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  • Benoit-Gilles Cambier
  • CEO
  • Conduit Suisse

« C’est maintenant au tour de l’Asie de prendre la lumière »

Benoit-Gilles Cambier dirige le développement en Suisse du groupe Conduit, qui s’est installé en 2015 à Singapour pour approcher au plus près les opportunités qui émergeaient dans la région. Depuis, elles n’ont cessé de se multiplier bien qu’elles ne remontent pas autant qu’elles devraient dans les stratégies d’allocation.

Francesco Mandalà

Comment se fait-il que Conduit Group soit aussi canalisé sur l’Asie ?

Historiquement, le groupe est né à Singapour en 2015, avec une assise managériale très axée sur l’Asie. Avant de créer Conduit, les fondateurs ont en effet longtemps travaillé dans la banque d’investissement entre Singapour, Hong Kong, Tokyo et Kuala Lumpur. Depuis, le groupe s’est développé à l’international – en Suisse, en Finlande et bientôt en Australie – mais il a conservé ce focus Asie, qui structure son ADN. Conduit Suisse, ouvert en voilà maintenant cinq ans, se veut donc un relais, un “conduit” évident entre les marchés asiatiques et les gestionnaires de fortune présents en Suisse.

Quelles sont les grandes tendances sur lesquelles vous avez voulu vous positionner ?

Il s’agit avant tout d’une histoire de croissance. En Asie, les perspectives sur le long terme sont tout simplement extraordinaires. C’est ce qui a motivé la création de Conduit en 2015 et c’est ce qui drive encore aujourd’hui son développement. Pour nous, nous en sommes arrivés au stade où c’est au tour de l’Asie de prendre la lumière. Je vous donne trois chiffres pour situer le contexte. L’Asie, c’est 60% de la population mondiale, plutôt jeune, éduquée, hautement qualifiée, 50% de son PIB mais elle n’apparait qu’à hauteur de 18% dans l’indice MSCI World. Autant dire que nous anticipons un sérieux effet de rattrapage.

En Asie, les marchés boursiers ont pris énormément de profondeur ces dernières années. Ils présentent encore quelques pièges, mais il est beaucoup plus sûr d’y investir aujourd’hui. Nous trouvons sur ces marchés beaucoup d’entreprises de grande qualité, peu endettées, avec un taux de croissance très supérieure à la moyenne du S&P500 et des valorisations beaucoup plus attrayantes. Elles se négocient à des PE ratios très inférieurs à ceux du S&P500, malgré leurs meilleurs fondamentaux.

Et c’est ainsi que notre offre asset management s’est construite autour de l’Asie. Nous avons d’ailleurs une approche assez semblable avec l’alternatif au sens le plus large : marchés privés, trade finance, métaux précieux, pays émergents voire frontières. Nous avons pris la mesure de ce qu’il apporte en termes de décorrélation avec les autres classes d’actifs et de résilience, surtout en ces temps agités. Il occupe donc une place importante dans nos stratégies.

Comment les faiblesses du marché chinois impactent-elles le reste de la Région ?

Dans l’immédiat, il est vrai que la Chine rencontre des difficultés mais, encore une fois, mous préférons nous projeter sur le long terme. Or, les marchés chinois ne reflètent pas vraiment la puissance de l’économie chinoise, ni sa capacité à s’inscrire dans la durée. Elle bénéficie d’institutions solides qui lui garantissent dans le temps une vraie stabilité. A l’inverse de beaucoup de pays occidentaux, la Chine ne va pas changer de régime ou d’orientation du jour au lendemain.

Quelles sont les stratégies que vous avez mises en place pour aborder ces marchés asiatiques?

Asia Wealth est notre stratégie “maison” qui synthétise ce que nous considérons comme des opportunités exceptionnelles dans cette région. Le fonds a été pensé comme un 60/40 qui permette de capturer ces opportunités, tout en évitant les corrections brutales comme celles qui ont malmené la plupart des stratégies équilibrées traditionnelles en 2022. Je rappelle que nous avons un pôle wealth management à Singapour et que la préservation du capital décide naturellement de nos stratégies d’investissement. Dans ce 60/40, nous avons inclus par exemple une approche trade finance revisitée qui répond à l’énorme déficit de financement des SMEs dans ce domaine et un portefeuille actions qui ne se limite pas exclusivement aux valeurs chinoises. Sa couverture est beaucoup plus large. En ce moment, nous nous intéressons beaucoup au Vietnam, un pays frontière extrêmement prometteur.

 

Benoit-Gilles Cambier

Conduit Suisse

Benoit.Gilles Cambier dirige les activités du groupe Conduit, dont le siège est à Singapour. Il a rejoint ce groupe en 2018, en tant qu’associé, et il en a créé la filiale suisse en septembre 2018. Benoit-Gilles a travaillé pendant plus de vingt ans dans la banque d’investissement et dans l’univers des produits structurés à New York, Londres, Singapour et Madrid. Il a notamment fait partie du comité de direction de Standard Chartered FIC Global et de Santander FIC Europe. Il est titulaire d’un master en ingénierie de Télécom Paris ainsi que d’un MSc en mathématiques financières de l’Université de Paris.