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Solutions EAM

  • Interview Laurent Genoud
  • Directeur
  • Eagle Invest

« La performance nous assure au final la confiance de nos clients »

Si la performance n’est pas le seul critère à prendre en compte, elle joue néanmoins un rôle déterminant dans la proposition de valeur des gérants indépendants. C’est le point de vue de Laurent Genoud, qui en profite ici pour passer en revue les fonctions régaliennes des GFI.

Par Jérôme Sicard

Parmi tous les critères de satisfaction qui importe aux yeux de vos clients, où situez-vous plus précisément la performance des portefeuilles aujourd’hui?

Au vu des relations très proches que nous établissons dans le temps avec nos clients, il est certain que notre apport ne peut pas se limiter à la seule performance de leurs portefeuilles. Nous réussissons à créer avec eux des liens forts. Dans la plupart des cas, ils nous perçoivent comme des professionnels capables de résoudre les différents problèmes qu’ils rencontrent dans la construction et la gestion de leur patrimoine. Nous sommes présents à leurs côtés pour les accompagner aussi dans des domaines clés comme la prévoyance, la fiscalité, les crédits hypothécaires, la gestion des biens immobiliers, et des sujets hautement sensibles comme la succession familiale. Nous travaillons à 360 degrés.

En revanche, il me semble évident que la performance occupe un rang élevé dans notre proposition de valeur. Elle est au cœur même de notre modèle d’affaires. Elle valide dans une certaine mesure nos compétences et elle nous assure au final la confiance que nous porte nos clients. En ce sens, elle est forcément déterminante !

Techniquement, où faut-il aller chercher de l’alpha aujourd’hui dans les stratégies d’allocation ?

L’alpha, pour moi, relève beaucoup du concept marketing. En réalité, je pense que l’alpha se trouve d’abord dans la personne, à savoir dans le gestionnaire et dans la différence qu’il fait par rapport à ses pairs. L’alpha, c’est avant tout le résultat d’une stratégie élaborée en étroite collaboration avec chacun de nos client et pilotés sur le long terme en ajustant certains paramètres au fil du temps. J’aurais donc plutôt tendance à me méfier de l’alpha quand il implique une approche un peu trop mathématique du portfolio management.

Comment vous y prenez-vous pour optimiser la diversification des différentes poches qui composent vos portefeuilles?

Il ne faut pas perdre de vue que la diversification dépend aussi beaucoup des aspirations et des attentes de nos clients. En ce qui concerne mes portefeuilles, j’ai construit  ma réputation sur la cote suisse. Je me suis spécialisé sur les valeurs pour une clientèle suisse dont les portefeuilles sont libellés en francs suisses. C’est mon ADN. Il n’a pas généré beaucoup de valeur en 2024, une année marquée par la domination des Magnificent Seven et de la tech US, mais c’est une approche qui se valide sur le long terme et elle correspond à la volonté de mes clients. Ils apprécient le biais défensif des actions suisses ainsi que leur belle exposition sur la scène internationale. Si mes clients souhaitent davantage de diversification sur un échelle plus mondiale, je me sens capable de les orienter vers un autre gestionnaire d’Eagle Invest, plus à même de satisfaire leur demande.

Comment avez-vous fait évoluer la construction et la gestion de vos portefeuilles ces dernières années?

Nous n’avons pas mis en place de processus systématiques dans la construction et la gestion de nos portefeuilles, parce que nous voulons rester connectés avec la réalité. Le monde change, de plus en plus vite d’ailleurs, de grandes tendances se dessinent, et nous devons pouvoir intégrer ces grandes orientations dans nos portefeuilles. L’enjeu est là : avoir une vision claire sur les marchés et leur évolution. Pour ce qui relève ensuite du choix des titres, ce sont toujours les mêmes fondamentaux que nous employons.

Ces cinq dernières années, qu’avez-vous changé dans vos méthodes ?

Nous essayons de conserver la même politique de placement, puisqu’elle nous a valu de bons résultats jusqu’à présent. Nous restons concentrés sur les valeurs suisses et les portefeuilles en franc suisse. Nous faisons peu de market timing et nous ne partons pas sur les produits exotiques.

En revanche, pour certaines classes d’actifs de plus en plus complexes, nous n’hésitons plus à déléguer la gestion à des spécialistes qui maîtrisent parfaitement leur domaine.

Je dirais enfin que nous prêtons beaucoup plus d’attention aux coûts, quelle que soit leur nature, car les clients y sont bien évidemment de plus en plus sensibles. Pour les dépôts de leurs avoirs, ils sont devenus plus flexibles et la réputation de la banque dépositaire ne suffit plus à les convaincre. Nous intégrons aussi davantage de produits indiciels, des ETF, meilleur marché, pour couvrir certaines régions ou certains thèmes – plutôt plain vanilla – où il est illusoire de penser à surperformer le marché sur le long terme.

Est-il encore possible aujourd’hui pour un gérant indépendant d’assumer à la fois les fonctions de relationship manager et de portfolio manager ?

