Plateforme

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  • Interview Carine Frick-Delaloye
  • Head Corporate & Business Development, Aquila
  • Head Bank Aquila

« La volonté de déléguer certaines fonctions devient de plus en plus perceptible »

Ancienne responsable du pôle EAM Core chez Credit Suisse, Carine Frick-Delaloye a rejoint cette année la direction d’Aquila. Elle a pris sous sa responsabilité le développement de la plateforme et s’est vu confier également la direction de la banque dépositaire. Au cœur de ses priorités : des services plus compétitifs et un accompagnement plus adapté pour les tiers-gérants.

Avec les nouvelles réglementations, la surveillance prudentielle, le digital, comment voyez-vous le métier de gérant se transformer, dans l’offre comme dans les modes opératoires ?

Le marché des tiers gérants va se consolider dans les prochaines années, dû principalement à l’augmentation des coûts et de la réglementation. A l’avenir, les petites entreprises avec une ou deux personnes auront beaucoup de peine à rester profitables. Les nouvelles entreprises qui se créent à l’heure actuelle se composent en général de trois à cinq personnes afin d’avoir une base de clients et de revenus plus importante. De plus, la volonté de se concentrer sur la gestion des clients et de déléguer certaines fonctions devient de plus en plus perceptible.

Les gérants sont également confrontés à un changement de génération de leur clientèle. Outre le fait d’assurer la continuité des clients, ils doivent faire face à de nouvelles attentes, comme plus de transparence en matière de prix et de services. La proximité avec les clients et les bonnes performances ne suffisent plus en tant qu’USP pour la NextGen. Le gérant devra donc étendre sa gamme pour rester attractif.

Quel est le cœur de la proposition que vous formulez aujourd’hui aux gérants indépendants susceptibles de vous rejoindre ?

Aquila déploie pour les tiers gérants une solution complète à partir d’une seule et même source, ce qui nous différencie des autres prestataires. Nous ne nous contentons pas de proposer différentes options en matière d’outsourcing ; nous sommes d’abord des « coéquipiers » pour les gérants indépendants. Nous leur apportons des conseils dans chacune des phases qui rythment le développement de leur société, de la fondation à la succession. Nous y ajoutons une large palette de services qui couvrent différentes fonctions : juridique, fiduciaire, informatique, ressources humaines, administration ou encore gestion d’entreprise.

Les gérants ont également la possibilité d’ouvrir des comptes pour leurs clients auprès de notre propre banque dépositaire, la banque Aquila, ouverte en 2012 et destinée aux GFI suisses, qu’ils soient affiliés à Aquila ou non. Notre équipe Investment & Wealth Management assiste les gérants dans tous les aspects relatifs aux placements.  Leurs prestations peuvent inclure de l’advisory, des analyses de marchés ou encore des rapports consolidés en matière de risque et de performance.

Quels leviers de croissance allez-vous activer pour Aquila ces prochaines années ?

Un grand nombre de gérants se trouvent engagés dans une période charnière où se pose la question de leur propre succession. C’est un développement que nous observons d’ailleurs au sein même d’Aquila et nous lui consacrons de plus en plus de temps. A mon avis, il y a un potentiel important sur l’ensemble du marché suisse. Cependant, c’est un sujet qu’il n’est pas toujours facile d’aborder et de traiter. Il demande du tact et de l’expérience. Vu la taille de notre réseau, qui rassemble aujourd’hui 90 partenaires, nous avons cependant acquis au fil des années une expertise appréciable dans ce domaine.

Nous voyons un deuxième levier de croissance chez les nouveaux gérants indépendants, qui manifestent de l’intérêt pour une plateforme de services comme la nôtre au vu de l’augmentation des coûts qui touche l’ensemble du secteur. Juridique, cybersécurité, IT, révision, digitalisation : aucun domaine n’y échappe, et les budgets augmentent continuellement. Dès lors, une plateforme comme celle d’Aquila prend tout son sens. Elle permet de mutualiser les coûts, tout en s’adaptant jour après jour aux nouvelles normes qui régissent le secteur. Les gérants bénéficient donc d’un service complet délivré par un seul et même prestataire, à un prix conforme aux évolutions du marché. Il leur est alors d’autant plus facile de se concentrer sur la gestion de la clientèle. 

Quels développements voulez-vous donner à Aquila sur un marché où vous êtes moins présent, celui de la Suisse romande ?

