs financiers. Il représente plus de 80 % de nos encours. Ces financements s’appuient notamment sur des portefeuilles d’actifs traditionnels, les fonds de private equity/dette, ou encore des contrats d’assurance-vie.
Nous finançons également l’immobilier, résidentiel ou commercial, principalement en Suisse, en France, à Monaco, à Londres. ou à Singapour. Nous pouvons également élargir nos capacités de financement grâce à Crédit Agricole CIB, notre Banque d’investissement, ainsi que nos sociétés sœurs implantées au Benelux ou en Europe du Sud (Italie, Espagne). Cette activité représente environ 15 % de nos emplois. Nous nous basons sur la valeur de marché estimée par un expert externe agréé ou le prix d’acquisition. Pour les actifs commerciaux, c’est la capacité de rendement qui prime.
Enfin, nous intervenons aussi sur des financements plus atypiques : jets privés, yachts en leasing, ou encore certaines sociétés non cotées, de préférence déjà suivies par le Groupe.
Comment l’offre a-t-elle évolué ces dernières années ?
Nous avons cherché à monter en gamme. Notre politique de crédit a été revue pour affiner les valeurs de gage, notamment sur les obligations et les produits structurés. Là où nous appliquions auparavant des grilles assez larges par tranche de maturité ou de notation, nous disposons désormais de matrices très fines, ce qui nous rend plus compétitifs face à la concurrence.
Nous avons également accru nos valeurs de gage sur le private equity, domaine dans lequel Indosuez dispose d’une réelle expertise. C’est un axe que nous allons davantage mettre en avant. D’autres demandes – par exemple sur les œuvres d’art – nous amènent à tester la faisabilité de nouveaux produits. Nous ne disons pas toujours oui, mais ces sollicitations nourrissent nos réflexions stratégiques.
Dans quelle mesure le crédit est-il devenu un outil à part entière dans la gestion patrimoniale ?
Le crédit est devenu un levier incontournable. Il permet d’optimiser la structuration patrimoniale, de diversifier, d’améliorer l’allocation de liquidités, de financer des investissements sans se désinvestir, de préparer des transmissions, d’optimiser la fiscalité, et bien sûr d’augmenter la performance du portefeuille grâce à l’effet de levier.
Son usage s’est généralisé, notamment auprès des jeunes générations qui le perçoivent comme un outil naturel d’optimisation. Les clients plus âgés sont parfois plus réticents – certains n’ayant jamais eu recours au crédit – mais la tendance est claire. Pour les gérants, le crédit est devenu un outil de conquête commerciale et un facteur différenciant.
Pourquoi est-il si important, pour un gérant de fortune, d’intégrer des solutions de crédit à sa panoplie ?
Aujourd’hui, un gérant doit pouvoir répondre à l’ensemble des besoins de sa clientèle, qu’il s’agisse de générer rapidement de la liquidité, de financer un bien immobilier à l’étranger ou encore de mettre en place des montages plus sophistiqués liés au private equity ou à la transmission. Sans ce volet, son offre reste incomplète et il prend le risque de voir le client se tourner vers une banque ou un autre gérant.
L’intégration du crédit change la nature de la relation : elle permet au gérant de devenir un partenaire global, capable d’accompagner son client dans les moments décisifs. C’est un outil de fidélisation puissant, parce qu’un financement engage dans la durée, et c’est aussi un levier stratégique car il vient renforcer la confiance. En outre, la structuration d’un crédit donne au gérant une vision plus fine du patrimoine global et lui ouvre de nouvelles pistes de conseil. En un mot, proposer des solutions de crédit, c’est élargir le champ de ses compétences, sécuriser la relation et créer une valeur ajoutée que peu d’acteurs indépendants peuvent offrir aujourd’hui.
Sur ce chapitre, comment collaborez-vous avec les gérants externes et les family offices ?
Nous travaillons avec de nombreux gérants et family offices en Suisse, au Moyen-Orient et en Asie – où nous disposons également d’une équipe dédiée. Nous exécutons, par exemple, des financements hypothécaires en Europe pour les clients de Singapour, Hong Kong, Abou Dhabi ou Dubaï.