Il faut aussi ajouter le rôle d’analyste ! Relationship manager, portfolio manager et analyste. Ce sont les trois fonctions régaliennes du gérant indépendant. Pour moi, nous devons absolument remplir ces trois rôles et justifier ainsi notre proposition de valeur, bien que le régulateur semble vouloir nous compliquer un peu la tâche. Si nous ne jouons pas ces trois rôles nous risquons de passer dans un mode private banking avec davantage de silos, de verticalité et le risque à terme de nous déconnecter de la réalité. Il se peut que la fonction de relationship manager prenne chez les gérants indépendants un peu plus d’importance mais le travail de portfolio manager et d’analyste assure la complétude de notre mission. C’est ce que nos clients attendent de nous. Ils veulent avoir en face des professionnels qui savent de quoi ils parlent et en qui ils peuvent avoir confiance. C’est donc indispensable. Essentiel !

Laurent Genoud

Eagle Invest

Laurent Genoud a entamé son parcours professionnel chez SBC Warburg dans le négoce de devises puis chez Credit Suisse dans le private banking. En 2007, il a rejoint Genoud Asset Management, société créée par son père, jusqu’à la fusion en 2014 avec Eagle Invest, dont il est aujourd’hui directeur.  

Laurent a effectué des études des études d’économie politique à Zurich. Il a terminé en 2006 la formation AZEK d’expert fédéral en finance et investissements et a également obtenu le diplôme de Certified International Wealth Manager. Il est membre par ailleurs de la Swiss Financial Analyst Association et a enseigné pendant 3 ans à la Hochschule für Banken und Finanzen de l’AKAD Business School, Zurich-Oerlikon.

 

Sphere

The Swiss Financial Arena

Depuis sa création en 2016, SPHERE anime la communauté des pairs de la finance suisse. Elle leur propose en français et en allemand différents espaces d’échange avec un magazine, des hors-série réservés aux Institutionnels, un site web et des évènements organisés tout au long de l’année pour aborder de nombreuses thématiques. Toutes les parties prenantes de la finance, l’un des plus importants secteurs économiques de Suisse, ont ainsi à leur disposition une plateforme où il leur est possible d’échanger, de s’informer et de progresser.

Approche

Solutions EAM

  • Interview Pierre-Yves Formaz
  • Chief Investment Officer
  • Forminvest

« Les gérants indépendants doivent mettre l’accent sur la transparence »

Pour Pierre-Yves Formaz, le travail en profondeur réalisé par les gérants sur les portefeuilles de leurs clients doit impérativement s’accompagner d’un engagement accru en matière de transparence. Elle est devenue ces dernières années un élément fondamental de la relation client.

Par Jérôme Sicard

Vous avez créé FormInvest voilà maintenant 12 ans. Au cours de ces douze dernières années, comment avez-vous fait évoluer la construction de vos portefeuilles?

La structure de base des portefeuilles est restée la même depuis le début. Nous privilégions en effet des portefeuilles simples, faciles à mettre en œuvre, à gérer, à comprendre et à expliquer. 

Dans la façon dont vous gérez vos portefeuilles, que faites-vous aujourd’hui que vous ne faisiez pas en 2013?

Aujourd’hui, nous investissons les nouvelles entrées d’argent immédiatement. Il y a 12 ans, j’avais tendance à étaler les investissements sur plusieurs semaines, voire quelques mois. Essayer d’anticiper le marché s’est avéré être un exercice futile et, la plupart du temps, coûteux en termes de performance. 

Comment votre sélection de produits a-t-elle évolué dans le temps?

Les critères de sélection ont été affinés et les moyens techniques mis en place pour la recherche des produits ont été professionnalisés. 

Aujourd’hui, nous ne nous contentons plus d’évaluer les performances passées et les mesures statistiques. Nous adoptons en plus une approche qualitative approfondie, qui passe notamment par l’examen de l’expérience professionnelle, des antécédents et de l’expertise des gestionnaires de fonds responsables des produits considérés. Ce processus méticuleux garantit que chaque instrument sélectionné entre en adéquation avec nos objectifs stratégiques et répond à des critères rigoureux. C’est ainsi que nous générons de la valeur à long terme à nos clients. 

A quelles techniques avez-vous recours pour optimiser la diversification de vos portefeuilles?

 La diversification est la pierre angulaire de notre philosophie d’investissement. Nous visons à construire des « portefeuilles mondiaux » avec une diversification étendue à travers et au sein des classes d’actifs, traditionnelles comme alternatives. Nous utilisons donc des fonds communs de placement et des trackers indiciels qui nous permettent de nous exposer à la plupart des marchés dans le monde entier. 

Quels facteurs vous semblent primordiaux aujourd’hui dans la façon dont vous décidez de vos stratégies d’allocation?

    La diversification, bien évidemment. Je viens d’en parler. Il faut être aussi largement diversifié que possible et pertinent afin de réduire sans frais le risque du portefeuille et débloquer des sources de rendement multiples.

    Il faut aussi intégrer les conditions macroéconomiques en tenant compte d’indicateurs tels que les prévisions de croissance, ou les tendances en matière d’inflation et de taux d’intérêt.

    Je mentionnerais aussi les niveaux de prix et la dynamique des marchés. Il s’agit d’orienter les portefeuilles vers les marchés qui présentent les perspectives risque/rendement les plus favorables, tout en maintenant bien-sûr une large diversification.