Il est vrai qu’Aquila est moins visible en Romandie, bien que nous ayons déjà plusieurs partenaires à Genève et à Lausanne. Cependant, je ne pense pas que les besoins des gérants indépendants romands différent beaucoup par rapport à ceux de leurs collègues tessinois ou alémaniques. Etant moi-même Romande, je suis certaine que le modèle d’Aquila peut très bien fonctionner au-delà du « röstigraben ». Je me réjouis donc de développer Aquila en Suisse romande ces prochaines années. Ce sont là des perspectives qui me tiennent personnellement à cœur.

Carine Frick-Delaloye

Aquila

Carine Frick-Delaloye a entamé son parcours professionnel au Credit Suisse en 1995. A partir de juin 2008, elle a occupé différents postes de direction dans les divisions Retail et Private Banking. En 2013, elle a pris la direction de la ligne Personal & Business Banking pour le marché rhénan à Zurich avant de passer au Wealth Management où elle a été nommée responsable du pôle EAM Core. Carine Frick-Delaloye détient un DEA Banque & Finance délivré par le Swiss Finance Institute – Université de Berne, et un CAS Digital Banking de la Kalaidos University of Applied Sciences à Zurich.

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Sébastien Berthoud
Mirante Fund Management
« Nous sommes à la fois un asset manager et un wealth manager »

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Relève

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  • Interview Alban Janssens de Bisthoven
  • Associé, responsable de l’ingénierie patrimoniale
  • Forum Finance

« Il faut que nous allions vers plus de modernité »

Jeune associé de Forum Finance, Alban Janssens de Bisthoven incarne cette nouvelle génération de gérants appelée à servir une nouvelle génération de clients. Un renfort précieux pour un groupe qui fête cette année ses trente ans et porte une attention toute particulière au renouvellement de ses cadres.

Quel regard portez-vous, en tant que jeune associé de Forum Finance, sur la gestion de fortune et sur les évolutions à lui apporter ?

Elle doit en effet évoluer parce que nous devons, d’une façon ou d’une autre, suivre le rythme que nos clients impriment. Et il a tendance à s’accélérer avec le temps. Nous sommes tenus de nous concentrer encore plus sur la performance, de nous rendre beaucoup plus disponibles et d’utiliser les outils avec lesquels nos clients ont eux-mêmes l’habitude de travailler. Je pense bien évidemment au digital et à toutes ses applications.

Il faut que nous allions vers plus de modernité, jusque dans les solutions d’investissement où nous devons couvrir davantage de bases, comme par exemple l’impact, l’ESG, mais aussi le private equity et les digital assets. Nous ressentons clairement ces attentes chez les plus jeunes de nos clients, ceux qui ont moins de cinquante ans.

Quels types de profils présentent-ils ?

Certains d’entre eux ont reçu la fortune que leur ont transmis leurs aînés, dans le cadre d’une transmission patrimoniale, que ce soit sous forme de donations, de contrats d’assurance-vie, de trusts ou encore de fondations. Mais nous voyons aussi arriver une nouvelle clientèle d’entrepreneurs qui ont construit eux-mêmes leur fortune, leur patrimoine, en ayant réussi à bien développer puis à bien revendre leur entreprise. Ils représentent une part importante du portefeuille clients de Forum Finance. C’est aussi notre marque de fabrique.

Le renouvellement des associés chez Forum Finance s’accompagne donc du renouvellement de la clientèle ?

Oui, ce renouvellement se produit de manière naturelle. Les jeunes associés attirent assez logiquement de plus jeunes clients. Il y a une certaine jeunesse qui se dégage de Forum Finance. Les clients le sentent et je crois que cela leur plait. Aujourd’hui, toutes les tranches d’âge sont représentées au sein du collège des associés. Vous avez des quadragénaires, des quinquagénaires et bien évidemment des sexagénaires qui sont prêts à passer le relais d’ici quelques années et qui ont su s’organiser en conséquence.

Les jeunes générations consomment-t-elles les services financiers différemment de ses aînés ?

Au-delà des produits type crypto, NFTs, impact, je trouve que les nouvelles générations sont beaucoup plus attentives aux rendements que génèrent leurs portefeuilles. Elles demandent aussi davantage de disponibilité, voire de réactivité, de leur part de leurs gérants, parce qu’elles ont grandi dans l’instantanéité, l’immédiateté. Leur temporalité, c’est le clic de souris.

Quels nouveaux services voulez-vous mettre en place pour ces nouvelles générations?