Avec nos partenaires, nous privilégions une relation tripartite et transparente. Nous leur présentons régulièrement notre offre – qu’il s’agisse de Lombard, de crédits immobiliers ou de financements plus atypiques – afin qu’ils connaissent précisément notre cadre d’intervention. Cette collaboration crée de la valeur : elle donne plus de visibilité sur le patrimoine global du client et permet de proposer davantage de solutions. Pour les family offices, cela peut aller jusqu’à introduire le client auprès d’autres entités du Groupe, comme par exemple notre banque d’investissement quand il s’agit de ses entreprises.
Comment sont structurées les solutions de financement chez Indosuez Wealth Management ?
Sur mesure. Nous structurons nos solutions de financement de façon totalement personnalisée. Chaque dossier fait l’objet d’une analyse approfondie, intégrant la situation patrimoniale globale du client, ses objectifs, ses besoins et la nature de ses actifs. Nous examinons aussi bien le mode de détention que la liquidité ou la volatilité des actifs pour déterminer quel type de crédit peut être mis en place. Grâce à la solidité de notre bilan et à nos capacités d’ingénierie – aussi bien en matière de crédit que dans nos équipes d’ingénierie patrimoniale – nous sommes capables de proposer des montages allant du plus simple au plus sophistiqué, adossés à un large éventail de garanties : financières, immobilières, voire non cotées.
Proposez-vous des financements adossés à des investissements non cotés ?
Oui, c’est un segment en très forte croissance. Nous finançons des fonds de private equity, de dette privée, ou encore certaines participations directes dans des sociétés non cotées, lorsqu’elles sont bien encadrées. Notre clientèle, très entrepreneuriale, est souvent investie dans ces actifs par nature illiquides. Ces financements leur permettent de liquéfier, de diversifier ou encore de préparer des transmissions. Il nous est arrivé, par exemple, de financer les enfants d’un client pour leur permettre de racheter des participations familiales, ou encore d’accompagner un acquéreur dans une opération de transmission d’entreprise.
Quelles sont les contraintes spécifiques à ce type de financement ?
La principale difficulté tient à la liquidité et à la valorisation. Contrairement aux titres cotés, ces actifs ne sont pas valorisés quotidiennement. Nous mettons donc en place des garde-fous : par exemple des valorisations indépendantes régulières, exigences de diversification, fortune nette minimale du client. Nous analysons aussi les pactes d’actionnaires, car certains prévoient l’accord des autres associés en cas de nantissement, ou leur accord prioritaire en cas de vente. Dans certains cas, nous demandons même à ce que ces pactes soient adaptés pour sécuriser la banque.
Ces précautions garantissent la stabilité des montages. Grâce à la qualité de nos clients et à la rigueur du suivi, nous rencontrons très peu de cas problématiques. Cela confirme que ce type de financement, bien structuré, est un outil puissant pour accompagner les entrepreneurs et leurs familles dans la durée.
Aurélie Léger
Indosuez Wealth Management
Aurélie Léger a rejoint l’équipe Financing d’Indosuez Wealth Management en 2022. Elle a entamé son parcours professionnel à Paris en 2006 à la Société Générale Corporate & Investment Banking au sein de la division financement immobilier commercial pour la clientèle entreprise et institutionnelle. En 2008, elle a intégré le département du conseil en financement d’infrastructures de la Banque Edmond de Rothschild à Genève et a rejoint en 2011, Aurélie les équipes Wealth Management de BNP Paribas (Suisse) en tant que spécialiste en structuration de financements sur-mesure pour les clients UHNW. Aurélie Léger a suivi une formation en école de commerce avec spécialisation en Finance dispensée par l’ESSEC.
RÉDACTION
redaction[at]sphere.swiss
PUBLICITÉ
advertise[at]sphere.swiss
ABONNEMENT
contact[at]sphere.swiss
ÉVÉNEMENTS
events[at]sphere.swiss
Case postale 1806
CH-1211 Genève 1
© 2023 Sphere Magazine
Site réalisé par Swiss House of Brands
Présidée par Nicole Curti, l’Alliance des Gestionnaires de Fortune Suisses s’est donné pour mission de renforcer l’image, la crédibilité et l’attractivité du métier de gérant indépendant. Professionnalisation, formation, innovation, synergies entre membres, reconnaissance institutionnelle : autant d’initiatives stratégiques que l’Alliance mène pour fédérer une communauté de plus en plus engagée.