    Dans leur proposition de valeur, sur quels éléments les gérants indépendants doivent-ils impérativement se concentrer aujourd’hui?

    Nous sommes convaincus que les gérants indépendants doivent mettre l’accent sur la transparence. Elle peut leur conférer des avantages distincts dans un secteur hautement concurrentiel et souvent opaque. 

    La transparence favorise l’ouverture. Elle permet d’aligner les objectifs de l’entreprise sur ceux de ses clients. En fait, elle contribue à créer de la confiance, et à donner au client un sentiment de sécurité dans la relation. Les investisseurs modernes exigent souvent de savoir comment leurs actifs sont gérés.  Les rapports doivent donc apporter de la clarté sur les frais, les performances et les risques. Le fait de fournir au client une compréhension claire de son portefeuille lui permet de prendre des décisions en connaissance de cause, ce qui réduit d’autant les risques juridiques ou d’éventuelles pénalités. Il se développe alors un sentiment de partenariat plutôt qu’une relation transactionnelle, ce qui a pour effet de favoriser la loyauté.

    L’accent mis sur la transparence peut transformer un gestionnaire de patrimoine privé en conseiller privilégié plutôt qu’en simple prestataire de services. La transparence en appelle aux besoins émotionnels et rationnels des clients. Elle les amène à se sentir en confiance et à se voir valorisés dans un domaine où la confiance est souvent le facteur décisif.

    Pierre-Yves Formaz

    Forminvest

    Pierre-Yves Formaz est le fondateur et le CIO de Forminvest. Il gère des solutions discrétionnaires pour le compte des clients de la société depuis 2013. Auparavant, il a travaillé pendant plus de 20 ans à l’UBS en tant que conseiller en investissement pour les clientèles HNWI et UHNWI du Moyen-Orient, de Suisse et d’Europe. Pierre-Yves est titulaire de la certification CFA et d’un certificat d’expert bancaire suisse.

     

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    Depuis sa création en 2016, SPHERE anime la communauté des pairs de la finance suisse. Elle leur propose en français et en allemand différents espaces d’échange avec un magazine, des hors-série réservés aux Institutionnels, un site web et des évènements organisés tout au long de l’année pour aborder de nombreuses thématiques. Toutes les parties prenantes de la finance, l’un des plus importants secteurs économiques de Suisse, ont ainsi à leur disposition une plateforme où il leur est possible d’échanger, de s’informer et de progresser.

    Quick wins

    Solutions EAM

    • Interview Jamie Vrijhof-Droese
    • Managing partner
    • WHVP

    « Nous utilisons principalement l’IA pour des fonctions de support »

    WHVP, le gérant indépendant zurichois, a recours depuis maintenant plus de deux ans à l’intelligence artificielle pour optimiser certains de ses process, notamment dans le cadre de ses efforts Marketing & Sales. Et, de plus en plus, pour des tâches secondaires liées à la gestion de portefeuille. Jamie Vrijhof-Droese en précise ici la portée.

    Par Jérôme Sicard

    Quelles ont été vos premières initiatives dans le cadre du recours à l’IA?

    Nous avons commencé à la fin de l’année 2022, lorsque OpenAI a lancé ChatGPT. Comme beaucoup d’autres sociétés, nous avons commencé par des tâches relativement simples. Au départ, nous nous sommes concentrés sur les contenus marketing. La toute première chose que nous avons faite en recourant à l’IA a été d’améliorer nos articles de blog. Nous avons utilisé des articles existants que nous avions déjà rédigés et avons utilisé l’outil pour les réécrire afin de les rendre plus concis ou mieux adaptés à l’optimisation pour les moteurs de recherche.

    Ensuite, nous avons expérimenté la création d’ébauches de nouveaux articles, puis nous sommes passés à la création d’articles entiers à partir d’une page blanche. Nous avons également commencé à l’utiliser pour nos publications sur LinkedIn et pour d’autres contenus destinés aux médias sociaux. Mais de prime abord, notre objectif principal était de générer du texte à des fins de marketing.

    Depuis lors, comment avez-vous étendu son utilisation? A quelles fins y recourez-vous aujourd’hui?

    Nous utilisons encore l’IA principalement pour des fonctions de support – elle ne joue pas encore un rôle important dans notre cœur de métier. Elle s’est toutefois avérée incroyablement utile pour établir une stratégie de contenua. Nous l’avons également exploitée pour étendre notre réseau en générant des listes de partenaires commerciaux potentiels aux États-Unis à des fins de démarchage téléphonique ou électronique.

    En plus de la mise en réseau, l’IA nous a également aidés à améliorer le travail de conception et de présentation de l’entreprise. Elle nous a permis d’affiner les mises en page et le design. Même les présentations PowerPoint ont désormais un aspect plus abouti.

    De même, nous avons amélioré nos market reports. Ils sont maintenant plus clairs et plus concis. Par ailleurs, nous utilisons bien sûr l’IA pour les traductions et les synthèses. Comme nous travaillons dans un contexte transfrontalier, elle est incroyablement efficace pour la traduction entre l’allemand et l’anglais.