Nous avons d’abord à leur égard un devoir d’éducation, d’information à remplir. Nous devons les sensibiliser aux métiers de la gestion de fortune et à la valeur qu’ils permettent de générer. Nous devons aussi les préparer à la gestion de leur patrimoine, devenue avec le temps de plus en plus complexe. Nous consacrons beaucoup de temps à ces questions. Nous organisons beaucoup de rencontres avec nos clients pour aborder tous ces points. Nous avons même lancé nos propres NextGen Sessions, qui nous permettent en retour de mieux comprendre les aspirations de nos clients. Nous voulons être le plus possible à leur écoute et les échanges que nous développons avec eux nous semblent indispensables.

Quel est le profil type du nouveau gérant, capable de gérer cette nouvelle clientèle ?

Je pense sincèrement que le bagage technique, qui s’acquiert avec le temps, au contact d’autres professionnels, doit passer au second plan. Pour moi, c’est davantage une affaire d’attitude, de tempérament, de comportement. Il ne sert à rien d’avoir une connaissance encyclopédique des marchés si vous n’êtes pas d’abord dynamique, enthousiaste, curieux. La curiosité, c’est très important. Elle va décider de la qualité de la relation que vous allez établir avec vos clients et de la confiance que vous allez pouvoir leur inspirer. Eprouver de l’empathie pour ses clients permet d’anticiper davantage leurs problèmes et mettre plus facilement en œuvre les solutions adéquates.

Alban Janssens de Bisthoven

Forum Finance

Alban Janssens de Bisthoven est responsable de l’ingénierie patrimoniale chez Forum Finance. Il a rejoint le Groupe en 2018 et il en est devenu associé en 2021. Alban a commencé sa carrière en tant qu’avocat aux Pays-Bas et en Belgique, puis a passé 11 années au sein de l’équipe Wealth Planning chez Julius Baer à Genève.  Alban est titulaire d’un Master en Droit, d’un Master en Droit des Affaires et d’un Master en Droit Fiscal.

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Transparence

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  • Interview Patrick Müller
  • Chief Executive Officer
  • Zwei Wealth

« Élargir le cadre et aller bien au-delà de l’habituel portefeuille Balanced »

Zwei Wealth a lancé son portail Transparence, pour donner aux clients davantage de visibilité sur les offres que leur destinent les banques et gestionnaires de fortune. Mais, pour Patrick Müller, le portail doit également encourager les gérants à élever un peu plus encore la qualité de leurs services.

Lors d’une interview réalisée avec SPHERE il y a quelques années, vous aviez exprimé votre désir de contribuer à l’amélioration des services financiers en Suisse. Depuis lors, quelles avancées avez-vous pu observer?

Nous poursuivons toujours cet objectif, avec la même détermination. Bien que l’écosystème financier suisse soit assez remarquable, on ne peut pas vraiment dire qu’il soit à la pointe en termes de concurrence et de transparence. C’est un inconvénient auquel nous souhaitons remédier pour le bien de l’ensemble du secteur.

Deux améliorations majeures méritent cependant d’être notées. Il y a cinq ans, à peine un tiers des gestionnaires de fortune ou des banques répondaient à des request for proposals. Aujourd’hui, seuls un tiers d’entre eux refusent d’y prendre part, ce qui montre bien qu’un environnement plus concurrentiel se crée. Le deuxième changement concerne la volonté des clients de changer de banque ou de gestionnaire. Elle a considérablement augmenté. Chaque année, de plus en plus de personnes préfèrent baser leurs décisions sur des offres concurrentielles, adoptant ainsi une approche plus dynamique.

Selon vous, quels domaines nécessitent encore des améliorations ?

Il y a deux principaux domaines. L’un est axé sur la technologie – c’est le contenant en quelque sorte – et l’autre sur les investissements – c’est le contenu. Sur le plan technique, la gestion de patrimoine devient de plus en plus modulaire, et les clients souhaitent combiner beaucoup plus de services ou de solutions qu’avant, ce qui n’est pas encore suffisamment facile à réaliser sur le plan technique.

Sur le plan du contenu, les gestionnaires de patrimoine doivent passer à la vitesse supérieure, être en mesure de proposer et d’intégrer des investissements dans les marchés privés de bonne qualité, en plus des placements traditionnels. Ils doivent élargir le cadre et aller bien au-delà de l’habituel portefeuille « balanced », menacé d’obsolescence.