Par Jérôme Sicard
Valoriser la profession de gérant indépendant
Nous voulons donner au métier de tiers gérant une image plus professionnelle. C’est une profession qui mérite d’être mieux comprise, mieux respectée. La FINMA nous a d’ailleurs beaucoup aidés. La nouvelle règlementation, pratiquement aussi exigeante pour les gérants indépendants que pour les banques, a renforcé notre légitimité. Autrefois, toutes sortes de profils pouvaient se lancer dans la gestion de fortune avec des parcours assez divers, sans avoir nécessairement l’expérience requise ni d’ailleurs la structure. Longtemps, les gérants ont formé un ensemble assez hétéroclite. Ce n’est plus le cas aujourd’hui.
Au sein de l’Alliance, nous considérons cette reconnaissance formelle comme une base essentielle. Notre mission est de la porter et de l’incarner. Nous en sommes en quelque sorte le relais institutionnel. A notre façon, nous voulons être une vitrine pour le métier de gérant indépendant.
Il ne faut pas pour autant perdre notre agilité. L’ADN de la Suisse, ce sont les petites et moyennes entreprises. Il en va de même dans le secteur de la gestion de fortune. Tous autant que nous sommes, nous animons de petites structures très agiles, très efficaces. C’est ce qui fait d’ailleurs la force de notre secteur. Nous ne cherchons pas à devenir tous des mastodontes. Un gérant indépendant peut parfaitement offrir un service professionnel avec des actifs s’élevant à 1 milliard. Il ne faut pas croire qu’il en faut 10 ou 15 pour justifier de ses compétences.
Attirer les talents
Nous voulons tous attirer des talents au sein de nos structures. C’est l’un des enjeux les plus importants auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui. Nous aimerions voir par exemple les relationship managers en poste dans les banques penser à nous lorsqu’ils envisagent de changer d’établissement. Plutôt que se tourner vers d’autres banques, nous préférerions qu’ils voient la gestion indépendante comme une alternative parfaitement légitime avec, pour eux, des perspectives tout aussi attrayantes.
Mais pour cela, il faut que notre métier ait une image plus forte, plus crédible. Les talents qui apparaissent sur nos radars doivent savoir que nous avons des structures solides, des outils très avancés, un cadre réglementaire, et une forte communauté rassemblée derrière nous. Voilà ce que nous essayons d’accomplir au travers de l’Alliance : donner envie de nous rejoindre, de nous rendre attractifs pour les meilleurs profils, y compris les plus jeunes.
Encourager les synergies
A l’Alliance, fédérer les membres, encourager les synergies entre nous, est devenu un axe prioritaire. L’association a profondément évolué ces dernières années. D’un simple regroupement d’acteurs historiquement concurrents, elle s’est transformée en véritable communauté. Des outils concrets ont été mis en place pour faciliter nos échanges. Je pense par exemple au Compliance Hub, où les responsables compliance partagent leurs pratiques et leurs solutions. Des groupes de travail sur des sujets clés comme l’investissement, la réglementation, les produits maison, ou encore les outils technologiques ont également été mis en place. Et des canaux plus informels sont en réflexion – comme un chat collaboratif – pour fluidifier les problèmes rencontrés au quotidien.
Au-delà de ces dispositifs, c’est tout un état d’esprit qui s’est installé : la solidarité, l’échange spontané, le réflexe d’appeler un confrère – peu importe qu’il soit un concurrent ! – pour un conseil. Certains liens sont devenus amicaux. Aujourd’hui, les membres se retrouvent lors d’apéros organisés dans leurs bureaux, d’événements comme le CEO Summit, ou simplement autour d’un déjeuner. Une vraie dynamique collective s’est créée, bien différente de l’image formelle qu’on associe souvent à notre secteur.