    Nous nous intéressons actuellement à l’acquisition de clients. Outre-Atlantique, nous avons vu les premiers gestionnaires acquérir des clients directement par l’intermédiaire de ChatGPT, et nous sommes optimistes quant à l’arrivée prochaine de cette tendance dans notre secteur. Nous nous préparons à l’étape suivante en rédigeant nos contenus de manière à ce qu’ils soient non seulement optimisés pour les moteurs de recherche, mais aussi pour l’IA générative.

    Plus précisément, comment l’utilisez-vous dans la gestion de portefeuille?

    Nous en sommes encore à la phase d’expérimentation.  Comme je l’ai mentionné précédemment, l’IA n’est pas encore un outil indispensable pour nous, mais elle s’est avérée utile pour les fonctions de support. Par exemple, les états financiers peuvent être synthétisés rapidement et efficacement grâce à l’IA. Avec les portefeuilles anonymisés, vous pouvez également configurer des paramètres et demander au système de vérifier si le portefeuille s’écarte de ces références. Cela est également utile pour réfléchir à des idées d’investissement. Si vous avez une stratégie de portefeuille ou pensez à un investissement en particulier, vous pouvez utiliser l’IA comme une sorte de partenaire de brainstorming pour identifier les angles morts ou évaluer les risques potentiels.

    Pour nous, il est essentiel que les décisions d’investissement soient prises en interne par des professionnels expérimentés qui ont une connaissance approfondie et complète des marchés financiers et de la sélection de titres. Cependant, utiliser un outil comme ChatGPT comme deuxième avis, uniquement à des fins de double contrôle, et s’assurer que rien n’a été négligé, peut s’avérer très utile.

    Comment évalueriez-vous les avantages que vous tirez de l’utilisation de l’IA?

    L’effet le plus notable est certainement l’amélioration de l’efficacité, en particulier dans le domaine du marketing et de la communication, où nous avons probablement réduit de moitié le temps nécessaire à l’élaboration de ce genre de tâches.

    A ce jour, dans quel domaine l’IA vous a-t-elle donné le plus de satisfaction?

    Pour l’heure, sans doute dans le Marketing & Sales. Je ne pense pas que nous serons bientôt en mesure de compter sur l’IA comme un outil fiable pour la gestion de portefeuille. Cependant, pour des tâches telles que la création de documents marketing, l’amélioration de la communication par courrier électronique ainsi que celle des rapports de marché ou même la génération d’images – pour ne plus dépendre des banques de photos – cette technologie s’avère déjà très efficace.

    Au cours des deux années à venir, ces domaines deviendront probablement un axe majeur d’intégration de l’IA. Mais si l’on considère le potentiel à long terme de ces outils, il est vraiment infini.

    Selon vous, dans quel domaine l’IA vous sera-t-elle plus utile à l’avenir?

    Les limites sont en fait liées aux risques encourus. Par exemple, la protection de la vie privée et le respect des lois sur le secret bancaire sont essentiels. Le respect des règles et réglementations en matière de confidentialité est, bien entendu, une priorité absolue.

    Les modèles que nous utilisons aujourd’hui sont encore relativement primitifs par rapport à ce que nous observerons probablement à l’avenir. Cependant, le rythme du changement est si rapide qu’il est essentiel que les gens continuent à expérimenter, à tester différentes approches, à trouver ce qui leur convient le mieux et à comprendre leurs propres limites en essayant et en voyant ce qui marche ou non.

    Combien d’employés à temps plein l’intelligence artificielle remplace-t-elle en réalité?

    L’IA ne remplacera pas le personnel hautement qualifié dont nous disposons. Au contraire, chaque employé intégrera probablement l’IA dans son travail quotidien. Je ne pense pas que l’IA deviendra une fonction à part entière, mais plutôt un outil ou un système utilisé par tous les membres de l’entreprise.

    La plupart des employés, même dans le domaine de la gestion de fortune, ont probablement déjà recours à une forme d’assistance par l’IA au quotidien. Il est donc essentiel que les entreprises établissent des lignes directrices claires sur l’utilisation de l’IA, en déterminant ce qui est autorisé et ce qui est interdit, et en veillant à ce que les employés soient bien informés de ces politiques.

    Par exemple, le respect des lois relatives à la protection de la vie privée et au secret bancaire n’est pas négociable lors de l’utilisation de l’IA. Il est important que les entreprises informent de manière proactive leurs équipes des limites et des méthodes approuvées pour l’utilisation des outils d’IA. Tôt ou tard, tout le monde les adoptera d’une manière ou d’une autre.

    Jamie Vrijhof-Droese

    WHVP

    Jamie Vrijhof-Droese est managing partner de WHVP, la société de gestion zurichoise, et dispose d’une longue expérience dans le secteur financier. Elle s’est spécialisée dans le suivi de clients américains et siège par ailleurs au comité de l’ASG, l’Association suisse des gérants de fortune. Jamie a commencé sa carrière dans la banque en 2009 chez Credit Suisse, avant de travailler pendant plusieurs années dans la planification financière. Elle a co-signé l’ouvrage «Swiss Money Secrets» chez Banyan Hill Publishing, en 2018. Elle est titulaire d’un Bachelor en banque et finance, ainsi que d’un MBA obtenu à l’Université de Saint-Gall.