Quels sont les principaux services que vous proposez avec votre Transparenz Portal ?

Nous offrons trois grands types de services. Tout d’abord, nous permettons aux clients d’effectuer gratuitement leurs recherches, au cas où ils souhaitent changer de banque ou de gérant indépendant. Chacun d’entre eux peut alors recevoir gratuitement des propositions provenant de nombreux wealth managers. Ensuite, nous disposons d’un espace où les clients peuvent comparer différentes solutions, y compris celle qu’ils utilisent, en se concentrant sur les risques, les coûts et la qualité du gestionnaire. Cette évaluation est également gratuite.

Enfin, nous guidons les clients à la recherche de solutions spécifiques, telles que des plans de prévoyance ou des investissements en private equity. Nous avons mis en place un réseau de prestataires spécialisés, y compris pour les marchés privés, que les clients peuvent consulter. Nous avons également rendu ce  réseau accessible à des clients institutionnels.

Quels critères utilisez-vous pour évaluer les banques et les gestionnaires de patrimoine ?

L’évaluation des banques et des gérants indépendants ne repose pas uniquement sur leurs performances. Nous appliquons en fait quatre critères. Le premier est la compétence, que nous appelons le « provider rating ». Ensuite, nous prenons en compte le track record, qui inclut la performance, le risque et la consistance. Le troisième critère concerne les coûts, et nous nous basons alors sur le total expense ratio. Enfin, nous évaluons la qualité, c’est-à-dire les composantes qualitatives importantes pour les clients, que nous appelons l’adéquation de la solution. Ces quatre critères permettent une évaluation sur mesure des gestionnaires et des solutions qu’ils proposent.

Dans le communiqué de presse que vous avez envoyé pour annoncer le lancement du Transparenz Portal, vous mentionnez une certaine confusion quant aux coûts associés à la gestion de patrimoine. Quelle en est, selon vous, la cause ?

Cette confusion provient principalement de l’incapacité des clients à évaluer l’ensemble de leurs coûts. Les clients se voient souvent proposer un all-in fee, souvent d’environ 1 %, mais cet all-in fee n’inclut pas tout. De nombreux frais supplémentaires s’y ajoutent, que les clients ignorent. En réalité, les coûts peuvent facilement doubler. Le all-in fee ne couvre peut-être en réalité que 50 à 60% de l’enveloppe globale, d’où cette confusion.

Patrick Müller

Zwei Wealth

Patrick Müller a occupé différentes fonctions dans le secteur bancaire et financier, notamment auprès de Credit Suisse et d’UBS. Il a été chargé en particulier d’établir une fondation philanthropique et de gérer les marchés Israël et Afrique. En outre, en tant que responsable Sales & Marketing, il a assumé la responsabilité du développement et de la commercialisation de solutions d’investissement. Il  détient un master de l’Université de Saint-Gall.

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Enquête

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  • Tatiana Agnesens & Manfred Stüttgen 
  • Enseignants
  • Haute École de Lucerne

«Les GFI prévoient d’améliorer encore leurs processus de gestion»

En 2024, tant les actions que les obligations occupent une place importante dans les portefeuilles des gérants indépendants en Suisse. Par ailleurs, la part des investissements directs n’a cessé d’augmenter dans toutes les classes d’actifs. C’est ce que montre une nouvelle enquête dirigée par la Haute École de Lucerne. Ses deux auteurs en résument ici l’essentiel.

Dans l’enquête que vous avez menée sur l’allocation d’actifs des gestionnaires de fortune suisses, quels résultats vous ont particulièrement surpris ?

Manfred Stüttgen. Le fait que les gérants indépendants surpondèrent pour la première fois cette année les actions américaines est particulièrement frappant. Cette pondération plus élevée est facilement compréhensible si elle est due à la revalorisation en cours du marché des actions américaines. Mais il se peut aussi que les gestionnaires de fortune aient investi de nouveaux fonds dans des actions américaines au cours des 12 derniers mois ou qu’ils les aient réaffectés en leur faveur.

Il est également intéressant de constater que les gérants suisses sont, en moyenne, encore sous-pondérés en emprunts d’État suisses, européens et américains, bien que ces emprunts génèrent à nouveau des rendements En revanche, le fait qu’ils investissent désormais davantage dans les obligations d’entreprises européennes et américaines est moins surprenant.