Développer les compétences
Nous travaillons énormément sur le volet formation. Nous avons monté des modules certifiés SAQ, en partenariat avec BDO notamment. Des webinaires sur l’AML, la réglementation, la cybersécurité ont été aussi organisés. Au chapitre de la cybersécurité, nous sommes allés jusqu’à simuler des campagnes de phishing dans les équipes pour tester les réactions des collaborateurs.
Nous avons lancé en parallèle des micro-formations continues. Toutes les deux semaines, nous produisons une courte vidéo, avec deux ou trois questions, et nous maintenons ainsi le niveau de vigilance de nos staffs. C’est très simple, mais très efficace. Et gratuit pour tous les employés membres de l’Alliance.
Nous avons également proposé des sessions entièrement consacrées à LinkedIn. Comment optimiser son profil ? Comment concilier comptes entreprises et comptes personnels ? Comment se familiariser avec l’algorithme… Nous voulons que chaque membre puisse développer ses compétences au-delà de la finance, sur la communication, le digital, la tech, entre autres…
Promouvoir l’innovation
Nous avons tous beaucoup investi dans les outils. Il n’en demeure pas moins que chaque membre de l’Alliance utilise un PMS ou un CRM différent. Certains utilisent Wize, d’autres Expertsoft, ou Infront qui a racheté Assetmax. La liste est longue. Nous avons donc créé des groupes de travail par PMS. L’idée, c’est de mutualiser les besoins, de se coordonner sur les développements demandés, et de négocier ensemble pour obtenir un service et une solution digitale correspondant véritablement à nos besoins.
Ce n’est pas simple, bien sûr, mais ça avance. On essaie aussi de servir d’interface entre les fournisseurs et les membres, pour que les produits s’adaptent vraiment à nos besoins. Et c’est ce rôle que l’ASWM peut jouer, parce qu’un membre n’aurait pas ce poids s’il était seul.
Renforcer les relations institutionnelles
L’Alliance jouit désormais d’une vraie crédibilité auprès des institutions. Nous voyons la FINMA deux fois par an, à leur demande. Nous sommes devenus pour eux des interlocuteurs privilégiés dans la mesure où nous représentons les gérants les plus influents de la place. Nous menons aussi des échanges réguliers avec l’Asset Management Association Switzerland, et la Swiss Banking Association. Nous discutons même de la création d’un groupe de travail spécifique aux gérants indépendants au sein de l’ASB, sur le modèle luxembourgeois.
Sur le plan international, nous avons d’ailleurs des liens avec l’ABBL au Luxembourg, de même qu’avec Dubaï et Singapour… Ce sont des échanges très enrichissants. A terme, nous souhaitons que l’Alliance soit reconnue comme un acteur de référence dans la gestion de fortune, en Suisse et à l’international. Nous sommes une vitrine institutionnelle pour la profession et nous voulons être entendus à ce titre.
Organiser des événements pour renforcer la visibilité et la communauté
Nos événements donnent corps à l’Alliance. Nous nous retrouvons souvent. Je pense par exemple au CEO Summit, devenu l’un de nos moments forts. Cette année, nous avons visité le Palais fédéral à Berne, rencontré des parlementaires, découvert une étude de marché de BCG, et organisé un speed-dating entre membres. Nous avons aussi eu la chance d’avoir parmi nous Sabine D’Amelio-Favez, directrice du départment fédéral des finances, Patricia Danzi , directrice générale du SECO, et Tim Radjy, fondateur et président de AlphaMundi.
Nous avons également monté les Custody Bank Awards qui connaissent un succès fou. Ils ont pris une ampleur incroyable en quelques années et les banques dépositaires apprécient énormément notre démarche.
A moindre échelle, nous organisons aussi des apéros chez les membres, qui invitent à tour de rôle, ce qui permet aux employés de mieux connaître les autres membres et faciliter l’échange entre eux.
Et bien sûr, tout ce travail est relayé sur les réseaux sociaux. Nous animons notre LinkedIn, nous relayons les publications de nos membres. Nous mettons en valeur leurs équipes, leurs histoires. Encore une fois, nous avons pour objectif de structurer une communauté professionnelle, de la rendre vivante, visible, connectée.