     

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    Depuis sa création en 2016, SPHERE anime la communauté des pairs de la finance suisse. Elle leur propose en français et en allemand différents espaces d’échange avec un magazine, des hors-série réservés aux Institutionnels, un site web et des évènements organisés tout au long de l’année pour aborder de nombreuses thématiques. Toutes les parties prenantes de la finance, l’un des plus importants secteurs économiques de Suisse, ont ainsi à leur disposition une plateforme où il leur est possible d’échanger, de s’informer et de progresser.

    Rebranding

    Solutions EAM

    • Interview Stephan Matti
    • CEO
    • LeoVest

    “Dans les 20 collaborateurs de LeoVest, il y a aujourd’hui 11 associés-gérants »

    Le gestionnaire de fortune Green Wealth Partners, basé à Zurich, est devenu LeoVest Partners. Son CEO, Stephan Matti, fait le récit d’une acquisition stratégique qui a transformé une modeste entité en un acteur significatif aux capacités étendues. Question de survie.

    Par Levi-Sergio Mutemba

    Pourriez-vous résumer en quelques mots l’origine de Green Wealth Partners et LeoVest ?

    L’histoire de Green Wealth Partners remonte à la création, en 2011, du Vogt Family Office qui fut, en 2022, fut l’un des premiers gestionnaires de fortune suisses à obtenir la licence FINMA. Vogt Family Office a lui-même fait l’objet d’un rebranding en début 2023 pour devenir Green Wealth Partners. Plus tard dans l’année, nous avons commencé la restructuration de Green Wealth et créé la société LeoVest Partners.

    Qu’est-ce qui vous a poussé à racheter un gérant indépendant et à procéder à un rebranding?

    Notre décision de racheter Green Wealth s’explique par le fait que ce gérant externe était déjà détenteur de la licence FINMA. Il s’agissait d’une petite entité employant quatre personnes, avec environ 50 millions de francs sous gestion. Celle-ci a clairement compris qu’atteindre une certaine taille était une condition essentielle à sa survie.

    Dès janvier 2024, nous avions étoffé l’équipe avec la venue de sept gestionnaires ou relationship managers, dont cinq sont des associés gérants. LeoVest compte aujourd’hui 20 collaborateurs, dont 16 RMs, pour des avoirs sous gestion s’élevant désormais à 1,4 milliard de francs. Dans les 20 collaborateurs, il y a aujourd’hui 11 associés gérants. Enfin, le rebranding en faveur de la marque LeoVest s’inspire du lion figurant sur le drapeau zurichois, leo en latin, combiné au radical du mot «investissement».

    En quoi ont consisté les principaux investissements consécutifs au rachat de Green Wealth Partners?

    Nous avons surtout investi dans l’infrastructure technologique. En particulier dans le système de gestion de portefeuille et des relations-clients. Il repose désormais sur la technologie d’Evooq developée en collaboration avec Assetmax, ce qui a eu pour effet d’accroître de façon considérable le nombre de fonctionnalités. Nous avons également reconnecté ce PMS à la plupart de nos banques dépositaires, pour assurer notamment l’entière optimisation des données provenant de ces banques, ce qui a eu pour résultat de former un système plus centralisé.

    Il était également impératif pour nous de développer une infrastructure basée sur le cloud, en partenariat avec le provider technologique UMB. De telle sorte que, par exemple, nous avons mis des ordinateurs portables à disposition de chaque collaborateur, afin qu’ils puissent travailler depuis chez eux ou ailleurs.

    Garantir la sécurité IT représente également un budget important, mais nécessaire, comme l’illustrent les récentes et nombreuses cyberattaques dans le secteur financier et autre. Quant à la société informatique Signeer, elle développe pour nous les applications prenant en charge à la fois l’onboarding et l’identification numériques des clients. Ces derniers peuvent désormais signer des contrats numériques avec nous en un seul clic. Par ailleurs, nous souhaitons également étendre cette possibilité avec nos banques dépositaires.

    Qu’attendez-vous en priorité d’un PMS face à la rapidité des évolutions technologiques?

    Qu’il soit doté d’une interface efficace avec les banques dépositaires. Car c’est de là que nous obtenons le gros des données. Il est essentiel que l’échange de ces données soient en outre pleinement automatisé. Le deuxième critère principal d’efficacité est la conformité du PMS avec le cadre réglementaire. Le PMS doit pouvoir prendre en compte le profil de risque du client, évaluer son adéquation, procéder aux contrôles liés aux transactions pre- et post-trade, fournir une documentation pertinente etc. Nous n’avons pas besoin du PMS le plus sophistiqué du monde, mais simplement d’un PMS facile à utiliser pour nos gérants et pour la gestion réglementaire.

    Quelle est l’importance des services non-financiers pour un gestionnaire de fortune?

    Nous disposons d’une certaine expertise dans la planification financière et successorale, grâce à notre réseau de spécialistes externes. Notons aussi qu’un certain nombre de clients britanniques quittent le Royaume-Uni pour s’établir en Suisse, en Italie, ou à Dubai. Bien que nous ne soyons pas autorisés à leur offrir des solutions d’optimisation fiscale, nous les accompagnons néanmoins au cours de leur délocalisation, en les orientant vers notre réseau de fiscalistes et spécialistes, et ce afin de les soutenir depuis le point de départ jusqu’au point d’arrivée.