De nombreux gestionnaires de fortune investissent très fortement dans les actions suisses. Du coup, ils recherchent moins de produits financiers et sont moins investis dans le domaine de la durabilité. Voyez-vous les choses de la même manière ?

Manfred Stüttgen. Les gestionnaires de fortune suisses interrogés ont en effet un « home bias » en faveur des actions suisses. En même temps, ils investissent majoritairement en direct dans les actions suisses et utilisent plus rarement – par rapport à d’autres marchés – des fonds ou des ETF. Cette utilisation moindre pourrait s’expliquer par le fait qu’ils connaissent particulièrement bien leur marché d’origine, la Suisse, et qu’ils se sentent en confiance pour y sélectionner différents titres.

Nous observons en même temps que 20% des gestionnaires de fortune intègrent par défaut des critères de durabilité dans leurs processus de placement. 48 % supplémentaires le font à la demande des clients. Les gestionnaires de fortune ne se distinguent guère des autres investisseurs : nous observons des répartitions similaires sur d’autres marchés, et ce indépendamment du fait qu’il s’agisse ou non de placements en actions suisses. La préférence actuelle des gestionnaires de fortune pour les actions suisses ne permet donc pas de tirer une conclusion fiable sur la manière dont les gestionnaires de fortune se positionnent par rapport aux investissements durables.

Pour la première fois, vous avez également interrogé les gérants de fortune indépendants sur l’utilisation d’outils, c’est-à-dire sur la situation où ils sont avec la numérisation de leurs portefeuilles. Où voient-ils le plus grand potentiel ?

Tatiana Agnesens. Dans les processus clés de la gestion – par exemple la construction de portefeuille, le suivi ou encore le rebalancing – les gérants de fortune suisses s’appuient en grande majorité sur leurs propres outils et méthodes. Il en va différemment des processus qui concernent la sélection des produits ou la « product suitability » : dans ce cas, ils utilisent de plus en plus souvent des outils ou des services externes.

Notre enquête ne permet pas de dire clairement quels outils externes seraient utiles aux gestionnaires de fortune et dans quelle mesure. Beaucoup de paramètres dépendent de la façon dont les gestionnaires de fortune sont configurés. Mais il est certain que de nombreux GFI pourraient profiter d’une utilisation accrue d’outils innovants et améliorer encore l’efficacité et la qualité de leurs processus. Il n’est donc pas surprenant que près de la moitié des gérants de fortune prévoient d’améliorer encore au moins un de leurs processus de gestion de portefeuille à l’aide de différents outils ou services.

Il est frappant de constater que la taille joue un rôle : les grands gestionnaires se distinguent des petits par leur comportement en matière de placement, par l’utilisation d’outils numériques, mais aussi par leur attitude vis-à-vis des thèmes de la durabilité. Quelle en est la raison ?

Tatiana Agnesens. Elles sont multiples. :Les grands gestionnaires de fortune ont souvent plus de ressources, tant financières qu’humaines. Mais c’est loin d’être la seule raison. Les disparités liées à la base de clientèle ou à la diversité du positionnement stratégique peuvent également expliquer pourquoi un gérant investit ou s’organise différemment en termes de processus. Ainsi, seule la moitié environ des gestionnaires de fortune interrogés s’occupent de clients institutionnels ; 98% des gestionnaires de fortune interrogés s’occupent de clients privés. Selon le type de clients finaux – ou encore leur domicile fiscal, leur préférence en matière de risque ou de durabilité – les gestionnaires de fortune se positionnent différemment afin de répondre au mieux aux besoins spécifiques des clients.

Pour finir, la question de la durabilité : les mouvements sont faibles en comparaison annuelle. Toutefois, comme par le passé, une grande partie des GFI est prête à investir dans des produits ESG/sustainable si les clients le souhaitent. Quelles conclusions en tirez-vous ?

Manfred Stüttgen. Les aspects de durabilité jouent un rôle important pour deux tiers des gestionnaires de fortune : ils intègrent les critères dits ESG soit de manière standard dans les processus de placement, soit à la demande spécifique des clients. On peut interpréter cette évolution de deux manières : une partie des gérants aborde le thème de la durabilité de manière très active et systématique ; une autre de manière plutôt pragmatique et orientée client.