Nicole Curti
Capital Y
Managing partner de Capital Y, la boutique genevoise, Nicole Curti préside l’ASV-ASWM, l’Alliance des Gestionnaires de Fortune Suisses, depuis mars 2022. Elle travaille dans la gestion de fortune depuis 25 ans. Elle a d’abord passé dix ans chez Lombard Odier notamment au sein du département Key Clients. Elle a ensuite créé et dirigé la filiale Suisse de Stanhope Capital avant de rejoindre Capital Y. Nicole est membre de plusieurs conseils d’administration ou consultatifs. Elle siège également au comité central de Swiss Athletics. Elle possède un Bachelor en sciences politiques de l’Université de Lausanne et un MBA de l’ESADE Business School de Barcelone.
RÉDACTION
redaction[at]sphere.swiss
PUBLICITÉ
advertise[at]sphere.swiss
ABONNEMENT
contact[at]sphere.swiss
ÉVÉNEMENTS
events[at]sphere.swiss
Case postale 1806
CH-1211 Genève 1
© 2023 Sphere Magazine
Site réalisé par Swiss House of Brands
Avec smzh, Gzim Hasani a voulu rendre le modèle family office accessible à une clientèle plus large. Sa plateforme hybride couvre donc toutes les dimensions du patrimoine : prévoyance, fiscalité, immobilier, assurances, structuration. Une approche cohérente, indépendante, conçue pour accompagner des clients aux parcours trop complexes pour les approches standards de la gestion traditionnelle.
Par Jérôme Sicard
Pourquoi avez-vous décidé qu’il était temps d’ouvrir les services de type family office à une clientèle plus large?
J’ai longtemps conseillé des clients ultra-fortunés. Je sais donc à quoi ressemble un service de très haut niveau qui soit à la fois personnalisé, réactif, et multidimensionnel. Mais j’ai aussi vu l’envers du décor. J’ai rencontré des clients avec trois millions d’actifs, autant en hypothèques, et une solide enveloppe de prévoyance, qui se retrouvaient dirigés vers des centres d’appels. Cela m’a toujours paru aberrant.
Ces personnes ne sont pourtant pas des exceptions. Leur vie financière est complexe, elles sont prêtes à payer pour un service haut de gamme, mais elles restent en dessous des seuils arbitraires fixés par les banques. Pour moi, l’accès à un conseil de qualité devrait dépendre de la complexité des besoins, pas uniquement du montant de la fortune. Et ce segment est largement sous-servi.
Comment définissez-vous votre modèle « Family Office Light »?
Il repose sur quatre piliers qui sont la planification financière, le conseil en investissement, l’assurance, et le bloc immobilier/hypothèques. Vivre en Suisse implique d’entrée de jeu une relative complexité financière – questions fiscales dès 18 ans, 3e pilier, assurances, hypothèque –sans forcément disposer d’une grande fortune.
Nous avons construit une plateforme unique qui permet de tout piloter de façon intégrée. Habituellement, un client doit jongler avec cinq conseillers, chacun sur sa spécialité. Cela crée de la friction, des angles morts. Nous offrons à l’inverse une interface unique, un seul point de contact, une logique d’ensemble cohérente. Tout fonctionne en synergie.
S’agit-il juste de la version allégée de services réservés aux UHNWI?
Pas vraiment. Les besoins de fond sont très proches. Tout le monde veut être entendu, compris de manière à pouvoir prendre ses décisions plus sereinement. Que vous gériez 3 ou 300 millions, vous vous souciez tout autant de vos retraites, de vos impôts, de vos placements, de vos assurances. Ce qui change, c’est l’échelle, pas l’intention.
Nous avons simplement effacé la ligne arbitraire qui disait : « Ce niveau de service est réservé aux fortunes supérieures à 20 millions. »
La technologie est-elle au coeur de votre modèle?
On pense souvent que c’est avant tout une histoire de tech. Ce n’est pas le cas — du moins pas au départ. Tout a commencé avec la confiance. Nous venons du monde des Ultra High Net Worth Individuals. Les clients nous connaissaient déjà, ce qui nous a permis d’obtenir un accès privilégié aux banques et aux assureurs. Et nous avons bien évidemment délivré. En parallèle, le marché a évolué. La fidélité aux banques traditionnelles s’érode au fil des années. Les clients attendent aujourd’hui de la réciprocité. Ils veulent être vus, compris, considérés. C’est ce glissement qui a ouvert la voie à des acteurs comme nous.