    Enfin, nous avons mis à la disposition des clients un système de reporting consolidé leur permettant d’avoir une vue complète de leur allocation d’actifs en y incluant le patrimoine illiquide. Je remarque également que la solidité du bilan des banques privées ou autres gestionnaires d’actifs devient l’un des critères les plus fondamentaux aux yeux des clients. Nous facilitons donc l’ouverture des relations d’affaires auprès des banques dépositaires.

    Stephan Matti

    LeoVest

    Stephan Matti est co-fondateur et CEO de LeoVest, gestionnaire de fortune basé à Zurich avec une présence internationale. Stephan Matti était auparavant membre de l’équipe de direction du groupe Quintet Private Bank, où il dirigeait les activités institutionnelles en Europe. Au cours des 25 années passées au sein de la banque UBS, Stephan Matti a occupé des postes clés, notamment celui de responsable des intermédiaires financiers en Suisse, ainsi que responsable des marchés d’Asie du Sud-Est à Hong Kong et à Singapour. Stephan est titulaire d’un Executive MBA obtenu à l’IMD, Lausanne, et d’un Bachelor en administration des affaires de la Haute école spécialisée de Berne.

     

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    Prévention

    Solutions EAM

    • Hossein Fezzazi
    • Chief Operating Officer
    • Penta

    Des cadres pour mieux gérer les risques d’externalisation

    La FINMA avait identifié dans un premier temps sept risques majeurs menaçant les institutions financières suisses. Depuis l’an passé, la liste s’est allongée avec les risques de liquidité et de refinancement ainsi que les risques liés à l’externalisation des activités opérationnelles, auxquels Hossein Fezzazi s’intéresse plus particulièrement.

    Pour beaucoup de sociétés financières suisses, soucieuses de rester compétitives sur un marché en rapide évolution, l’externalisation est devenue l’un des grands axes de la stratégie opérationnelle. Mais, dans la mesure où les entreprises dépendent de plus en plus de fournisseurs tiers pour des services critiques, les risques associés se développent en même temps à un rythme alarmant.

    Avec la digitalisation et le besoin de se concentrer sur les activités essentielles, le nombre de sous-traitants augmentent forcément. Comme l’a récemment relevé la FINMA, l’externalisation représente désormais un risque opérationnel majeur. Elle souligne qu’un tiers des cyberattaques visant les institutions financières ciblent d’abord des fournisseurs tiers. Quitte à prendre un ton quelque peu alarmiste, la FINMA ajoute que les perturbations ou les défaillances des services gérés par des fournisseurs tiers pourraient, dans les cas les plus extrêmes, menacer la stabilité des marchés financiers. Pas moins.

    Dans cette logique, la FINMA continue donc de mettre l’accent sur la complexité croissante des chaînes d’approvisionnement et insiste sur la nécessité de mettre en place des cadres pour la gestion des risques majeurs.

    Le respect de dispositifs tels que la circulaire 2018/3 de la FINMA est fondamental lorsqu’il s’agit de gérer efficacement des risques liés à l’externalisation. Les gestionnaires de patrimoine, par exemple, doivent obtenir des rapports d’audit tels que l’ISAE 3000, pour s’assurer que les services externalisés respectent les normes juridiques et opérationnelles. L’ISAE 3402 type II fournit des assurances supplémentaires concernant la solidité de la gouvernance informatique et de la gestion des risques.

    Comme l’a remarqué à plusieurs reprises la FINMA, la conformité ne doit pas être un simple exercice de remplissage de cases. Les établissements doivent intégrer les exigences réglementaires dans leurs processus opérationnels et surveiller en permanence les lacunes en matière de conformité.

    Le non-respect de ces normes peut avoir des répercussions importantes, notamment des amendes, des atteintes à la réputation et une perte de confiance chez les clients. Le risque s’en trouve accru lorsque les institutions ne comprennent pas pleinement leurs obligations contractuelles ou n’effectuent pas les vérifications nécessaires lors de l’intégration de fournisseurs. Les litiges juridiques concernant les accords de niveau de service (SLA) peuvent empirer les perturbations opérationnelles, ce qui complique encore les efforts de gestion des risques.

    Externalisation : des stratégies d’atténuation des risques  

    Pour relever ces défis, les entreprises financières suisses doivent adopter une approche proactive du risk management lié à l’externalisation. Les principales stratégies sont les suivantes :