Selon le type de clients finaux dont ils s’occupent, il existe de bons arguments pour les deux approches. La mise en œuvre d’aspects de durabilité dans les portefeuilles est un sujet exigeant qui requiert beaucoup de connaissances et aussi des données adéquates. Après quelques années de croissance très rapide des placements durables, nous constatons actuellement chez les gestionnaires de fortune – mais aussi sur d’autres marchés – un certain ralentissement. Nous nous attendons toutefois à ce que, malgré les vents contraires du moment, la croissance des stratégies sustainable se poursuive encore quelques années.

Manfred Stüttgen

Manfred Stüttgen est professeur dans le domaine bancaire à la Haute École de Lucerne. Il enseigne et poursuit ses recherches dans les domaines du wealth management et des placements durables. Il est actif dans l’industrie financière depuis de nombreuses années dans des fonctions de direction ou au travers de mandats.

Tatiana Agnesens

Tatiana Agnesens est chargée de cours en mathématiques financières à la Haute École de Lucerne. Son domaine de spécialisation comprend l’enseignement et la recherche sur les solutions d’investissement numériques, la gestion d’actifs et l’économie comportementale. Avant de travailler à la Haute école, elle a obtenu son doctorat à l’université de Saint-Gall et acquis quelques années d’expérience dans le domaine de la finance d’entreprise ainsi que la gestion de fortune externe.

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Depuis sa création en 2016, SPHERE anime la communauté des pairs de la finance suisse. Elle leur propose en français et en allemand différents espaces d’échange avec un magazine, des hors-série réservés aux Institutionnels, un site web et des évènements organisés tout au long de l’année pour aborder de nombreuses thématiques. Toutes les parties prenantes de la finance, l’un des plus importants secteurs économiques de Suisse, ont ainsi à leur disposition une plateforme où il leur est possible d’échanger, de s’informer et de progresser.

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  • Massimo Ferrari
  • Head Product Management Wealth
  • Infront/Assetmax

« La numérisation du trading, un objectif stratégique depuis quelques années déjà»

Assetmax a été rachetée fin 2022 par Infront, une imposante wealthtech qui emploie 500 personnes et opère dans les pays nordiques, aux Pays-Bas, en Allemagne, au Royaume-Uni, en Suisse ainsi qu’en Italie. Deux années riches en développements, comme l’explique Massimo Ferrari.

Comment votre ancienne entreprise a-t-elle évolué depuis son rachat par Infront ?

Infront a été fondée en Norvège dans les années 2000. Elle sert des milliers de professionnels de la finance avec des technologies qui portent sur le trading et la connectivité, les flux de données, les analyses financières, l’évaluation des risques, la gestion de portefeuille et le conseil. Dans le cadre de cette acquisition, les objectifs d’Infront étaient de consolider Assetmax en Suisse et d’en étendre la technologie en Europe. Pour y parvenir, Infront a investi dans l’amélioration des fonctionnalités et l’européanisation du produit. Les fonctions liées à la réglementation et l’adaptation aux exigences spécifiques de chaque marché ont été ajoutées ou optimisées.

Au niveau du groupe, Infront investit dans la migration vers le cloud de ses services, un processus qui concerne également Assetmax. Une équipe spécialisée travaille à l’intégration d’Assetmax dans Amazon Web Services afin d’optimiser l’évolutivité, la flexibilité, la sécurité et la rentabilité. Cette transformation n’est pas seulement importante du point de vue technologique. Elle l’est aussi du point de vue des aspects réglementaires tels que la protection des données et la flexibilité des flux de travail, ainsi que du point de vue de la cybersécurité. Compte tenu de l’augmentation des normes dans ces domaines, nous sommes convaincus qu’à l’avenir, seuls les grands fournisseurs d’infrastructures comme Amazon seront en mesure de répondre à ces exigences.

L’année 2023 a été marquée par l’intégration d’Assetmax dans la structure d’Infront. Comment s’est déroulée cette intégration ?

L’année 2023 a été une année record pour Assetmax, ce qui nous rend d’autant plus confiants dans la qualité de nos efforts et dans les orientations claires que nous prenons pour relever nos prochains challenges. Comme tout processus d’intégration, le notre s’est accompagné de défis qui concernaient à la fois Assetmax et Infront. Infront s’est engagée à maintenir le service « first class », la suissitude et la philosophie d’Assetmax. La professionnalisation des processus commerciaux internes, qui tenaient encore chez Assetmax de la structure d’une startup, a entraîné divers changements opérationnels et organisationnels.L’échange de culture et d’expérience avec les entreprises du groupe présentes dans d’autres pays, actives sur le secteur wealthtech depuis bien plus longtemps qu’Assetmax, s’est avéré très enrichissant.