Comment monétisez-vous vos services au-delà de la gestion de portefeuille?
Avec discernement. Nous ne sommes pas dans une logique business de transactions. La clé, c’est la profondeur et la durée de la relation. Notre modèle repose sur des marges récurrentes faibles mais diversifiées : assurance, hypothèques, prévoyance, conseil. Et nous grandissons en même temps que nos clients.
VZ est une bonne référence : ils ont montré que ce type de modèle, axé multi-services, peut se déployer à grande échelle. Notre version est juste plus moderne, plus dynamique, mais le principe reste le même : nous cherchons à générer une valeur récurrente, fondée sur la confiance.
Qu’est-ce qui est possible chez smzh qui ne l’était pas chez Credit Suisse ou Julius Baer?
L’indépendance. C’est la différence la plus notable. En banque, j’avais envie de conseiller mes clients globalement, mais je n’en étais pas capable. Je ne pouvais pas leur proposer de conseil fiscal, les aider à structurer leur retraite, ou leur apporter de perspective sur l’immobilier. Nous n’étions pas toujours en mesure de recommander ce qu’il y avait de plus pertinent car nous nous heurtions à certaines restrictions.
Aujourd’hui, avec une architecture réellement ouverte, ces contraintes n’existent plus. Je peux recommander UBS pour tel besoin, Allianz ou Lombard Odier pour tel autre, sans conflit d’intérêts. Nous nous occupons de la due diligence et le client décide. Cette liberté est au bénéfice du client — et pour nous, elle redonne tout son sens à notre rôle de conseiller.
Quels sont les services les plus demandés actuellement?
Aujourd’hui, ce sont clairement l’assurance, les hypothèques et le conseil immobilier. Ce sont des domaines dans lesquels notre expertise est solidement établie et notre crédibilité largement reconnue. Nous accompagnons par exemple des familles qui gèrent plusieurs centaines de millions en biens immobiliers — du financement à la structuration en passant par la gestion du risque.
Mais l’avenir est à l’intégration. Notre « CIO Office » se développe rapidement. Avec notre nouvelle solution – smzh Invest – nous proposons des portefeuilles individualisés avec un montant minimum de 1’000 francs, accessibles aussi bien dans le cadre d’un investissement classique que dans celui du troisième pilier. Nous avons mis en place également des services d’allocation d’actifs pour les clients qui détiennent dans une large mesure des actifs non cotés ou non liquides. Pour beaucoup d’entrepreneurs, l’entreprise représente en effet l’essentiel de leur patrimoine, et c’est là un angle mort dans les modèles traditionnels. Nous, nous intégrons cette réalité au coeur de notre stratégie.
Quelles sont les principales attentes de vos clients aujourd’hui?
Clarté et simplicité. Entre taux d’intérêt, immobilier, politique mondiale et réforme des retraites, ils se sentent submergés. Leurs questions sont très concrètes. Est-ce que je peux me le permettre? Et si je vis jusqu’à 100 ans? Dois-je mettre mon bien en garantie?
Nous recevons aussi de plus en plus de demandes pour des « deuxièmes opinions ». Les clients ne veulent pas forcément quitter leur banque — mais ils veulent un regard indépendant, extérieur et objectif C’est exactement là que nous intervenons.
À qui s’adresse smzh concrètement?
À tous. Du jeune de 19 ans qui prend son assurance ménage, jusqu’à la famille qui gère 14 milliards. Ce n’est pas un slogan, c’est la réalité. Nous croyons à l’accompagnement sur tout le cycle de vie.
Trop d’acteurs raisonnent en segments ou en transactions. Nous, nous pensons en trajectoires. L’étudiant d’aujourd’hui peut être le grand entrepreneur de demain. Et ce jour-là, nous connaîtrons déjà son histoire. Ce lien ne s’invente pas.
Quelle est votre ambition à l’horizon 2030?
Nos objectifs sont clairs. Nous visons plus de 400 collaborateurs, environ 60’000 clients, et une place de leader sur le marché suisse — non seulement comme société de conseil financier, mais comme plateforme intégrée.