    1. Vérifications renforcées : les gérants devraient procéder à une vérification préalable complète avant de conclure des accords d’externalisation. Il s’agit notamment d’évaluer la stabilité financière, les capacités techniques et les antécédents de conformité de leurs fournisseurs potentiels.
    2. Garanties contractuelles : des accords de niveau de service clairs et applicables doivent définir les attentes en matière de performances, les exigences en matière de cybersécurité et les obligations de conformité. Des clauses de pénalité peuvent être incluses pour inciter au respect des engagements.
    3. Surveillance continue : la gestion des risques ne doit pas s’arrêter à la signature d’un contrat. Il est essentiel de surveiller en permanence les performances, les pratiques de sécurité et la conformité des tiers pour atténuer l’évolution des risques.
    4. Plans d’intervention en cas d’incident : les établissements doivent élaborer et tester régulièrement des plans de réponse aux incidents adaptés aux défaillances de tiers. Cela permet d’être prêt à faire face rapidement aux perturbations et à en minimiser l’impact.
    5. Audits et évaluations réguliers : les institutions devraient donner la priorité aux audits réguliers et aux évaluations des risques, en s’appuyant sur des cadres tels que ISAE 3000 et ISAE 3402 type II. Ces audits permettent non seulement de garantir la conformité, mais aussi d’identifier les risques émergents au sein de la chaîne d’approvisionnement.

    Si l’externalisation offre des avantages indéniables, elle présente également des risques importants qu’il est impératif de prendre en compte. La complexité croissante des chaînes d’approvisionnement, associée aux menaces accrues en matière de cybersécurité et aux exigences réglementaires, exige des gérants qu’ils adoptent une approche solide et dynamique de la gestion des risques. En améliorant la surveillance, en favorisant la transparence et en donnant la priorité à la conformité, ils peuvent atténuer les risques de l’externalisation tout en profitant de ses avantages opérationnels.

    Hossein Fezzazi

    Penta

    Hossein Fezzazzi est le Chief Operating Officer de Penta, un poste qu’il occupe depuis 2010. En tant que directeur des opérations, Hossein Fezzazi est en charge de la stratégie, des finances et de la gestion des comptes de l’entreprise à la fois à Genève et à Dubaï. Il apporte également sa solide expérience dans la relation clients lors des phases d’appel d’offres, de prévente et de production des projets.

     

    Sphere

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    Depuis sa création en 2016, SPHERE anime la communauté des pairs de la finance suisse. Elle leur propose en français et en allemand différents espaces d’échange avec un magazine, des hors-série réservés aux Institutionnels, un site web et des évènements organisés tout au long de l’année pour aborder de nombreuses thématiques. Toutes les parties prenantes de la finance, l’un des plus importants secteurs économiques de Suisse, ont ainsi à leur disposition une plateforme où il leur est possible d’échanger, de s’informer et de progresser.

    Transformations

    Solutions EAM

    • Interview Marc Briol
    • Chief Executive Officer
    • Pictet Asset Services

    « Les banques dépositaires doivent assumer davantage leurs responsabilités en matière de standards. »

    Pour Marc Briol, les gérants indépendants n’ont pas été impactés outre mesure par la mise en application de la LSFin/LEFin. Ils étaient prêts, mais ils n’échapperont pas ces prochaines aux profondes transformations que leur imposeront des banques dépositaires soucieuses d’établir à terme des standards plus élevés.

    Par Jérôme Sicard

    Dans la façon dont ils s’organisent, où pensez-vous que la LSFin/LEFIn a le plus d’impact sur les gérants indépendants depuis sa mise en application ?

    Nous constatons que l’impact a finalement été assez marginal. Bien que les gérants aient probablement fourni un immense effort d’un point de vue administratif pour préparer leur dossier, documenter leurs modes opératoires, formaliser leurs procédures et se soient soumis à des audits, ils n’ont pas changé pour autant leur manière d’agir. Je ne les trouve donc pas excessivement alourdis par cette charge réglementaire.

    En réalité j’estime que la répercussion de cette réglementation sera plus marquée dans un deuxième temps. Les gérants indépendants vont être soumis aux règles ou aux impératifs des banques de manière plus forte. Je pense par exemple aux marchés cibles sur lesquels ils se positionnent. Les banques voudront s’assurer que leurs gérants maîtrisent parfaitement les juridictions sur lesquelles ils opèrent. Ces prochaines années, ils auront donc à formaliser davantage leurs schémas opérationnels. Ces transformations profondes n’ont pas encore vraiment commencé.

    La LSFin et la LEFin ont-elles poussé les gérants à initier ce processus de transformation ?

    Non, dans la mesure où les autorisations délivrées par la Finma s’inscrivent en réalité dans la continuité des travaux que les gérants ont dû entreprendre pour obtenir leur licence. Ils remplissaient donc déjà certaines exigences en termes d’organisation, de transparence, de stabilité ou d’appropriation. Mais il leur faudra en remplir certainement plus ces prochaines années.

    A ce jour, la Finma a délivré près de 1’500 autorisations. Quel regard portez-vous sur ce marché ?

    C’est un marché important, qui jouit manifestement d’une belle dynamique. Je m’attends cependant à voir une certaine sélection s’effectuer à l’avenir. Beaucoup d’autorisations ont été délivrées de manière rigoureuse, d’autres l’ont peut-être été un peu moins. Il sera intéressant de voir dans quelle mesure la Finma mettra en place une jurisprudence avec des niveaux de qualité ou de contrôle différents, aussi bien pour les banques dépositaires que pour les gérants indépendants.

    Pour vous, les banques doivent donc jouer un rôle dans cette rationalisation ?