Comment le produit va-t-il évoluer ?

Outre l’européanisation déjà mentionnée, nous investissons dans l’intégration des principaux services d’Infront à l’offre Assetmax. Nous sommes en train de lancer un flux de données financières pour la gestion d’actifs, que tous les clients d’Assetmax pourront utiliser. Ce service comprend également les données ESG fournies par Clarity AI et notre terminal Investment Manager avec des données intraday. Nous avons également dans le pipeline l’intégration de services de trading. De même, un projet pilote a été finalisé avec succès avec la Banque cantonale de Zurich et le Winterthur Consulting Group pour l’utilisation de l’Order Placement API dans OpenWealth Standard. L’interface de trading est une alternative économique et efficace au protocole FIX, qui permet de saisir des ordres de bourse dans un système de gestion de portefeuille externe à la banque.

Quel impact en attendez-vous ?

La numérisation du trading est depuis quelques années déjà un objectif stratégique des banques dépositaires suisses. Ce sera un grand pas en avant pour les activités quotidiennes des gestionnaires de fortune. En Suisse, en ce qui concerne la gestion de fortune, nous n’en sommes qu’au début. Mais il suffit de regarder ce qui se passe dans d’autres secteurs financiers ou dans d’autres pays pour comprendre que que, d’ici quelques années, le trading englobera toutes les classes d’actifs. Il sera de plus en plus immédiat et par conséquent plus exigeant et plus complexe à gérer.

Infront dispose d’une technologie de trading sur le marché européen qui a été développée sur plusieurs décennies, et je suis heureux que les clients d’Assetmax puissent en bénéficier. En outre, l’intégration des services de valorisation et de calcul des risques – y compris la simulation de scénarios et la budgétisation des risques – leur permettra d’accéder aux modèles mathématiques les plus avancés utilisés actuellement par les grandes institutions financières européennes, y compris en Suisse.

Massimo Ferrari

Infront/Assetmax

Massimo Ferrari a étudié l’ingénierie à l’EPF de Zurich et a participé au développement de la plateforme de conseil Finfox. Après avoir obtenu un MBA à l’INSEAD, il a géré des portefeuilles institutionnels à la Banque cantonale de Zurich avant de fonder Assetmax, qui a été rachetée par Infront en 2022. Il dirige actuellement l’équipe de gestion des produits Wealth chez Infront. Massimo Ferrari détient la certification CFA.

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  • Mario Pfiffner
  • CEO
  • Invest-Partners Wealth Management

« Le choix du partenaire technologique est une question stratégique »

Le secteur de la gestion de fortune s’industrialise. Invest-Partners a décidé de suivre dans ce domaine sa propre voie et se considère désormais comme une plateforme capable d’offrir des services centralisés à ses partenaires. Mario Pfiffner en présente le modèle d’affaires de même qu’il explique les raisons de sa forte croissance.

Vous êtes chez Invest-Partners depuis 12 ans, vous avez repris l’entreprise avec deux coactionnaires il y a cinq ans et vous avez misé dès le début sur le fait que le secteur des GFI se numériserait. Vous en avez-donc confirmation ?

Dans un certain sens, oui. Après le management buyout, j’ai fortement développé Invest-Partners en tant que plateforme de services. A l’époque, nous proposions les fonctions centrales, comme l’informatique et l’administration globale, à une douzaine de partenaires. Aujourd’hui, nous le faisons pour 28 partenaires ainsi que pour 2 gérants indépendants en tant que prestataire externe. Vous voyez donc que la demande augmente, notamment après l’introduction des nouvelles réglementations de la Finma.

Pourquoi cela ?

Nous avons vu que la réglementation entraînait des coûts encore plus élevés. Cela a poussé certains gestionnaires de fortune à chercher de nouvelles solutions.

Comment votre offre se présente-t-elle sur le marché ?

Nous n’avons pas cessé de nous développer depuis qu’Invest-Partners a été créé et nous avons pu recruter sept nouveaux partenaires rien que l’année dernière. Ils travaillent à temps plein chez nous et ils apportent en général leur propre clientèle. D’ailleurs, la plupart d’entre eux ne nous viennent pas de grandes banques. Ils étaient eux-mêmes gestionnaires de fortune, parfois indépendants. Nous les accompagnons dans les questions administratives, organisationnelles et réglementaires. Chez nous, nous n’avons externalisé que l’informatique et la conformité. Mais nous soutenons aussi d’autres gestionnaires de fortune dans les questions administratives et organisationnelles. Nous les guidons notamment dans les révisions. C’est quelque chose qui prend de plus en plus de temps et qui est devenu beaucoup plus compliqué qu’auparavant. 