Nous avons l’infrastructure : bureaux physiques, système digital, équipes dimensionnables. Et nous ne fonctionnons encore qu’à une fraction de notre capacité. Pour l’instant, nous concentrons nos efforts sur la Suisse alémanique, où nous constatons une forte demande.
Nous investissons résolument dans la technologie — non pour suivre une tendance, mais pour en décupler la portée. Prisma, notre plateforme, incarne cette vision. C’est un véritable family office que nous mettons dans votre poche. Prisma offre une transparence totale sur l’ensemble de votre univers patrimonial — investissements, assurances, fiscalité, prévoyance. Vous gardez la main quand vous le souhaitez, et vous bénéficiez d’un accompagnement expert lorsque vous en avez besoin. Ce modèle hybride, alliant le meilleur du digital et de l’humain, n’est plus une promesse : c’est notre réalité.
Quel type de partenariats privilégiez-vous?
Tous ceux qui apportent de la valeur à nos clients et s’intègrent à notre écosystème — banques, assureurs, caisses maladie, fiscalistes, fiduciaires, etc.
Nous proposons déjà des solutions en marque blanche pour des gérants externes qui se branchent à notre infrastructure de conseil. Les acquisitions ne sont pas exclues — à la seule condition que les cultures s’alignent. Beaucoup veulent monétiser le passé. Nous, nous construisons l’avenir. Et nous cherchons des partenaires qui partagent cet esprit.
Gzim Hasani
smzh
Gzim Hasani dirige smzh, un prestataire de services financiers actif dans les domaines de l’investissement, de la prévoyance, de la fiscalité, de l’immobilier, de l’assurance et de la structuration juridique. Il en est le fondateur. Il est également l’initiateur d’Impegno & Partners, une plateforme dédiée à l’accompagnement patrimonial de clients très fortunés. Son expertise repose sur une solide expérience acquise auprès d’une clientèle UHNWI, notamment chez Credit Suisse et Julius Baer, où il a exercé en tant que senior relationship manager. Gzim Hasani est titulaire d’un MSc délivré par la Kalaidos Banking + Finance School.
RÉDACTION
redaction[at]sphere.swiss
PUBLICITÉ
advertise[at]sphere.swiss
ABONNEMENT
contact[at]sphere.swiss
ÉVÉNEMENTS
events[at]sphere.swiss
Case postale 1806
CH-1211 Genève 1
© 2023 Sphere Magazine
Site réalisé par Swiss House of Brands
Pour Stefan Matti, son CEO, la forte croissance de LeoVest tient aussi en partie au nouveau cadre réglementaire. Il ne le voit pas comme un frein, mais comme un accélérateur qui confère aux gérants indépendants la légitimité et la crédibilité nécessaires dans un environnement plus exigeant.
Par Levi-Sergio Mutemba
Quel bilan tirez-vous du rebranding de LeoVest entrepris l’an passé?
Bien que nous soyons encore une jeune entreprise, notre développement est impressionnant. Fin 2023, lors de l’acquisition de Green Wealth Partners, nous comptions deux collaborateurs et environ 50 millions de francs d’actifs sous gestion. Moins de deux ans plus tard, nous gérons 1,6 milliard de francs, nous travaillons avec 17 gérants et nous comptons au total 22 employés. De plus, des conseillers seniors expérimentés nous rejoignent régulièrement. La dynamique de l’entreprise les attire, d’autant qu’elle est dotée d’une vision claire et qu’elle se fonde sur des valeurs solides.
Quels sont vos marchés clés?
Actuellement, il s’agit principalement du Royaume-Uni, de la Suisse, du Liechtenstein et de l’Allemagne. En parallèle, nous développons des activités dans les pays nordiques, en Israël et en Afrique du Sud, où nous faisons partie des rares EAM suisses disposant d’une licence en nom propre. Plusieurs de nos clients se trouvent dans des situations familiales complexes, ce qui nous amène à accompagner également leurs proches dans diverses juridictions internationales.
La FINMA est souvent critiquée pour les exigences trop strictes qu’elle impose aux petites structures. Quelle est votre opinion à ce sujet?