    Les banques dépositaires doivent se situer aux avant-postes et assumer davantage leurs responsabilités dans la définition et la mise en place de standards. Nous sommes aussi très attentifs aux changements en cours à la Finma. Ce que nous souhaitons – et ce qui a toujours été la force de la place financière suisse – c’est d’évoluer dans un environnement « pinciple-based » plutôt que « rule-based ». On a besoin d’un régulateur qui veille à l’application des lois mais contribue aussi à la compétitivité de la place financière. C’est le mandat souvent donné aux régulateurs anglo-saxons. L’approche n’est pas forcément la même en Suisse ou en Europe.

    Comment définiriez-vous la proposition de valeur de gérants indépendants tels qu’ils se présentent en ce moment sur le marché ?

    Leur indépendance, pour commencer, puisque c’est l’adjectif qui les qualifie en tout premier lieu. Les gérants indépendants ont cette capacité à travailler en architecture ouverte et à pouvoir sélectionner les meilleurs produits dans le seul intérêt de leurs clients. Leur proposition de valeur tient aussi pour beaucoup à leur flexibilité et leur proximité vis à vis de la clientèle. Leur corpus administratif s’est peut-être alourdi, mais ils disposent encore de grandes plages de temps à consacrer à leurs clients.

    Et puis j’élargirais le champ. Les gérants indépendants bénéficient d’un contexte assez extraordinaire, celui de la place financière suisse, de sa grande stabilité, de sa vigueur et de la richesse de son écosystème, autant d’éléments qui se reflètent également dans la proposition de valeur des GFI.

    Ont-ils encore la bande passante aujourd’hui pour assurer une gestion de portefeuille optimale ?

    Oui, pour autant qu’ils s’organisent de manière adéquate, et prennent en considération leur valeur ajoutée et leurs capacités, par exemple dans le cas d’une allocation tactique. Doivent-ils s’occuper de tout ou déléguer ? Nous voyons émerger aujourd’hui une prise de conscience autour de la génération d’alpha. Elle concerne d’ailleurs autant les banques que les gérants. Pour les unes comme pour les autres, il s’agit de mieux intégrer des actifs non cotés dans les portefeuilles et d’optimiser la diversification dans les classes traditionnelles comme les actions ou les obligations.

    Nous nous dirigeons à mon avis vers un monde où les gérants trouveront des relais pour la gestion de certaines poches et se transformeront progressivement en « trusted advisors », dans des structures multi-gérées plus ouvertes.

    En dehors de la réglementation, quelles autres pressions voyez-vous s’exercer sur les gérants indépendants ?

    La première, c’est la génération d’alpha que je viens d’évoquer. Les gérants ont aujourd’hui des impératifs de performance, couplés à une forte pression sur les marges, due en grande partie à un environnement de plus en plus compétitif, en Suisse comme à l’international.

    Le passage au digital et l’adoption de nouvelles technologies comme l’intelligence artificielle pèsera aussi beaucoup sur eux. Dans la façon dont ils gèrent leurs portefeuilles de même que dans la manière dont ils interagissent avec leurs clients. Sur ce point, les attentes et les comportements futurs de la NextGen restent encore quelque peu indéterminés.

    De votre côté, comment avez-vous fait évoluer vos services aux tiers gérants?

    Nous les aidons à optimiser l’allocation de leurs portefeuilles en leur donnant accès à des actifs plus sophistiquées de type private markets ou hedge funds. Nous sommes capables de leur proposer une large gamme de produits, ou de créer pour eux, selon leurs besoins spécifiques, des fonds dédiés, en marque blanche.

    Nous avons également développé nos services de Global Custody, en offrant aux individus fortunés ainsi qu’aux single et multi-family offices la possibilité de rassembler plusieurs gestionnaires sur un seul et même compte. Ce modèle repose sur une gestion en architecture ouverte, tandis que la partie asset servicing, simplifiée pour plus d’efficacité, est entièrement prise en charge par Pictet Asset Services. De plus, les gérants indépendants et leurs grands clients bénéficient désormais de solutions historiquement réservées aux asset managers ou aux clients institutionnels. Cette convergence se manifeste très clairement depuis quelque temps.

     

    Marc Briol

     Pictet Asset Services

    Entré chez Pictet en 1995, Marc Briol exerce les fonctions de CEO de Pictet Asset Services, qui fournit des services de banque dépositaire ainsi que d’administration et de gouvernance de fonds à une clientèle composée de gérants indépendants, de gestionnaires de fonds et d’institutionnels.

    Au sein de Pictet, Marc Briol a précédemment occupé le poste de COO de la division Technology & Operations. Avant cela, il a exercé les mêmes fonctions au sein de Pictet Asset Management de 1997 à 2008 à Londres.

     

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    The Swiss Financial Arena

    Depuis sa création en 2016, SPHERE anime la communauté des pairs de la finance suisse. Elle leur propose en français et en allemand différents espaces d’échange avec un magazine, des hors-série réservés aux Institutionnels, un site web et des évènements organisés tout au long de l’année pour aborder de nombreuses thématiques. Toutes les parties prenantes de la finance, l’un des plus importants secteurs économiques de Suisse, ont ainsi à leur disposition une plateforme où il leur est possible d’échanger, de s’informer et de progresser.