Dès le début, vous avez également misé sur votre propre outil PMS. Comment ce logiciel a-t-il vu le jour ?

Eh bien, lorsque nous avons démarré, il n’y avait qu’une poignée de fournisseurs. Mon ambition a toujours été d’avoir plus qu’un simple PMS. Je voulais également intégrer l’administration, la comptabilité, la gestion des risques et de la conformité, le suivi des directives et des restrictions d’investissement ainsi que la gestion de la relation client. Je n’ai trouvé nulle part cette combinaison dans une version aboutie. Mais j’avoue qu’aujourd’hui, le logiciel a pris de l’âge sur le plan technologique. C’est pourquoi nous avons décidé de collaborer désormais avec un fournisseur externe.

Quelles questions se sont posées lors du choix de cet outil ?

Eh bien, il y a certainement d’abord la question des coûts. Mais si l’on regarde du côté des prestations, il s’agit aujourd’hui plus que jamais des dernières technologies, de la connexion aux banques dépositaires grâce à des interfaces déjà existantes ainsi que de l’interfaçage pour d’autres services comme les e-documents et les formulaires bancaires. Le logiciel choisi aujourd’hui doit également nous permettre d’obtenir une vue d’ensemble du portefeuille en un clic, pour toutes les banques et pour tous les comptes concernés. Avec 28 partenaires, qui ont tous en moyenne trois banques dépositaires, ce n’est pas tout à fait trivial. De plus, en tant que gestionnaire de fortune, on ne prend pas non plus de telles décisions tous les jours. Cela signifie que le choix d’un partenaire technologique est une question stratégique. Il est important de savoir qui se cache derrière le fournisseur et combien de gestionnaires de fortune et de sociétés financières utilisent déjà activement l’outil. Nous avons aussi soigneusement étudié ces questions avant de choisir le nôtre.

Regardons encore brièvement le secteur dans son ensemble. Vous vous engagez pour lui au travers de différents comités. Comment trouvez-vous qu’il s’en sort malgré les nombreuses critiques?

Favorablement. En tant que GFUI, nous pouvons aborder les clients d’une manière très différente de celle des banques privées. Cela nous donne un avantage que nous pouvons faire valoir. Mais je constate aussi que, du côté des clients comme des gérants, il y a un changement de génération que nous devons encore assimiler en tant que branche. Une nouvelle génération apparaît, qui a d’autres idées sur les produits et la technologie. Pour nous, en tant qu’entrepreneurs, cela signifie que nous devons nous adapter en conséquence et miser sur la formation – c’est la seule façon de rester compétitifs. Chez Invest-Partners, nous veillerons toujours à ne pas faire de grandes expériences et à miser sur des instruments de placement et des technologies simples et clairement compréhensibles.

Mario Pfiffner

Invest-Partners Wealth Management

Depuis février 2010, Mario Pfiffner travaille chez Invest-Partners Wealth Management à Zurich, où il occupe le rôle de CEO depuis le management buyout opéré en juillet 2019. Dans cette fonction, il assume la direction tout en étant responsable de la plateforme pour les gérants de fortune indépendants. Mario Pfiffner a commencé sa carrière professionnelle à la Banque cantonale de Saint-Gall où, après une formation bancaire et des études en économie d’entreprise à l’école des cadres de Zurich, il a occupé différents rôles de généraliste.

SOLUTIONS EAM
Double

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Sébastien Berthoud
Mirante Fund Management
« Nous sommes à la fois un asset manager et un wealth manager »

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Sébastien Berthoud
Mirante Fund Management
« Nous sommes à la fois un asset manager et un wealth manager »

Sphere

The Swiss Financial Arena

Depuis sa création en 2016, SPHERE anime la communauté des pairs de la finance suisse. Elle leur propose en français et en allemand différents espaces d’échange avec un magazine, des hors-série réservés aux Institutionnels, un site web et des évènements organisés tout au long de l’année pour aborder de nombreuses thématiques. Toutes les parties prenantes de la finance, l’un des plus importants secteurs économiques de Suisse, ont ainsi à leur disposition une plateforme où il leur est possible d’échanger, de s’informer et de progresser.

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