Notre vision est différente. Bien sûr, la réglementation devient de plus en plus complexe et lourde. Mais pour nous, il s’agit d’une opportunité et non d’une menace. Le client mérite d’être protégé par une réglementation exigeante, car celle-ci crée de la transparence. Elle permet aux gérants indépendants de démontrer concrètement la qualité et l’intégrité de leurs systèmes de conformité.
Comparée à la Suisse, la réglementation européenne est encore plus complexe et finalement plus coûteuse. Le cadre suisse reste plus flexible, pragmatique et avantageux. Certains gérants semblent ne pas avoir encore pleinement intégré l’évolution du secteur et s’accrochent à des modèles du passé, que ce soit en matière de gouvernance, de structure de propriété ou de compliance, qui ne correspondent plus aux exigences d’une gestion de fortune moderne.
Prévoyez-vous une poursuite de la consolidation?
J’en suis convaincu. Beaucoup de petits acteurs disparaîtront en raison des coûts réglementaires plus élevés. Cela entraînera des fusions ou des acquisitions. D’autres seront contraints de cesser leurs activités. Nous observons déjà cette consolidation au Royaume-Uni et en Allemagne. Elle atteindra également la Suisse.
Pouvez-vous donner un exemple récent de la manière dont LeoVest répond aux exigences réglementaires de la FINMA?
Tout gestionnaire de fortune agréé par la FINMA est tenu de respecter les règles du jeu réglementaires, c’est une évidence. Chez LeoVest, nous mettons en œuvre ces exigences de manière à créer une réelle valeur ajoutée pour nos clients. Notre objectif est de rendre la compliance efficace, digitale et transparente.
Un bon exemple est la gestion des conflits d’intérêts, encore fréquents dans l’industrie financière. Lorsqu’ils apparaissent chez nous, nous les abordons ouvertement et cherchons ensemble des solutions, afin que nos clients bénéficient du meilleur service, toujours dans leur intérêt. Un tel processus demande patience et précision pour répondre aux exigences. Mais il est juste et nécessaire, dans la mesure où l’industrie financière suisse a commis des erreurs par le passé, qui ont nui à sa réputation.
Comment parvenez-vous à attirer autant de conseillers en si peu de temps, au regard de votre taille initiale?
Cela tient principalement à notre modèle de partenariat fondé sur les valeurs. Chaque associé est un actionnaire significatif et participe activement aux décisions stratégiques. Pour beaucoup de conseillers, il est essentiel de pouvoir façonner l’avenir de l’entreprise plutôt que d’être simplement membre d’une organisation.
S’ajoute à cela notre infrastructure technologique, considérablement renforcée, qui soutient nos relationship managers au quotidien et améliore l’efficacité. J’ai la chance d’avoir deux jeunes collègues au sein de l’équipe dirigeante qui nous défient constamment sur le plan technologique. Notre offre innovante est également attractive, en ceci que nous proposons deux philosophies d’investissement distinctes, active et passive.
Et finalement, c’est la culture d’entreprise et la très bonne atmosphère au bureau qui font la différence. Nous apprécions la diversité des gens avec leur personnalité, afin de maintenir un échange collégial et vivant. Nous célébrons nos succès ensemble, lors d’un barbecue sur la terrasse, d’un apéritif, d’une soirée grillades sur l’Uetliberg, d’un week-end de ski ou d’un match de padel. Chacun est invité à contribuer selon sa personnalité et ses préférences.
Et quel est votre modèle de rémunération?
Notre modèle est résolument entrepreneurial. Chaque conseiller participe de manière substantielle au succès de l’entreprise. Concrètement, il perçoit 70% des revenus qu’il génère lui-même, mais aucun salaire fixe. Ce modèle attire des conseillers disciplinés, bien organisés et convaincus de leur propre réussite.
Stephan Matti
LeoVest
RÉDACTION
redaction[at]sphere.swiss
PUBLICITÉ
advertise[at]sphere.swiss
ABONNEMENT
contact[at]sphere.swiss
ÉVÉNEMENTS
events[at]sphere.swiss
Case postale 1806
CH-1211 Genève 1
© 2023 Sphere Magazine
Site réalisé par Swiss House of Brands